Pko 14.05.2017
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°27/2017
Dimanche 14 mai 2017 – 5ème Dimanche de Pâques – Année A
Humeurs…
Message de Fatima – 3ème secret
« J.M.J.
La troisième partie du secret révélé le 13 juillet 1917 dans la Cova de Iria-Fatima.
J'écris en obéissance à Vous, mon Dieu, qui me le commandez par l'intermédiaire de son Exce Rév.me Monseigneur l'Évêque de Leiria et de Votre Très Sainte Mère, qui est aussi la mienne.
Après les deux parties que j'ai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre-Dame, un peu plus en hauteur, un Ange avec une épée de feu dans la main gauche; elle scintillait et émettait des flammes qui, semblait-il, devaient incendier le monde; mais elles s'éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre-Dame en direction de lui; l'Ange, indiquant la terre avec sa main droite, dit d'une voix forte: Pénitence! Pénitence! Pénitence! Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu: “Quelque chose de semblable à la manière dont se voient les personnes dans un miroir quand elles passent devant” un Évêque vêtu de Blanc, “nous avons eu le pressentiment que c'était le Saint-Père”. Divers autres Évêques, Prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande Croix en troncs bruts, comme s'ils étaient en chêne-liège avec leur écorce; avant d'y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d'un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu'il trouvait sur son chemin; parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches; et de la même manière moururent les uns après les autres les Évêques les Prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes. Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des Martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s'approchaient de Dieu.
Tuy - 3-1-1944 ».
© Libreria Editrice Vaticana - 2000
Chronique de la roue qui tourne
C.P.S… Attention à tes lettres de noblesse
Cette semaine, j’ai envie de rebondir sur l’info révélée par « Radio 1 » concernant l’indemnité de départ de l’ex-directeur de la CPS. En effet, récemment nommé à la Banque Socredo, ce monsieur a eu ses congés payés et une indemnité « compensatrice » nous dit-on, pour un montant de 10 800 000fcp. Sans vouloir entrer dans la polémique, je ne peux m’empêcher de penser aux bâtons qu’on nous met dans les roues – cette expression sied tellement bien à nos péripéties – lorsqu’on fait une demande. Aujourd’hui, je veux juste partager avec vous ma dernière anecdote – oui, je les collectionne ! – avec la C.P.S.
Il y a un peu plus d’un an, je me suis renseignée sur les démarches à suivre pour obtenir un fauteuil roulant électrique, mon handicap n’étant plus à prouver (quoique !) : une ordonnance et une facture proformat de chaque magasin spécialisé pour ce matériel. Les droits s’accompagnant toujours de devoirs, je me présentais, toute fière, au guichet avec les justificatifs demandés. Cependant, le dossier a été invalidé. Un refus non sur le fond mais sur la forme, ce qui laisse perplexe vu que le besoin est reconnu. Mais la procédure ne peut se contenter d’une ordonnance du médecin de famille (mon médecin référent). Il fallait l’ordonnance d’un médecin spécialisé… c’est qu’il faut des années d’études supplémentaires pour constater mon handicap ! Bref, le système a ses raisons que la logique ignore. De plus, je n’étais pas au bout de mes peines car il me fallait aussi une attestation d’essai d’une équipe pluridisciplinaire composée d’un médecin spécialisé, d’un ergothérapeute et d’un kinésithérapeute certifiant que je suis apte à « conduire » un fauteuil. Pourtant, sur leur écran, ils pouvaient voir que je n’en n’étais pas à mon premier fauteuil électrique.
« C’est la loi. » Il fallait recommencer toute la paperasse. Il fallait prendre rendez-vous avec un médecin spécialisé. Il me fallait trouver une équipe pluridisciplinaire, et ce n’est pas quelque chose que l’on trouve à tous les carrefours. Il fallait trouver un fauteuil électrique, là encore je me voyais mal accoster un autre handicapé pour lui dire : « Brad, descend un peu de ton fauteuil, je dois l’essayer ! »
Entre nous, heureusement qu’une personne handicapée a des problèmes pour se déplacer, vous imaginez sinon tout ce qu’on pourrait lui demander ! Souvent, durant la procédure, je pensais à ceux qui n’osent pas, qui ne savent pas ou qui n’ont personne sur qui compter pour venir à bout du parcours du combattant ! « Le droit ; c'est ce qu'on ne peut pas te refuser. » disait René Ouvard.
Oui, le système l’a bien compris ! Du coup, la procédure est transformée en un vrai parcours du combattant pour décourager quelques-uns. Le système est en train de rendre des droits inaliénables… inaccessibles… par souci financier. On parle souvent de déficit, c’est la justification favorite pour expliquer la déshumanisation du système. Or, force est de constater que ce discours ne s’applique toujours.
Pourtant, il serait bon que la C.P.S. n’oublie pas sa mission première, parce qu’une société, digne de ce nom de nos jours, ne peut prospérer sans permettre à chaque personne de vivre sa dignité humaine et de s’épanouir. Il serait bon que la C.P.S. renoue avec ses lettres de noblesse et principalement avec ce « S » qui la pousse là où il y a injustice, difficulté et fragilité. Voilà sa vraie feuille de route. Qu’en est-il concrètement ?
La chaise masquée
© Nathalie SH – P.K.0 – 2017
Marie
En marge de l’actualité du mercredi 10 mai 2017
Ce samedi 13 mai l’Église catholique célèbre le centenaire de la première apparition de la Vierge Marie à Fatima. Dans ce petit village du Portugal, la Vierge Marie est apparue à trois enfants de mai à octobre 1917 tous les 13 du mois. Parmi les messages délivrés, il y a notamment l’exhortation de Marie à prier pour les pécheurs et les âmes du Purgatoire, la dévotion à son Cœur immaculé et la prière du chapelet.
Notons de suite que l’Église catholique n’accorde pas aux apparitions mariales le même degré d’orthodoxie et de vérité que les dogmes de foi. Ces révélations sont dites « privées ». Elles constituent une aide pour la foi mais le chrétien est libre d’y accorder un crédit ou non sans remettre en cause son lien à l’Église.
À propos de Fatima, la Congrégation pour la doctrine de la foi a rappelé que « ces manifestations, qui ne peuvent pas contredire le contenu de la foi, doivent converger vers l'objet central de l'annonce du Christ : l'amour du Père qui suscite chez les hommes la conversion et qui donne la grâce pour s'abandonner à Lui avec une dévotion filiale ».
Parmi les apparitions mariales répertoriées à travers le monde, quelques-unes recueillent un assentiment de foi plus solide. Tel est le cas bien connu de Lourdes, et aussi de Fatima. L’inscription de la mémoire de Notre-Dame-de-Fatima dans le calendrier liturgique, la présence du pape François à Fatima pour la célébration de l’anniversaire et, dans notre diocèse, l’organisation d’un pèlerinage à la paroisse Maria-no-te-hau ce samedi 13 mai sont des gages supplémentaires.
Si les positions peuvent varier au sujet de ce type de dévotion, l’importance de la Vierge Marie dans l’Église catholique s’explique avant tout par le rôle qu’elle a tenu dans l’histoire du salut. Sur ce plan, les évangiles sont unanimes pour reconnaître à Marie une vocation unique.
Tout a commencé par le « oui » qu’elle donne à l’invitation faite par l’Ange du Seigneur de devenir la mère du Sauveur. C’est ce lien maternel qui la relie à Jésus, Fils unique du Père, Verbe de Dieu qui prend chair en elle, qui confère à Marie son statut unique parmi toutes les créatures humaines.
Marie est un modèle de foi, d’espérance et de charité pour tous les chrétiens. Dans sa dernière catéchèse, le pape François souligne la présence de Marie au pied de la Croix puis, après la résurrection et l’ascension de Jésus, au milieu des disciples à la Pentecôte.
Marie est mère de l’espérance car dans les moments les plus douloureux et les plus importants de la vie de son Fils et de son Eglise– comme de nos propres existences –, Marie « se tient là », « debout au pied de la Croix » ou à genoux à prier et intercéder.
+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU
© Archidiocèse de Papeete - 2017
La Parole aux sans paroles 74
Portrait d’un frère de la rue - Mana
Quand tout va mal, on a besoin d’une "solution" sans complication. Et, de plus en plus, la rue semble moins compliquée qu’un retour dans sa famille. En froid avec sa femme, c’est sur un trottoir que Mana fait le bilan de sa vie.
D’où viens-tu ?
« J’ai grandi à Papeete, avec mes parents. »
Raconte-nous ton enfance.
« J’ai grandi dans une famille où le papa était diacre. On a grandi en allant à l’église. Avec les petits frères et la petite sœur, on a eu une enfance normale. »
Vous êtes une grande famille ?
« Non, on est 4. 3 frères et 1 sœur. »
Et ton école ?
« Je me suis arrêté en 2ème année de BEP. »
Pourquoi ?
« Parce que ma maman est tombée malade, elle a eu un cancer. Heureusement, elle ne nous a pas vite quitté. Elle a été en France, elle a reçu des soins. Et elle s’est rétablie. Elle est décédée que l’année dernière, en novembre. »
Et ton papa ?
« Il vit toujours et il est parti aux Australes, à Rurutu, habiter. »
Et tu vis dans la rue ?
« Oui, je vis dans la rue depuis deux mois et une semaine. »
Pourquoi es-tu SDF ?
« C’est compliqué, c’est très très compliqué. »
Essaye, on a tout le temps.
« Je suis dans la rue parce que je me suis fâché avec ma femme. Je n’ai pas accepté la situation. Et, en ce moment, on est en train de faire un break pour savoir si on continue ou si on arrête tout maintenant. Ça fait 4 ans nous deux. »
Et toi, que veux-tu ?
« Continuer. En fait, je ne demande que la simplicité, la confiance, la sincérité. »
Des enfants ?
« Non. »
Mariés ?
« Non, simplement en concubinage… même pas en concubinage, on n’a jamais fait les démarches. »
Tu travailles ?
« Oui. »
« Ma maman est décédée en 2010, ça fait 6 ans. Elle avait tout ce qu’on pouvait rêver d’une maman. Mon papa est hoa ia chez nous. Lui et mes frères et sœurs me disent de rentrer mais je ne veux pas. »
Et tu n’aurais pas pu trouver un logement ?
« Franchement, si je le voulais, je pourrais trouver quelque chose. Mais là, j’ai besoin de profiter de ma liberté. »
Et pourquoi n’es-tu pas retourné dans ta famille ?
« C’est compliqué ! »
La rue est plus « facile » ?
« Je n’ai pas eu le choix, en fait. Facile, non ce n’est pas facile. »
Tu as revu ta femme depuis ?
« Non. En fait, on s’est donné rendez-vous demain. Je croise les doigts. Si on veut que ça marche, il faut qu’on parle. »
Elle sait que tu vis dans la rue ?
« Oui et elle rigole, carrément ! (Rires) Elle doit dire : tant mieux ! »
Le plus dur dans la rue ?
« Le plus dur dans la rue, c’est que tu n’as rien. Dans la rue, je n’ai qu’un sac et un sac, ce n’est pas suffisant. Il faut vraiment se contenter de l’essentiel. »
Et comment tu fais quand tu as faim ?
« Je travaille donc je peux m’acheter à manger. »
Et où dors-tu ?
« N’importe où, je change »
Tu n’as jamais eu de problèmes ?
« Si, souvent des bagarres. »
Et comment réagis-tu ?
« Ben, il faut se battre ! En fait, ils sont là juste pour voler tes affaires. Pour l’instant, ils n’ont pas réussi à me prendre quelque chose. Mais ça va arriver peut-être un jour, je ne sais pas. Jusqu’à maintenant, j’ai eu de la chance. »
Tu te rappelles ta première nuit dans la rue ?
« Oui ! C’était horrible ! Je n’ai pas dormi ! (Rires) »
Pourquoi ? Tu avais peur ? Tu avais froid ?
« Non, parce qu’il y avait une part de moi qui manquait. Comme je venais d’arriver dans la rue, tu sens qu’il y a quelque chose qui manque. En fait, il y a beaucoup de choses qui manquent. »
Comment tu arrives à continuer ton travail alors que tu vis dans la rue ?
« Tu sais, je me suis toujours débrouillé tout seul dans ma vie. Mais dans la rue, il a fallu que j’anticipe plein de choses. Par exemple, pour laver mon linge, je vais au dressing. C’est 1 700 francs pour une bassine. Et mon sac, ça ne fait pas une bassine. Je paye 600 francs. Ce n’est pas cher. Ils lavent, ils repassent et ils plient. Je dépose le matin et je récupère le lendemain, comme je ne peux pas récupérer le soir même. »
Dans la rue, tu restes seul ou tu vas avec les autres ?
« Je suis avec les autres. En fait, j’ai appris à les connaitre. »
Donc en vivant dans la rue, ton regard sur les SDF a sûrement changé ?
« Avant, quand je voyais des SDF, je les regardais comme des SDF. Maintenant que moi je suis un SDF aussi, je peux dire que quand tu es SDF personne ne te regarde. C’est comme si tu fais partie du décor. Personne ne te voit. Aujourd’hui, dès qu’ils voient quelqu’un avec un sac, automatiquement c’est un SDF. Tu sais, le plus grand danger dans la rue, c’est tomber dans la folie. Il y en a plein qui parlent tout seuls alors qu’ils sont arrivés dans la rue nickels. Il y a un truc à ne pas faire, c’est accepter d’être dans la rue. »
D’après toi, pourquoi cette folie ? Ça vient de la solitude ? De l’ennui ?
« En fait, c’est le désespoir. Ils lâchent prise. Je pense que beaucoup attendent de l’aide, de la famille, des amis. Et comme personne ne vient les aider, alors ils lâchent prise. Ils ne se tracassent plus la tête de ce qui va se passer demain. »
Un dernier message ?
« Franchement, je n’ai pas de message ! (Rires) »
© Accueil Te Vai-ete - 2017
Audience générale du mercredi 10 mai 2017
Marie, Mère de l’espérance
« Pèlerins d’espérance et de paix : que vos mains unies en prière continuent de soutenir mes prières ». Place Saint-Pierre, ce mercredi 10 mai 2017, le Pape demande aux fidèles de langue portugaise de s’unir à lui. Vendredi et samedi, il s’est rendu en pèlerinage à Fatima, au Portugal « pour confier à la Vierge les sorts temporel et éternel de l’humanité et implorer, par son intercession, les bénédictions du Ciel ». François prie pour que « la plus grande et la meilleure des Mères veille sur chacun, tous les jours jusqu’à l’éternité ».
Chers frères et sœurs, bonjour !
Le long de notre itinéraire de catéchèse sur l’espérance chrétienne, nous nous tournons aujourd’hui vers Marie, Mère de l’espérance. Marie a traversé plus d’une nuit sur son chemin de mère. Dès sa première apparition dans l’histoire des Évangiles, sa figure se distingue comme s’il s’agissait du personnage d’un drame. Il n’était pas facile de répondre par un « oui » à l’invitation de l’ange : pourtant, femme encore dans la fleur de la jeunesse, elle répond avec courage, bien qu’elle ne sache rien du destin qui l’attend. À cet instant, Marie nous apparaît comme l’une des nombreuses mères de notre monde, courageuses jusqu’à l’extrême, quand il s’agit d’accueillir dans leur sein l’histoire d’un homme nouveau qui naît.
Ce « oui » est le premier passage d’une longue liste d’obéissances — une longue liste d’obéissances ! — qui accompagneront son itinéraire de mère. Ainsi, Marie apparaît dans les Évangiles comme une femme silencieuse, qui souvent, ne comprend pas tout ce qui se passe autour d’elle, mais qui médite chaque parole et chaque événement dans son cœur.
Cette disposition laisse apparaître un très bel aspect de la psychologie de Marie : ce n’est pas une femme qui déprime devant les incertitudes de la vie, en particulier quand rien ne semble aller comme il faut. Ce n’est pas non plus une femme qui proteste avec violence, qui se lamente du destin de la vie qui nous révèle souvent un visage hostile. C’est en revanche une femme qui écoute : n’oubliez pas qu’il y a toujours un grand rapport entre l’espérance et l’écoute, et Marie est une femme qui écoute. Marie accueille l’existence de la façon dont elle se présente à nous, avec ses jours heureux, mais également avec ses tragédies que nous voudrions ne jamais avoir croisées. Jusqu’à la nuit suprême de Marie, quand son Fils est cloué au bois de la croix.
Jusqu’à ce jour, Marie avait presque disparu de la trame des Évangiles : les écrivains sacrés laissent entrevoir cette lente éclipse de sa présence, son silence devant le mystère d’un Fils qui obéit au Père. Mais Marie réapparaît précisément au moment crucial : quand une bonne partie des amis se sont enfuis par peur. Les mères ne trahissent pas, et à cet instant, au pied de la croix, aucun de nous ne peut dire quelle a été la passion la plus cruelle : si c’est celle d’un homme innocent qui meurt sur le bois de la croix, ou l’agonie d’une mère qui accompagne les derniers instants de la vie de son fils. Les Évangiles sont laconiques et extrêmement discrets. Ils enregistrent par un simple verbe la présence de la Mère : elle « se tenait » (Jn 19,25), Elle se tenait. Ils ne disent rien de sa réaction : si elle pleurait, si elle ne pleurait pas... rien; pas même une esquisse de description de sa douleur: l’imagination de poètes et de peintres allait ensuite se déverser sur ces détails, nous offrant des images qui sont entrées dans l’histoire de l’art et de la littérature. Mais les Évangiles disent seulement : elle « se tenait ». Elle se tenait là, au moment le plus terrible, au moment le plus cruel, et souffrait avec son fils. « Elle se tenait ». Marie « se tenait », simplement elle était là. La voici de nouveau, la jeune femme de Nazareth, les cheveux désormais gris à cause du temps qui passe, encore aux prises avec un Dieu qui doit être uniquement embrassé, et avec une vie qui est arrivée au seuil de l’obscurité la plus épaisse. Marie « se tenait » dans l’obscurité la plus épaisse, mais elle « se tenait ». Elle n’est pas partie. Marie est là, fidèlement présente, chaque fois qu’il faut tenir une bougie allumée dans un lieu de brume et de brouillard. Elle ne connaît pas même le destin de résurrection que son Fils ouvrait à cet instant pour tous les hommes : elle était là par fidélité au projet de Dieu dont elle s’est proclamée la servante le premier jour de sa vocation, mais également en raison de son instinct de mère qui souffre simplement, chaque fois qu’il y a un enfant qui traverse une passion. Les souffrances des mères: nous avons tous connu des femmes fortes, qui ont affronté tant de souffrances de leurs enfants!
Nous la retrouverons au premier jour de l’Église, elle, mère d’espérance, au milieu de cette communauté de disciples si fragiles : l’un avait renié, de nombreux autres avaient fui, tous avaient eu peur (cf. Ac 1,14). Mais elle se tenait simplement là, de la façon la plus normale, comme si c’était une chose entièrement naturelle : dans la première Église enveloppée par la lumière de la Résurrection, mais également par les tremblements des premiers pas qu’elle devait accomplir dans le monde.
Pour cela, nous l’aimons tous comme une Mère. Nous ne sommes pas orphelins : nous avons une Mère au ciel, qui est la Sainte Mère de Dieu. Afin qu’elle nous enseigne la vertu de l’attente, même quand tout apparaît privé de sens : elle semble confiante dans le mystère de Dieu, même quand il semble s’éclipser à cause du mal du monde. Que dans les moments de difficultés, Marie, la Mère que Jésus nous a offerte à tous, puisse toujours soutenir nos pas, puisse toujours dire à notre cœur : « Lève-toi ! Regarde de l’avant, regarde l’horizon », parce qu’Elle est Mère de l’espérance. Merci.
© Libreria Editrice Vaticana - 2017
Le Message de Fatima
Commentaire théologique du Cardinal Joseph RATZINGER – Pape Benoît XVI en l’an 2000 à l’occasion de la décision du Pape Jean Paul II de rendre public le texte de la troisième partie du « secret de Fatima ».
Celui qui lit avec attention le texte de ce qu'on appelle le troisième « secret » de Fatima, qui, après un long temps, par une disposition du Saint-Père, est publié ci-joint dans son intégralité, sera probablement déçu ou étonné après toutes les spéculations qui ont été faites. Aucun grand mystère n'est révélé ; le voile de l'avenir n'est pas déchiré. Nous voyons l'Église des martyrs du siècle qui s'achève représentée à travers une scène décrite dans un langage symbolique difficile à déchiffrer. Est-ce cela que la Mère du Seigneur voulait communiquer à la chrétienté, à l'humanité, dans une période de grands problèmes et de grandes angoisses ? Cela nous est-il utile au début du nouveau millénaire ? Ou bien s'agit-il seulement de projections du monde intérieur d'enfants qui ont grandi dans une ambiance de profonde piété, mais qui étaient en même temps bouleversés par la tourmente qui menaçait leur époque ? Comment devons-nous comprendre la vision, que faut-il en penser ?
Révélation publique et révélations privées – leur lieu théologique
Avant d'entreprendre une tentative d'interprétation, dont les lignes essentielles peuvent être trouvées dans la communication que le Cardinal Sodano a prononcée le 13 mai dernier à la fin de la célébration eucharistique présidée par le Saint-Père à Fatima, il convient d'effectuer quelques clarifications de fond à propos de la manière dont, selon la doctrine de l'Église, doivent être compris des phénomènes comme celui de Fatima, à l'intérieur de la vie de foi. L'enseignement de l'Église distingue entre la « révélation publique » et les « révélations privées ». Entre ces deux réalités, il y a une différence non seulement de degré, mais de nature. Le terme « révélation publique » désigne l'action révélatrice de Dieu, qui est destinée à l'humanité entière et qui a trouvé son expression littéraire dans les deux parties de la Bible : l'Ancien et le Nouveau Testament. On l'appelle « révélation » parce que, en elle, Dieu s'est fait connaître progressivement aux hommes, au point de devenir lui-même homme, pour attirer à lui et réunir à lui tout le monde, par son Fils incarné, Jésus Christ. Il ne s'agit donc pas de communications intellectuelles, mais d'un processus vital, par lequel Dieu s'approche de l'homme ; et dans ce processus, tout naturellement, se dévoilent aussi un contenu qui intéresse également l'intelligence et la compréhension du mystère de Dieu. Le processus concerne l'homme tout entier et donc aussi la raison, mais pas seulement cette dernière. Dieu étant unique, l'histoire qu'il vit avec l'humanité est unique ; elle vaut pour tous les temps et elle a trouvé son accomplissement dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus Christ. En Christ, Dieu a tout dit, c'est-à-dire lui-même, et donc la révélation s'est achevée avec la réalisation du mystère du Christ, qui a trouvé son expression dans le Nouveau Testament. Le Catéchisme de l'Église catholique cite un texte de saint Jean de la Croix pour expliquer que la révélation est définitive et complète : « Dès lors qu'Il nous a donné son Fils, qui est sa Parole, Dieu n'a pas d'autre parole à nous donner. Il nous a tout dit à la fois et d'un seul coup en cette seule Parole [...] ; car ce qu'il disait par parties aux prophètes, Il l'a dit tout entier dans son Fils [...]. Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant l'interroger, ou désirerait une vision ou une révélation, non seulement ferait une folie, mais ferait injure à Dieu, en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ, sans chercher autre chose en quelque nouveauté » (CÉC, n°65 - S. Jean de la Croix, Montée au Carmel, 2,22).
Le fait que l'unique révélation de Dieu adressée à tous les peuples est achevée avec le Christ et par le témoignage qui lui est rendu dans les livres du Nouveau Testament lie l'Église à l'événement unique de l'histoire sacrée et à la parole biblique, qui garantit et interprète cet événement, mais cela ne signifie pas que l'Église pourrait maintenant regarder seulement le passé et serait ainsi condamnée à une répétition stérile. Le Catéchisme de l'Église catholique dit à ce sujet : « Même si la Révélation est achevée, elle n'est pas complètement explicitée; il restera à la foi chrétienne d'en saisir graduellement toute la portée au cours des siècles » (n°66). Les deux aspects, à savoir le lien avec l'unicité de l'événement et la progression dans sa compréhension, sont très bien illustrés dans le dernier discours du Christ, lorsque, faisant ses adieux aux disciples, il leur dit : « J'aurai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l'instant vous n'avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même [...]. Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jn 16, 12-14). D'une part, l'Esprit est un guide et il ouvre à une connaissance, mais il manquait auparavant le présupposé pour porter le poids de cette connaissance — telle est l'ampleur et la profondeur jamais atteintes de la foi chrétienne. D'autre part, cette fonction de guide est une manière de « prendre » dans le trésor de Jésus Christ lui-même, dont la profondeur insondable se manifeste dans la conduite opérée par l'Esprit. Le Catéchisme cite à ce sujet une parole profonde du Pape Grégoire le Grand : « Les divines paroles et celui qui les lit grandissent ensemble » (CÉC, n°94, Grégoire le Grand, Homélie sur Ezéchiel, 1, 7, 8). Le Concile Vatican II indique trois voies essentielles, par lesquelles s'opèrent l'action de guide de l'Esprit Saint dans l'Église et donc la « croissance de la Parole » ; cette action s'accomplit au moyen de la méditation et de l'étude par les fidèles, au moyen d'une profonde intelligence qui provient de l'expérience spirituelle et de la prédication de « ceux qui, avec la succession dans l'épiscopat, ont reçu un charisme certain de vérité » (Dei Verbum, n°8).
Dans ce contexte, il devient désormais possible de comprendre correctement le concept de « révélation privée », qui se réfère à toutes les visions et à toutes les révélations qui ont lieu après la conclusion du Nouveau Testament ; il s'agit donc de la catégorie à l'intérieur de laquelle nous devons placer le message de Fatima. À ce sujet, commençons par lire le Catéchisme de l'Église catholique : « Au fil des siècles, il y a eu des révélations dites “privées”, dont certaines ont été reconnues par l'autorité de l'Église. [...] Leur rôle n'est pas [...] de “compléter” la Révélation définitive du Christ, mais d'aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l'histoire » (n°67). Deux éléments sont ainsi clarifiés :
1. L'autorité des révélations privées est substantiellement différente de l'unique révélation publique : cette dernière exige notre foi ; en effet, en elle, par l'intermédiaire de paroles humaines et de la médiation de la communauté vivante de l'Église, Dieu lui-même nous parle. La foi en Dieu et dans sa Parole se distingue de toute autre foi, croyance ou opinion humaines. La certitude que Dieu parle me donne la sécurité que je rencontre la vérité elle-même, et ainsi une certitude qui ne peut se vérifier par aucune forme humaine de connaissance. C'est la certitude sur laquelle j'édifie ma vie et à laquelle je me confie en mourant.
2. La révélation privée est une aide pour la foi, et elle se manifeste comme crédible précisément parce qu'elle renvoie à l'unique révélation publique. Le Cardinal Prospero Lambertini, futur Pape Benoît XIV, dit à ce sujet dans son traité classique, devenu ensuite normatif pour les béatifications et les canonisations : « Un assentiment de foi catholique n'est pas dû à des révélations approuvées de cette manière ; ce n'est même pas possible. Ces révélations requièrent plutôt un assentiment de foi humaine conforme aux règles de la prudence, qui nous les présentent comme probables et crédibles dans un esprit de piété ». Le théologien flamand E. Dhanis, éminent connaisseur de cette question, affirme de manière synthétique que l'approbation ecclésiale d'une révélation privée comporte trois éléments : le message relatif ne contient rien qui s'oppose à la foi et aux bonnes mœurs; il est licite de le rendre publique, et les fidèles sont autorisés à lui donner, de manière prudente, leur adhésion. Un tel message peut être une aide valable pour comprendre et mieux vivre l'Évangile à l'heure actuelle ; c'est pourquoi il ne doit pas être négligé. Il est une aide qui est offerte, mais dont il n'est nullement obligatoire de faire usage.
Le critère pour la vérité et pour la valeur d'une révélation privée est donc son orientation vers le Christ lui-même. Quand elle nous éloigne de lui, quand elle se rend autonome ou même quand elle se fait passer pour un dessein de salut autre et meilleur, plus important que l'Évangile, elle ne vient certainement pas de l'Esprit Saint, qui nous guide à l'intérieur de l'Évangile, et non hors de lui. Cela n'exclut pas qu'une révélation privée mette de nouveaux accents, qu'elle fasse apparaître de nouvelles formes de piété, qu'elle en approfondisse ou en étende d'anciennes. Mais de toute façon, en tout cela, il doit s'agir d'une nourriture pour la foi, l'espérance et la charité, qui sont pour tous la voie permanente du salut. Nous pouvons ajouter que bien souvent les révélations privées proviennent avant tout de la piété populaire et se reflètent sur elle, lui donnent de nouvelles impulsions et ouvrent pour elle de nouvelles formes. Cela n'exclut pas qu'elles aient aussi des effets dans la liturgie elle-même, comme le montrent par exemple les fêtes du Corpus Domini et du Sacré-Cœur de Jésus. D'un certain point de vue, dans la relation entre liturgie et piété populaire, se dessine la relation entre la Révélation et les révélations privées : la liturgie est le critère, elle est la forme vitale de l'Église dans sa totalité, nourrie directement par l'Évangile. La religiosité populaire signifie que la foi plonge ses racines au cœur des peuples d'une façon telle qu'elle s'introduit dans le monde du quotidien. La religiosité populaire est la forme première et fondamentale de l'« inculturation » de la foi, qui doit continuellement se laisser orienter et guider par les indications de la liturgie, mais qui, à son tour, féconde la foi à partir du cœur.
Ainsi, nous sommes déjà passés des précisions plutôt négatives, qui de prime abord étaient nécessaires, aux déterminations positives des révélations privées : comment peut-on les classer de manière correcte à partir de l'Écriture ? Quelle est leur catégorie théologique ? La plus ancienne lettre de saint Paul qui nous a été conservée, le texte qui, dans l'absolu, est peut-être le plus ancien du Nouveau Testament, la première lettre aux Thessaloniciens, me semble donner une indication. L'Apôtre y écrit : « N'éteignez pas l'Esprit, ne méprisez pas les prophéties, mais discernez la valeur de toute chose, ce qui est bien, gardez-le » (5, 19-21). À toutes les époques est donné à l'Église le charisme de prophétie, qui doit être examiné, mais qui ne peut être déprécié. À ce sujet, il convient de tenir compte du fait que la prophétie, au sens biblique, ne signifie pas prédire l'avenir, mais expliquer la volonté de Dieu pour le présent, et donc montrer la voie droite vers l'avenir. Celui qui prédit l'avenir satisfait à la curiosité de la raison, qui désire ouvrir le voile de l'avenir ; le prophète, quant à lui, satisfait à l'aveuglement de la volonté et de la pensée, et éclaire la volonté de Dieu comme exigence et indication pour le présent. Dans ce cas, l'importance de la prédiction de l'avenir est secondaire. Ce qui est essentiel, c'est l'actualisation de l'unique révélation, qui me concerne en profondeur : la parole prophétique est un avertissement ou encore une consolation, ou même les deux à la fois. En ce sens, on peut associer le charisme de la prophétie à la catégorie des « signes des temps », qui a été remise en lumière par le Concile Vatican II : « L'aspect de la terre et du ciel, vous savez le juger ; mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le juger ? » (Lc 12, 56). Par « signes des temps » dans ces paroles de Jésus, il faut entendre son propre chemin, lui-même. Interpréter les signes des temps à la lumière de la foi signifie reconnaître la présence du Christ en tout temps. Dans les révélations privées reconnues par l'Église — donc aussi celle de Fatima — il s'agit de ceci : nous aider à comprendre les signes des temps et à trouver pour eux la juste réponse dans la foi.
La structure anthropologique des révélations privées
Après avoir cherché à déterminer le lieu théologique des révélations privées par ces réflexions et avant de nous engager dans une interprétation du message de Fatima, nous devons encore chercher brièvement à éclaircir un peu leur caractère anthropologique (psychologique). L'anthropologie théologique distingue en ce domaine trois formes de perception ou de « vision » : la vision des sens, donc la perception externe corporelle, la perception intérieure et la vision spirituelle (visio sensibilis - imaginativa - intellectualis). Il est clair que, dans les visions de Lourdes, Fatima, etc., il ne s'agit pas de la perception normale extérieure des sens : les images et les figures qui sont vues ne se trouvent pas extérieurement dans l'espace, comme s'y trouve par exemple un arbre ou une maison. Cela est absolument évident, par exemple, en ce qui concerne la vision de l'enfer (décrite dans la première partie du « secret » de Fatima) ou encore la vision décrite dans la troisième partie du « secret », mais cela peut se montrer très facilement aussi pour les autres visions, surtout parce que toutes les personnes présentes ne les voient pas, mais en réalité seulement les « voyants ». De même, il est évident qu'il ne s'agit pas d'une « vision » intellectuelle, sans images, comme on le trouve dans les hauts degrés de la mystique. Il s'agit donc de la catégorie intermédiaire, la perception intérieure, qui a certainement pour le voyant une force de présence, laquelle équivaut pour lui à la manifestation externe sensible.
Voir intérieurement ne signifie pas qu'il s'agit de fantaisies, ce qui serait seulement une expression de l'imagination subjective. Cela signifie plutôt que l'âme est effleurée par la touche de quelque chose de réel, même si c'est suprasensible, et qu'elle est rendue capable de voir le non-sensible, le non-visible par les sens - une vision avec les « sens internes ». Il s'agit de vrais « objets » qui touchent l'âme, bien qu'ils n'appartiennent pas à notre monde sensible habituel. C'est pourquoi cela exige une vigilance intérieure du cœur qui, la plupart du temps, n'existe pas en raison de la pression des fortes réalités externes, des images et des pensées qui remplissent l'âme. La personne est conduite au-delà de la pure extériorité et les dimensions les plus profondes de la réalité la touchent, se rendent visibles à elle. On comprendra peut-être ainsi pourquoi ce sont précisément les enfants qui sont les destinataires privilégiés de telles apparitions : l'âme est encore peu altérée, sa capacité intérieure de perception est encore peu détériorée. « De la bouche des enfants, des tout-petits, tu as fait monter la louange » ; c'est par une phrase de Psaume 8 (v.3) que Jésus répond à la critique des Chefs des Prêtres et des Anciens, qui trouvaient inopportun le cri « Hosanna » poussé par des enfants (cf. Mt 21, 16).
La « vision intérieure » n'est pas une fantaisie, mais une manière véritable et précise d'opérer une vérification, comme nous l'avons dit. Mais elle comporte aussi des limites. Déjà dans les visions extérieures, il existe aussi un facteur subjectif : nous ne voyons pas l'objet pur, mais celui-ci nous parvient à travers le filtre de nos sens, qui doivent accomplir un processus de traduction. Cela est encore plus évident dans la vision intérieure, surtout lorsqu'il s'agit de réalités qui outrepassent en elles-mêmes notre horizon. Le sujet, le voyant, est engagé de manière encore plus forte. Il voit avec ses possibilités concrètes, avec les modalités représentatives et cognitives qui lui sont accessibles. Dans la vision intérieure, il s'agit encore plus largement que dans la vision extérieure d'un processus de traduction, de sorte que le sujet est de manière essentielle participant de la formation, sous mode d'images, de ce qui apparaît. L'image peut advenir seulement selon ses mesures et ses possibilités. Ces visions ne sont donc jamais de simples « photographies » de l'au-delà, mais elles portent aussi en elles-mêmes les possibilités et les limites du sujet qui perçoit.
On peut le montrer à travers toutes les grandes visions des saints ; naturellement, cela vaut aussi pour les visions des enfants de Fatima. Les images qu'ils ont décrites ne sont pas en effet une simple expression de leur fantaisie, mais le fruit d'une réelle perception d'origine supérieure et intérieure, elles ne sont pas non plus à envisager comme si, pour un instant, le voile de l'au-delà avait été enlevé et que le ciel apparaissait dans ce qu'il a de purement essentiel, de la manière dont nous espérons le voir un jour dans l'union définitive avec Dieu. Les images sont plutôt, pour ainsi dire, une synthèse de l'impulsion qui provient d'En Haut et des possibilités de ce fait disponibles du sujet qui perçoit, en l'occurrence des enfants. C'est pour cela que le langage imaginatif de ces visions est un langage symbolique. Le Cardinal Sodano dit à ce sujet : les visions « ne décrivent pas de manière photographique les détails des événements à venir, mais résument et condensent sur un même arrière-plan des faits qui se répartissent dans le temps en une succession et une durée qui ne sont pas précisées ». Ce rassemblement de temps et d'espace en une image unique est typique de telles visions, qui en règle générale ne peuvent être déchiffrées qu'a posteriori. Dans ce domaine, on ne peut pas dire que chaque élément visuel doive avoir un sens historique concret. C'est la vision dans son ensemble qui compte, et c'est à partir de l'ensemble des images que les éléments particuliers doivent être compris. Quel que soit le centre d'une image, elle se révèle de manière ultime à partir de ce qui est le centre de la « prophétie » chrétienne elle-même : le centre est là où la vision devient appel et guide vers la volonté de Dieu.
Une tentative d'interprétation du « secret » de Fatima
La première et la deuxième partie du « secret » de Fatima ont déjà été discutées amplement dans la littérature qui le concerne et qu'il n'est pas utile de les illustrer ici une nouvelle fois. Je voudrais seulement attirer brièvement l'attention sur le point le plus significatif. Pendant un instant terrible, les enfants ont fait l'expérience d'une vision de l'enfer. Ils ont vu la chute des « âmes des pauvres pécheurs ». Et maintenant, il leur est dit pourquoi ils ont été exposés à cet instant : « pour les sauver [les âmes] » — pour montrer un chemin de salut. Il vient à l'esprit la phrase de la première lettre de Pierre : « ... Sûrs d'obtenir l'objet de votre foi : le salut des âmes » (1,9). Comme chemin vers ce but, est indiquée — de manière surprenante pour des personnes provenant de l'ère culturelle anglo-saxonne et allemande — la dévotion au Cœur immaculé de Marie. Pour comprendre cela, une brève indication suffira ici. « Cœur » signifie dans le langage de la Bible le centre de l'existence humaine, la jonction entre la raison, la volonté, le tempérament et la sensibilité, où la personne trouve son unité et son orientation intérieure. Le « cœur immaculé » est, selon Mt 5,8, un cœur qui, à partir de Dieu, est parvenu à une parfaite unité intérieure et donc « voit Dieu ». La « dévotion » au Cœur immaculé de Marie est donc une façon de s'approcher du comportement de ce cœur, dans lequel le fiat — que ta volonté soit faite — devient le centre qui informe toute l'existence. Si quelqu'un voulait objecter que nous ne devrions pas cependant interposer un être humain entre le Christ et nous, on devrait alors se rappeler que Paul n'a pas eu peur de dire à ses propres communautés : imitez-moi (cf. 1Co 4,16 ; Ph 3,17 ; 1Th 1,6 ; 2Th 3,7.9). Chez l'Apôtre, les communautés peuvent vérifier concrètement ce que signifie suivre le Christ. De qui pourrions-nous en tout temps apprendre d'une manière meilleure, sinon de la Mère du Seigneur ?
Ainsi, nous arrivons finalement à la troisième partie du « secret » de Fatima, publié ici pour la première fois dans son intégralité. Comme il ressort de la documentation précédente, l'interprétation que le Cardinal Sodano a donnée dans son texte du 13 mai a, dans un premier temps, été présentée personnellement à Sœur Lucie. À ce sujet, Sœur Lucie a tout d'abord observé qu'elle avait reçu la vision, mais pas son interprétation. L'interprétation, disait-elle, ne revient pas au voyant, mais à l'Église. Toutefois, après la lecture du texte, elle a dit que cette interprétation correspondait à ce dont elle avait fait l'expérience et que, pour sa part, elle reconnaissait cette interprétation comme correcte. Donc, dans ce qui suit, on pourra seulement chercher à donner de manière approfondie un fondement à cette interprétation à partir des critères développés jusqu'ici.
Comme parole-clé de la première et de la deuxième parties du « secret », nous avons découvert celle qui dit « sauver les âmes » ; de même, la parole-clé de ce « secret » est un triple cri : « Pénitence, Pénitence, Pénitence ! » Il nous revient à l'esprit le début de l'Évangile : « Pænitemini et credite evangelio » (Mc 1,15). Comprendre les signes des temps signifie comprendre l'urgence de la pénitence - de la conversion - de la foi. Telle est la réponse juste au moment historique, marqué par de graves dangers qui seront exprimés par les images ultérieures. Je me permets de rappeler ici un souvenir personnel ; dans un colloque avec moi, Sœur Lucie m'a affirmé qu'il lui apparaissait toujours plus clairement que le but de toutes les apparitions a été de faire croître toujours plus dans la foi, dans l'espérance et dans la charité - tout le reste entendait seulement porter à cela.
Examinons maintenant d'un peu plus près les différentes images. L'ange avec l'épée de feu à la gauche de la Mère de Dieu rappelle des images analogues de l'Apocalypse. Il représente la menace du jugement, qui plane sur le monde. La perspective que le monde pourrait être englouti dans une mer de flammes n'apparaît absolument plus aujourd'hui comme une pure fantaisie : l'homme lui-même a préparé l'épée de feu avec ses inventions. La vision montre ensuite la force qui s'oppose au pouvoir de destruction – la splendeur de la Mère de Dieu et, provenant d'une certaine manière de cette splendeur, l'appel à la pénitence. De cette manière est soulignée l'importance de la liberté de l'homme : l'avenir n'est absolument pas déterminé de manière immuable, et l'image que les enfants ont vue n'est nullement un film d'anticipation de l'avenir, auquel rien ne pourrait être changé. Toute cette vision se produit en réalité seulement pour faire apparaître la liberté et pour l'orienter dans une direction positive. Le sens de la vision n'est donc pas de montrer un film sur l'avenir irrémédiablement figé. Son sens est exactement opposé, à savoir mobiliser les forces pour tout changer en bien. Aussi sont-elles totalement fourvoyées les explications fatalistes du « secret » qui affirme par exemple que l'auteur de l'attentat du 13 mai 1981 aurait été, en définitive, un instrument du plan divin, guidé par la Providence, et qu'il n'aurait donc pas pu agir librement, ou encore d'autres idées semblables qui circulent. La vision parle plutôt de dangers et de la voie pour en être sauvegardé.
Les phrases qui suivent dans le texte montrent encore une fois très clairement le caractère symbolique de la vision : Dieu reste l'incommensurable et la lumière qui dépasse toute notre vision. Les personnes humaines apparaissent comme dans un miroir. Nous devons garder continuellement présente cette limitation interne de la vision, dont les limites sont ici visuellement indiquées. L'avenir se dévoile seulement « comme dans un miroir, de manière confuse » (cf 1 Co 13,12). Prenons maintenant en considération les diverses images qui suivent dans le texte du « secret ». Le lieu de l'action est décrit par trois symboles : une montagne escarpée, une grande ville à moitié en ruines et finalement une grande croix en troncs grossiers. La montagne et la ville symbolisent le lieu de l'histoire humaine : l'histoire comme une montée pénible vers les hauteurs, l'histoire comme lieu de la créativité et de la convivialité humaines, mais en même temps comme lieu de destructions, par lesquelles l'homme anéantit l'œuvre de son propre travail. La ville peut être lieu de communion et de progrès, mais aussi lieu des dangers et des menaces les plus extrêmes. Sur la montagne se trouve la croix - terme et point de référence de l'histoire. Par la croix, la destruction est transformée en salut ; elle se dresse comme signe de la misère de l'histoire et comme promesse pour elle.
Ici, apparaissent ensuite deux personnes humaines : l'évêque vêtu de blanc (« nous avons eu le pressentiment que c'était le Saint-Père »), d'autres évêques, des prêtres, des religieux et religieuses, et enfin des hommes et des femmes de toutes classes et toutes catégories sociales. Le Pape semble précéder les autres, tremblant et souffrant à cause de toutes les horreurs qui l'entourent. Non seulement les maisons de la ville sont à moitié écroulées, mais son chemin passe au milieu de cadavres des morts. La marche de l'Église est ainsi décrite comme un chemin de croix, comme un chemin dans un temps de violence, de destruction et de persécutions. On peut trouver représentée dans ces images l'histoire d'un siècle entier. De même que les lieux de la terre sont synthétiquement représentés par les deux images de la montagne et de la ville, et sont orientés vers la croix, de même aussi les temps sont présentés de manière condensée: dans la vision, nous pouvons reconnaître le siècle écoulé comme le siècle des martyrs, comme le siècle des souffrances et des persécutions de l'Église, comme le siècle des guerres mondiales et de beaucoup de guerres locales, qui en ont rempli toute la seconde moitié et qui ont fait faire l'expérience de nouvelles formes de cruauté. Dans le « miroir » de cette vision, nous voyons passer les témoins de la foi de décennies. À ce sujet, il semble opportun de mentionner une phrase de la lettre que Sœur Lucie a écrite au Saint-Père le 12 mai 1982 : « La troisième partie du “secret” se réfère aux paroles de Notre-Dame : “Sinon [la Russie] répandra ses erreurs à travers le monde, favorisant guerres et persécutions envers l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, diverses nations seront détruites” ».
Dans le chemin de croix de ce siècle, la figure du Pape a un rôle spécial. Dans sa pénible montée sur la montagne, nous pouvons sans aucun doute trouver rassemblés différents Papes qui, depuis Pie X jusqu'au Pape actuel, ont partagé les souffrances de ce siècle et se sont efforcés d'avancer au milieu d'elles sur la voie qui mène à la croix. Dans la vision, le Pape aussi est tué sur la voie des martyrs. Lorsque, après l'attentat du 13 mai 1981, le Pape se fit apporter le texte de la troisième partie du « secret », ne devait-il pas y reconnaître son propre destin ? Il a été très proche des portes de la mort et il a lui-même expliqué de la manière suivante comment il a été sauvé : « C'est une main maternelle qui guida la trajectoire de la balle et le Pape agonisant s'est arrêté au seuil de la mort » (13 mai 1994). Qu'ici une « main maternelle » ait dévié la balle mortelle montre seulement encore une fois qu'il n'existe pas de destin immuable, que la foi et la prière sont des puissances qui peuvent influer sur l'histoire et que, en définitive, la prière est plus forte que les projectiles, la foi plus puissante que les divisions.
La conclusion du « secret » rappelle des images que Sœur Lucie peut avoir vues dans des livres de piété et dont le contenu provient d'anciennes intuitions de foi. C'est une vision consolante, qui veut qu'une histoire de sang et de larmes soit perméable à la puissance de guérison de Dieu. Des Anges recueillent sous les bras de la croix le sang des martyrs et irriguent ainsi les âmes qui s'approchent de Dieu. Le sang du Christ et le sang des martyrs doivent être considérés ensemble : le sang des martyrs jaillit des bras de la croix. Leur martyre s'accomplit en solidarité avec la passion du Christ, il devient un tout avec elle. Ils complètent pour le Corps du Christ ce qui manque encore à ses souffrances (cf. Col 1,24). Leur vie est devenue elle-même eucharistie, incorporée dans le mystère du grain de blé qui meurt et qui devient fécond. Le sang des martyrs est semence de chrétiens, a dit Tertullien. De même que de la mort du Christ, de son côté ouvert, est née l'Église, de même la mort des témoins est féconde pour la vie future de l'Église. La vision de la troisième partie du « secret », tellement angoissante à ses débuts, s'achève donc sur une image d'espérance : aucune souffrance n'est vaine, et précisément une Église souffrante, une Église des martyrs, devient un signe indicateur pour l'homme à la recherche de Dieu. Dans les mains amoureuses de Dieu sont accueillies non seulement les personnes qui souffrent comme Lazare, qui a trouvé une grande consolation et qui mystérieusement représente le Christ, Lui qui a voulu devenir pour nous le pauvre Lazare ; mais il y a plus encore: des souffrances des témoins provient une force de purification et de renouveau, parce qu'elle est une actualisation de la souffrance même du Christ, et qu'elle transmet aujourd'hui son efficacité salvatrice.
Nous sommes ainsi arrivés à une ultime interrogation : que signifie dans son ensemble (dans ses trois parties) le « secret » de Fatima ? Que nous dit-il à nous ? Avant tout, nous devons affirmer avec le Cardinal Sodano : « Les situations auxquelles fait référence la troisième partie du “secret” de Fatima semblent désormais appartenir au passé ». Dans la mesure où des événements particuliers sont représentés, ils appartiennent désormais au passé. Ceux qui attendaient des révélations apocalyptiques excitantes sur la fin du monde et sur le cours futur de l'histoire seront déçus. Fatima n'offre pas de telles satisfactions à notre curiosité, comme du reste en général la foi chrétienne ne veut pas et ne peut pas être une pâture pour notre curiosité. Ce qui reste, nous l'avons vu dès le début de notre réflexion sur le texte du « secret » : l'exhortation à la prière comme chemin pour le « salut des âmes » et, dans le même sens, l'appel à la pénitence et à la conversion.
Je voudrais enfin reprendre encore une autre parole-clé du « secret » devenue célèbre à juste titre : « Mon Cœur immaculé triomphera ». Qu'est-ce que cela signifie ? Le Cœur ouvert à Dieu, purifié par la contemplation de Dieu, est plus fort que les fusils et que les armes de toute sorte. Le fiat de Marie, la parole de son cœur, a changé l'histoire du monde, parce qu'elle a introduit le Sauveur dans le monde – car, grâce à son « oui », Dieu pouvait devenir homme dans notre monde et désormais demeurer ainsi pour toujours. Le Malin a du pouvoir sur ce monde, nous le voyons et nous en faisons continuellement l'expérience ; il a du pouvoir parce que notre liberté se laisse continuellement détourner de Dieu. Mais, depuis que Dieu lui-même a un cœur d'homme et a de ce fait tourné la liberté de l'homme vers le bien, vers Dieu, la liberté pour le mal n'a plus le dernier mot. Depuis lors, s'imposent les paroles : « Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance ; moi je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33). Le message de Fatima nous invite à nous fier à cette promesse.
Joseph Card. Ratzinger
Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
© Libreria Editrice Vaticana - 2000
Commentaire des lectures du dimanche
« Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi »
Saint Jean nous propose aujourd’hui le début du discours de Jésus pendant la dernière scène. Il utilise les paroles du Seigneur lui-même pour nous donner un aperçu de sa personnalité et faire un résumé de son message.
Ayant lavé les pieds de ses disciples, annoncé la trahison de Judas et prédit le reniement de Pierre, Jésus donne ses dernières recommandations aux siens. Il évoque son départ prochain. Mais il ajoute qu’il reviendra les chercher. Ils n’ont donc pas à être bouleversés.
Lorsque saint Jean écrit son évangile, plus de 60 ans après la mort de Jésus, les chrétiens souffraient de discrimination et de persécution. Ils avaient été chassés des synagogues et avaient perdu le contact avec leurs communautés respectives. Ils étaient considérés comme des ennemis publics par les Romains et comme des hérétiques par leurs compatriotes Juifs. C’était pour eux un temps de grandes souffrances. Dans ce contexte difficile, les paroles réconfortantes de Jésus sont bienvenues : « Ne soyez pas bouleversés. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. »
Dans nos vies, nous vivons parfois des heures semblables à celles des premiers chrétiens et des peurs angoissantes s’abattent sur nous, à cause d’un avenir incertain, une fracture dans nos relations, une crise économique imprévue, un handicap débilitant, une maladie incurable, une sérieuse diminution physique qui accompagne la vieillesse, etc.
À nos drames individuels, s’ajoutent les craintes collectives : le chômage, la violence, la surpopulation, la faim dans le monde, la pollution, les conflits qui se multiplient.
Dans notre Église, la pratique religieuse diminue, les changements se multiplient, les églises se vendent, le clergé vieillissant ne répond plus aux besoins, un vent de panique gagne même les plus fidèles qui parfois ont l’impression que rien ne va plus.
À travers ces tempêtes de la vie, le Christ nous rassure et nous offre une direction et une protection : « Je suis avec vous tous les jours... Je suis le chemin, la vérité et la vie ». Alors comme Pierre, nous pouvons faire confiance et répondre au Seigneur qui nous demande si nous voulons le quitter nous aussi : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn 6, 68)
L’évangile d’aujourd’hui rappelle que nous sommes appelés non seulement à croire en Jésus mais aussi à utiliser nos talents pour faire ce qu’il a fait. « Celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que je fais » : apporter le réconfort à ceux et celles qui sont affligés, accompagner les malades, protéger les faibles et les vulnérables, manger avec les pécheurs, défendre le droit des opprimés, dénoncer l’injustice. Nous sommes les mains, les pieds et le cœur, le corps du Christ dans notre monde.
Pour Jésus, le plus important n’est pas l’activité du culte, mais la qualité de la vie : « Je suis venu pour que vous ayez la vie et l’ayez en abondance ». C’est pourquoi les temples de pierre seront toujours moins importants que les temples vivants que nous sommes. La disparition de nombreuses églises et le fait d’être une minorité ne nous empêchera pas de vivre notre christianisme et n’affectera pas la qualité de nos engagements chrétiens.
La première lecture d’aujourd’hui est révélatrice de l’importance du service pour les chrétiens. Lorsque les disciples, après la résurrection, commencèrent à comprendre le message de Jésus, ils se donnèrent des structures qui correspondent à son enseignement : ils instituèrent des diacres pour servir aux tables, prendre soin des veuves, aider les pauvres, visiter les malades. C’est là la toute première structure de l’église. C’est un symbole très significatif qui nous rappelle que la « pratique religieuse » consiste avant tout à incarner dans nos vies les exigences de l’Évangile, c’est-à-dire savoir se mettre au service des autres.
S. Jean qui était si près de Jésus a bien compris cet enseignement fondamental du Seigneur. Dans son évangile, il nous raconte « le lavement des pieds » mais ne mentionne pas « l’institution de l’eucharistie ». L’eucharistie était pourtant très importante pour lui et, lorsqu’il écrit son évangile, plusieurs dizaines d’années après la mort et la résurrection du Christ, les chrétiens se réunissaient chaque dimanche, « le premier jour de la semaine » pour « rompre le pain » (célébrer l’eucharistie). Mais Jean veut souligner que cette célébration de l’eucharistie ne prend toute sa valeur que si nous sommes au service les uns des autres, comme le Christ l’a été durant sa vie et comme il a voulu le souligner par le lavement des pieds.
Le Christ a été pour nous non seulement un « maître spirituel » mais aussi un exemple vivant de ce que nous devons faire dans notre vie de tous les jours.
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