PKO 14.05.2015 ascension

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°29/2015
Jeudi 14 mai 2015 – Ascension - solennité – Année B

L’Ascension du Seigneur

Sermon de Saint Augustin 98, 1-2

Aujourd’hui notre Seigneur Jésus-Christ monte au ciel ; que notre cœur y monte avec lui. Écoutons ce que nous dit l’Apôtre : Vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Le but de votre vie est en haut, et non pas sur la terre. De même que lui est monté, mais sans s’éloigner de nous, de même sommes-nous déjà là-haut avec lui, et pourtant ce qu’il nous a promis ne s’est pas encore réalisé dans notre corps. 

Lui a déjà été élevé au dessus des cieux; cependant il souffre sur la terre toutes les peines que nous ressentons, nous ses membres. Il a rendu témoignage à cette vérité lorsqu’il a crié du haut du ciel : Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? Et il avait dit aussi: J’avais faim, et vous m’avez donné à manger. Pourquoi ne travaillons-nous pas, nous aussi sur la terre, de telle sorte que par la foi, l’espérance et la charité, grâce auxquelles nous nous relions à lui, nous reposerions déjà maintenant avec lui, dans le ciel ?

Lui, alors qu’il est là-bas, est aussi avec nous; et nous, alors que nous sommes ici, sommes aussi avec lui. Lui fait cela par sa divinité, sa puissance, son amour; et nous, si nous ne pouvons pas le faire comme lui par la divinité, nous le pouvons cependant par l’amour, mais en lui.

Lui ne s’est pas éloigné du ciel lorsqu’il en est descendu pour venir vers nous; et il ne s’est pas éloigné de nous lorsqu’il est monté pour revenir au ciel. Il était déjà là-haut, tout en étant ici-bas; lui-même en témoigne : Nul n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme, qui est au ciel. Il a parlé ainsi en raison de l’unité qui existe entre lui et nous : il est notre tête, et nous sommes son corps. Cela ne s’applique à personne sinon à lui, parce que nous sommes lui, en tant qu’il est Fils de l’homme à cause de nous, et que nous sommes fils de Dieu à cause de lui.

C’est bien pourquoi saint Paul affirme : Notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, bien qu’étant plusieurs, ne forment qu’un seul corps. De même en est-il pour le Christ. Il ne dit pas: Le Christ est ainsi en lui-même, mais il dit: De même en est-il pour le Christ à l’égard de son corps. Le Christ, c’est donc beaucoup de membres en un seul corps. Il est descendu du ciel par miséricorde, et lui seul y est monté, mais par la grâce nous aussi sommes montés en sa personne. De ce fait, le Christ seul est descendu, et le Christ seul est monté ; non pas que la dignité de la tête se répande indifféremment dans le corps, mais l’unité du corps ne lui permet pas de se séparer de la tête.

© Copyright 2001 – Libreria Editrice Vaticana

Nous avons besoin de prêtres qui prient

Dialogue avec le Pape François

Le pape François répond aux interrogations d’un prêtre diocésain formateur de séminaristes.

P. Bartolo - Très cher Saint-Père, je m’appelle Bartolo et je suis prêtre diocésain depuis neuf ans. Actuellement, la mission qui m’est confiée est celle de formateur de séminaristes et enseignant au Séminaire interrégional de Naples, dirigé par les pères jésuites, un lieu où l’on considère souvent les choses comme acquises : la formation en général… Depuis une dizaine d’années, je collabore avec le père Massimo Nevola dans l’animation de camps missionnaires, en particulier à Cuba, que l’on propose à des jeunes adultes de la Ligue missionnaire des étudiants. À travers ces expériences, j’ai touché du doigt les blessures du Seigneur dans la pauvreté des hommes de notre temps, ce qui m’a ébranlé et m’a poussé à chercher davantage son visage. Et cela a fortifié ma vocation sacerdotale, que je perçois de plus en plus comme un don pour toute l’humanité et l’Église. Je voulais vous demander, étant donné la présence de nombreuses paroisses : quel apport spécifique peut offrir un mouvement d’inspiration ignatienne, pour la formation chrétienne des animateurs en pastorale, et comme la Ligue missionnaire des étudiants pour l’implication des jeunes et leur éducation à la mondialité ? Merci.

Pape François - Le président a rappelé une devise ignatienne : « contemplatif dans l’action ». Être contemplatif dans l’action ne signifie pas avancer dans la vie en regardant le ciel, parce que tu tomberas dans un trou, c’est sûr !... Il faut comprendre ce que signifie cette contemplation. Tu as dit quelque chose, une expression qui m’a frappé : j’ai touché du doigt les blessures du Seigneur dans les pauvretés des hommes de notre temps. Et je crois que c’est un des meilleurs médicaments pour une maladie qui nous touche tellement, qui est l’indifférence. Et aussi le scepticisme : croire qu’on ne peut rien faire. Le patron des indifférents et des sceptiques est Thomas : Thomas a dû toucher les blessures. Il y a un très beau discours, une très belle méditation de saint Bernard sur les plaies du Seigneur. Tu es prêtre, tu peux la trouver dans la troisième semaine du carême dans l’office des lectures, je ne me souviens pas quel jour. Entrer dans les blessures du Seigneur : nous servons un Seigneur blessé d’amour ; les mains de notre Dieu sont des mains blessées d’amour. Être capable d’entrer là…

Et Bernard poursuit : « Aie confiance : entre dans la blessure de son côté et tu contempleras l’amour de ce cœur ». Les blessures de l’humanité, si tu t’en approches, si tu touches – et c’est la doctrine catholique – tu touches le Seigneur blessé. Tu le trouveras dans Matthieu 25, je ne suis pas hérétique en disant cela ! Quand tu touches les blessures du Seigneur, tu comprends un peu plus le mystère du Christ, de Dieu incarné. C’est justement le message d’Ignace, dans la spiritualité : une spiritualité où Jésus-Christ est au centre, et non les institutions, non les personnes, non ! Jésus-Christ. Mais le Christ incarné ! Et quand tu fais les Exercices spirituels, il te dit qu’en voyant le Seigneur qui souffre, les blessures du Seigneur, efforce-toi de pleurer, d’éprouver de la douleur. Et la spiritualité ignatienne donne à votre mouvement cette voie, elle offre cette voie : entrer dans le cœur de Dieu à travers les blessures de Jésus-Christ. Le Christ blessé dans ceux qui ont faim, dans ceux qui sont ignorants, qui sont rejetés, dans les personnes âgées seules, dans les malades, dans ceux qui sont en prison, dans ceux qui sont fous… il est là.

Et quelle pourrait être la plus grande erreur pour l’un de vous ? Parler de Dieu, trouver Dieu, rencontrer Dieu, mais un Dieu, un « Dieu-vaporisateur », un Dieu diffus, un Dieu éthéré… Ignace voulait que tu rencontres Jésus-Christ, le Seigneur qui t’aime et a donné sa vie pour toi, blessé à cause de ton péché, à cause de mon péché, à cause de tous… Et les blessures du Seigneur sont partout. La clé est justement dans ce que tu as dit. Nous pouvons beaucoup parler de théologie, beaucoup… de bonnes choses, parler de Dieu… mais la voie est que tu sois capable de contempler Jésus-Christ, de lire l’Évangile, ce qu’a fait Jésus-Christ : c’est lui, le Seigneur ! Et d’être amoureux de Jésus-Christ et de dire à Jésus-Christ de te choisir pour que tu le suives, pour que tu sois comme lui. Et cela se fait dans la prière, et aussi en touchant les blessures du Seigneur. Tu ne connaîtras jamais Jésus-Christ si tu ne touches pas ses plaies, ses blessures. Il a été blessé pour nous. C’est cela la route, c’est la route que nous offre à tous la spiritualité ignatienne : le chemin…

Et je vais un peu plus loin : tu es formateur de futurs prêtres. S’il te plaît, si tu vois un garçon intelligent, bien, mais qui n’a pas fait cette expérience de toucher le Seigneur, d’embrasser le Seigneur, d’aimer le Seigneur blessé, conseille-lui de partir et de prendre un bon temps de vacances pendant un ou deux ans… et cela lui fera du bien. « Mais, Père, il y a peu de prêtres parmi nous : nous en avons besoin… ». S’il te plaît, que l’illusion de la quantité ne nous trompe pas et ne nous fasse pas perdre de vue la qualité ! Nous avons besoin de prêtres qui prient. Mais qui prient Jésus-Christ, qui défient Jésus-Christ pour leur peuple, comme Moïse qui a eu le toupet de défier Dieu pour sauver le peuple que Dieu voulait détruire, en se tenant courageusement devant Dieu ; des prêtres qui aient aussi le courage de souffrir, de supporter la solitude et de donner beaucoup d’amour.  Ce discours de Bernard sur les plaies du Seigneur vaut aussi pour eux. Compris ? Merci.

© Copyright 2014 – Zenit.org

Le Seigneur est avec vous ? Croyez-vous cela ?

Méditation de l’Ascension par le Pape François - 2014

« Jésus est proche de nous tous, aujourd’hui aussi il est avec nous sur la place ! Le Seigneur est avec nous : croyez-vous cela ? Disons-le ensemble : “Le Seigneur est avec nous !” Tous ! » : c’est l’exhortation du pape François, qui a médité sur la fête de l’Ascension de Jésus.

Chers frères et sœurs,

Les Actes des apôtres racontent cet épisode, le détachement final du Seigneur Jésus de ses disciples et de ce monde (Cf. Ac 1, 2.9).

Mais l’Évangile de Matthieu rapporte la consigne de Jésus à ses disciples : l’invitation à aller, à partir annoncer à tous les peuples son message de salut (cf. Mt 28,16-20). « Aller », ou mieux, « partir » devient le mot clef de la fête d’aujourd’hui : Jésus part vers le Père et il commande à ses disciples de partir vers le monde.

Jésus part, il monte au Ciel, c’est-à-dire qu’il retourne au Père par qui il a été envoyé dans le monde. Il a fait son travail il revient vers le Père.

Mais il ne s’agit pas d’une séparation, parce qu’Il reste à jamais avec nous, sous une forme nouvelle. Par son Ascension, le Seigneur ressuscité attire le regard des apôtres – et le nôtre aussi – vers les hauteurs du Ciel pour nous montrer que le terme de notre chemin, c’est le Père.

Lui-même avait dit qu’il s’en serait allé pour nous préparer une place au Ciel.

Cependant Jésus demeure présent et agissant dans les événements de l’histoire humaine, avec la puissance et les dons de son Esprit. Il est auprès de chacun de nous, même si nous ne le voyons pas de nos yeux, il est là ! Il nous accompagne, il nous guide, il nous prend par la main, il nous relève quand nous tombons. Jésus ressuscité est proche des chrétiens persécutés et qui souffrent de discriminations. Il est proche de tout homme et toute femme qui souffre.

Il est proche de nous tous, aujourd’hui aussi il est avec nous sur la place ! Le Seigneur est avec nous : croyez-vous cela ? Disons-le ensemble : « Le Seigneur est avec nous ! » Tous ! « Le Seigneur est avec nous ! » Encore une fois : « Le Seigneur est avec nous ! »

Et quand Jésus va au Ciel, il apporte un cadeau au Père : vous avez pensé à cela ? Quel est le cadeau que Jésus apporte au Père ? Ses plaies ! Voilà le cadeau que Jésus apporte au Père : son Corps est très beau, sans les bleus sans les blessures de la flagellation : très beau ! Mais, il a conservé ses plaies. Et quand il va au Père, il lui dit au : « Voilà, Père, le prix du pardon que tu donnes ». Et quand le Père voit les plaies de Jésus, il nous pardonne toujours.

Pas parce que nous sommes bons, non ! Mais parce que Lui a payé pour nous ! En regardant les plaies de Jésus, le Père devient plus miséricordieux… plus grand. C’est la grande œuvre de Jésus aujourd’hui au Ciel : il fait voit au Père le prix du pardon, ses plaies. C’est beau cela ! N’ayez pas peur de demander pardon ! Il pardonne toujours! N’ayez pas peur!   Parce qu’il regarde les plaies de Jésus, il regarde notre péché et il le pardonne.

Mais Jésus est aussi présent par l’Eglise qu’il a envoyée prolonger sa mission. Les dernières paroles de Jésus à ses disciples est le commandement de partir : « Allez et de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28,19). C’est un commandement précis, ce n’est pas facultatif ! La communauté chrétienne est une communauté “en sortie”, une communauté “en partance”. Plus encore, l’Eglise est née “en sortie” ! Vous allez me dire : mais les communautés contemplatives ? Oui, elles aussi, parce qu’elles sont toujours « en sortie » par la prière, le cœur ouvert au monde, aux horizons de Dieu. Et les personnes âgées, et les malades ? Eux aussi, par leur prière et l’union aux plaies de Jésus.

A ses disciples missionnaires Jésus dit: “Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde” (v. 20). Seuls, sans Jésus, nous ne pouvons rien faire ! Dans l’ouvre apostolique, nos forces ne suffisent pas, ni nos ressources, nos structures, même si elles sont nécessaires. Mais elles ne suffisent pas. Sans la présence du Seigneur et sans la force de son Esprit, notre travail, même bien organisé, s’avère inefficace.

Et ainsi, nous allons dire aux gens qui est Jésus. Mais je voudrais que vous n’oubliiez pas le cadeau que Jésus a apporté au Père.  Quel est ce cadeau ? Oui, ses plaies. Parce que par ces plaies il fait voir au Père le prix de son pardon.

Avec Jésus, Marie notre mère nous accompagne aussi. Elle est déjà dans la maison du Père, c’est la Reine du Ciel et c’est ainsi que nous l’invoquons en ce temps. Mais, comme Jésus, elle est avec nous, c’est la Mère de notre espérance.

© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana