Pko 11.12.2016
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°66/2016
Dimanche 11 décembre 2016 – 3ème du Temps de l’Avent – Année A
Humeurs…
Le « Petit marché » de Noël… pour un partage du cœur
Malveillance volontaire !
Le « petit marché » de Noël semble ne pas plaire à tout le monde.
En effet on a soigneusement coupé les cordelettes de la banderole mise devant la Cathédrale avant de l’emporter.
Il ne s'agit pas du travail de petits désœuvrés ou de jeunes délinquants qui l'auraient détériorée mais bien d'un acte volontaire de malveillance… la Mairie qui avait donné son accord a été informée… une plainte a été déposée… mais aucune nouvelle à ce jour !… La banderole de vente de tapis mise par la suite à la même place, elle n’a pas été subtilisée !!!
Ce « petit marché » de Noël ce sont des artisans modestes qui se sont regroupés pour proposer leur travail, et qui parallèlement veulent poser un acte de solidarité…
Mais qu'est-ce qui anime donc ces personnes malveillantes ???
Une seule réponse de notre part… venez nombreux à ce petit marché de Noël du 14 au 17 décembre salle Muriavai à la Maison de la Culture (et emmenez vos pièces grises… pour nos amis de la rue) !
Un collectif d’artisans/artistes a décidé, cette année, de se réunir pour valoriser le savoir-faire local afin que tous les exposants/exposantes puissent vendre leurs créations à l’occasion des fêtes (à un coût raisonnable) et qu’en fonction du bon vouloir de chacun, un geste personnel soit accordé aux personnes « sans-abri» qui vivent dans nos rues – selon la possibilité de chacun(e) également –.
Une collecte de pièces grises et de dons sera organisée durant les 4 jours d'exposition… car nous avons tous, chez nous,
un petit pot quelque part pour accueillir ces pièces dont nous ne nous servons que très peu… Rejoignez-nous et participez au mouvement de Solidarité (générale) des « Artiz’ de l’Espoir » !
Venez découvrir des artisans talentueux connus ou encore inconnus et qui méritent de l’être !!!
Chronique de la roue qui tourne
Air Tahiti Nui
« Prendre un enfant par la main. Pour l'emmener vers demain, Pour lui donner la confiance en son pas, Prendre un enfant pour un roi. » Yves Duteil
C’est le beau geste d’Air Tahiti Nui. En cette période de fête, la compagnie au tiare a mobilisé un de ses airbus pour 250 enfants issus de quartiers défavorisés. À défaut d’un tour du monde, le « voyage du cœur » a duré environ 3h pour un petit tour de la Polynésie, pour le plus grand bonheur des jeunes passagers. « Un gros avion » pour ceux qui n’ont jamais eu la chance de voyager. Oui, c’était une première pour beaucoup. S’ils ont décollé sous la pluie, le soleil a fait quelques apparitions pour sublimer encore plus le rêve. On imagine aisément l’ambiance qui régnait en cabine. On imagine aisément le bonheur qui devait se lire sur tous les visages. On imagine aisément les émotions devant une telle expérience, l’opportunité de pouvoir enfin toucher le ciel lorsque le quotidien est un défi. On imagine l’émerveillement de pouvoir voler lorsqu’on peine tant à marcher.
Il est vrai que la compagnie Air Tahiti Nui s’est toujours impliquée dans les grandes actions du fenua, toujours partenaire des différents événements. Après des années disettes où l’exercice était déficitaire, Air Tahiti Nui retrouve le chemin de la prospérité et, dans son élan, n’oublie pas les plus démunis. Mais pour cette opération, Air Tahiti Nui a eu besoin de son personnel. Ainsi, onze personnels navigants commerciaux et deux pilotes ont répondu – gracieusement – à l’appel. Un don de soi en symbiose avec l’esprit du projet de l’entreprise.
Assurément, la compagnie Air Tahiti Nui est bien plus que les ailes du fenua. Du haut de son ciel, aujourd’hui, elle nous fait grandir !
La chaise masquée
© Nathalie SH – P.K.0 – 2016
Jean le Baptiste et le Royaume des Cieux
En marge de l’actualité du jeudi 8 décembre 2016
Le deuxième et le troisième dimanche de l’Avent évoquent avec Jean le Baptise l’une des grandes figures de ce temps de préparation à Noël. À travers lui, c’est le modèle d’un homme de Dieu entièrement dévoué à sa mission qui est proposé à tous les chrétiens.
En faisant le choix de prêcher « dans le désert », Jean rappelle le grand bienfait de se mettre à l’écart, loin des préoccupations du quotidien, pour pouvoir être à l’écoute de Dieu. Portant un vêtement dépouillé et mangeant de manière frugale, il invite à considérer l’essentiel plutôt que de s’arranger avec ses sécurités habituelles : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4 ; cf. Dt 8,3).
Il exerce un charisme prophétique extraordinaire, annonçant le premier ce qui deviendra le cœur du message même de Jésus : « Convertissez-vous car le Royaume des cieux est tout proche » (Mt 3,2 ; cf. 4,17). Ce faisant, il eut la capacité de se démarquer de certaines visions de la relation à Dieu et de l’appartenance au peuple élu.
La parole sévère adressée aux pharisiens et aux sadducéens dénonce l’idée que l’appartenance à la descendance d’Abraham confère un statut privilégié parmi les hommes en accordant un salut gagné d’avance. Et nous devons bien avoir à l’esprit que ce reproche vaut tout autant pour les chrétiens qui penseraient que le baptême est une garantie suffisante en soi !
Membres du peuple élu et chrétiens sont suspendus au même impératif de produire « un fruit digne de la conversion ». À ce titre, les textes de dimanche dernier proposent quelques œuvres de charité : ne pas juger sur les apparences, ne pas se prononcer sur les rumeurs, juger avec justice, avoir souci du faible et du pauvre, être en accord les uns avec les autres.
Le Seigneur ne nous laisse pas non plus à nos propres forces. La promesse du prophète Isaïe au sujet du Messie s’étend à vrai dire à tous ceux et celles qui choisissent de mener une vie de disciple : « sur lui reposera l’esprit du Seigneur » (Isaïe 11,1). Sagesse, discernement, conseil, force, connaissance et crainte du Seigneur, sont les dons de l’Esprit qui structurent notre vie chrétienne et nous ouvrent aux voies de la charité.
Dès lors, le Royaume des cieux n’est pas un lieu géographique, ni une notion abstraite. Le Royaume est un événement : la venue de Dieu dans la vie de celui qui accueille la parole de Jésus. L’irruption de Dieu conduit à un changement de compréhension de l’existence humaine et à une logique bien différente de celle du monde : « c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice » (Mt 3,14).
+ R.P. Jean Pierre COTTANCEAU
© Archidiocèse de Papeete - 2016
La parole aux sans paroles – 61
Portrait d’une sœur de la nuit - Iola
« Il faut être unique, être vrai, être libre, être soi-même parce que la vie est bien trop courte pour être quelqu’un que tu n’es pas ». Forte de l’amour de ses grands-parents, Iola vit pleinement sa vie comme elle l’entend.
Dis-moi, Iola, ce n’est pas courant. D’où vient ton prénom ?
« Je l’ai inventé, comme ça ! »
D’où viens-tu ? Où as-tu grandi ?
« Je suis originaire des îles sous le vent, de Huahine précisément. J’ai grandi là-bas avec mes grands-parents. »
Et tes parents ?
« Si tu veux, je suis enfant unique. Mes parents m’ont laissée avec mes grands-parents pour partir travailler aux Tuamotu dans les fermes perlières. J’étais très jeune. »
Raconte-moi ton enfance ?
« J’ai eu une très belle enfance ! Ça s’est très bien passé ! Ça allait parfaitement bien avec mes grands-parents. »
Vers quel âge tu t’es sentie femme ?
« 5 ans, je m’en rappelle parfaitement bien ! J’allais déjà à l’école et je sentais bien que j’allais être efféminée. Mes grands-parents me laissaient tellement faire ce que j’avais envie que je pouvais être fille. Et j’ai assumé jusqu’à aujourd’hui. Mes grands-parents ont toujours su que j’étais efféminée. »
Comment ils réagissaient ?
« Bizarrement, au début, il y a eu un petit choc. Mais, tout de suite après, ils ont accepté. »
À quel âge as-tu vraiment décidé de t’habiller en fille ?
« Dès le collège. »
Et tu n’as pas eu de problèmes à l’école, ça se passait comment ?
« Si, avec les professeurs. Certains n’acceptaient pas la façon dont je m’habillais et tout. Ils me faisaient des remarques, du genre que je n’étais pas une fille, que ce n’était pas une tenue adéquate. »
Et comment tu réagissais ?
« Je répondais méchamment, à ma façon quoi. Un jour, j’ai même dit : "J’espère pour toi que tu n’auras jamais de fils qui va s’habiller comme moi." Bien sûr, ils prenaient mal, cahier de correspondance et punition. Ils faisaient ça ! »
Nous, on s’est rencontré à Papeete, donc j’imagine qu’à un moment donné tu as quitté Huahine. Raconte-nous pourquoi et comment ça s’est fait ?
« En ayant de petites vacances à Tahiti. Et puis, mes parents ont quitté les Tuamotu pour s’installer ici. Donc, un jour, j’ai décidé de ne plus rentrer à Huahine. Il faut dire aussi qu’il n’y a rien là-bas, c’est mort ! »
Et tes grands-parents alors ?
« Ma grand-mère est décédée, j’ai encore mon grand-père. Je l’appelle de temps en temps pour savoir comment il va. »
Comment es-tu arrivée dans le milieu de la prostitution ?
« Ah, bonne question ! Naturellement ! Par des copines ! De les voir faire ça, ça m’a donné envie. »
À quel âge as-tu commencé ?
« 13, 14 ans. »
Quand tu découvres cet univers à 13 ans, qu’est-ce qui est le plus dur ?
« Apprendre à être vigilante ! Mais rien est dur, sinon le fait de veiller toute la nuit et de devoir rester au bord de la route ! »
As-tu déjà eu des problèmes ?
« Bien sûr ! Au tout début, j’avais peur. Mais, je me défends ! Et, je ne m’en sors pas si mal que ça. »
Ton premier « client », tu t’en rappelles ?
« Pas du tout ! »
Tes clients sont plutôt des occasionnels ou des réguliers ?
« Les deux, j’ai des habitués et parfois des clients occasionnels. Je prends celui qui passe et on va dans un coin ou chez lui. »
Comment « apprend-on » le métier ?
« Ça s’apprend facilement et naturellement ! (Rires) Non, c’est avec les clients qu’on apprend. Et vu que c’est ton métier de tous les jours, tu apprends vite ! Tu deviens vite professionnelle. »
Tu arrives à vivre de ça ?
« Ça va, j’essaye de m’en sortir ! Mais, je trouve que ça marche moins qu’avant ! »
Avant quoi ?
« Ça marchait mieux au début des années 2000, quand j’ai commencé. Je pense que toutes les histoires de politique, ça joue. »
Comment tu vois ta vie dans 20 ans ?
« Bonne question ! Je ne sais pas, je ne peux pas te prédire mon avenir. »
Mariée ? Avec des enfants ?
« Non, non, surtout pas d’enfants ! Ni mariée non plus ! C’est trop de charge ! Mais, j’adore les enfants ! »
Tu es là tous les soirs ?
« Oui, normalement ! »
Jusqu’à quelle heure ?
« Jusqu’à ce que je sois K.O ! »
Tu habites loin ?
« Non, j’habite à proximité, chez mes parents encore. À 13 ans, quand j’ai commencé, j’habitais chez eux, ils savent ce que je fais la nuit ! »
Comment ils prenaient la chose ?
« À la légère ! Ils me laissaient faire ce que je voulais. Je n’ai jamais eu de soucis de ce côté-là. »
Aujourd’hui, dis-moi, quel âge as-tu ?
« J’ai 25 ans. »
Donc ça fait 12 ans !
« Enfin, on va dire 10 ans en confirmation !
Un dernier message ?
« Il faut rester vigilantes, c’est tout ! Et je souhaite tout le bonheur du monde aux autres copines, la réussite ! »
© Nathalie SH - Accueil Te Vai-ete - 2016
Ne jamais perdre l’espérance
Audience générale du mercredi 7 décembre 2016
« Ne jamais perdre l’espérance », qui est la « vertu des petits » : c’est l’appel lancé par le Pape ce matin lors de l’audience générale, tenue dans la salle Paul VI. François a initié ce mercredi un nouveau cycle de catéchèse sur l’espérance chrétienne… Prenant appui sur le chapitre 40 du Livre d’Isaïe, autrement appelé le Livre de la Consolation, le Souverain Pontife a enjoint les fidèles à attendre dans la confiance e la venue du Seigneur.
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous commençons aujourd’hui une nouvelle série de catéchèses, sur le thème de l’espérance chrétienne. C’est très important, parce que l’espérance ne déçoit pas. L’optimisme déçoit, l’espérance non ! Nous en avons grand besoin, en ces temps qui apparaissent obscurs, où parfois nous nous sentons perdues devant le mal et la violence qui nous entourent, devant la douleur de tous nos frères. Il faut l’espérance ! Nous nous sentons perdus et aussi un peu découragés, parce que nous nous trouvons impuissants et il nous semble que cette obscurité ne doit jamais finir. Mais il ne faut pas laisser l’espérance nous abandonner, parce que Dieu chemine avec nous avec son amour. « J’espère, parce que Dieu est à côté de moi » : cela, nous pouvons tous le dire. Chacun de nous peut dire : « J’espère, j’ai de l’espérance, parce que Dieu chemine avec moi ». Il chemine et il me tient par la main. Dieu ne nous laisse pas seuls. Le Seigneur Jésus a vaincu le mal et nous a ouvert la route de la vie.
Alors, en particulier en ce temps de l’Avent, qui est le temps de l’attente, où nous nous préparons à accueillir encore une fois le mystère consolant de l’Incarnation et la lumière de Noël, il est important de réfléchir sur l’espérance. Laissons le Seigneur nous enseigner ce que veut dire espérer. Écoutons donc les paroles de l’Écriture Sainte, en commençant par le prophète Isaïe, le grand prophète de l’Avent, le grand messager de l’espérance.
Dans la seconde partie de son livre, Isaïe s’adresse au peuple par une annonce de consolation : « Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur le double pour toutes ses fautes. Une voix proclame : “Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! Que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée ! Alors se révélera la gloire du Seigneur, et tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé.” » (40, 1-5).
Dieu le Père console en suscitant des consolateurs auxquels il demande d’encourager le peuple, ses enfants, annonçant que la tribulation est finie, que la douleur est finie et que le péché a été pardonné. C’est cela qui guérit le cœur affligé et effrayé. C’est pourquoi le prophète demande de préparer la voie au Seigneur, en s’ouvrant à ses dons et à son salut.
La consolation, pour le peuple, commence par la possibilité de cheminer sur la voie de Dieu, une voie nouvelle, redressée et praticable, une voie à préparer dans le désert, afin de pouvoir le traverser et retourner dans sa patrie. Parce que le peuple auquel s’adresse le prophète vit la tragédie de l’exil à Babylone, et maintenant en revanche, il s’entend dire qu’il pourra retourner sur sa terre à travers une route rendue commode et large, sans ravins ni montagnes qui rendent la marche fatigante, une route aplanie dans le désert. Préparer cette route signifie donc préparer un chemin de salut et de libération de tout obstacle et risque d’achoppement.
L’exil avait été un moment dramatique dans l’histoire d’Israël, quand le peuple avait tout perdu. Le peuple avait perdu sa patrie, sa liberté, sa dignité et même sa confiance en Dieu. Il se sentait abandonné et sans espérance. En revanche, voici l’appel du prophète qui rouvre le cœur à la foi. Le désert est un lieu où il est difficile de vivre, mais c’est précisément là que désormais on pourra cheminer pour retourner non seulement dans sa patrie, mais pour retourner à Dieu et pour recommencer à espérer et à sourire. Quand nous sommes dans l’obscurité, dans les difficultés, le sourire ne vient pas et c’est précisément l’espérance qui nous enseigne à sourire pour trouver cette route qui mène à Dieu. Une des premières choses qui se produisent chez les personnes qui se détachent de Dieu est que ce sont des personnes sans sourire. Peut-être sont-elles capables de rire un bon coup, de lancer une plaisanterie, l’une derrière l’autre, de rire… mais il manque le sourire ! Seule l’espérance donne le sourire : c’est le sourire de l’espérance de trouver Dieu.
La vie est souvent un désert, il est difficile de cheminer dans la vie, mais si nous nous confions à Dieu, elle peut devenir belle et large comme une autoroute. Il suffit de ne jamais perdre l’espérance, il suffit de continuer à croire, toujours, en dépit de tout. Quand nous nous retrouvons devant un enfant, peut-être pouvons-nous avoir beaucoup de problèmes et de difficultés, mais il nous vient un sourire de l’intérieur, parce que nous nous trouvons devant l’espérance : un enfant est une espérance ! Et ainsi, nous devons savoir voir dans la vie le chemin de l’espérance qui nous conduit à trouver Dieu, Dieu qui s’est fait enfant pour nous. Et cela nous fera sourire, nous donnera tout.
Et justement ces paroles d’Isaïe sont ensuite utilisées par Jean le Baptiste dans sa prédication qui invitait à la conversion. Il disait ceci : « Voix de celui qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur » (Mt 3,3). C’est une voix qui crie là où il semble que personne ne puisse entendre – qui peut entendre dans le désert ? – qui crie dans le désarroi dû à la crise de la foi. Nous ne pouvons pas nier que le monde d’aujourd’hui vit une crise de la foi. On dit : « Je crois en Dieu, je suis chrétien », « je suis de cette religion… ». Mais ta vie est bien loin d’être chrétienne : elle est bien loin de Dieu ! La religion, la foi est tombée dans une expression : « Est-ce que je crois ? – Oui ! » Mais là, il s’agit de revenir à Dieu, de convertir son cœur à Dieu et d’aller sur cette route pour le trouver. Il nous attend. C’est cela la prédication de Jean Baptiste : préparer. Préparer la rencontre avec cet enfant qui nous redonnera le sourire. Les Israélites, quand le Baptiste annonce la venue de Jésus, c’est comme s’ils étaient encore en exil, parce qu’ils sont sous la domination romaine, qui fait d’eux des étrangers dans leur propre patrie, gouvernés par des occupants puissants qui décident de leur vie. Mais la vraie histoire n’est pas celle faite par les puissants, mais celle faite par Dieu avec ses petits. La véritable histoire, celle qui restera dans l’éternité, est celle que Dieu écrit avec ses petits : Dieu avec Marie, Dieu avec Jésus, Dieu avec Joseph, Dieu avec les petits. Ces petits et ces simples que nous trouvons autour de Jésus à sa naissance : Zaccharie et Elisabeth, âgés et marqués par la stérilité, Marie, jeune fille vierge, épouse promise à Joseph, les bergers, qui étaient méprisés et ne comptaient pour rien. Ce sont les petits, rendus grands par leur foi, les petits qui savent continuer d’espérer. Et l’espérance est la vertu des petits. Les grands, les satisfaits ne connaissent pas l’espérance ; ils ne savent pas ce que c’est.
Ce sont eux, les petits avec Dieu, avec Jésus, qui transforment le désert de l’exil, de la solitude désespérée, de la souffrance, en une route plate sur laquelle marcher pour aller à la rencontre de la gloire du Seigneur. Et nous arrivons au « donc » : laissons-nous enseigner l’espérance. Attendons avec confiance la venue du Seigneur, et quel que soit le désert de nos vies, chacun sait dans quel désert il chemine, il deviendra un jardin fleuri. L’espérance ne déçoit pas !
© Libreria Editrice Vaticana - 2016
Entre faire et laisser-être – L’indisponibilité de la dignité humaine
Communiqué des Églises chrétiennes de Suisse
Dans de nombreux domaines, le respect des droits humains ne va pas de soi : migration, mondialisation et commerce international, changement climatique, protection de l’environnement, début et fin de vie. La protection de la dignité n’a rien à voir avec la libre disposition de soi, bien au contraire : la dignité précède toujours l’autodétermination. L’être humain ne peut garantir lui-même sa dignité, c’est donc toujours la dignité d’autrui qu’il faut protéger. C’est la conviction que les Églises catholique romaine, catholique-chrétienne et protestantes de Suisse rappellent à l’occasion du 10 décembre, journée internationale des droits humains.
« Mais il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse ». Aussi mettrai-je mon orgueil bien plutôt dans mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ. » (2 Corinthiens 12,9)
La mondialisation et les développements techniques fulgurants mettent le monde à portée de main. Dans le « village planétaire », il ne se trouve plus guère de régions auxquelles on ne puisse accéder de partout. Chaque coin de la planète est visible d’un satellite ou d’un autre moyen de télécommunication et les biotechnologies permettent de pénétrer au cœur même de la vie. Presque plus rien n’échappe à l’observation, presque tout peut être expliqué par la science. Le besoin de ne rien laisser au hasard nous pousse à « désenchanter » notre univers, à nous désenchanter.
C’est du moins ainsi, dans les grandes lignes, que l’univers se présente aux habitants de l’hémisphère nord. Nous jouissons des acquis de la curiosité scientifique et technique. Non seulement notre espérance de vie s’allonge sans cesse mais notre qualité de vie progresse également. Cette évolution devient problématique dès lors qu’elle se fait au détriment d’autres personnes, empêchées d’accéder à une existence digne et prospère. C’est dans un contexte planétaire que les conditions de vie révèlent ce qu’elles ont de fragile puisque le lieu de naissance, l’origine et le milieu social déterminent à eux seuls de quel côté nous vivrons : côté soleil ou côté ombre ? Pour les plus démunis, cette prédisposition est particulièrement cruelle, parce qu’ils n’ont aucun moyen de l’influencer et d’agir sur leurs conditions de vie. Avec le changement climatique, les conditions extérieures de vie, dont on ne peut disposer, deviennent de plus en plus souvent une question de survie. Les sociétés de l’hémisphère nord − où règnent les technologies et l’aisance matérielle, où rien ou presque n’est laissé au hasard − n’expérimentent que très rarement le fait de ne pas pouvoir disposer de son propre environnement. L’exigence éthique d’indisponibilité y est généralement rejetée comme une entrave au progrès scientifique et technique et à l’activité économique. Ce pouvoir discrétionnaire a un prix. Ce prix est payé par celles et ceux qui sont forcés à l’indisponibilité, sous la forme pervertie de l’impuissance politique et économique : les victimes de violences et d’injustices flagrantes qui n’ont pas les moyens de se défendre contre les conséquences du changement climatique et qui sont privées de tout droit de participation aux décisions.
Cela vaut pour les personnes vivant dans les régions les plus pauvres du globe, les personnes en proie à la terreur, la violence et la corruption ; cela vaut aussi dans notre pays, pour les embryons et les fœtus auxquels un diagnostic prénatal prédit une vie avec un handicap. Car dans l’un comme dans l’autre cas, une partie de l’humanité s’arroge sans autre forme de procès le droit de décider de la vie d’une autre partie : les rassasiés décident du sort des affamés, les puissants de celui des faibles, les vivants disposent du destin de celles et ceux qui ne sont pas encore nés. Peut-être le temps n’est-il plus très éloigné où les personnes âgées devront justifier leur prétention à vivre dans notre société avec la même évidence et en y jouissant du même respect et des mêmes droits que ceux qui mènent une vie souveraine et productive, en termes économiques.
Les appels au respect de la dignité humaine ne suffisent pas. La pensée et de l’action doivent être fondamentalement réorientées. La disponibilité érigée en dogme dénie à la dignité la place qui lui revient dans le monde. Car la dignité renvoie précisément à ce qui doit pour toujours rester hors de portée de l’homme. L’obsession que tout est possible ne tolère pas l’idée de laisser une chose telle qu’elle est parce qu’il est bon qu’il en soit ainsi. La dignité de l’être humain et de la créature ne se construit pas, elle ne peut qu’être, et être admise comme telle. Elle ne peut être reconnue et protégée que si la sagesse du laisser-être brise la folie de la faisabilité.
L’être humain ne se satisfait pas de lui-même, cela le caractérise. L’homme moderne se donne donc pour ambition de s’améliorer dans tous les domaines. De ce constat, le christianisme en a tiré la conséquence inverse, en acceptant les mots que Dieu adresse à l’apôtre Paul : « Ma grâce te suffit ». Toute la dignité humaine est dans ces quelques mots : ma grâce te suffit, donc les dons de Dieu suffisent ! Les dons reçus par chaque être humain constituent sa dignité, et en tant que dons de Dieu, ils échappent à la libre disposition de l’homme. Les dons de Dieu n’ont que faire des perfectionnements humains. Ce qui paraît de prime abord comme une imperfection se révèlera justement, dans la perspective de Dieu, un bien, indisponible. La dignité ne qualifie pas ce qui a été fait, mais uniquement ce qui a été donné. L’attribution de la dignité à la créature ne nous invite pas à l’arranger à notre idée, mais à la protéger de l’outrage et du mépris. Car la fin de l’indisponibilité signerait la fin de la dignité.
La protection de la dignité n’a rien à voir avec la libre disposition de soi, au contraire : la dignité précède toujours l’auto-détermination. L’être humain ne peut garantir lui-même sa dignité, c’est donc toujours la dignité d’autrui qu’il faut protéger. Il n’y a de protection de la dignité qu’universelle, lorsque les ressources de la terre sont équitablement partagées entre les tous membres de la famille humaine, lorsque toutes et tous opposent un front uni aux menaces et aux inquiétudes.
La dignité et le climat sont unanimes à ignorer les frontières tracées par l’homme. Dans la Bible, l’idée de dignité est rapportée à la notion de prochain, celle ou celui à qui l’on ne pose pas de question sur sa nationalité, son origine, sa foi ou son intégrité morale. Bien sûr, la parabole du Bon Samaritain concerne les personnes en détresse. Mais des personnes en détresse, notre logique de la faisabilité en « produit » tous les jours.
© Commission Justice et Paix de Suisse - 2016
La beauté peut humaniser les villes
Message du Pape François aux Académies pontificales – 6 décembre 2016
Les artistes ont un devoir important : celui de « créer des œuvres qui portent, à travers le langage de la beauté, une étincelle d’espérance et de confiance » dans un monde qui semble céder à la tentation de l’indifférence et de la laideur. C’est le message adressé par le Pape François, et lu par le cardinal Pietro Parolin, aux participants de la XXIe séance publique des académies pontificales.
À mon vénéré frère, Monsieur le Cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la culture et du Conseil de coordination des académies pontificales
C’est avec une vive gratitude que je m’adresse à vous, Monsieur le Cardinal, à l’occasion de la XXIème Séance publique solennelle des académies pontificales, et j’étends mes cordiales salutations aux cardinaux et aux évêques, aux ambassadeurs, au membres des académies et aux amis qui participent à cet événement, formant le vœu qu’il puisse représenter, pour les lauréats, un encouragement à la recherche et à l’approfondissement des thèmes fondamentaux pour la vision humaniste chrétienne, et pour tous les participants, un moment d’amitié et d’enrichissement culturel et intérieur.
Je me réjouis donc et je félicite les membres de l’insigne Académie pontificale des Beaux Arts et des lettres des virtuoses au Panthéon, la plus ancienne institution académique, née en 1542, le professeur Vitaliano Tiberia que je remercie pour le long et méritoire service rendu comme président, et le professeur Pio Baldi, nouveau président qui a organisé cette année la manifestation qui propose un thème vraiment évocateur et intéressant : « Étincelles de beauté pour un visage humain des villes ». Les symboles et les images présents dans le titre évoquent à l’esprit deux références possibles.
Le premier est le discours adressé aux artistes rassemblés dans la Chapelle Sixtine, de mon prédécesseur Benoît XVI en novembre 2009. J’en reprends un extrait significatif : « Le moment actuel est malheureusement marqué, non seulement par des phénomènes négatifs au niveau social et économique, mais également par un affaiblissement de l’espérance, par un certain manque de confiance dans les relations humaines, c’est la raison pour laquelle augmentent les signes de résignation, d’agressivité, de désespoir…. Qu’est-ce qui peut redonner l’enthousiasme et la confiance, qu’est-ce qui peut encourager l’esprit humain à retrouver le chemin, à lever le regard vers l’horizon, à rêver d’une vie digne de sa vocation sinon la beauté ? » (Insegnamenti v, 2 [2009], p. 589). Il invitait ensuite les artistes à s’engager pour rendre toujours plus humains les lieux de la coexistence sociale : «Vous savez bien — disait-il — que l’expérience du beau, du beau authentique, ni éphémère ni superficiel, n’est pas quelque chose d’accessoire ou de secondaire dans la recherche du sens et du bonheur, car cette expérience n’éloigne pas de la réalité, mais, au contraire, elle mène à une confrontation étroite avec le vécu quotidien, pour le libérer de l’obscurité et le transfigurer, pour le rendre lumineux, beau. » (ibid., 589-590).
Une seconde référence nous renvoie à l’actualité, aux projets de requalification et de renaissance des périphéries des métropoles, des grandes villes, élaborées par de nombreux architectes qualifiés qui proposent, justement, « des étincelles » de beauté, c’est-à-dire des petites interventions à caractère urbain, architectural et artistique à travers lesquels recréer, même dans les contextes les plus dégradés et enlaidis, un sens de la beauté, de la dignité, du décor humain avant d’être urbain. Se fraie donc un chemin la conviction que, même dans les périphéries, il y a des traces de beauté, d’humanité vraie, qu’il faut savoir saisir et valoriser au mieux, qui doivent être soutenues et encouragées, développées et diffusées.
Un écrivain italien, Italo Calvino, affirmait que « les villes, comme les rêves, sont construites de désirs et de peurs » (Le città invisibili, Turin 1972, p.20). Peut-être beaucoup de villes de notre époque, avec leurs faubourgs désolants, ont-elles laissé beaucoup plus d’espace aux peurs qu’aux désirs et aux plus beaux rêves des personnes, surtout des plus jeunes. Dans l’encyclique Laudato si’, j’ai souligné précisément « la relation qui existe entre une éducation esthétique adéquate et le maintien d’un sain environnement », affirmant que « prêter attention à la beauté et l’aimer nous aide à sortir d’un pragmatisme utilitariste. Quand on n’apprend pas à s’arrêter pour admirer et apprécier ce qui est beau, il n’est pas étrange que tout se transforme en objet dont on use et abuse sans scrupules » (n.215).
C’est pourquoi, par exemple, il est nécessaire que les édifices sacrés, à commencer par les nouvelles églises paroissiales, surtout celles qui sont situées dans des contextes périphériques et dégradés, se proposent, même dans leur simplicité et dans ce qu’elles ont d’essentiel, comme des havres de beauté, de paix, d’accueil, favorisant vraiment la rencontre avec Dieu et la communion avec les frères et sœurs, devenant ainsi aussi un point de référence pour la croissance intégrale de tous les habitants, pour un développement harmonieux et solidaire des communautés.
Prendre soin des personnes, à commencer par les plus petits et les plus démunis, et par leurs liens quotidiens, signifie nécessairement prendre aussi soin de l’environnement dans lequel ils vivent. Des petits gestes, des actions simples, de petites étincelles de beauté et de charité peuvent guérir, « recoudre » un tissu humain, outre qu’urbain et environnemental, souvent lacéré et divisé, représentant une alternative concrète à l’indifférence et au cynisme.
C’est ainsi qu’émerge la tâche importante et nécessaire des artistes, en particulier de ceux qui sont croyants et qui se laissent illuminer par la beauté de l’Évangile du Christ : créer des œuvres d’art qui portent, précisément à travers le langage de la beauté, un signe, une étincelle d’espérance et de confiance là où les personnes semblent céder à l’indifférence et à la laideur. Architectes et peintres, sculpteurs et musiciens, cinéastes et hommes/femmes de lettres, photographes et poètes, artistes de toutes les disciplines, sont appelés à faire briller la beauté surtout là où l’obscurité et la grisaille dominent le quotidien ; ils sont les gardiens de la beauté, annonciateurs et témoins d’espérance pour l’humanité, comme l’ont souvent répété mes prédécesseurs. Je les invite donc à prendre soin de la beauté et la beauté guérira de nombreuses blessures qui marquent le cœur et l’âme des hommes et des femmes de notre temps.
Vous souhaitant enfin, à vous, Monsieur le Cardinal, aux membres des Académies et à toutes les personnes présentes un engagement fructueux dans vos domaines d’études et de travail respectifs, je confie chacun de vous à la Vierge Marie, la « Tota pulchra », véritable étincelle de la beauté de Dieu, qui éclaire par sa maternelle protection notre chemin quotidien, tandis que je vous demande, s’il vous plaît, de vous souvenir de moi dans votre prière, et je vous accorde de tout cœur la bénédiction apostolique.
© Libreria Editrice Vaticana - 2016
Commentaire des lectures du dimanche
« Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »
Dans le texte de l’évangile, Jean Baptiste hésite, il est troublé. Se serait-il trompé ? Il croyait que le Messie viendrait comme un juge strict et impartial pour punir et récompenser. Et voilà que Jésus visite les publicains et les pécheurs, il guérit les malades, proclame « bienheureux » les gens doux et ceux et celles qui savent faire la paix. Il dit qu’il ne faut pas juger les autres et qu’il faut aimer ses ennemis. Jean commence à avoir des doutes sérieux sur l’identité de Jésus : « Es-tu vraiment celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
« Jésus répond aux envoyés : allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne se scandalisera pas à cause de moi. »
En citant délibérément ces textes, plutôt que d'autres, Jésus indique quel genre de Messie il a choisi d'être. Dieu ne se manifeste pas par des gestes de vengeance et de triomphe, mais par des actes de bonté envers les défavorisés et les souffrants, les aveugles, les boiteux, les lépreux, les sourds, les publicains et les pécheurs. Sachant que ce genre de messie ne correspond pas à l’attente des gens, le Christ ajoute : « Heureux ceux et celles qui ne se scandaliseront pas, qui ne trébucheront pas à cause de moi ».
Le texte d’Isaïe, dans la première lecture, correspond au texte de l’évangile lorsqu’il dit : « Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s'affolent : “Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu… Il vient lui-même pour vous sauver.” Alors s'ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. » (Isaïe 35, 3-4)
Dans la synagogue de Nazareth, le Seigneur utilisera un autre texte d’Isaïe pour nous proposer cette image du Messie-Sauveur : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur.» (Luc 4, 18-19)
Cette description rappelle la vision de S. Jean dans l’Apocalypse : « J’ai entendu une voix venant du trône disant : Voici la demeure de Dieu parmi les hommes. Il aura sa demeure avec eux ; ils seront son peuple, et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux : de mort, il n’y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé. » (Apocalypse 21, 3?4).
Jésus apporte la paix et affirme que le salut du monde avance chaque fois que le mal recule quelque part. Dieu est à l'œuvre lorsqu’un geste de bonté est posé envers les souffrants, les défavorisés, les pauvres, les rejetés de nos sociétés. Le Dieu de Jésus-Christ, ne se manifeste pas par des gestes de triomphe et de vengeance, mais par des gestes de compassion et d’amour.
L’évangélisation doit prendre sa source, non pas de nos propres idées, mais dans les idées de Dieu que nous retrouvons dans l’Évangile. Lorsque nous transmettons à la génération montante ce que nous savons de Jésus Christ, nous devons transmettre ce qui est écrit dans l’Évangile : notre Dieu est un Dieu de tendresse et de bonté qui ne fait peur à personne, un Dieu proche de nous, qui connaît nos joies, nos succès, nos problèmes, nos peines et nos souffrances et qui nous accompagne tout au long de notre vie.
Ce Messie « incarné », nous le retrouvons dans la crèche de Bethléem. Jésus, petit enfant fragile, est complètement dépendant de ses parents et des gens autour de lui. Les gens l’attendaient fort, puissant, victorieux… il entre dans notre monde en clandestin, un sans papier, un immigrant illégal. « Il n’y a pas de place pour lui dans la salle commune ». Les premiers visiteurs sont de pauvres bergers, ceux qui étaient parmi les plus bas dans l’échelle sociale de son temps. Il mourra entre deux bandits, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche.
C’est là le genre de Messie et de sauveur que Dieu a choisi. C’est pourquoi Jean Baptiste a eu des doutes : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »
Pendant ce temps des Fêtes, le Christ nous demande de le « reconnaître » dans l’humble crèche de Bethléem et, comme lui, de nous rapprocher de ceux et celles qui souffrent : les aveugles, les boiteux, les malades, les personnes seules et abandonnées.
Nous sommes invités à ouvrir nos horizons et nos cœurs, à ne pas penser seulement à nous et aux membres de notre famille avec nos cadeaux et nos invitations. Pendant cette période de joie, de partage et d’échange, il faut éduquer les enfants et les petits enfants non seulement à faire une liste de cadeaux à recevoir, mais aussi une liste de cadeaux à donner ! Il y a tellement de besoins, de souffrances et de solitudes ! Si chacun de nous fait un effort supplémentaire pour rejoindre certaines personnes qui ont besoin d’un peu d’amour et d’affection, Noël aura une véritable signification dans leur vie et dans la nôtre. Nous serons alors une « bonne nouvelle » dans notre monde d’aujourd’hui ?
Le Christ est bien celui qui doit venir et nous n’avons pas à en attendre un autre. « Maranatha, viens Seigneur Jésus ».
© Cursillo – 2016