Pko 10.01.2016

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°03/2016

Dimanche 10 janvier 2016 – Fête du Baptême du seigneur – Année C

Humeurs

« Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font »

Un an après l’attentat qui a frappé sa rédaction, le 7 janvier 2015, l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo sort ce mercredi un numéro spécial dont la Une a enflammé la toile. Dans son éditorial, le patron du journal Riss dénonce « les fanatiques abrutis par le Coran et les culs-bénits d’autres religions qui avaient souhaité la mort d’un journal qui a osé rire du religieux ». Riss assure par ailleurs que « les convictions des athées et des laïcs peuvent déplacer encore plus de montagnes que la foi des croyants ».

Le quotidien du Vatican, L’Osservatore Romano, réagit, dans son édition datée du 6 janvier 2016, à cette nouvelle Une polémique. « Dans le choix de Charlie Hebdo, on retrouve le triste paradoxe d’un monde toujours plus attentif au "politiquement correct", au point de frôler le ridicule (…) mais qui ne veut pas reconnaître et respecter la foi en Dieu de chaque croyant, quel que soit le credo qu’il professe », rapporte le quotidien. « Derrière la bannière trompeuse d’une "laïcité sans compromis", l’hebdomadaire français oublie encore une fois combien de leaders religieux de toute appartenance répètent depuis toujours leur refus de la violence au nom de Dieu », poursuit L’Osservatore Romano.

En France, quelques réactions sont venues de personnalités musulmanes, même si le Prophète Mahomet n'a pas cette fois été visé, ce dessin véhiculant une représentation de Dieu finalement plus proche de l'imagerie judéo-chrétienne. Le président de l’Observatoire contre l’Islamophobie a dénoncé un texte très violent et très insultant à l’égard des religions. La Conférence des évêques français préfère ne pas commenter ce qui ne cherche qu’à provoquer, alors que la France n’a pas besoin de ce genre de polémique.

© Radio Vatican - 2015

Chronique de la roue qui tourne

Un an après les premiers attentats : il y a urgence

En ce début d’année 2016, la Conférence des évêques de France s’associe aux hommages rendus en mémoire des victimes des attentats perpétrés en janvier 2015 et porte aussi, dans sa mémoire, les victimes des attentats du 13 novembre.

Ces blessures subies par la Nation toute entière le sont d’abord pour des personnes ; nos pensées et nos prières vont aux victimes, aux personnes blessées, à leur famille et à leurs proches.

Aujourd’hui, il y a urgence, urgence face aux si nombreux sujets qui nous attendent.

Depuis un an, qu’a-t-on entamé de nouveau ? Quel réveil véritable ont provoqué ces tragiques événements. Tirant des enseignements de notre passé, avons-nous su proposer des perspectives pour la société de demain ?

Sans doute, est-il urgent de repenser notre modèle éducatif, d’apprendre à œuvrer avec les plus démunis, d’entrer dans une réelle sobriété heureuse respectueuse de la Création, de considérer l’homme comme une personne digne d’un infini respect depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, de lutter contre les injustices, d’accueillir la différence et de changer de regard sur l’étranger.

Sans doute est-il urgent d’écouter notre jeunesse et de lui offrir des perspectives d’épanouissement et de bonheur.

Mais l’Église le dit, c’est ensemble que nous réussirons à imaginer et construire l’avenir de notre pays dans le respect de chacun, en reconnaissant l’apport de tous à la collectivité. Tout regard suspicieux porté sur les religions blesse les croyants et tend à les exclure de la communauté nationale.

C’est ensemble, sans exclusion d’aucune sorte, que nous parviendrons à redonner un élan et une perspective à notre pays.

Mgr Olivier RIBADEAU DUMAS

Secrétaire général

Porte-parole de la Conférence des évêques de France

La parole aux sans paroles – 18

Portrait d’homme - Vaitea

Aujourd’hui, la précarité et la solitude sont devenues un vrai fléau qui détruit toute vie stable. Vaitea n’est pas SDF mais il partage plus qu’un simple repas avec les autres.

Ton parcours ?

« J’ai grandi à Papeete et j’étais à La Mennais. Après la 5ème, je me suis inscrit au lycée technique pour faire de la mécanique. Trois mois après, ça n’avançait pas, on passait notre temps à limer un morceau de métal. Donc j’ai quitté pour rejoindre l’école commerciale de l’Église Sanito. Et là, j’ai appris à faire de la gestion, la comptabilité, le stock. Ça m’a tellement plu que j’en ai fait mon métier. J’ai géré une coopérative, j’ai géré les tourteaux à l’huilerie, j’ai géré les aides aux agriculteurs et je me suis occupé du stock du développement rural. Là j’ai commencé à avoir peur. Il y avait beaucoup de manipulations, du « truandisme » dedans, des vols. Je voyais tout et j’ai été menacé. J’ai reçu un coup de fil me disant d’arrêter mes recherches. Je ne sais pas qui était la personne. Mais j’ai prévenu mon chef qui m’a demandé d’arrêter, il fallait qu’on sache qui était cette personne. Je pense que ça vient de la direction, du Territoire. Je ne suis pas sûr, je pense. Mais c’est des gens qui ont fait des malversations dans le service, ils ont volé des millions et des millions. Et avec la recherche du patrimoine et la mise à jour, ça se savait. Ils savaient qu’un jour où l’autre on allait les crocher. Donc j’ai été menacé et j’ai arrêté de faire ce travail. Et parce que je savais trop de choses, ils se sont servis d’un accident de travail pour me licencier. Donc depuis 2005, je me retrouve sans travail. C’est vrai que je ne suis pas SDF. J’habite dans le quartier. Je suis à cheval entre le Bon Samaritain et Te Arata. »

Pourquoi viens-tu à Te Vaiete ?

« Il y a une chose que j’ai horreur dans la vie, c’est de manger seul. C’est monotone, c’est l’ennui. Chez moi, j’ai bien mon fils et sa copine mais ils se lèvent quand le soleil est au milieu. Ils ne se lèvent pas tôt quoi. (Rires) Et si je mange seul, je n’ai pas d’appétit. C’est pour ça que je viens là. Je peux discuter, échanger des idées. »

Excuse-moi cette question mais et ta femme ?

« On a divorcé parce qu’elle a trouvé qu’elle serait mieux sans moi. Un divorce qui s’est passé comme un claquement de doigts. Au début, je n’ai pas compris parce qu’elle m’a mené sur un chemin caillouteux. Après je me suis assis et j’ai réfléchi. Bon, si elle ne voulait plus continuer la vie avec moi, alors ok. Mais on n’est pas parti fâché. On a un enfant ensemble et je n’ai pas envie de montrer à cet enfant l’horreur de parents qui se déchirent. Alors on s’est accordé, on est passé au tribunal. Le juge m’a demandé si je voulais une rente parce qu’elle a habité chez moi et j’ai répondu : “La seule chose que je demande, c’est qu’elle ne déteste pas mon fils. Tout ce qu’elle a pris en partant, cadeau. Je n’ai pas de remords. Je ne lui en veux pas.” »

Depuis quand viens-tu à Te Vaiete et comment ça se passe ?

« Je pense que ça doit bien faire 4 ans et je ne viens pas ici pour juger les autres. Ce n’est pas mon rôle. Je respecte chaque personne telle qu’elle est, quelle que soit sa catégorie sociale. C’est un être humain, c’est tout. »

Ton plus beau souvenir de Te Vaiete ?

« Le rassemblement, de côtoyer des gens tous les jours, de discuter. »

Un dernier message ?

« Mon message à propos des SDF, c’est de ne pas les considérer comme SDF mais comme des hommes. Ce sont des hommes avec toutes leurs qualités et tous leurs défauts. Là, on est tous pareils, on est logé à la même enseigne. »

© Nathalie SH - Accueil Te Vai-ete - 2016

« L’enfance spirituelle », un chemin pour rencontre Jésus

Audience générale du mercredi 31 décembre 2015 – Pape François

Rappelant que la dévotion à l’Enfant Jésus est très diffusée, le Pape a donné l’exemple de Thérèse de Lisieux, qui avait pris comme nom de religieuse « Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face ». Une sainte française que François appelle affectueusement « la Teresita », « la petite Thérèse » en espagnol, et qui « a su vivre "l’enfance spirituelle" qui s’assimile justement en méditant, à l’école de la Vierge Marie, l’humilité de Dieu qui pour nous s’est fait petit ».

Frères et sœurs, bonjour !

En ce temps de Noël, nous voici devant l’Enfant Jésus. Je suis sûr que dans nos maisons, encore tant de familles ont fait une crèche, poursuivant cette belle tradition qui remonte à saint François d’Assise et entretient dans nos cœurs le mystère de Dieu qui se fait homme.

La dévotion à l’Enfant Jésus est très répandue. Tant de saints l’ont cultivée dans leur prière quotidienne, et ont désiré modeler leur vie sur celle de l’Enfant Jésus. Je pense en particulier à sainte Thérèse de Lisieux qui, devenue carmélite, portait le nom de Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face. Sainte Thérèse – qui est aussi Docteur de l’Église – a su vivre et témoigner cette « enfance spirituelle » qui s’assimile en méditant, à l’école de la Vierge Marie, l’humilité de Dieu qui s’est fait petit pour nous. Ce mystère est grand : Dieu est humble ! Nous qui sommes orgueilleux, pleins de vanité et nous croyons si grands, nous ne sommes rien ! Lui, qui est grand, il est humble et se fait enfant. C’est un vrai mystère ! Dieu est humble. Que c’est beau !

Il fut un temps où, dans la personne divine et humaine du Christ, Dieu a été un enfant. Pour notre foi, cela doit avoir une signification particulière. Certes, sa mort sur la croix et sa résurrection sont la plus haute expression de son amour rédempteur, mais n’oublions pas que toute sa vie sur terre constitue une révélation et un enseignement. Dans la période de Noël, nous faisons mémoire de son enfance. Pour grandir dans la foi, nous aurons besoin de contempler plus souvent l’Enfant Jésus. Bien sûr, nous ne connaissons rien de cette période. Les rares indications que nous ayons parlent du moment où il reçut son nom, huit jours après sa naissance, et de sa présentation au Temple (cf. Lc 2,21-28) ainsi que de la visite des mages et de la fuite en Egypte qui s’ensuivit (cf. Mt 2,1-23). Puis, il y a un grand saut jusqu’à ses douze ans, quand, avec Marie et Joseph, il va en pèlerinage à Jérusalem pour la Pâque. Au lieu de repartir avec ses parents, il s’arrête au Temple pour parler avec les docteurs de la loi.

Comme vous voyez, on connaît bien peu de choses de l’Enfant Jésus, mais nous pouvons beaucoup apprendre de Lui en regardant vivre les enfants. Parents et grands-parents ont cette belle habitude de regarder les enfants, ce qu’ils font.

Nous découvrons, tout d’abord, que les enfants veulent notre attention. Ils doivent être au centre, pourquoi ? Par orgueil ? Non ! Parce qu’ils ont besoin de se sentir protégés. Nous aussi, nous devons mettre Jésus au centre de nos vies et savoir, même si cela peut paraître paradoxal, que nous avons la responsabilité de le protéger. Il veut être dans nos bras, il désire qu’on veille sur lui, il veut pouvoir fixer son regard dans le nôtre. Et puis, faire sourire l’Enfant Jésus, lui montrer notre amour et notre joie de l’avoir parmi nous. Son sourire est signe de cet amour qui nous donne la certitude d’être aimés. Enfin, les enfants aiment jouer. Faire jouer un enfant, c’est abandonner notre logique pour entrer dans la sienne. Si nous voulons qu’il s’amuse, il nous faut comprendre ce qu’il aime, et ne pas être égoïstes en lui faisant faire les choses qui nous plaisent à nous. C’est un enseignement pour nous. Devant Jésus, nous sommes appelés à abandonner notre prétention à l’autonomie – voilà le nœud du problème : notre prétention à l’autonomie –, pour accueillir au contraire la vraie forme de liberté qui consiste à connaître Celui qui est devant nous et à Le servir. Lui, cet enfant, c’est le Fils de Dieu qui vient nous sauver. Il est venu parmi nous pour nous montrer le visage du Père riche en amour et en miséricorde. Alors serrons dans nos bras l’Enfant Jésus, mettons-nous à son service : Il est source d’amour et de sérénité. Et de retour chez nous, faisons quelque chose de beau, allons près de la crèche et embrassons le Petit Jésus, en disant : « Jésus, je veux être humble comme toi, humble comme Dieu. » Demandez-lui cette grâce.

© Libreria Editrice Vaticana - 2015

La guerre au nom de Dieu

Présentation et extrait du livre de Jean-Claude GUILLEBAUD : « Le Tourment de la guerre »

Un an après les attentats de Charlie Hebdo, les religions monothéistes sont plus que jamais accusées de provoquer le conflit. Une idée reçue qui ne résiste pas à l'analyse historique.

La guerre était une affaire entendue. Close pour toujours, du moins sur notre sol. Accablés par les horreurs de deux conflits mondiaux, pressés d'enfouir les souvenirs de l'Algérie, fiers d'avoir parachevé avec l'Union européenne le rêve kantien de paix perpétuelle, nous l'avions oubliée, évacuée, niée. Refusé de la penser. Prétendu la déléguer à ceux dont elle deviendrait le métier, eux-mêmes bientôt remplacés par des drones. Un an tout juste après Charlie, au moment même où le conflit du Proche-Orient connaît une nouvelle aggravation avec la rupture des relations diplomatiques entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, le Tourment de la guerre (L'Iconoclaste) nous ramène au sujet.

La guerre, Jean-Claude Guillebaud en fait une affaire personnelle. Celle du fils d'un jeune lieutenant engagé dans les paradoxes de 14-18, celle du reporter de guerre qui arpenta le Vietnam. La mémoire familiale travaille, les drames de l'histoire européenne remuent sous la boue et la cendre qui les recouvrent moins profondément qu'on ne le croit. En Lituanie, en Russie, en Biélorussie, le chroniqueur de La Vie court aux trousses de la mort, saisissant la dimension épique ou romanesque de la chose, sans oublier l'absurde, l'affreux, l'abject. De tous les livres de l'auteur, le Tourment de la guerre est à la fois l'un des plus introspectifs et des plus universels. Brûlant et brillant.

Vous trouverez ci-dessous un extrait de son livre. Pourquoi nous restreindre aux passages évoquant la religion, en particulier le christianisme, quand l'ouvrage s'attaque à la guerre dans sa globalité ? Parce que c'est hélas le débat du moment, entre idée reçue et figure imposée. « L'assassin court toujours », titre Charlie Hebdo pour son numéro anniversaire, affichant un Dieu d'allure judéo-chrétienne armé d'une kalachnikov. Derrière la libre caricature, le sous-texte est clair : la foi, c'est la haine. La guerre revient ? La religion, contrairement aux prévisions, n'a pas fini de partir ? C'est que Yahvé et Allah ont beau ne pas exister, ils veulent que le sang coule. Monothéisme et fanatisme se confondraient donc. Coupable unique, le Dieu unique ! Pour un peu, on finirait par penser que la totalité de l'histoire militaire se réduit aux croisades et aux guerres de religion ou à la fameuse phrase (emblématique mais apocryphe) du sac de Béziers à l'époque des albigeois : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. »

Les héritiers des Lumières devraient donc opposer à la foi la souveraine logique du Mépris civilisé, selon le titre à l'emporte-pièce d'un essai qui paraît également ces jours-ci (Belfond). Face au manichéisme et au simplisme de l'auteur, le psychanalyste Carlo Strenger, un autre psy, disciple de Lacan, apporte une réponse nuancée. « Confondre fanatisme religieux et sentiment religieux relève d'une faiblesse de la pensée », écrit Gérard Haddad (Dans la main droite de Dieu, Premier Parallèle). « Le fanatisme change de forme selon les époques et les lieux », note-t-il. C'est un virus mutant, ou plutôt une hydre dont les têtes tranchées ne cessent de repousser, mais qui a réussi à se greffer jusqu'ici sur quatre souches : la religion certes, mais aussi le nationalisme, le racisme et le totalitarisme. Bref lui opposer l'universalisme des Lumières et n'y voir qu'une manifestation de l'ignorance n'a guère de sens. En définitive, le fanatisme serait plutôt la pathologie de l'universel, quand celui-ci se réduit à une vérité qui abolit toute différence. 

Ce n'est évidemment pas le monothéisme qui fait la violence, le fanatisme, la guerre. Toute l'Histoire et toutes les grandes civilisations le démontrent. Les Aztèques sacrifiaient des êtres humains à Huitzilopochtli, le dieu-soleil, et ils étaient polythéistes. Les 81 936 strophes du Mahabharata, la grande épopée de l'hindouisme, narrent une immense bataille mythologique. Ce n'est pas non plus la religion qui fait la guerre. Voyez les 33 millions de morts (au bas mot) provoqués par la révolte d'An Lushan, un général chinois du VIIIe siècle (le plus grand massacre de l'histoire après la Seconde Guerre mondiale). Ou l'épopée des Mongols de Gengis Khan. C'est plutôt la violence qui a quelque chose de sacré, un sacré de substitution, comme le montrent les totalitarismes athées du dernier siècle.

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L'Église et la guerre

À partir des Xe et XIe siècles, l'Église médiévale s'emploiera avec patience et ténacité à restreindre, contenir, limiter, voire éradiquer la violence. Deux grands dispositifs spirituels et juridiques sont alors instaurés : la paix de Dieu et la trêve de Dieu. Le premier organise la réunion des « assemblées de la paix », qui, en s'opposant frontalement aux seigneurs, s'emploient à mettre fin aux guerres privées qui ravagent le royaume. Il s'agit d'abord d'assurer la sécurité des non-combattants, femmes, enfants, clercs et marchands, qui sont les principales victimes de cette violence endémique.

Le second dispositif utilise habilement le calendrier liturgique pour proscrire la guerre durant certaines périodes précises : l'Avent, le carême, Noël, le temps pascal, etc. Le but est évidemment d'élargir peu à peu la durée totale de ces « trêves ». La royauté fut largement influencée par ces efforts de l'Église en faveur de la paix. En témoigne cette belle recommandation adressée par Louis XV à son fils le Dauphin Louis-Ferdinand : « Voyez ce qu'il en coûte à un bon cœur de remporter des victoires. Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes. La vraie gloire est de l'épargner. »

(...) Ces dispositifs lâcheront tragiquement - comme le font les freins d'une voiture - au moment des guerres de religion. Si l'art de la guerre fut un humanisme, les guerres de religion semblent en avoir été l'abolition. Pour autant, leur souvenir ne s'effacera pas de la mémoire collective. Pour qui prend la peine de le lire, l'édit de Nantes, promulgué en 1598, après 30 années d'horreur et de tueries, porte trace de cette volonté de juguler la violence. (...) Malgré sa révocation, l'épouvante rétrospective des guerres de religion favorisa une modération de la violence sous le règne de Louis XIV. Les armées étaient plus disciplinées et mieux nourries. Les populations civiles souffraient moins de la violence. À partir de 1773, la fameuse « guerre en dentelles » se substituera - pour un temps - à la férocité sans limite des guerres de religion.

Aujourd'hui, l'Église catholique se retrouve devant une difficulté comparable à celle qu'affronta saint Augustin (le théoricien de la « guerre juste ») au moment où les envahisseurs menaçaient Rome et l'Empire. Devant les assassins et terroristes islamistes, face à l'extermination insensée des chrétiens d'Orient, faudrait-il, pour ne pas « ajouter la guerre à la guerre », laisser le champ libre au crime de masse ? Devons-nous, au contraire, consentir à une violence défensive, limitée mais résolue ?

En 2014, le pape François, 16 siècles après saint Augustin, a choisi la seconde solution. Ce choix courageux m'a rappelé l'exemple que donna au monde ce grand protestant que fut le pasteur Dietrich Bonhoeffer. Résolument non violent, initiateur (avec d'autres) de l'Église confessante en Allemagne (hostile au nazisme), il accepta malgré tout d'apporter son aide à la préparation d'un attentat contre Hitler. « Je préfère prendre ce risque, expliqua-t-il, que de laisser massacrer des gens. Et j'espère en la grâce (ultérieure) de Dieu. » Dietrich Bonhoeffer fut pendu le 9 avril 1945 par les nazis au camp de concentration de Flossenbürg, en Bavière.

© La Vie 2016

« Pour être compris les chrétiens doivent restaurer la bienveillance… »

Entretien avec Erwan LE LEMORHEDEC

Erwan Le Morhedec, blogueur sur koztoujours.fr, était jeudi 31 décembre l’invité de l’émission « Face aux chrétiens » présentée par Dominique Gerbaud et coproduite par KTO. Il répondait aux questions de Romain Mazenod (RCF), Camille Meyer (Radio Notre-Dame) et Loup Besmond de Senneville (La Croix).

La Croix : Dans votre livre (1), vous estimez que la laïcité est une valeur creuse, et que ce n’est pas cela qui va permettre aux jeunes musulmans de s’intégrer. Qu’est-ce qui va favoriser leur intégration ?

Erwan Le Morhedec : Depuis quarante ans, on a tendance, en France, à avoir une certaine prédilection pour les pages sombres de l’histoire de France. Je comprends très bien qu’un jeune qui a des origines maghrébines ou africaines ne soit pas emballé à l’idée de s’intégrer dans un pays qui est dépeint de cette manière.

Notre priorité devrait être au contraire de donner des raisons d’aimer la France et de s’y intégrer. Mais dès que l’on dit cela, on est souvent confronté à des réactions légèrement apeurées, comme si cette proposition allait de pair avec une forme de nationalisme.

La Croix : Vous dites aussi que les chrétiens ont l’obligation de prendre la parole. N’ont-ils pas déserté le terrain de la prise de parole ?

Erwan Le Morhedec : Oui, ils ont intégré une forme d’autocensure. Nous sommes souvent influencés par une conception faussée de la laïcité, comme si elle nous interdisait de nous exprimer. Les chrétiens vivent avec cette idée qu’ils ne peuvent pas s’exprimer en tant que tels. Ils devraient au contraire s’exprimer librement. Non pas pour faire claquer des bannières au vent, mais pour prendre sereinement la place qui est la leur dans ce pays.

La Croix : Les religions sont souvent considérées comme suspectes. Comment les rendre plus attractives, à l’heure où l’on assiste à une déchristianisation de la société ?

Erwan Le Morhedec : Je suis assez sensible à la méthode du pape François. Il faut arriver à faire passer à nos contemporains le message du Christ en les convainquant que c’est pour leur bien. Dans le même sens, Benoît XVI, dans le premier tome de son Jésus de Nazareth écrivait : « Je vous remercie de me faire le crédit de la bienveillance sans lequel il n’y a pas de compréhension possible. »

Il faut que nous arrivions à restaurer une forme de bienveillance de nos contemporains, afin qu’ils puissent nous comprendre. La plupart ne voient le catholicisme que comme un truc d’empêcheurs de tourner en rond.

La Croix : Internet est-il un outil d’évangélisation ?

Erwan Le Morhedec : Je n’ai jamais tellement voulu évangéliser en écrivant sur mon blog. En revanche, on peut ouvrir des portes, faire sauter des verrous, susciter l’envie, et ensuite, cela peut se passer dans les paroisses. Mais effectivement, Internet constitue pour les chrétiens un moyen de toucher les uns et les autres.

La Croix : Vous faites l’éloge de l’optimisme, c’est le titre de votre livre. Être optimiste, n’est-ce pas être un peu naïf ?

Erwan Le Morhedec : Non. L’optimisme, ce n’est pas croire que tout ira bien tout seul. C’est croire qu’il y a toujours une voie à trouver, qu’il y a toujours quelque chose à faire. On ne peut pas abandonner cela.

Je me souviens d’un échange entre les philosophes Michel Onfray et François-Xavier Bellamy, à qui l’on posait cette question : « Que diriez-vous à un jeune de 20 ans ? » Onfray répondait en substance : « Vous allez mourir, mais mourez debout. » Et Bellamy : « Demain sera ce que vous ferez et votre liberté est là. »

D’un côté, nous avons un athée, Michel Onfray, de l’autre côté un croyant, François-Xavier Bellamy. Pour moi, l’optimisme est un peu le décalque de l’espérance. Donc en tant que chrétien, je peux et je dois espérer.

© La Croix - 2016

Perdre sa liberté sans gagner en sécurité

Article de Patrick BAUDOUIN dans le  Monde diplomatique de décembre 2015

Alors que la facilité avec laquelle circulent les djihadistes souligne l’insuffisance des moyens mis au service de la justice, le gouvernement répond par un déni de justice supplémentaire, avec la prolongation de l’état d’urgence.

Face à la montée du terrorisme, le débat entre liberté et sécurité prend une acuité sans précédent pour des démocraties dont les fondements mêmes sont menacés. Déjà, à la suite des attaques du 11 septembre 2001 sur le territoire américain, avait été proclamée la « guerre contre le terrorisme ». Les États-Unis avaient alors adopté le Patriot Act, qui permet par exemple de détenir pour une période indéterminée des non-ressortissants, sans aucune charge précise, sur la simple suspicion de participation à des activités terroristes ou de liens avec des organisations terroristes. Ainsi est né le centre de détention de Guantánamo, avec ses centaines de prisonniers qualifiés de « combattants ennemis », victimes des pires traitements et en détention illimitée.

De nombreux autres pays, sur tous les continents, ont emboîté le pas aux États-Unis, mettant en place des législations et des pratiques d’exception qui ont donné lieu à de multiples dérives. Le monde n’en est pas devenu plus sûr pour autant, et les attentats aveugles, loin de disparaître, n’ont cessé de se développer.

Dans la surenchère législative, la France n’a pas été en reste. Dès 1986, après une vague d’attentats attribués à Action directe, un régime d’exception avait été instauré, jetant les bases de la législation antiterroriste française : infractions et règles procédurales spécifiques, durée de garde à vue allongée, pouvoirs policiers renforcés, corps de magistrats spécialisés, cour d’assises spéciale. Depuis lors, plus d’une quinzaine de textes visant chaque fois à renforcer le système d’exception se sont empilés. Le 22 juillet 1996 a ainsi été adoptée une loi qui introduisait en tant qu’infraction autonome la notion très souple d’association de malfaiteurs « en relation avec une entreprise terroriste ». Une disposition que le juge d’instruction Marc Trévidic qualifie d’« outil terriblement efficace, mais également potentiellement dangereux pour les libertés individuelles ».

Dans le contexte de l’après-11-Septembre, une loi ciblant la menace islamiste et présentée comme temporaire, votée le 15 novembre 2001, a été pérennisée par une loi du 18 mars 2003. Elle comporte des dispositions facilitant les perquisitions domiciliaires ou les contrôles des zones aéroportuaires et portuaires, et fait obligation aux opérateurs de conserver et de communiquer leurs données en matière de communications. Ces moyens de surveillance et de contrôle ont été complétés et renforcés par la loi du 9 mars 2004, dite « Perben II », de lutte contre le terrorisme et la grande criminalité, puis par une loi du 23 janvier 2006, consécutive aux attentats de Londres en juillet 2005. Cette dernière autorise par exemple le développement intensif de la vidéosurveillance et l’accès aux fichiers administratifs, et prolonge la durée de la garde à vue de quatre à six jours en cas de « risque de l’imminence d’une action terroriste en France ou à l’étranger ».

Plus récemment, une loi du 13 novembre 2014, censée répondre aux craintes suscitées par les « loups solitaires » après l’attentat commis six mois plus tôt au Musée juif de Bruxelles, a créé le délit d’entreprise terroriste individuelle. Une nouvelle dynamique apparaît avec ce texte : des pouvoirs accrus sont accordés à l’administration et à l’exécutif, avec l’introduction d’une interdiction administrative temporaire de sortie du territoire sur décision du ministre de l’intérieur, ou d’une interdiction administrative d’entrée sur le territoire français, en cas de menace, à l’encontre de tout ressortissant étranger ne résidant pas habituellement en France.

Les attentats des 7 et 9 janvier 2015 à Paris ont quant à eux été suivis du vote de la loi sur le renseignement, dont l’objectif affiché était de renforcer les moyens des services secrets en légalisant des procédés particulièrement intrusifs pratiqués de longue date. Ce texte, arguait le gouvernement, permettrait de mieux encadrer les activités des services. Or l’étendue de son champ d’application, dénoncée par les défenseurs des droits humains, leur laisse au contraire les mains libres pour exercer sans contrôle judiciaire une surveillance à grande échelle qui peut concerner non seulement les individus ciblés, mais aussi leur entourage.

Les attentats ne trouvent pas leur source dans une insuffisance de lois

Un pas supplémentaire et alarmant vient d’être franchi avec les décisions consécutives aux attentats du 13 novembre 2015. Le Parlement a voté à la hâte et à la quasi-unanimité la prorogation pour une durée de trois mois de l’état d’urgence, qui offre aux autorités administratives un large panel de mesures coercitives : couvre-feu, perquisitions à toute heure, contrôle encore renforcé d’Internet, fermeture de lieux publics, interdiction de manifester, assignation à résidence avec obligation de demeurer au domicile imparti douze heures d’affilée, extension de la mise sous surveillance électronique, dissolution d’associations ou de groupements de fait dont l’activité porte atteinte à l’ordre public... Chacune de ces mesures comporte des risques de dérives. Ainsi, des perquisitions pourront avoir lieu en pleine nuit chez des personnes finalement étrangères à tout acte de terrorisme ; les assignations à résidence sont autorisées dès lors qu’existeraient des menaces fondées « sur des présomptions sérieuses », ce qui demeure très vague ; certaines manifestations seront interdites non pour le motif allégué de danger terroriste, mais en vertu d’autres considérations inavouées.

L’ensemble s’inscrit dans une tendance lourde de mise à l’écart du juge, pourtant garant essentiel des libertés individuelles. Il faut encore y ajouter le projet d’insérer dans la Constitution un article relatif à un état de crise ou un état d’urgence, ainsi que l’extension de la possibilité de déchéance de nationalité à des binationaux nés sur le territoire français. Cette dernière mesure, dénuée de toute utilité réelle, revêt une portée symbolique désastreuse.

Pour justifier ces initiatives, le président de la République, adoptant une attitude martiale, reprend à son compte les expressions bushiennes de « guerre contre le terrorisme » et d’« éradication des terroristes ». Une telle posture est à la fois inefficace pour ce qu’il suffit d’appeler, sans recourir à un langage guerrier inutile, la lutte contre le terrorisme, et dangereuse pour les libertés. Un engrenage infernal conduit, après chaque tuerie, à adopter dans la panique des dispositions aussi contreproductives qu’illégitimes.

Où s’arrêtera cette surenchère, sachant que des députés du Parti socialiste et des Républicains militent déjà en faveur d’un contrôle des médias ? La loi est devenue un simple instrument de communication politique ; elle permet de rassurer, non sans démagogie ni arrière-pensées électorales, une opinion légitimement horrifiée et bouleversée, en restant sur le terrain de l’émotion au lieu de mener la réflexion nécessaire.

La sécurité est une liberté essentielle, et l’État a le devoir d’assurer la protection des citoyens. Encore faut-il qu’il le fasse par des mesures appropriées et efficaces. À cet égard, si le recours à l’état d’urgence était sans doute justifié pour une période de douze jours, il est stupéfiant de voir que le Parlement ne s’est pas interrogé sur l’opportunité de sa prorogation pour trois mois. Le blanc-seing donné pour une durée aussi longue fait fi de la tradition républicaine de la proportionnalité et du contrôle en cas de mesures d’exception. Il en dit long sur la perte des repères démocratiques.

Toutes ces entorses aux libertés sont d’autant plus regrettables que les attentats ne trouvent pas leur origine dans une insuffisance de lois répressives, mais bien plutôt dans les défaillances des services secrets, de la police et de la justice, dues à un manque de moyens financiers, techniques et humains. Ce sont ces moyens qu’il convient de renforcer, comme le réclament de longue date les professionnels chargés de combattre le terrorisme.

Un climat de suspicion s’instaure, contribuant à la détérioration du lien social

Les principales victimes des dérives sécuritaires risquent d’être les citoyens eux-mêmes, qui voient se multiplier les atteintes à leur vie privée et à leurs libertés. L’acte terroriste a pour but de provoquer la terreur et d’intimider une population. Ses auteurs cherchent à déstabiliser et à fragiliser les démocraties en discréditant leurs valeurs universelles de liberté et d’humanité. S’affranchir un tant soit peu des règles de l’Etat de droit revient à leur concéder la victoire.

Une analyse raisonnée impose au contraire de conduire la lutte avec toute la fermeté nécessaire, mais dans le respect des droits fondamentaux. On rappellera les propos toujours d’actualité tenus par M. Kofi Annan lorsqu’il était secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) : « Les droits de l’homme ne peuvent être sacrifiés au profit de la lutte contre le terrorisme. Il n’y a rien d’incompatible entre la défense des droits de l’homme et la lutte contre le terrorisme. Au contraire, le principe moral qui sous-tend les droits de l’homme, celui d’un profond respect pour la dignité de chaque individu, est une de nos armes les plus puissantes pour combattre le terrorisme. »

On n’oubliera pas non plus que l’adoption de telles mesures conduit à la stigmatisation des personnes les plus exposées, qui, à l’encontre du but recherché, risquent alors de basculer dans l’extrémisme. Un climat de suspicion s’instaure, contribuant progressivement à une détérioration du lien social et créant de nouvelles tensions. Il appartient à chaque citoyen de ne pas céder au réflexe de peur, et de comprendre que ce n’est pas par une atteinte aux libertés que sa sécurité sera assurée.

Patrick BAUDOUIN.

© Le Monde diplomatique - 2015

Commentaire des lectures du dimanche

Nous avons écouté dans la première lecture que le Seigneur se préoccupe de ses enfants comme un parent : il se préoccupe de donner à ses enfants une nourriture substantielle. À travers le prophète, Dieu dit : « Pourquoi dépenser de l’argent pour autre chose que du pain, et ce que vous avez gagné, pour ce qui ne rassasie pas ? » (Is 55, 2). Dieu, comme un bon père et une bonne mère, veut donner de bonnes choses à ses enfants. Et quelle est cette nourriture substantielle que Dieu nous donne ? C’est sa Parole : sa Parole nous fait croître, nous apporte de bons fruits dans la vie, comme la pluie et la neige font du bien à la terre et la rendent féconde (cf. Is 55, 1-11). Ainsi, vous parents, et vous aussi, marraines et parrains, grands-parents, oncles et tantes, vous aiderez ces enfants à bien grandir si vous leur donnez la Parole de Dieu, l’Évangile de Jésus. Et le donner aussi par l’exemple ! Tous les jours, prenez l’habitude de lire un passage de l’Évangile, tout petit, et portez toujours avec vous un petit Évangile dans la poche, dans votre sac, pour pouvoir le lire. Et cela sera l’exemple pour les enfants, de voir papa, maman, les parrains et marraines, grand-père, grand-mère, les oncles et tantes, lire la Parole de Dieu.

Vous, mamans, vous donnez à vos enfants le lait — maintenant aussi, s’ils pleurent parce qu’ils ont faim, allaitez-les tranquillement. Nous rendons grâce au Seigneur pour le don du lait, et nous prions pour ces mamans — si nombreuses malheureusement — qui ne sont pas en mesure de donner à manger à leurs enfants. Prions et efforçons-nous d’aider ces mamans. Donc, ce que fait le lait pour le corps, la Parole de Dieu le fait pour l’esprit : la Parole de Dieu fait croître la foi. Et grâce à la foi, nous sommes engendrés par Dieu. C’est ce qui a lieu avec le baptême. Nous avons écouté l’apôtre Jean : « Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu » (1 Jn 5, 1). C’est dans cette foi que vos enfants sont baptisés. Aujourd’hui, c’est votre foi, chers parents, parrains et marraines. C’est la foi de l’Église, dans laquelle ces petits reçoivent le baptême. Mais demain, avec la grâce de Dieu, ce sera leur foi, leur « oui » personnel à Jésus Christ, qui nous donne l’amour du Père.

Je disais : c’est la foi de l’Église. Cela est très important. Le baptême nous inscrit dans le corps de l’Église, dans le peuple saint de Dieu. Et dans ce corps, dans ce peuple en chemin, la foi est transmise de génération en génération : c’est la foi de l’Église. C’est la foi de Marie, notre Mère, la foi de saint Joseph, de saint Pierre, de saint André, de saint Jean, la foi des apôtres et des martyrs, qui est arrivée jusqu’à nous, à travers le baptême : une chaîne de transmission de la foi. Cela est très beau ! C’est un passage d’une main à l’autre de la bougie de la foi : nous l’exprimerons également d’ici peu avec le geste d’allumer les bougies au grand cierge pascal. Le grand cierge représente le Christ ressuscité, vivant parmi nous. Vous, familles, prenez de Lui la lumière de la foi à transmettre à vos enfants. Cette lumière, vous la prenez dans l’Église, dans le corps du Christ, dans le peuple de Dieu qui marche en tout temps et en tout lieu. Enseignez à vos enfants que l’on ne peut être chrétien en dehors de l’Église, on ne peut suivre Jésus Christ sans l’Église, parce que l’Église est mère, et elle nous fait croître dans l’amour de Jésus Christ.

Un dernier aspect ressort avec force des Lectures bibliques d’aujourd’hui : dans le baptême, nous sommes consacrés par l’Esprit Saint. Le terme « chrétien » signifie cela, signifie consacré comme Jésus, dans le même Esprit dans lequel a été immergé Jésus dans toute son existence terrestre. Il est le « Christ », l’oint, le consacré, nous baptisés sommes « chrétiens », c’est-à-dire consacrés, unis. Et alors, chers parents, chers parrains et marraines, si vous voulez que vos enfants deviennent de véritables chrétiens, aidez-les à croître « immergés » dans l’Esprit Saint, c’est-à-dire dans la chaleur de l’amour de Dieu, dans la lumière de sa Parole. Pour cela, n’oubliez pas d’invoquer souvent l’Esprit Saint, tous les jours. « Priez-vous, Madame ? » — « Oui » — « Qui priez-vous ? » — « Je prie Dieu » — Mais « Dieu, ainsi, n’existe pas : Dieu est une personne et en tant que personne existe le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Toi, qui pries-tu ? » — « Le Père, le Fils, le Saint-Esprit ». D’habitude, nous prions Jésus. Lorsque nous prions le « Notre Père », nous prions le Père. Mais nous ne prions pas beaucoup l’Esprit Saint. Il est très important de prier l’Esprit Saint, parce qu’il nous enseigne à faire vivre la famille, les enfants, afin que ces enfants grandissent dans l’atmosphère de la Sainte Trinité. C’est précisément l’Esprit qui les fait aller de l’avant. C’est pourquoi, n’oubliez pas d’invoquer souvent l’Esprit Saint, tous les jours. Vous pouvez le faire, par exemple, avec cette simple prière : « Viens, Esprit Saint, remplis les cœurs de tes fidèles et allume en eux le feu de ton amour ». Vous pouvez faire cette prière pour vos enfants, et bien sûr pour vous-mêmes !

Lorsque vous faites cette prière, vous sentez la présence maternelle de la Vierge Marie. Elle nous enseigne à prier l’Esprit Saint, et à vivre selon l’Esprit, comme Jésus. Que la Vierge, notre Mère, accompagne toujours le chemin de vos enfants et de vos familles. Ainsi soit-il.

© Libreria Editrice Vaticana - 2015