Pko 12.02.2017
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°08/2017
Dimanche 12 février 2017 – 6ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A
Humeurs…
Le FIFO… une véritable réflexion sur l’homme…
Parmi les documentaires en compétition, plusieurs nous ont interpellés L’un d’eux nous a plus profondément marqué : « The opposition » : « À Paga Hill Community, quartier traditionnel du bord de l’eau dans l’agglomération de Port Moresby, une compagnie étrangère lance une campagne avec l’aide de la police locale et du gouvernement pour détruire les maisons. Les violences doivent faire partir la population et permettre la construction d’un grand complexe touristique. Leaders de l’opposition et décisions des tribunaux tentent de s’opposer à ce déménagement… »
À l’issue de la projection, on ressent une profonde révolte… La puissance de l’argent qui nie la dignité humaine… qui corrompt le cœur de l’homme… le mépris de la justice et des décisions de justice… la lâcheté de certains… le pot de terre contre le pot de fer…
Ensuite… vient ce moment où nous ne pouvons-nous empêcher de réfléchir aux injustices ainsi qu’aux nombreuses situations du mépris de la dignité de la personne ici dans notre Fenua… la corruption, le mépris des petits, l’exploitation des pauvres… l’intervention du Colonel Caudrelier nous rappelle que nous n’en sommes pas à l’abri ! (p.3-4)
Une société qui se construit sur le mépris de l’autre est une société auto-suicidaire… Un chrétien ne peut rester indifférent, mais… « Je cherche un Chrétien, et je ne vois que des idolâtres ! »
Qui se lèvera ?
Chronique de la roue qui tourne
L’ivraie
« Non, dit–il, de peur qu’en arrachant l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. » Évangile selon St Matthieu, 13-29.
À un moment donné, nous avons tous souhaité une vie sans malheur, sans souffrance. Nous nous sommes tous interrogés sur le pourquoi du mal. L’utopie d’une vie faite que de bonheur en a fait rêver plus d’un. Mais, que serait la vie sans ses hauts et ses bas ? Que serait le bonheur s’il était permanent ? Pourrions-nous encore le reconnaître ? Le bonheur, serait-il encore bonheur sans malheur ? Sérieusement ?
Tout comme l’ivraie, il serait compliqué d’arracher le malheur de notre vie sans égratigner nos moments de bonheur. Car, le bonheur trouve sa force dans notre espérance quand nous sommes au creux de la vague. Enlever le malheur changerait irrémédiablement l’équation. Sans malheur, le bonheur ne serait que routine, sans début, sans fin, sans intensité, sans profondeur. Le bonheur deviendrait fade. Il ne s’agit pas de faire la culture du malheur non plus. Laissons juste la vie décider de son œuvre.
Car la vie est un tressage dont nous sommes la matière première. Et comme les languettes d’un tressage, il nous faut alterner haut et bas… sans quoi, ça ne tiendrait pas… sans quoi, il n’y aurait aucun sens. Entre des mains expertes, tout est soigneusement entremêlé. Des zones sombres s’alternant avec des zones claires reflétant ainsi notre parcours. Rien n’est fait au hasard, tout est finement choisi et utilisé pour embellir une œuvre qui nous dépasse. Et, comme toute languette, nous devons être quelques fois courbés pour donner une forme à une œuvre qui nous dépasse. Les languettes peuvent sembler disparates et l’œuvre difforme pour l’instant car, il nous faut attendre la fin de l’ouvrage pour voir l’harmonie de l’ensemble.
La chaise masquée
© Nathalie SH – P.K.0 – 2017
« Eh Bien ! Moi je vous dis… »
En marge de l’actualité du mercredi 8 février 2017
Ces semaines-ci, les évangiles du dimanche reproduisent le célèbre « Sermon sur la Montagne » en saint Matthieu. Les fameuses « antithèses » de Jésus sont au cœur du texte évangélique du dimanche qui vient : « On vous a dit que… Eh bien ! moi, je vous dis… » (Mt 5, 17-37).
Dans la langue, le « on » est un pronom personnel indéfini et désigne des individus dont le nombre et le genre sont inconnus. Terrible « on » à vrai dire ! À cause de lui, combien d’histoires, de commérages, de supputations douteuses voire de calomnies se propagent. Les réseaux sociaux fourmillent de ce « on » si confortable et pratique qui fait paravent !
Un chemin de conversion consisterait sans doute dans ses prises de paroles à assumer ses propres opinions et à faire usage du « je ». Mais cela implique un vrai courage, ce qui semble bien difficile à beaucoup d’entre nous : « Eh bien ! moi, je vous dis… ».
Dans la bouche de Jésus, le « on » ne renvoie pas tant aux prescriptions de la Loi de Moïse qu’aux opinions très diverses des « maîtres » de son époque. Parmi eux, il y a les scribes et les pharisiens vis-à-vis desquels Jésus se prononce sèchement : « Si votre justice ne dépasse pas celles des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. »
Les scribes et les pharisiens avaient tendance à se cacher derrière des interprétations et des affirmations qu’ils faisaient passer pour vraies en les recouvrant d’une autorité divine. En réalité, ils liaient les gens par de pesants fardeaux. Et Jésus a fait remarquer qu’ils n’étaient pas toujours capables de porter ces fardeaux eux-mêmes.
En outre, leur manière d’envisager la relation à Dieu était proche d’une logique de rétribution, c’est-à-dire du « donnant-donnant » ou du « permis-défendu » : « si tu fais cela, alors Dieu te récompensera », et inversement ; avec des enchainements malheureux du style « si Dieu ne te donne pas cela (le bonheur, la richesse, la santé…), c’est que tu n’as pas agi comme il faudrait ».
À l’inverse, Jésus a révélé au monde un visage de Dieu bien différent : « je suis doux et humble de cœur ». Toute la puissance de ce « je » réside dans sa légitimité comme Messie et Seigneur, Fils unique du Père et donateur de l’Esprit. Et cet usage du « je » - comme s’il pouvait parler à la place de Dieu – lui sera reproché durement. À vrai dire, il en mourra. Jésus pourtant ne s’est pas caché ni derrière un texte ni derrière un savoir (ou un clavier comme cela se fait de nos jours).
+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU
© Archidiocèse de Papeete - 2017
La parole aux sans paroles – 70
Portrait d’une infirmière bénévole - Odile
« Si on a besoin de moi, je suis là. » On ne badine pas avec le service à l’autre pour Odile. Infirmière, elle suit tous les vendredis soir le Truck de la Miséricorde pour la soirée « dépistage ».
Tu es présente tous les vendredis soir lors de la soirée « dépistage » du Truck de la Miséricorde, explique-nous ta mission ?
« Ma mission, c’est d’aller à la rencontre des gens qui travaillent dans la rue, les belles de nuit comme on les appelle. Je suis infirmière de métier donc le vendredi soir je fais partie de l’équipe médicale. On fait du dépistage auprès de cette population-là. »
Et comment ces dépistages sont-ils accueillis ? Cela ne doit pas être simple de dire : « Bonsoir, je fais du dépistage » ?
« C’est très bien accueilli. Elles connaissent très bien Père Christophe. »
Ça aide beaucoup ?
« Oh oui, ça aide beaucoup ! Tout le monde connait Père Christophe. Et lui, c’est une population qu’il connait aussi et qu’il maîtrise bien. Les gens ont confiance. Et par le bouche à oreille, d’autres arrivent pour se faire dépister. Ils voient qu’il y a une bonne ambiance, ça leur donne envie de revenir. Ils sont bien accueillis, ils savent que les tests sont confidentiels et anonymes pour voir s’ils ont telle ou telle maladie. Ils passent chacun leur tour. Il y a vraiment une relation de confiance qui s’établit. C’est une population qui est très chaleureuse. »
C’est ton premier contact avec ?
« Oui, c’est mon premier contact avec ce milieu-là. Et je suis étonnée de leur facilité à être accueillants avec nous. »
Et depuis quand suis-tu le Truck de la Miséricorde ?
« Depuis début octobre. Père m’avait proposé un soir de suivre le Truck de la Miséricorde. Et puis, moi, j’ai été élevée dans le service à l’autre. Si on a besoin de moi, je suis là. Être présente, toujours prête »
Tu ne regrettes pas tes vendredis soir tranquilles ?
« Non, non, le plus dur c’est de se coucher le samedi à 2 ou 3h pour se lever 2 heures plus tard, à 5h pour aller travailler. À part ça, non, je suis contente de retrouver les autres ici. Il y a une très bonne ambiance. Et puis, ce service à l’autre me plait énormément. Ça me permet aussi de travailler avec une population que je ne connaissais pas. Je suis bien ici ! Je suis mieux ici que chez moi, entre mes quatre murs, toute seule. »
La plus belle chose qui t’est arrivée avec le Truck de la Miséricorde ?
« Je ne sais pas… (Rires) Non, c’est leur accueil. Ils nous ont accueillis avec une telle gentillesse. C’est le plus beau souvenir pour moi ! De plus les résultats de nos dépistages montrent que ce service correspond à un réel besoin de santé public. »
Le plus dur lors de vos tournées ?
« Se lever à 5h du matin quand tu t’es couchée à 2h et entendre tes patients te dire que tu arrives plus tard que d’habitude ! (Rires) »
Un dernier message ?
« Ne pas juger, accepter les autres comme ils sont ! On n’est pas là pour dire : c’est bien ou c’est mal. Cela ne nous regarde pas, c’est leur vie, c’est leur choix ! On est à leur service. »
© Nathalie SH - Accueil Te Vai-ete - 2017
Les pauvres font vivre l’espérance chrétienne
Audience générale du mercredi 8 février 2017
L’espérance chrétienne est source de réconfort mutuel et de paix. C’est sur ce thème que le Pape François a poursuivi son cycle de catéchèse lors de l’audience générale de ce mercredi 8 février. Devant un parterre de fidèles en Salle Paul VI au Vatican, le Saint-Père a souligné que ce sont les petits et les pauvres qui nous enseignent et font vivre cette espérance.
Chers frères et sœurs, bonjour !
Mercredi dernier, nous avons vu que, dans la première Lettre aux Thessaloniciens, saint Paul exhorte à demeurer enraciné dans l’espérance de la résurrection (cf. 5,4-11), avec cette belle expression : « Nous serons toujours avec le Seigneur » (4,17). Dans le même contexte, l’apôtre montre que l’espérance chrétienne n’a pas seulement une respiration personnelle, individuelle, mais communautaire, ecclésiale. Nous espérons tous ; nous avons tous de l’espérance, même communautairement.
C’est pourquoi le regard est tout de suite élargi par Paul à toutes les réalités qui composent la communauté chrétienne, leur demandant de prier les unes pour les autres et de se soutenir mutuellement. Nous aider mutuellement. Mais pas seulement nous aider dans le besoin, dans les nombreux besoins de la vie quotidienne, mais nous aider dans l’espérance, nous soutenir dans l’espérance. Et ce n’est pas par hasard qu’il commence précisément en faisant référence à ceux auxquels sont confiées la responsabilité et la direction pastorale. Ce sont les premiers à être appelés à alimenter l’espérance et ceci non pas parce qu’ils sont meilleurs que les autres, mais en vertu d’un ministère divin qui va bien au-delà de leurs forces. Pour cette raison, ils ont plus que jamais besoin du respect, de la compréhension et du soutien bénévole de tous.
L’attention est ensuite portée sur les frères qui risquent davantage de perdre l’espérance, de tomber dans le désespoir. Nous avons toujours des nouvelles de personnes qui tombent dans le désespoir et qui font des choses tristes… Le désespoir les pousse à bien des choses tristes. Il fait référence à ceux qui sont découragés, à ceux qui sont faibles, à ceux qui se sentent abattus par le poids de la vie et de leurs fautes et qui ne parviennent plus à se relever. Dans ces cas, la proximité et la chaleur de toute l’Église doivent se faire encore plus intenses et pleines d’amour, et doivent assumer la forme délicate de la compassion qui n’est pas de la commisération : la compassion consiste à endurer avec l’autre, souffrir avec l’autre, m’approcher de celui qui souffre ; un mot, une caresse, mais que cela vienne du cœur ; voilà la compassion. Pour celui qui a besoin de réconfort et de consolation. Cela est plus que jamais important : l’espérance chrétienne ne peut se passer de la charité authentique et concrète. Le même apôtre des nations, dans la Lettre aux Romains, affirme le cœur sur la main : « Nous les forts, – qui avons la foi, l’espérance ou qui n’avons pas tant de difficultés – nous devons porter la fragilité des faibles, et non pas faire ce qui nous plaît » (15,1). Porter, porter les faiblesses des autres. Ensuite ce témoignage ne reste pas enfermé dans les frontières de la communauté chrétienne : il résonne aussi de toute sa vigueur à l’extérieur, dans le contexte social et civil, comme un appel à ne pas créer des murs mais des ponts, à ne pas rendre le mal pour le mal, à vaincre le mal par le bien, l’offense par le pardon – le chrétien ne peut jamais dire : tu me le paieras ! Jamais ; ce n’est pas un geste chrétien ; l’offense est vaincue par le pardon – à vivre en paix avec tous. Voilà l’Église ! Et c’est cela qui réalise l’espérance chrétienne en assumant les traits forts et en même temps tendres de l’amour. L’amour est fort et tendre. C’est beau.
On comprend alors qu’on n’apprend pas à espérer seul. Personne n’apprend à espérer seul. Ce n’est pas possible. Pour être alimentée, l’espérance a nécessairement besoin d’un « corps » dans lequel les différents membres se soutiennent et se raniment mutuellement. Cela veut dire alors que, si nous espérons, c’est parce que beaucoup de nos frères et sœurs nous ont enseigné à espérer et ont gardé vivante notre espérance. Et parmi ceux-ci, on distingue les petits, les pauvres, les simples, les personnes marginalisées. Oui, parce que celui qui s’enferme dans son bien-être ne connaît pas l’espérance ; il n’espère que dans son bien-être et cela n’est pas de l’espérance : c’est une sécurité relative ; celui qui s’enferme dans sa satisfaction, qui se sent toujours comme il faut, ne connaît pas l’espérance… Ceux qui espèrent sont au contraire ceux qui expérimentent tous les jours l’épreuve, la précarité et leur propre limite. Ce sont ces frères qui nous donnent le plus beau témoignage, le plus fort, parce qu’ils demeurent fermes dans leur confiance dans le Seigneur, sachant qu’au-delà de la tristesse, de l’oppression et du caractère inéluctable de la mort, la dernière parole sera la sienne, et ce sera une parole de miséricorde, de vie et de paix. Celui qui espère, espère entendre un jour cette parole : « Viens, viens à moi, mon frère ; viens, viens à moi, ma sœur, pour toute l’éternité ».
Chers amis, si, comme nous l’avons dit, la demeure naturelle de l’espérance est un « corps » solidaire, dans le cas de l’espérance chrétienne ce corps est l’Église, tandis que le souffle vital, l’âme de cette espérance est le Saint-Esprit. Sans le Saint-Esprit, on ne peut avoir l’espérance. Voilà alors pourquoi l’apôtre Paul nous invite à la fin à l’invoquer continuellement. S’il n’est pas facile de croire, il l’est encore moins d’espérer. Il est plus difficile d’espérer que de croire, c’est plus difficile. Mais quand le Saint-Esprit habite en nos cœurs, c’est lui qui nous fait comprendre que nous ne devons pas craindre, que le Seigneur est proche et prend soin de nous ; et c’est lui qui modèle nos communautés, dans une Pentecôte pérenne, comme des signes vivants d’espérance pour la famille humaine. Merci.
© Libreria Editrice Vaticana - 2017
Les dangers des drogues qui menacent la Polynésie
Le commandant de la gendarmerie pour la Polynésie française a tenu à tirer quelques sonnettes d'alarme à l'occasion de la célébration annuelle de la Sainte-Geneviève, patronne des gendarmes, vendredi à la paroisse du Sacré-Cœur de Arue. Nous publions ici l’intégralité de son intervention avec son aimable autorisation.
Chers amis,
Je veux dans un premier temps remercier chacun d'entre vous, qui nous faites l'honneur de votre présence. Nous y voyons la manifestation d'une solidarité, d'un soutien et d'une reconnaissance auxquels nous sommes très sensibles.
En effet, les gendarmes demeurent en première ligne sur le front du maintien de l'ordre et de la sécurité publics et ils ont besoin de votre confiance. Ils ont besoin de se sentir soutenus par les responsables politiques, par les acteurs institutionnels et par tout le corps social. C'est fort heureusement le cas. En Polynésie, cette confiance et ce soutien me sont régulièrement manifestés, par des courriers de remerciements, mais aussi à travers les interventions officielles de nos donneurs d'ordre – Haut-Commissaire et magistrats. Les commentaires du public diffusés sur les réseaux sociaux expriment également une très franche adhésion à nos actions.
Au plan national, mais également au plan local, la sécurité est devenue un enjeu politique déterminant, particulièrement à l'approche des prochaines échéances électorales.
Or, au cours de l'année 2016, la menace des attentats terroristes est restée très présente dans l'esprit des français. Deux attentats ont marqué l'actualité, celui du mois de juin où 2 policiers des Yvelines ont été assassinés chez eux, puis l'attentat du 14 juillet à Nice qui a fait plus de 80 victimes, sans compter les très nombreux blessés.
L'état d'urgence a été prolongé et la posture de haute vigilance imposée par les évènements implique un taux d'emploi exceptionnellement élevé des forces de l'ordre. Dernièrement, la mobilisation était totale dans les grandes agglomérations de la métropole à l'occasion des fêtes de fin d'année.
Les français résistent à leur manière, en ne changeant pas leurs habitudes et en célébrant leurs fêtes traditionnelles, faisant confiance aux responsables publics pour assurer leur sécurité.
Pour autant, l'ambiance générale est lourde, l'anxiété et la lassitude de la population sont palpables, où que l'on se trouve sur le territoire français, en métropole comme outre-mer.
Dans ce contexte, la Polynésie Française ressemble à un village gaulois qui ferait de la résistance. Car jusqu'à présent elle n'a jamais été directement confrontée aux atteintes les plus graves, favorisée en cela par son isolement géographique, par la composition de sa population, par son histoire et le facteur religieux, qui n'a pas connu de dérive vers les extrémismes.
Ces caractéristiques épargnent ce territoire de certaines formes de délinquance importée ou transférée, comme l'immigration clandestine, les raids transfrontaliers conduits par les mafias de l'est, les trafics en tous genres et l'esclavagisme humain, autant de phénomènes qui affectent le territoire français actuellement et de manière constante et quasi exponentielle.
En formulant autrement les choses, nous pourrions évoquer une sorte d'exception polynésienne, qui se définirait comme un monde exempt d'attentats, d'attaques à main armée, d'homicides par arme à feu, de criminalité organisée, où prospèrerait une délinquance essentiellement domestique : les vols sont rarement perpétrés en bande organisée, ils se font généralement sans violence ; les violences aux personnes sont plutôt commises au sein des familles ou entre voisins ; le paka s'est banalisé, on le plante chez soi, on en vivote ; l'alcool se trouve partout à l'origine des violences et des accidents de la route ; c'est la fête - ici on dit la bringue. Elle se termine presque toujours mal, mais c'est la fête...
Mais le gendarme, en observateur avisé de son environnement, avec son expérience d'autres latitudes plus dures, identifie de nombreux signes avant-coureurs d'une dégradation qui pourrait rapidement devenir irréversible.
Une partie de la jeunesse est délaissée par des parents incapables de percevoir leur dangereuse dérive vers la délinquance. En effet, il est patent que les mineurs tiennent une place de plus en plus grande dans les statistiques de la délinquance, sous toutes ses formes. Cette évolution est si nette que le doute n'existe pas, quant à la réalité de cette dégradation, même si le ciblage des jeunes - objectif clair de nos actions de prévention - peut expliquer une partie de cette évolution.
Les mineurs victimes - notamment de violences sexuelles - continuent d'occuper à temps plein la brigade de prévention de la délinquance juvénile, avec environ 250 signalements annuels, sorte de record sordide dont la Polynésie ne peut s'enorgueillir de détenir.
Le pakalolo, prétendue drogue douce que certaines élites voudraient légaliser, causent des dégâts irrémédiables parmi la jeunesse, jusqu'aux plus jeunes enfants. Les effets de ce produit sur une personnalité en construction sont désastreux, ils favorisent l'échec scolaire et la marginalisation. Pire, considéré comme un produit de subsistance, le pakalolo est en réalité un produit d'appel qui génère des fonds souvent réinvestis dans une drogue bien plus dangereuse, l'ice importé des USA.
Or le trafic d'ice devient une véritable menace pour la santé publique en Polynésie, tant ses effets sont destructeurs et tant l'addiction qu'il provoque conduit les consommateurs à une déchéance et à une désocialisation totale. Les quantités importées peuvent être évaluées à plusieurs kilos, voire plusieurs dizaines de kilos par an, quantité considérable à l'échelle d'une population de seulement 260 000 habitants. Ce trafic génère des dividendes considérables à la revente, eux-mêmes réinvestis dans l'économie locale. Le danger d'une déstabilisation de toute la société existe véritablement et ne doit pas être négligé.
Pourtant, sa diffusion n'est pas confidentielle en Polynésie, elle est un secret de polichinelle dans ce village, où tout le monde sait tout sur tout le monde. L'argent que produit le trafic d'ice irrigue le marché de l'automobile, il se blanchit dans les banques locales, il se réinvestit dans l'immobilier et les activités commerciales. Mais il pervertit aussi ceux qui, par appât du gain, par solidarité familiale, parfois par indifférence, tournent la tête, là où il faudrait refuser une complicité passive ou active.
Non, la Polynésie n'est pas un havre de paix. Non, la typologie de la délinquance ne se limite pas à des faits bénins, qui justifieraient une certaine tolérance des autorités ou une indifférence de la population.
Bien au contraire, ce qui couve ici, c'est l'échec de la jeune génération, celle qui fera l'avenir de la Polynésie. C'est la perversion de l'argent facile et la corruption rampante d'une minorité qui enfle. Il s'agit d'un enjeu de société dont peu de monde a conscience ici. Ce n'est pas du catastrophisme que de pronostiquer une dégradation sensible et déjà perceptible à travers ces quelques symptômes bien marqués.
Le procureur général, lors de la dernière audience solennelle, évoquait le danger de la corruption des élus. Pour ma part, j'estime qu'elle affecte déjà des acteurs socio-économiques très divers, qui contribuent souvent passivement, parfois activement à la captation puis à la dissolution de l'argent sale dans l'économie locale.
Cette vision des choses est celle d'un observateur de premier ordre des turpitudes polynésiennes. Celle d'un praticien du droit qui, se fixant des objectifs en matière de lutte contre la délinquance, discerne de mieux en mieux le visage véritable de ce cancer qui ronge la Polynésie. Celle d'un chef de service qui se donne les moyens d'être toujours plus performant dans la lutte contre le crime et qui, grâce à l'investissement total de ses gendarmes, obtient des résultats tangibles, comme en attestent les belles affaires judiciaires de ces derniers jours.
Elle n'est pas partagée par tout le monde, par ignorance et aussi parce que cela dérange de regarder les choses en face. Il faudrait pourtant qu'une véritable prise de conscience collective se produise et que les forces vives de cette Polynésie endormie sur ses certitudes réagisse. Qu'un processus d'auto-défense se mette en place au profit des enfants du fenua, contre les dangers des drogues, de l'alcool et de la violence. Sans un tel sursaut, la Polynésie ne sera pas en mesure de relever les défis de l'avenir.
Car aujourd'hui, l'action de la gendarmerie atteint ses limites, comme en attestent certains indicateurs de l'année 2016 :
L'accidentologie s'est aggravée cette année avec pour cause principale l'alcool et le paka. Avec 27 tués, ce sont dix vies perdues de plus qu'en 2015. Bilan négatif, alors qu'à force de travail, nous avons réussi à gommer les points noirs sur le réseau de la grande île. Alors que le niveau de répression de l'alcool au volant est resté à un niveau très élevé (1 309 alcoolémies positives et 102 dépistages positifs aux stups).
Le nombre de vols se situe toujours à un niveau supérieur à celui des autres outre mers, malgré des taux de résolution également très supérieurs à ceux de la métropole. En somme, les gendarmes identifient les voleurs et les livrent à la justice, mais leurs efforts ne parviennent pas à endiguer ce phénomène. Le commerce de la drogue nourrit ces activités délictuelles et la consommation très étendue du pakalolo, totalement banalisée, favorise une certaine tolérance au sein de la population.
Les quantités d'ice saisies par la gendarmerie sont de plus en plus importantes mais rien ne laisse penser que nous serions capables d'enrayer cette évolution sans une aide de la population locale, tant dans le domaine de la prévention que dans celui de la répression. Les gains générés sont tels que nous ne pouvons qu'imaginer une aggravation de la situation, quelle que soit l'efficience de nos enquêteurs et quels que soient les efforts de prévention.
Malgré ce constat relativement pessimiste, nous restons mobilisés. Toutefois, la question des moyens reste centrale. La gendarmerie en Polynésie compte 430 personnels civils et militaires permanents. Elle est renforcée par un seul escadron de gendarmerie mobile depuis novembre 2016, alors qu'elle l'était de deux escadron une année plus tôt. La perte sèche correspond à 79 postes, pour une charge de travail qui ne se réduit pas, bien au contraire.
C'est pourquoi j'ai demandé à la DGGN de revenir rapidement au format antérieur à deux escadrons, ma demande ayant été appuyée par le Haut-commissaire que je remercie de son soutien.
C'est pourquoi j'ai fait le choix d'investir cette année dans la qualité, donc dans la formation des personnels. Il s'agit à la fois de renforcer la qualification technique des gendarmes et de recruter des réservistes.
Nous avons formé en 2016, 11 officiers de police judiciaire ; une équipe cynophile spécialisée dans la recherche des stupéfiants ; un technicien d'investigation criminelle ; 70 réservistes ont été recrutés puis formés dans notre centre de formation à Faa’a. Enfin un effort conséquent a été réalisé pour la formation des techniciens d'investigation criminelle de proximité, pour améliorer l'efficience des unités en matière de relevés de traces.
Ce sont autant de moyens supplémentaires qui sont mis au service de la sécurité des polynésiens. Mais cela reste peu de choses au regard de la tâche à accomplir.
Alors, il reste à espérer qu'en 2017...
- nous verrons un EGM ou une partie d'EGM venir nous renforcer rapidement ;
- la Polynésie Française soit reconnue comme pôle d'intérêt dans le domaine des stupéfiants, en raison des belles prises réalisées en mer et à terre et que des moyens lui soient attribués pour mieux lutter contre les trafics ;
- les promesses faites dans le cadre du plan de sécurité outre-mer, soient tenues, avec des effectifs et du budget ;
- mais surtout, que se maintiendra la fluidité des relations avec nos partenaires, le Haut-commissaire, la justice, les armées, la Police Nationale, les services des douanes et les services du Territoire ... car nous avons encore des victoires à remporter collectivement.
Pour terminer, je tiens à exprimer ici la satisfaction qui est la mienne de conduire le destin du plus beau commandement de la gendarmerie, de commander avec chaque jour une fierté décuplée des femmes et des hommes aussi investis et aussi désintéressés dans l'exercice de leur métier.
Je leur voue une totale reconnaissance d'entretenir ma motivation, mon étonnement et le plaisir que me procure ma fonction.
Je vous remercie de votre attention et je vous invite maintenant à prendre ensemble le verre de l'amitié.
Arue, le vendredi 27 janvier 2017
Colonnel CAUDRELIER
© Colonel Caudrelier - 2017
Comment Dieu traite les pauvres dans la Bible (3)
Pour le pape François « Vivre la charité, c’est porter les fardeaux des plus faibles et des plus pauvres. » Son insistance à évoquer ce thème nous invite nous-mêmes à renouveler notre regard sur les pauvres. Il faudra à l’Académie faire l’effort de ne pas s’enfermer dans un discours théorique sur la pauvreté, mais bien envisager de regarder les pauvres, de les écouter, de les comprendre, de les aider ou de les secourir. Voici la Conférence de Mgr Emmanuel Laffont, évêque de Cayenne à l’Académie d’Éducation et d’Études Sociales.
Le pape souligne que les deux signes de la venue du Royaume sont la guérison et le pardon. Quand le royaume est-il là ? Lorsque Jésus guérit et lorsque Jésus pardonne, lorsqu’Il expulse des démons lorsqu’Il restaure l’intégrité corporelle et l’intégrité spirituelle.
Et saint Jean-Paul II explique bien comment, « Pour être sûr d’être le plus proche de tous, Jésus s’est fait le plus proche des plus loin » c’est-à-dire des plus pauvres, des plus exploités, des plus méprisés et des plus rejetés.
La proximité de Jésus avec les pauvres colore d’une façon tout à fait particulière l’Évangile selon saint Luc qui est une bonne nouvelle. Et je vais reprendre la manière dont Jésus ouvre son enseignement dans l’Évangile selon saint Luc. Cela se trouve au chapitre 4. « Lorsqu’après avoir été baptisé par le Baptiste et avoir pris le temps dans le désert d’une communion plus intense avec son Père pour bien comprendre le sens de sa mission, il revient chez lui à Nazara où il avait été élevé.
Et le sabbat, comme il en avait l’habitude, il entre dans la synagogue. Et là on lui présente le Livre de l’Écriture et il trouve le passage du prophète Isaïe et Il lit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi. Oui, il m’a choisi pour apporter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé pour annoncer aux prisonniers “vous êtes libres” et aux aveugles “vous verrez clair de nouveau”. Il m’a envoyé pour libérer ceux qui ne peuvent pas se défendre, pour annoncer : c’est l’année de la bonté du Seigneur ».
Jean-Paul II le rappelle : le Christ s’est fait proche de tous en se faisant proche des plus pauvres. La Bonne Nouvelle de Jésus, consiste à donner une nouvelle chance à tous ceux qui n’en ont plus. Les pauvres, les prisonniers, les femmes, les enfants et les pécheurs.
Jésus l’exprime d’une façon très forte dans les Béatitudes telles que les rapporte Luc au chapitre 6 de son Évangile, à partir du verset 20 où, à sa manière, il considère que que tant que le monde est divisé entre ceux qui ont trop et ceux qui n’ont rien, Dieu prend le parti de ceux qui n’ont rien.
Alors Jésus regarde ses disciples et Il dit : « Vous êtes heureux, vous les pauvres, parce que le Royaume de Dieu est à vous. Vous êtes heureux, vous qui avez faim, parce que vous serez nourris d’une manière abondante. Vous êtes heureux, vous qui pleurez maintenant parce que vous rirez. Vous êtes heureux quand les gens vous détestent, quand ils vous rejettent, quand ils vous insultent, quand ils disent du mal de vous à cause du Fils de l’homme. À ce moment-là, réjouissez-vous dans cette voie, Dieu vous prépare une grande récompense.
Mais quel malheur pour vous, les riches parce que vous avez votre bonheur. Quel malheur pour vous qui avez maintenant tout ce qu’il vous faut parce que vous aurez faim. Quel malheur pour vous qui riez maintenant parce que vous serez dans le deuil et vous pleurerez. Quel malheur pour vous quand les gens disent du bien de vous, en effet leurs ancêtres ont agi de cette façon avec les faux prophètes. » (Luc 6,20-28
Il n’y a pas de doute que, d’une manière assez provocante, Jésus prend le parti des pauvres, tant que ce monde reste divisé en deux. La provocation continue dans la fameuse parabole du riche dont on ne connaît pas le nom et du pauvre Lazare : dans le Royaume tout sera renversé : Lazare sera recueilli dans le sein d’Abraham et le riche languira dans la géhenne.
Avec Jésus, les situations sont complètement inversées. Celui qui avait n’aura plus et celui qui ne voyait pas voit. Et tout est comme cela. Le plus petit sera le plus grand, le dernier sera le premier. D’une certaine manière, la venue du Royaume remet les choses à l’endroit en renversant tout.
D’ailleurs – cela ne vous étonnera pas – l’Évangile de Luc s’ouvre avec le prière de Marie, le Magnificat, qui déjà annonce tout cela. « Il renverse les Puissants de leur trône, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, il renvoie les riches les mains vides. »
C’est étonnant ! C’est un peu provoquant.
Je pense que Les Béatitudes de saint Matthieu qui sont très différentes nous donnent une porte pour mieux comprendre à la fois le paradoxe et le chemin qui s’ouvre à tous parce que le salut est pour tous. Il n’est pas seulement pour la moitié de l’humanité ou même la majorité si on considère que c’est la majorité qui n’a pas grand chose. Le Salut est pour tous. Pour les uns il est une bonne nouvelle parce qu’enfin quelqu’un les regarde, enfin quelqu’un les trouve dignes. Pour les autres il est une exigence : vous pouvez entrer dans ce mouvement du Royaume en faisant comme Jésus, c’est-à-dire en devenant solidaire de ces misérables et en agissant avec ce que vous avez pour les soulager.
Et là vous retrouvez d’une certaine manière le portrait du disciple tel qu’il est donné dans les Béatitudes selon saint Matthieu, au chapitre 5. En Matthieu, il ne s’agit pas de réalité économique et sociale. Parce que vous avez bien senti que les Béatitudes selon saint Luc ont un caractère complètement social : les pauvres, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim.
Chez saint Matthieu, c’est différent. Les bénéficiaires du Royame sont les pauvres en esprit c’est-à-dire les humbles, ceux qui ont faim et soif de justice, ceux qui sont artisans de paix, ceux qui ont le cœur pur, ceux qui font miséricorde et enfin ceux qui sont persécutés pour la justice.
Quelquefois, vous pouvez être persécutés à cause de vos erreurs et vous ne vous en prenez qu’à vous-même. Cela peut arriver aussi à des gens d’Église. Ce n’est pas forcément parce qu’on a fait le bien qu’on peut être persécuté. On peut parfois avoir commis de graves injustices.
[à suivre]
© A.E.S. -2015
Commentaire des lectures du dimanche
Jadis, les disciples de Jésus mangeaient du blé, parce qu’ils avaient faim ; mais c’était samedi, et le samedi on ne pouvait pas manger de blé. Et ils le prenaient, ils faisaient comme cela [en se frottant les mains] et ils mangeaient le blé. Et ils [les pharisiens] ont dit : « Mais regarde ce qu’ils font ! Qui fait cela va contre la loi et souille son âme, parce qu’il n’accomplit pas la loi ! ». Et Jésus répondit : « Ce qui souille l’âme ce n’est pas ce que nous prenons de l’extérieur. Ce qui souille l’âme, c’est ce qui vient de l’intérieur, de ton cœur ». Et je crois que cela nous fera du bien, aujourd’hui, non pas de penser si mon âme est propre ou souillée, mais de penser à ce qu’il y a dans mon cœur, ce que j’ai à l’intérieur, et que je sais avoir et que personne ne sait. Se dire la vérité à soi-même : et cela n’est pas facile ! Parce que nous essayons toujours de nous justifier quand nous voyons quelque chose qui ne va pas bien à l’intérieur de nous, non ? Pour que cela ne sorte pas, non ? Qu’y a-t-il dans notre cœur : y a-t-il de l’amour ? Réfléchissons : est-ce que j’aime mes parents, mes enfants, ma femme, mon mari, les gens de mon quartier, les malades ? … J’aime ? Y a-t-il de la haine ? Est-ce que je hais quelqu’un ? Parce que très souvent nous trouvons qu’il y a de la haine, non ? « Moi j’aime tout le monde, à part lui, lui et elle ! ». Cela c’est de la haine, non ? Qu’y a-t-il dans mon cœur, le pardon ? Y a-t-il une attitude de pardon pour ceux qui m’ont offensé, ou y a-t-il une attitude de vengeance — « tu me le paieras ! » ? Nous devons nous demander ce qu’il y a à l’intérieur, parce que ce qu’il y a à l’intérieur finit par sortir et fait le mal, si c’est le mal ; si c’est le bien, il sort et il fait le bien. Et cela est si beau de se dire la vérité à soi-même, et d’avoir honte quand nous nous trouvons dans une situation qui n’est pas comme Dieu la veut, qui n’est pas bonne ; quand mon cœur est dans une situation de haine, de vengeance, tant de situations de péché. Comment est mon cœur ?...
Jésus disait aujourd’hui, par exemple — je donnerai seulement un exemple : « Vous avez entendu qu’il a été dit aux ancêtres : “Tu ne tueras point”. Eh bien ! moi je vous dis : Quiconque se fâche contre son frère, l’a tué dans son cœur ». Et quiconque insulte son frère, le tue dans son cœur, quiconque hait son frère, tue son frère dans son cœur ; quiconque médit contre son frère, le tue dans son cœur. Nous peut-être ne nous rendons-nous pas compte de cela, et puis nous parlons, nous médisons contre l’un ou contre l’autre, nous parlons mal d’un tel ou d’un autre... Et cela c’est tuer son frère. C’est pourquoi il est important de connaître ce qu’il y a en moi, ce qu’il se passe dans mon cœur. Si quelqu’un comprend son frère, les personnes, il aime, parce qu’il pardonne : il comprend, il pardonne, il est patient... Est-ce de l’amour ou de la haine ? Il faut bien connaître cela. Et demander au Seigneur deux grâces. La première : connaître ce qu’il y a dans mon cœur, pour ne pas nous tromper nous-mêmes, pour ne pas vivre dans la tromperie. La deuxième grâce : faire le bien qui est dans notre cœur, et ne pas faire le mal qui est dans notre cœur. Et sur ce risque de « tuer », se rappeler que les paroles tuent. Même les mauvais désirs contre l’autre tuent. Si souvent, quand nous entendons parler les personnes, mal parler des autres, il semble que le péché de calomnie, le péché de diffamation aient été ôtés du décalogue, et mal parler d’une personne est un péché. Et pourquoi est-ce que je parle mal d’une personne ? Parce que j’ai dans mon cœur de la haine, de l’antipathie, pas de l’amour. Toujours demander cette grâce : connaître ce qu’il se passe dans mon cœur, pour faire toujours le juste choix, le choix du bien. Et que le Seigneur nous aide à nous aimer les uns les autres. Et si je n’arrive pas à avoir de bons sentiments à l’égard d’une personne, pourquoi en est-il ainsi ? Prier pour cette personne, pour que le Seigneur me fasse avoir de bons sentiments à son égard. Et ainsi aller de l’avant, en se souvenant que ce qui souille notre vie, c’est ce qui sort de mauvais de notre cœur. Et que le Seigneur nous aide.
© Libreria Editrice Vaticana - 2014