Pko 26.06.2016
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°35/2016
Dimanche 26 juin 2016 – Solennité de Saint Pierre et Saint Paul, Apôtres – Année C
Humeurs…
« J’ai vu la misère de mon peuple »
« Le Seigneur dit : “J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances.” » (Exode 3,7)
En Église, nous continuons notre chemin de l’Année de la Miséricorde. Quelques mois après le début des tournées nocturnes auprès de nos frères et sœurs « péripatéticiens », en cette fin de semaine nous avons vécu notre première « maraude » auprès nos frères et sœurs qui dorment dans nos rues et qui ne viennent pas nécessairement dans nos accueils. Une œuvre de Miséricorde qui murit depuis quelques temps déjà dans la tête de quelques fidèles, et qu’ils comptent bien pérenniser, dès le début du mois d’août.
Sollicité par une personne désirant célébrer son anniversaire avec les plus démunis et quelques amis, nous avons préparé cette soirée de maraude par quelques « repérages » in situ.
Le soir convenu nous sommes partis pour une maraude de plus de trois heures dans toute la ville de Tipaerui au pont de la Fautaua. Cela fait de nombreuses années, qu’en Église, nous arpentons les rues de la ville et que nous côtoyons nos frères et sœurs de la rue, mais cette soirée fut marquée de profondes émotions.
Avec le temps, notre regard et notre cœur finissent malgré tout par « s’habituer » à cette misère. Mais ce soir-là, c’est un peu comme si l’on redécouvrait pour la première fois la réalité de nos rues. Nous découvrions la situation à travers le regard de ceux qui nous accompagnaient et nous avaient sollicité pour organiser cette maraude. L’émotion, emprunte à la fois de pitié et d’indignation qu’on lisait dans leurs regards et qui s’entendait dans leur voix nous bousculait. Ce qui pour nous était presque devenu « normal » retrouvait pour nous aussi son caractère « d’inacceptable et de révoltant ».
Il est terrible de constater, pour soi-même, qu’à côtoyer la misère au quotidien, on finit par s’y habituer ou presque ; on finit par la voir comme une évidence naturelle ; on finit par perdre sa capacité de révolte et d’indignation. Heureuse maraude qui nous valut de renaître à l’« indignation » de ce qui est inacceptable, intolérable et indigne de notre Fenua.
Finissant notre « tournée » à la Cathédrale, chacun est rentré chez lui, les « habitués » que nous sommes, comme les « découvrants » que nous venions d’accompagner, fatigués, tristes et heureux à la fois, mais certainement différents d’avant la maraude, plein de ces images de la nuit : des personnes fouillant nos poubelles, de celles dormant sous un pont, de ces sourires si beaux… de cette misère si visible que notre cœur ne voit plus.
Oh, comme nous aimerions pouvoir vous emmener tous dans ces futures soirées, partager avec vous ces moments de « Miséricorde » que le Seigneur et nos frères de la rue nous ont donnés.
Ne nous habituons jamais à la misère de nos frères et sœurs !
« Le monde est malheureusement marqué par des divisions et des conflits, comme aussi par de graves formes de pauvreté matérielle et spirituelle, y compris l’exploitation des personnes, même d’enfants et de personnes âgées ; et il attend des chrétiens un témoignage d’estime réciproque et de collaboration fraternelle, qui fasse resplendir devant toute conscience la puissance et la vérité de la résurrection du Christ. » (Discours du Pape François – Arménie - 24 juin 2016
Chronique de la roue qui tourne
La Prêtrise
« La prêtrise, c’est ce qu’il y a de plus beau et de plus noble au monde, car c’est le métier de l’amour et de l’humilité. » Roger Lemelin
Devenir prêtre, ce n’est pas vraiment le genre de carrière que l’on souhaite à son fils. Une vie de sacrifices. Une vie qui rentre en conflit avec la « norme ». Une vie de pauvreté dans une société de consommation où tu n’es personne si tu n’as pas d’argent. Une vie de sobriété dans une société où l’alcool est plus que banalisé. Une vie de chasteté dans une société qui considère la sexualité comme un besoin à assouvir. Une vie solitaire dans une société qui cherche à gommer toute solitude. Une vie de don de soi dans une société qui prône l’individualisme. Une vie de partage dans une société où tout service implique une rémunération.
La prêtrise impose un style de vie qui va constamment à contre-courant, certes. Mais, le bonheur est bien plus universel que notre vision formatée et étriquée. Sommes-nous conscients de pleurer la femme qu’il n’aura jamais, sans voir le nombre de femmes qu’il aidera et consolera ? Sommes-nous conscients de pleurer des enfants qu’il n’aura jamais, sans voir le nombre d’enfants qu’il baptisera, qu’il accompagnera tout au long de leur vie et dont il sera un référent ? Sommes-nous conscients de pleurer en le sachant seul, sans savoir qu’il est un des privilégiés à être continuellement accompagné ? Sommes-nous conscients de pleurer des biens matériels, sans comprendre qu’il a choisi l’essentiel d’une vie ? Sommes-nous conscients de pleurer en le voyant quitter sa famille, sans penser à la joie de voir un fils, un frère devenir Père pour d’autres ? Sommes-nous conscients de pleurer sur une abnégation visant quelque chose de grand et fort qu’elle échappe à notre raisonnement très terre à terre ?
Soyons fiers de nos jeunes qui s’engagent ! Soyons une aide et un refuge sur leur parcours jonché d’obstacles et de tentations ! Soyons des encouragements dans l’épreuve et des applaudissement dans la réussite.
Soyons reconnaissants du Prêtre qui a laissé sa famille pour nous. Soyons redevables au Prêtre qui a refusé une vie « traditionnelle » pour aller à contre-courant pour nous. Soyons garants de leur sacerdoce. Soyons admiratifs devant ce Prêtre qui fait de l’extraordinaire avec sa petite humanité.
La chaise masquée
© Nathalie SH – P.K.0 – 2016
L’Archidiocèse de Papeete fête ses 50 ans
En marge de l’actualité du mercredi 22 juin 2016
Notre Archidiocèse fête ce week-end ses 50 ans d’existence. Il est bon de rappeler quelques éléments permettant de saisir plus précisément ce que recouvre cette réalité d’« archidiocèse » au niveau pastoral.
Ce sont d’abord des paroisses regroupant les fidèles d’un territoire donné. Notre archidiocèse compte sur l’île de Tahiti 23 paroisses plus la paroisse de Moorea. Les Tuamotu regroupent 27 paroisses. Les Iles sous le Vent, 3 paroisses. Les Australes, 2 paroisses et les Gambier 1 paroisse. Pour servir ces paroisses, notre archidiocèse compte 21 prêtres diocésains plus 7 prêtres appartenant à des Congrégations religieuses. Il compte également 44 diacres actifs plus 3 diacres émérites.
En plus des paroisses et du personnel travaillant à l’évêché participent à la pastorale et à la vie du diocèse :
- Des services : - Le service des communications sociales (Semeur, Ve’a, Radio MNTH, émission télévisée « Jour du Seigneur » – Pureora) – Le service diocésain de la catéchèse – Le service diocésain des vocations – Les aumôneries : Hopital, Nuutania – La commission « Justice et Paix » ;
- Des maisons de formation vocationnelle : – Le Grand Séminaire – Le petit séminaire Ste Thérèse de Taravao – Le foyer séminaire St Jean XXIII – Le foyer vocationnel ND de l’Alliance ;
- Au service des jeunes : – Le centre diocésain de la pastorale des jeunes (CDPJ) – Le mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ) – Les Scouts et Guides – La FSCF (Fédération sportive et culturelle de France) ;
- Les écoles de formation : – L’école des diacres – Les écoles de Juillet (Anetiohia, Katekita, Emmaüs, école de la foi, haapiiraa nota, sychar) ;
- Des mouvements et associations laïcs d’entr’aide : – Emauta (centres d’accueil du Bon Samaritain, te Arata, la Samaritaine, Maniniura) – Secours Catholique/Caritas – Ordre de Malte – Fraternité Chrétienne des Handicapés – Centre familial « Pou Utuafare » ;
- Des mouvements de réflexion et d’apostolat – L’Association Familiale Catholique (AFC) – L’Union des Femmes Catholiques (UFC) – Les équipes Notre Dame ;
- Des mouvements, associations et communautés de fidèles : – Centre de retraite de Tibériades - Fraternité séculière de St François – Renouveau charismatique - Le Rosaire Vivant – Te Nuu a Maria – Te Vai Ora – ND des Apôtres – Te Pane Ora ;
- L’Enseignement catholique : – Les établissements scolaires (maternelles, primaire et secondaire) – L’enseignement supérieur – La formation initiale et continue des enseignants ;
- Les internats et foyers (Foyer des îles, Maria no te Tiaturi), plus les foyers Bon Pasteur, Te Aratia qui ne relèvent pas directement de l’enseignement Catholique ;
- Les Congrégations religieuses masculines et féminines : – Les Religieux des Sacrés Cœurs – Les frères de l’Instruction Chrétienne (La Mennais) – Les Sœurs de St Joseph de Cluny – Les Filles de Jésus Sauveur – Les Sœurs Clarisses – La famille « Marie Jeunesse ».
À tous, je souhaite que cette célébration nous rapproche du Christ, tête de l’Église, nous rapproche les uns des autres, redynamise notre foi, raffermisse notre espérance et nous ouvre davantage aux attentes et aux besoins des hommes et des femmes de ce temps. Que notre Église soit davantage fidèle à la mission reçue du Christ, être ses témoins, être signe de son amour et de sa compassion pour tous.
+ R.P. Jean Pierre COTTANCEAU
© Archidiocèse de Papeete – 2016
La parole aux sans paroles – 40
Portrait d’un bénévole – Taote Raynal
« Je veux soigner les gens, quels qu’ils soient, riches ou pauvres, dans la rue ou chez eux. » Taote Raynal a fait de son métier de médecin une véritable vocation du service aux plus démunis. Un grand cœur en blouse blanche… une humilité derrière un titre… de grandes valeurs dans le professionnel.
Comment votre action après des SDF a commencé ?
« Ah, c’est une longue histoire ! (Rires) En 1987, je suis nommé médecin du dispensaire de Mahina. J’habite à Punaauia. Donc je traverse la ville tous les matins. Et tous les matins, je vois des gens qui sont couchés ici et là, il y avait encore des bancs en bord de mer. En 1990, je suis nommé au dispensaire de Vaininiore, à côté les pompiers de Papeete. Et là, je trouve un grand dispensaire avec des salles inoccupées. Il y avait une salle de douche, il y avait des débarras. Et il y avait 2 infirmiers et 2 secrétaires. Au début, je n’étais pas très occupé, je n’avais pas beaucoup de consultation. Donc je me suis dit qu’il fallait les occuper un peu. Et on avait une voiture au dispensaire, c’était à la mairie de Papeete. On est allé faire le tour de la ville. Ceux qu’on pouvait ramasser, on les a ramassés, pour les laver, pour les changer, pour ceci et pour cela. Je me suis dit que ça allait les attirer pour qu’ils se soignent. Voilà comment ça a commencé en fait. »
Racontez-nous comment l’accueil Te Vaiete est devenu une réalité ?
« Comme j’étais toujours au dispensaire de Vaininiore et que je connaissais bien Manu Gay, qui était je crois président du Secours Catholique, ou un des responsables du Secours Catholique, je lui en ai parlé à l’occasion d’une rencontre familiale. Je lui avais demandé s’il pouvait faire quelque chose. Et, en fait, Père Christophe était intéressé aussi et c’était Madame Carlson qui était Maire de Papeete. Avec Manu, on est allé rencontrer Madame Carlson. Et elle nous a dit : "Banco, je vous laisse cette salle-là, qui est actuellement inoccupée. C’était un débarras, il y avait plein d’affaire dedans. Vous le débarrassez et puis vous en aurez l’usage." Et c’était juste à côté du dispensaire de Vaininiore. C’est pour cette raison qu’on a pris cette salle-là. »
Là, vous avez le local mais pour faire tourner Te Vaiete il fallait des moyens ? Quels étaient-ils ?
« Ah, ça, c’était l’affaire de Manu et de Père Christophe. Au niveau du personnel, il y avait des bénévoles qui venaient de façon tout à fait régulière. Ils préparaient le ma’a et servaient à table. C’était extraordinaire de les voir travailler ainsi. Il y avait papa Tihoni, qui est décédé maintenant. Il faisait sa tâche sans rien dire à personne. Il faisait son boulot. »
Comment ça a été accueilli par l’opinion publique ?
« L’opinion publique, je ne sais pas mais la mairie, je sais. (Rires) Ça a été mal accueilli. Dans le quartier, il n’y a pas eu de problème particulier, personne n’est venu me voir pour demander ce qu’on faisait là. Par contre, à la mairie de Papeete, après Madame Carlson, ça a été un peu plus difficile. Disons que le traitement de cette question-là n’allait pas dans le même sens que le nôtre. »
Il y avait combien de SDF alors ?
« On avait fait un décompte en ville, aux alentours d’une centaine. 100, 120, quelque chose comme ça. Mais c’était un petit peu différent de maintenant, sur le plan social, c’était vraiment des SDF. C’est-à-dire que c’était des gens qui ne cherchaient pas à aller ailleurs que dans la rue. Pour leur monde, c’était la rue. Bon, il y avait quelques familles quand même qui étaient socialement défavorisées et qui avaient été expulsées ou autre. Il y avait quelques familles mais beaucoup moins que maintenant. Et surtout, c’était de vrais clochards, comme on les appelait à l’époque. »
Aujourd’hui, on peut dire que vous êtes le « médecin référent » des SDF…
« (Rires) Oui, je suis arrivé à la clinique en 1997, on avait à peu près 5 ans d’usage de Te Vaiete. Donc certains, que je suivais au dispensaire de Vaininiore, ont souhaité venir me voir ici. Et j’ai tout à fait accepté. Bon, il a fallu que je convainque un peu mon entourage. »
Justement, ça a été facile ?
« Ça n’a pas été difficile mais je ne dirais pas que ça a été facile. Il suffisait d’expliquer ! Aujourd’hui, ça va, on n’a pas trop de soucis. Avec Père Christophe, on a institué un modèle de contrôle entre guillemets. C’est-à-dire que l’on fonctionne avec des tickets. Il faut qu’ils passent tout d’abord au presbytère avant de venir. Il y en a certains qui arrivent directement et que je vois. Mais, disons qu’il y a un petit filtre. »
En général, de quoi souffre-t-on lorsqu’on vit dans la rue ?
« C’est des infections cutanées le plus fréquent, c’est-à-dire des problèmes de peau qui sont dû au manque d’hygiène et aux infections. Et puis, des infections broncho-pulmonaires, des choses comme ça. Mais il arrive qu’on découvre des maladies. Il y en a un, par exemple, à qui on a découvert une maladie cardiaque. Donc maintenant on le suit. Il y a des gens avec des maladies psychiatriques mais qu’on arrive à canaliser. »
Mais peut-on vraiment se soigner dans la rue ?
« Non, pas vraiment ! Pour diverses raisons. Tout d’abord, parce qu’ils sont ici, ils sont là-bas, ils bougent beaucoup. Ils n’ont pas la notion du temps, c’est-à-dire qu’on ne peut pas fonctionner sur des rendez-vous. Ils perdent les médicaments ou se les font voler. Donc les traitements continus sont très difficiles. Par contre, les traitements au coup par coup, ça marche bien ! »
Pourquoi une telle implication de votre part ?
« Je ne sais pas ! J’ai toujours considéré que c’était mon métier ! Je veux soigner les gens, quels qu’ils soient. Riches ou pauvres, dans la rue ou chez eux, pour moi ça ne change rien. Ce sont des personnes malades qui nécessitent des soins, cela me suffit ! Je n’ai pas besoin de plus. »
Un beau souvenir avec des SDF ?
« C’est peut-être une famille qui était sous une tente, à côté de la piscine ou du village des artisans à l’époque. Ils ont vécu longtemps là-bas et sa femme avait le RAA, une maladie cardiaque. Ils avaient des petits enfants. Je l’ai soignée longtemps cette dame-là. Malheureusement, elle est morte quand les enfants étaient encore relativement en bas âge. Je revois de temps en temps le mari, donc le papa. Et il s’en est bien sorti, il a réussi à reconstruire sa vie, avec ses enfants. Il a vraiment aidé ses enfants à aller plus loin. Il n’y en a pas beaucoup qui arrivent à s’en sortir mais il y en a quelques-uns. C’est-à-dire qu’il y a toujours de l’espoir ! Pour moi, c’est comme une récompense. Quand je le vois, ça me fait toujours plaisir ! »
Le plus dur ?
« Je ne sais pas parce que je suis assez dur. Je suis capable d’absorber beaucoup. Oh… je dirais la violence qui monte. Parce que, en fait, c’est en eux, ce désir d’avoir et de ne pas avoir. C’est-à-dire qu’ils sont très frustrés. On ne peut pas dire qu’ils soient heureux de vivre dans la rue. Ils ne sont pas heureux, ce n’est pas possible. Et c’est cette frustration qui fait qu’il y a de plus en plus de violences, et puis il y a de plus en plus de personnes qui vivent dans la rue. »
Quelle explication donnez-vous à cette recrudescence ?
« Il y en a plusieurs, il n’y en a pas qu’une : Il y a celle qui est probablement initiale, c’est-à-dire le rejet de la famille. Soit on rejette personnellement sa famille, soit c’est la famille qui vous rejette parce que vous êtes différents ; Il y a la perte du travail. Donc la nécessité de se loger devient difficile parce qu’on n’a plus d’argent. On se retrouve dans la rue en espérant que cela ne dure pas longtemps. Et finalement, ça dure plus longtemps qu’on ne croit ; Il y a la délinquance elle-même. C’est-à-dire le fait de se cacher des autorités. Quand on est délinquant, on va dans la rue pour essayer de se cacher ; Il y a aussi le facteur social qui est un manque de prise de conscience de la société en général. Pour beaucoup de monde, les gens qui sont de la rue sont des fainéants. Ce qui n’est pas forcément le cas ! Pour beaucoup de monde, s’ils sont dans la rue, c’est qu’ils l’ont voulu et qu’ils sont contents d’y être. Ce qui n’est pas forcément le cas ! Et puis la société qui ne veut pas voir cette partie sombre de son aspect. On ne veut pas admettre qu’il y a un phénomène de société qui rend pauvres certaines personnes et qui les rejette. Ça existe. Après, trouver des solutions à tout cela n’est pas si simple. Mais on ne sent pas la prise de conscience du problème, qui s’accentue actuellement. »
Comment justement accélérer et provoquer cette prise de conscience ?
« Il faut en parler en permanence. Il faut faire admettre que ces gens-là sont des gens comme les autres, qu’ils peuvent venir à la clinique se soigner. Ce n’est pas si simple ! Ils sont toujours regardés avec un air particulier. Au dispensaire de Vaininiore, j’ai eu de la chance d’avoir des personnes qui ont vite compris que c’était des patients comme tout le monde. Ils ne sont pas différents, ils ont une tête, deux bras et deux jambes. (Rires) »
Un dernier message ?
« Je n’ai pas trop de messages à faire passer. Que ceux qui veulent suivre mon exemple le fassent ! (Rires) Je ne sais pas s’il y a beaucoup de médecins qui font comme moi mais il y en a quand même. Il y a des chirurgiens-dentistes, il y a quelques médecins qui s’investissent. Je pense qu’on ne doit pas oublier la mission que l’on a, celle de soigner les gens, quel que soit leur état, quelle que soit leur condition sociale. »
© Nathalie SH - Accueil Te Vai-ete - 2016
Un geste qui guérit de l’hypocrisie
Audience générale du mercredi 22 juin 2016 - pape François
Le Pape François est revenu lors de l'audience générale sur l'épisode relaté par Saint Luc où Jésus rencontre un lépreux. Celui-ci tombe face contre terre et demande à être purifié. Il ne faut pas avoir peur de nous agenouiller devant le Seigneur et de demander sa grâce a expliqué le Souverain Pontife. En rencontrant Jésus, le lépreux ne demande pas seulement à être guéri, mais souhaite bien cette purification du cœur. À l'époque du Christ, la lèpre était considérée comme une sorte de malédiction divine a précisé le Pape.
Chers frères et sœurs, bonjour !
« Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier » (Lc 5,12) : c’est la réponse que nous venons d’entendre du lépreux à Jésus. Cet homme ne demande pas seulement à être guéri, mais à être « purifié », c’est-à-dire guéri dans son intégralité, dans son corps et dans son cœur. En effet, la lèpre était considérée comme une malédiction de Dieu, une profonde impureté. Le lépreux devait rester à l’écart des autres ; il ne pouvait accéder au temple ni à aucun service divin. Loin de Dieu et loin des hommes. Quelle triste vie que la sienne !
Malgré cela, ce lépreux ne se résigne pas à sa maladie ni à ces pratiques qui font de lui un exclu. Pour se rapprocher de Jésus, il ne craint pas d’enfreindre la loi en entrant dans la ville - ce qu’il n’avait pas le droit de faire, cela lui était interdit -. Et, quand il le trouve, « il tomba face contre terre et le supplia : Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier » (v 12). Tout ce que cet homme, considéré comme impur, fait et dit est l’expression de sa foi ! Il reconnaît la puissance de Jésus ; il est sûr qu’il pourra le guérir et que tout dépend de sa volonté. Cette foi lui a donné la force de s’affranchir des conventions et de chercher à rencontrer Jésus. Se mettant à genoux devant lui, il l’appelle « Seigneur ». La supplication du lépreux montre que, lorsque nous nous présentons devant Jésus, il n’est pas nécessaire de faire de longs discours. Peu de paroles suffisent, pourvu qu’elles soient accompagnées d’une totale confiance en sa toute puissance et en sa bonté. S’en remettre à la volonté de Dieu signifie en effet s’en remettre à son infinie miséricorde. Je vais vous faire une confidence personnelle. Le soir, avant de me coucher, je dis cette courte prière : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier ! » Et je récite cinq Notre Père, un pour chacune des plaies de Jésus, car Jésus nous a purifiés par ses plaies. Et si moi je le fais, vous pouvez le faire vous aussi, chez vous, en disant « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier ! », en pensant aux plaies de Jésus et en disant un Notre Père pour chacune d’entre elles. Jésus nous écoute toujours.
Jésus est profondément touché par cet homme. L’Évangile de Marc souligne que « saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : “Je le veux, sois purifié !” » (1,41). Le geste de Jésus accompagne ses paroles et aide à comprendre son enseignement. À l’encontre de ce que prévoyait la loi de Moïse, qui interdisait de s’approcher d’un lépreux (cf. Lv 13,45-46), Jésus étend la main et va même jusqu’à le toucher. Combien de fois croisons-nous des pauvres qui s’approchent de nous ! Nous pouvons nous aussi nous montrer généreux, avoir de la compassion, mais pourtant le plus souvent nous ne les touchons pas. Nous leur jetons quelques pièces, mais nous évitons de leur toucher la main. Nous oublions qu’il s’agit du corps du Christ ! Jésus nous apprend à ne pas avoir peur de toucher le pauvre et l’exclu, car il est en eux. Toucher les plus pauvres peut nous purifier de l’hypocrisie et nous sensibiliser à leur condition. Toucher les exclus. Aujourd’hui, il y a ces jeunes qui m’accompagnent. Beaucoup pensent qu’il serait préférable qu’ils soient restés dans leur pays, alors qu’ils y étaient sujets à tant de souffrances. Ce sont nos réfugiés, mais pour beaucoup ils sont des exclus. Je vous en prie, ce sont nos frères. Le chrétien n’exclut personne, il donne une place à chacun, il laisse tout le monde venir.
Après avoir guéri le lépreux, Jésus lui demande de n’en parler à personne, mais il lui dit : « Va plutôt te montrer au prêtre et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit ; ce sera pour tous un témoignage. » (v.14) Cette attitude de Jésus nous apprend au moins trois choses. La première, c’est que la grâce qui agit en nous ne recherche pas le sensationnel. En général elle agit avec discrétion et sans bruit. Pour guérir nos blessures et nous guider sur le chemin de la sainteté, elle agit en modelant patiemment notre cœur sur celui de Jésus, afin d’en adopter toujours davantage les pensées et les sentiments. Deuxième chose : en faisant reconnaître officiellement sa guérison par les prêtres et en procédant à un sacrifice expiatoire, le lépreux est à nouveau admis dans la communauté des croyants et dans la société. Sa réintégration vient compléter sa guérison. Comme il l’avait lui-même supplié, il est désormais complètement purifié ! Enfin, en se présentant aux prêtres, le lépreux leur rend témoignage au sujet de Jésus et de son autorité messianique. La force de la compassion avec laquelle Jésus a guéri le lépreux a conduit la foi de cet homme à s’ouvrir à la mission. Il était un exclu, désormais il est un des leurs.
Pensons à nous, à nos faiblesses… Chacun a les siennes. Pensons-y avec sincérité. Combien de fois les masquons-nous par l’hypocrisie des « bonnes manières ». Il faut alors s’isoler, se mettre à genoux devant Dieu et prier : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier ! ». Faites-le, faites-le avant d’aller vous coucher, tous les soirs. Et maintenant disons ensemble cette belle prière : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier ! ».
© Libreria Editrice Vaticana - 2016
Quelques milliers de sans-abri attendu à Rome en novembre
Entretien avec François Le Forestier
Le pélerinage « Fratello 2016 » rassemblera quelques milliers de personnes de la rue venues de toute l'Europe, à Rome, du 11 au 13 novembre 2016, à quelques jours de la clôture officielle du Jubilé de la miséricorde. Le pape François doit leur délivrer une catéchèse et célébrer une messe avec eux. Décryptage avec François Le Forestier, responsable du pôle précarité-exclusion au sein de l'association Aux captifs la libération, et porte-parole de Fratello 2016.
La Vie : Plusieurs milliers de personnes en situation précaire sont attendues à Rome par le pape François en novembre prochain. Pouvez-vous revenir sur la genèse du projet ?
Cette idée vient d'une première expérience faite à l'automne 2014. Quand, avec plusieurs membres de différentes colocations solidaires en France, gérées par des organisations catholiques associées aux diocèses locaux – Association pour l'amitié, association Lazare, Aux Captifs la libération, etc. –, nous sommes partis en pélerinage à Rome. Ces colocations regroupent des jeunes professionnels et/ou des familles, avec des « anciens » de la rue, ou personnes fragiles en réinsertion sociale, au sein d'appartements partagés.
À Rome, nous étions 150, dont deux-tiers de personnes de la rue, venus d'un peu partout en France (Bretagne, région lyonnaise, région parisienne, Marseille…). Un des moteurs de départ avait été, à ce moment-là, la personnalité du pape François. Pour les personnes de la rue que nous côtoyons, même s'ils ne sont pas forcément intégrés à une communauté chrétienne, c'est une figure très marquante. Ils sont très interpellés par le soin que met le pape à dire que eux, les pauvres, ont une place particulière au cœur de l’Église.
J'ai moi-même été frappé, en préparant le pèlerinage Fratello, et donc en discutant avec les personnes de la rue qui vivent en colocation, à quel point ils avaient cette aspiration à rencontrer François. Pas seulement pour voir quelqu'un de populaire, mais parce que son message les inclut : eux aussi sont appelés à la sainteté et à vivre de l'amour de Dieu. Cela peut sembler un peu simpliste à dire, mais pour une personne qui a vécu une vie de ruptures et d'exclusions, cela prend un sens charnel, surtout dans le cadre du Jubilé de la miséricorde. Ces personnes ont souvent un désir profond de suivre le Christ et de vivre des sacrements de l’Église. La plupart d'entre elles ont une vie spirituelle riche qui ne demande qu'à se développer. Quand le pape appelle les chrétiens à rejoindre les « périphéries existentielles », il parle aussi de cela : rejoindre la quête existentielle de tout être humain confronté à la question du mal et du sens de sa vie, en particulier au cœur de grandes souffrances.
La Vie : Pourquoi étendre cette initiative au niveau européen ? Concrètement, comment cela s'organise ?
Nous avons souhaité partager beaucoup plus largement ce que nous avons vécu en 2014 et ce qui se vit en France en ce moment dans nos colocations et au sein des communautés paroissiales. Car depuis Diaconia 2013 [démarche proposée par les évêques de France qui invitait les catholiques à réfléchir à la dimension du service et à la réciprocité des relations nouées avec les personnes « fragiles », Ndlr] – un nouvel élan s'est créé dans notre vie et notre relation avec les plus pauvres. Actuellement, une vingtaine de pays européens s'associe au pèlerinage via les communautés ecclésiales locales. Nous avons deux salariés et une multitude de bénévoles qui coordonnent le projet. Certains sillonnent actuellement l'Europe pour en parler et proposer la mise en place de « fraternités » – équipes d'une dizaine de personnes mêlant accompagnants et personnes de la rue. Des groupes se montent notamment en Allemagne, en Pologne, en Italie, en Slovaquie, en Belgique, en Hollande ou encore en Suisse.
Sentiment lié à la crise de sens qui traverse actuellement l'Europe, beaucoup de concitoyens européens se sentent concernés et « coupables » des situations d'exclusion rencontrées tous les jours dans la rue. Ce pèlerinage est une réponse à cela ainsi qu'un appel à une prise de conscience : la personne fragile est-elle réellement au centre du projet européen actuel ? Le fait que ce Jubilé de la miséricorde puisse être vécu à Rome par des « exclus » venus de différents pays est une vraie espérance pour le monde. Cela rejoint aussi le message très actuel du pape – qui a récemment reçu le prix européen Charlemagne –, à Lampedusa et plus récemment à Lesbos, sur la vocation de l'Europe à accueillir la fragilité.
La Vie : Vous vous fixez l'objectif de 4 000 personnes de la rue et 2000 accompagnants. Il y a un côté « extraordinaire » à ce projet qui demande une logistique financière et matérielle importante. N'est-ce pas trop ambitieux ?
À ce jour, nous avons 2 000 inscrits. Il faut rappeler que nos groupes sont appelés à préparer ce pèlerinage. Ce qui permet aux personnes de la rue et aux accompagnants d'entrer dans une démarche de foi qui ne concerne pas seulement le jour J de la rencontre avec le pape mais l'avant et bien sûr l'après. L'« extraordinaire » de la démarche est donc aussi vécu dans « l'ordinaire » du quotidien. D'autre part, il faut préciser que beaucoup de personnes de la rue sont dans une situation de « survie » et non pas de « vie » : ils n'ont pas toujours l'énergie intérieure pour continuer à vivre et se battre pour retrouver une place dans la société. Le pèlerinage peut leur permettre de retrouver cette force intérieure qui leur manque pour avancer et débloquer des démarches d'aide sociale et sanitaire en rentrant.
La Vie : Que peuvent faire les personnes qui souhaitent participer ou s'associer au projet ?
Ceux qui le souhaitent peuvent monter une fraternité avec des personnes de la rue qu'ils côtoient et s'intégrer au pèlerinage. Etant donné qu'il s'agit d'un projet ecclésial, ils sont invités à prendre contact avec la paroisse de leur quartier pour parler du projet et monter une équipe. Il faut aussi savoir appréhender une difficulté d'ordre logistique : les personnes de la rue, bien souvent, n'ont pas la capacité d'anticiper un voyage comme celui-ci. Elles n'ont pas non plus la capacité de le financer. Il faut compter 500 euros en moyenne par personne pour le séjour. Nous faisons donc un appel à dons (possibilité de faire un don en ligne sur notre site internet fratello2016.org). Cela peut être une autre manière, pour les donateurs, d'entrer dans une démarche jubilaire, par l'intermédiaire d'une personne de la rue. Nous souhaiterions in fine, grâce à ces dons, permettre à un maximum de personnes en situation d'exclusion qui le souhaitent de renforcer leur vie spirituelle et d'intégrer pleinement l’Église.
© La Vie - 2016
Commentaire des lectures du dimanche
Nous célébrons la solennité des saints Apôtres Pierre et Paul, patrons principaux de l’Église de Rome : une fête rendue plus joyeuse encore par la présence des évêques du monde entier. Une grande richesse qui nous fait revivre, en un certain sens, l’évènement de la Pentecôte : aujourd’hui, comme alors, la foi de l’Église s’exprime dans toutes les langues et veut unir les peuples en une seule famille.
Trois pensées sur le ministère pétrinien, à partir du verbe « confirmer ». En quoi l’Évêque de Rome est-il appelé à confirmer ?
1. Avant tout, confirmer dans la foi. L’Évangile parle de la confession de Pierre. « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16), une confession qui ne vient pas de lui, mais du Père céleste. Et c’est en raison de cette confession que Jésus dit : « Tu es Pierre et sur cette Pierre je bâtirai mon Église » (v. 18). Le rôle, le service ecclésial de Pierre a son fondement dans la confession de foi en Jésus, le Fils du Dieu vivant, rendue possible par une grâce donnée d’en haut. Dans la seconde partie de l’Évangile d’aujourd’hui nous voyons le danger de penser à la manière du monde. Quand Jésus parle de sa mort et de sa résurrection, de la route de Dieu qui ne correspond pas à la route humaine du pouvoir, la chair et le sang reprennent le dessus chez Pierre : « il se mit à lui faire de vifs reproches : cela ne t’arrivera pas » (16,22). Et Jésus a une parole dure : « Passe derrière moi Satan ! tu es un obstacle sur ma route » (v. 23). Quand nous laissons prévaloir nos pensées, nos sentiments, la logique du pouvoir humain, et que nous ne nous laissons pas instruire et guider par la foi, par Dieu, nous devenons pierre d’achoppement. La foi dans le Christ est la lumière de notre vie de chrétiens et de ministres de l’Église !
2. Confirmer dans l’amour. Dans la seconde lecture nous avons écouté les émouvantes paroles de saint Paul : « J’ai combattu le bon combat, j’ai terminé la course, j’ai conservé la foi » (2Tm 4,7). De quel combat s’agit-il ? Non celui des armes humaines, qui malheureusement ensanglantent encore le monde ; mais il s’agit du combat du martyre. Saint Paul a une seule arme : le message du Christ, et le don de toute sa vie pour le Christ et pour les autres. Et c’est vraiment le fait de s’exposer en première ligne, de se laisser consumer par l’Évangile, de se faire tout à tous sans se ménager qui l’a rendu crédible et qui a édifié l’Église. L’Évêque de Rome est appelé à vivre et à confirmer dans cet amour pour le Christ et pour tous, sans distinctions, limites ni barrières. Et pas seulement l’évêque de Rome : vous tous, nouveaux archevêques et évêques, vous avez le même devoir : vous laisser consumer par l’Évangile, vous faire tout à tous. Le devoir de ne pas vous ménager, de sortir de vous-même au service du saint Peuple fidèle de Dieu.
3. Confirmer dans l’unité. Ici je m’arrête sur le geste que nous avons accompli. Le Pallium est symbole de communion avec le successeur de Pierre, « principe et fondement perpétuels et visibles d’unité de foi et de communion » (Conc. Œcum. Vat. II, Lumen gentium, 18). Et votre présence aujourd’hui, chères confrères, est le signe que la communion dans l’Église ne signifie pas uniformité. Vatican II, se référant à la structure hiérarchique de l’Église, affirme que le Seigneur « en fit ses Apôtres, leur donnant forme d’un collège, c'est-à-dire d’un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux » (Ibid., 19). Confirmer dans l’unité : le Synode des évêques, en harmonie avec la primauté. Nous devons avancer sur cette voie de la synodalité, grandir en harmonie avec le service de la primauté. Et le Concile continue : « par sa composition multiple, ce collège exprime la variété et l’universalité du Peuple de Dieu » (Ibid., 22). Dans l’Église la variété, qui est une grande richesse, se fonde toujours sur l’harmonie de l’unité, comme une grande mosaïque dans laquelle les tesselles s’assemblent pour former l’unique grand dess(e)in de Dieu. Et cela doit nous pousser à dépasser toujours les conflits qui blessent le corps de l’Église. Unis dans la différence : il n’y a pas d’autre manière catholique de s’unir. C’est cela l’esprit catholique, l’esprit chrétien : s’unir dans la différence. Voilà la route de Jésus ! Le Pallium, s’il est le signe de la communion avec l’Évêque de Rome, avec l’Église universelle, avec le Synode des évêques, est aussi un engagement pour chacun de vous à être instrument de communion.
Confesser le Seigneur en se laissant instruire par Dieu ; se laisser consumer par amour du Christ et de son Évangile, être serviteur de l’unité. Ce sont là, chers confrères dans l’épiscopat, les consignes que les saint Apôtres Pierre et Paul confient à chacun de nous, pour qu’elles soient vécues par tout chrétien. Que nous guide et nous accompagne toujours de son intercession la sainte Mère de Dieu : Reine des Apôtres, priez pour nous ! Amen.
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