Pko 27.12.2015

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°66/2015

Dimanche 27 décembre 2015 – Fête de la Sainte Famille – Année C

Humeurs

« La Miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu à l’homme »

« La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours (MV 2) »

L’Année 2015 se termine… joies et peines l’ont emmaillée. Nous nous souvenons de ces grands moments depuis l’ouverture de l’« Année de la Vie consacrée » jusqu’à l’ouverture de l’« Année de la Miséricorde » parsemé de ces petits et grand évènements religieux et civils : bicentenaire de la naissance de Mgr Tepano Jaussen, nomination d’un nouvel Administrateur Apostolique,…

Mais aussi de ces moments douloureux avec le départ prématuré de notre frère, Père Gérald Mahai, massacre des chrétiens d’Orient, attentats du 13 novembre à Paris, éboulements de Hitiaa et Papenoo…

Une année marquée par les conflits et la solidarité…

Avec le Pape François, nous voulons clore cette année en demandant pardon pour toutes les fois ou nous avons pu être source de scandale et de peine, comme Église universelle, comme Église locale, comme membre du clergé, comme homme… « Mais je voudrais que mon attitude, et la vôtre, surtout ces jours-ci, soit surtout de prier, de prier pour les personnes impliquées dans ces scandales, pour que ceux qui se sont trompés reconnaissent leurs torts et puissent retrouver le bon chemin ».

Que 2016, Année de la Miséricorde nous apporte la Paix dans le monde et dans nos familles. Qu’elle fasse naître un véritable élan de solidarité à l’égard des plus démunis, des laissés pour compte, des méprisés.

Que 2016 soit l’Année de la dignité de l’homme retrouvée… à travers un regard renouvelé de notre part sur les « parias » de notre société. « Un croyant ne peut parler de pauvreté et vivre comme un pharaon »

« Aujourd’hui ensemble, exultons dans le jour de notre salut. En contemplant la crèche, fixons notre regard sur les bras ouverts de Jésus qui nous montrent l’étreinte miséricordieuse de Dieu, tandis que nous écoutons les vagissements de l’Enfant qui nous susurre : “À cause de mes frères et de mes proches, je dirai : Paix sur toi !’’ (Ps 121 [122], 8). » (Pape François – Urbi et orbi)

 

En marge de l’actualité

Vœux de l’Administrateur Apostolique

À l’heure où Noël illumine nos rues, nos vitrines, nos maisons et nos cœurs, et à l’approche d’une année nouvelle, permettez-moi de vous souhaiter une JOYEUSE ET SAINTE FETE DE NOEL ainsi qu’une BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2016.

Que la naissance du Sauveur dans la crèche de Bethléem et le don d’une nouvelle année à construire ensemble ouvrent nos cœurs à l’espérance car tout est possible à celui qui croit !

Dieu ne nous abandonne jamais et marche à nos côtés depuis qu’il s’est fait l’un de nous. N’est-il pas Emmanuel, Dieu avec nous ?

Soyez assuré de ma prière pour vous et pour tous ceux et celles que vous portez dans votre cœur.

+ R.P. Jean Pierre COTTANCEAU

Chronique de la roue qui tourne

De vraie résolutions

« Si on ne construit rien sur des regrets, par contre on bâtit sur des résolutions. » Anne Bernard

L’année 2015 va bientôt entendre son glas sonner. Voir une page se tourner est toujours l’occasion idéale pour une petite rétrospective. Un regard sur notre parcours et nos actions pour mieux continuer. Hélas, nous tombons facilement dans le superficiel pour éviter le vrai bilan. Nous nous lançons souvent les mêmes défis : moins boire, perdre 10 kilos, devenir riche... Ce genre de résolutions ne dure guère longtemps.

Cette année, essayons d’innover, de quitter ce « rituel » superficiel pour revenir à l’essentiel. Commençons par nous demander si le bonheur souhaité l’année dernière a bien été trouvé. Demandons-nous quels moments ont rendu cette année belle. Et quels moments l’ont ternie ? Demandons-nous laquelle de nos actions obtient toute notre fierté. Et laquelle reste une bonne leçon à retenir ? Demandons-nous quelles causes méritent encore nos efforts. Et lesquelles s’avèrent être perdues ?

Lorsque nous serons entourés de nos proches, famille ou amis, demandons-nous si nous leur avons assez montré notre amour. Oui, avons-nous assez aimé en 2015 ? Voilà une question intéressante. Si elle réveille des regrets, dépassons-les, ce qui est fait est fait. Mais prenons de bonnes résolutions car c’est l’amour, en dépit des difficultés, qui rend chaque année précieuse.

La chaise masquée

La parole aux sans paroles – 16

Portrait d’un bénévole 1 - François

Qu’est-ce que l’accueil Te Vaiete serait sans ses bénévoles ? Ces hommes, ces femmes qui se dévouent pour les démunis. Un bénévolat juste avant de partir travailler ou pour occuper une retraite bien méritée. Tous les jours, qu’est-ce qui leur fait quitter leur confort pour se confronter à la misère ? C’est ce que nous allons découvrir à travers le portrait de ces bénévoles.

Et nous commençons avec François. Cet aventurier est arrivé à Tahiti sur une simple promesse d’embauche. Aujourd’hui à la retraite, il n’en reste pas moins actif… au service des autres.

Pourquoi et comment es-tu devenu bénévole à Te Vaiete ?

« Oh ! C’est une longue histoire ! Un jour, Florent, un ami, me fait la pub de ce qu’il fait. Il m’a proposé de venir avec lui pour voir comment ça se passe. J’ai participé aux réunions, de l’Ordre de Malte. J’ai bien vu qu’il y avait un réel besoin, une vraie misère. Et je voulais donner un petit coup de pouce à ceux qui sont dans la mouise. Donc je suis rentré dans l’Ordre de Malte. Florent m’a parlé de Te Vaiete et j’ai commencé à venir avec lui. Et j’ai commencé à servir, tout simplement. Au début, j’étais très gêné, c’était un milieu que je ne connaissais pas. Je ne regardais pas les SDF, je n’arrivais pas à les regarder. Je me sentais trop nanti, j’avais trop de chance. Je trouvais ça indécent. Voilà le sentiment du début ! Petit à petit, je me suis habitué à eux. »

Depuis combien de temps ?

« Ça fait 4 ans et j’y vais deux fois par semaine. Je ne participe pas aux autres actions de l’Ordre de Malte, le repas servi le soir ou la visite des malades parce qu’il faut quand même que je m’occupe de ma femme. (Rires). Mais consacrer deux matins aux SDF, c’est important pour moi. »

Qu’est-ce que Te Vaiete t‘apporte ?

« Un moment de sérénité, un moment qui m’apprend à aller vers les autres, à aider les autres. Au fond, c’est comme un exutoire. Je rencontre des gens qui sont tous gentils, les SDF comme les bénévoles. Petit à petit, on apprend à se connaitre. Et lorsque je les croise dans la rue, ils me disent : “Salut cuistot !” Tu vois, c’est marrant. Il y en a même un qui m’a demandé pourquoi je faisais ça. J’ai eu du mal à lui répondre. Mais j’ai répondu que c’était pour aider, pour apporter ma petite brique à l’édifice. Mais je me suis longtemps demandé pourquoi il m’avait posé cette question-là. Il était étonné qu’on puisse l’aider comme ça, gratuitement. Quand tu vas à Te Vaiete, ce n’est pas sous la contrainte et ce n’est pas une contrainte. C’est un plaisir. Je pense vraiment qu’en aidant les autres, on en tire plus de bonheur. Il faut voir leur regard, tu y vois une reconnaissance éternelle. Même si tu ne la demande absolument pas, ils te la donnent quand même. »

Le plus dur à Te Vaiete ?

« Au début, c’était dur parce que j’étais gêné mais maintenant ce n’est plus dur. C’est presque facile, c’est même un plaisir ! Je côtoie des gens que je ne côtoyais jamais, à part leur refiler une petite pièce de temps en temps. Et je me suis rendu compte que ce n’était pas forcément la bonne solution parce qu’ils vont dépenser ça n’importe comment. Aujourd’hui je pense qu’il vaut mieux les aider à travers Te Vaiete. Et si j’avais beaucoup de sous, je ferais une structure qui serait une suite à Te Vaiete où on les assiste, là tout de suite mais on ne les sort pas du trou où ils sont. Te Vaiete est une solution palliative mais ce n’est pas une solution. Il faudrait créer une boite qui leur donnerait un emploi pour que ça leur rapporte un peu de sous. Il faut leur donner un but. La société serait non lucrative évidemment, il n’est pas question que ça rapporte quoi que ce soit. Mais il y a sûrement des solutions à imaginer parce que la société n’a absolument  rien prévu pour eux ! C’est comme s’ils n’existent pas aux yeux de la société. »

Ton plus beau souvenir de Te Vaiete ?

« Tu sais, quand je fais la cuisine, j’aime bien savoir si c’est bon. Surtout qu’on ne sale rien à Te Vaiete pour qu’ils n’aient pas de problème de santé. Donc je leur pose la question. Et je suis heureux quand ils me disent que c’était bon. Donc mon beau souvenir, mes beaux souvenirs, c’est de voir que je leur ai fait plaisir. »

Le plat le plus original qui tu as fait ?

« Oh, je pense qu’’on sert tous les jours des plats originaux. Je suis sûr qu’on serait incapable de faire le même plat. (Rires). Tu sais, on n’a pas beaucoup de produits frais, on ne pourrait pas les conserver comme il le faut. Et on évite le gaspillage. Donc ce qui n’a pas été mangé aujourd’hui sera mangé demain. Ce qui nous amène à faire des mélanges originaux. (Rires). »

As-tu remarqué leur préférence quant à la cuisine ou ils mangent de tout ?

« Ils mangent de tout et parfois dans des quantités impressionnantes. Par contre, il y a des choses qu’ils n’aiment pas, comme les carottes. Alors on a essayé de couper ça fin pour que ça passe mieux. Rien à faire, ils s’arrangent toujours pour mettre ça de côté. (Rires). Mais on arrive à les avoir en faisant de la purée. »

Ta rencontre avec Père Christophe ?

« Ah ! C’est un spécial, lui ! (Rires). Tu sais, je suis chrétien mais j’ai rarement vu un prêtre comme lui. Bon il m’arrivait d’aller avec ma femme à la messe de la Cathédrale, donc on le connaissait un petit peu. Étant chrétien, tu es appelé à tendre la main à l’autre, surtout s’il est dans le besoin, mais avec Père Christophe, c’est un ordre. (Rires). Et il a suffisamment de charisme pour justement entrainer les foules. Et il faut un sacré courage pour faire ce qu’il fait depuis 20 ans. Heureusement qu’il y a des hommes comme ça. Alors, ma première rencontre, c’était à Te Vaiete, bien évidemment. Ça a dû lui faire bizarre de me voir à Te Vaiete, ça, c’est sûr ! Il m’a souhaité la bienvenue comme il le fait pour chaque bénévole. Et comme je cherchais quelque chose à faire, il m’a fait éplucher les patates…. C’est ainsi que j’ai commencé à faire la cuisine à Te Vaiete. »…

© Nathalie SH - Accueil Te Vai-ete - 2015

Ne négligez pas vos familles !

Allocution aux employés du Vatican  – Pape François

Les employés du Saint-Siège et du Gouvernorat, ainsi que leurs familles, étaient conviés à la mi-journée en Salle Paul VI ce lundi 21 décembre 2015. Le Pape souhaitait leur adresser ses vœux de Noël. Il les a remerciés pour leur travail quotidien ; il s’est excusé pour les scandales internes au Vatican, leur demandant de prier pour les personnes impliquées. François les a enfin invités à prendre soin de leur mariage et de leur famille. « Le jubilé doit être vécu aussi dans les églises domestiques ».

Chers frères et sœurs

Noël, désormais proche, nous offre cette belle occasion de nous retrouver et d’échanger nos vœux.

Je tiens avant tout à vous remercier pour votre travail, pour votre engagement à bien faire les choses, même quand il n’y a pas de reconnaissance : bien souvent, on fait bien quelque chose et cela n’est pas reconnu… Je voudrais remercier tout particulièrement ceux d’entre vous qui font le même genre de travail depuis des années, un travail souvent caché, et qui cherchent à le faire comme il faut. Nous savons que c’est normal, c’est tout simplement faire son devoir ; mais nous savons aussi que, pour nous qui sommes des êtres humains, ce n’est pas facile, nous ne sommes pas des machines – grâce à Dieu ! – et nous avons parfois besoin d’un encouragement, ou de changer un peu… Je me félicite avec vous de ce que vous éprouviez une juste fierté à faire au mieux les choses normales de tous les jours. Merci ! Avançons, dans les différents domaines de travail, en collaborant, avec patience, en cherchant à nous aider réciproquement.

Et tout en vous remerciant, je veux aussi vous demander pardon pour les scandales qu’il y a eu au Vatican. Mais je voudrais que mon attitude, et la vôtre, surtout ces jours-ci, soit surtout de prier, de prier pour les personnes impliquées dans ces scandales, pour que ceux qui se sont trompés reconnaissent leurs torts et puissent retrouver le bon chemin.

Il y a une autre chose que je veux vous dire, peut-être la plus importante : je vous encourage à prendre soin de votre mariage et de vos enfants. En prendre soin, ne pas négliger : jouer avec vos enfants, petits et grands. Le mariage est comme une plante. Ce n’est pas comme une armoire qu’on met là, dans la pièce, et il suffit de l’épousseter de temps en temps. Une plante est vivante, il faut s’en occuper tous les jours : voir comment elle se porte, mettre de l’eau, etc. Le mariage est une réalité vivante : la vie de couple ne doit jamais être considérée comme acquise, à aucun moment du parcours d’une famille. Souvenons-nous que le don le plus précieux pour les enfants, ce ne sont pas les choses, mais c’est l’amour des parents. Et je ne veux pas dire seulement l’amour des parents pour leurs enfants, mais vraiment l’amour des parents entre eux, c’est-à-dire la relation conjugale. Cela vous fait beaucoup de bien à vous, et aussi à vos enfants ! Ne négligez pas votre famille !

Avant tout, donc, cultiver la « plante » du mariage que vous êtes, vous les époux, et en même temps, soigner la relation avec vos enfants, là aussi en misant davantage sur le rapport humain que sur les choses. Parler avec ses enfants, les écouter, leur demander ce qu’ils pensent. Ce dialogue entre les parents et leurs enfants fait beaucoup de bien ! Cela fait grandir les enfants en maturité. Misons sur la miséricorde, dans les relations quotidiennes, entre mari et femme, entre parents et enfants et prenons soin des grands-parents : les grands-parents sont tellement importants dans la famille ! Les grands-parents ont la mémoire, ils ont la sagesse. Ne laissez pas de côté les grands-parents ! Ils sont très importants.

Une jeune femme, qui a un fils de sept ans et chez qui habite la grand-mère de quatre-vingt dix ans… – celle-ci ne va pas bien du tout et on lui a conseillé de la mettre dans une maison de retraite – Et cette femme, sage, qui n’a pas étudié à l’université, a répondu à ceux qui lui conseillaient de mettre la grand-mère dans une maison de repos : « Non ! Je veux que mon fils grandisse près de sa grand-mère ! » Elle savait le bien que font les grands-parents à leurs petits-enfants.

Soigner la paix dans la famille : en famille, on se dispute, nous le savons tous. Mais quand un mariage ne se dispute pas, cela semble anormal. L’important est que la journée ne se termine pas sans qu’on n’ait fait la paix. Des frères qui ne se disputent pas ? Mais, toujours ! Mais faire la paix. Et vous, parents, quand vos enfants se sont disputés, avant d’aller au lit, dites-leur : « Faites la paix, donnez-vous la main, embrassez-vous ! ». Il faut apprendre cette sagesse qui consiste à faire la paix. Vous avez fait la guerre pendant la journée ? Cette guerre est-elle encore chaude ? Ne la laissez pas devenir froide : parce que la « guerre froide » du lendemain est plus dangereuse que la « guerre chaude ». Compris ? Faire la paix le soir, toujours !

Le Jubilé doit aussi être vécu dans l’église domestique, pas seulement lors des grands événements ! D’ailleurs, le Seigneur aime qui pratique la miséricorde dans les circonstances ordinaires. Voici ce que je veux vous souhaiter : d’expérimenter la joie de la miséricorde, en commençant par vos familles.

Merci pour votre travail, pardon pour les scandales et allez de l’avant. Allez de l’avant dans cette communauté et portez mes salutations et mes vœux à vos proches, aux personnes âgées et aux malades. Et continuez, s’il vous plaît, de prier pour moi. Merci encore et bon Noël !

© Libreria Editrice Vaticana - 2015

Devant la crèche, la tendresse de Dieu

Allocution du pape François aux donateurs de la crèche place Saint Pierre - 2015

Le Pape a salué les délégations qui ont offert le sapin de Noël et la crèche de la place Saint-Pierre. Un arbre de 32 mètres installé le 19 novembre dernier et offert cette année par la Bavière, région natale du pape émérite Benoît XVI. La crèche a été offerte par l’archidiocèse et la province du Trentin-Haut-Adige, dans le nord de l’Italie. Elle est composée de 24 personnages et animaux de bois sculpté et peint.

Chers frères et sœurs bonjour !

Je vous souhaite cordialement la bienvenue et je vous remercie pour les cadeaux que vous avez préparés. Ils sont très beaux ; et cela donne de la joie de penser que vous ne les présentez pas seulement au pape et aux pèlerins qui pourront les admirer, mais surtout au Seigneur Jésus : parce que c’est lui que nous fêtons !

Je remercie pour leurs courtoises intentions, pour leur aide et leurs projets Mgr Voderholzer et Mgr Bressan, Madame Merk, Monsieur Falk et Monsieur Thun. Et je vous salue tous : les Autorités des communes bavaroises de Hirschau, Schnaittenbach et Freudenberg, qui ont donné l’arbre de Noël ; les représentants de la Province de Trente qui ont monté la crèche avec l’archidiocèse. Je voudrais aussi remercier les petits « artistes » qui ont décoré le sapin et les féliciter : vous êtes encore très jeunes, mais vous exposez déjà vos œuvres sur la place Saint-Pierre ! Et c’est beau ! Courage ! En avant ! Michel-Ange a commencé comme cela !

Les décorations que vous avez installées, grâce à l’œuvre de la « Fondation Lene Thun » représentent vos rêves. Ces désirs que vous portez dans vos cœurs sont maintenant à la meilleure place, parce qu’ils sont près de l’Enfant de Bethléem : ils lui sont confiés, à lui qui est venu pour « habiter parmi nous » (Jn 1,14). Jésus, en effet, n’est pas simplement apparu sur la terre, il ne nous a pas consacré un peu de son temps, mais il est venu partager notre vie, accueillir nos désirs. Parce qu’il a voulu, et il veut toujours, vivre ici, avec nous et pour nous. Notre monde, qui est devenu son monde à Noël, lui tient à cœur. C’est ce que nous rappelle la crèche : Dieu, dans sa grande miséricorde, est descendu vers nous pour rester durablement avec nous.

La crèche nous dit en outre qu’il ne s’impose jamais par la force. Souvenez-vous bien de cela, vous, les enfants et les plus jeunes : le Seigneur ne s’impose jamais par la force. Pour nous sauver, il n’a pas changé l’histoire en réalisant un miracle grandiose. Il est venu, au contraire, en toute simplicité, humilité et douceur. Dieu n’aime pas les révolutions imposantes des puissants de l’histoire, et il n’utilise pas de baguette magique pour changer les situations. En revanche, il se fait petit, il se fait petit enfant, pour nous attirer avec amour, pour toucher nos cœurs par son humble bonté ; pour secouer, par sa pauvreté, ceux qui se fatiguent à accumuler les faux trésors de ce monde.

C’étaient là les intentions de saint François quand il a inventé la crèche. Il désirait, nous disent les Sources franciscaines, « faire mémoire de cet Enfant qui est né à Bethléem », pour pouvoir « d’une certaine façon, entrevoir avec les yeux du corps la gêne dans laquelle il s’est trouvé parce que lui manquaient les choses nécessaires à un nouveau-né ». Dans cette scène, en effet, « on honore la simplicité, on exalte la pauvreté, on loue l’humilité » (p. 468-469). Je vous invite donc à rester devant la crèche, parce que là, la tendresse de Dieu nous parle. Là, on contemple la miséricorde divine, qui s’est faite chair humaine et qui peut attendrir notre regard.

Mais surtout, il désire faire bouger nos cœurs. C’est beau que soit présente, dans cette crèche, une figure qui saisit aussitôt le mystère de Noël. C’est ce personnage qui accomplit une œuvre de bien, en se penchant pour aider une personne âgée. Non seulement il regarde Dieu, mais il l’imite aussi, parce que, comme Dieu, il se penche avec miséricorde vers celui qui est dans le besoin. Puissent vos cadeaux, qui seront illuminés ce soir, attirer beaucoup de regards et surtout raviver dans la vie la vraie lumière de Noël ! Je vous remercie. Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi ! Merci.

© Libreria Editrice Vaticana - 2015

La Famille est le moteur du monde et de l’histoire

Discours du pape François au Conseil Pontifical pour la Famille - 2013

La XXIe Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille a eu lieu à Rome du 23 au 25 octobre 2013. Au terme de leurs travaux, le pape François a reçu en audience, le 25 octobre, les participants à cette assemblée. Dans son discours, le pape a présenté la famille comme une communauté bâtie sur le mariage où jeunes et moins jeunes ont leur place. « Une société qui abandonne les enfants et qui exclut les personnes âgées… assombrit son avenir » a prévenu le pape.

Messieurs les cardinaux, chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, chers frères et sœurs,

Je vous souhaite la bienvenue à l’occasion de la XXIe Assemblée plénière et je remercie son président, Mgr Vincenzo Paglia des paroles avec lesquelles il a introduit notre rencontre. Merci.

La famille, une communauté

Le premier point sur lequel je voudrais m’arrêter est celui-ci : la famille est une communauté de vie qui a une consistance autonome. Comme l’a écrit le bienheureux Jean-Paul II dans l’exhortation apostolique Familiaris consortio, la famille n’est pas la somme des personnes qui la constituent, mais une « communauté de personnes » (cf. n. 17-18). Et une communauté est plus que la somme des personnes. Elle est le lieu où l’on apprend à aimer, le centre naturel de la vie humaine. Elle est faite de visages, de personnes qui aiment, qui dialoguent, qui se sacrifient les unes pour les autres et qui défendent la vie, en particulier la plus fragile, la plus faible. On pourrait dire, sans exagérer, que la famille est le moteur du monde et de l’histoire. Chacun de nous construit sa propre personnalité en famille, en grandissant avec sa mère et son père, ses frères et ses sœurs, en respirant la chaleur du foyer. La famille est le lieu où nous recevons notre nom, elle est le lieu des liens d’affection, l’espace de l’intimité, où l’on apprend l’art du dialogue et de la communication interpersonnelle. Dans la famille, la personne prend conscience de sa propre dignité et, en particulier si l’éducation est chrétienne, elle reconnaît la dignité de chaque personne de manière particulière, de celle qui est malade, faible, exclue.

Tout cela est la communauté-famille, qui demande à être reconnue comme telle, encore davantage aujourd’hui, alors que prévaut la protection des droits individuels. Et nous devons défendre le droit de cette communauté : la famille. C’est pourquoi vous avez bien fait de porter une attention particulière à la Charte des droits de la famille, présentée il y a précisément trente ans, le 22 octobre 1983.

La famille se fonde sur le mariage

Venons-en au deuxième point – on dit que nous jésuites, nous parlons toujours par trois : trois points : un, deux, trois. Deuxième point : la famille se fonde sur le mariage. À travers un acte d’amour libre et fidèle, les époux chrétiens témoignent que le mariage, en tant que sacrement, est la base sur laquelle se fonde la famille et rend plus solide l’union des conjoints et leur don réciproque. Le mariage est comme une sorte de premier sacrement de l’humain, où la personne se découvre elle-même, s’auto-comprend en relation aux autres et en relation à l’amour qu’elle est capable de recevoir et de donner. L’amour sponsal et familial révèle aussi clairement la vocation de la personne à aimer de manière unique et pour toujours, et que les épreuves, les sacrifices et les crises du couple, ainsi que de la famille elle-même, représentent des passages pour grandir dans le bien, dans la vérité et dans la beauté. Dans le mariage, on se donne complètement, sans calculs ni réserves, en partageant tout, les dons et les sacrifices, en s’en remettant à la Providence de Dieu. Telle est l’expérience que les jeunes peuvent apprendre de leurs parents et de leurs grands-parents. C’est une expérience de foi en Dieu et de confiance réciproque, de liberté profonde, de sainteté, parce que la sainteté suppose de se donner avec fidélité et sacrifice chaque jour de la vie ! Mais il existe des problèmes dans le mariage. Il y a toujours divers points de vue, des jalousies, on se dispute. Mais il faut dire aux jeunes époux de ne jamais finir la journée sans faire la paix entre eux. Le sacrement du mariage est renouvelé dans cet acte de paix après une discussion, un malentendu, une jalousie cachée, même un péché. Faire la paix qui donne l’unité à la famille ; et il faut dire cela aux jeunes, aux jeunes couples, qu’il n’est pas facile de prendre cette route, mais elle est si belle cette route, si belle. Il faut le dire !

Les enfants et les personnes âgées dans la vie familiale

Je voudrais à présent mentionner au moins deux phases de la vie familiale : l’enfance et la vieillesse. Les enfants et les personnes âgées représentent les deux pôles de la vie et aussi les plus vulnérables, souvent les plus oubliés. Quand je confesse un homme ou une femme mariés, jeunes, et que dans la confession on en vient à parler d’un fils ou d’une fille, je demande : mais combien d’enfants avez-vous ? Et ils me le disent, peut-être en attendant une autre question après celle-ci. Mais moi je pose toujours cette deuxième question : Et dites-moi, Monsieur ou Madame, est-ce que vous jouez avec vos enfants ? – Comment mon Père ? – Est-ce que vous perdez du temps avec vos enfants ? Est-ce que vous jouez avec vos enfants ? – Mais non, vous savez, quand je sors de chez moi le matin – me dit l’homme – tout le monde dort encore et quand je reviens ils sont couchés. La gratuité, cette gratuité du papa et de la maman avec leurs enfants, est aussi très importante : « perdre du temps » avec ses enfants, jouer avec ses enfants. Une société qui abandonne les enfants et qui exclut les personnes âgées coupe ses propres racines et assombrit son avenir. Et vous, réfléchissez-vous à ce que fait notre culture aujourd’hui ou pas ? Avec cette méthode. Chaque fois qu’un enfant est abandonné et qu’une personne âgée est laissée pour compte, on accomplit non seulement un acte d’injustice, mais on enregistre aussi l’échec de cette société. Prendre soin des petits et des personnes âgées est un choix de civilisation. Et c’est aussi l’avenir, car les petits, les enfants, les jeunes mèneront de l’avant cette société avec leur force, leur jeunesse, et les personnes âgées la mèneront de l’avant avec leur sagesse, leur mémoire, qu’elles doivent donner à nous tous.

Et cela me réjouit, que le Conseil pontifical pour la famille ait créé cette nouvelle icône de la famille, qui reprend la scène de la Présentation de Jésus au temple, avec Marie et Joseph qui apportent l’Enfant, pour observer la Loi, et les deux personnes âgées, Syméon et Anne, qui, animés par l’Esprit, l’accueillent comme le Sauveur. Le titre de l’icône est significatif : « De génération en génération s’étend sa miséricorde ». L’Église qui prend soin des enfants et des personnes âgées devient la mère des générations de croyants et, dans le même temps, elle sert la société humaine car un esprit d’amour, de famille et de solidarité aide tout le monde à redécouvrir la paternité et la maternité de Dieu. Et cela me plaît, quand je lis ce passage de l’Évangile, de penser que les jeunes, Joseph et Marie, l’Enfant aussi, font tout ce que la Loi dit. Saint Luc le dit quatre fois : pour accomplir la Loi. Les jeunes sont obéissants à la Loi ! Et les deux personnes âgées font du bruit ! À ce moment-là, Syméon invente une liturgie personnelle et élève des louanges, les louanges à Dieu. Et la petite vieille s’en va et bavarde, elle prêche avec les bavardages : « Regardez-le ! ». Comme ils sont libres ! Et il est dit à trois reprises de ces personnes âgées qu’elles sont conduites par le Saint-Esprit. Les jeunes par la Loi, eux par le Saint-Esprit. Se tourner vers les personnes âgées qui ont cet esprit à l’intérieur, les écouter !

La « bonne nouvelle » de la famille est une partie très importante de l’évangélisation, que les chrétiens peuvent communiquer à tous, à travers le témoignage de la vie ; et ils le font déjà, cela est évident dans les sociétés sécularisées : les familles vraiment chrétiennes se reconnaissent à la fidélité, à la patience, à l’ouverture à la vie, au respect pour les personnes âgées… Le secret de tout cela est la présence de Jésus dans la famille. Nous proposons donc à tous, avec respect et courage, la beauté du mariage et de la famille, éclairés par l’Évangile ! Et c’est pour cela que nous nous approchons avec attention et affection des familles en difficulté, de celles qui sont obligées de quitter leur terre, qui sont brisées, qui n’ont pas de maison ou de travail, ou qui souffrent pour tant de motifs ; des conjoints en crise et à ceux désormais séparés. Nous voulons être proches de tous avec l’annonce de cet Évangile de la famille, de cette beauté de la famille.

Chers amis, les travaux de votre Assemblée plénière peuvent être une précieuse contribution en vue du prochain Synode extraordinaire des évêques qui sera consacré à la famille. Je vous remercie également pour cela. Je vous confie à la Sainte Famille de Nazareth et je vous donne de tout cœur ma Bénédiction.

© Libreria Editrice Vaticana - 2013

Il n’y a pas de famille s’il n’y a pas de miséricorde en acte

Intervention d’Amerigo Pereira, chercheur à l’Université catholique du Portugal – 6 novembre 2015

Le secrétariat national de la pastorale de la culture du Portugal a rendu publique une intervention du professeur Américo Pereira, chercheur de l’université catholique du Portugal, sur les œuvres de miséricorde comme actes fondateurs de la famille.

C’est parce qu’il sait que cet acte – divin par excellence – « révèle le mystère de la Très Sainte Trinité » (Misericordiae vultus - MV, 2) que Sa Sainteté le pape François a affirmé de manière si impérieuse que « la miséricorde est le pilier qui soutient la vie de l’Église » (MV, 10). Changeons légèrement l’ordre des mots de cette citation afin de mettre en évidence ce dont il est question : c’est la miséricorde – quelle qu’elle soit, puisqu’elle est toujours Dieu lui-même, Dieu en acte – qui nous permet de pénétrer le peu qui nous est pénétrable du Mystère de la Très Sainte Trinité, Mystère entre les mystères.

La part de ce mystère à laquelle nous avons accès est précisément la miséricorde qui se dévoile à nous dans la Révélation – au sens traditionnel du terme – ainsi que dans cette autre révélation divine qu’est la présence efficace de la miséricorde dans les actions humaines. La nature exacte de l’infinité de la Sainte Trinité nous échappe absolument. Mais qu’elle est une miséricorde infinie et actuelle, cela, nous le savons. Pour ne pas se limiter à un simple énoncé théorique, mais comprendre réellement ce que cela signifie, c’est à l’expérience personnelle de la miséricorde qu’il faut recourir. La miséricorde ne se laisse découvrir qu’en acte. Seuls les miséricordieux peuvent connaître la miséricorde du sein de la Trinité Sainte.

Quelle est cette miséricorde ?

Avant toute chose, c’est un acte. Un acte qui offre d’être. Le premier acte de la miséricorde est l’acte absolument inaugural de la création du monde par Dieu. Ainsi la miséricorde est un acte qui ouvre absolument une possibilité, celle du monde. C’est l’acte d’amour, de charité par excellence. Nous pourrions même dire que la miséricorde est l’amour et la charité en tant qu’actes purs. La miséricorde est l’actualité même de la charité. S’il est possible d’avoir une conception purement théorique de la charité, pour ce qui est de la miséricorde, seule une conception profondément « actuelle » a du sens. Dans la miséricorde, concept et acte s’entrelacent.

On pourrait en dire autant du « oui » de Marie répondant à l’appel de Dieu pour être la Mère de l’Emmanuel. Marie aimait Dieu, mais l’acte de sa miséricorde pour l’humanité et pour Dieu – qui est la force même de cet acte – est de se donner au travers d’un oui prononcé et assumé.

De même pour Joseph, qui acceptant de constituer une famille avec Marie et l’Emmanuel, œuvre miséricordieusement.

Cette miséricorde se fait encore sentir lorsque, dans une insondable méditation, Dieu rappelle à lui Marie, celle qui avait montré pour lui une si belle miséricorde. Ainsi s’accomplissait la promesse de Christ, nos œuvres de chaque jour sont déjà notre récompense. Marie reçut pour récompense la miséricorde même qu’elle avait déposée dans sa relation à Dieu, Dieu n’eut qu’à laisser cette miséricorde déposée par Marie atteindre sa plénitude. Ainsi en est-il de la miséricorde.

Ainsi en est-il de la miséricorde divine, parfaite, infiniment parfaite, en acte dans le sein de la Trinité.

C’est cette miséricorde qui permet au pape François d’affirmer que le pilier de la vie de l’Église est la miséricorde. Comment pourrait-il en être autrement ?

De ce point de vue, l’Église n’est pas une simple réalité historique, physique ou institutionnelle. Elle est vie, vie qui est miséricorde. Ce n’est qu’à l’intérieur de cette vie de miséricorde et comme une liturgie rendue à cette vie que l’on peut parler de l’Église en termes de réalité physique, historique ou institutionnelle. Seule cette vie de – en acte de – miséricorde est capable de rendre l’Église crédible (MV, 10). La rendre crédible non seulement aux yeux des chrétiens, des croyants d’autres religions ou des non-croyants, mais encore aux yeux mêmes de Dieu. Étant la plénitude de la miséricorde, il ne peut supporter que celle-ci manque à son peuple. C’est ce que l’on peut voir dans le livre de Job avec les faux amis, ou encore dans la triste histoire de Sodome et Gomorrhe où Dieu ne fait que constater et sceller l’absence totale de miséricorde dans ces villes, il ne sauve pas par la violence, ce sont elles qui se suicident.

Ainsi que l’affirme le pape en MV, 9 « la miséricorde de Dieu n’est pas une idée abstraite ». Pour que la miséricorde existe, il faut qu’existent des actes de miséricorde. La Sainte Trinité en est le paradigme, et comme telle elle est le modèle vers lequel nous tendons dans une approche infinie.

La miséricorde est donc l’exercice des œuvres de miséricorde. Ces œuvres que l’on dit traditionnellement corporelles et spirituelles, c’est-à-dire de la vie, étant donné que dans la vie humaine, en acte, il n’y a pas de distinction – si ce n’est purement formel – entre ces deux dimensions (sans esprit, il n’y a que cadavre ; sans corps, il n’y a plus rien puisque nous ne sommes pas des anges incorporels). Voici la liste traditionnelle des œuvres de miséricorde :

1. Nourrir les affamés ;

2. Abreuver les assoiffés  ;

3. Vêtir les malheureux  ;

4. Accueillir les étrangers  ;

5. Soigner les malades  ;

6. Visiter les prisonniers ;

7. Ensevelir les morts  ;

8. Conseiller les indécis ;

9. Enseigner aux ignorants ;

10. Admonester les pécheurs  ;

11. Consoler les affligés ;

12. Pardonner les offenses ;

13. Supporter avec patience les humbles ;

14. Prier pour les vivants et pour les morts.

Le modèle de ces œuvres est le Christ lui-même. Dans sa vie nous trouvons un modèle, parfois à la lettre, de tous ces paradigmes. Ainsi, être miséricordieux c’est agir selon la plénitude des actions que ces quatorze points indiquent. Bien compris, ils couvrent tous les actuations possibles de la miséricorde dans nos vies, non seulement pour l’Église, mais pour l’humanité entière. Ils définissent ainsi le chemin parfait vers le Règne de Dieu. Cette Cité de Dieu, cité de la plénitude du bien possible, qui a du sens non seulement pour les chrétiens mais aussi pour tout homme.

Nous comprenons ainsi que la miséricorde n’est pas simplement une « chose » chrétienne ou religieuse, mais le cœur le plus profond des possibilités de l’humanité. Le cœur sans lequel cette humanité n’aurait plus de futur possible. La miséricorde, même entendue de manière simplement humaine est (comme la charité ou l’amour) l’unique acte qui traverse parfaitement le tamis laïc de l’impératif catégorique kantien.

Où pouvons-nous découvrir, en des termes chrétiens, cette miséricorde dans sa dimension humaine ? Pouvons-nous en trouver un modèle humain ? En existe-t-il un modèle qui soit universalisable et puisse ainsi soustraire l’humanité à son errance ?

Nous pensons que oui.

Ce modèle parfait est la Sainte Famille. C’est un modèle universalisable précisément en son essence et sa substance d’acte de miséricorde. Son universalisation comme acte de miséricorde est l’unique moyen pour que l’humanité ne soit pas un simple rêve de Dieu, un songe sans existence, s’annulant de lui-même.

Marie, Joseph et l’Emmanuel sont le paradigme à la fois de la famille et de la miséricorde humaine. Leur relation est tissée d’une unique réalité : un acte de plein et indéfectible amour. Un acte créateur de possibilités. Un acte ouvrant la possibilité du bien. La miséricorde. Il n’y a pas de famille s’il n’y a pas de miséricorde en acte. La plénitude de la famille coïncide avec la plénitude des œuvres de miséricorde. Il ne s’agit pas de s’agiter pour accomplir les quatorze œuvres de miséricorde, mais de savoir les accomplir chacune lorsque cela s’impose ; toutes à la fois, si cela est nécessaire.

La mère parfaite est celle qui sait accomplir chaque œuvre au moment opportun ; il en va de même pour le père parfait et l’enfant parfait.

C’est cette perfection d’actuation qui constitue la famille : sans elle, il n’y a pas de famille ; avec elle la famille se maintient. La naturalité de la famille réside dans cet acte de miséricorde, et non dans une quelconque structure physique ou biologique. Il n’y a pas de lien biologique entre Joseph et l’Emmanuel, mais Joseph n’en est pas moins un père parfait pour l’Emmanuel et ce dernier un fils parfait pour Joseph.

La famille reproduit ainsi l’acte créateur de Dieu qui n’est pas un acte physique, bien que créant le monde physique, mais un acte spirituel. Plus précisément, l’acte créateur est le don de miséricorde le plus grand qui existe et qui nous fait passer, par amour, du rien que nous sommes au tout de nos possibilités. La famille prolonge cette capacité créatrice, prolongeant dans le même temps cette autre forme de miséricorde qu’est la providence divine, sous la forme humaine du dévouement aimant, prévoyant et pourvoyant qui garantit notre existence terrestre. Cette bonne action manifeste l’opérativité active d’une bonne volonté. Une volonté que l’autre vive, et vive bien. Cette action créatrice et providentielle de Dieu, offerte comme possibilité pour la créature humaine, voilà ce qu’est la miséricorde divine offerte comme possibilité d’une miséricorde humaine.

La miséricorde est ainsi l’acte de providence, divine ou humaine, qui permet que la plénitude soit. C’est la définition même de l’amour.

La miséricorde divine est le point d’appui de toute la création, le point de bascule pour son salut, et spécialement pour celui de l’homme. Il suffit d’accepter de boire au doux calice de la miséricorde humaine. L’universelle libation à ce calice inaugurerait la Cité de Dieu, l’universelle famille spirituelle.

© Urbi et orbi - 2013

Commentaire des lectures du dimanche

Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes

S. Luc serait probablement surpris d’apprendre que l’on utilise le texte d’aujourd’hui pour célébrer la Sainte Famille. Dans l’épisode de ce matin, il voulait simplement nous révéler l’identité de Jésus-Christ : le Fils de Dieu qui est chez lui dans le Temple, la maison de son Père.

Au seuil d’une nouvelle année, la fête de la Sainte Famille nous permet de réfléchir un peu sur nos familles aujourd’hui. La famille est une réalité complexe. Il existe toutes sortes de familles : familles nucléaires traditionnelles, familles monoparentales, familles reconstituées, famille homo sexuelles, etc.

Quelque soit notre situation familiale, la fête d’aujourd’hui nous fournit l’occasion de faire un petit examen sur la vie d’amour et de foi de nos diverses familles. Et elle nous invite à injecter toutes les vitamines nécessaires pour que ces deux grandes valeurs se développent dans nos milieux familiaux.

Le texte nous rappelle d’abord que la vie d’amour et de foi est basée sur la tradition et sur les valeurs humaines.

La maison de Nazareth a été pour Jésus son centre d’apprentissage : « il grandissait en sagesse et en grâce ». Jésus a appris de ses parents les valeurs traditionnelles et, toute sa vie, il est resté « le fils du charpentier ». Les évangiles nous le rappellent continuellement. Il grandissait entouré d’amour et de tendresse. Marie et Joseph, protecteurs et éducateurs de l’enfant, avaient une relation positive avec Dieu et avec les autres.

Jésus doit à sa famille la foi, la prière, la justice, l’honnêteté, la sérénité, le respect des autres, la sincérité, le civisme, l’esprit de service et la joie de vivre. Il a appris à reconnaître l’importance des traditions et des valeurs humaines !

Le texte nous rappelle de façon particulière la valeur des traditions religieuses, au sein de la famille. À douze ans, le jeune garçon devient un « Bar mitzvah », c’est-à-dire un « Fils de la Loi ». C’était un rite d’initiation à la vie adulte et, à cet âge, le jeune garçon commençait à participer aux célébrations de la communauté, il avait les mêmes obligations et les mêmes responsabilités que les adultes. C’est à ce titre que Jésus accompagne ses parents à Jérusalem pour la fête.

« Chaque année », nous dit le texte, « les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. » En soulignant ce « chaque année », Luc nous suggère la fidélité religieuse de Marie et Joseph. Jésus a grandi dans la spiritualité de la nation juive. Trois pèlerinages annuellement, chaque fois 155 km à pied, de Nazareth à Jérusalem.

Le texte d’aujourd’hui nous présente un autre aspect de la vie familiale : malgré tous les efforts des parents et le bon exemple qu’ils donnent, les enfants veulent faire leurs propres expériences.

Quand Jésus eut douze ans, ses parents participèrent au pèlerinage à Jérusalem, suivant la coutume. Jésus les accompagna et pendant ce pèlerinage, il fit une fugue, sans en avertir ses parents. Ce n’est pas par hasard que le seul détail que nous connaissons de Jésus pendant trente ans de vie cachée soit celui-là : un enfant fugueur, qui fait souffrir ses parents...

L’évangile nous suggère que Marie elle-même, ne comprenait pas ce qui se passait : elle retient ces événements et s’interroge. « Sa mère gardait dans son coeur tous ces événements. »

Il existe une peinture de Vincent Van Gogh où la mère retient sa petite fille et un peu plus loin son père l’encourage à faire ses premiers pas et à venir vers lui. La petite fille a l’air tout excitée et tout heureuse de cette aventure. Elle va probablement tomber plusieurs fois, mais à la fin ses parents lui apprendront à marcher.

Quand on enseigne aux enfants à marcher, il faut savoir qu’un jour, ils marcheront peut-être dans une direction autre que celle que nous voudrions qu’ils empruntent. C’est ce qui est arrivé à Jésus, à l’âge de 12 ans, et ses parents ne comprenaient pas son comportement.

La vraie famille est un point de départ, une conquête qui se fait au jour le jour. La famille chrétienne est la première école de vie. C’est là que l’on retrouve le fondement de toute éducation civique et religieuse.

Faisons un effort pour que notre maison reste un foyer d’amour, de foi, de pardon et d’apprentissage… afin que comme Jésus, les enfants et les petits enfants croissent en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes.

Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes

© Cursillo – 2015