PKO 13.09.2015
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°48/2015
Dimanche 13 septembre 2015 – 24ème Dimanche du Temps ordinaire – Année B
Le prix Vi Nimö 2015 est attribué à… Nathalie Heirani Salmon-Hudry
En Nouvelle-Calédonie, des lycées d’enseignement général, techno-logique et professionnel du Territoire organisent tous les deux ans un concours de littérature portant sur des œuvres contemporaines calédoniennes.
Le nom de ce concours est Vi Nimö, ce qui signifie « Récit de formation » en langue ajië.
C’est la première fois que ce concours inclus un ouvrage d’un auteur non calédonien…
Nathalie Heirani Salmon-Hudry, connue dans le P.K.0 sous le pseudo « La chaise masquée » a remporté le Prix Vi Nimö 2015 pour son livre si émouvant Je suis née morte.
Félicitation à la lauréate, et merci à tous les auteurs pour leur participation au Prix Vi Nimö.
Je suis née morte
de Nathalie Heirani Salmon-Hudry
Édition Au vent des îles
Un livre important, à la fois grave et gai, où une jeune femme raconte son existence en mots simples et justes. Il dit, par la grâce d’un ordinateur et d’un outil pratique, la normalité de la différence. L’auteure a commencé son existence par ce qui en est habituellement le terme, elle est « née morte ». Rendue gravement handicapée à la vie par la médecine, elle a appris à dévorer avec appétit cette existence dans l’amour de sa mère, l’attention de sa famille et la chaleur de son pays, Tahiti. Elle expose dans ce témoignage ses petites joies et ses grands bonheurs, ses immenses difficultés et ses réussites avec courage et dignité. Eveil, apprentissages variés, évacuation sanitaire, adolescence, recherche de l’autonomie, dépression, acceptation de la dépendance, elle raconte toute son éducation mais nous montre aussi celle que nous, les autres, avons à faire face au handicap. Ce livre affirme, sans revendication, mais comme une évidence, l’exigence de la reconnaissance de tous les droits des handicapés.
Chronique de la roue qui tourne
Bébé vous vous êtes trompés sur la marchandise
« Dans les bras de sa mère, tout bébé est beau. » Ernö Osvàt
« J'aimerais bien un garçon » ou « j'espère qu'il n'aura pas mon menton », quel parent n'a jamais dit cela. Cependant, lorsque le bébé atterrit dans nos bras, tout ce que nous avions imaginé s'évapore pour laisser la place au simple bonheur d'avoir un enfant. Et là, les petits « défauts » que nous redoutions tant, finissent par être mignons sur le petit être.
« Dans les bras de sa mère, tout bébé est beau » sauf pour Payton. Sa mère, Jennifer Cramblett désirait, avec sa compagne, un bébé. Bien évidemment, Jennifer s'est adressé à une banque de spermes. « L'heureux papa », le numéro 380, était blond aux yeux bleus. Mais Payton naît, métisse. On pense que le numéro inscrit manuscritement a été mal compris par l'employé et que donc c'est le sperme d'un afro-américain qui a été donné.
Pour l'avocat de Jennifer, propos retranscris sur www.valeursactuelles.com : « Tout le soin qu’elles avaient mis à sélectionner la bonne parenté du donneur était réduit à néant. En un instant. L’excitation qu’elle avait ressentie pendant sa grossesse, ses projections, s’étaient muées en colère, en déception et en peur. Pour Jennifer, ce n’est pas quelque chose d’anodin, parce que Payton a les cheveux crépus d’une petite Africaine. Pour que sa fille ait une coupe de cheveu décente, Jennifer doit se rendre dans un quartier noir où son apparence diffère des autres et où elle n’est pas la bienvenue. »
Ainsi, les deux mamans auraient peur de l'exclusion que pourrait subir Payton de par sa différence. Alors nul doute que le choc fut rude pour Jennifer et Amanda, nul doute que la réalité se trouve être différente de leurs projections. Cependant, il s'agit d'un enfant, qui n'attend rien d'autre qu'un peu d'amour. Oui, seul l'amour peut tout expliquer, tout rassembler et tout surmonter... même la plus vive exclusion et les plus grandes différences... et je sais de quoi je parle.
À trop jouer avec la vie, en commandant sur catalogue ce qu'elle nous refuse naturellement, on aurait tendance à croire que l'on peut renvoyer le bébé à l'expéditeur pour non satisfaction sur la marchandise.
La chaise masquée
La parole aux sans paroles - 2
Le quotidien à la rue !
Connaître leur quotidien semblait s'imposer comme thème pour cette deuxième rencontre. Nous sommes-nous déjà demandés quel genre de routine impose une vie dans la rue ? Pour en parler, un groupe, plus important que la dernière fois, se forme autour de moi. Et justement, parmi eux, certains devaient trouver un autre « château », le propriétaire du lieu s'était manifesté et leur avait donné le week-end pour tout déménager. Ils racontent leur déménagement imminent, pendant que d'autres se remémorent leurs débuts.
Lorsqu'on discute de leur choix quant à un endroit tranquille où dormir, tous cherchent à éviter les quartiers chauds et les lieux de passages fréquents ou trop exposés aux regards de tous. Oui, combien de sdf pourraient se faire marcher dessus par des piétons qui oublient qu'un trottoir devient un lit à la tombée de la nuit ? Une situation pas facile à vivre.
Autour de la table, tous disent l'importance d'une bonne nuit de sommeil, au risque d'être irritable toute la journée. « Surtout qu'on ne peut faire de grasses matinées ! », dit une en rigolant. « Il nous faut attendre la nuit, attendre que les commerçants ferment leur boutiques, attendre que tout soit fermé en fait. Là seulement, on peut s'allonger », rajoute une deuxième.
Pourtant, un sommeil paisible semble impossible dans la rue. Un fort sentiment d'insécurité, autant physique que psychologique, semble guider leurs choix. Chacun y va de ses petits stratagèmes. Certains vont juste pouvoir s'entourer de cartons ou se servir des poubelles comme paravent, pour un petit sentiment (même illusoire) de protection, quand d'autres, les couples souvent, se débrouilleront pour s'acheter une tente pour un minimum d'intimité. La tente la moins chère possible est déjà à près de 4 000 xfp, cette somme dérisoire n'est pas à la portée de tous. Alors parfois, ils deviennent de vrais Mac Gyver pour se garantir un petit coin à eux : un morceau de bâche, des bouts de ficelle et le château est monté.
Malgré tous ces efforts, leur sécurité « physique » n'est pas garantie. Le nombre fait la force dit-on, la rue en est l'exemple même. Alors souvent, ils préfèrent squatter un terrain abandonné où ils peuvent être plusieurs. Ces inconnus deviennent une famille pour survivre, vu qu'ils ne sont pas à l'abri d'un vol, de mains baladeuses d'un ivrogne. « Ça m'est arrivé. J'étais en train de dormir et j'ai senti des mains sur moi. C'était un costaud, complètement bourré », avoue une. – « Et qu'as-tu fait ? » - « Faire quoi ? On ne peut rien faire », répond une autre et poursuit : « En plus quand on appelle les “muto'i”, le mec, il a le temps de faire tout ce qu'il veux et de partir tranquillement. Il leur faut 15, 30 minutes pour arriver, alors qu'on est juste à côté d'eux, même pas à 100 mètres. C'est pour ça qu'on dort tous au même endroit, on s'aide. ». « Mais maintenant, je n'ai plus à avoir peur, j'ai quelqu'un pour me protéger. », rajoute la première en montrant son copain. « Moi, je n'ai jamais eu de problème comme ça. Peut-être parce que je dors en groupe. Mais je ne vais pas dormir n'importe où aussi, je vais toujours dormir en groupe » dit une deuxième.
Cependant, ces rassemblements ne sont pas très appréciés par la police qui y voit un danger potentiel. « Quand ils voient qu'on est plusieurs, ils viennent nous dire de rentrer chez nous, de rentrer dans nos communes et pourquoi on vient tous à Papeete, il faut rentrer dans nos familles. Mais on ne peut pas rentrer, sinon on serait déjà partis. » Les ramener chez eux sans comprendre leur détresse, sans une vraie insertion à travers un emploi, sans un accompagnement fiable est peine perdue.
Poursuivons notre journée type dans la rue. La seconde préoccupation est celle de se nourrir. En effet, l'accueil Te Vaiete leur sert un « grand petit déjeuner » du lundi au samedi et l'Ordre de Malte offre un dîner un mercredi sur deux. Avec en moyenne un repas par jour, les sdf doivent se débrouiller pour tenir le coup. Et devant la faim, tous les moyens sont bons :
. Accepter des petits boulots, souvent mal payés. Rares sont ceux qui y arrivent, difficile d'avoir la garde robe demandée ;
. Avoir quelque chose à vendre ;
. Aller mendier, option réservée aux plus courageux pouvant faire face aux critiques : « Parfois je tombe sur des gens qui disent qu'il faut aller travailler, que l'argent ne tombe pas du ciel. Alors parfois je réponds. Oui, c'est vrai, il faut travailler mais ce n'est pas facile de trouver un travail quand on est sdf ». « Ceux qui me donnent de l'argent, ce sont souvent des personnes âgées ou des popaa. Ou bien, certains viennent au château nous déposer un restant de maa. ». Fait surprenant mais tout à fait explicable : un homme ne peut pas mendier ou juste accompagner sa copine. Les remarques sur son « inaction » seront plus virulentes. « Si il vient à côté de moi, on ne va rien me donner. C'est comme ça ! ».
Et là, après votre café, qu'allez-vous faire ? « On va rentrer au château et penser à ce qu'on va manger ce soir. Après on fera ce qu'il faut pour l'avoir. ». « Je crois que si on veux connaître la vraie histoire des sdf, il faudrait un livre. Il y a tellement à dire ! ».
Ce soir, en faisant la rétrospective de notre journée, fermons les yeux et imaginons-nous dans la rue. Arriverions-nous à faire mieux qu'eux ?
© Nathalie SH - Accueil Te Vai-ete - 2015
Une Église selon l’Évangile est accueillante, ouverte… pas un musée !
Audience générale du mercredi 9 septembre 2015 – Pape François
« L’Église est une famille spirituelle et la famille est une petite Église ». Le Pape François a poursuivi, mercredi matin place Saint-Pierre lors de l’audience générale, son cycle de réflexion sur la famille. Il a traité cette fois du lien entre la famille et la communauté chrétienne. « La famille est le lieu de notre initiation, irremplaçable et indélébile » de « l’histoire des sentiments humains » qui s’inscrivent « directement dans le cœur de Dieu ». Et cette histoire humaine, le Fils de Dieu l’a apprise de cette manière, « et l’a parcourue de fond en comble ».
Chers frères et sœurs, bonjour !
Je voudrais aujourd’hui attirer notre attention sur le lien entre la famille et la communauté chrétienne. C’est un lien, pour ainsi dire, « naturel », parce que l’Église est une famille spirituelle et la famille est une petite Église (cf. Lumen Gentium, 9).
La communauté chrétienne est la maison de ceux qui croient en Jésus, source de la fraternité entre tous les hommes. L’Église chemine au milieu des peuples, dans l’histoire des hommes et des femmes, des pères et des mères, des fils et des filles : c’est cette histoire qui compte pour le Seigneur. Les grands événements des puissances mondaines s’écrivent dans les livres d’histoire, et ils y restent. Mais l’histoire des affections humaines s’écrit directement dans le cœur de Dieu ; et c’est l’histoire qui demeure pour l’éternité. C’est là le lieu de la vie et de la foi. La famille est le lieu de notre initiation – irremplaçable, indélébile – à cette histoire. À cette histoire de vie pleine, qui finira dans la contemplation de Dieu pour toute l’éternité dans le Ciel, mais qui commence dans la famille ! Et la famille est très importante pour cette raison.
Le Fils de Dieu a appris l’histoire humaine par cette voie, et il l’a parcourue jusqu’au bout (cf. He 2,18 ; 5,8). C’est beau de retourner contempler Jésus et les signes de ce lien ! Il est né dans une famille et c’est là qu’il a « appris le monde » : une boutique, quatre maisons, un petit village de rien du tout. Et pourtant, en vivant pendant trente ans cette expérience, Jésus a assimilé la condition humaine, en l’accueillant dans sa communion avec le Père et dans sa propre mission apostolique. Puis, quand il a quitté Nazareth et commencé sa vie publique, Jésus a formé autour de lui une communauté, une « assemblée », c’est-à-dire une convocation de personnes. C’est cela, la signification du mot « Église ».
Dans les Évangiles, l’assemblée de Jésus a la forme d’une famille et d’une famille accueillante, non pas d’une secte exclusive, fermée : nous y trouvons Pierre et Jean, mais aussi celui qui a faim et celui qui a soif, l’étranger et celui qui est persécuté, la pécheresse et le publicain, les pharisiens et les foules. Et Jésus ne cesse d’accueillir et de parler avec tous, même avec celui qui n’espère plus rencontrer Dieu dans sa vie. C’est une leçon forte pour l’Église ! Les disciples eux-mêmes sont choisis pour prendre soin de cette assemblée, de cette famille des hôtes de Dieu.
Pour que cette réalité de l’assemblée de Jésus soit vivante aujourd’hui, il est indispensable de raviver l’alliance entre la famille et la communauté chrétienne. Nous pourrions dire que la famille et la paroisse sont les deux lieux où se réalise cette communion d’amour qui trouve sa source ultime en Dieu. Une Église vraiment selon l’Évangile ne peut qu’avoir la forme d’une maison accueillante, les portes ouvertes, toujours. Les églises, les paroisses, les institutions avec des portes fermées ne doivent pas s’appeler des églises, elles doivent s’appeler des musées !
Et aujourd’hui, c’est une alliance cruciale. « Contre les “centres de pouvoir” idéologiques, financiers et politiques, plaçons nos espérances dans ces centres de l’amour, évangélisateurs, riches de chaleur humaine, basés sur la solidarité et la participation » (Conseil pontifical pour la famille, Les enseignements de J. M. Bergoglio – Pape François sur la famille et sur la vie, 1999-2014, LEV, 2014, p. 189) et aussi sur le pardon entre nous.
Il est aujourd’hui indispensable et urgent de renforcer le lien entre la famille et la communauté chrétienne. Certes, il faut une foi généreuse pour retrouver l’intelligence et le courage de renouveler cette alliance. Les familles parfois se défilent en disant qu’elles ne sont pas à la hauteur : « Père, nous sommes une pauvre famille, un peu branlante aussi », « nous n’en sommes pas capables », « nous avons déjà tellement de problèmes à la maison », « nous n’avons pas les forces ». C’est vrai. Mais personne n’est digne, personne n’est à la hauteur, personne n’a les forces ! Sans la grâce de Dieu, nous ne pourrions rien faire. Tout nous est donné, donné gratuitement ! Et le Seigneur n’arrive jamais dans une nouvelle famille sans faire quelque miracle. Souvenons-nous de ce qu’il a fait aux noces de Cana ! Oui, le Seigneur, si nous nous mettons dans ses mains, nous fait accomplir des miracles – mais ces miracles de tous les jours ! – quand le Seigneur est là, dans cette famille.
Naturellement, la communauté chrétienne aussi doit prendre sa part. Par exemple, chercher à dépasser des comportements trop directifs et trop fonctionnels, favoriser le dialogue interpersonnel et la connaissance et l’estime réciproque. Que les familles prennent l’initiative et sentent la responsabilité d’apporter leurs dons précieux pour la communauté. Nous devons tous être conscients que la foi chrétienne se joue sur le terrain ouvert de la vie partagée avec tous, la famille et la paroisse doivent accomplir le miracle d’une vie plus communautaire pour la société tout entière.
À Cana, il y avait la mère de Jésus, la « mère du bon conseil ». Écoutons nous aussi ses paroles : « Faites ce qu’il vous dira » (cf. Jn 2,5). Chères familles, chères communautés paroissiales, laissons-nous inspirer par cette mère, faisons tout ce que Jésus nous dira et nous nous trouverons devant le miracle, le miracle de tous les jours ! Merci.
© Libreria Editrice Vaticana - 2015
Nullité du mariage : ne pas laisser des couples dans la souffrance
Deux « Motu Proprio » pour simplifier les procésures en nullité de mariage
Mitis Iudex Dominus Iesus et Mitis et misericors Iesus : ce sont les noms des Motu Proprio publiés par le Pape François concernant les procès canoniques en nullité de mariage. Le premier pour le code de droit canon, le second pour le droit canonique oriental. Ils viennent d’être présentés à la presse par les membres de la commission spéciale qui avait été chargée de préparer une proposition de réforme des procès matrimoniaux canoniques. Parmi eux, le doyen de la Rote Romaine, Mgr Pinto, et le cardinal Francesco Coccopalmerio, président du Conseil pontifical pour les textes législatifs.
Le pape François publie ce 8 septembre, en latin et en italien, deux lettres apostoliques en forme de « motu proprio » simplifiant les dispositions du droit canon des Églises orientales catholiques (Mitis et misericors Iesus, « Jésus doux et miséricordieux ») et de l’Église catholique latine (Mitis Iudex Dominus Iesus, « Le Seigneur Jésus doux juge ») quant aux démarches juridiques en vue d’une « déclaration de nullité » d’un mariage célébré selon les rites catholiques.
Ces questions ont été examinées par une commission mise en place par le pape François en août 2014, sous la présidence de Mgr Pio Vito Pinto, doyen du tribunal de la Rote romaine, qui a présenté la réforme à la presse, aux côtés du cardinal Francesco Coccopalmerio, président du Conseil pontifical pour les textes législatifs, nommé à ce poste par Benoît XVI en 2007 et fait cardinal par lui en 2012.
Ils étaient accompagnés de quatre membres de la Commission : Mgr Dimitrios Salachas (Athènes), Mgr Luis Francisco Ladaria Ferrer, S.I. (Doctrine de la foi), Mgr Alejandro W. Bunge (Rote romaine), Mgr P. Nikolaus Schöch, O.F.M. (Signature apostolique).
Cette simplification est le fruit d’une maturation de toute l’Église : elle a été demandée par plusieurs synodes et elle était souhaitée par les canonistes et par Benoît XVI.
La réforme vise à « ramener vers l’Église » le « très grand nombre » de catholiques qui se sont « trop souvent détournés des structures juridiques de l’Église à cause de la distance physique ou morale ».
Pour le pape, « la charité et la miséricorde exigent que l’Église comme mère se rapproche de ses enfants qui s’en considèrent séparés ».
On « n’annule » pas un sacrement
L’Église « n’annule » jamais un mariage sacramentel valide, c’est la prémisse de toute réflexion sur le droit du mariage et les causes de « nullité » du lien matrimonial sacramentel.
Ces procédures ne visent pas à « brader » le mariage sacramentel valide – quand les époux contractent un lien matrimonial sacramentel « indissoluble » –, mais il s’agit d’épargner aux conjoints qui ont des doutes sur le lien matrimonial contracté, des démarches lourdes et pénibles, surtout quand il s’agit de l’intimité d’un couple en crise. C’est de l’établissement – ou pas – de cette « nullité » – de l’absence de sacrement en dépit du rite –, qu’il est question dans les deux textes publiés aujourd’hui par le Saint-Siège.
Cette déclaration de nullité est demandée par des époux soit à la suite d’une mésentente invincible, sans projet de nouvelle union, soit en vue d’une autre union, soit en vue d’un engagement dans un autre état de vie, religieux ou sacerdotal.
On ne parle donc pas « d’annulation » ou « d’annuler » un mariage. Le terme juridique est en effet « déclaration de nullité » : autrement dit, la reconnaissance que la célébration est « nulle », au sens où il n’y a pas eu « sacrement », en d’autres termes que le « lien matrimonial » sacramentel n’est pas « né », parce qu’un des éléments essentiels pour qu’il y ait sacrement, pour que le « lien » soit contracté, manquait au moment du rite, malgré les apparences de la célébration. C’est une constatation – « il n’y a pas eu sacrement » –, et non pas une sorte d’« effacement » du mariage.
Par exemple la liberté : si le consentement de l’un des époux n’est pas « libre » – pression du milieu, de la famille, des événements… – il n’y a pas « sacrement », pas de « naissance » du « lien matrimonial », en dépit de la célébration du rite. La liberté du consentement est une condition du sacrement.
Souvent, ces causes établissent aussi le manque de « maturité » des époux au moment de leur engagement.
Si l’un des époux exclut a priori l’un des biens du mariage, le rite célébré peut être déclaré nul : exclusion des enfants par exemple, ou exclusion de l’unicité, etc.
Genèse d’une réforme
Benoît XVI avait lui-même posé la question de la « foi » des fiancés : le mariage célébré n’est-il pas nul lorsque des fiancés demandent un mariage religieux dans l’Église catholique mais qu’ils n’ont pas la foi dans les sacrements, n’ont pas la foi de l’Église ?
Il avait aussi demandé, en 2006 notamment, l’accélération des procédures, souhaitant que les causes en déclaration de nullité de mariage aboutissent « dans des délais raisonnables ». Il recommandait aux juges de concilier, « dans la vérité », les exigences des normes, avec une « sensibilité pastorale ». Dans ce même discours, Benoît XVI invitait aussi à « prévenir » les nullités de mariage, en amont, par une préparation adéquate au mariage sacramentel. Un point souligné à nouveau par le synode de 2014.
Le mariage sacramentel peut être ainsi déclaré « nul » à la demande de l’un ou l’autre des conjoints, après un long itinéraire d’enquête, d’écoute des époux et des témoins, auprès d’un tribunal diocésain. Le procès en cause de nullité aboutit à déclarer soit qu’il n’y a pas eu sacrement – pas de lien matrimonial contracté en dépit du rite extérieur – soit que le lien matrimonial sacramentel existe bel et bien.
Cette réforme avait été demandée par les participants du synode sur l’eucharistie de 2005 (proposition 40) et par le premier synode sur la famille d’octobre 2014, et elle était souhaitée par les canonistes, comme l’avait indiqué au cours du synode de l’an dernier le cardinal Coccopalmerio, le 9 octobre 2014.
Il n’est pas inutile de revenir sur ce que le cardinal – membre de la Commission – disait alors, de façon à rappeler la genèse des deux textes publiés aujourd’hui. Le cardinal affirmait la recherche de « voies juridiques » à trouver pour « raccourcir la procédure » de déclaration de nullité, c’est-à-dire, disait-il, le jugement par lequel l’Église reconnaît qu’en dépit de la cérémonie un élément essentiel du sacrement du mariage manquait pour permettre « la naissance » d’un lien matrimonial sacramentel. Souvent, il s’agit de « l’exclusion de l’ouverture à la vie », ou de « l’indissolubilité », de « l’unicité » du mariage sacramentel catholique, du « lien », mais il peut y avoir aussi un « manque de liberté » du consentement.
Un évêque, disait-il, a fait observer au synode que certains doivent faire des milliers de kilomètres pour accéder aux procédures diocésaines, d’autres ne peuvent pas assumer son coût, ni sa durée (un an et demi, c’est trop dur pour une famille qui est déjà dans une situation difficile).
La gratuité, contre les scandales
Parmi les possibilités évoquées : diminuer le nombre des juges (3 auparavant) et supprimer le double jugement (il y avait un appel « obligatoire » du défenseur du lien matrimonial si le premier jugement était en faveur de la nullité), ou permettre une décision « administrative » de l’évêque lui-même.
Le cardinal Coccopalmerio avait aussi rappelé immédiatement que l'Église n’annule jamais un mariage valide : l’Église peut déclarer nuls des mariages pour lesquels « un élément essentiel a manqué », au moment de la célébration, mais elle n’annule pas un lien matrimonial validement contracté. Sauf privilège du pape en cas de baptême successivement au mariage : le pape peut, en effet, exceptionnellement « dissoudre » le lien matrimonial si le conjoint nouvellement baptisé le demande.
La cause n’était pas jusqu’ici gratuite, mais les diocèses fixaient souvent des plafonds. Le pape s’était déclaré favorable à ce que la procédure devienne gratuite, et c’est ce qu’établit sa réforme : c’est désormais aux conférences épiscopales de s’assurer de la gratuité des procédures, signe que l’Église manifeste « l’amour gratuit du Christ ». Cela évitera désormais des abus qui font « scandale » : tel tribunal exigeait 10 000 dollars… C’était une demande des pères du synode, dont le pape se faisait l’écho déjà en novembre 2014 en appelant à réduire les délais d'attente.
Le rôle de l’évêque renforcé
La réforme souhaite, en renforçant notamment le rôle de l’évêque, favoriser « le rapprochement entre le juge et les fidèles ».
Elle établit que désormais l’appel n’est plus obligatoire : un seul juge se prononcera. Comme suggéré au cours des synodes précédemment cités, la réforme entérine la suppression de l’obligation de « deux jugements conformes », par « deux juges différents ».
Par diocèse, il y aura désormais un juge unique sous la responsabilité de l’évêque, dont le rôle est renforcé. Il devra s’assurer que le juge ne soit pas « laxiste » : l’exigence de vérité est réaffirmée en même temps que la miséricorde.
Dans les petits diocèses, l’évêque peut être lui-même le juge. Il est aussi juge, de droit, quand un procès est écourté, ce qui est le cas lorsque « l’accusation de nullité de mariage » est soutenue par des arguments « particulièrement évidents ».
Pour ce qui est du recours en appel, c’est le siège métropolitain qui est sollicité en premier. En ultime recours, les plaignants continuent de pouvoir faire appel à la Rote romaine.
La recherche de la vérité
C’est ce qu’avait suggéré le cardinal Coccopalmerio dans un entretien publié par Zenit en juillet 2014 : « Une procédure plus rapide pour la déclaration de nullité du mariage est certainement souhaitable. Toute amélioration est opportune ; toutefois, cela doit toujours sauvegarder la finalité essentielle de la procédure qui est la recherche de la vérité. »
Et d’expliquer : « Il faut savoir si ce mariage est valide ou non. Nous faisons des pas en avant. Dans la commission spéciale de notre dicastère, nous réfléchissons depuis un moment sur la possibilité d’alléger la procédure. (…) Nous avons distingué deux solutions hypothétiques : réduire à un seul les degrés du jugement – même si cela me semble peu opportun – ou favoriser un juge unique, plutôt que le juge collégial. (…) Ce sont seulement deux hypothèses qu’il faut encore approfondir. »
Il suggérait « une forme d’intervention plus directe de l’évêque » qui pourrait « dans certains cas, rendre la procédure plus rapide ».
C’est ce qu’a voulu la réforme, à mettre en œuvre maintenant dans tous les diocèses et les différents rites catholiques.
© Zenit.org - 2015
Sauver les minorités en Orient
Discours du Patriarche Fouad TWAL
Ce mardi, au Quai d'Orsay, le siège du ministère des affaires étrangères à Paris, la France a réuni une soixantaine de pays pour tenter de protéger les minorités ethniques et religieuses persécutées au Moyen-Orient. Cette réunion avait trois objectifs : humanitaire pour faciliter le retour durable et en sécurité des réfugiés et des déplacés, judiciaire pour lutter contre la criminalité et enfin politique afin que les pays concernés intègrent la diversité ethnique et religieuse dans leur composition gouvernementale. Plusieurs patriarches étaient présents à Paris, parmi lesquels, Mgr Fouad Twal, patriarche latin de Jérusalem, Mgr Paul Matar, archevêque maronite de Beyrouth et Mgr Louis Sako patriarche des chaldéens.
Monsieur le ministre Laurent Fabius,
Monsieur le ministre Nasser Judeh,
Mesdames et Messieurs les délégués,
Monsieur le ministre Laurent Fabius, le 27 mars dernier, vous déclariez devant le Conseil de sécurité des Nations unies : « Je vais parler clair : au Moyen-Orient, nous faisons face à une entreprise barbare et systématique d’éradication ethnique et religieuse. » Permettez-moi aujourd’hui, Monsieur le ministre, de faire miennes vos paroles, et de « parler clair » à mon tour.
Le temps des paroles est révolu : celui des actes est venu. Le Moyen-Orient, lacéré par les guerres, submergé par un déferlement de violence inouïe, connaît une des pires crises de son histoire. De ce spectacle tragique, l’Occident ne peut plus être le spectateur indifférent.
Les responsables de ces effroyables guerres doivent faire leur examen de conscience, et en assumer les conséquences ; conséquences dont nous sommes chaque jour les témoins horrifiés et impuissants, voire les victimes.
Une des conséquences directes de ces conflits est l’afflux de réfugiés dans les pays voisins de la Syrie ou de l’Irak. En Jordanie, ils sont 740 000 réfugiés Syriens et 8 000 réfugiés Irakiens chaldéens. Les conditions de vie de ces réfugiés deviennent, de jour en jour, plus précaires. Ils doivent s’intégrer. Ils ont besoin de travailler, et leurs enfants ont besoin d’une solide instruction dans les écoles privées et publiques du pays.
L’Église catholique en Jordanie est en première ligne dans l’aide aux réfugiés, mais elle ne peut plus porter seule le poids de ces conflits. L’Église est fatiguée, la Caritas est fatiguée, les réfugiés sont fatigués. L’avenir est sombre.
Mesdames et Messieurs, disons-le clairement : la nécessité de cette conférence ne se serait pas faite sentir, sans cet afflux de réfugiés auquel l’Europe est à présent confrontée. Ces populations, poussées par le désespoir, cherchent aide, assistance, et vie. Elles ne peuvent échapper à la mort en Irak ou en Syrie pour la retrouver sur les rivages de l’Europe.
Inutile de prétendre les renvoyer chez elles, tant que la paix ne régnera pas sur leurs terres. Une chose s’impose donc : ramener la paix en Irak, et en Syrie.
À la suite du pape François, je demande de mettre fin aux trafics d’armes à destination de ces pays, ainsi qu’aux ventes d’armes aux rebelles dits « modérés ».
Les rebelles modérés n’existent pas ! Il n’y a aucune action ou réaction « modérée » en état de guerre.
Il est nécessaire que les auteurs de crimes puissent être jugés, ainsi que ceux qui les commanditent ou les protègent.
Il est urgent, enfin, de résoudre le conflit israélo-palestinien, depuis trop longtemps source de tension dans la région.
Le Moyen-Orient a besoin de paix. Ses populations ont besoin de paix. Ses minorités ont besoin de paix, et l’Europe a besoin de paix.
Je vous remercie.
© Zenit.org - 2015
« Je pense à toutes les femmes qui ont avorté… »
Le pardon du pape françois
L’année de la Miséricorde se prépare activement et notamment pour le Pape François…Dans une lettre adressée à Mgr Fischelli, il donne quelques « consignes » pour la route. Et notamment au sujet e l’accueil des femmes qui ont avortées.
Extrait de la lettre du pape François accordant l’indulgence à l’occasion du Jubilé extraordinaire de la miséricorde :
L’un des graves problèmes de notre temps est sans aucun doute le changement du rapport à la vie. Une mentalité très répandue a désormais fait perdre la sensibilité personnelle et sociale adéquate à l’égard de l’accueil d’une vie nouvelle. Le drame de l’avortement est vécu par certains avec une conscience superficielle, qui semble ne pas se rendre compte du mal très grave qu’un tel acte comporte. Beaucoup d’autres, en revanche, bien que vivant ce moment comme un échec, considèrent ne pas avoir d’autres voies à parcourir. Je pense, en particulier, à toutes les femmes qui ont eu recours à l’avortement. Je connais bien les conditionnements qui les ont conduites à cette décision. Je sais qu’il s’agit d’un drame existentiel et moral. J’ai rencontré de nombreuses femmes qui portaient dans leur cœur la cicatrice de ce choix difficile et douloureux. Ce qui a eu lieu est profondément injuste ; pourtant, seule sa compréhension dans sa vérité peut permettre de ne pas perdre l’espérance.
« Canoniquement », si l’on peut dire, rien de nouveau. Le pape François a annoncé profiter du Jubilé de la Miséricorde pour donner à l’ensemble des prêtres la possibilité de pardonner aux femmes ayant avorté. Dans le droit de l’Église, seul l’évêque peut lever l’excommunication qui pèse automatiquement sur les personnes ayant avorté, pour bien marquer l’importance de la faute. C’est cependant une pratique courante dans un certain nombre de diocèses, notamment en France, où les évêques accordent à leurs prêtres cette prérogative. Déjà d’ailleurs, Jean-Paul II, lors du Jubilé de 2000, avait élargi cette possibilité à l’ensemble des prêtres-confesseurs.
Des siècles de domination masculine
Mais c’est la manière dont le pape le fait qui diffère, et c’est ce qui change tout. François n’ignore rien de la gravité de l’acte d’avorter, et de l’atteinte au droit à la vie de tout être qu’il constitue. Mais contrairement au langage habituel de l’Église sur ce sujet, rhétorique et juridique au point d’en oublier le poids d’humanité que contient tout péché (il suffit de relire le catéchisme de l’Église catholique), le pape a choisi, dans sa lettre, de s’adresser aux femmes. Non pour les condamner, comme le veut une tradition ecclésiale toujours prompte à faire porter la faute sur « la » femme, mais pour les comprendre. Il ne parle ici ni « d’excommunication », ni de « sanctions », « délit ». Il parle « souffrance », « conditionnements » de la société, « choix difficile et douloureux ». Pour remettre ce péché dans un contexte sociétal plus large, d’exploitation, d’avilissement, et de « culture du déchet » ; pour mieux en dénouer les ressorts.
Du fait de sa longue expérience de prêtre et évêque de pays pauvre, le pape sait bien ce que ce drame signifie pour de nombreuses femmes. Pour celles qui, un moment, n’ont pas vu d’autres choix. Pour ces mères seules, isolées, effrayées, trop jeunes pour comprendre, trop honteuses pour demander. Toute femme sait que l’avortement ne saurait constituer un acte banal, qui peut s’oublier. Qu’il laisse dans le corps une trace, une terrible cicatrice.
L’affaire de Recife
Il n’y a pas si longtemps, c’était en 2009, Rome avait cru bon d’approuver l’excommunication par l’archevêque de Recife d’une mère qui avait fait avorter sa fille de neuf ans, violée par son beau-père. Pas un mot de tendresse pour la fillette, pas un mot de condamnation pour le père. Simplement l’acte juridique, canonique, dans toute sa brutalité, et le rappel de l’excommunication « latae sentiae » (par le fait même, automatique) comme on dit selon le droit canon. Devant l’émotion provoquée par cette affaire, la Congrégation pour la doctrine de la foi avait cru bon de publier un texte juridique pour rappeler le droit canon, et le (bon) droit de l’évêque. Un texte sec et technique, incompréhensible pour le commun des mortels. Qui avait constitué la seule parole officielle de l’Église romaine devant cette affaire.
En s’adressant d’abord aux femmes, en pleurant avec elles leur douleur, en leur parlant de « l’injustice » de la situation qu’elles peuvent ressentir, le pape met fin à une trop longue tradition de l’Église marquée par des siècles de domination masculine. Plus, en expliquant que le pardon est possible, mais qu’il passe par un travail de Vérité, il montre la seule voie de libération. Car il sait bien que souvent, le plus dur, pour ces femmes, c’est d’arriver à se pardonner à elles-mêmes…
Isabelle de Gaulmyn
© La Croix - 2015
Méditation sur la Parole
Qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera
Cette page d’Évangile est l’un des sommets du récit de St Marc. Jusqu’ici Jésus, suivi par les foules, a prêché en Galilée, dans les régions de Tyr et Sidon et dans la Décapole païenne, à l’est du lac de Génésareth. Depuis la multiplication des pains et le discours sur le Pain de vie, la grande majorité des gens l’ont quitté.
Jésus a parfaitement envisagé l’issue fatale de son aventure. La foule l’a laissé tomber et plusieurs de ses disciples l’ont abandonné : « Beaucoup de ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec Lui ». Ses ennemis s’acharnent contre lui, car il enfreint leurs règles de conduite et condamne certains dogmes des dirigeants politiques et religieux :
- il a guéri les malades le jour du Sabbat ;
- mange avec les pécheurs ;
- accepte Marie Madeleine, la pécheresse ;
- ouche aux lépreux, les intouchables ;
- protège la femme adultère ;
- converse en public avec une femme, la Samaritaine qui en est à son sixième mari ;
- s’invite chez le publicain Zachée, collaborateur des Romains ;
Jésus ose critiquer les dirigeants religieux et les accuse d’être « des hypocrites et des sépulcres blanchis ». Il sait maintenant qu’il est déjà jugé par ces autorités. Le procès ne sera qu’une moquerie de la justice. Il faut se rappeler que le Christ n’a pas voulu la croix, il ne l’a pas cherchée. Ce sont les autorités qui l’ont condamné à cette mort atroce.
Le Christ solidaire a cependant voulu rejoindre les pires situations où l’être humain peut se retrouver : situations de cruauté, d’humiliation, de rejet et de discrimination. Il est devenu le jouet de sadisme et de cruauté sauvages. Il sera celui que l’on déshabille, recouvre d’un manteau de pourpre, gifle et fouette, que l’on défigure en le frappant au visage, de qui on se moque, qu’on humilie publiquement et que l’on condamne à une mort atroce.
La croix est le symbole de la haine et de la cruauté, mais elle est aussi le symbole du triomphe de l’amour. Les autorités religieuses de Judée ont condamné Jésus à mort, mais ils n’ont pas réussi à tuer en lui la bonté et l’amour. Avant de mourir, il demandera à son Père de pardonner à ses bourreaux : « Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Le Christ est pour nous une référence, un modèle. Tout au long de sa vie, il nous rappelle qu’il est venu pour servir : « Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir ! »
Dans le monde d’aujourd’hui, ce qui compte c’est de se tailler une place au soleil, d’être le meilleur, le vainqueur, le numéro un. Notre vision du monde est profondément marquée par le sport et par la guerre, où c’est la loi du plus fort ! Aujourd’hui comme hier, les gens ne savent que faire des perdants. Les Américains on inventé la catégorie des « Winners », les vainqueurs. Ceux-ci s’opposent aux perdants, dans un monde de compétition effrénée, où il y a bien peu de vainqueurs et des millions de perdants.
Suivre la route du Christ n’a rien à voir avec les vainqueurs, avec la gloire, le succès, l’affirmation de soi, mais avec la capacité d’aimer, de servir et d’être solidaire.
Notre monde est plus beau parce que Mère Teresa a été là ; parce que le franciscain Maximilien Kolbe s’est offert aux SS, pour sauver un père de famille ; parce que le Père Damien a consacré sa vie aux lépreux de Molokai ; parce que Mgr Romero a appuyé les plus pauvres de son pays et, à cause de ses prises de positions courageuses, il a été criblé de balles durant l’eucharistie ; parce que Nelson Mandela a combattu l’Aparteid ; parce que certaines Religieuses ont voulu ouvrir une clinique pour les malades du Sida et ont été chassées de leur maison par des chrétiens en colère ; parce que Martin Luther King a fait un rêve et l’a payé de sa vie.
Le monde est plus beau parce qu’une mère de famille passe des nuits blanches à soigner l’un de ses enfants malades, un père travaille dix heures par jour pour nourrir les siens, un couple se prive d’un voyage à l’étranger pour venir en aide à un voisin en difficultés financières, des amis supportent un alcoolique ou un jeune sous l’emprise de la drogue, des parents prennent soin d’un enfant handicapé, des enfants s’occupent de leurs vieux parents.
Le Christ a donné sa vie pour les autres et il nous invite aujourd’hui à faire comme lui. C’est à nous de découvrir les occasions de réaliser ce rêve. Nous sommes membres de la religion de la croix et de tout ce qu’elle représente d’amour et de don. La croix est le symbole de la haine et de la cruauté des hommes, mais elle est aussi l’emblème de la bonté, de la douceur, du pardon et de l’amour. « Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. »
Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera.
© Cursillo - 2015