PKO 24.05.2015

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°31/2015
Dimanche 24 mai 2015 – Solennité de la Pentecôtes – Année B

Être à contre courant

« La sensibilité ecclésiale qui implique aussi de ne pas être timides ou insignifiants pour désavouer ou vaincre une mentalité diffuse de corruption publique et privée qui a réussi à appauvrir, sans aucune honte, les familles, les retraités, les travailleurs honnêtes, les communauté chrétiennes, en écartant les jeunes, systématiquement privés de toute espérance quant à leur avenir, et surtout en marginalisant les faibles et les plus démunis. Une sensibilité ecclésiale qui, comme de bons pasteurs, nous fait sortir à la rencontre du peuple de Dieu pour le défendre des colonisations idéologiques qui le privent de son identité et de sa dignité humaine. »

Pape François – 18 mai 2015

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Pour une justice sociale soucieuse du bien commun

« Les conflits sociaux du moment qui touchent notre pays ne laissent pas indifférents. D'un côté ou de l'autre, la vie de nombreuses familles est touchée. Dans l'histoire des luttes pour les droits des travailleurs, le droit de grève a été chèrement acquis. Il est heureux que ce droit soit respecté et permette à des travailleurs honnêtes de faire entendre des revendications légitimes, relayés en cela par des syndicats.

Si l'exercice du droit de grève est un marqueur d'une démocratie en bonne santé, nous ne pouvons cependant ignorer d'autres pans de la réalité. En ce jour, nous pensons par exemple aux coprahculteurs de nos îles éloignées et à toutes les familles dont la vie repose sur l'exploitation du coprah.

Nous ne pouvons rester insensibles. Ces personnes souffrent sévèrement du retard de traitement et d'acheminement de leur production. La vie dans les îles éloignées est déjà précaire. Avec la situation actuelle, ces familles sont encore plus fragilisées. Il en résulte un fort sentiment d'injustice et d'amertume qui se répand dans les cœurs.

Dans une société, il est bien difficile de tenir un équilibre en matière de justice sociale. Entre un droit de grève qu'il est légitime d'exercer et des intérêts particuliers qui peuvent frôler l'égoïsme, il est nécessaire que chacun réfléchisse en conscience aux conséquences de ses actes sur l'ensemble de la population. À l'écoute des familles en souffrance, l'Église prie pour que chacun, responsables politiques et syndicaux en tête, se laisse guider en priorité par le souci du bien commun. »

Mgr Pascal – 20 mai 2015

Chronique de la roue qui tourne

Le pardon

« La rancune est une perte de bonheur; ris lorsque tu peux, excuse-toi lorsque tu devrais et laisse aller les choses que tu ne peux changer. »

Comme le pardon y est bien résumé ! Contrairement à l'idée reçue, pardonner n'est pas une unique action. Non ce sont des étapes bien distingues. Évidemment, tout commence avec le mot « pardon », pas facile à dire puisqu'il nous  ramène à notre imperfection, à notre faillibilité. Et, soyons honnêtes, personne n'aime ça. Pourtant ce mot sauve notre dignité et prouve à l'autre notre grandeur.

Mais parfois l'erreur a brisé toute la confiance. Le dialogue est rompu. L'erreur est trop lourde pour que le mot soit prononcé ou entendu. Que faire alors ? Sans dialogue, les liens disparaissent. Là un choix important s'impose : rester dans cette rancœur et se « venger » ou s'en sortir. Souvent, nous pensons que l'un entraîne l'autre, qu'ils sont indissociables. Haïr et se venger demandent beaucoup d'énergie. Si bien que tous nos efforts y sont consacrés, nous nous repassons en tête notre « plan » pour faire souffrir l'autre, il faut que tout soit parfait.

Demander justice est légitime. C'est même une étape importante du pardon. La victime doit être reconnue comme telle. Cependant veillons à  ce que ça ne devienne pas une obsession, un cancer qui nous rongerait de l'intérieur... au point d'oublier notre propre  bonheur, au point de ne plus voir les merveilles de notre vie. C'est autant d'énergie gâchée et autant de rires dédaignés. Et nous réalisons, trop tard, que la vengeance ne nous fait pas avancer.

Beaucoup m'ont demandé si j'en voulais au médecin responsable de mon handicap. Et je  suis toujours surprise de leur réaction lorsque je réponds « non ». Pas parce qu'il ne mérite pas.

Mais si j'avais laissé la haine ou la rancœur dicter ma vie, aurais-je autant réussi ? Non

Bon, soyons clairs, si je devais rencontrer le dit monsieur, je ne vais pas aller lui taper l'épaule en lui disant : « Hey, salut, comment vas-tu ? Ça fait longtemps ! Tu m'as manqué ! Je suis toujours là et, tu vois,  je n'ai pas changé ! ». Non, non, je crois que ce genre de réaction s'apparente plus à de la bêtise qu'à une indulgence.

Personnellement, lorsque le lien est cassé, ça peut arriver, je continue mon chemin en me disant que cette personne est sûrement gentille mais pas avec moi. Et je continue mon chemin. Peut-être qu'un jour, on se retrouvera et qu'on pourra reprendre l'histoire là où elle s'était arrêté ou refaire une autre. Qui sait. Laisser le temps panser nos plaies trop vives.

Alors, qu'est-ce que vraiment le pardon ? Dans une homélie, Père Christophe a donné la réponse : c'est d'être capable de se réjouir lorsque l'autre sera appelé avec nous au jugement dernier. C'est éviter que notre rancœur vienne entacher la joie du Père.

La chaise masquée

Éducation : Il est temps que les parents reviennent de leur exil

Audience générale du mercredi 20 mai 2015 – Pape François

« Il est temps que les pères et les mères reviennent de leur exil – parce qu’ils se sont auto-exilés de l’éducation de leurs enfants – et assument à nouveau pleinement leur rôle éducatif », déclare le pape François. « Si l’éducation familiale retrouve la fierté de son rôle primordial, beaucoup de choses changeront en mieux, pour les parents incertains et pour les enfants déçus. »

Aujourd’hui, chers frères et sœurs, je veux vous souhaiter la bienvenue parce que j’ai vu parmi vous de nombreuses familles… Bonjour à toutes les familles !

Nous continuons de réfléchir sur la famille. Aujourd’hui, nous nous arrêterons pour réfléchir sur une caractéristique essentielle de la famille, à savoir sa vocation naturelle à éduquer les enfants pour qu’ils grandissent dans la responsabilité vis-à-vis d’eux-mêmes et des autres. Ce que nous avons entendu de l’apôtre Paul, au début, est très beau : « Vous les enfants, obéissez en toute chose à vos parents ; cela est beau dans le Seigneur. Et vous les parents, n’exaspérez pas vos enfants ; vous risqueriez de les décourager » (Col 3,20-21). C’est une règle sage : le fils qui est éduqué à écouter ses parents et à obéir à ses parents, et ceux-ci qui ne doivent pas commander de façon désagréable, pour ne pas décourager leurs enfants. Les enfants, en effet, doivent grandir sans se décourager, pas à pas. Si vous, les parents, vous dites à vos enfants : « Montons sur cette échelle et si vous les prenez par la main et que vous les faites monter pas à pas, tout ira bien. Mais si vous dites : « - Monte ! - Mais je ne peux pas… - Vas-y ! », cela s’appelle exaspérer ses enfants, demander aux enfants des choses qu’ils ne sont pas capables de faire. C’est pourquoi la relation entre les parents et les enfants doit être une relation de sagesse, de grand équilibre. Les enfants, obéissez à vos parents, c’est ce qui plaît à Dieu. Et vous, les parents, n’exaspérez pas vos enfants en leur demandant des choses qu’ils ne peuvent pas faire. Et c’est comme cela qu’il faut faire pour que les enfants grandissent dans la responsabilité vis-à-vis d’eux-mêmes et vis-à-vis des autres.

Cela pourrait sembler évident et pourtant, même à notre époque, les difficultés ne manquent pas. C’est difficile d’éduquer pour les parents qui voient leurs enfants seulement le soir, quand ils rentrent à la maison fatigués par leur travail. Ceux qui ont la chance d’avoir un travail ! C’est encore plus difficile pour les parents séparés et pour qui cette situation est pesante : les pauvres, ils ont eu des difficultés, ils se sont séparés et bien souvent leur enfant est pris en otage et le papa lui dit du mal de la maman et la maman lui dit du mal du papa, et on se fait beaucoup de mal. Mais je dis aux parents séparés : jamais, jamais, ne prenez jamais votre enfant en otage ! Vous vous êtes séparés en raison de beaucoup de difficultés et de motifs, la vie vous a donné cette épreuve, mais que ce ne soit pas vos enfants qui portent le poids de cette séparation, qu’ils ne soient pas utilisés comme des otages contre l’autre, qu’ils grandissent en entendant la maman dire du bien du papa, même s’ils ne sont pas ensemble, et que le papa dise du bien de la maman. Pour les parents séparés, c’est très important et très difficile mais ils peuvent y arriver.

Mais surtout, la question : comment éduquer ? Quelle tradition avons-nous, aujourd’hui, à transmettre à nos enfants ?

Des intellectuels « critiques » en tous genres ont fait taire les parents de mille façons, pour défendre les jeunes générations des dommages – vrais ou présumés – de l’éducation familiale. La famille a été accusée, entre autre, d’autoritarisme, de favoritisme, de conformisme, de répression affective générateurs de conflits.

De fait, une fracture s’est ouverte entre la famille et la société, entre la famille et l’école ; le pacte éducatif, aujourd’hui, est rompu ; et ainsi, l’alliance éducative de la société avec la famille traverse une crise parce que la confiance réciproque a été minée. Les symptômes sont nombreux. Par exemple, dans l’école, cela a porté atteinte aux relations entre les parents et les enseignants. Parfois, il y a des tensions et une méfiance réciproque et les conséquences retombent naturellement sur les enfants. D’autre part, il y a une multiplication des prétendus « experts » qui ont pris la place des parents, même dans les aspects les plus intimes de l’éducation. Sur la vie affective, sur la personnalité et le développement, sur les droits et les devoirs, les « experts » savent tout : objectifs, motivations, techniques. Et les parents doivent seulement écouter, apprendre et s’adapter. Privés de leur rôle, ils deviennent souvent excessivement anxieux et possessifs à l’égard de leurs enfants, au point de ne jamais les corriger : « Tu ne peux pas corriger ton enfant ». Ils ont tendance à les confier de plus en plus aux « experts », même pour les aspects les plus délicats et personnels de leur vie, en se mettant d’eux-mêmes à l’écart ; et ainsi, les parents aujourd’hui courent le risque de s’auto-exclure de la vie de leurs enfants. Et c’est très grave ! Aujourd’hui, il y a ce genre de cas. Je ne dis pas que cela se produit toujours, mais cela arrive. La maîtresse, à l’école, gronde l’enfant et fait une note pour les parents. Je me souviens d’une anecdote personnelle : une fois, quand j’étais en quatrième élémentaire, j’ai mal parlé à la maîtresse et celle-ci, une femme bien, a fait appeler ma maman. Elle est venue le lendemain, elles ont parlé entre elles, puis on m’a appelé. Et devant la maîtresse, ma maman m’a expliqué que ce que j’avais fait n’était pas bien, que ça ne se faisait pas ; mais ma maman l’a fait avec une telle douceur, et elle m’a demandé de demander pardon à la maîtresse devant elle. Je l’ai fait et ensuite j’étais content parce que j’ai dit : cette histoire s’est bien terminée. Mais c’était le premier chapitre ! Quand je suis rentré à la maison, le second chapitre a commencé… Imaginez aujourd’hui, si la maîtresse fait quelque chose de ce genre, le lendemain elle se retrouve avec les deux parents - ou l’un des deux - qui lui font des reproches, parce que les « experts » disent qu’il ne faut pas gronder comme cela les enfants. Les choses ont changé ! Par conséquent, les parents ne doivent pas s’auto-exclure de l’éducation de leurs enfants.

Il est évident que ce système n’est pas bon : ce n’est pas harmonieux, ce n’est pas dialogique, et au lieu de favoriser la collaboration entre la famille et les autres organismes éducatifs, les écoles, les salles de sport… cela les oppose.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Il est certain que les parents, ou mieux, certains modèles éducatifs du passé avaient certaines limites, c’est indéniable. Mais il est aussi vrai qu’il y a des erreurs que seuls les parents sont autorisés à faire, parce qu’ils peuvent les compenser d’une manière qui est impossible à personne d’autre. D’autre part, nous le savons bien, la vie est devenue avare de temps pour parler, réfléchir, se confronter. Beaucoup de parents sont « séquestrés » par leur travail – papa et maman doivent travailler – et par d’autres préoccupations, embarrassés devant les nouvelles exigences de leurs enfants et par la complexité de la vie actuelle – qui est comme cela, nous devons l’accepter telle qu’elle est – et se trouvent comme paralysés par la peur de se tromper. Mais le problème n’est pas seulement de parler. D’ailleurs, un « dialogisme » superficiel ne porte pas à une vraie rencontre de l’esprit et du cœur. Demandons-nous plutôt : cherchons-nous à comprendre «  » en sont vraiment nos enfants sur leur chemin ? Où est réellement leur âme, le savons-nous ? Et surtout : voulons-nous le savoir ? Sommes-nous convaincus qu’en réalité, ils n’attendent que cela ?

Les communautés chrétiennes sont appelées à apporter leur soutien à la mission éducative des familles, et elles le font avant tout avec la lumière de la Parole de Dieu. L’apôtre Paul rappelle la réciprocité des devoirs entre parents et enfants : « Vous les enfants, obéissez en toute chose à vos parents ; cela est beau dans le Seigneur. Et vous les parents, n’exaspérez pas vos enfants ; vous risqueriez de les décourager » (Col 3,20-21). À la base de tout, il y a l’amour, celui que Dieu nous donne, qui « ne fait rien d’inconvenant ; [il] ne cherche pas son intérêt ; [il] ne s’emporte pas ; [il] n’entretient pas de rancune… [il] supporte tout, [il] fait confiance en tout, [il] espère tout, [il] endure tout » (1 Cor 13,5-6). Même dans les meilleures familles, il faut se supporter et il faut beaucoup de patience pour se supporter ! Mais la vie est comme cela. La vie ne se fait pas dans un laboratoire, elle se fait dans la réalité. Jésus lui-même est passé par l’éducation familiale. Même dans ce cas, la grâce de l’amour du Christ accomplit ce qui est inscrit dans la nature humaine. Combien d’exemples étonnants avons-nous de parents chrétiens pleins de sagesse humaine ! Ils montrent que la bonne éducation familiale est la colonne vertébrale de l’humanisme. Son rayonnement social est la ressource qui permet de compenser les lacunes, les blessures, les vides de paternité et de maternité qui touchent les enfants qui ont moins de chance. Ce rayonnement peut faire d’authentiques miracles. Et dans l’Église ces miracles se produisent tous les jours !

J’espère que le Seigneur donnera aux familles chrétiennes la foi, la liberté et le courage nécessaires pour leur mission. Si l’éducation familiale retrouve la fierté de son rôle primordial, beaucoup de choses changeront en mieux, pour les parents incertains et pour les enfants déçus. Il est temps que les pères et les mères reviennent de leur exil – parce qu’ils se sont auto-exilés de l’éducation de leurs enfants – et assument à nouveau pleinement leur rôle éducatif. Nous espérons que le Seigneur donnera aux parents cette grâce de ne pas s’auto-exiler de l’éducation de leurs enfants. Et cela, seuls peuvent le faire l’amour, la tendresse et la patience.

©Libreria Editrice Vaticana - 2015

Communiquer la famille : milieu privilégié de la rencontre dans la gratuité de l’amour

Message pour la 49ème Journée mondiale des communications sociales – Pape François

« Communiquer la famille : environnement privilégié de la réunion de la gratuité de l'amour » : c'est le titre du message du pape François pour la 49e Journée mondiale des communications sociales qui a eu lieu dimanche dernier. Dans l’Archidiocèse, la quête  du dimanche de Pentecôte est entièrement consacrée aux communications sociales.

Le thème de la famille se trouve au Centre d'une réflexion ecclésiale approfondie et d’un processus synodal qui comporte deux synodes, un extraordinaire – qui vient d’être célébré – et un synode ordinaire, convoqué pour octobre prochain. Dans ce contexte, il m’a semblé opportun que la famille soit le point de référence du thème de la prochaine Journée mondiale des communications sociales. La famille est du reste, le premier lieu où l'on apprend à communiquer. Retourner à ce moment originel peut nous aider autant à rendre la communication plus authentique et plus humaine qu’à considérer la famille d'un nouveau point de vue.

Nous pouvons nous laisser inspirer par l'icône évangélique de la visitation de Marie à Elisabeth (Lc 1, 39-56). « Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : “Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni” » (v. 41-42).

Tout d'abord, cet épisode nous montre la communication comme un dialogue qui se noue avec le langage du corps. En effet, la première réponse à la salutation de Marie, c’est l'enfant qui la donne en tressaillant de joie dans le sein d'Élisabeth. Exulter pour la joie de la rencontre est en quelque sorte l'archétype et le symbole de toute autre communication que nous apprenons bien avant de venir au monde. Le sein qui nous accueille est la première « école » de communication, faite d’écoute et de contact corporel, où nous commençons à nous familiariser avec le monde extérieur dans un environnement protégé et au rythme rassurant des battements du cœur de la maman. Cette rencontre entre deux êtres aussi intimes et encore aussi étrangers l’un à l’autre, une rencontre pleine de promesses, est notre première expérience de communication. Et c'est une expérience qui nous unit tous, parce que chacun de nous est né d'une mère.

Même après la naissance, nous restons dans un certain sens dans le « sein » que représente la famille. Un sein constitué de personnes différentes, en relation : la famille est le « lieu où l’on apprend à vivre ensemble dans la différence » (Evangelii gaudium, n°66). Différences de genres et de générations, qui communiquent avant tout afin de s’accueillir mutuellement, car il existe un lien entre elles. Et, plus large est l’éventail de ces relations, plus sont différents les âges, plus riche est notre cadre de vie. C’est le lien qui est au fondement de la parole, qui à son tour, le renforce. Nous n’inventons pas les mots : nous pouvons les utiliser parce que nous les avons reçus. C'est dans la famille que l’on apprend à parler dans la « langue maternelle », c'est-à-dire la langue de nos ancêtres (cf. 2 M 7, 25.27). En famille on se rend compte que d'autres nous ont précédés, qu’ils nous ont mis dans la condition d'exister et de pouvoir à notre tour engendrer la vie et faire quelque chose de bon et de beau. Nous pouvons donner parce que nous avons reçu, et ce cercle vertueux est au cœur de la capacité de la famille à se communiquer et à communiquer ; et, plus généralement, c’est le paradigme de toute communication.

L'expérience du lien qui nous « précède » fait aussi de la famille le contexte où se transmet cette forme fondamentale de la communication qu’est la prière. Quand la maman et le papa font dormir leurs nouveau-nés, très souvent ils les confient à Dieu, pour qu’il veille sur eux ; et quand ils sont un peu plus grands, ils récitent ensemble avec eux des prières simples, se souvenant aussi avec affection d'autres personnes, des grands-parents, d’autres membres de la famille, des malades et de ceux qui souffrent, de toutes les personnes qui ont le plus besoin de l'aide de Dieu. Ainsi, en famille, la plupart d'entre nous ont appris la dimension religieuse de la communication, qui, dans le christianisme, est toute pleine d'amour, de l'amour de Dieu qui se donne à nous et que nous offrons aux autres.

C’est dans la famille que se développe principalement la capacité de s’embrasser, de se soutenir, de s’accompagner, de déchiffrer les regards et les silences, de rire et de pleurer ensemble, entre des personnes qui ne se sont pas choisies et qui pourtant sont si importantes l’une pour l'autre ; cela nous fait comprendre ce qu'est vraiment la communication comme découverte et construction de proximité. Réduire les distances, se rencontrer et s’accueillir mutuellement est un motif de gratitude et de joie : de la salutation de Marie et du tressaillement du bébé jaillit la bénédiction d'Élisabeth, suivie par le beau Cantique du Magnificat, dans lequel Marie fait l'éloge du dessein d'amour de Dieu sur elle et sur son peuple. D’un « oui » prononcé avec foi découlent des conséquences qui vont bien au-delà de nous-mêmes et se répandent dans le monde. « Visiter » signifie ouvrir les portes, et non pas se retirer dans ses appartements, sortir, aller vers l'autre. Ainsi la famille est vivante si elle respire en s’ouvrant au-delà d’elle-même, et les familles qui le font, peuvent communiquer leur message de vie et de communion, peuvent donner réconfort et espérance aux familles plus blessées et faire croître l'Église elle-même, qui est la famille des familles.

La famille est plus que tout autre le lieu où, vivant ensemble au quotidien, l’on fait l'expérience de ses propres limites et de celles des autres, des petits et des grands problèmes de la coexistence, de l'entente mutuelle. La famille parfaite n’existe pas, mais nous ne devons pas avoir peur de l'imperfection, de la fragilité, voire des conflits ; il faut apprendre à les affronter de manière constructive. Ainsi la famille où l’on s’aime malgré les propres limites et les péchés, devient une école de pardon. Le pardon est une communication dynamique, une communication qui s’use et se rompt et qui, à travers le repentir exprimé et accueilli, peut se renouer et faire grandir. Un enfant qui en famille, apprend à écouter les autres, à parler de façon respectueuse, en exprimant son point de vue sans nier celui d’autrui, sera dans la société un constructeur de dialogue et de réconciliation.

A propos des limites et de la communication, les familles avec des enfants souffrant d’un ou de plusieurs handicaps ont beaucoup à nous apprendre. Le déficit moteur, sensoriel ou intellectuel, comporte toujours la tentation de se renfermer ; mais il peut devenir, grâce à l'amour des parents, des frères et sœurs et d’autres personnes amies, une incitation à s’ouvrir, à partager, à communiquer de manière inclusive ; et il peut aider l’école, la paroisse, les associations à être plus accueillantes envers tous, sans exclure personne.

Ensuite, dans un monde où si souvent on maudit, on parle mal, on sème la zizanie, où le bavardage pollue notre environnement humain, la famille peut être une école de la communication comme bénédiction. Et ceci, même là où semble prévaloir de manière inévitable la haine et la violence, lorsque les familles sont séparées par des murs de pierre ou par des murs non moins impénétrables de préjugés et de ressentiments, quand il y aurait de bonnes raisons de dire « ça suffit maintenant » ; en fait, bénir au lieu de maudire, visiter au lieu de rejeter, accueillir au lieu de combattre est le seul moyen de briser la spirale du mal, pour témoigner que le bien est toujours possible et pour éduquer les enfants à la fraternité.

Aujourd'hui les médias plus modernes, qui surtout pour les plus jeunes sont désormais indispensables, peuvent tout aussi bien entraver qu’aider cette communication en famille et entre familles. Ils peuvent l’entraver s’ils deviennent un moyen de se soustraire à l’écoute, de s'isoler de la présence physique, avec la saturation de chaque instant de silence et d'attente, oubliant d’apprendre que « le silence fait partie intégrante de la communication et sans lui aucune parole riche de sens ne peut exister. » (Benoît XVI, Message pour les communications sociales 46e JMCS, 24.01.2012). Ils peuvent la favoriser s’ils aident à dire et à partager, à rester en contact avec ceux qui sont éloignés, à remercier et à demander pardon, à rendre toujours à nouveau possible la rencontre. Redécouvrant chaque jour ce centre vital qu’est la rencontre, ce « début vivant », nous saurons orienter notre relation à l’aide des technologies, plutôt que de nous laisser guider par elles. Dans ce domaine également, les parents sont les premiers éducateurs. Mais ils ne doivent pas être laissés seuls ; la communauté chrétienne est appelée à être à leurs côtés pour qu’ils sachent enseigner aux enfants à vivre dans un monde de communication, conformément aux critères de la dignité de la personne humaine et du bien commun.

Le défi qui se présente à nous aujourd’hui est donc de réapprendre à dire, pas simplement à produire et à consommer l'information. C’est dans cette direction que nous poussent les puissants et précieux moyens de la communication contemporaine. L'information est importante, mais elle n’est pas suffisante, parce que trop souvent elle simplifie, oppose les différences et les diverses visions incitant à prendre parti pour l'une ou l'autre, au lieu d'encourager une vision d’ensemble.

Ainsi, la famille, en fin de compte n'est pas un objet sur lequel on communique des opinions, ou un terrain où l’on se livre à des batailles idéologiques, mais un milieu où l’on apprend à communiquer dans la proximité, et elle est un sujet qui communique, une « communauté communicante ». Une communauté qui sait accompagner, célébrer et faire fructifier. En ce sens, il est possible de rétablir un regard capable de reconnaître que la famille continue d'être une grande ressource, et pas seulement un problème ou une institution en crise. Les médias ont tendance à présenter parfois la famille comme s'il s'agissait d'un modèle abstrait à accepter ou à rejeter, à défendre ou à attaquer, et non une réalité concrète à vivre ; ou comme s’il s’agissait d’une idéologie de l’un contre l’autre, plutôt que le lieu où tous nous apprenons ce que signifie communiquer dans l’amour reçu et donné. Dire signifie bien comprendre que nos vies sont tissées dans une seule trame unitaire, que les voix sont multiples et que chacune est irremplaçable.

La famille la plus belle, protagoniste et non pas problématique, est celle qui sait communiquer, en partant du témoignage, de la beauté et de la richesse de la relation entre homme et femme, et entre parents et enfants. Nous ne luttons pas pour défendre le passé, mais nous travaillons avec patience et confiance, dans tous les milieux que nous habitons au quotidien, pour construire l'avenir.

Du Vatican, le 23 Janvier 2015

Vigile de la fête de saint François de Sales

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Le couvent de Rouru – Mangareva – 1836-1903 [3]

Fragments d’histoire

Dans le cadre de l’année de la Vie consacrée, nous reprenons ici la découverte de l’histoire de la vie religieuse en Polynésie. Cette fois-ci nous nous arrêterons sur les prémices de la vie religieuse féminine avec l’histoire méconnu du « Couvent du Sacré-Cœur » à Mangareva. Cet essai de l’histoire du couvent a été écrit par Jean-Paul DELBOS et publié dans la 3ème édition du livre : « La Mission du bout du monde » en 2011.

1845 Lettre du Père Cyprien Liausu à son Supérieur Général, du 9 janvier 1845 : « L'établissement des jeunes personnes dont je vous ai déjà parlé a une belle maison en pierre. Elle a 95 pieds de long et 30 de large. Dans le haut, se trouve un beau et grand dortoir et le bas est divisé ainsi qu'il suit : un bel appartement qui a une croisée sur le pignon et deux autres dont l'une sur le devant et l'autre sur l'arrière ; c'est la chapelle dans laquelle va se faire l'adoration perpétuelle. Puis c'est la chambre commune également grande. Enfin un autre appartement sur le pignon semblable au premier. Cet établissement regroupe 78 jeunes personnes qui vivent ensemble sous la forme d'une maison religieuse sans qu'elles soient liées par aucun engagement et elles seront toujours dans le même état jusqu'à nouvel ordre de votre part. Le terrain qu'elles occupent ainsi que plusieurs plantations de taro leur sont donnés à perpétuité. Elles sont très intelligentes et, avec cela, simples et très édifiantes. Je vous ai déjà offert cet établissement et je vous l'offre encore. Voyez, mon Très Révérend Père, de concert avec Mme Françoise (de Viart) ce qu'il y a lieu de faire pour le spirituel et pour le temporel ».

Mémoires du Père Laval : « Une crise de dysenterie aiguë éclata, aggravée par un phénomène d'empoisonnement consécutif à la consommation de farine et de biscuits suspects... Rouru se mirent à courir toutes comme des folles !... J'en ai vu à Rouru avoir des crises toutes les quatre ou cinq minutes !... Père, disait une de Rouru au Père Cyprien “cette maladie éloigne de Dieu”. Aux dires de plusieurs, elles éprouvaient des tracasseries de chair épouvantables »...

1846 Dans une lettre du 17 juin 1846, le Père Laval écrit : « …l'épidémie paraît toucher à sa dernière période. C'est une maladie que les médecins des navires de guerre eux-mêmes n'ont pas très bien connue... Même à Rouru, sur 80 jeunes filles qui y étaient réunies au début de l'épidémie, 24 ont succombé ; parmi elles se trouvent la fille aînée du roi et la fille aînée d'un des oncles de sa Majesté »...

Encore que le couvent de Rouru soit à moins d'une 1/2 heure de marche de la cathédrale, on avait jugé bon de construire, près de l'église et au bord de la mer, un couvent du dimanche où les sœurs venaient loger le samedi et la veille des fêtes. (Le Père Laval appelle cette succursale Ste Agathe). C'est un enclos entouré d'une muraille et flanqué de deux tours de garde.

1847 Lettre de Cyprien Liausu à son Supérieur Général, du 12 mai 1847 : « Depuis ma dernière lettre une maison de 80 pieds de long a été construite, dont 40 pour la chapelle où les jeunes filles vont faire l'adoration perpétuelle dans deux ou trois mois (le 27 août selon Laval). Les 40 autres pieds forment deux infirmeries séparées l'une de l'autre par un mur. Au-dessus des infirmeries est un dortoir assez beau. Il n'y a rien au-dessus de la chapelle pour la raison qu'elle est voûtée. Cette nouvelle maison est à une portée de fusil de la maison qui a 97 pieds de longueur (la maison des sœurs) ».

Construction à Rouru du mur de clôture, de la citerne et d'une chambre pour le P. Liausu à côté de l'infirmerie (cette chambre occupe sans doute la place qui était prévue pour l'une des deux infirmeries, cf. ci-dessus).

1848 Mémoires du Père Laval : « Un Jubilé pour l'avènement de Pie IX a été annoncé. Le Père Cyprien fixa pour le lieu des stations de nos petites îles l'église de l'île de Mangareva et la chapelle du couvent de Rouru (qui venait d'être construite en 1847)... Notre procession (ceux d'Akamaru) allait entrer dans la chapelle des religieuses ; mais il nous a été signifié assez hautement (par le P. Cyprien) que nous devions nous contenter du réduit qui donne en dehors de l'enclos et que l'on appelle la chapelle des étrangers ». (c'est la première mention de cette petite chapelle adossée à la chapelle du couvent et communiquant avec elle, où l'on peut suivre les offices mais derrière une barrière de séparation).

Plus loin, le Père Laval ajoute : « … la maladie appelée koivi, qui avait commencé en 1845 avec la dysenterie continuait toujours en 1848 mais avec moins d'intensité... Rouru surtout et Vaiakara ont dû peupler prodigieusement le ciel ».

1849 État des lieux dressé par l'évêque de Tahiti, Mgr Jaussen ss.cc. : « La chapelle de Rouru à Mangareva peut avoir 30 pieds de long sur 25 de large sans compter un endroit latéral de 12 pieds carrés (la chapelle des étrangers), destiné au public. Le fond est orné d'une belle boiserie, bel autel en puga, tabernacle et lampe et trois tableaux, vitraux de 500 fr., deux reliquaires, deux vases à fleurs - garniture de chandeliers, plus 4 chandeliers, calice et ostensoir comme ceux de Taravai, ciboire en argent, deux petits missels...

La maison du dimanche des filles de Rouru (au bord de la mer) est un peu plus grande que le premier des presbytères de Mangareva qui mesure environ 45 pieds sur 8. L'école de Rouru quant à elle mesure 15 x 20 pieds ; et la grande maison des Sœurs 80 x 20 pieds au moins... »

Mémoires du Père Laval : « … même à Rouru il y en eut 36 qui quittèrent le couvent, la plupart sans avertir ».

[à suivre]

© La Mission du bout du monde - 2011

Méditation sur la Parole

« Tous furent alors remplis de l’Esprit Saint » (Ac 2, 4).

En parlant aux apôtres lors de la Dernière Cène, Jésus dit que, après son départ de ce monde, il leur aurait envoyé le don du Père, c’est-à-dire le Saint-Esprit (cf. Jn 15, 26). Cette promesse se réalise avec puissance le jour de la Pentecôte, quand le Saint-Esprit descend sur les disciples réunis au Cénacle. Cette effusion, bien qu’extraordinaire, n’est pas restée unique et limitée à ce moment, mais il s’agit d’un événement qui s’est renouvelé et qui se renouvelle encore. Le Christ glorifié à la droite du Père continue à réaliser sa promesse, en envoyant sur l’Église l’Esprit vivifiant, qui nous enseigne et qui nous rappelle, et qui nous fait parler.

Le Saint-Esprit nous enseigne : il est le Maître intérieur. Il nous guide sur le bon chemin, à travers les situations de la vie. Il nous enseigne la route, la voie. Pendant les premiers temps de l’Église, le christianisme était appelé « la voie » (cf. Ac 9, 2), et Jésus lui-même est la Voie. Le Saint-Esprit nous enseigne à le suivre, à marcher sur ses traces. Plus qu’un maître de doctrine, le Saint-Esprit est un maître de vie. Et le savoir, la connaissance, font certainement aussi partie de la vie, mais dans l’horizon plus vaste et harmonieux de l’existence chrétienne.

Le Saint-Esprit nous rappelle, il nous rappelle tout ce que Jésus a dit. Il est la mémoire vivante de l’Église. Et tandis qu’il nous rappelle, il nous fait comprendre les paroles du Seigneur.

Le fait de se souvenir dans l’Esprit et grâce à l’Esprit ne se réduit pas à un fait mnémonique, c’est un aspect essentiel de la présence du Christ en nous et dans son Église. L’Esprit de vérité et de charité nous rappelle tout ce que le Christ a dit, il nous fait entrer toujours plus pleinement dans le sens de ses paroles. Nous avons tous vécu cette expérience : à un moment, dans une situation quelconque, se présente une idée et ensuite une autre se relie à un passage de l’Écriture... C’est l’Esprit qui nous fait suivre cette voie : la voie de la mémoire vivante de l’Église. Et cela exige de nous une réponse : plus notre réponse est généreuse, plus les paroles de Jésus deviennent vie en nous, deviennent des attitudes, des choix, des gestes, un témoignage. L’Esprit nous rappelle substantiellement le commandement de l’amour et il nous appelle à le vivre.

Un chrétien sans mémoire n’est pas un véritable chrétien : c’est un chrétien à mi-chemin, c’est un homme ou une femme prisonnier du moment, qui ne sait pas tirer profit de son histoire, qui ne sait pas la lire et la vivre comme histoire du salut. En revanche, avec l’aide du Saint-Esprit, nous pouvons interpréter les inspirations intérieures et les événements de la vie à la lumière des paroles de Jésus. Et ainsi grandit en nous la sagesse de la mémoire, la sagesse du cœur, qui est un don de l’Esprit ! Que le Saint-Esprit ravive en nous tous la mémoire chrétienne ! Et ce jour-là, avec les apôtres, il y avait la Femme de la mémoire, celle qui depuis le début méditait toutes ces choses dans son cœur. Il y avait Marie, notre Mère. Qu’Elle nous aide sur cette route de la mémoire.

Le Saint-Esprit nous enseigne, nous rappelle, et — une autre caractéristique — nous fait parler, avec Dieu et avec les hommes. Il n’y a pas de chrétiens muets, à l’âme muette; non, il n’y a pas de place pour cela.

Il nous fait parler avec Dieu dans la prière. La prière est un don que nous recevons gratuitement; elle est un dialogue avec Lui dans le Saint-Esprit, qui prie en nous et nous permet de nous adresser à Dieu en l’appelant Père, Papa, Abbà (cf. Rm 8, 15 ; Ga 4, 4) ; et cela n’est pas seulement une « façon de parler », mais c’est la réalité, nous sommes réellement des fils de Dieu. « En effet, tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu » (Rm 8, 14).

Il nous fait parler dans l’acte de foi. Aucun de nous ne peut dire : « Jésus est le Seigneur » — nous l’avons entendu aujourd’hui — sans le Saint-Esprit. Et l’Esprit nous fait parler avec les hommes dans le dialogue fraternel. Il nous aide à parler aux autres en reconnaissant en eux des frères et des sœurs ; à parler avec amitié, avec tendresse, avec douceur, en comprenant les angoisses et les espérances, les tristesses et les joies des autres.

Mais il y a plus : le Saint-Esprit nous fait également parler aux autres dans la prophétie, c’est-à-dire en faisant de nous des « canaux » humbles et dociles de la Parole de Dieu. La prophétie est faite avec franchise, pour montrer ouvertement les contradictions et les injustices, mais toujours avec douceur et dans une intention constructive. Pénétrés par l’Esprit d’amour, nous pouvons être des signes et des instruments de Dieu qui aime, qui sert, qui donne la vie.

En récapitulant : le Saint-Esprit nous enseigne la voie ; il nous rappelle et nous explique les paroles de Jésus ; il nous fait prier et dire Père à Dieu, il nous fait parler aux hommes dans le dialogue fraternel et il nous fait parler dans la prophétie.

Le jour de la Pentecôte, quand les disciples « furent remplis du Saint-Esprit », ce fut le baptême de l’Église, qui naquit « en sortie », en « partance » pour annoncer à tous la Bonne Nouvelle. La Mère Église, qui part pour servir. Rappelons l’autre Mère, notre Mère qui partit promptement, pour servir. La Mère Église et la Mère Marie : toutes les deux vierges, toutes les deux mères, toutes les deux femmes. Jésus avait été péremptoire avec les apôtres : ils ne devaient pas s’éloigner de Jérusalem avant d’avoir reçu d’en-haut la force du Saint-Esprit (cf. Ac 1, 4.8). Sans Lui il n’y a pas de mission, il n’y a pas d’évangélisation. C’est pourquoi avec toute l’Église, avec notre Mère l’Église catholique nous invoquons : Viens, Saint-Esprit !

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