PKO 29.03.2015

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°20/2015
Dimanche 29 mars 2015 –Dimanche des Rameaux et de la Passion – Année B

Humeurs

Le Père Christophe manque autant de sobriété dans ses propos que les personnes interpellées

La Dépêche : Le père Christophe se plaint que, chaque week-end, des bagarres ont lieu autour de la cathédrale. Qu’en pensez-vous ?

Commandant Hanuse : Des interventions du côté de la cathédrale, on en a de manière régulière parce que c’est un des points de cristallisation de la vie nocturne puisqu’il y a des établissements aux abords. C’est normal qu’il y ait plus d’animations du côté de la cathédrale que du côté du temple Paofai. Le père Christophe a créé une polémique (en publiant un article sur Facebook sur les faits de samedi dernier, NDLR), dans laquelle je ne veux pas rentrer (…).

La Dépêche : Il parle d’un problème récurrent…

Commandant Hanuse : Il n’a pas tort. Ça arrive souvent en fin de nuit parce que les gens sont alcoolisés. C’est pour ça que nous avons augmenté nos effectifs à ces horaires-là.

La Dépêche : Le père Christophe indique que la police encouragerait des gens à prendre le volant en état d’ébriété pour quitter les lieux… Que répondez-vous ?

Commandant Hanuse : Cela m’étonne fortement du père Christophe de déclarer une telle chose. D’abord, parce que c’est le travail quotidien de nos services de lutter contre ce genre de faits et que les six procédures faites pour conduite en état d’ivresse, au cours du week-end passé, en sont la meilleure preuve. À ma connaissance, le père Christophe n’a jamais assisté les policiers dans leurs interventions. En général, il ne fait qu’aviser les services téléphoniquement et ne prend pas attache avec les patrouilles intervenantes. Donc, je ne vois pas comment il peut affirmer que c’est le mec bourré qui prend le volant et non pas une personne qui l’accompagne et qui elle n’est pas ivre. Dans le cas présent, le père Christophe manque autant de sobriété dans ses propos que les personnes interpellées vis-à-vis de l’alcool.

Propos recueillis par K.Mh – La Dépêche 24/03/2015

Chronique de la roue qui tourne

Quelle est ma fin de vie idéale ?

La proposition de loi Leonetti-Claeys sur la fin de vie a été adoptée par l’Assemblée Nationale, à 436 voix contre 34, introduisant la possibilité nouvelle d'une « sédation profonde et continue » aux patients qui en font la demande. Pourtant, les oppositions se sont faites entendre, dans l'hémicycle et en dehors, certains jugeant que cette proposition de loi ouvre la porte vers l’euthanasie.

Je ne compte pas prendre position pour les uns ou pour les autres. J'aimerais juste partager avec vous mon vécu et mon sentiment sur ce sujet qui me touche particulièrement.

J'ai perdu quelqu'un que j'aimais beaucoup et je l'ai vue souffrir pendant 6 mois. Vers la fin, j'étais arrivée à prier le Seigneur pour y mettre un terme. Lorsqu'elle souffrait, j'étais prête à tout mais je ne pouvais que constater mon impuissance.  C'est un sentiment horrible que l'on ne souhaite à personne !!!

Aujourd'hui, ça fait cinq ans qu'elle nous a quittés et le flot de mes larmes ne s'est pas encore tari. Les années ont simplement espacé les temps de crues. Si on m'avait demandé à l'époque, ma position quant à l'euthanasie, j'aurais été « pour » sans hésiter.

Cependant, avec le recul et honteusement, j'avoue que  ces moments douloureux ont été les plus forts de notre relation. Devant une mort annoncée, on n'a qu'une obsession : lui montrer combien on l'aime en profitant  de tous les instants donnés, instants volés à l'éternité.

J'ai eu la chance de fixer son visage en jurant de ne pas l'oublier. De la serrer si fort que je sentais son cœur cogner contre ma peau en souhaitant qu'il ne s'arrête jamais. De l'écouter et pour la première fois nos discussions n'avaient rien de futile, comme un dialogue de cœur à cœur. Aussi pénible que cela a été, j'avais besoin d'être près d'elle dans sa souffrance. J'avais besoin de fabriquer un maximum de souvenirs pour combler son absence prochaine. Et non, mes souvenirs n'ont aucune trace de maladie. Non, je n'ai retenu que force, foi et dignité.

C'est dans ces moments-là que notre humanité la plus profonde se révèle et s'exprime. J'y ai tant appris !!! J'ai appris l'amour, simple et incommensurable. J'ai appris que l'âme nécessite une attention particulière, surtout lorsque le corps physique flanche. J'ai appris le bonheur de la simple présence, tenir sa main en la regardant dormir et voir son petit sourire à son réveil. J'ai appris que la compassion et l'altruisme grandissaient celui qui donnait.

Est-ce de l'égoïsme ? Peut-être. Pourtant en y pensant, j'ai la conviction qu'elle comprend que je n'ai jamais été prête à lui dire adieu. Et si c'était à revivre, je le revivrai. Ce chapitre de ma vie n'a pas été une partie de plaisir mais c'était le passage obligé de la femme que je suis aujourd'hui.

Personne ne veut souffrir ou voir souffrir. Malade ou accompagnant, personne ne se croit capable de vivre une telle fin, ce qui est normal (dans le cas contraire, il y aurait du souci à se faire!). Mais prenons garde à ce que la peur de la souffrance ne nous fasse pas voir cette importante étape par  le petit bout de la lorgnette. La fin de vie ne se vit pas que physiquement, elle est avant tout humaine et spirituelle. Etre prêt, partir en paix, est un chemin qui se prend consciemment, entouré de ses proches.

J'ai pris conscience de la gravité de la maladie le jour où elle ne réussissait plus à cacher sa souffrance. Elle s'en voulait tellement de devenir dépendante. Cependant, avec le temps, elle nous a montré qu'on peut donner autrement, qu'on peut aider autrement, qu'on peut être présent autrement mais qu'on aime de la même façon... et jusqu'à la  fin. Ce cheminement difficile a été salutaire pour nous tous. Nous avons affronté chaque jour avec une force extraordinaire et insoupçonnée, à nous surprendre nous-même.

En introduisant la possibilité nouvelle d'une « sédation profonde et continue », tout ce « processus »  ne peut se faire. D'ailleurs il n'a jamais été de bonnes augures d'influer sur le rythme de la vie, il y a tant de choses qui nous échappent. Donc, devant cette décision, deux questions s'imposent : Jusqu'où sommes-nous prêts à aller ? Et arriverons- nous à en assumer les conséquences ?

Car n'oublions pas que choisir la « fin » d'une vie, c'est aussi choisir quand l'autre a assez de « je t'aime » pour le laisser partir pour l'éternité sans craindre qu'il nous oublie ? Personnellement, je préfère laisser ce soin à Dieu.

La chaise masquée

L’Église doit guérir, soigner, réconcilier les familles

Audience générale du mercredi 25 mars 2015 – Pape François

Le pape François souhaite que le synode sur la famille (octobre 2015) et les prières qui l'accompagnent soient animés « de la compassion du Bon pasteur pour son troupeau » : ainsi l’Église « pourra être encore plus engagée, et encore plus unie, dans le témoignage de la vérité de l’amour de Dieu et de sa miséricorde pour les familles du monde, sans en exclure aucune, qu’elle soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’enclos ».

Chers frères et sœurs, bonjour !

Sur notre chemin de catéchèses sur la famille, aujourd’hui est une étape un peu particulière : ce sera une pause de prière.

En effet, le 25 mars, nous célébrons solennellement l’Annonciation, début du mystère de l’Incarnation. L’archange Gabriel visite l’humble jeune fille de Nazareth et lui annonce qu’elle concevra et enfantera le Fils de Dieu. Par cette annonce, le Seigneur illumine et fortifie la foi de Marie, comme il le fera ensuite aussi pour son époux Joseph, afin que Jésus puisse naître dans une famille humaine. C’est très beau : cela nous montre la profondeur du mystère de l’Incarnation, tel que Dieu l’a voulu, qui ne comprend pas seulement la conception dans le sein de la mère, mais aussi l’accueil dans une véritable famille. Aujourd’hui, je voudrais avec vous contempler la beauté de ce lien, la beauté de cette condescendance de Dieu ; et nous pouvons le faire en récitant ensemble le ‘Je vous salue Marie’ qui reprend exactement, dans la première partie, les paroles de l’ange, celles qu’il a adressées à la Vierge. Je vous invite à prier ensemble :

« Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort, amen. »

Et maintenant, un second point : le 25 mars, solennité de l’Annonciation, on célèbre dans de nombreux pays la Journée pour la Vie. C’est pour cela qu’il y a vingt ans, à cette date-là, saint Jean-Paul II a signé l’encyclique Evangelium Vitæ. Pour rappeler cet anniversaire, beaucoup de membres du Mouvement pour la vie sont présents ici aujourd’hui. Dans Evangelium Vitæ, la famille occupe une place centrale, dans la mesure où elle est le milieu qui porte la vie humaine. La parole de mon vénéré prédécesseur nous rappelle que le couple humain a été béni par Dieu dès le commencement pour former une communauté d’amour et de vie, à laquelle est confiée la mission de la procréation. En célébrant le sacrement du mariage, les époux chrétiens se rendent disponibles pour honorer cette bénédiction, avec la grâce du Christ, pour toute la vie. L’Église, pour sa part, s’engage solennellement à prendre soin de la famille qui naît [du mariage], comme un don de Dieu pour sa propre vie, dans la bonne comme dans la mauvaise fortune : le lien entre l’Église et la famille est sacré et inviolable. L’Église, en tant que mère, n’abandonne jamais la famille, même quand elle est humiliée, blessée et, de bien des manières, mortifiée. Pas même quand elle tombe dans le péché ou qu’elle s’éloigne de l’Église ; elle fera toujours tout pour chercher à la soigner et à la guérir, à l’inviter à la conversion et à se réconcilier avec le Seigneur.

Et bien, si c’est cela sa tâche, il est clair que l’Église a besoin de beaucoup de prières pour être en mesure, en tout temps, de remplir sa mission ! Une prière pleine d’amour pour la famille et pour la vie. Une prière qui sache se réjouir avec celui qui se réjouit et souffrir avec celui qui souffre.

Voici donc ce que, avec mes collaborateurs, nous avons pensé vous proposer aujourd’hui : renouveler la prière pour le synode des évêques sur la famille. Reprenons cet engagement jusqu’au mois d’octobre prochain, quand aura lieu l’assemblée synodale extraordinaire consacrée à la famille. Je voudrais que cette prière, comme tout le cheminement synodal, soit animée de la compassion du Bon pasteur pour son troupeau, en particulier pour les personnes et les familles qui, pour divers motifs, sont « fatiguées et épuisées, comme des brebis sans berger » (Mt 9,36). Ainsi, soutenue et animée par la grâce de Dieu, l’Église pourra être encore plus engagée, et encore plus unie, dans le témoignage de la vérité de l’amour de Dieu et de sa miséricorde pour les familles du monde, sans en exclure aucune, qu’elle soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’enclos.

Je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas nous priver de votre prière. Tous, le pape, les cardinaux, les évêques, les prêtres, les religieux et les religieuses et les fidèles laïcs, nous sommes tous appelés à prier pour le synode. C’est ce dont nous avons besoin, et non de commérages ! J’invite aussi à prier ceux qui se sentent loin, ou qui ne sont plus habitués à le faire. Cette prière pour le synode sur la famille est pour le bien de tous. Je sais que, ce matin, on vous l’a donnée sur une petite image et que vous l’avez dans les mains. Je vous invite à la garder et à l’avoir sur vous pour que, dans les prochains mois, vous puissiez la réciter souvent, avec une sainte insistance, comme nous l’a demandé Jésus. Maintenant, récitons-la ensemble :

« Jésus, Marie et Joseph
, en vous nous contemplons 
la splendeur de l’amour véritable, à vous nous nous adressons avec confiance.

Sainte Famille de Nazareth, fais aussi de nos familles
 des lieux de communion et des cénacles de prière, des écoles authentiques de l’Évangile
et des petites Églises domestiques.

Sainte Famille de Nazareth, que jamais plus dans les familles on ne fasse l’expérience
 de la violence, de la fermeture et de la division : que quiconque a été blessé ou scandalisé
 connaisse rapidement consolation et guérison.

Sainte Famille de Nazareth, que le prochain Synode des Évêques 
puisse réveiller en tous, la conscience du caractère sacré et inviolable de la famille, sa beauté dans le projet de Dieu.

Jésus, Marie et Joseph, écoutez-nous, exaucez notre prière. »

© Copyright 2015 – Libreria Editrice Vaticana

La corruption pue ! Une société corrompue pue !

Rencontre du pape François avec la population du quartier Scampia de Naples – 21 mars 2015

En voyage apostolique à Naples, en Campanie, ce samedi 21 mars 2015, le pape François fustige la "puanteur" de la corruption. La corruption, qui consiste aussi dans le rejet des migrants et le manque de travail, « n'est pas chrétienne », elle est « pourrie », elle « pue », dénonce-t-il.

Chers frères et sœurs, bonjour !

J’ai voulu commencer ici, dans ce quartier, ma visite à Naples. Je vous salue tous et je vous remercie pour votre accueil chaleureux ! C’est vrai, on voit bien que les Napolitains ne sont pas froids ! Je remercie votre archevêque de m’avoir invité – même menacé si j’avais refusé de venir à Naples –, pour ses paroles de bienvenue ; et je remercie ceux qui ont donné voix aux réalités des migrants, des travailleurs et des magistrats.

Vous appartenez à un peuple de longue Histoire traversée d’événements complexes et dramatiques. La vie à Naples n’a jamais été facile, pourtant elle n’a jamais été triste ! Et c’est cela votre grande ressource : la joie, la gaîté. Le chemin quotidien dans cette ville, avec ses difficultés et ses tracas et parfois ses dures épreuves, produit une culture de vie qui sans cesse aide à se relever après les chutes, et à faire en sorte que le mal n’ait jamais le dernier mot. Tel est ce beau défi : ne jamais permettre que le mal ait le dernier mot. C’est l’espoir, vous le savez bien, ce grand patrimoine, ce « levier de l’âme », si précieux, mais aussi exposé aux assauts et aux vols.

Nous le savons, celui qui prend volontairement la voie du mal vole un peu d’espérance, gagne un petit quelque chose mais vole l’espérance à lui-même, aux autres et à la société. La voie du mal est une voie qui toujours vole l’espoir, elle le vole aussi aux gens honnêtes et laborieux, et aussi à la bonne réputation de la ville, à son économie.

Je voudrais répondre à la sœur qui a parlé au nom des immigrés et des sans-abri. Elle a demandé un mot qui assure que les migrants sont des fils de Dieu et des citoyens. Mais est-il nécessaire d’en arriver là ? Les migrants seraient-ils des êtres humains de seconde classe ? Nous devons faire entendre à nos frères et à nos sœurs migrants qu’ils sont citoyens, qu’ils sont comme nous, des fils de Dieu, qu’ils sont des migrants comme nous, parce que nous tous sommes des migrants vers une autre patrie, et peut-être y arriverons-nous tous. Et que personne ne se perde en chemin ! Nous sommes tous des migrants, fils de Dieu, qui nous a tous placés sur le chemin. On ne peut pas dire : « Mais les migrants sont comme ça… Nous sommes… ». Non ! Nous sommes tous des migrants, nous sommes tous en chemin. Et cette parole selon laquelle nous sommes tous des migrants n’est pas écrite dans un livre, elle est écrite dans notre chair, dans notre chemin de vie, qui assure qu’en Jésus nous sommes tous des fils de Dieu, des fils aimés, des fils désirés, des fils sauvés. Pensons-y : nous sommes tous des migrants sur le chemin de la vie, aucun de nous n’a de domicile fixe sur cette Terre, tous nous devons partir. Et tous nous devons partir pour trouver Dieu : un d’abord, l’autre après, ou comme le disait cet ancien, ce petit vieux fourbe : « Oui, oui ! Allez, vous, moi je partirai en dernier ! » Tous nous devons y aller.

Puis il y a eu l’intervention du travailleur. Et je le remercie, lui aussi, parce que naturellement je voulais aborder ce point, qui est un signe négatif de notre époque. D’une manière spéciale, le manque de travail pour les jeunes en est un. Pensez-y : plus de 40% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage ! C’est grave! Que fait un jeune sans travail ? Quel futur a-t-il ? Quel chemin de vie choisit-il ? C’est une responsabilité, non seulement de la ville, non seulement du pays, mais du monde entier ! Pourquoi ? Pourquoi existe-t-il un système économique qui met des gens à l’écart, et maintenant c’est au tour des jeunes d’être mis à l’écart, c’est-à-dire au chômage. C’est grave !

« Mais il y a les œuvres de charité, il y a les bénévoles, il y a Caritas, il y a ce centre, ce club qui donne de quoi manger… » Le problème n’est pas de manger, le problème le plus grave est de ne pas avoir la possibilité de ramener du pain à la maison, de le gagner ! Et quand on ne gagne pas son pain, on perd sa dignité ! Ce manque de travail nous vole notre dignité. Nous devons lutter pour cela, nous devons défendre notre dignité de citoyens, d’hommes, de femmes, de jeunes. C’est le drame de notre époque. Nous n’avons pas le droit de nous taire.

Je pense aussi au travail à moitié. Qu’est-ce que j’entends par là ? L’exploitation des personnes dans le travail. Il y a quelques semaines, une jeune fille qui avait besoin de travail en a trouvé auprès d’une entreprise touristique et les conditions étaient les suivantes : 11 heures de travail par jour, 600 euros par mois sans aucune contribution à sa retraite. « Mais c’est peu pour 11 heures ! » [disait-elle.] « Si cela ne te plaît pas, regarde les gens qui font la queue pour trouver du travail ! » Ceci s’appelle de l’esclavage, ceci s’appelle de l’exploitation, ceci n’est pas humain, ceci n’est pas chrétien. Et si celui qui agit ainsi se dit chrétien, c’est un menteur, il ne dit pas la vérité, il n’est pas chrétien. L’exploitation par le travail au noir aussi – tu travailles sans contrat et je te paie ce que je veux – est de l’exploitation des personnes. « Sans contribution pour ma retraite et pour ma santé ? » « Moi, cela ne m’intéresse pas. »

Je te comprends bien, frère, et je te remercie pour ce que tu as dit. Nous devons reprendre le combat pour notre dignité, qui est le combat pour chercher, pour trouver, pour retrouver la possibilité de ramener du pain à la maison! Tel est notre combat !

Et ici je pense à l’intervention du président de la Cour d’appel. Il a utilisé une belle expression, « parcours d’espoir », et a rappelé une devise de saint Jean Bosco, « bons chrétiens et honnêtes citoyens », adressée aux enfants et aux jeunes. Le parcours de l’espoir pour les enfants – pour ceux qui sont ici et pour tous – est avant tout l’éducation, mais une vraie éducation, le parcours d’éduquer pour le futur : il prévient et aide à avancer. Ce juge a dit un mot que j’aimerais reprendre, un mot qu’on utilise beaucoup actuellement. Le juge a dit « corruption ». Mais dites-moi, si nous fermons la porte aux migrants, si nous ôtons le travail et la dignité aux gens, comment est-ce que cela s’appelle ? Cela s’appelle de la corruption, et nous avons tous la possibilité d’être corrompus. Aucun de nous ne peut dire : « Je ne serai jamais corrompu. » Non ! C’est une tentation, c’est un glissement vers les affaires faciles, vers la délinquance, vers la criminalité, vers l’exploitation des personnes. Combien de corruption existe-t-il dans ce monde ! Et c’est un vilain mot, si on y pense. Parce qu’une chose corrompue est une chose sale ! Si nous trouvons un animal mort qui se corrompt, qui est « corrompu », c’est laid et ça pue aussi. La corruption pue ! Une société corrompue pue ! Un chrétien qui laisse entrer la corruption en lui n’est pas chrétien, il pue !

Chers amis, ma présence se veut une impulsion vers un chemin d’espérance, de renaissance et d’assainissement déjà en cours. Je connais l’engagement généreux et actif de l’Église, présente avec ses communautés et ses services dans le cœur de la réalité de Scampia ; tout comme se poursuit la mobilisation des groupes de bénévoles, qui ne ménagent pas leur aide.

J’encourage également la présence et l’engagement actif des institutions citoyennes, parce qu’une communauté ne peut progresser sans leur soutien, et encore moins en période de crise et en présence de situations sociales difficiles et parfois extrêmes. Une « bonne politique » est un service aux personnes, qui s’exerce en premier lieu au niveau local, où le poids des défaillances, des retards, des véritables omissions est le plus direct et fait le plus mal. Une bonne politique est une des plus hautes expressions de la charité, du service et de l’amour. Faites une bonne politique, mais entre vous: la politique se fait ensemble! Tous ensemble, on fait une bonne politique !

Naples est toujours prête à resurgir, à agir comme levier sur une espérance forgée par mille épreuves, et pour cette raison ressource authentique et concrète sur laquelle compter à tout moment. Ses racines résident dans l’âme même des Napolitains, surtout dans leur joie, dans leur foi, dans leur piété! Je vous souhaite d’avoir le courage d’aller de l’avant avec cette joie, avec ces racines, le courage de faire avancer l’espérance, de ne jamais voler l’espoir à personne, d’aller de l’avant sur la route du bien et non sur la route du mal, d’aller de l’avant dans l’accueil de tous ceux qui viennent à Naples de quelque pays que ce soit : qu’ils soient tous Napolitains, qu’ils apprennent le napolitain qui est si doux et si beau ! Je vous souhaite d’aller de l’avant à la recherche de sources de travail, pour que tous possèdent la dignité de ramener du pain à la maison, et d’aller de l’avant dans la propreté de leur âme, dans la propreté de la ville, dans la propreté de la société afin que disparaisse cette puanteur de la corruption !

Je vous souhaite le meilleur, allez de l’avant et que San Genaro, votre patron, vous assiste et intercède pour vous.

Je vous bénis tous, je bénis vos familles et votre quartier, je bénis les enfants qui sont ici autour de nous. Et vous, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. ’A Maronna v’accumpagne ! [Que la Madonne vous accompagne].

© Le Temps.ch

Méditation sur la Parole

Où est mon cœur ? – Homélie du pape François

Cette semaine commence par la procession festive avec les rameaux d’olivier : tout le peuple accueille Jésus. Les enfants, les jeunes gens chantent, louent Jésus.

Mais cette semaine avance dans le mystère de la mort de Jésus et de sa résurrection. Nous avons écouté la Passion du Seigneur. Il sera bon de nous poser seulement une question : qui suis-je ? Qui suis-je, devant mon Seigneur ? Qui suis-je, devant Jésus qui entre en fête à Jérusalem ? Suis-je capable d’exprimer ma joie, de le louer ? Ou est-ce que je prends de la distance ? Qui suis-je, devant Jésus qui souffre ?

Nous avons entendu beaucoup de noms, beaucoup de noms. Le groupe des dirigeants, quelques prêtres, quelques pharisiens, quelques maîtres de la loi, qui avaient décidé de le tuer. Ils attendaient l’opportunité de le prendre. Suis-je comme l’un d’eux ?

Nous avons entendu aussi un autre nom : Judas. Trente pièces de monnaie. Suis-je comme Judas ? Nous avons entendu d’autres noms : les disciples qui ne comprenaient rien, qui s’endormaient alors que le Seigneur souffrait. Ma vie est-elle endormie ? Ou suis-je comme les disciples, qui ne comprenaient pas ce qu’était trahir Jésus ? Comme cet autre disciple qui voulait tout résoudre par l’épée : suis-je comme eux ? Suis-je comme Judas, qui fait semblant d’aimer et embrasse le Maître pour le livrer, pour le trahir. Suis-je un traître ? Suis-je comme ces dirigeants qui en hâte font un tribunal et cherchent de faux témoins : suis-je comme eux ? Et quand je fais ces choses, si je les fais, est-ce que je crois que par là je sauve le peuple ?

Suis-je comme Pilate ? Est-ce que quand je vois que la situation est difficile, je me lave les mains et je ne sais pas assumer ma responsabilité et je laisse condamner – ou je condamne – les personnes ?

Suis-je comme cette foule qui ne savait pas bien si elle était dans une réunion religieuse, dans un jugement ou dans un cirque, et choisit Barrabas ? Pour eux c’est la même chose : c’était plus divertissant, pour humilier Jésus.

Suis-je comme les soldats qui frappent le Seigneur, lui enlèvent ses vêtements, l’insultent, se divertissent par l’humiliation du Seigneur ?

Suis-je comme le Cyrénéen qui revenait du travail, fatigué, mais qui a eu la bonne volonté d’aider le Seigneur à porter la croix ?

Suis-je comme ceux qui passaient devant la croix et se moquaient de Jésus : « Il était si courageux ! Qu’il descende de la croix et nous croirons en lui ! » Se moquer de Jésus…

Suis-je comme ces femmes courageuses, et comme la Maman de Jésus, qui étaient là et souffraient en silence ?

Suis-je comme Joseph, le disciple caché, qui porte le corps de Jésus avec amour, pour lui donner une sépulture ?

Suis-je comme les deux Marie qui demeurent devant le sépulcre pleurant, priant ?

Suis-je comme ces chefs qui le lendemain sont allés chez Pilate pour dire : « Regarde ce que celui-ci disait, qu’il ressusciterait. Qu’il n’y ait pas une autre tromperie ! », et ils bloquent la vie, ils bloquent le sépulcre pour défendre la doctrine, pour que la vie ne sorte pas ?

Où est mon cœur ? A laquelle de ces personnes je ressemble ? Que cette question nous accompagne durant toute la semaine.

© Libreria Editrice Vaticana