Pko 25.12.2016
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°69/2016
Dimanche 25 décembre 2016 – La Nativité du Seigneur – Année A
Humeurs…
Noël… la fête des petits, des humbles, des exclus !
« Ce ne sont pas les rides de notre Église que nous devons craindre, mais les taches » (Pape François – 2016)
Ces jours-ci, les cadeaux, la préparation du repas de Noël occupent nos journées, nos pensées au point de parfois en oublier la raison d’être de cette fête : le cadeau de Notre Père… Jésus !
Beaucoup déplorent les tentatives des politiques de déchristianiser notre société en refusant les crèches dans les lieux publics, toutes les références chrétiennes jusque dans la présentation du nom des saints lors des calendriers télévisés… mais ne sommes-nous pas les premiers responsables de cette déchristianisation ?
Il y a quelques années, notre société polynésienne avait affirmé ce qui aurait dû être une évidence : « Remettons l’enfant au cœur de l’éducation ». Les chrétiens ne devraient-ils pas, eux aussi, redécouvrir cette évidence : « Jésus est le cœur de Noël » ?
Et ce Jésus, ce n’est pas autour d’une table bien garnie, couvert de jouets et cadeaux dernier cri qu’il est entré dans le monde… mais bien dans une mangeoire, exclus du monde des gens bien… réchauffé par un âne et un bœuf…
Que ce Noël 2016 soit pour chacun d’entre nous, pour notre Église de Polynésie, un Noël plein de sobriété, de justice, de miséricorde et de piété… Qu’il soit une Bonne Nouvelle pour la multitude des exclus de notre société : les sans travail, sans-logis, sans dignité, tous fruits de nos égoïsmes !
Soyons cadeaux pour les autres !
Soyons Noël pour nos frères et sœurs exclus !
NOËL
Le ciel est noir, la terre est blanche ;
- Cloches, carillonnez gaîment ! -
Jésus est né ; - la Vierge penche
Sur lui son visage charmant.
Pas de courtines festonnées
Pour préserver l'enfant du froid ;
Rien que les toiles d'araignées
Qui pendent des poutres du toit.
Il tremble sur la paille fraîche,
Ce cher petit enfant Jésus,
Et pour l'échauffer dans sa crèche
L'âne et le bœuf soufflent dessus.
La neige au chaume coud ses franges,
Mais sur le toit s'ouvre le ciel
Et, tout en blanc, le chœur des anges
Chante aux bergers : « Noël ! Noël ! »
Théophile GAUTIER (1811-1872)
Chronique de la roue qui tourne
Tu es un cadeau !
« Ce que tu es est un cadeau de Dieu. Ce que tu deviens est ton cadeau à Dieu. » Robert H. Schuller
Si notre entrée en scène ne dépend pas de nous, nul n’a demandé à exister, il est beau de voir combien nous sommes libres de choisir notre voie. Il est beau de voir que, de notre histoire, rien ne sera écrit sans notre consentement. Il est beau de voir combien nos possibilités sont infinies. Il est beau de voir combien la vie, ce cadeau si précieux, nous est offert gratuitement, sans attente, sans condition, sans restriction. Il est beau de voir combien la vie, ce cadeau même pas mérité, nous appartient, nous en sommes maitre… parfois à notre plus grand malheur.
Certes, si la Déclaration des Droits de l’homme affirme que nous naissons libres et égaux en dignité et en droit, force est de constater que la vie n’est jamais juste, à la base. Certains auront la faculté de planer lorsque d’autres auront un boulet à trainer pour avancer. Quelle injustice ! Cependant, passer toute notre vie à crier au scandale, avouez qu’il y a mieux comme programme ! Il nous faut donc avancer coûte que coûte… et découvrir que la « réussite » ne dépend pas de ce que nous avons reçu ou pas à la naissance mais de la détermination de chacun de nos pas. Il y a tant à apprendre. Il y a tant à expérimenter. Il y a tant à voir. Il y a tant à partager. Il y a tant à aimer.
Au début, tout cela nous paraît secondaire, dérisoire. Le divertissement futile est trop tentant. Mais chaque année qui défile saura nous montrer l’essentiel. Chaque année saura nous faire comprendre que s’accomplir ne se conjugue qu’au pluriel. Chaque année saura nous faire comprendre que l’égocentrisme agit comme un poison atrophiant lentement notre existence. Cette prise de conscience faite, le temps se mettra à galoper, chaque moment redoublera d’intensité, la vie ne gardera que le meilleur de chaque échange. Nous comprendrons qu’il suffit d’être là, avec et pour les autres, pour trouver le bonheur. Inutile de prévoir une multitude d’artifices. Vécue intensément, notre présence est assez riche pour suffire au moment. Alors, ce n’est qu’à partir de là que nous vivons, que nous cessons de vivoter.
Mais encore faut-il arriver à cette prise de conscience. Selon Arthur Schopenhauer, toute vérité franchit trois étapes : D’abord elle est ridiculisée. Ensuite elle subit une forte opposition. Puis elle est considérée comme ayant toujours été une évidence. Il est beau de voir comme cette citation sied parfaitement à la vie. Alors, qu’espérer d’autre que d’arriver à l’ultime étape le plus rapidement possible pour profiter et vivre pleinement notre cadeau et, ainsi, devenir cadeau à notre tour… avant qu’il ne soit trop tard !
La chaise masquée
© Nathalie SH – P.K.0 – 2016
C’est Noël !
En marge de l’actualité du jeudi 22 décembre 2016
Il y a près de 2000 ans naissait à l’humanité le Sauveur du genre humain, le Christ Seigneur. Célébrant son avènement, les anges chantèrent aux bergers : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes, qu’il aime ! » Le Gloria, que l’Église a tu pendant tout l’Avent afin de creuser le désir d’accueillir le Seigneur, va retentir à nouveau dans toutes les églises.
Chaque année, c’est un moment de communion extraordinaire entre toutes les communautés chrétiennes du monde entier : une belle nuit, une douce nuit, vécue à la lumière des cierges, traversée par tant de chaleur humaine, la fête des enfants, la fête de toute la famille.
Noël est dès lors un beau cadeau que le Ciel nous fait pour raviver la solidarité, la fraternité, le désir de l’entraide, la capacité de s’émouvoir… L’Incarnation du Verbe invite en effet à ne pas nous détourner de la réalité. Aux bergers, les anges annoncent que le signe donné est « un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ».
La tristesse, l’angoisse du lendemain, la misère, la famine, la guerre… frappent tant de familles à travers le monde. Dans certaines régions du Proche-Orient, les chrétiens célèbrent la messe de Noël sous la menace de représailles. Plus près de nous, le décès de Raimanutea, 13 ans, sous les coups semble-t-il d’un garçon du même âge plonge deux familles dans le deuil et le désarroi.
Le monde dans lequel l’enfant Jésus est né n’était pas non plus un monde en paix. Depuis, du chemin a été fait, mais il reste tellement à faire pour construire un monde solidaire. Les chrétiens sont particulièrement concernés par ce défi, avec des communautés plus accueillantes et plus sensibles aux souffrances.
Les anges nous l’ont annoncé déjà : la gloire de Dieu, c’est la paix entre les hommes. Le pape François vient de nous offrir une belle phrase avec laquelle nous pouvons passer Noël : « L’unique sécurité qui nous sauve est celle de l’espérance en Dieu ».
À tous, Joyeux Noël et bonnes fêtes de fin d’année !
+ R.P. Jean Pierre COTTANCEAU
© Archidiocèse de Papeete - 2016
La parole aux sans paroles – 63
Portrait d’un bénévole - Vincent
Il est commun d’entendre dire que le plus beau cadeau à donner à quelqu'un est son temps, son attention et son amour. C’est une philosophie de vie pour Vincent qui carbure à 200 à l’heure entre sa famille, sa profession (dans l’automobile) et ce besoin vital d’aider les autres.
Pourquoi es-tu devenu bénévole à Te Vaiete ?
« Par envie d’essayer d’aider les autres, déjà. Je pense vraiment qu’une fois une certaine réalisation personnelle atteinte, dans sa vie, dans sa famille, dans sa profession, que notre coupe de bonheur est bien remplie, on a envie d’en donner un peu aux autres. Je pense qu’on vit dans un monde où la solidarité et la fraternité se font rares. Il m’est arrivé de croiser des gens qui venaient à Te Vaiete en tant que bénévoles. J’ai trouvé là une voie pour moi de donner de mon temps. Et ça fait 3 ans maintenant ! »
Comment ça s’est fait ?
« En fait, Père Christophe m’a marié en 2010. Et, une fois, en sortant de la messe, je lui ai dit que j’avais un peu de mon temps à donner, qu’il pouvait disposer de mon temps justement et il m’a proposé de venir ici le jeudi. Donc ça fait 3 ans que, le jeudi, je suis là ! »
Qu’est-ce que ça t’apporte ?
« En donnant de son temps comme ça, on a l’impression de donner mais, en fait, ce sont les personnes à qui on donne qui apportent. Être bienfaisant, être bienveillant, donner de son temps sans rien attendre en retour, c’est ça qui est gratifiant ! On est dans une société individualiste où chacun ne pense qu’à soi et, un peu de fraternité dans ce monde, ça ne fait pas de mal, ça fait du bien ! »
Le plus dur à Te Vaiete ?
« Se lever le matin, c’est ça le plus dur ! (Rires) Non, plus sérieusement, je dirais, c’est arriver à concilier ma vie personnelle, ma vie professionnelle et ma vie associative. J’ai une situation professionnelle très exigeante, avec des amplitudes horaires très denses. Je commence très tôt, je termine très tard. C’est difficile à gérer aussi peu de temps libre ! Des fois, c’est un petit peu dur d’être présent le jeudi. Mais c’est se lever tôt surtout ! (Rires) »
La plus belle chose qui t’est arrivée à Te Vaiete ?
« J’en ai plusieurs en fait ! Déjà, chaque jeudi est un bon souvenir parce que c’est un peu plus de bonheur dans le cœur. Tu as l’impression de t’être rendu utile et d’avoir fait quelque chose de bien. Ensuite, j’avais bien aimé l’anniversaire de Père Christophe qu’on avait fêté ici tous ensemble. Et, j’ai un autre souvenir qui m’a particulièrement marqué, c’est les 50 ans de Pascal qui, pour l’occasion, avait invité tous les SDF de Te Vaiete au restaurant. J’ai trouvé ça formidable car c’est celui qui fêtait son anniversaire qui invitait tout le monde. Et, il a dit une chose, qui est exactement en cohésion avec ce que je te disais avant : "Vous avez l’impression que c’est moi qui vous donne. Mais, en fait, c’est vous, et vous m’apportez tellement !" Je trouve que c’était une belle façon de passer des paroles aux actes, de vraiment être bienfaisant et pas seulement dans les discours, de vraiment transformer cela en actes ! Ici, il y a pas mal de personnes qui se mobilisent, qui se lèvent et qui se bougent… en silence ! »
Ton premier jour à Te Vaiete ?
« Je ne savais pas trop quoi faire mais on se fait vite prendre en main par le général Père Christophe. Et ça se passe très bien, il nous dit quoi faire, le temps qu’on prenne nos marques. Voilà, il nous met à un poste et nous laisse travailler. On se sent tout de suite à l’aise et tous les pensionnaires sont attachants. Là, on se rend compte que ce sont des gens adorables ! Sans l’expérience Te Vaiete, si on les croise dans la rue, on aurait tendance à s’en méfier, alors qu’ils sont adorables ! »
Tu n’avais pas d’appréhensions ?
« Non, non, aucune appréhension… à part celle de me lever tôt, très tôt ! (Rires) »
Un dernier message ?
« J’ai envie de dire à ceux qui ont du temps à donner, ils sont les bienvenus. Et qu’ils auront un général qui s’appelle Père Christophe qui sera parfaitement les recevoir et les orienter ! (Rires) »
© Nathalie SH - Accueil Te Vai-ete - 2016
L’espérance entre dans le monde par l’incarnation du Fils de Dieu
Audience générale du mercredi 21 décembre 2016
« Nos sécurités ne nous sauveront pas, seule l’Espérance en Dieu le peut » : c’est ce qu’a affirmé avec force le Pape François, lors de l’audience générale, ce mercredi matin, 21 décembre 2016, en salle Paul VI. Le Souverain Pontife a poursuivi son cycle de catéchèse sur l’espérance chrétienne. Cette espérance qui entre dans le monde à Noël, avec l’incarnation du Fils de Dieu.
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous avons depuis peu commencé un parcours de catéchèse sur le thème de l’espérance, d’autant plus adapté au temps de l’Avent. C’est le prophète Isaïe qui nous a guidés jusqu’à maintenant. Aujourd’hui, à quelques jours de Noël, je voudrais réfléchir plus spécifiquement sur le moment où, pour ainsi dire, l’espérance est entrée dans le monde, avec l’incarnation du Fils de Dieu. C’est ce même Isaïe qui avait annoncé à l’avance la naissance du Messie dans certains passages : « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel » (7,14) ; et aussi « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines » (11,1). Dans ces passages, transparaît le sens de Noël : Dieu réalise sa promesse en se faisant homme ; il n’abandonne pas son peuple, il s’approche au point de se dépouiller de sa divinité. Ainsi, Dieu montre sa fidélité et inaugure un Royaume nouveau, qui donne une nouvelle espérance à l’humanité. Et quelle est cette espérance ? La vie éternelle.
Quand on parle d’espérance, on se réfère souvent à ce qui n’est pas dans le pouvoir de l’homme et qui n’est pas visible. En effet, ce que nous expérimentons va au-delà de nos forces et de notre regard. Mais le Noël du Christ, inaugurant la rédemption, nous parle d’une espérance différente, une espérance fiable, visible et compréhensible parce que fondée en Dieu. Il entre dans le monde et nous donne la force de marcher avec lui : Dieu marche avec nous en Jésus et le fait de marcher avec lui vers la plénitude de la vie nous donne la force de nous tenir de manière nouvelle dans le présent, même s’il est pénible. Alors, espérer pour le chrétien signifie la certitude d’être en chemin avec le Christ vers le Père qui nous attend. L’espérance n’est jamais immobile, l’espérance est toujours en chemin et nous fait marcher. Cette espérance que nous donne l’enfant de Bethléem, offre au présent un but, un bon destin, à l’humanité le salut et à qui s’en remet à Dieu miséricordieux la béatitude. Saint Paul résume tout cela par l’expression : « Nous avons été sauvés, mais c’est en espérance » (Rm 8,24). C’est-à-dire qu’en marchant dans ce monde, avec espérance, nous sommes sauvés. Et là nous pouvons nous interroger, chacun de nous : est-ce que je chemine dans l’espérance ou bien ma vie intérieure est-elle immobile, fermée ? Mon cœur est-il un tiroir fermé ou est-il un tiroir ouvert à l’espérance qui me fait cheminer non pas seul, mais avec Jésus ?
Dans les maisons des chrétiens, pendant le temps de l’Avent, on prépare la crèche, selon la tradition qui remonte à saint François d’Assise. Dans sa simplicité, la crèche transmet l’espérance ; chacun des personnages est immergé dans cette atmosphère d’espérance.
Avant tout, notons le lieu où naît Jésus : Bethléem. Petit bourg de la Judée où était né mille ans plus tôt David, le petit berger élu par Dieu comme roi d’Israël. Bethléem n’est pas une capitale, et c’est pour cela qu’elle a la préférence de la providence divine, qui aime agir à travers les petits et les humbles. En ce lieu naît le « fils de David » tant attendu, Jésus, en qui se rencontrent l’espérance de Dieu et l’espérance de l’homme.
Puis regardons Marie, Mère de l’espérance. Par son « oui », elle a ouvert à Dieu la porte de notre monde : son cœur de jeune fille était plein d’espérance, toute animée par la foi ; et ainsi Dieu l’a choisie par avance et elle a cru en sa parole. Celle qui, pendant neuf mois, a été l’arche de la nouvelle et éternelle Alliance, contemple l’enfant dans la grotte et voit en lui l’amour de Dieu qui vient sauver son peuple et l’humanité entière. À côté de Marie, il y a Joseph, descendant de Jessé et de David ; lui aussi a cru aux paroles de l’ange et, en regardant Jésus dans la mangeoire, il médite sur le fait que cet enfant vient de l’Esprit Saint et que Dieu lui-même lui a donné l’ordre de l’appeler ainsi, « Jésus ». Dans ce nom réside l’espérance pour tous les hommes parce qu’à travers ce fils d’une femme, Dieu sauvera l’humanité de la mort et du péché. C’est pourquoi il est important de regarder la crèche !
Et dans la crèche il y a aussi les bergers qui représentent les humbles et les pauvres qui attendent le Messie, le « réconfort d’Israël » (Lc 2,25) et la « rédemption de Jérusalem » (Lc 2,38). Dans cet enfant, ils voient la réalisation des promesses et espèrent que le salut de Dieu arrivera enfin pour chacun d’eux. Qui se fie à ses propres sécurités, surtout matérielles, n’attend pas le salut de Dieu. Mettons-nous cela en tête : nos sécurités ne nous sauveront pas ; l’unique sécurité qui nous sauve est celle de l’espérance en Dieu. Elle nous sauve parce qu’elle est forte et qu’elle nous fait cheminer dans la vie avec joie, avec l’envie de faire le bien, avec l’envie de devenir heureux pour l’éternité. Les petits, les pasteurs, eux, se confient en Dieu, espèrent en lui et se réjouissent quand ils reconnaissent dans cet enfant le signe indiqué par les anges (Lc 2,12).
Et justement, le chœur des anges annonce d’en haut le grand dessein que cet enfant réalise : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime » (Lc 2,14). L’espérance chrétienne s’exprime dans la louange et les remerciements adressés à Dieu qui a inauguré son Royaume d’amour, de justice et de paix.
Chers frères et sœurs, en ces jours, contemplant la crèche, nous nous préparons à la naissance du Seigneur. Ce sera vraiment une fête si nous accueillons Jésus, semence d’espérance que Dieu dépose dans les sillons de notre histoire personnelle et communautaire. Chaque « oui » à Jésus qui vient est un rameau d’espérance. Ayons confiance en ce rameau d’espérance, en ce « oui » : « Oui, Jésus, tu peux me sauver, tu peux me sauver ». Bon Noël d’espérance à tous !
© Libreria Editrice Vaticana - 2016
« L’Église doit garder sa liberté de parole »
Entretien de Mgr Jean-Pierre Cottanceau avec Tahiti-info - 19 décembre 2016
Le pape François a nommé jeudi Mgr Jean-Pierre Cottanceau, archevêque de Papeete. Jusqu'ici, cet homme d'église était administrateur apostolique du diocèse depuis août 2015. Mgr Jean-Pierre Cottanceau succède ainsi à Mgr Hubert Coppenrath. Son ordination aura lieu le 18 février à l'Eglise Maria no te Hau. Interview.
Mélanie Thomas : Que représente pour vous cette nomination ?
Mgr Jean-Pierre Cottanceau : Cela représente d'abord une surprise. Mon souhait était de servir l'Église là où elle m'appelle. J'ai servi dans plusieurs endroits. On me demande de prendre cette responsabilité. Je dis oui. Je l'accueille pour l'Église de Polynésie et tous les gens du fenua. Je pense que c'est important qu'il y ait des gens qui peuvent aider par la réflexion, qu'on puisse aider ce pays, qui avance, les autorités religieuses n'ont pas les moyens des autorités politiques mais on peut aider les gens, aider à la réflexion, aider à voir clair sur différents thèmes, et puis aider tous les chrétiens à vivre leur foi.
Mélanie Thomas : Pourquoi cette nomination a été une « surprise » pour vous ?
Mgr Jean-Pierre Cottanceau : La surprise c'était déjà quand j'ai été nommé administrateur apostolique en août 2015. Ce n'était pas obligatoire que je sois nommé archevêque, cela aurait pu être quelqu'un d'autre. Le Saint-Père a jugé que j'avais fait un administrateur aposlitique à peu près convenable et donc que je pouvais recevoir cette responsabilité.
Ce qui me touche beaucoup est que l'évêque par son ordination est intégré au collège des successeurs des apôtres. On reçoit un héritage qui remonte jusqu'au Christ lui-même par l'intermédiaire des apôtres. C'est quelque chose quand même de se situer dans la lignée de tous les évêques qui ont succédé aux apôtres et qui essaient jusqu'à ce jour de garder vivant ce témoignage et cet héritage.
Mélanie Thomas : Comment définiriez-vous le rôle de l'Église aujourd'hui en Polynésie française ?
Mgr Jean-Pierre Cottanceau : Je crois que l'Église doit garder sa liberté de parole, elle peut inviter à une réflexion. Que l'on ne partage pas forcément les convictions de l'Église je le conçois tout à fait mais je me méfie beaucoup de la pensée unique, où il y aurait une seule façon de penser et de voir les choses. Le dialogue est toujours profitable pour faire grandir la réflexion et voir clair dans les questions qui agitent les personnes et la société. Je pense à la famille, à l'accompagnement des jeunes, au problème de la pauvreté, à ceux qui sont dans les rues de Papeete, qui sont aux Tuamotu et qui doivent voir leurs enfants partir pour aller à l'école. On dit que tout ce qui concerne la personne humaine concerne l'Église et concerne Dieu. À ce titre, on a quelque chose à dire dans le respect des différences mais personne ne peut monopoliser le discours.
Je me garderais bien de le faire en tout cas.
Mélanie Thomas : En mars dernier, en période de débat sur les conséquences des essais nucléaires, vous aviez fait une « mise au point » dans un communiqué d'information de la Mission catholique. Vous aviez souligné que l'Église catholique « rappelle qu’il y aurait grand danger de confusion et d’atteinte à la liberté d’expression telle que garantie par la Loi si l’État venait à s’immiscer dans la façon dont l’Église entend mener sa réflexion et son action, dans la mesure, bien entendu où cette action s’inscrit dans la légalité. » Pour vous c'est important la liberté de parole de l'Église ?
Mgr Jean-Pierre Cottanceau : Je revendique pour l'Église le droit de dire ce qu'elle a à dire, je ne demande pas aux gens de croire ou d'adhérer ce n'est pas ça, mais si on a quelque chose à dire au nom de l'Évangile, je ne vois pas pourquoi on ne le dirait pas. En Polynésie française, on a quand même une liberté de parole.
Mélanie Thomas : Vous l'avez quand même rappelé. Vous aviez jugé que cela était nécessaire ?
Mgr Jean-Pierre Cottanceau : Je crois que de temps en temps il faut le rappeler oui. Dans le respect de la vie en société, de la diversité des modes de pensée, je ne vois pas pourquoi parce qu'on est l'Église on devrait se taire.
Mélanie Thomas : Le 2 juillet, lors du cinquantenaire du premier essai nucléaire, le Père Joël Auméran, vicaire général de l'Église catholique, a demandé au nom de l'Église catholique que « la vérité soit faite par les institutions locales, nationales et internationales ». Ces paroles étaient le résultat d'une discussion collégiale au sein de l'Église. Cela a-t-il été une décision difficile à prendre ?
Mgr Jean-Pierre Cottanceau : Si on parle de la Polynésie, il y a effectivement des conséquences des essais nucléaires qu'il faut voir en face. Lorsque ses conséquences provoquent des blessures il faut bien mesurer comment on va aider les gens et comment on va faire en sorte de faire que ces conséquences soient vraiment prises en compte.
Il y a les associations qui fonctionnent, les pouvoirs publics, tous les gens directement investis dans la vie politique, notamment les associations, l'Église n'a pas à se substituer à elles. On a une parole qui peut éclairer, guider mais on n'a pas à se substituer aux associations, qui peuvent prendre plus concrètement à leur compte cette problématique. C'est à chaque chrétien de voir comment il va pouvoir vivre son engagement au service de l'homme dans cette situation concrète.
Mélanie Thomas : Comment voyez-vous l'évolution de l'Église en Polynésie française ?
Mgr Jean-Pierre Cottanceau : J'aimerais bien accompagner les communautés chrétiennes pour qu'elles soient plus accueillantes, qu'elles soient plus proches des familles, des jeunes, et qu'on sorte un peu des sacristies pour rejoindre la société. On a célébré l'année de la miséricorde, c'est une invitation que nous a adressée le Saint-Père pour que nous soyons les témoins de l'amour de Dieu. Évidemment quand on est entre nous, c’est un peu plus facile mais on est invité à sortir de chez nous, à aller plus loin. J'aimerais bien que l'Église soit un peu plus ouverte encore, je pense aux gens que l'on nomme en situation irrégulière, les personnes divorcées ou en concubinage. Le pape François nous invite sans cesse à voir comment on peut accueillir ces personnes. Il ne s'agit pas de faire sauter les normes qui régissent le fonctionnement de l'Église mais de mettre en premier l'accueil, l'ouverture, le partage, l'écoute et le respect.
Mélanie Thomas : À quelques jours de Noël, quels messages souhaitez-vous passer ?
Pour moi, Noël c'est le moment où on est invité à l'espérance. Aujourd'hui, ce n'est pas facile tant il y a des choses difficiles vécues dans notre monde (des conflits, des guerres, des situations économiques plus que hasardeuses…). Quelque fois les gens sont devant des portes qui se ferment. Noël pour moi c'est le moment où la puissance de l'amour vient ouvrir ses portes, ouvre un avenir et ouvre une espérance. C'est le moment où chacun de ceux qui se reconnaissent dans la foi chrétienne est invité à vivre l'accueil de l'autre comme on a accueilli Jésus à Bethléem. Comment à notre tour, on devient capable d'accueillir ceux qui sont besoin, ceux qui sont seuls, âgés, malades… Noël ça veut dire qu'il y a une lumière qui s'allume, ce n'est pas pour rien qu'on met des illuminations. C'est le moment où des portes doivent s'ouvrir. Chaque fois que l'on tend la main à quelqu'un et qu'on essaie d'être solidaire, c'est un peu Noël.
Propos recueillis par Mélanie Thomas
© Tahiti-info - 2016
Le Père Jean-Pierre Cottanceau nommé archevêque de Papeete
Entretien de Mgr Jean-Pierre Cottanceau avec La Dépêche de Tahiti - 16 décembre 2016
S’il attendait la nouvelle depuis un moment, le père Jean-Pierre Cottanceau vient d’être officiellement nommé archevêque du diocèse de Papeete par le pape François. Il succède à monseigneur Hubert Coppenrath, qui avait laissé la place vacante depuis sa démission, en 2011. L’homme d’Église se dit très fier et honoré de cette responsabilité.
À quelques jours de Noël, le Vatican a annoncé une décision très attendue. Ainsi, hier matin, le pape François a nommé l’administrateur apostolique de Papeete, le père Jean-Pierre Cottanceau, nouvel archevêque du diocèse de Papeete.
Il remplace Hubert Coppenrath, qui avait démissionné le 31 mars 2011, à 80 ans. Depuis cette date, il n’y avait pas d’archevêque pour le diocèse de Papeete.
Pour assurer une sorte d’intérim durant ces plus de cinq ans de vide apostolique, le pape avait nommé des administrateurs, à l’image de monseigneur Pascal Chang Soi, qui est aujourd’hui évêque de Taiohae, à Nuku Hiva. Quant à monseigneur Hubert Coppenrath, il est devenu archevêque émérite et continue à officier de temps en temps des messes, notamment aux Tuamotu, par manque de prêtres catholiques.
Le nouvel archevêque de Papeete, Jean-Pierre Cottanceau, a été curé de la paroisse Sacré-Cœur de Arue pendant dix ans.?Il y a laissé son empreinte et, aujourd’hui, les fidèles sont heureux de le voir nommé archevêque de Papeete.
“Je connais bien le père Jean-Pierre Cottanceau. Il est agréable de l’écouter parler.?Il le fait d’une façon sincère. Il dit ce qu’il pense mais ne critique pas les gens derrière leur dos. S’il n’est pas d’accord, il le dit ouvertement, et s’il est d’accord, il confirme ce que tu as fait pour l’église. Je pense qu’il fera un bon archevêque. Merci Seigneur de l’avoir nommé à ce poste à responsabilité”, témoigne la responsable du groupe de l’Union des femmes catholiques à la paroisse Sacré-Cœur de Arue, Mila Teikitohe.
Une messe est prévue pour son installation, dont la date reste encore à définir, mais il sera déjà possible de le voir officier lors de la messe de minuit de Noël, à la paroisse Maria no te Hau.
Cette messe sera retransmise à la télévision au fenua par Polynésie 1ère et en métropole et dans les outre-mer grâce à France O.
De notre correspondant J.H.
La Dépêche : Quel est votre sentiment par rapport à votre nomination à la tête de l’archidiocèse de Papeete ?
Mgr Jean-Pierre Cottanceau : C’est une grande responsabilité qui m’est confiée et j’en suis très fier et très honoré.
J’ai accepté cette nomination, d’abord pour l’Église de Polynésie, et pour tous les gens qui habitent au Fenua, car c’est pour eux que j’ai accepté de devenir le nouveau pasteur de cette Église, pour le bien de tous.
Je suis donc très honoré que cette responsabilité me soit confiée et j’essaierai de faire mon possible pour être à la hauteur de la confiance qui m’a été faite par le Saint-Père et par l’Église.
La Dépêche : Faut-il vous appeler monseigneur maintenant ?
Mgr Jean-Pierre Cottanceau : Je crois que c’est l’usage dans l’Église d’appeler monseigneur ceux qui sont en charge d’un diocèse, mais j’aimais bien le titre de père qui me parlait davantage. Mais je me conformerai à l’usage en acceptant que les gens m’appellent monseigneur.
La Dépêche : Mais on pourra toujours vous appeler père ?
Mgr Jean-Pierre Cottanceau : Oh ben oui ! Il ne faut pas s’en faire pour ça !
La Dépêche : Est-ce que c’est une fonction à laquelle vous aspiriez ?
Mgr Jean-Pierre Cottanceau : Non, je n’y aspirais pas du tout. J’ai consacré ma vie au Seigneur pour être prêtre, ensuite on m’a demandé d’être administrateur apostolique.
Mais je n’avais aucune prétention, aucun plan de carrière qui m’aurait fait prétendre à ce titre-là. Vous savez, quand on reçoit une responsabilité pareille, en tout cas pour moi, je la vis comme un choix qui a été fait, mais je n’ai jamais fait candidature ou quoi que ce soit. Ce n’est pas du tout dans mon esprit. Je suis disponible pour servir là où l’on me demande.
L’Église me demande de servir à ce poste de responsabilité, on m’a demandé si j’acceptais, j’ai dit que j’acceptais, comme je le disais tout à l’heure, pour le bien de l’Église et de toutes les personnes qui habitent en Polynésie, et voilà. Mais ce n’était pas du tout un plan de carrière ou un désir que j’avais de grimper dans la hiérarchie. Ce n’est pas du tout ça.
La Dépêche : Avez-vous des projets pour l’archidiocèse de Papeete ?
Mgr Jean-Pierre Cottanceau : Pendant l’année où j’ai été administrateur apostolique, j’ai pu découvrir un certain nombre de chantiers, de choses à revoir et maintenant que je suis à ce poste de responsabilité, je vais continuer d’avancer dans ce que j’avais commencé.
Il y a certains dossiers que je vais regarder un peu d’une autre façon, vu que la responsabilité qui m’est confiée me donne davantage de temps, me permet de me projeter davantage dans l’avenir.
Le poste d’administrateur apostolique que j’avais auparavant était limité dans le temps, je savais que c’était pour une année. Je suis maintenant en position de pouvoir regarder à plus long terme.
Donc ça va me donner de nouveaux éléments pour pouvoir apprécier les choses que j’avais commencées et qu’il faut poursuivre, et d’autres chantiers aussi auxquels je ne m’étais pas attaqué vu que je ne savais pas si j’allais rester à la tête du diocèse.
La Dépêche : Peut-on avoir quelques exemples de chantiers ?
Mgr Jean-Pierre Cottanceau : La première chose, pour moi, c’est la qualité de nos communautés chrétiennes, au niveau de la façon de vivre selon l’Évangile avec le respect et l’esprit de service.
Je pense beaucoup aussi à la façon dont on va s’occuper des jeunes. C’est pour moi une priorité aujourd’hui. Je pense aussi à la façon dont on peut essayer d’accompagner les familles à travers les multiples difficultés qu’elles peuvent rencontrer. Je crois que l’Église a quelque chose à dire pour aider les familles à être plus unies et à pouvoir grandir de la meilleure façon.
Je pense également à l’ouverture de l’Église, qu’elle ne reste pas dans les sacristies, mais qu’elle sache s’ouvrir davantage au monde pour regarder un petit peu ce qui se passe autour d’elle et être présente en collaboration avec tous ceux qui œuvrent pour un mieux-être dans notre pays.
Comment l’Église va jouer son rôle en partenariat avec toutes les bonnes volontés qui se présentent. Je pense à l’accueil aussi de tous ceux qui sont loin de l’Église. Comment on peut accueillir les demandes, comment on peut aider les gens à reprendre confiance et à présenter un visage du Christ qui donne de la confiance, un peu de courage et surtout de l’espérance.
Je pense que l’Église doit ouvrir les portes pour que l’avenir devienne possible, pour que les gens puissent trouver auprès de nous un lieu d’accueil, d’écoute et de partage, et que l’on puisse travailler ensemble.
La Dépêche : Un mot pour la fin ?
Dans cette période où on prépare Noël, les chrétiens s’apprêtent à accueillir la naissance de Jésus. Voilà que Jésus vient à nous à travers cet événement de la nomination d’un nouvel évêque.
Après cinq années sans pasteur officiel, voilà que, désormais, l’Église de Polynésie se retrouve avec un pasteur. J’espère être digne de la responsabilité que m’est confiée et de pouvoir assurer au mieux ma mission, pour le bien de tous.
Propos recueillis par Vaiana Hargous
© La Dépêche de Tahiti - 2016
Commentaire des lectures du dimanche
1. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Is 9,1).
Cette prophétie d’Isaïe ne finit jamais de nous émouvoir, spécialement quand nous l’écoutons dans la Liturgie de la Nuit de Noël. Et ce n’est pas seulement un fait émotif, sentimental ; elle nous émeut parce qu’elle dit la réalité profonde de ce que nous sommes : nous sommes un peuple en chemin, et autour de nous – et aussi en nous – il y a ténèbres et lumière. Et en cette nuit, tandis que l’esprit des ténèbres enveloppe le monde, se renouvelle l’évènement qui nous émerveille toujours et nous surprend : le peuple en marche voit une grande lumière. Une lumière qui nous fait réfléchir sur ce mystère : mystère du marcher et du voir.
Marcher. Ce verbe nous fait penser au cours de l’histoire, à ce long chemin qu’est l’histoire du salut, à commencer par Abraham, notre père dans la foi, que le Seigneur appela un jour à partir, à sortir de son pays pour aller vers la terre qu’il lui indiquerait. Depuis lors, notre identité de croyants est celle de personnes en marche vers la terre promise. Cette histoire est toujours accompagnée par le Seigneur ! Il est toujours fidèle à son alliance et à ses promesses. Parce qu’il est fidèle, « Dieu est lumière, en lui point de ténèbres » (1Jn 1,5). De la part du peuple, au contraire, alternent des moments de lumière et de ténèbres, de fidélité et d’infidélité, d’obéissance et de rébellion ; moments de peuple pèlerin et moments de peuple errant.
Dans notre histoire personnelle aussi, alternent des moments lumineux et obscurs, lumières et ombres. Si nous aimons Dieu et nos frères, nous marchons dans la lumière, mais si notre cœur se ferme, si l’orgueil, le mensonge, la recherche de notre intérêt propre dominent en nous, alors les ténèbres descendent en nous et autour de nous. « Celui qui a de la haine contre son frère – écrit l’apôtre Jean – est dans les ténèbres : il marche dans les ténèbres, sans savoir où il va, parce que les ténèbres l’ont rendu aveugle » (1Jn 2,11). Peuple en marche, mais peuple pèlerin qui ne veut pas être peuple errant.
2. En cette nuit, comme un faisceau de lumière d’une grande clarté, résonne l’annonce de l’Apôtre : « La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » (Tt 2,11).
La grâce qui est apparue dans le monde c’est Jésus, né de la Vierge Marie, vrai homme et vrai Dieu. Il est venu dans notre histoire, il a partagé notre chemin. Il est venu pour nous libérer des ténèbres et nous donner la lumière. En Lui est apparue la grâce, la miséricorde, la tendresse du Père : Jésus est l’Amour qui s’est fait chair. Il n’est pas seulement un maître de sagesse, il n’est pas un idéal vers lequel nous tendons et dont nous savons que nous sommes inexorablement éloignés, il est le sens de la vie et de l’histoire, qui a établi sa tente au milieu de nous.
3. Les bergers ont été les premiers à voir cette “tente”, à recevoir l’annonce de la naissance de Jésus. Ils ont été les premiers parce qu’ils étaient parmi les derniers, les marginalisés. Et ils ont été les premiers parce qu’ils veillaient dans la nuit, gardant leurs troupeaux. C’est une loi du pèlerin de veiller, et eux veillaient. Avec eux, arrêtons-nous devant l’Enfant, arrêtons-nous en silence. Avec eux remercions le Seigneur de nous avoir donné Jésus, et avec eux laissons monter du plus profond de notre cœur la louange de sa fidélité : Nous te bénissons, Seigneur Dieu Très-Haut, qui t’es abaissé pour nous. Tu es immense, et tu t’es fait petit ; tu es riche, et tu t’es fait pauvre ; tu es le tout-puissant, et tu t’es fait faible.
En cette Nuit, partageons la joie de l’Évangile : Dieu nous aime, il nous aime tant qu’il a donné son Fils comme notre frère, comme lumière dans nos ténèbres. Le Seigneur nous répète : « Ne craignez-pas » (Lc 2,10). Comme les anges ont dit aux bergers : « Ne craignez pas ». Et moi aussi je répète à vous tous : Ne craignez pas ! Notre Père est patient, il nous aime, il nous donne Jésus pour nous guider sur le chemin vers la terre promise. Il est la lumière qui resplendit dans les ténèbres. Il est la miséricorde : notre Père nous pardonne toujours. Il est notre paix. Amen.
© Libreria Editrice Vaticana - 2016