Pko 15.10.2017
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°55/2017
Dimanche 15 octobre 2017 – 28ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A
Humeurs…
L’art d’appliquer la loi sans la connaître !!!
Dimanche soir… 23h… une patrouille de la Police municipale s’arrête devant le presbytère… « Levez-vous… vous ne devez pas rester là… allez dormir derrière la cathédrale… » Les SDF s’exécutent… et pour être sûrs qu’ils ne reviennent pas un policier municipal s’autorise à entrer dans les toilettes du presbytère, prend un seau, le rempli d’eau et le jette sur le passage… l’eau s’engouffre sous la porte du secrétariat mouillant les documents glissés dessous par des paroissiens…
Le lendemain un message est envoyé à Mr le Maire… réponse : « J’ai bien reçu votre courriel. M. le Maire étant hors du Territoire, il en prendra connaissance dès son retour. »
Mardi soir… on remet ça… cette fois avec un coup de « klaxon »… du coup je suis réveillé… j’observe du haut du 2ème étage… et j’interpelle : « Il est 23h… pourquoi les réveiller ? Que faites-vous de l’arrêté municipal ? » Après avoir pris contact avec leur supérieur, l’un d’eux me demande : « Père, tu as l’arrêté ? »… « Oui je vous l’apporte »… et là je me rends compte que ceux qui ont la charge d’appliquer la loi ne la connaissent pas ???
Ils essayent de trouver une échappatoire… « Oui, mais là c’est la salubrité publique… les commerçant se plaignent qu’ils urinent devant leurs portes. » - « Il n’y a pas de commerçant ici… et de plus la porte des toilettes est grande ouverte… et contrairement à vos collègues de dimanche soir… ils passent la serpillère en sortant !!! »
Parmi les SDF réveillés à 23h… deux sont en stage CFPA à Punaauia, un autre est en CAE… une autre à 68 ans… Quand à Mr le Maire il voyage pendant qu’on fait le ménage en son nom !!!
Laissez-moi vous dire…
15 au 22 Octobre : Semaine missionnaire mondiale
Une Église missionnaire « riche » de… ses pauvretés
Un chef d’entreprise me demandait : « Pourquoi participer au “Tenari a te Atua” (Denier de Dieu) ? L’Église n’est-elle pas suffisamment riche ? » À vrai dire c’est un peu comme quelqu’un qui regarde un verre à demi rempli. On peut dire : « Ce verre est à moitié plein » [l’Église possède des richesses], ou bien : « Ce verre est à moitié vide » [l’Église est dans le besoin].
Notre Église locale est propriétaire de toutes les églises (sauf la cathédrale de Papeete), les chapelles, les fare amuiraa, les écoles et des terres (pour la plupart quasi inconstructibles) ; sous cet aspect l’Église parait riche.
Mais l’Église en Polynésie [Papeete et Fenuaenata] compte un grand nombre de personnels : 3 évêques (dont un émérite), 32 prêtres (dont 26 actifs), 48 diacres (dont 36 actifs), 40 religieuses, 15 religieux et des centaines de laïcs investis d’une charge officielle et bien d’autres non investis qui servent paroisses, écoles, associations… La majorité n’est pas rémunérée. Imaginez qu’on les rétribue TOUS au SMIC ! Impossible…
Mais de quoi vivent nos prêtres puisqu’ils ne sont pas salariés ? Ils doivent compter sur la charité des fidèles, les honoraires de messe, le casuel. Il est vrai quand Jésus a envoyé ses apôtres en mission, il leur a dit : « Ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent … » (Luc 9, 3) Dans son message pour la semaine missionnaire, le Saint-Père le redit autrement : « La mission de l’Église est animée par une spiritualité d’exode continuel. Il s’agit de sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile ». Notre Église en Polynésie est considérée comme une Église en terre de mission puisqu’elle est rattachée à la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples et à la Conférence des Évêques du Pacifique.
Alors, pourquoi le « Denier de Dieu » ? Le Denier n’est pas un don comme un autre ; ce n’est pas un acte de charité mais il devrait être un geste d’appartenance et de fidélité envers l’Église et ceux qui sont en charge d’annoncer l’Évangile. Le Denier est un don volontaire, il n’y a pas de tarif. Chacun(e) donne selon ses possibilités.
Chez nous le « Denier de Dieu » est collecté pour assurer une couverture sociale pour les prêtres, couvrir les dépenses liées à la formation des séminaristes, entretenir les bâtiments et garantir le fonctionnement des moyens de communication du diocèse.
Alors, si notre Église reste « riche » de ses pauvretés, elle ne peut assurer pleinement sa mission évangélisatrice que si les fidèles comprennent l’importance de leur participation au « Denier de Dieu »
D.S.
Note : Pour le diocèse de Papeete, l’an passé 1 200 fidèles ont donné environ 34 millions (CFP) au Tenari ; ainsi sur les 25 000 ménages que compte notre diocèse, en déduisant les 6 000 foyers vivant sous le seuil de pauvreté, on constate qu’un foyer catholique sur dix a participé au Tenari. Des progrès sont donc possibles !
© Cathédrale de Papeete - 2017
En marge de l’actualité…
Tous missionnaires
Du 15 au 22 Octobre a lieu la semaine missionnaire mondiale pendant laquelle l’Église nous invite à redécouvrir l’importance de la mission au cœur de nos vies et de la vie de l’Église. Pendant longtemps, l’idée de mission était liée aux « missionnaires », ces prêtres, religieux et religieuses qui franchissaient les mers pour porter la Bonne Nouvelle aux peuples qui ne la connaissaient pas encore. Et c’est bien ainsi que par les missionnaires protestants et catholiques, l’Évangile s’est implanté en Polynésie. Cet élan missionnaire s’enracine dans la Parole de Dieu depuis les Prophètes comme Jérémie « Écoutez, nations, la Parole du Seigneur, annoncez dans les îles lointaines », jusqu’au Christ demandant à ses apôtres d’aller faire des disciples dans toutes les nations.
Mais la mission n’est pas réservée aux prêtres, religieux et religieuses. Dans son « Message pour la journée mondiale des missions 2017 », le pape François nous rappelle en introduction que « l’Église est missionnaire par nature. Si ce n’était pas le cas, elle ne serait plus l’Eglise du Christ mais une association parmi tant d’autres qui, bien vite, finirait par épuiser son but et disparaître. C’est pourquoi nous sommes invités à nous poser un certain nombre de questions qui touchent notre identité chrétienne même et nos responsabilités de croyants dans un monde confus par tant d’illusions, blessé par de grandes frustrations et lacéré par de nombreuses guerres fratricides qui frappent injustement les innocents en particulier ». Tous missionnaires ! Nous le sommes ou nous sommes appelés à le devenir chaque jour davantage. Par notre Baptême, par notre Confirmation, nous sommes envoyés pour partager ce que nous avons découvert et témoigner du Christ et de son amour, en nous laissant guider par l’Esprit qui nous pousse vers nos frères et sœurs. Cela exige de notre part de quitter notre tranquillité, nos certitudes paralysantes. Le Saint Père nous le rappelle : « Il s’agit de « sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Evangile » (Exhortation apostolique Evangelii gaudium, n.20). La mission de l’Église stimule une attitude de pèlerinage continuel à travers les différents déserts de la vie, à travers les diverses expériences de faim et de soif de vérité et de justice. » (Message §7)
Qu’en est-il maintenant de ces « pays de mission » ? Plus besoin de franchir des mers ou de traverser des continents, ces « îles lointaines » sont tout près de nous : le monde des exclus qui vivent sous les ponts et dans les recoins sombres, et que nous côtoyons sans les voir, le monde des jeunes avec leur langage, leurs rites, leurs réseaux, un monde souvent si difficile à comprendre pour les parents, les adultes, le monde des personnes âgées, seules, le monde de ceux qui, désorientés, cherchent un sens à leur vie etc… Être missionnaire, c’est porter, proposer le Christ à ceux qui sont à nos portes, comme le rappelle le Pape François : « Le monde a essentiellement besoin de l’Evangile de Jésus Christ. Au travers de l’Eglise, il continue sa mission de Bon Samaritain, en soignant les blessures sanglantes de l’humanité, et de Bon Pasteur, en cherchant sans relâche celui qui s’est égaré sur des chemins tortueux et sans but ». (Message §5)
Le Saint Père n’oublie pas les jeunes : « Les jeunes représentent l’espérance de la mission. La personne de Jésus et la Bonne Nouvelle qu’il proclame continuent à fasciner de nombreux jeunes. Ils cherchent des parcours au travers desquels mettre en œuvre le courage et les élans du cœur au service de l’humanité » (Message §9). Ces jeunes de nos paroisses, de nos groupes et de nos mouvements se retrouvent ce Samedi 14 pour préparer le synode des Evêques sur le thème « Les jeunes, la Foi et le discernement vocationnel ». Belle occasion pour eux de prendre au sérieux la dimension missionnaire qui leur revient dans l’Église. Puissions-nous leur emboiter le pas pour chercher comment être missionnaires dans notre vie Chrétienne de tous les jours.
+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU
© Archidiocèse de Papeete - 2017
Audience générale du Pape Francois …
Il faut se tenir prêt pour rencontrer le Seigneur
Lors de l’audience générale de ce mercredi matin, sur la Place Saint-Pierre, le Pape François a poursuivi son parcours catéchétique sur l’espérance. Pour la 36e étape, le Pape s’est arrêté ce matin sur la notion « d’attente vigilante ».
Chers frères et sœurs, bonjour !
Aujourd’hui, je voudrais m’arrêter sur cette dimension de l’espérance qu’est l’attente vigilante. Le thème de la vigilance est un des fils conducteurs du Nouveau Testament. Jésus prêche à ses disciples : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte » (Lc 12,35-36). En ce temps qui suit la résurrection de Jésus, où alternent continuellement des moments sereins et d’autres angoissés, les chrétiens ne s’installent jamais. L’Évangile recommande d’être comme des serviteurs qui ne vont jamais dormir tant que leur maître n’est pas rentré. Ce monde requiert notre responsabilité et nous l’assumons tout entière et avec amour. Jésus veut que notre existence soit laborieuse, que nous ne baissions jamais la garde, pour accueillir avec gratitude et étonnement chaque nouveau jour qui nous est donné par Dieu. Chaque matin est une page blanche que le chrétien commence à écrire avec ses œuvres bonnes. Nous avons déjà été sauvés par la rédemption de Jésus, mais maintenant nous attendons la pleine manifestation de sa seigneurie : quand enfin Dieu sera tout en tous (cf. 1 Cor 15,28). Rien n’est plus certain, dans la foi des chrétiens, que ce « rendez-vous », ce rendez-vous avec le Seigneur quand il viendra. Et quand ce jour arrivera, nous autres, chrétiens, nous voulons être comme ces serviteurs qui ont passé la nuit la ceinture autour des reins et les lampes allumées : il faut être prêts pour le salut qui arrive, prêts pour la rencontre. Avez-vous pensé, vous, à comment sera cette rencontre avec Jésus, quand il viendra ? Mais ce sera une étreinte, une joie immense, une grande joie ! Nous devons vivre dans l’attente de cette rencontre.
Le chrétien n’est pas fait pour l’ennui, mais plutôt pour la patience. Il sait que même dans la monotonie de certains jours toujours semblables, se cache un mystère de grâce. Il y a des personnes qui, avec la persévérance de leur amour, deviennent comme des puits qui irriguent le désert. Rien ne se produit en vain et aucune situation où un chrétien se trouve immergé n’est complètement réfractaire à l’amour. Aucune nuit n’est assez longue pour faire oublier la joie de l’aurore. Et plus la nuit est obscure, plus l’aurore est proche. Si nous restons unis à Jésus, le froid des moments difficiles ne nous paralyse pas ; et si même le monde entier prêchait contre l’espérance, s’il disait que l’avenir n’apportera que des nuages obscurs, le chrétien sait que, dans cet avenir-là, il y a le retour du Christ. Quand cela se produira, personne ne le sait mais la pensée qu’à la fin de notre histoire il y a Jésus miséricordieux suffit pour donner confiance et ne pas maudire la vie. Tout sera sauvé. Tout. Nous souffrirons, il y aura des moments qui suscitent colère et indignation, mais le doux et puissant souvenir du Christ chassera la tentation de penser que cette vie est une erreur.
Après avoir connu Jésus, nous ne pouvons faire autrement que de scruter l’histoire avec confiance et espérance. Jésus est comme une maison et nous sommes à l’intérieur et, des fenêtres de cette maison, nous regardons le monde. C’est pourquoi nous ne nous refermons pas sur nous-mêmes, nous ne pleurons pas avec mélancolie un passé que l’on imagine doré, mais nous regardons toujours en avant, vers un avenir qui n’est pas seulement l’œuvre de nos mains mais qui est avant tout une préoccupation constante de la providence de Dieu. Tout ce qui est opaque deviendra un jour lumière.
Et pensons que Dieu ne se contredit pas. Jamais. Dieu ne déçoit jamais. Sa volonté à notre égard n’est pas nébuleuse, mais c’est un projet de salut bien déterminé : « car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » (1 Tm 2,4). C’est pourquoi nous ne nous abandonnons pas au flot des événements avec pessimisme, comme si l’histoire était un train dont on a perdu le contrôle. La résignation n’est pas une vertu chrétienne. De même qu’il n’est pas chrétien de hausser les épaules ou de courber la tête devant un destin qui nous semble inéluctable.
Celui qui donne de l’espérance au monde n’est jamais une personne soumise. Jésus nous recommande de l’attendre sans rester les mains dans les poches : « Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller » (Lc 12,37). Il n’y a pas de bâtisseur de paix qui, à la fin, n’ait pas compromis sa paix personnelle, assumant les problèmes des autres. La personne soumise n’est pas un bâtisseur de paix mais un paresseux, quelqu’un qui ne veut pas se déranger. Alors que le chrétien est un bâtisseur de paix quand il risque, quand il a le courage de risquer pour apporter le bien, le bien que Jésus nous a donné, nous a donné comme un trésor.
Tous les jours de notre vie, redisons cette invocation que les premiers disciples, dans leur langue araméenne, exprimaient par les mots Marana tha, et que nous retrouvons dans le dernier verset de la Bible : « Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22,20). C’est le refrain de toute existence chrétienne : dans notre monde, nous n’avons besoin de rien d’autre que d’une caresse du Christ. Quelle grâce si, dans la prière, les jours difficiles de cette vie, nous entendons sa voix qui répond et nous rassure : « Voici que je viens sans tarder » (Ap 22,7).
© Libreria Editrice Vatican - 2017
Message pour la Journée mondiale des Mission 2017…
La mission au cœur de la foi chrétienne
La Journée missionnaire mondiale sera célébrée le 22 octobre prochain sur le thème « la mission au cœur de la foi chrétienne ». Le Pape François a délivré un message en vue de cette Journée, affirmant que « le monde a besoin de l’Évangile de Jésus ». François, dans ce texte, rappelle le pouvoir transformateur de l’Évangile et exhorte à faire grandir « un cœur missionnaire » à travers « l’Esprit Saint qui soutient la mission de l’Église dans le monde entier et donne force à tous les missionnaires de l’Évangile ». Voici le texte intégral de ce message du Pape François pour la Journée missionnaire mondiale 2017
Chers frères et sœurs,
Cette année également, la Journée missionnaire mondiale nous rassemble autour de la personne de Jésus, « le premier et le plus grand évangélisateur » (Bienheureux Paul VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, n.7), qui, continuellement, nous envoie annoncer l’Evangile de l’amour de Dieu le Père dans la force de l’Esprit Saint. Cette Journée nous invite à réfléchir à nouveau sur la mission au cœur de la foi chrétienne. En effet, l’Église est missionnaire par nature. Si ce n’était pas le cas, elle ne serait plus l’Église du Christ mais une association parmi tant d’autres qui, bien vite, finirait par épuiser son but et disparaître. C’est pourquoi nous sommes invités à nous poser un certain nombre de questions qui touchent notre identité chrétienne même et nos responsabilités de croyants dans un monde confus par tant d’illusions, blessé par de grandes frustrations et lacéré par de nombreuses guerres fratricides qui frappent injustement les innocents en particulier. Quel est le fondement de la mission ? Quel est le cœur de la mission ? Quelles sont les attitudes vitales de la mission ?
La mission et le pouvoir transformant de l’Évangile du Christ, Chemin, Vérité et Vie
1. La mission de l’Église, destinée à tous les hommes de bonne volonté, est fondée sur le pouvoir transformant de l’Évangile. L’Évangile est une Bonne Nouvelle qui porte en soi une joie contagieuse parce qu’il contient et offre une vie nouvelle : celle du Christ ressuscité qui, en communiquant son Esprit vivifiant, devient Chemin, Vérité et Vie pour nous (cf. Jn 14, 6). Il est le Chemin qui nous invite à Le suivre avec confiance et courage. En suivant Jésus comme notre Chemin, nous faisons l’expérience de la Vérité et nous recevons sa Vie, qui est pleine communion avec Dieu le Père dans la force de l’Esprit Saint, nous rend libre de toute forme d’égoïsme et se trouve être source de créativité dans l’amour.
2. Dieu le Père veut une telle formation existentielle de ses fils et de ses filles ; transformation qui s’exprime en tant que culte en esprit et en vérité (cf. Jn 4, 23-24), par une vie animée par l’Esprit Saint à l’imitation du Fils, Jésus, à la gloire de Dieu le Père. « La gloire de Dieu est l’homme vivant » (Saint Irénée de Lyon, Adversus haereses IV,20,7). De cette manière, l’annonce de l’Évangile devient parole vivante et efficace qui met en œuvre ce qu’elle proclame (cf. Is 55, 10-11) c’est-à-dire Jésus Christ, qui se fait continuellement chair dans toute situation humaine (cf. Jn 1, 14).
La mission et le kairos du Christ
3. La mission de l’Église n’est donc pas la diffusion d’une idéologie religieuse et pas même la proposition d’une éthique sublime. De nombreux mouvements de par le monde savent produire des idéaux élevés ou des expressions éthiques remarquables. Par le biais de la mission de l’Église, c’est Jésus Christ qui continue à évangéliser et à agir, et par suite elle représente le kairos, le temps propice au salut dans l’histoire. Par l’intermédiaire de la proclamation de l’Évangile, Jésus devient toujours à nouveau notre contemporain, afin que ceux qui l’accueillent avec foi et amour fassent l’expérience de la force transformatrice de son Esprit de Ressuscité qui féconde l’être humain et la Création comme le fait la pluie avec la terre. « Sa résurrection n’est pas un fait relevant du passé ; elle a une force de vie qui a pénétré le monde. Là où tout semble être mort, de partout, les germes de la résurrection réapparaissent. C’est une force sans égale » (Exhortation apostolique Evangelii gaudium, n.276).
4. Rappelons-nous toujours que « à l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive » (Benoît XVI, Encyclique Deus caritas est, n.1). L’Evangile est une Personne, qui s’offre continuellement et continuellement invite ceux qui l’accueillent avec une foi humble et laborieuse à partager sa vie au travers d’une participation effective à son mystère pascal de mort et résurrection. L’Évangile devient ainsi, par le Baptême, source de vie nouvelle, libérée de la domination du péché, illuminée et transformée par l’Esprit Saint ; par le biais de la Confirmation, il devient onction fortifiante qui, grâce à ce même Esprit, indique des chemins et des stratégies nouvelles de témoignage et de proximité ; et par l’intermédiaire de l’Eucharistie, il devient nourriture de l’homme nouveau, « remède d’immortalité » (Ignace d’Antioche, Epistula ad Ephesios, 20,2).
5. Le monde a essentiellement besoin de l’Évangile de Jésus Christ. Au travers de l’Église, il continue sa mission de Bon Samaritain, en soignant les blessures sanglantes de l’humanité, et de Bon Pasteur, en cherchant sans relâche celui qui s’est égaré sur des chemins tortueux et sans but. Et, grâce à Dieu, les expériences significatives témoignant de la force transformante de l’Évangile ne manquent pas non plus. Je pense au geste de cet étudiant Dinka qui, au prix de sa propre vie, protège un étudiant de la tribu Nuer destiné à être tué. Je pense à cette Célébration eucharistique, à Kitgum, dans le nord de l’Ouganda, alors ensanglanté par la férocité d’un groupe de rebelles, lorsqu’un missionnaire a fait répéter aux personnes les paroles de Jésus sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? », en tant qu’expression du cri désespéré des frères et des sœurs du Seigneur crucifié. Cette célébration fut pour le peuple source de grande consolation et de beaucoup de courage. Et nous pouvons également penser aux nombreux, aux innombrables témoignages de la manière dont l’Évangile aide à surmonter les fermetures, les conflits, le racisme, le tribalisme en promouvant partout et entre tous la réconciliation, la fraternité et le partage.
La mission inspire une spiritualité d’exode continuel, de pèlerinage et d’exil
7. La mission de l’Église est animée par une spiritualité d’exode continuel. Il s’agit de « sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile » (Exhortation apostolique Evangelii gaudium, n.20). La mission de l’Église stimule une attitude de pèlerinage continuel à travers les différents déserts de la vie, à travers les diverses expériences de faim et de soif de vérité et de justice. La mission de l’Église inspire une expérience d’exil continuel, pour faire percevoir à l’homme assoiffé d’infini sa condition d’exilé en chemin vers la patrie définitive, tendu entre le « déjà » et le « pas encore » du Royaume des Cieux.
8. La mission dit à l’Église qu’elle n’est pas une fin en soi mais un humble instrument et une médiation du Royaume. Une Église autoréférentielle, qui se complait de ses succès terrestres, n’est pas l’Église du Christ, son corps crucifié et glorieux. VoilÀ pourquoi nous devons préférer « une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Eglise malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités » (ibid., n.49).
Les jeunes, espérance de la mission
9. Les jeunes représentent l’espérance de la mission. La personne de Jésus et la Bonne Nouvelle qu’il proclame continuent à fasciner de nombreux jeunes. Ils cherchent des parcours au travers desquels mettre en œuvre le courage et les élans du cœur au service de l’humanité. « Nombreux sont les jeunes qui offrent leur aide solidaire face aux maux du monde et entreprennent différentes formes de militance et de volontariat [...]. Qu’il est beau que des jeunes soient “pèlerins de la foi”, heureux de porter Jésus dans chaque rue, sur chaque place, dans chaque coin de la terre ! » (ibid., n.106). La prochaine Assemblée générale ordinaire du Synode des Evêques, qui se tiendra en 2018 sur le thème « Les jeunes, la foi et le discernement des vocations », se présente comme une occasion providentielle pour impliquer les jeunes dans la responsabilité missionnaire commune qui a besoin de leur riche imagination et de leur créativité.
Le service des Œuvres pontificales missionnaires
10. Les Œuvres pontificales missionnaires constituent un instrument précieux pour susciter en chaque communauté chrétienne, le désir de sortir de ses propres frontières et de ses propres sécurités et de prendre le large pour annoncer l’Évangile à tous. Au travers d’une profonde spiritualité missionnaire à vivre au quotidien, d’un engagement constant de formation et d’animation missionnaire, des adolescents, des jeunes, des adultes, des familles, des prêtres, des religieux et des religieuses, des Évêques sont impliqués afin que grandisse en chacun un cœur missionnaire. La Journée missionnaire mondiale, promue par l’Œuvre de la Propagation de la Foi, constitue l’occasion propice pour que le cœur missionnaire des communautés chrétiennes participe par la prière, le témoignage de la vie et la communion des biens afin de répondre aux graves et vastes besoins de l’Évangélisation.
Etre missionnaires avec Marie, Mère de l’évangélisation
11. Chers frères et sœurs, soyons missionnaires en nous inspirant de Marie, Mère de l’Évangélisation. Mue par l’Esprit, elle accueillit le Verbe de la vie dans la profondeur de son humble foi. Que la Vierge nous aide à dire notre « oui » dans l’urgence de faire résonner la Bonne Nouvelle de Jésus à notre époque ; qu’elle nous obtienne une nouvelle ardeur de ressuscités pour porter à tous l’Evangile de la vie qui remporte la victoire sur la mort ; qu’elle intercède pour nous afin que nous puissions acquérir la sainte audace de rechercher de nouvelles routes pour que parvienne à tous le don du salut.
Du Vatican, 4 juin 2017
Solennité de la Pentecôte
© Libreria Editrice Vatican - 2017
La peine de mort est inhumaine et inadmissible !
« La condamnation à la peine de mort est une mesure inhumaine qui blesse la dignité personnelle ». Le Pape François s’est exprimé ce 11 octobre 2017 à l’occasion du 25ème anniversaire du Catéchisme de l’Église Catholique promulgué par Saint Jean-Paul II le 11 octobre 1992. Devant les participants à cette rencontre organisée par le Conseil Pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Évangélisation dans la salle du Synode au Vatican, le Saint-Père a réaffirmé l’évolution de la position de l’Église sur la peine capitale : « La peine de mort est inadmissible car elle attente à l’inviolabilité de la personne ».
Chers frères et sœurs,
Le vingt-cinquième anniversaire de la Constitution apostolique Fidei depositum, par laquelle saint Jean-Paul II promulguait le Catéchisme de l’Eglise Catholique, trente ans après l’ouverture du Concile Œcuménique Vatican II, constitue une heureuse occasion de voir le chemin parcouru depuis. Si saint Jean XXIII avait désiré et voulu le Concile, ce n’était pas d’abord pour condamner des erreurs, mais surtout pour donner à l’Eglise d’exposer la beauté de sa foi en Jésus-Christ à travers un langage renouvelé. « Il est nécessaire, affirmait le Pape dans son Discours d’ouverture, avant tout que l'Église ne détourne jamais son regard de l'héritage sacre? de vérité qu'elle a reçu des anciens. Mais il faut aussi qu'elle se tourne vers les temps présents, qui entraînent de nouvelles situations, de nouvelles formes de vie et ouvrent de nouvelles voies a? l'apostolat catholique » (11 octobre 1962). « Cependant, poursuivait le Souverain Pontife, ce précieux trésor nous ne devons pas seulement le garder comme si nous n'étions préoccupés que du passe?, mais nous devons nous mettre joyeusement, sans crainte, au travail qu'exige notre époque, en poursuivant la route sur laquelle l'Église marche depuis près de vingt siècles. » (ibid.).
« Garder » et « poursuivre », c’est l’objectif de l’Église de par sa nature même, de telle sorte que la vérité de l’annonce de l’Évangile par Jésus atteigne sa plénitude jusqu’à la fin des siècles. C’est cela la grâce qui a été accordée au Peuple de Dieu, mais c’est aussi un but et une mission dont nous sommes responsables, pour annoncer de façon renouvelée et davantage exhaustive l’Évangile de toujours à nos contemporains. C’est dans la joie que donne l’espérance chrétienne, et forts de la « médecine de la miséricorde » (ibid.), que nous allons vers les hommes et les femmes de notre temps pour qu’ils découvrent l’inépuisable richesse contenue dans la personne de Jésus-Christ.
En présentant le Catéchisme de l’Eglise Catholique, saint Jean-Paul II affirmait qu’il « doit tenir compte des explications de la doctrine que le Saint-Esprit a suggérées à l’Église au cours des temps. Il faut aussi qu’il aide à éclairer de la lumière de la foi les situations nouvelles et les problèmes qui ne s’étaient pas encore posés dans le passé » (Const. ap. Fidei depositum, n.3). Ce Catéchisme est donc un instrument important, non seulement pour exposer aux croyants l’enseignement de toujours pour que grandisse la compréhension de la foi, mais aussi et surtout, parce qu’il entend s’adresser à nos contemporains, avec leurs questions à la fois diverses et nouvelles. C’est ainsi que l’Église s’engage à exposer la foi en tant que réponse significative pour l’existence humaine, dans le moment particulier de l’histoire que nous vivons. Il ne suffit donc pas de trouver un langage nouveau pour exprimer la foi de toujours. Face aux nouveaux défis et perspectives ouvertes devant l’humanité, il est nécessaire et urgent que l’Église expose la nouveauté de l’Évangile du Christ, contenue dans la Parole de Dieu, mais pas encore mise en lumière. C’est ce trésor, fait « de neuf et de l’ancien » dont parlait Jésus quand il apprenait à ses disciples à enseigner la nouveauté qui émanait de lui, sans abandonner l’ancien (cf. Mt 13, 52).
L’évangéliste Jean présente une des plus belles pages de son Evangile quand il rapporte ce que l’on appelle la « prière sacerdotale » de Jésus. Avant d’affronter la Passion et la mort, Il s’adresse au Père, exprimant son obéissance quant à l’accomplissement de la mission reçue. Ses paroles sont un hymne à l’amour et contiennent aussi la demande que ses disciples soient gardés et protégés (cf. Jn 17,12-15). En même temps, Jésus prie pour ceux qui, à l’avenir, croiront en Lui grâce à la prédication de ses disciples, pour qu’ils soient eux aussi rassemblés et gardés dans l’unité (cf. Jn 17, 20-23). L’expression « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17, 3) exprime le sommet de la mission de Jésus.
Nous le savons bien, connaître Dieu, ce n’est pas d’abord un exercice théorique de la raison humaine, mais un désir inépuisable présent au cœur de chacun. C’est la connaissance qui vient de l’amour, parce que l’on a rencontré le Fils de Dieu sur notre route (cf. Enc. Lumen fidei, n.28). Jésus de Nazareth marche à nos côtés pour nous introduire, par sa parole et les signes accomplis, dans le mystère profond de l’amour du Père. Cette connaissance se fortifie de jour en jour, à travers la certitude de foi d’être aimé, et d’être ainsi intégré dans un dessein riche de sens. Celui qui aime veut connaître toujours davantage la personne aimée pour y découvrir la richesse cachée et qui, chaque jour, se donne à voir comme une réalité toujours nouvelle.
C’est pourquoi notre Catéchisme est à voir à la lumière de l’amour, comme une expérience de connaissance, de confiance, et d’abandon au mystère. Pour déterminer sa propre structure, le Catéchisme de l’Église Catholique reprend le texte du Catéchisme Romain. Il le fait en le proposant comme clé de lecture et de mise en application : « Toute la finalité de la doctrine et de l’enseignement doit être placée dans l’amour qui ne finit pas. Car on peut bien exposer ce qu’il faut croire, espérer ou faire ; mais surtout on doit toujours faire apparaître l’Amour de Notre Seigneur afin que chacun comprenne que tout acte de vertu parfaitement chrétien n’a pas d’autre origine que l’Amour et pas d’autre terme que l’Amour » (Catéchisme de l’Église Catholique, n.25).
Partant de là, j’aimerais évoquer un thème qui devrait trouver dans la Catéchisme de l’Église Catholique, un espace plus approprié et plus en adéquation avec cette finalité. Je pense à la peine de mort. Ce problème ne peut pas être résolu au moyen d’un simple rappel de l’enseignement historique, sans faire apparaître, non seulement l’avancée de la doctrine chez les derniers Pontifes, mais également l’évolution dans la conscience du peuple chrétien, qui s’éloigne d’une attitude consentante à l’égard d’une peine qui lèse lourdement la dignité humaine. On doit affirmer avec force que la condamnation à la peine de mort est une mesure inhumaine qui blesse la dignité personnelle, quel que soit son mode opératoire. En décidant volontairement de supprimer une vie humaine, toujours sacrée aux yeux du Créateur et dont Dieu est en dernière analyse le véritable juge et le garant, elle est par elle-même contraire à l’Évangile. Jamais, aucun homme « pas même le meurtrier ne perd sa dignité personnelle » (Lettre au Président de la Commission Internationale contre la peine de mort, 20 mars 2015), car Dieu est un Père qui attend toujours le retour du fils qui, conscient de ses erreurs, demande pardon et commence une nouvelle vie. Ce n’est donc à personne que peut être enlevée non seulement la vie, mais la possibilité d’un remords moral et existentiel, qui le réintègre dans la communauté.
Dans les époques antérieures, face à la pauvreté des possibilités de défense, et quand la maturité sociale n’était pas encore pleinement développée, le recours à la peine de mort apparaissait comme la conséquence logique dans l’application de la justice à respecter. Malheureusement, même dans les Etats Pontificaux, on a eu recours à ce remède extrême et inhumain, faisant ainsi disparaître le primat de la miséricorde sur la justice. Nous assumons la responsabilité du passé, et nous reconnaissons que ces moyens étaient dictés par une mentalité plus légaliste que chrétienne. Le désir de garder entiers les pouvoirs et les biens matériels avait amené à surestimer la valeur de la loi, empêchant ainsi d’aller plus en profondeur dans la compréhension de l’Evangile. Aujourd’hui cependant, rester neutre face aux nouvelles exigences liées à la réaffirmation de la dignité personnelle, nous rendrait davantage coupables.
Il n’y a pas ici de contradiction avec l’enseignement du passé : la défense de la dignité de la vie humaine du premier instant de la conception jusqu’à la mort naturelle, a toujours été portée, dans l’enseignement de l’Église, par une voix cohérente et autorisée. Le développement harmonieux de la doctrine demande cependant d’abandonner des prises de position liées à des arguments qui apparaissent désormais réellement contraires à une nouvelle compréhension de la vérité chrétienne. C’est d’ailleurs ce que rappelait déjà saint Vincent de Lérins : « Mais peut-être dira-t-on : N'y aura-t-il alors, dans l’E?glise du Christ, aucun progrès de la religion ? - Certes, il faut qu'il y en ait un, et considérable ! Qui serait assez ennemi de l'humanité, assez hostile a? Dieu, pour essayer de s'y opposer ? » (Commonitorium, 23.1). Il faut donc répéter que, quelque puisse être la gravité de la faute commise, la peine de mort est inadmissible car elle attente à l’inviolabilité et à la dignité de la personne.
« L’Église perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte et elle transmet à chaque génération, tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit. » (Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. Dei Verbum, n.8). Les Pères du Concile ne pouvaient pas trouver une expression synthétique plus heureuse pour exprimer la nature et la mission de l’Église. Ce n’est pas seulement dans la « doctrine », mais également dans la « vie » et le « culte » que les croyants peuvent devenir Peuple de Dieu. À partir de cela, la Constitution dogmatique sur le Révélation divine exprime la dynamique interne au processus : « Cette Tradition progresse (…) s’accroît, (…) tend constamment vers la plénitude de la divine vérité, jusqu’à ce que soient accomplies en elle les paroles de Dieu » (ibid.).
La Tradition est une réalité vivante et seule une vision partielle peut penser le « dépôt de la foi » comme quelque chose de statique. La Parole de Dieu ne peut être conservée dans la naphtaline comme s’il s’agissait d’une vieille couverture dont il faudrait éloigner les parasites ! Non. La Parole de Dieu est une réalité dynamique, toujours vivante, qui progresse et croît vers un accomplissement que les hommes ne peuvent entraver. Cette loi du progrès, selon l’heureuse formule de saint Vincent de Lérins : « annis consolidetur, dilatetur tempore, sublimetur aetate » (Commonitorium, 23.9), appartient à la condition particulière de la vérité révélée telle qu’elle est transmise par l’Église, et ne signifie absolument pas un changement de doctrine.
On ne peut garder la doctrine sans la faire avancer. On ne peut davantage l’enfermer dans une lecture rigide et immuable, si ce n’est en méprisant l’action de l’Esprit Saint. « À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes » (He 1,1), Il « ne cesse de converser avec l’Épouse de son Fils bien-aimé » (Dei Verbum, n.8). C’est cette parole qu’il nous faut faire nôtre dans une attitude de « religieuse écoute » (ibid., n.1), pour que notre Eglise avance avec l’enthousiasme des origines, vers les horizons nouveaux où le Seigneur nous appelle.
Je vous remercie pour cette rencontre et pour votre travail ; je vous demande de prier pour moi et je vous bénis de tout cœur. Merci.
© Libreria Editice Vaticana – 2017
Commentaire des lectures du dimanche
« Tout est prêt : venez au repas de noce ! »
L’Évangile de ce jour est un texte qui peut être difficile à comprendre, spécialement le dernier paragraphe où l’un des convives se fait éconduire par le roi. Dans un premier temps, nous pouvons faire une lecture historique de ce texte. Nous reconnaissons dans cette page de l’Évangile le drame de l’alliance dans l’Ancien Testament, au cours des siècles, le Seigneur a invité son peuple à entrer en alliance avec lui, à partager son amour. Cette invitation est ici figurée par l’invitation au repas de noces, un repas de fête où l’alliance est célébrée entre son fils et l’humanité.
Malheureusement, les hommes ont souvent répondu à l’invitation divine par l’indifférence, le mépris et même le rejet des prophètes. Cependant l’invitation à entrer en alliance demeure, et le refus de quelques-uns a permis d’ouvrir l’invitation à un plus grand nombre. Cette large ouverture des noces nouvelles dans la nouvelle alliance est une joie pour chacun de nous, et un motif de reconnaissance pour Dieu notre Père. Cela ne doit pas nous amener à porter un jugement sur ceux qui ont refusé d’entrer en alliance. D’autant plus que le rejet de l’homme qui n’avait pas revêtu les vêtements de noces doit nous mettre en garde contre notre propre attitude.
Le roi condamne sévèrement l’homme qui est entré sans avoir les vêtements adéquats pour la célébration. Mais nous pouvons nous poser la question de savoir comment un invité de la dernière heure, rencontré au détour d’un chemin, aurait-il eu le temps de revêtir un costume de fête ? Il ne faut pas s’arrêter au caractère invraisemblable de cette histoire. Mais être ouvert à la lecture symbolique. Ici le vêtement de noce est à comprendre comme le symbole des œuvres de notre conversion. Nous devons exprimer extérieurement ce que nous avons accueilli intérieurement dans la foi. Nous trouvons aussi cette image du vêtement dans le livre de l’Apocalypse où il est dit que le vêtement de lin, dont sont revêtus les saints, c’est leurs bonnes actions (Ap 19,8). Saint Jérôme commente aussi ce passage de l’Évangile dans ce sens lorsqu’il dit : « À lui seul, cet homme personnifie tout ce que le mal rassemble. Le vêtement des noces, ce sont les préceptes du seigneur, les œuvres accomplies selon la loi et l’Évangile qu’est le vêtement de l’homme nouveau. »
Heureux sommes nous d’être invités au repas du Seigneur ! Nous connaissons cette invitation que le prêtre lance après l’agneau de Dieu. Cette invitation nous concerne particulièrement nous qui avons entendu l’invitation du seigneur, et qui sommes ici rassemblés. Elle est aussi adressée à cette foule innombrable, la foule précisément de ceux qui ont revêtu le vêtement des bonnes œuvres, la foule de ceux qui vont participer au repas de l’agneau. Oui, ils sont innombrables les invités au repas du seigneur. Chacune de nos eucharisties est comme une annonce et même une anticipation de ce grand repas de noces. Les noces du fils du roi, du fils bien-aimé du père, les noces du Christ qui épouse l’humanité.
La parabole de l’invité négligent nous avertit contre une réponse qui ne serait pas véritablement totale de notre part. Nous ne pouvons pas participer aux noces de l’agneau sans chercher à revêtir notre cœur de tendresse, de bonté, d’humilité et de douceur, de patience. Le vêtement de noces signifie notre transformation en réponse à l’invitation. Par sa conduite et par ses bonnes œuvres, l’invité aux noces s’ajuste à la grandeur de celui qui l’a appelé, à l’honneur qui nous est fait d’entrer en communion avec Dieu. Nous répondons par une généreuse transformation de notre conduite, nous poursuivrons notre transformation intérieure et extérieure inaugurée par notre nouvelle naissance dans la foi au jour de notre baptême.
Nous ne pouvons pas vraiment répondre à l’invitation du seigneur sans chercher à correspondre à cette invitation. Et vous avez certainement remarqué que durant l’eucharistie à de nombreuses reprises nous demandons pardon au seigneur. C’est une façon de reconnaître que notre préparation à l’accueil du don de Dieu est bien imparfaite en nos vies. Nous ne sommes pas à la hauteur d’une telle invitation, mais nous nous confions à la miséricorde de Dieu et nous désirons y répondre de mieux en mieux chaque jour. Et comme le rappelait la première lecture que nous avons entendue, quelquefois notre préparation peut ressembler au franchissement de montagne qui demande de la peine. Mais cette peine est bien payée, l’Eucharistie est un repas extraordinaire préparé par le Dieu qui nous sauve. Tous les hommes sont invités sans distinction, sans privilège d’origine. Mais on ne peut s’approcher du seigneur sans chercher à lui plaire, c’est-à-dire à nous revêtir du Christ, en accomplissant comme lui ce qui plaît au père.
Nous ne pouvons pas prendre part au repas du seigneur sans prendre part aussi à son œuvre d’amour en ce monde. La communion avec le seigneur suscite la communion avec nos frères en église et en humanité. Notre participation à l’Eucharistie est liée à une manière de vivre au fil des jours où nous tissons ainsi le vêtement de nos noces que nous célébrerons avec le seigneur. Heureux sommes-nous si nous participons ainsi au festin des noces de l’agneau.
© Carme-asso - 2014