PKO 11.02.2015

Mercredi 11 février 2015 – Journée mondiale des Malades – Année B
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°09/2015

Regard sur l’actualité

Pas de tabou, proposez le sacrement des malades !

Chers frères et sœurs, bonjour,

Aujourd’hui, je voudrais vous parler du sacrement de l’onction des malades, qui nous permet de toucher du doigt la compassion de Dieu pour l’homme. Par le passé, il était appelé « extrême onction », parce qu’il était entendu comme réconfort spirituel à l’approche imminente de la mort. Parler en revanche d’« onction des malades » nous aide à étendre le regard à l’expérience de la maladie et de la souffrance, dans l’horizon de la miséricorde de Dieu.

Il existe une icône biblique qui exprime dans toute sa profondeur le mystère qui transparaît dans l’onction des malades : c’est la parabole du « bon samaritain », dans l’Évangile de Luc (10, 30-35). Chaque fois que nous célébrons ce sacrement, le Seigneur Jésus, dans la personne du prêtre, se fait proche de celui qui souffre et qui est gravement malade ou âgé. La parabole dit que le bon samaritain prend soin de l’homme qui souffre en versant de l’huile et du vin sur ses blessures. L’huile nous fait penser à ce qui est béni par l’évêque chaque année, lors de la Messe chrismale du Jeudi Saint, précisément en vue de l’onction des malades. Le vin, en revanche, est le signe de l’amour et de la grâce du Christ qui jaillissent du don de sa vie pour nous et qui s’expriment dans toute leur richesse dans la vie sacramentelle de l’Église. Enfin, la personne qui souffre est confiée à un aubergiste, afin qu’il puisse continuer d’en prendre soin, sans épargner les dépenses. Or, qui est cet aubergiste ? C’est l’Église, la communauté chrétienne, c’est nous, auxquels le Seigneur Jésus confie chaque jour ceux qui sont atteints dans le corps et dans l’esprit, afin que nous puissions continuer à déverser sur eux, sans mesure, toute sa miséricorde et le salut.

Ce mandat est répété de façon explicite et précise dans la Lettre de Jacques, où l’on recommande : « L’un de vous est malade ? Qu’il appelle les Anciens en fonction dans l’Église : ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade : le Seigneur le relèvera et, s’il a commis des péchés, il recevra le pardon » (5, 14-15). Il s’agit donc d’une pratique qui était déjà en cours au temps des apôtres. En effet, Jésus a enseigné à ses disciples à avoir la même prédilection pour les malades et pour les personnes qui souffrent et leur a transmis la capacité et le devoir de continuer à dispenser en son nom et selon son cœur soulagement et paix, à travers la grâce spéciale de ce sacrement. Mais cela ne doit pas nous faire tomber dans la recherche obsessionnelle du miracle ou dans la présomption de pouvoir obtenir toujours et de toute façon la guérison. Mais c’est la certitude de la proximité de Jésus au malade et également à la personne âgée car chaque malade, chaque personne âgée de plus de 65 ans peut recevoir ce sacrement, à travers lequel c’est Jésus lui-même qui s’approche de nous.

Mais en présence d’un malade, on pense parfois : « appelons le prêtre pour qu’il vienne » ; « Non, cela portera malheur, ne l’appelons pas », ou encore « le malade va prendre peur ». Pourquoi pense-t-on cela ? Parce que l’on a un peu l’idée qu’après le prêtre arrivent les pompes funèbres. Et cela n’est pas vrai. Le prêtre vient pour aider le malade ou la personne âgée ; c’est pour cela que la visite des prêtres aux malades est si importante. Il faut appeler le prêtre au chevet du malade et dire : « venez, donnez-lui l’onction, bénissez-le ». C’est Jésus lui-même qui arrive pour soulager le malade, pour lui donner la force, pour lui donner l’espérance, pour l’aider ; et aussi pour lui pardonner ses péchés. Et cela est très beau ! Et il ne faut pas penser que cela est un tabou, car il est toujours beau de savoir qu’au moment de la douleur et de la maladie, nous ne sommes pas seuls : le prêtre et ceux qui sont présents au cours de l’onction des malades représentent en effet toute la communauté chrétienne qui, comme un unique corps, se rassemble autour de celui qui souffre et de sa famille, en nourrissant en eux la foi et l’espérance, et en les soutenant par la prière et la chaleur fraternelle. Mais le réconfort le plus grand découle du fait que dans le sacrement est présent le Seigneur Jésus lui-même, qui nous prend par la main, nous caresse comme il le faisait avec les malades et nous rappelle que désormais, nous lui appartenons et que rien — pas même le mal et la mort — ne pourra jamais nous séparer de Lui. Avons-nous l’habitude d’appeler le prêtre pour qu’il vienne et donne à nos malades — je ne parle pas des malades qui ont la grippe, pendant trois ou quatre jours, mais de ceux qui ont une maladie grave — et également à nos personnes âgées ce sacrement, ce réconfort, cette force de Jésus pour aller de l’avant ? Faisons-le !

« J’étais les yeux de l’aveugle, les pieds du boiteux » (Jb 29,15)

Message pour la XXIIIè Journée mondiale des Malades – Pape François 

Le message du pape François pour la XXIIIe Journée mondiale des malades qui sera célébrée le 11 février 2015, en la fête de Notre Dame de Lourdes, a été publié ce 30 décembre sur le thème « J’étais les yeux de l’aveugle, les pieds du boiteux » (Jb 29,15). Le pape médite sur la « sagesse du cœur », « un comportement inspiré par l’Esprit Saint dans l’esprit et le cœur de celui qui sait s’ouvrir à la souffrance des frères et reconnaît en eux l’image de Dieu ».

 Chers frères et sœurs,

À l’occasion de la XXIIIème Journée mondiale du Malade, instaurée par saint Jean-Paul II, je m’adresse à vous tous qui supportez le fardeau de la maladie et êtes unis, de diverses manières, à la chair du Christ souffrant, et à vous également, professionnels et bénévoles de la santé.

Le thème de cette année nous invite à réfléchir sur une phrase du Livre de Job : « J’étais les yeux de l’aveugle, les pieds du boiteux » (29,15). Je voudrais le faire dans la perspective de la « sapientiacordis », la sagesse du cœur.

1. Cette sagesse n’est pas une connaissance théorique, abstraite, fruit de raisonnements. Elle est plutôt, comme le décrit saint Jacques dans son épître, « pure, puis pacifique, indulgente, bienveillante, pleine de pitié et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie » (3,17). Elle est donc un comportement inspiré par l’Esprit Saint dans l’esprit et le cœur de celui qui sait s’ouvrir à la souffrance des frères et reconnaît en eux l’image de Dieu. Faisons donc nôtre l’invocation du psaume : « Fais-nous savoir comment compter nos jours, que nous venions de cœur à la sagesse ! » (Ps 90,12). Dans cette sapientiacordis, qui est don de Dieu, nous pouvons résumer les fruits de la Journée mondiale du Malade.

2. La sagesse du cœur veut dire servir le frère. Dans le discours de Job qui contient les paroles « j’étais les yeux de l’aveugle, les pieds du boiteux », est mise en évidence la dimension du service à ceux qui en ont besoin, de la part de l’homme juste qui jouit d’une certaine autorité et a une place importante parmi les anciens de la ville. Sa stature morale se manifeste dans le service du pauvre qui demande de l’aide, et également en prenant soin de l’orphelin et de la veuve (v. 12-13).

Que de chrétiens rendent témoignage aujourd’hui encore, non par leurs paroles mais par leur vie enracinée dans une foi authentique, d’être « les yeux de l’aveugle » et les « pieds du boiteux » ! Des personnes qui sont proches des malades ayant besoin d’une assistance permanente, d’une aide pour se laver, s’habiller, se nourrir. Ce service, surtout lorsqu’il se prolonge dans le temps, peut devenir fatigant et pénible. Il est relativement facile de servir pendant quelques jours, mais il est difficile de soigner une personne pendant des mois, voire des années, également si celle-ci n’est plus à même de remercier. Et pourtant, voilà un grand chemin de sanctification ! Dans ces moments, on peut compter de manière particulière sur la proximité du Seigneur, et on est également un soutien spécial à la mission de l’Église.

3. La sagesse du cœur, c’est être avec le frère. Le temps passé à côté du malade est un temps sacré. C’est une louange à Dieu, qui nous conforme à l’image de son Fils, qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20,28). Jésus lui-même a dit : « Et moi je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22,27).

Avec une foi vive, nous demandons à l’Esprit Saint de nous donner la grâce de comprendre la valeur de l’accompagnement, si souvent silencieux, qui nous conduit à consacrer du temps à ces sœurs et à ces frères qui, grâce à notre proximité et à notre affection, se sentent davantage aimés et réconfortés. En revanche, quel grand mensonge se dissimule derrière certaines expressions qui insistent tellement sur la « qualité de la vie », pour inciter à croire que les vies gravement atteintes par la maladie ne seraient pas dignes d’être vécues !

4. La sagesse du cœur, c’est la sortie de soi vers le frère. Notre monde oublie parfois la valeur spéciale du temps passé auprès du lit d’un malade, parce qu’on est harcelé par la hâte, par la frénésie de l’action, de la production et on oublie la dimension de la gratuité, de l’acte de prendre soin, de se charger de l’autre. En réalité, derrière cette attitude se dissimule souvent une foi tiède, oublieuse de cette parole du Seigneur qui déclare : « C’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40).

Voilà pourquoi je voudrais rappeler à nouveau « la priorité absolue de “la sortie de soi vers le frère” comme un des deux commandements principaux qui fondent toute norme morale et comme le signe le plus clair pour faire le discernement sur un chemin de croissance spirituelle en réponse au don absolument gratuit de Dieu » (Exhortation apostolique Evangeliigaudium, n. 179). De la nature missionnaire même de l’Église jaillissent « la charité effective pour le prochain, la compassion qui comprend, assiste et encourage » (idem).

5. La sagesse du cœur c’est être solidaire avec le frère sans le juger. La charité a besoin de temps. Du temps pour soigner les malades et du temps pour les visiter. Du temps pour être auprès d’eux comme le firent les amis de Job : « Puis, s’asseyant à terre près de lui, ils restèrent ainsi durant sept jours et sept nuits. Aucun ne lui adressa la parole, au spectacle d’une si grande douleur » (Jb 2,13). Mais les amis de Job cachaient au fond d’eux-mêmes un jugement négatif à son sujet : ils pensaient que son malheur était la punition de Dieu pour une de ses fautes. Au contraire, la véritable charité est un partage qui ne juge pas, qui ne prétend pas convertir l’autre ; elle est libérée de cette fausse humilité qui, au fond, recherche l’approbation et se complaît dans le bien accompli.

L’expérience de Job trouve sa réponse authentique uniquement dans la croix de Jésus, acte suprême de solidarité de Dieu avec nous, totalement gratuit, totalement miséricordieux. Et cette réponse d’amour au drame de la souffrance humaine, spécialement de la souffrance innocente, demeure imprimée pour toujours dans le corps du Christ ressuscité, dans ses plaies glorieuses, qui sont un scandale pour la foi mais sont également preuve de la foi (cf. Homélie pour la canonisation de Jean XXIII et de Jean-Paul II, 27 avril 2014).

De même, lorsque la maladie, la solitude et l’incapacité l’emportent sur notre vie de don, l’expérience de la souffrance peut devenir un lieu privilégié de la transmission de la grâce et une source pour acquérir et renforcer la sapientiacordis. Donc, on peut comprendre que Job, à la fin de son expérience, en s’adressant à Dieu, peut déclarer : « Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu » (42,5). Et les personnes plongées dans le mystère de la souffrance et de la douleur, accueilli dans la foi, peuvent également devenir des témoins vivant d’une foi qui permet d’habiter la souffrance elle-même, bien que l’homme, par son intelligence, ne soit pas capable de la comprendre en profondeur.

6. Je confie cette Journée mondiale du Malade à la protection maternelle de Marie, qui a accueilli dans son sein et a donné naissance à la Sagesse incarnée, Jésus-Christ, notre Seigneur.

Ô Marie, Siège de la Sagesse, intercède comme notre Mère pour tous les malades et pour ceux qui en prennent soin. Fais que, dans le service du prochain qui souffre et à travers l’expérience même de la souffrance, nous puissions accueillir et faire croître en nous la véritable sagesse du cœur.

J’accompagne cette invocation pour vous tous de ma bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 3 Décembre 2014

Memorial de Saint François Xavier

FRANCISCUS

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