PKO 25.01.2015

Dimanche 25 janvier 2015 – 3ème Dimanche du Temps ordinaire – Année B
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°06/2015

Humeurs

Florilèges de la liberté d’expression

La « liberté d’expression » le grand sujet du moment suite aux événements des 7,8 et 9 janvier dans la région parisienne… Mais attention, si vous osez penser autrement, pour ne pas dire différemment, et assumez de le dire… il pourra vous être reproché, pour ne pas dire contesté, de vous reconnaître le droit à la « liberté d’expression » ! Voici quelques-uns des commentaires écrits sur facebooksuite à notre message « Je ne suis pas Charlie » :

« Scandaleux et illégal, père Christophe a écrit ça sur un coin de table de l'o à la bouche sûrement » (Charles-Henri AUQUE) ;

« Si certains ont le courage de lire ça !!!!

Le père Christophe nous informe que par leurs dessins les journalistes de Charlie hebdo l'ont bien cherché et les autres feraient bien de ne pas recommencer ??? [ndlr : il n’a pas du lire le texte du P.K.0 !]

C'est scandaleux de bêtise pure ! C'est absolument irresponsable !!! Il ne doit pas y avoir de test de QI pour devenir prêtre, la preuve en est ici faite!!!' Il légitimise ici le terrorisme, c'est un délit !!!

Un pauvre imbécile qui ne vit que de ses invitations répétées à l'o a la bouche » (Charles-Henri AUQUE) ;

« Personnellement, je cesserai de railler les religions quand elles cesseront leur prosélytisme hypocrite, notamment sur mon lieu de travail et à proximité de l'école de mes enfants. C'est donnant-donnant, c'est manque de respect contre manque de respect. Vos croyances personnelles, vous avez des lieux de culte ou chez vous pour les partager ou endoctriner vos enfants si vous le souhaitez. Le faire ailleurs relève de la plus abjecte obscénité. Si vous ne vous exprimez pas publiquement au sujet de votre dernière mycose génitale, faites-en autant au sujet de vos croyances personnelles et épargnez-nous votre petite réthorique religieuse dans les conversations de tous les jours. Si en revanche vous n'êtes pas suffisamment adultes pour le comprendre en observant un peu de retenue, sachez que les arguments ne manquent pas pour vous tourner en dérision, ce qui me paraît tout à fait juste et équitable. » (Alexandre BIGEY) ;

« eh prêtre tu veux la merde dans ton église fait attention… surveilles tes paroles içi des gens sont morts a causes de toi et des gens comme toi… tu veux la merde avec les gens de nuutania ceux qui viennent dans ton église prier leurs gosses en prison tu veux essayer... » (Haanui Teraï Mohau).

Il nous a semblé nécessaire de devoir, au nom de la liberté d’expression, partager ces commentaires avec le plus grand nombre… « La liberté d’expression doit tenir compte de la réalité humaine, et pour cela, je dis qu’elle doit être prudente, éduquée » (Pape François)

Regard sur l’actualité

62ème Journée mondiale des Lépreux

En 2015, la lèpre existe toujours !

 « On célèbre aujourd’hui la Journée mondiale des malades de la lèpre. Bien qu’elle régresse, cette maladie, frappe encore hélas de nombreuses personnes en situation de misère grave. Il est important de maintenir une solidarité vivante avec ces frères et sœurs. Nous les assurons de notre prière ; et nous prions aussi pour tous ceux qui les assistent de différentes façons, qui s’engagent pour vaincre cette maladie ».

Pape François (26 janvier 2014)

L'Ordre de Malte rappelle que « la lèpre a été éradiquée dans 119 pays, plus de 14 millions de malades ont été guéris en 20 ans et le nombre de nouveaux cas diminue chaque année : 228 474 en 2010, 219 075 en 2011… 215 656 en 2013. Mais pourtant, toutes les 2 minutes, la lèpre frappe une personne dans le monde. Dans 10% des cas, il s'agit d'un enfant. »

Les 24 et 25 janvier, aidez-nous à lutter contre cette maladie, une bombe à effet retard, qui handicape et qui exclut.

Une quête est organisée à la sortie des messes dominicales…

Merci pour votre générosité

Merci !

Audience générale du mercredi 21 janvier 2015 – Pape François

 Le pape François a offert un bilan de son voyage au Sri Lanka et aux Philippines (12-19 janvier 2015) lors de l'audience générale. « Le voyage a surtout été une joyeuse rencontre avec les communautés ecclésiales qui, dans ces pays, rendent témoignage au Christ : je les ai confirmées dans la vie et dans la mission », a confié le pape.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Je m’arrêterai aujourd’hui sur le voyage apostolique au Sri Lanka et aux Philippines, que j’ai effectué la semaine dernière. Après la visite en Corée d’il y a quelques mois, je me suis de nouveau rendu en Asie, continent aux riches traditions culturelles et spirituelles. Le voyage a surtout été une joyeuse rencontre avec les communautés ecclésiales qui, dans ces pays, rendent témoignage au Christ : je les ai confirmées dans la vie et dans la mission. Je garderai toujours au cœur le souvenir de l’accueil festif de la part des foules – dans certains cas, carrément océaniques – qui ont accompagné les moments saillants du voyage. J’ai aussi encouragé le dialogue interreligieux au service de la paix, tout comme le cheminement de ces peuples vers l’unité et le développement social, spécialement avec les acteurs que sont les familles et les jeunes.

Le moment culminant de mon séjour au Sri Lanka a été la canonisation du grand missionnaire Joseph Vaz. Ce saint prêtre administrait les sacrements, souvent en secret, aux fidèles, mais il aidait indistinctement tous ceux qui étaient dans le besoin, quelle que soit leur religion ou leur condition sociale. Son exemple de sainteté et d’amour du prochain continue d’inspirer l’Église au Sri Lanka dans son apostolat de charité et d’éducation. J’ai donné saint Joseph Vaz comme modèle pour tous les chrétiens, appelés aujourd’hui à proposer la vérité salvifique de l’Évangile dans un contexte multi-religieux, avec respect envers les autres, avec persévérance et humilité.

Le Sri Lanka est un pays d’une grande beauté naturelle, et dont le peuple cherche à reconstruire l’unité après un long et dramatique conflit civil. Dans ma rencontre avec les Autorités gouvernementales, j’ai souligné l’importance du dialogue, du respect de la dignité humaine, de l’effort pour impliquer tout le monde afin de trouver des solutions adéquates en vue de la réconciliation et du bien commun.

Les différentes religions ont un rôle important à jouer sur ce plan. Ma rencontre avec les représentants religieux a été une confirmation des bons rapports qui existent déjà entre les diverses communautés. Dans ce contexte, j’ai voulu encourager la coopération déjà entreprise entre les disciples des différentes traditions religieuses, dans le but de pouvoir guérir avec le baume du pardon tous ceux qui sont encore sous le coup des souffrances de ces dernières années. Le thème de la réconciliation a aussi caractérisé ma visite au sanctuaire de Notre Dame de Madhu, très vénérée par les populations tamoules et cingalaises, et but de pèlerinage pour les membres d’autres religions. En ce lieu saint, nous avons demandé à Marie, notre Mère, d’obtenir pour le peuple sri-lankais tout entier le don de l’unité et de la paix.

Du Sri Lanka, j’ai poursuivi aux Philippines, où l’Église se prépare à célébrer le cinquième centenaire de l’arrivée de l’Évangile. C’est le principal pays catholique d’Asie et le peuple philippin est bien connu pour sa foi profonde, sa religiosité et son enthousiasme, même dans la diaspora. Lors de ma rencontre avec les Autorités nationales, comme lors des moments de prière et pendant la messe de clôture à laquelle participait une immense foule, j’ai souligné la constante fécondité de l’Évangile et sa capacité à inspirer une société digne de l’homme, où il y a place pour la dignité de chacun et pour les aspirations du peuple philippin.

L’objectif principal de la visite, et la raison pour laquelle j’ai décidé d’aller aux Philippines – c’était la raison principale – était de pouvoir exprimer ma proximité aux frères et sœurs qui ont subi la dévastation du typhon Yolanda. Je me suis rendu à Tacloban, dans la région la plus touchée, où j’ai rendu hommage à la foi et à la capacité de reprise de la population locale. À Tacloban, malheureusement, les conditions climatiques défavorables ont fait une autre victime innocente : la jeune bénévole Kristel, blessée et tuée par une structure balayée par le vent. J’ai aussi remercié ceux qui, de tous les coins du monde, ont répondu à leurs besoins par une généreuse profusion d’aides. La puissance de l’amour de Dieu, révélé dans le mystère de la Croix, a été manifestée dans l’esprit de solidarité démontré par les multiples actes de charité et de sacrifice qui ont marqué ces jours sombres.

Les rencontres avec les familles et avec les jeunes, à Manille, ont été des moments saillants de la visite aux Philippines. Les familles en bonne santé sont essentielles à la vie de la société. Cela console et donne de l’espérance de voir tant de familles nombreuses qui accueillent les enfants comme un vrai don de Dieu. Elles savent que chaque enfant est une bénédiction. J’ai entendu dire par certains que les familles avec beaucoup d’enfants et que la naissance de tant d’enfants étaient une des causes de la pauvreté. Cela me paraît une opinion simpliste. Je peux dire, nous pouvons tous dire, que la principale cause de la pauvreté réside dans un système économique qui a enlevé la personne du centre et y a mis le dieu argent - un système économique qui exclut, exclut toujours : il exclut les enfants, les personnes âgées, les jeunes, les chômeurs… - et qui crée la culture du rebut que nous vivons. Nous nous sommes habitués à voir des personnes rejetées. C’est la cause principale de la pauvreté, et non les familles nombreuses. En évoquant de nouveau la figure de saint Joseph, qui a protégé la vie du « Santo Niño » si vénéré dans ce pays, j’ai rappelé qu’il faut protéger les familles qui sont confrontées à différentes menaces, afin qu’elles puissent témoigner de la beauté de la famille dans le projet de Dieu. Il faut aussi défendre la famille des nouvelles « colonisations idéologiques » qui menacent son identité et sa mission.

Cela a été une joie pour moi d’être avec les jeunes des Philippines, pour écouter leurs espérances et leurs préoccupations. J’ai voulu leur offrir mon encouragement pour leurs efforts et leur contribution au renouveau de la société, en particulier à travers le service des pauvres et la protection de l’environnement naturel.

Le soin des pauvres est un élément essentiel de notre vie et de notre témoignage chrétien – j’ai aussi indiqué cela pendant ma visite ; cela comporte le refus de toute forme de corruption, parce que la corruption vole aux pauvres et demande une culture de l’honnêteté.

Je remercie le Seigneur pour cette visite pastorale au Sri Lanka et aux Philippines. Je lui demande de toujours bénir ces deux pays et de confirmer la fidélité des chrétiens au message évangélique de notre rédemption, de notre réconciliation et communion avec le Christ.

© Copyright 2015 – Libreria Editrice Vaticana

 

Ne prenons pas le problème à l’envers

Déclaration sur la fin de vie de la Conférence des Évêques de France

 Le Groupe de travail de la Conférence des Évêques de France sur la fin de vie publie, ce mardi 20 janvier 2015, une Déclaration sur la fin de vie dont voici le texte.

 1. Nous saluons avec admiration l’effort des équipes médicales et des bénévoles qui, avec compétence et dévouement, accompagnent au quotidien des personnes en fin de vie ainsi que leurs proches. Leurs pratiques attestent la pertinence des soins palliatifs. Ceux-ci ont fait leurs preuves ! Ils forment aujourd’hui un savoir médical autorisé, toujours en progrès, pour que des personnes vivent dans les meilleures conditions possibles leur fin de vie.

2. Nous rappelons que la Loi dite « Leonetti » donne un cadre médical, éthique et juridique adapté pour la plupart des cas rencontrés. Votée à l’unanimité, elle exprima une unité nationale. L’expérience des dix dernières années en matière de soins palliatifs en confirme le bien-fondé. Elle a été appelée la « voie française », inspiratrice de nombreux pays.

I – Développer une culture palliative : une cause nationale prioritaire

3. Nous faisant l’écho de professionnels de santé et de rapports sur le sujet, nous poussons un cri d’alarme : il est urgent de développer fortement, pour tous les soignants, les formations à la médecine palliative, et d’accélérer l’extension des soins palliatifs et de structures qui en permettent l’exercice à domicile, afin que tous ceux qui en ont besoin y aient accès, comme l’exige la loi depuis 1999. Répondre de façon insuffisante à cette urgence, c’est se rendre complice du « mal mourir » actuel en France ; c’est aussi favoriser les demandes toujours douloureuses d’euthanasie.

4. Nous alertons les politiques : ne prenons pas le problème à l’envers ! Il serait erroné de penser résoudre le « mal mourir » par la seule création d’un nouveau « droit à la sédation profonde et continue jusqu’au décès ». Ce droit ne supprimera pas les causes de ce « mal mourir », mais génèrera, s’il est pris isolément, un « mal vivre » plus profond, ainsi que de nouvelles inquiétudes et angoisses chez nombre de nos concitoyens.

5. Nous souhaitons ardemment qu’émerge une « culture palliative » qui favorise une réflexion apaisée et des choix paisibles sur les questions de fin de vie. Pour une telle culture, le respect de la dignité de l’être humain en sa vulnérabilité constitutive demeure le fondement de l’art médical.Ce respect implique le soulagement de la souffrance, le refus de l’« obstination déraisonnable », l’interdiction de l’euthanasie et la prévention de tout suicide qui, en aucun cas, ne peut résulter d’une assistance médicale.La médecine se doit d’être cohérente : la main qui soigne ne peut être la main qui tue. La loi ne peut se contredire, en décrétant qu’il existe des situations de vie où la prévention du suicide serait bannie. L’euthanasie et l’assistance médicale au suicide sont, dans le fond, des actes « violents ».

6. Comme y invite le « Rapport Sicard », nous pensons que l’exercice de la médecine appelle une conception unifiée et continue du soin, intégrant ensemble curatif et palliatif. Il s’agit de toujours prendre soin de la personne ! La culture du soin, partagée par les médecins et le personnel soignant, offre le milieu de valeurs, de références éthiques, d’attitudes et du savoir-faire validé par les recommandations de « bonnes pratiques », qui permettent de lutter contre l’« obstination déraisonnable » et de décider de manière appropriée pour les cas difficiles.

7. Cette médecine palliative doit être connue par tous, non seulement afin d’être éclairés pour nous-mêmes mais aussi parce que nous avons ou nous aurons probablement à vivre un accompagnement de l’un de nos proches en fin de vie. Un devoir d’information s’impose donc à la politique de santé publique.Alors grandira dans notre société la « culture palliative » : nous saurons tous mieux que l’art médical, cohérent avec lui-même, est compétent pour prendre soin de nous et apaiser au mieux nos souffrances ; nous expérimenterons davantage que la vulnérabilité de l’autre nous appelle, nous oblige et nous invite à la relation de confiance. Une telle culture favorise grandement l’apaisement de notre société. Elle mérite d’être une cause nationale prioritaire.

8. Aucune loi ne pourra jamais résoudre par elle-même tous les cas singuliers. L’État doit promouvoir la compétence du personnel médical et lui faire confiance. Il doit lui donner les moyens d’exercer la médecine dans des conditions satisfaisantes, et établir le cadre légal approprié à la prise en charge des patients de façon adaptée à chaque situation et à ses complexités propres. En effet, les recommandations de « bonnes pratiques » sont essentielles au jugement médical. Celles-ci, dans le cadre de la loi, sont validées par la mise en commun des expériences et peuvent sans cesse être améliorées. Il serait dommageable, voire dangereux, que la loi, en s’immisçant dans l’exercice de la médecine, empêche la mise au point de ces « bonnes pratiques ».

9. Comme le proposent MM. Claeys et Leonetti, nous souhaitons une politique de soin qui intègre les actes d’accompagnement dans la tarification médicale. Ces actes sont absolument nécessaires au respect de l’être humain vulnérable. Il importe donc que l’accompagnement, avec le temps légitimement consacré à la relation, soit reconnu comme un acte médical. Il serait utile de réfléchir à un équilibre des dépenses de santé entre la médecine curative et la médecine palliative, qui prenne mieux en compte le nécessaire travail relationnel pour adapter au mieux les traitements proposés : certains traitements curatifs au coût disproportionné sont prescrits par manque de formation ou de temps, quand des soins palliatifs de qualité permettraient d’améliorer la qualité de vie ainsi que l’espérance de vie, comme le montrent de récentes études.

10. Nous insistons sur la nécessité d’aborder de façon globale l’ensemble des problèmes de la fin de vie : diminutions, dépendance, handicap, solitude. La résolution du « mal mourir » ne commence pas en phase terminale mais passe par la mise en place d’une politique du « bien vieillir ». Il est ainsi nécessaire de développer les compétences palliatives en Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et en Maison d’accueil spécialisé (MAS) au bénéfice de la personne, de telle sorte que le recours au service d’urgence de l’hôpital reste une solution exceptionnelle.

II – Droit à la sédation : tenir compte de chaque situation et de la fluctuation des souhaits

11. La sédation, qui a pour but de faire disparaître la perception d’une situation vécue comme insupportable par le patient après avoir proposé ou mis en œuvre l’ensemble des autres moyens disponibles, est déjà pratiquée dans le cadre actuel du droit des patients à être soulagé de leurs souffrances. Mais elle ne fait pas actuellement l’objet d’un droit spécifique.

12. Nous voulons attirer l’attention sur différents aspects de la sédation telle que la promeut le « nouveau droit » inscrit dans la proposition de loi de MM. Jean Leonetti et Alain Claeys.

▪ La création de ce nouveau droit peut contribuer à rassurer le malade tout au long de son parcours de soin.

Cette création n’est juste que si elle s’accompagne d’une cohérence entre le droit et la formation dispensée pour les professions médicales et infirmières. En effet, celles-ci sont chargées de mettre en œuvre ce traitement conformément aux recommandations de « bonnes pratiques » de la médecine palliative. Le droit doit donc nécessairement les intégrer et ne peut se penser indépendamment d’elles.

▪ La création de ce nouveau droit conduit nécessairement à développer les soins palliatifs, notamment dans les EHPAD et les MAS en prévoyant du personnel infirmier la nuit.

▪ Puisque la proposition de loi ne l’interdit pas, il est nécessaire de mentionner explicitement que la sédation ponctuelle et intermittente – prescrite et pratiquée actuellement avec compétence par bien des équipes médicales – reste possible à la demande du patient, notamment lorsqu’il souhaite à la fois « dormir » pour lutter contre des souffrances insupportables et bénéficier de « plages d’éveil » permettant de communiquer avec ses proches.

▪ Selon la proposition de loi, le critère de la « demande du patient d’éviter toute souffrance et de ne pas prolonger inutilement la vie » (art. 3) englobe toutes les souffrances, y compris les souffrances psychiques et existentielles pour lesquelles la notion de « souffrance réfractaire au traitement » se pose pourtant de manière différente. Il serait très grave que ce critère conduise à minimiser l’accompagnement psychologique et « existentiel », et contribue à instaurer dans la société l’idée que la vie d’une personne atteinte d’une affection grave et incurable est aussitôt jugée « inutile » et dénuée de sens.

▪ Cet éventuel droit nouveau doit prendre en compte la complexité et les ambivalences de la volonté du patient, et ne pas l’enfermer dans une formulation ancienne de sa volonté. Celle-ci est en effet susceptible d’évoluer en fonction des rencontres et de la qualité d’accompagnement, comme cela se vérifie souvent. L’expérience concrète de la maladie, de la vieillesse ou du handicap change la personne ainsi que la perception de ce qu’elle estime bon pour elle.

▪ Le droit à la sédation profonde et continue, s’il est voté et promulgué, risque de contribuer à une instrumentalisation du médecin au service de la volonté du patient et à une forme de déresponsabilisation. Pour exercer la responsabilité inhérente à son métier, le médecin, dans le dialogue fondé sur un pacte de confiance entre lui et le patient (ou en prenant en compte ses éventuelles directives anticipées ainsi que l’avis de la « personne de confiance » et des proches quand il ne peut pas s’exprimer), doit pouvoir juger des traitements les plus appropriés dans le respect de la déontologie qui condamne les pratiques euthanasiques. Dans le cas où le patient ne peut pas exprimer sa volonté, l’association systématique de la sédation à l’arrêt des traitements de maintien en vie éliminerait le jugement du médecin qui est pourtant chargé de trouver le mode de prise en charge le plus adapté.

13. La proposition de loi supprime la référence au principe du double effet. Peut-être est-ce dans le but d’éviter d’éventuels problèmes déontologiques et juridiques liés aux indications de la sédation profonde. Cependant, le souci d’éviter les procès ne doit pas dispenser de réfléchir à l’objectif poursuivi (« intentionalité » ou « intention ») par la prescription de la sédation et, plus généralement, de tout traitement. La mort ne peut jamais être directement voulue ! La dignité de l’intelligence humaine consiste à réfléchir à un objectif délibérément voulu (soulager la souffrance) et au choix compétent des moyens qui y conduisent, tout en reconnaissant que ces moyens peuvent avoir une conséquence non voulue (abréger la vie). Selon la pratique médicale et sa déontologie, le médecin doit être capable de formuler et clarifier l’objectif poursuivi pour chaque cas, en tenant compte des « effets secondaires ». Le cadre légal devrait continuer à inciter les médecins à formuler l’objectif visé en prenant en considération l’« effet secondaire ». L’absence de clarté dans l’objectif de soin engendre un malaise dans les équipes soignantes.

III – Les directives anticipées : clarifier les conditions de leur rédaction

14. Nous pensons qu’il est nécessaire de clarifier les conditions de rédaction des directives anticipées dans le respect de la liberté. Pour cela, il faut :

▪ Reconnaître la valeur des directives anticipées qui peuvent permettre à ceux qui les rédigent et à leurs proches de se réapproprier les questions sur la fin de vie.

▪ Valoriser leur rédaction, sans la rendre obligatoire, en prenant en compte les trois rubriques mentionnées : générale, avec connaissance de la maladie, partie libre. La liberté du patient, comme celle de tout être humain, n’est réelle que si elle est éclairée.

▪ Inciter clairement à « parler » de ses futures directives anticipées avec les proches, et à les rédiger dans le dialogue avec les médecins, sans se contenter de remplir des formulaires. La fin de vie et la mort engagent le sens d’une existence ; elles ne sont pas qu’un problème technique à maîtriser ; il est vital de pouvoir s’en entretenir en confiance.

▪ Conforter la possibilité pratique de pouvoir les changer librement à tout moment en veillant aux conditions réalistes de ce changement pour une personne en grande vulnérabilité. Par respect pour la liberté, ne faudrait-il pas, comme dans la loi actuelle, maintenir leur révision périodique ?

▪ Valider la possibilité de ne pas les appliquer quand le médecin, dans le plein exercice de sa responsabilité, les juge non appropriées. Les conditions de ce choix et du nécessaire processus collégial doivent être clairement précisées.

IV – Limitation et arrêt de traitements : respecter la dignité intrinsèque de l’être humain

15. Nous estimons que le problème majeur réside dans la réflexion sur la limitation ou l’arrêt des traitements, afin que l’accompagnement de la personne jusqu’à sa mort ne devienne jamais un « faire mourir ». En ce sens, il conviendrait de :

Préciser les critères de l’« obstination déraisonnable » qui demeure déterminante pour la limitation ou l’arrêt de traitements.

Encadrer de façon stricte le critère du « seul maintien artificiel de la vie » qui, n’ayant pas de définition claire, peut donner lieu à de nombreuses dérives. Il faut régler son usage par des recommandations de « bonnes pratiques » (Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs, Haute Autorité de Santé), en reconnaissant ces trois règles éthiques communes fondamentales :

1.Aucun critère de compétence ou de capacité relationnelle ne peut définir l’humanité de l’être humain. L’humanité ne s’absente jamais de l’être humain vivant. « La valeur intrinsèque et la dignité personnelle de tout être humain ne changent pas, quelles que soient les conditions concrètes de sa vie. »

2.La constatation d’un état irréversible ne suffit pas à qualifier le soin prodigué de « déraisonnable » ni la vie humaine d’« inutile ».

3.Bien que qualifiées de « traitement » par la proposition de loi, l’alimentation et l’hydratation artificielles, dont les indications sont souvent distinctes en fin de vie, ne peuvent pas être d’emblée jugées comme des moyens relevant de l’« obstination déraisonnable » ou comme « n’ayant d’autre but que le seul maintien artificiel de la vie ».

▪ Poursuivre la réflexion sur les critères de limitation de la réanimation, afin de ne pas créer des états limites caractérisés par de grandes souffrances et de grands handicaps. La médecine de réanimation reste un art entre le « pas assez » et le « trop ».

16. Enfin, nous voulons faire les remarques suivantes sur les cas de l’arrêt de traitement des patients en état de conscience minimale ou en « état d’éveil sans réponse » :

▪ De façon générale, la décision finale qui sera prise après la délibération collégiale devrait rester médicale pour ne pas faire peser sur la famille le poids d’une décision grave et irréversible, tout particulièrement en néonatologie. Certes, le droit pourrait reconnaître une hiérarchie dans les avis des proches pour régler les litiges en cas de désaccord familial, mais il serait important d’envisager une procédure de médiation avant de déclencher une procédure judiciaire. Si l’autonomie naît et grandit dans la relation, on ne peut prendre soin d’un patient sans prendre soin de son tissu relationnel dans lequel il vit ou a vécu.

▪ L’alimentation et l’hydratation artificielles, même si elles sont qualifiées de « traitement », posent des questions spécifiques notamment en raison de la force symbolique de la nourriture. Même donnée par l’intermédiaire de moyens artificiels (biberon, cuillère, perfusion, etc.), la nourriture maintient en vie tout en maintenant la rencontre et le lien entre les humains, même en l’absence de manifestations de capacité relationnelle.

▪ Sauf motifs permettant de juger de leur caractère disproportionné, l’alimentation et l’hydratation artificielles sont dues aux patients en état de conscience minimale ou en « état d’éveil sans réponse ». Lorsqu’apparaissent des défaillances graves de l’organisme ou des complications impliquant une intervention médicale ou chirurgicale lourde pour ces patients, il convient de réévaluer l’« obstination déraisonnable ». En ce cas, la décision de l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation artificielle doit prendre en compte le bien de la personne dans le tissu relationnel qui est le sien. Il n’existe pas de critère médical (pronostic, irréversibilité, évolution, mesure des aptitudes relationnelles, etc.) qui la justifieraient par eux-mêmes et de façon automatique ; il est nécessaire d’intégrer des éléments non médicaux (volonté du patient, directives anticipées, repères éthiques, impact sur le milieu familial, etc.). La décision doit être prise au cas par cas. Chaque situation mérite un discernement approprié, qui ne peut être édicté comme une norme.

V – Vers la fraternité

17. Nous concluons par un appel à la « fraternité » qui est notre urgent devoir commun. La « longue marche vers la citoyenneté totale, y compris jusqu’au dernier instant de [la] vie », ne s’accomplit pas seulement avec de nouveaux droits : le développement d’une culture du soin mettant en lumière et en œuvre la solidarité et la fraternité est indispensable. Si la citoyenneté exige l’égalité d’accès de tous aux soins palliatifs, elle appelle aussi la « fraternité » qui donne sens à l’accompagnement et au devoir d’en acquérir la compétence pour un juste respect des personnes vulnérables. C’est à ce prix que l’accompagnement est « bienveillant ». Le « Rapport Sicard » le souligne : « il serait illusoire de penser que l’avenir de l’humanité se résume à l’affirmation sans limite d’une liberté individuelle, en oubliant que la personne humaine ne vit et ne s’invente que reliée à autrui et dépendante d’autrui ». Nous ne sommes pas indépendants, mais inter-dépendants.

18. Pour tous, le soin prodigué à autrui avec solidarité et fraternité, dans l’épreuve de la maladie et de la mort, est un lieu privilégié d’apprentissage de ce qu’est « la vie bonne ». L’accompagnement d’une personne en fin de vie ouvre souvent les yeux à la transcendance dont chaque être humain est porteur dans sa vulnérabilité même. Cet accompagnement traduit une authentique manière d’aimer l’autre vulnérable, qui honore les soignants et toute la société. Aussi, voulons-nous à nouveau rendre hommage aux soignants et aux acteurs de notre système de santé qui cherchent sans cesse à améliorer nos conditions de soins jusqu’à la rencontre de l’ultime étape de notre vie, la mort.

19. Pour les croyants en Dieu, comme pour les chercheurs d’infini, cette ultime étape n’est pas un non-sens mais une autre rencontre. Dans le respect de nos libertés, Dieu, le maître de la vie, nous convie à prendre soin les uns des autres par l’amour et la tendresse, par un accompagnement ajusté et « fraternel », digne de la grandeur inouïe de tout être humain qui s’en va vers son éternité.

© Conférence des Évêques de France


L’œuvre missionnaire des Oblats à Tahiti – 1977-2004 (3)

Au service des vocations et de la formation sacerdotale

 Nous continuons notre parcours de l’histoire des Congrégations religieuses en Polynésie dans le cadre de l’Année de la Vie consacrée avec cette historique de la communauté des Pères O.M.I. par le R.P. Patrice Morel.

4. Ligne d'action pour le futur.

Dans une circulaire envoyée aux parents et amis à la mi-août 1978, le P. Daniel présente très bien la situation.

« Nous avons eu une bonne dose d'expériences ministérielles. Nous avons assuré le ministère ordinaire dans les paroisses locales, célébré la messe, entendu les confessions, baptisé, béni des mariages. Nous avons enseigné la religion aussi bien dans des écoles que dans des paroisses. Nous avons pris part à la préparation des premières communions et des confirmations. Nous avons participé à des processions, des bénédictions, des pèlerinages, des “matutu” (soirées religieuses de chants, de prières et d'enseignement dans le cadre des paroisses).

La troisième partie de notre contrat était de n'accepter aucun ministère permanent. Nous avons fait une exception, du moins en mon cas. J'ai dû remplacer le P. Stanislas comme directeur du Foyer Jean XXIII et président du comité des vocations... Alors que graduellement nous entrions dans la vie et les activités de l'archidiocèse, d'autres événements, spécialement la santé du clergé agissaient contre nous. En l'espace de 12 mois depuis notre arrivée, la condition du clergé s'est graduellement détériorée malgré notre nouvelle présence. En plus du P. Stanislas dont nous n'avons aucune nouvelle, beaucoup d'autres pères sont malades et leur participation future dans le ministère à Tahiti n'est pas trop prometteuse. À présent, à cause des problèmes de santé avec 2 pères en congé et 2 à la retraite, il n'y a plus en dehors de Tahiti même que 2 prêtres dans les autres îles de l'archidiocèse.

Alors qu'en est-il de l'archidiocèse ? Quels sont les besoins les plus urgents ?

Les îles ? Certainement, il y a un grand vide de présence et de ministres qui demande à être comblé. Tahiti lui-même ? Il y a là de plus grands besoins que dans les îles, même si c'est difficile à croire. La majorité de la population est à Tahiti. Il n'y a pas de développement dans les îles. Les familles nombreuses maintiennent stable la population des îles, mais dès que les enfants grandissent, ils s'en vont pour la vie moderne et... les problèmes offerts par Tahiti. Sur Tahiti même, le baby-boom continue. Plus de la moitié de la population a moins de 25 ans. Les centaines de catholiques des îles ne peuvent se comparer avec les milliers de Tahiti.

L'archevêque nous a demandé notre point de vue et nos choix pour un ministère futur. Il a également envoyé un questionnaire à ce sujet aux prêtres et aux religieux/ses. La participation fut excellente. Finalement, il y a eu une réunion pour discuter de notre engagement pastoral. De notre côté, nous restons en contact avec notre Conseil provincial aux E.U. Le presbyterium du 15 juin n'a pas abouti à une conclusion. Une deuxième rencontre, six jours plus tard, réunissant l'évêque, des représentants du presbyterium et nous trois Oblats, permit d'aboutir à un consensus.

D'abord l'espoir de prendre en charge un secteur des Tuamotu a été, au moins temporairement, mis en suspens. Les besoins de Tahiti sont trop grands. Si d'autres Oblats venaient se joindre à nous, nous pourrions alors envisager le ministère des îles. Dans le même temps, l'archidiocèse recherche des solutions nouvelles et plus créatives.

Quels choix restent-il ? Il nous a été proposé soit la paroisse de Faaa, soit celle de Mahina et la direction du Foyer Jean XXIII et du service des vocations. Il a été décidé que je reste en charge du Foyer et du service diocésain des vocations. P. Jules et P. Patrice iraient à Faaa ou Mahina.

Faaa est la plus grosse paroisse de l'archidiocèse. En 10 ans la population de Faaa est passée de 6 000 à 18 000 habitants. Il y aurait de 9 000 à 10 000 catholiques. La paroisse a deux églises qui sont toutes les deux trop petites. Il y a 3 écoles catholiques dont les 1 800 élèves représentent 10% de la population. La paroisse peut être divisée en une trentaine de quartiers. Jusqu'à présent, il n'a pas encore été possible de contacter la majorité des catholiques. La population vient de la partie catholique des Tuamotu et continue de croître. Il y a quelques paroissiens fortunés, mais la vaste majorité est pauvre et déshéritée.

Mahina est une paroisse plus petite, plus facile à administrer. Située en périphérie est de Papeete, elle aussi se développe rapidement. Il y a les deux mêmes extrêmes : richesse et pauvreté ; elle a besoin de nouvelles constructions pour répondre aux besoins croissants.

Mahina offrait une paroisse avec bien des besoins, mais qui ne devraient pas écraser un nouveau groupe. Le cadre lui-même se prête favorablement à l'implantation d'une communauté religieuse. En septembre dernier (1977), l'archevêque avait planifié de nous offrir Mahina comme première mission.

Faaa est très bruyant, à 1/4 de mille de l'aéroport : le bruit 24 heures par jour, pas d'intimité, le terrain est un passage continuel. De l'école qui jouxte le presbytère, élèves et professeurs ont vue plongeante sur les chambres, sans cesse des nuages de poussière flottent dans l'air, quartiers très denses, pas de place pour développer. Mais... Faaa par sa taille a de grands besoins. Quelle paroisse notre Fondateur, Mgr de Mazenod, aurait-il choisi ?

Faaa avait besoin d'une équipe pastorale. L'évêque estime que nous avons prouvé notre capacité à être une telle équipe. Les Oblats se sentent appelés pour les pauvres. Les plus pauvres sont à Faaa. Faaa est une paroisse vraiment tahitienne. Notre connaissance de la langue n'est pas encore parfaite, mais nous continuons à y travailler. Enfin, nous pensons que l'Esprit Saint est avec nous. À l'unanimité il a été décidé de confier à la nouvelle communauté oblate le soin de Faaa et le ministère des vocations ».

2. Qu'ont-ils entrepris pour accomplir la mission confiée ?

B. Les deux premières années d'engagement (1978-1980)

1. Faaa

1) Installation

Bien qu'arrivés à la paroisse de Saint-Joseph de Faaa le 17 juillet 1978, l'installation officielle du P. Jules Guy comme curé ne se fera que deux mois plus tard. Le P. Norman Parent, le nouveau Provincial de la Province Saint-Jean-Baptiste, annonce sa visite pour le mois de septembre. L'installation par Mgr Michel aura lieu en sa présence.

2) Situation et prise de contact.

Le P. Pierre Laporte, SS.CC., qui était en charge de cette paroisse devait rester sur place jusqu'à la fin de l'année pour aider à la transition. En fait, dès le début de septembre, une grande fatigue l'oblige à se retirer de la paroisse. Sur le territoire de cette paroisse se trouve la desserte du Christ-Roi, à Pamatai (un des quartiers de Faaa). Le P. Patrice Kuntzmann, SS.CC., y assure le ministère. Par sa connaissance de la langue tahitienne et sa mémoire prodigieuse des personnes et des événements, il sera une aide précieuse pour les deux nouveaux arrivés sur la paroisse. Homme de bon conseil et d'esprit apostolique, il collaborera avec générosité et désintéressement aux initiatives des Oblats. Comme il se doit, les premières semaines furent employées à visiter la paroisse et à prendre conscience de sa diversité.

- Diversité géographique

Tout d'abord, Tahiti est une île qui comporte un sommet d'une altitude de 2 241 m et, en bord de mer, une ceinture de terrains plats, plus ou moins larges selon les caprices de l'ancienne activité volcanique. Les terrains plats ont été les premiers occupés et bâtis. La population croissant d'année en année, les habitations s'étagent le long des contreforts montagneux. Ainsi, notre paroisse dont l'église est située en terrain plat est contigüe avec l'aéroport international. Là se trouvent les plus anciennes familles tahitiennes. Les principaux autres centres démographiques sont : Saint-Hilaire (nom donné à cause de la fondation d'une école primaire par les Frères de l'Instruction Chrétienne en 1968) ; Pamatai, avec la desserte du Christ-Roi bâtie en 1971 ; Puurai. Ces deux agglomérations sont en majorité habitées par des personnes venant des différents archipels de la Polynésie.

- Diversité ethnographique

La paroisse est un reflet du peuplement de la principale ville : Papeete. On y trouve des représentants de tous les groupes ethniques installés en Polynésie : Polynésiens de Faaa/Tahiti, des archipels, notamment Tuamotu et Marquises, Chinois, Européens (en majorité Français), Pasquans (Île de Pâques). Cette diversité se reflète dans la pastorale. Le dimanche il y a une messe célébrée en tahitien avec une lecture en français, et une autre en français avec une lecture en tahitien. Pour le chant, il y a une chorale tahitienne et une chorale française. Plus d'une fois nous avons constaté dans les mois qui suivirent notre installation que les chanteurs ne voulaient pas partager leur répertoire et s'entraider pour l'enrichir. Ce fut un de nos premiers efforts: faire tomber ces barrières, ces préjugés, afin que la paroisse soit une vraie famille unie, heureuse de mettre en commun les talents et les capacités de chacun, quelle que soit son origine. Et je crois que nous avons réussi à faire évoluer les mentalités vers plus de collaboration.

- Diversité des activités pastorales

Le catéchisme est une des activités primordiales dans une paroisse. Saint-Joseph a l'avantage d'avoir trois écoles catholiques proposant trois niveaux : d'abord, une école maternelle et une école secondaire (1er cycle de la 6e à la 3e), sous la responsabilité des Sœurs Missionnaires de Notre-Dame des Anges, deux établissements implantés sur le même terrain que le presbytère et l'église. La troisième est une école primaire sise à Saint-Hilaire et dirigée par les Frères de Ploërmel. La catéchèse est assurée dans ces écoles pour les catholiques qui y sont inscrits. Reste un bon nombre d'enfants catholiques qui fréquentent des établissement d'enseignement d'État. La catéchèse de ces enfants se fait dans les locaux de l'école Notre-Dame des Anges, faute de locaux adéquats à la paroisse, ou à Pamatai dans l'église par manque de salles.

C'est une religieuse, Sr Françoise Nadeau, MNDA, ancienne missionnaire en Chine qui assume la responsabilité de l'organisation de la catéchèse sur toute l'étendue de la paroisse (Saint-Joseph et Pamatai). Elle est secondée par une bonne équipe de catéchètes laïcs bénévoles.

Le Rosaire Vivant. Inspiré par les groupes créés en France par Pauline Jaricot. Ce mouvement, que le P. Pierre Laporte, SSCC, a rénové, mérite bien son nom de « vivant ». Les membres se réunissent régulièrement dans les quartiers pour prier. Ils assurent également le nettoyage et l'entretien de l'église et des locaux paroissiaux (lorsqu'il y en a). Ces regroupements par quartiers seront les bases d'une pastorale de proximité pour rejoindre les chrétiens. Le Rosaire Vivant est un excellent lien de communications entre les responsables de la paroisse et les habitants des quartiers.

La Légion de Marie. Lorsque les Oblats s'installent à Faaa, ce mouvement apostolique, lancé à Tahiti par SrSaint-FidèleThéroux, MNDA, en 1966, est encore dans une phase de recherche d'adaptation aux conditions particulières de la Polynésie. Sur les instances de la direction internationale du mouvement à Dublin, la Légion prendra le nom, à Tahiti, de « Te Nuu a Maria » (L'Armée de Marie).

(à suivre)

© Vie Oblate Life n°64 - 2005

Méditation sur la Parole

 

Les lectures de ce dimanche nous mettent devant une urgence. Jonas est invité à sortir de chez lui, de ses habitudes et de ses préjugés, pour appeler la grande ville païenne de Ninive à la conversion. Nous savons que Jonas, après avoir résisté à une telle mission, se mettra en route et lancera ce terrible avertissement : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! ». Les habitants de Ninive, tout païens qu’ils soient, entendront ces paroles et abandonneront leurs conduites mauvaises. Dieu renoncera à la destruction de la ville.

Ce sentiment d’urgence, nous le retrouvons également dans la deuxième lecture de ce dimanche. Dans la première lettre aux Corinthiens, Paul tient ces propos mystérieux : « le temps est limité », et un peu plus loin il affirme : « ce monde tel que nous le voyons est en train de disparaître ».

Oui, dans l’accueil de la parole de Dieu, il y a bien une urgence : l’urgence de nous ouvrir pleinement à la vie telle que Dieu la donne. Cela peut signifier pour nous changer nos comportements, en famille, dans les affaires ou dans la vie publique. Cela peut signifier pour nous regarder autrement ceux qui nous font peur : parce que ce sont traditionnellement des ennemis, parce qu’ils ne partagent pas la même foi que nous, parce qu’ils sont malades (aujourd’hui, nous faisons mémoire des malades de la lèpre), parce qu’ils nous ont blessés ou parce que nous les avons offensés,… tant de gens nous font peur, mais la foi chrétienne nous invite à nous libérer du cycle de la peur dont nous savons qu’il engendre exclusion, violences et vengeances. Oui, il y a bien une urgence à changer de vie !

Cela dit, urgence ne signifie pas précipitation ou excitation. L’urgence, dans la tradition chrétienne, est celle de la relation à Jésus. Parce que nous entrons dans une relation vivante à Jésus, en qui nous reconnaissons le Christ, parce que nous nous mettons à sa suite, nous ressentons l’urgence de changer nos vies. Dans l’Evangile de ce dimanche, il nous est raconté que Jésus se met à parcourir la Galilée en disant : « Les temps sont accomplis, le Règne de Dieu est là. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Nous sommes au tout début de l’Evangile de Marc, et Marc continuera son récit en expliquant ce que signifie « se convertir et croire à la Bonne Nouvelle » : rien d’autre que suivre Jésus au jour le jour, jusqu’à l’expérience inimaginable de la passion et de la résurrection. Dans l’Evangile de ce dimanche, il nous est montré que, dès le début de sa vie publique, Jésus appelle des hommes à abandonner leurs activités pour se mettre à sa suite. Simon et son frère André avaient un métier : ils étaient pêcheurs professionnels, et savaient utiliser les techniques de pêche de l’époque. Voilà que Jésus entre dans leur vie : « Venez, suivez-moi. Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. » Après avoir ainsi appelé Simon et André, Jésus appellera deux autres pêcheurs, Jacques et Jean, à le suivre. Simon et André, Jacques et Jean, ce sont bien des hommes qui se sont laissés prendre par une urgence : l’urgence de se mettre à l’écoute de Jésus, l’urgence de se laisser enseigner par lui, l’urgence d’entrer dans une relation vivante avec Jésus ; et de ce fait, les vies de Simon et André, les vies de Jacques et Jean, les vies de tant de générations de croyants jusqu’à nous ont été transformées.

Demandons aujourd’hui au Seigneur qu’il nous aide à entendre l’urgence qu’il y a à entrer dans une relation toujours plus confiante en Celui qui nous montre le chemin de la vie : Jésus-Christ.

© Radio Vatican – 2015