Pko 03.01.2016

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°02/2016

Dimanche 3 janvier 2016 – Solennité de l’Épiphanie – Année C

Humeurs

Sainte et Miséricordieuse Année à tous…

 

« Un fleuve de misère n'est rien face à un océan de miséricorde » (Pape François)

Que nous souhaiter en cette nouvelle année 2016 au-delà des banalités habituelles ?

Je nous souhaite beaucoup de souffrances… non pas des souffrances infligées par d’autres à notre égard ou des souffrances dues à la maladie… non pas de ces souffrances-là…

Je nous souhaite de ne pas cesser de souffrir de voir l’homme défiguré par les guerres, les violences de toutes sortes… par l’égoïsme et l’individualisme que produit notre société…

Je nous souhaite de ne jamais nous habituer à l’humiliation subit par tant d’hommes et de femmes, sacrifiés sur l’autel du toujours plus pour toujours moins de personnes… sur l’autel de la croissance économique aveugle et déshumanisée…

Je nous souhaite une année de miséricorde… une année où notre cœur s’ouvrira à l’Amour et se donnera aux autres…

Que Dieu fasse de nous des artisans de sa Miséricorde et qu’il nous donne de ne jamais nous habituer à l’offense faite à la dignité de l’homme… quelque soit l’homme…

Du haut de la Croix, Christ pardonne à ceux qui le crucifie avant même qu’ils n’aient exprimés le moindre repentir… Qu’en cette Année de la Miséricorde nous trouvions la grâce de faire de même… d’être Miséricorde

Sainte et Miséricordieuse Année à tous… Soyez un « océan de miséricorde » afin de submerger et engloutir le « fleuve de la misère ».

Chronique de la roue qui tourne

Chère année 2016

Chère année 2016,

Puisque nous allons faire un petit bout de chemin ensemble, je me permets de vous écrire.

Certes, vous ne serez qu’une année dans ma vie mais j’aime croire que chaque détail compte.

2015 n’a pas toujours été rose. Tant de violence, tant de drame et tant de misère. J’espère que vous avez prévu un programme plus réjouissant, le cimetière est rempli d’années catastrophique. Essayez de faire mieux ! Il est vrai que vous êtes une année bissextile, vous comptez donc un jour de plus. Pfff, rien d’extraordinaire, d’autres années le seront aussi ! J’attends davantage de vous. Je place tant d’espoir en vous. Je suis déterminée à faire de vous une année exceptionnelle, bien sûr ça serait plus simple s’y vous mettiez un peu du vôtre.

Oh je sais, vous ne serez pas un long fleuve tranquille. Comme chaque année, vous avez un lot d’épreuves, de difficultés et de surprises.

Mais sachez que je m’engage à vous vivre pleinement, dans le malheur comme dans le bonheur. Bon, je ne vous cache pas qu’un peu plus de bonheur me plairait bien. Je m’engage à attendre chacun de vos matins, sachant que je suis opérationnelle qu’à compter de 8h. Je m’engage à suivre tous les chemins que vous mettrez devant moi, si vous pouviez inclure une option GPS ça m’aiderait beaucoup. Je m’engage à profiter de chaque moment. Évitez quand même de jouer avec mes nerfs, ma tension montera et vous aurez ma mort sur votre conscience. Je m’engage à savourer la vie simplement, mais s’il vous prenait l’envie de me faire gagner au loto, de grâce prévenez-moi avant, que j’aille jouer. Je m’engage à préserver ma santé tout d’abord, donc épargnez-moi les chigunkunya, zika et compagnie.

Bien évidemment, ceci est un engagement tacite, sans possibilité de renouvellement puisque vos jours sont comptés. Si ça peut vous rassurer, sachez que je ferai tout pour, qu’à la fin de l’année, vous restiez un beau souvenir.

Cordialement

La chaise masquée

La parole aux sans paroles – 17

Vœux des Sans-Paroles et des bénévoles

Pour commencer l’année, laissons la tribune ouverte aux messages et bons vœux des SDF et bénévoles.

« Je souhaite à tout le monde une bonne santé et, bien sûr, une bonne année et la Paix. Qu’on vive en paix. »

Vaitea

« Joyeux Noël et bonne année à tout le monde. Moi, j’espère que cette nouvelle année va améliorer notre vie. »

Taina

« Je souhaite, pour cette nouvelle année, qu’on puisse avoir quelque chose comme un travail. Parce que, sans travail, on ne peut pas avoir un endroit stable. Et c’est ça notre plus grand problème. – Un message pour ta famille ? – Ma famille s’en fout de moi, alors je m’en fous d’eux. Aujourd’hui, tous les SDF sont ma famille. Mais j’ai un message pour mes enfants. Je souhaite que mes enfants restent toujours sous un toit, qu’ils ne fassent pas comme leur maman. »

Tepua

« La paix. »

Ramona

« Pour moi, c’est un jour comme un autre, ça ne change rien à ma vie. » (Rires)

Théodore

« Je souhaite de bonnes fêtes à mon grand-père qui est dans les îles, à mes deux sœurs et leurs enfants, à mon frère qui est à Bora avec sa femme et ses enfants. Bonne année et bonne santé !  »

Liberta

« Je voudrais qu’on ramène mes enfants, je voudrais une maison. »

Christine

« Joyeux Noël et bonne année. Tous les bons vœux. »

Rai

« Que la Paix soit sur le monde et que l’Amour soit dans les cœurs. Iaorana. »

Pascal, bénévole à Te Vaiete

« Je veux beaucoup de copains, de copines. » (Rires)

Josélito

« J’espère que ma famille va passer de bonnes fêtes ! Voilà, c’est tout. »

Judith

« Un beau message pour la communauté marginale de Papeete, aussi bien les SDF que le monde de la nuit, qu’ils gardent la santé. Qu’ils fassent attention à eux. Le monde extérieur a peur d’eux mais eux doivent se méfier du monde extérieur. Il faut qu’ils se préservent. On est là pour les aider. Les services de soins sont là mais, comme ils sont timides, ils n’osent pas venir. Donc on vient vers eux pour les préserver. Actuellement les maladies sexuellement transmissibles sont en train de flamber. Donc s’ils ont besoin de quelque chose, on est là pour eux. Un joyeux Noël et une bonne année à tout le monde ! »

Stéphane, infirmier et bénévole à Te Vaiete

 « Bonne année à ma famille, mes frères qui sont en prison. J’espère que notre vie va changer, il faut que la vie change. »

Reia

« J’ai envie de souhaiter de bonnes fêtes à toute ma famille à Tahiti, aux Îles-Sous-Le-Vent, en Nouvelle-Calédonie et en France aussi. J’ai des frères et sœurs en Nouvelle-Calédonie et deux sœurs en France. »

Tamanui

« Joyeux Noël et bonne année à tout le monde ! »

Moea

© Nathalie SH - Accueil Te Vai-ete - 2016

Un fleuve de misère n’est rien face à un océan de miséricorde

Homélie du 1er janvier 2016 2015 – Pape François

Face à « un fleuve de misère, alimenté par le péché », le Pape a invité les fidèles à s’immerger dans « un océan de miséricorde » pour « se laisser régénérer, vaincre l’indifférence qui empêche la solidarité, et sortir de la fausse neutralité qui empêche le partage ». Dans son homélie, le Pape a répondu à la question que se posent des milliers de fidèles qui s'interrogent sur la persistance de la souffrance et de la mort dans le monde, malgré la naissance du Christ.

Chers frères et sœurs

Nous avons entendu les paroles de l’apôtre Paul : « Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4).

Que signifie le fait que Jésus naisse à « la plénitude des temps » ? Si notre regard se dirige vers le moment historique, nous pouvons vite rester déçus. Rome dominait sur une grande partie du monde connu par sa puissance militaire. L’empereur Auguste était arrivé au pouvoir après avoir combattu cinq guerres civiles. Même Israël avait été conquis par l’empereur romain et le peuple élu était privé de liberté. Pour les contemporains de Jésus, par conséquent, ce n’était certainement pas le temps le meilleur. Ce n’est donc pas vers la sphère géopolitique que l’on doit regarder pour définir le sommet du temps.

Une autre interprétation est alors nécessaire, qui comprenne la plénitude à partir de Dieu. Lorsque Dieu établit que le moment d’accomplir la promesse faite est arrivé, alors pour l’humanité se réalise la plénitude des temps. Donc, ce n’est pas l’histoire qui décide de la naissance du Christ ; c’est, plutôt, sa venue dans le monde qui permet à l’histoire d’atteindre sa plénitude. C’est pour cela qu’à partir de la naissance du Fils de Dieu, commence le calcul d’une nouvelle ère, celle qui voit l’accomplissement de l’antique promesse. Comme écrit l’auteur de la Lettre aux Hébreux : « À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes chose et par qui il a créé les mondes. [Il est le] rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être, et porte l’univers par sa parole puissante » (1, 1-3). La plénitude des temps, donc, est la présence de Dieu personnellement dans notre histoire. Maintenant, nous pouvons voir sa gloire qui resplendit dans la pauvreté d’une étable, et être encouragés et soutenus par son Verbe qui s’est fait « petit » dans un enfant. Grâce à Lui, notre temps peut trouver sa plénitude. Notre temps personnel aussi trouvera sa plénitude dans la rencontre avec Jésus-Christ, Dieu fait homme.

Cependant, ce mystère semble contraster avec la dramatique expérience historique. Chaque jour, tandis que nous voudrions être soutenus par des signes de la présence de Dieu, nous devons rencontrer des signes opposés, négatifs, qui le font plutôt sentir comme absent. La plénitude des temps semble s’effriter devant les multiples formes d’injustice et de violence qui blessent chaque jour l’humanité. Parfois nous nous demandons : comment est-il possible que perdure le mépris de l’homme par l’homme ?, que l’arrogance du plus fort continue à humilier le plus faible, le reléguant aux marges les plus sordides de notre monde ? Jusqu’à quand la méchanceté humaine sèmera sur la terre violence et haine, provoquant d’innocentes victimes ? Comment ce peut être le temps de la plénitude, ce que nous donnent à voir des multitudes d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient la guerre, la faim, la persécution, disposés à risquer leur vie pour voir respectés leurs droits fondamentaux ? Un fleuve de misère, alimenté par le péché, semble contredire la plénitude des temps réalisée par le Christ. Rappelez-vous, chers pueri cantores, c’était la troisième question que vous m’avez posée hier : comment cela s’explique… Les enfants aussi se rendent compte de cela.

Pourtant, ce fleuve en crue ne peut rien contre l’océan de miséricorde qui inonde notre monde. Nous sommes tous appelés à nous immerger dans cet océan, à nous laisser régénérer, pour vaincre l’indifférence qui empêche la solidarité, et sortir de la fausse neutralité qui empêche le partage. La grâce du Christ, qui porte l’attente du salut à son accomplissement, nous pousse à devenir ses coopérateurs dans la construction d’un monde plus juste et fraternel, où chaque personne et chaque créature puisse vivre en paix, dans l’harmonie de la création originaire de Dieu.

Au début d’une nouvelle année, l’Église nous fait contempler la maternité divine de Marie comme icône de paix. L’antique promesse s’accomplit en sa personne. Elle a cru aux paroles de l’Ange, elle a conçu le Fils, elle est devenue Mère du Seigneur. À travers elle, à travers son “oui”, est arrivée la plénitude des temps. L’Évangile que nous avons entendu dit que la Vierge « retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur » (Lc 2, 19). Elle se présente à nous comme un vase toujours rempli de la mémoire de Jésus, Siège de la Sagesse, où puiser pour avoir l’interprétation cohérente de son enseignement. Aujourd’hui, elle nous offre la possibilité de saisir le sens des événements qui nous touchent personnellement, qui touchent nos familles, nos pays et le monde entier. Là où ne peut arriver la raison des philosophes ni les négociations de la politique, là peut arriver la force de la foi qui porte la grâce de l’Évangile du Christ, et qui peut toujours ouvrir de nouvelles voies à la raison et aux négociations.

Bienheureuse es-tu, Marie, parce que tu as donné au monde le Fils de Dieu ; mais encore plus heureuse es-tu pour avoir cru en Lui. Pleine de foi, tu as conçu Jésus d’abord dans ton cœur et puis dans ton sein, pour devenir Mère de tous les croyants (cf. Augustin, Sermon 215, 4). Mère, étends sur nous ta bénédiction en ce jour qui t’est consacré ; montre-nous le visage de ton Fils Jésus, qui donne au monde entier miséricorde et paix.

Amen

© Libreria Editrice Vaticana - 2016

La déchéance de la nationalité… une longue histoire

Une vieille question que refait surface…

Annulées à la Libération, les déchéances de nationalité prononcées par Vichy à l’encontre des juifs et des Français libres ont discrédité cette pratique. L’idée d’une perte de la qualité de Français est pourtant issue de la Révolution française et a notamment été utilisée dans la lutte contre l’esclavage.

La déchéance de la nationalité française telle qu’elle existe déjà dans le code civil possède une longue histoire, bien avant que son utilisation sous l’autorité du maréchal Philippe Pétain, entre le 16 juillet 1940 et la Libération, ne la discrédite.

La constitution de 1791

La première constitution française, en 1791, ne parle pas explicitement de déchéance de la nationalité mais prévoit la perte de la qualité de Français.

Dans son livre de référence Qu’est-ce qu’un Français ? (Grasset, 2002), l’historien Patrick Weil souligne cependant qu’à l’époque, « étaient mêlés les motifs de perte de la qualité de Français (par exemple la naturalisation en pays étranger) et de la seule qualité de citoyen politique (la condamnation aux peines qui emportent la dégradation civique ou le jugement de contumace) ».

Cette « confusion » entre déchéance de la nationalité française et seule privation des droits civiques ne sera que progressivement résorbée.

Le code civil

En 1804, le Code civil liste les causes de déchéance de la nationalité, y compris pour les Français nés Français, qui ne seront plus dans la Constitution.

Y figurent notamment « la naturalisation acquise en pays étranger », « tout établissement fait en pays étranger, sans esprit de retour », « l’acceptation non autorisée par le gouvernement, de fonctions publiques conférées par un gouvernement étranger » ou le cas de celui qui « sans autorisation du gouvernement, prendrait du service militaire chez l’étranger ».

La logique de ces déchéances a été expliquée dans l’exposé des motifs, en 1803, par le conseiller d’État Jean-Baptiste Treilhard : il s’agit de « causes qui supposent une renonciation à sa patrie » car « il est assez évident que, dans tous ces cas, la qualité de Français ne peut plus se conserver : on ne peut pas avoir deux patries ».

La lutte contre l’esclavage

Le décret d’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848 ajoute un motif moral à la déchéance de la nationalité française, y compris pour des Français nés Français : « À l’avenir, même en pays étranger, il est interdit à tout Français de posséder, d’acheter ou de vendre des esclaves et de participer, soit directement, soit indirectement, à tout trafic ou exploitation de ce genre. Toute infraction à ces dispositions entraînera la perte de la qualité de citoyen français. »

La formule de « perte de la qualité de citoyen français » renvoie à l’actuelle déchéance de nationalité. « C’est renier son pays que d’en renier le dogme fondamental », argumente ainsi Victor Schœlcher en préparant son texte.

La jurisprudence confirmera que, dans ce décret « la déchéance de la qualité de citoyen français ne pourrait être assimilée à la dégradation civique, qui ne prive pas le condamné de sa nationalité » (Cour Alger, 19 janvier 1898, affaire El Guerbaoni Abdallah ben Abdelkader).

La première guerre mondiale

C’est dans le contexte de la Première Guerre mondiale que la déchéance de nationalité est explicitement mentionnée dans le droit français à l’occasion de deux lois, en 1915 et 1917 : « En cas de guerre entre la France et une puissance à laquelle a ressorti un étranger naturalisé, celui-ci pourra être déchu de la naturalisation lorsqu’il aura conservé la nationalité de son pays d’origine ou du pays dans lequel il a été antérieurement naturalisé. »

Sont par ailleurs « révisées toutes les naturalisations accordées postérieurement au 1er janvier 1913 à des sujets ou anciens sujets de puissance en guerre avec la France ».

Le code de la nationalité de 1927

L’actuelle déchéance de la nationalité provient plus directement du code de la nationalité de 1927. Pendant dix ans après l’acquisition de la nationalité française, le Français naturalisé pouvait être déchu, en particulier « pour avoir accompli des actes contraires à la sûreté intérieure et extérieure » ou « pour s’être livré, au profit d’un pays étranger, à des actes incompatibles avec la qualité de citoyen français et contraires aux intérêts de la France ».

Cette période durant laquelle la déchéance de la nationalité était possible équivalait à une sorte de période d’essai, les Français naturalisés depuis moins de dix ans n’étant pas immédiatement égaux avec les autres Français (ils ne pouvaient autrefois pas non plus se présenter aux élections).

Si des modifications sont intervenues depuis, entre 1938 et 2006, cette législation sur la déchéance de la nationalité correspond aux actuels articles 25 et 25-1 du code civil.

Le décret-loi du 9 septembre 1939

Dans le contexte du pacte germano-soviétique entre Adolf Hitler et Joseph Staline puis du déclenchement de la Seconde Guerre, un décret-loi du 9 septembre 1939 étend la déchéance de la nationalité à « tout Français qui se sera comporté comme le ressortissant d’une puissance étrangère ». C’est sur ce fondement que les dirigeants communistes André Marty (27 janvier 1940) et Maurice Thorez (17 février 1940) seront déchus de la nationalité française par la IIIe République.

À la Libération, l’ordonnance du 19 octobre 1945 sur la nationalité précisera que cette déchéance n’est désormais possible que si l’intéressé possède également la nationalité de l’État concerné.

Cette législation sur la déchéance de la nationalité correspond à l’actuel article 23-7 du code civil : « Le Français qui se comporte en fait comme le national d’un pays étranger peut, s’il a la nationalité de ce pays, être déclaré, par décret après avis conforme du Conseil d’État, avoir perdu la qualité de Français ».

Laurent de BOISSIEU

© La Croix - 2015

Le pape a dit que l’acte d’amour…

Méditation sur la charité chez le Pape François

Tous les prêtres n’ont pas le sens de la concision. Ça ne vient pas forcément avec l’ordination. C’est comme la foi, d’ailleurs : ça ne vient pas toujours avec le baptême. Je déjeunais avec un prêtre. Lui, boudin noir, ça va avec son habit. Moi, salade aux gésiers, passons. Entre le boudin et le café, il me soumettait, le prêtre, au demeurant breton et auteur, son analyse de l’appel du pape. Bien que j’eusse préféré la concevoir moi-même, je ne peux pas la celer plus longtemps et je me dois de la livrer derechef, face aux interrogations et interpellations que je lis ou reçois.

Il perçoit trois dimensions dans cet appel.1

1. La charité, première et suffisante. Face à un homme qui souffre, qui a besoin de secours, on ne se pose pas de questions : on aide. C’est l’élan spontané du cœur, l’élan de l’humanité.

C’est, indirectement, Romains 12, 15 : « Soyez joyeux avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent ». C’est, évidemment, très directement, Matthieu 25, 35 : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli »2. C’est encore Luc 10, 29-37, le Bon Samaritain : « Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même ». Avec cette subtilité supplémentaire que Jésus choisit un non-juif pour illustrer sa parabole.

2. Le message aux pays musulmans. Nous sommes dans un temps de globalisation, d’échange, et ce temps apporte avec lui la confrontation et l’angoisse. Dans les pays occidentaux comme dans les pays musulmans, chacun craint de perdre son identité. Des rhétoriques réciproques s’emballent : pour les musulmans, les Occidentaux sont en croisade, et pour les Occidentaux, les musulmans sont en djihad. On peut choisir de s’armer et de préparer un affrontement que l’on considère inéluctable. On peut le susciter : c’est d’ailleurs ce que l’on peut soupçonner de la stratégie de Daech, qui chercherait un « choc civilisationnel » pour faciliter l’émigration dans les pays arabes (contrairement à ce que certains prétendent, Daech n’a pas pour stratégie de susciter une submersion de l’Europe).

On peut aussi, comme le Christ y invite, songer à rompre l’engrenage. Il est remarquable de constater comme Il nous incite à dépasser les réactions binaires. C’est le cas quand Il enjoint de tendre l’autre joue : donner l’occasion de rompre l’enchaînement de la violence. C’est le cas aussi dans l’évangile de la femme adultère : face aux alternatives simplistes qu’on Lui propose/oppose, Il avance une troisième voie.3

Or, les opinions des pays musulmans pourront-elles continuer à invoquer une guerre de religions, quand c’est le chef de l’Eglise catholique qui demande expressément à ses fidèles d’accueillir les leurs ? Et quand, de surcroît, les pays musulmans du Golfe, eux, gardent leurs portes fermées ? Bien sûr, des cœurs et des esprits resteront fermés. C’est ainsi ici aussi. D’autres, de meilleure volonté, pourront y être sensibles.

3. Le message aux réfugiés musulmans. Ces réfugiés viendront. Parce que la situation de leurs pays les y contraint. Sans négliger l’importance de ne pas les déraciner totalement, il est utile, pour intégrer véritablement, de les répartir autant que possible sur le territoire plutôt que les concentrer, comme on l’a fait trop souvent. Le maillage des paroisses est bienvenu à cet égard.

Mais surtout, que pourront penser plus tard, parmi eux, les réfugiés musulmans accueillis par des chrétiens, qu’ils restent ou s’en retournent d’ailleurs ? Quelle impression garderont ils de ces chrétiens qui les accueillent… ou les rejettent ?

Combien d’enfants juifs gardent en mémoire les familles qui les ont recueillis pendant la guerre ? Ces familles ne les ont pas recueillis pour contribuer à une meilleure compréhension ultérieure mais on ne peut pas se plaindre que cette charité spontanée, et risquée, ait pu porter ce fruit. En terme de fruit, d’ailleurs, si, cerise sur le gâteau, cela leur permet aussi de connaître le christianisme…

Reprenons, pour dissiper tout doute : la charité est première et suffisante. On ne doit rien en attendre de plus, on ne doit pas la négocier, on ne doit pas la conditionner. Benoît XVI l’a développé de façon limpide et définitive dans son encyclique Deus Caritas Est (31)4. Mais parce que certains sont troublés, s’interrogent légitimement, que d’autres le font plus péremptoirement (tel cet évêque hongrois, soudaine coqueluche d’un certain milieu) jusqu’à croire naïf ce pape un peu rusé, il n’est pas inutile de songer aux fruits de cette charité.

Cette approche n’ignore pas les risques : la charité court le risque de l’ingratitude, la confiance celui d’être déçue. On les choisit en conscience, et en connaissance de cause. Mais elles sont le moteur de la paix. « Il faut du courage pour dire oui à la rencontre et non à l’affrontement (…) Il faut du courage, une grande force d’âme » car, précisément, on en connaît les risques5. C’est aussi cela l’espérance, et l’ouverture à la vie.

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1      Pour ne pas l’impliquer plus que de raison, je précise que je m’appuie sur cette distinction, mais que le Père Nadler ne souscrit pas nécessairement aux détails de mes développements.

2      Soit dit en passant, dans la mesure où le Christ n’a pas précisé que l’amour devait se borner aux frontières d’Israël, le Christ ne préconisait donc pas de trier selon la religion, puisque l’étranger avait toutes les chances de ne pas être juif.

3      Et c’est assez franciscain aussi : « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix, Là où est la haine, que je mette l’amour. »

4      la charité est « la réponse à (…) ce qui constitue la nécessité immédiate », « L’activité caritative chrétienne doit être indépendante de partis et d’idéologies », « la charité ne doit pas être un moyen au service de ce qu’on appelle aujourd’hui le prosélytisme ».

© koztoujours.fr - 2015

C’est l’art qui le premier donna un nom à Dieu

Intervention du R.P. José Tolentino Mendonça, poète, théologien et professeur – 5 novembre 2015

Le 5 novembre 2015, le P. José Tolentino Mendonça, poète, théologien et professeur portugais, a donné une conférence intitulée « C’est l’art qui nomme Dieu ». Une intervention située dans le cadre du cycle de conférences « Esprit de l’art/Art de l’esprit », cycle organisé par la Fondation Arpad Szenez-Vieira da Silva à Lisbonne. Pour le P. José Tolentino Mendonça, « l’esprit ne peut vivre sans art ». Et cela pour trois raisons. En premier lieu, grâce à lui, le monde cesse d’être une « croûte » ou une « surface neutre ». Il introduit une dimension symbolique et « nous commençons à voir autre chose dans les choses ». Ensuite, continue-t-il, l’art transforme ce qui n’était « qu’une chose impalpable, invisible, abstraite en réalité physiologique ! » Enfin, il permet de concrétiser, « de donner corps et plausibilité à ce qui nous est étranger, à ce qui est autre que notre corps ». Lorsque Moïse demandait à Dieu son nom, souligne encore le P. José Tolentino Mendonça, « celui-ci répondit par l’art de la parole, par un poème : “Je suis qui je suis” ». Ainsi, « c’est l’art qui le premier donna un nom à Dieu » !

L’écrivain Paul Claudel faisant la recension de l’œuvre poétique et de la quête spirituelle d’Arthur Rimbaud disait de lui – il le dit d’un poète mais aussi, d’une certaine manière, de tout artiste – qu’il était un mystique à l’état sauvage.

Les artistes incarnent la possibilité d’une certaine pureté de l’esprit, d’une mystique première, antérieure à toute forme d’organisation. De fait, l’esprit ne peut vivre sans art. Nous ne pouvons avoir de vie spirituelle sans emprunter ce chemin préparatoire qu’est l’art, cela pour trois raisons fondamentales.

L’art est fondamental dans l’expérience spirituelle

Premièrement, l’art nous aide à opérer une nécessaire déconstruction – une extraction – du monde. Le monde cesse de n’être qu’une croûte ou une surface neutre, nous commençons à voir autre chose dans les choses, une dimension symbolique s’introduit. Les cinq doigts d’une main ne sont plus une simple réalité matérielle, ils contiennent en eux-mêmes d’autres mondes possibles.

L’art est la perforation de ce réel qui ne nous apparaît si souvent que plat et opaque. Il est une déchirure – à la manière de celle que Lucio Fontana1 faisait dans ses toiles – qui ouvre au regard la possibilité d’une profondeur dans la platitude même du monde, dans l’effacement de nos expériences.

Tous les arts relèvent d’une telle déchirure faite par la lame aiguë des sentiments, du génie, de l’intuition, de l’esthétique ou de la sensibilité. Une déchirure nous préparant à une nouvelle existence.

En ce sens, l’artiste n’a pas à être chrétien, bouddhiste ou dévot d’une quelconque religion. Il doit être l’artiste. Vivre l’expérience artistique et ainsi opérer cette révision des images et de toute ce qui à première vue encombre notre regard d’une parfaite évidence.

Dans l’admiration et la stupéfaction que permet l’art, nous ne voyons pas simplement la réalité en soi ; nous la voyons comme proposition d’autre chose, et souvent même comme la positivité d’une absence, comme la présence qui offre d’effleurer une transcendance. C’est pour cela que l’art est si fondamental dans l’expérience spirituelle.

Sans l’art, nous tomberions dans un matérialisme irrémédiable, le monde ne serait que le monde. L’art est ce qui nous assure que le monde n’est pas seulement le monde et que ce que nous voyons n’est que le début d’un voyage de sublimation, d’interprétation.

Les artistes nous font demeurer dans les entrailles de la baleine

Le second aspect par lequel l’art concourt à l’expérience de l’esprit est qu’il transforme ce qui commença par n’être qu’une chose impalpable, invisible, abstraite en réalité physiologique !

L’art commence en transformant le matériel en immatériel, en faisant du visible une école pour l’invisible, mais c’est pour ensuite emprunter le chemin inverse : l’art est capable de rendre proche, de matérialiser, de concrétiser cet état impalpable, invisible et transcendant.

Lorsque nous regardons une toile de Vieira da Silva2 il est flagrant qu’elle veut nous parler, nous renvoyer vers, nous montrer des choses qui ne sont pas totalement là, qui ne sont pas enfermées dans l’image. L’image suggère des mondes possibles. Renonçant à enfermer en elle la réalité entière, la vérité de l’image est de « présentifier » un réel plus vaste.

Par l’art et les artistes l’esprit cesse d’être captif de l’abstraction et devient une sorte d’état physiologique, une sorte de séisme, une conflagration qui nous renverse.

Les artistes nous font demeurer dans les entrailles de la baleine. Pas seulement dans nos concepts, nos idées, nos idéaux, mais ils nous font descendre au profond, en l’obscur, l’utérin, l’originaire, jusqu’à la lave, en ce lieu d’épreuve mais aussi de rédemption qu’est la matérialité de la vie.

Les artistes sont des mystiques à l’état sauvage

Le troisième aspect constituant une contribution décisive des arts pour l’esprit est cette capacité à nommer qu’ils lui assurent. Lorsque Moïse demandait à Dieu son nom, celui-ci répondit par l’art de la parole, par un poème : « Je suis qui je suis ».

L’art est la possibilité de concrétiser, de donner corps et plausibilité à ce qui nous est étranger, à ce qui est autre que notre corps mais que les arts parviennent à rendre proche, voisin. Seuil d’un dialogue que l’expérience de l’art nous permet d’établir.

L’art le fait de manière fantastique, il nous donne les mots pour ce qui n’a pas de nom, les images pour ce qui n’a pas de visage, la sonorité pour ce qui est silence. Et ce dans une singularité, dans une variété de formes, traduisant l’absolue diversité du monde.

Au creux de la singularité irréductible de chaque itinéraire artistique, de chaque voix, de chaque pensée, se trouve cet acte de dénomination. Sans l’art, nous ne saurions nommer, nous ne saurions parler.

C’est l’art qui le premier donna un nom à Dieu. Ce ne sont pas la théologie et les religions qui donnent nom à l’invisible. C’est l’art, ou du moins quelque chose tendant vers le symbole, acceptant la turbulente expérience d’une embrassade avec l’ineffable, qui seul peut le traduire.

Les artistes sont des mystiques à l’état sauvage, mais c’est cette mystique sauvage, primitive, qui doit ouvrir le chemin vers une expérience profonde et radicale de l’esprit.

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1      Lucio Fontana, né le 19 février 1899 à Rosario (Argentine) et mort le 7 septembre 1968 à Comabbio, près de Varèse (Italie), est un sculpteur et peintre italien d’origine argentine. Il est le fondateur du mouvement spatialiste associé à l’art informel (source : Wikipédia).

2      Maria Helena Vieira da Silva née à Lisbonne (Portugal) le 13 juin 1908 et morte à Paris (France) le 6 mars 1992, est une artiste peintre portugaise appartenant à l’École de Paris. Elle est considérée comme l’un des chefs de file du mouvement esthétique dit du paysagisme abstrait (source : Wikipédia).

© Urbi et orbi - 2015

Commentaire des lectures du dimanche

Cet Enfant, né à Bethléem de la Vierge Marie, est venu non seulement pour le peuple d’Israël, représenté par les bergers de Bethléem, mais aussi pour l’humanité entière, représentée aujourd’hui par les Mages, venant d’Orient. Et c’est justement sur les Mages et sur leur chemin à la recherche du Messie que l’Église nous invite aujourd’hui à méditer et prier.

Ces Mages venant d’Orient sont les premiers de cette grande procession dont nous a parlé le prophète Isaïe dans la première lecture (cf. 60, 1-6) : une procession qui depuis lors ne s’interrompt plus, et qui, à toutes les époques, reconnaît le message de l’étoile et trouve l’Enfant qui nous indique la tendresse de Dieu. Il y a toujours de nouvelles personnes qui sont éclairées par la lumière de l’étoile, qui trouvent le chemin et arrivent jusqu’à Lui.

Les Mages, selon la tradition, étaient des hommes sages : étudiant les astres, scrutant le ciel, dans un contexte culturel et de croyances qui attribuait aux étoiles des significations et des influences sur les événements humains. Les mages représentent les hommes et les femmes à la recherche de Dieu dans les religions et dans les philosophies du monde entier : une recherche qui n’a jamais de fin. Hommes et femmes en recherche.

Les Mages nous indiquent la route sur laquelle marcher dans notre vie. Ils cherchaient la véritable Lumière : « Lumen requirunt lumine », dit une hymne liturgique de l’Épiphanie, se référant justement à l’expérience des Mages ; « Lumen requirunt lumine ». En suivant une lumière ils cherchaient la lumière. Ils allaient à la recherche de Dieu. Après avoir vu le signe de l’étoile, ils l’ont interprété et se sont mis en chemin, ils ont fait un long voyage.

C’est l’Esprit Saint qui les a appelés et qui les a poussés à se mettre en chemin ; et sur ce chemin, aura lieu aussi leur rencontre personnelle avec le vrai Dieu.

Sur leur chemin, les Mages rencontrent beaucoup de difficultés. Quand ils arrivent à Jérusalem, ils vont au palais du roi, parce qu’ils tenaient pour évident que le nouveau roi serait né dans le palais royal. Là, ils perdent de vue l’étoile. Que de fois l’étoile se perd de vue ! Et ils rencontrent une tentation, mise là par le diable : c’est la tromperie d’Hérode. Le roi Hérode se montre intéressé par l’enfant, non pas pour l’adorer, mais bien pour l’éliminer. Hérode est l’homme de pouvoir, qui ne réussit à voir dans l’autre que le rival. Et au fond, il considère aussi Dieu comme un rival, même comme le rival le plus dangereux. Dans le palais, les Mages traversent un moment d’obscurité, de désolation, qu’ils réussissent à surmonter grâce aux suggestions de l’Esprit Saint, qui parle par les prophéties de l’Écriture Sainte. Elles indiquent que le Messie naîtra à Bethléem, la cité de David.

À ce point, ils reprennent le chemin et voient à nouveau l’étoile : l’évangéliste note qu’ils éprouvèrent « une très grande joie » (Mt 2, 10), une véritable consolation. Arrivés à Bethléem, ils trouvèrent « l’enfant avec Marie, sa mère » (Mt 2, 11). Après celle de Jérusalem, ce fut pour eux la seconde, la grande tentation : refuser cette petitesse. Et au contraire : « tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui », lui offrant leurs dons précieux et symboliques. C’est toujours la grâce de l’Esprit Saint qui les aide : cette grâce qui, par l’étoile, les avait appelés et guidés au long du chemin, maintenant les fait entrer dans le mystère. Cette étoile qui a accompagné leur chemin les fait entrer dans le mystère. Guidés par l’Esprit Saint, ils arrivent à reconnaître que les critères de Dieu sont très différents de ceux des hommes, que Dieu ne se manifeste pas dans la puissance de ce monde, mais s’adresse à nous dans l’humilité de son amour. L’amour de Dieu est grand, oui. L’amour de Dieu est puissant, oui. Mais l’amour de Dieu est humble, tellement humble ! Les Mages sont ainsi des modèles de conversion à la vraie foi parce qu’ils ont cru davantage dans la bonté de Dieu que dans l’apparente splendeur du pouvoir.

Et alors nous pouvons nous demander : quel est ce mystère dans lequel Dieu se cache ? Où puis-je le rencontrer ? Nous voyons autour de nous des guerres, l’exploitation des enfants, des tortures, des trafics d’armes, la traite des personnes… Dans toutes ces réalités, dans tous ces frères et sœurs les plus petits qui souffrent à cause de ces situations, il y a Jésus (cf. Mt 25, 40.45). La crèche nous présente un chemin différent de celui rêvé par la mentalité mondaine : c’est le chemin de l’abaissement de Dieu, cette humilité de l’amour de Dieu qui s’abaisse, s’anéantit, sa gloire cachée dans la mangeoire de Bethléem, dans la croix sur le calvaire, dans le frère et dans la sœur qui souffrent.

Les mages sont entrés dans le mystère. Ils sont passés des calculs humains au mystère : et cela a été leur conversion. Et la nôtre ? Demandons au Seigneur qu’il nous accorde de vivre le même chemin de conversion vécu par les Mages. Qu’il nous défende et nous libère des tentations qui cachent l’étoile. Que nous éprouvions toujours l’inquiétude de nous demander : où est l’étoile ? quand – au milieu des tromperies mondaines – nous l’avons perdue de vue. Que nous apprenions à connaître de façon toujours plus nouvelle le mystère de Dieu, que nous ne nous scandalisions pas du « signe », de l’indication, ce signe donné par les Anges : « un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12), et que nous ayons l’humilité de demander à la Mère, à notre Mère, qu’elle nous le montre. Que nous trouvions le courage de nous libérer de nos illusions, de nos présomptions, de nos « lumières », et que nous cherchions ce courage dans l’humilité de la foi et que nous puissions rencontrer la Lumière, Lumen, comme l’ont fait les saints Mages. Puissions-nous entrer dans le mystère. Qu’il en soit ainsi.

© Libreria Editrice Vaticana - 2015