PKO 11.01.2015

Dimanche 11 janvier 2015 – Fête du Baptême du Seigneur – Année B
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°03/2015

Humeurs

Ont-ils agi au nom de Dieu ?

Les terroristes qui ont déclaré la guerre à Charlie Hebdo ont-ils agi au nom de Dieu et de l’islam ? La question – redoutable – se pose aux musulmans d’abord. Cet extrémisme djihadiste a-t-il vraiment quelque chose à voir avec leur foi ; ou est-ce une dérive terroriste d’hommes perdus, qui se parent faussement des habits de l’islam ? La plupart des responsables religieux et des croyants (ou incroyants) musulmans n’ont pas de doute : pour eux, cette référence à leur religion est dévoyée, ils n’ont rien à voir avec les tueurs et condamnent sans ambiguïté leur violence ; certains s’agacent même de devoir se justifier, alors qu’ils se sentent pleinement français, pleinement citoyens, pleinement républicains.

En revanche, certains y lisent précisément la marque de l’islam, d’un rapport littéral aux textes, d’une vision intégraliste du monde qui ne laisserait aucun espace à la liberté de conscience, au pluralisme religieux, à la critique théologique, mais précisent que cela ne représente pas tout l’islam  ; d’autres au contraire globalisent l’analyse. Leur peur peut alimenter une islamophobie qui, dans une spirale infernale, se traduit en actes ou propos haineux contre des lieux ou des personnes.

Croyants ou non-croyants, il nous faut accepter – même si elle nous fait horreur – l’idée que le nom de Dieu n’est pas absent de ces actes, parce que des terroristes le proclament haut et fort. Parce qu’en d’autres périodes noires de l’Histoire, il fut abondamment utilisé par des chrétiens. Accepter l’idée et la contester. Aux croyants de dire – et prouver – que le Dieu auquel ils croient est un Dieu de paix et d’amour, qu’il appelle mais ne contraint pas, qu’il libère et n’assujettit pas, qu’il unit et ne divise pas… Aux non-croyants d’admettre que la religion ne se résume pas à ses dévoiements et que le rejet de Dieu conduisit aussi à d’épouvantables tragédies. Un des caricaturistes assassinés confiait un jour en substance au micro de France Info : un humoriste ne peut pas croire en Dieu. Dieu serait-il imperméable à l’humour ? En lisant la chaîne des hommages de tous ceux (dont le pape) qui, un jour, se sont vus moqués, parfois méchamment, à la « une » de Charlie Hebdo, en écoutant le glas sonner à Notre-Dame comme à Lourdes pour des victimes qui s’affichaient volontiers mécréantes, il est permis d’en douter… L’humour, décidément, n’a ni camp ni frontières.

© La Croix – Dominique Quinio 

Regard sur l’actualité

Tweet du pape François : « Prières pour Paris »

Télégramme du Pape François

« Son Éminence le Cardinal André Vingt-Trois - Archevêque de Paris

Apprenant le terrible attentat survenu à Paris au siège de “Charlie Hebdo”, faisant plusieurs victimes, Sa Sainteté le Pape François s’associe par la prière à la peine des familles endeuillées et à la tristesse de tous les Français. Il confie les victimes à Dieu, plein de miséricorde, le priant de les accueillir dans sa lumière. Il exprime sa profonde sympathie aux personnes blessées et à leurs familles, demandant au Seigneur de leur apporter réconfort et consolation dans leur épreuve. Le Saint-Père condamne une nouvelle fois la violence qui génère tant de souffrances, et demandant à Dieu de faire le don de la paix, il invoque sur les familles éprouvées et sur les Français le bienfait des Bénédictions divines.

Cardinal Pietro Parolin - Secrétaire d’État de Sa Sainteté. »

Intention de messe du pape François

« L'attentat d'hier à Paris nous fait penser à toute cette cruauté, cette cruauté humaine ;  à ce terrorisme, que ce soit un terrorisme isolé ou un terrorisme d'Etat. Cette cruauté dont l'homme est capable ! Prions, maintenant, pour les victimes de cette cruauté. Tant de victimes ! Et prions aussi pour les personnes cruelles, afin que le Seigneur convertisse leur cœur. »

Déclaration officielle

« Le Saint-Père exprime la plus ferme condamnation de l'horrible attentat ayant frappé ce matin la ville de Paris, qui a fait de nombreuses victimes, semant la mort et jetant dans la consternation la société française toute entière, scandalisant profondément toutes les personnes aimant la paix, et ce bien au-delà des frontières françaises. Le Pape François s'unit dans la prière aux souffrances des blessés et des familles des défunts, exhortant tout le monde à s'opposer par tous les moyens à la diffusion de la haine et de toute forme de la violence physique et morale qui détruit la vie humaine, viole la dignité des personnes, mine radicalement le bien fondamental de la coexistence pacifique entre personnes et peuples, malgré les différences de nationalité, de religion et de culture. Quelles que puisse être la motivation, la violence homicide est abominable, jamais justifiable. La vie et la dignité de tous doivent être garanties et défendues avec décision, toute instigation à la haine refusée, le respect de l'autre cultivé. Le Pape exprime sa proximité, sa solidarité spirituelle et son soutien à tous ceux qui, selon leurs responsabilités variées, continueront à s'engager avec constance en faveur de la paix, de la justice et du droit, afin de guérir en profondeur les sources et les causes de la haine en ce moment douloureux et dramatique, en France comme les parties du monde marquées par des tensions et des violences".

Les mères ont un rôle central dans la société

Audience générale du mercredi 7 janvier 2015

La mère de famille joue « un rôle central dans la société », affirme le pape François qui déplore qu'elle soit « peu écoutée et peu aidée dans la vie quotidienne, peu considérée ».

Chers frères et sœurs, bonjour,

Ces jours-ci, la liturgie de l’Église a mis sous nos yeux l’icône de la Vierge Marie Mère de Dieu. Le premier jour de l’année est la fête de la Mère de Dieu, qui précède la fête de l’Épiphanie, en souvenir de la visite des rois Mages. L’évangéliste Matthieu écrit : « Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. » (Mt 2,11). C’est la Mère qui, après l’avoir engendré, présenta le Fils au monde. C’est Elle qui nous donne Jésus, qui nous montre Jésus, qui nous le montre, Elle qui nous fait voir Jésus.

Nous poursuivons les catéchèses sur la famille, et dans la famille il y a la mère. Chaque personne humaine doit la vie à une mère et presque toujours, elle lui doit une grande partie de l’existence qu’elle mènera ensuite, de sa formation humaine et spirituelle. Or, bien que la mère soit exaltée d’un point de vue symbolique – beaucoup de poèmes, beaucoup de jolies choses, sont dites sur elle – elle est peu écoutée et peu aidée dans la vie quotidienne, peu considérée dans le rôle central qu’elle joue dans la société. Et même, souvent, on profite du fait que les mères sont prêtes à se sacrifier pour leurs enfants pour « économiser » sur les dépenses sociales.

Il arrive que dans la communauté chrétienne aussi on ne prenne pas dûment en considération la mère, qu’on ne l’écoute pas beaucoup. Pourtant, au centre de la vie de l’Église, il y a la Mère de Jésus. Les mères, qui sont toujours prêtes à se sacrifier pour leurs enfants et, cela n’est pas rare, pour ceux des autres aussi, devraient trouver davantage d’écoute. Il faudrait mieux comprendre la lutte quotidienne qu’elles mènent pour être efficaces au travail, attentives et affectueuses en famille. Il faudrait mieux comprendre ce à quoi elles aspirent pour tirer le vrai et le meilleur parti de leur émancipation. Une mère a toujours des problèmes avec ses enfants, elle a toujours du travail. Je me souviens à la maison, nous étions cinq enfants, et lorsqu’il y en avait un qui faisait des siennes, l’autre se mettait lui aussi à en faire, et cette pauvre maman allait d’un côté et de l’autre, mais elle était heureuse. Elle nous beaucoup donné.

Les mères sont l'antidote le plus fort contre la propagation de l’individualisme égoïste. L’« individu » est « ce qui est indivisible ». Les mères, elles, au contraire, se « divisent », dès l’instant où elles accueillent un fils pour le donner au monde et le faire grandir. Ce sont elles, les mères, qui haïssent le plus la guerre, cette guerre qui tue leurs enfants. Je pense souvent à ces mamans qui ont reçu ce genre de lettre : « Je vous annonce que votre fils est tombé pour défendre la patrie… ». Pauvres femmes ! Combien souffre une maman ! Ce sont elles qui témoignent de la beauté de la vie. L’archevêque Oscar Arnulfo Romero disait que les mamans vivent « un martyre maternel ». Dans une homélie, lors des funérailles d’un prêtre assassiné par les escadrons de la mort, il avait dit, à la lumière du Concile Vatican II : « Tous nous devons être disposés à mourir pour notre foi, même si le Seigneur ne nous concède pas cet honneur… Donner sa vie ne signifie pas seulement être tués ; donner sa vie, avoir l’esprit du martyre, c’est donner dans le devoir, dans le silence, dans la prière, dans l’accomplissement honnête du devoir ; dans ce silence de la vie quotidienne, donner sa vie peu à peu ? Oui, comme la donne une mère, qui sans crainte, avec la simplicité du martyre maternel, conçoit dans son sein un enfant, le met au monde, l’allaite, le fait grandir et l’élève avec affection. C’est donner la vie. C’est le martyre ». La citation s’arrête ici. Oui, être une mère ne signifie pas seulement mettre au monde un enfant, c’est aussi un choix de vie. Que choisit une mère, quel est le choix de vie d’une mère ? Son choix de vie est de donner la vie. Et ce choix est grand et beau.

Une société sans mères serait une société inhumaine, parce que les mères savent toujours témoigner de la tendresse, du dévouement, et de la force morale, même dans les pires moments. Les mères transmettent souvent aussi le sens le plus profond de la pratique religieuse : dans les premières prières, les premiers gestes de dévotion qu’un enfant apprend, s’inscrit la valeur de la foi qui caractérisera la vie d’un être humain. C’est un message que les mères croyantes savent transmettre sans beaucoup d’explications : ces explications arriveront après, mais le germe de la foi réside dans ces premiers et très précieux moments. Sans les mères, non seulement il n’y aurait pas de nouveaux fidèles, mais la foi perdrait une bonne partie de sa chaleur simple et profonde. Et l’Église est mère, avec tout cela, elle est notre mère ! Nous ne sommes pas des orphelins, nous sommes les enfants de l’Église, nous sommes les enfants de la Vierge et les enfants de nos mères.

Très chères mamans, merci, merci pour ce que vous êtes dans la famille et pour ce que vous donnez à l’Église et au monde. Et à toi, Église bien-aimée, merci, merci d’être mère. Et à toi, Marie, Mère de Dieu, merci de nous faire voir Jésus. Et merci à toutes les mamans qui sont ici aujourd’hui : un bel applaudissement pour elles !

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Le dialogue inter-religieux, seule voie pour dissiper les préjuger

Déclaration du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux

Au lendemain de l’attentat contre le journal « Charlie Hebdo », le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, la délégation de la Conférence des évêques de France et les quatre imams français présents pour la rencontre romaine désirent, dans une déclaration du 8 janvier 2015, « s’associer aux paroles prononcées (…) par le pape François pour dénoncer la cruauté et la violence aveugle ». « Comme lui, nous invitons les croyants à manifester par l’amitié et la prière leur solidarité humaine et spirituelle envers les victimes et leurs familles ». « Le dialogue interreligieux demeure la seule voie à parcourir ensemble pour dissiper les préjugés », soulignent encore les participants.

Alors que prend fin la rencontre romaine des quatre Imams de France, qui ont participé avec la délégation de la Conférence épiscopale française à l’Audience générale du 7 janvier 2015, les participants, choqués par l’odieux attentat qui, le même jour, a visé le siège de la publication Charlie Hebdo à Paris, désirent encore une fois s’associer aux paroles prononcées hier et ce matin par le Pape François pour dénoncer la cruauté et la violence aveugle. Comme lui, nous invitons les croyants à manifester par l’amitié et la prière leur solidarité humaine et spirituelle envers les victimes et leurs familles.

Dans ces circonstances, il convient de rappeler que sans la liberté d’expression, le monde est en danger : il est impératif de « s’opposer à la haine et à toute forme de violence qui détruit la vie humaine, viole la dignité de la personne, mine radicalement le bien fondamental de la coexistence pacifique entre les personnes et les peuples, au-delà des différences de nationalité, de religion et de culture. » (pape François, 7 janvier 2015).

Les responsables religieux sont appelés à promouvoir toujours davantage une « culture de paix et d’espérance », capable de vaincre la peur et de construire des ponts entre les hommes.

Considérant l’impact des moyens de communication, ils invitent leurs responsables à offrir une information respectueuse des religions, de leurs adeptes et de leurs pratiques, favorisant ainsi une culture de la rencontre.

Le dialogue interreligieux demeure la seule voie à parcourir ensemble pour dissiper les préjugés.

Cardinal Jean-Louis TAURAN Mgr Michel DUBOST M. Tareq OUBROU M. Azzedine GACI M. Mohammed MOUSSAOUI M. Djelloul SEDDIKI P. Christophe ROUCOU

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Le trépied de la démocratie

Il est absolument nécessaire que la liberté d’expression existe

« Il est absolument nécessaire que la liberté d’expression existe », déclare Mgr Dubost. Ce qui est en jeu : rien moins que la stabilité de la démocratie. Il insiste sur la promotion du dialogue comme réponse à la tuerie : « La manière d’éviter cela, c’est de montrer que nous avons besoin les uns des autres. » Au sortir de l’audience générale du mercredi et de la rencontre avec le pape François, hier, 7 janvier, en la salle Paul VI du Vatican, quatre imams français engagés dans le dialogue interreligieux ont condamné de façon unanime l’attentat de Paris. Ils ont rencontré la presse en fin d’après-midi à l’ambassade de France près le Saint-Siège, aux côtés de Mgr Michel Dubost et du P. Christophe Roucou. Mgr Dubost, évêque d’Evry-Corbeil-Essones, est président du Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence des évêques de France (CEF) et le P. Roucou est directeur du Service national pour les relations avec l’islam (SRI).

Penser aux victimes

« Quelles que soient les autres considérations, il faut penser aux victimes, à leurs familles, à tous ceux qui ont eu des discours interrompus parce que la mort a surgi de manière imprévue », a déclaré d'emblée Mgr Dubost.

Puis, il a évoqué la démocratie, en danger : « La deuxième chose, c’est que notre démocratie repose sur trois pieds: le vote, l’information et le dialogue social et au fond l’entraide sociale. Un attentat comme celui qui a eu lieu tout à l’heure, risque mettre en cause le "pied" information et nous pensons tous que c'est insupportable. Il faut absolument pour que la démocratie existe que la liberté d’information existe, même si - vous pouvez vous en douter - nous ne sommes pas d’accord avec tout ce que disait Charlie Hebdo. N’empêche, il est absolument nécessaire que la liberté d’expression existe et je crois que je représente mes confères en disant cela. »

Comment réagir

« Et comment réagir ? », s'est demandé Mgr Dubost: « Évidemment il y a ceux qui diront : il faut réagir de manière violente. Qu’il y ait des précautions supplémentaires, je crois que c’est de l’ordre de la responsabilité de l’État, et je pense que personne n’est contre cela. Mais nous, notre mode de réaction, c’est fondamentalement de dire : puisque c’est le trépied de la démocratie qui est en cause, il faut le renforcer et le renforcer en nous rencontrant, en nous tendant la main. »

Il déplore les enfermements qui créent la peur : « Je veux dire que tant que l’éducation, la manière de vivre fait que chacun est dans son coin, on finit toujours par avoir peur de l’autre. On risque toujours de dire du mal de l’autre et, à ce moment-là, des fous, s’appuyant sur cette peur et sur le mal que l’on dit, risquent de faire des crimes épouvantables. Donc, il nous faut montrer, à temps et à contre temps – et pas simplement montrer, vivre – une amitié avec les autres. Il me semble qu’on était complètement d’accord entre nous : notre réaction est de dire qu’il faut renforcer tous les dialogues. Le dialogue interreligieux mais aussi le dialogue dans sa maison, mais aussi le dialogue dans sa ville, mais aussi le dialogue politique. Personne ne peut se sentir exempt de cette réflexion. »

À propos de la tuerie, il ajoute : « La manière d’éviter cela, c’est de montrer que nous avons besoin les uns des autres. »

De l'Inquisition ou de la façon de parler de l'autre

Mgr Dubost a établi une analogie entre les chrétiens auxquels on reproche encore aujourd'hui l'Inquisition ou l'apartheid et les musulmans auxquels on reproche aujourd'hui le terrorisme des islamistes : « Quand, pendant une large part de ma vie, j’ai été attaqué sur l’Inquisition ou sur l’apartheid, je trouvais cela très blessant, parce que je n’étais pour rien dans l’Inquisition et pour rien dans l’apartheid et que c’était tout à fait contre mes valeurs. Et chaque fois qu’on m’interrogeait là-dessus, je me disais : “Mais enfin, où sont les croisades ?” Il y a un moment où l’on dit : “Assez !” Et quand j’entends les gens qui attaquent les musulmans sur des choses qui ne me semblent pas vraie, j’ai envie de dire : “Assez ! On ne peut plus continuer comme cela.” Cela nous interroge tous, les media, la manière dont on parle… »

Il pose aussi la question de la façon de vivre la laïcité aujourd'hui en France : « La deuxième chose qui me semble importante : ce qui s’est passé va faire date, cela doit nous interroger sur la manière dont nous vivons la laïcité. Pour un certain nombre de gens aujourd’hui, la laïcité est “contre la religion”. Et, du coup, on a des religieux qui sont “contre la laïcité”. La Laïcité, cela suppose qu’on respecte ce que les gens pensent, qu’ils puissent l’exprimer en public sans que cela ne pose de problème. Que Charlie Hebdo a le droit d’exposer en public, sans que cela pose de problème, même des choses qui me blessent, mais, après tout, ils sont libres. Mais en même temps, il faut que les autres aussi puissent exprimer en public ce qui est leur foi. Par contre, l’État doit être neutre. Et d’une neutralité intelligente. C’est-à-dire que l’on ne peut pas se battre pour trois crèches et des choses comme cela… Mais il est clair que l’État doit être neutre. C’est tout à fait différent. »

Faire comprendre la religion de l'autre, dès le lycée

Il aborde la question de la connaissance de la religion pour les jeunes des établissements scolaires de l'Education nationale : « Il me semble que dans la formation, dans l’Éducation Nationale (…). Aujourd’hui, une partie de la laïcité repose sur une ignorance crasse qui engendre, paradoxalement, des extrêmes. Et je crois que l’Éducation Nationale, devant un tel crime, doit se dire : “Mais qu’est-ce que je fais pour faire comprendre aux uns et aux autres la religion de l’autre ?” Ou l’athéisme de l’autre, ou l’agnosticisme de l’autre. La laïcité n’est pas ignorance, n’est pas refus de la question. Or, le refus de la question conduit à la violence. Il me semble que l’un des points très important c’est cela. Il faut continuer ce que l’on fait. Cela semble toujours trop petit… »

Il a cité cette nouvelle initiative inspirée par une fête libanaise : « Vous savez qu’au Liban il y a une fête nationale qui relie musulmans et catholiques autour de la Vierge Marie. Au Liban c’est le 25 mars, qui est devenu un jour férié. Nous allons essayer de le faire en France : on va faire une première expérience à Longpont-sur-Orge cette année, le 22 mars, de manière à ce qu’on ait une fête commune de Marie, avec des musulmans. »

L'évêque a cité aussi le pèlerinage aux « Sept Dormants » promu, dès 1954, par l’islamologue Louis Massignon, professeur au Collège de France, qui voulait promouvoir « une paix sereine en Algérie », et lançait une rencontre interreligieuse, greffée sur une fête patronale bretonne - un « pardon » - dédiée aux Sept Dormants d’Éphèse, aussi connus par les musulmans sous le nom des Ahl al-Kahf – « Gens de la Caverne ».

Des initiatives républicaines et de voisinage

Il ne cache pas les difficultés du dialogue, mais propose des voies simples de dialogue : « L’une des difficultés, c’est que nos concitoyens religieux peuvent être de grands intellectuels et vous en avez parmi nous ici, et d’autres ont une religion “populaire”. Et vous pouvez faire tous les discours possibles, ce n’est pas comme cela que vous faites avancer les choses. Il faut trouver des fonctions symboliques. Je pense qu’il faut relancer des méchouis, des rencontres de musique : il ne faut pas simplement faire des rencontres “d’intellos”, si vous me permettez l’expression. »

Il suggère une mobilisation républicaine : « Ce que je constate, c’est que, indépendamment de nous – j’ai eu des nouvelles cet après-midi – il semble qu’en Essonne, un certain nombre de municipalités aient décidé de faire demain des rencontres de protestation. Et j’invite tous les chrétiens à y participer avec force. Je pense que les musulmans y participeront avec force. Mais je trouve que c’est bien que les maires prennent conscience que c’est un problème de la République et de la démocratie ».

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Pour la première fois les ïles Tonga ont un cardinal : Mgr Mafi

Soucieux de la formation dans les séminaires

Mgr mafiParmi les 15 cardinaux électeurs, le pape en a nommé deux provenant de l'Océanie : Mgr Soane Patita Paini Mafi, évêque de Tonga aux Îles Tonga  et Mgr John Atcherley Dew, archevêque de Wellington en Nouvelle Zélande.

Pour la première fois les Iles Tonga ont un cardinal : Mgr Soane Patita Paini Mafi, 53 ans, évêque de Tonga, et désormais le plus jeune membre du collège cardinalice, signe de l'attention du pape aux minorités. Mgr Mafi a le souci de la formation dans les séminaires.

Mgr Mafi est en effet né le 19 décembre 1961, à Nuku'alofa, sur l'île de Tongatapu, dans le diocèse de Tonga. Il a étudié la philosophie et la théologie au séminaire régional du Pacifique à Fidji.

Il a été ordonné prêtre le 29 juin 1991. Après son ordination, il a été curé de Ha'apai (1992-1994) ; vicaire général et curé à Nuku'alofa, de 1995 à 1997.

Professeur de séminaire

Pendant deux ans, de 1998 à 1999 a fait des études supérieures de psychologie au Collège Loyola de Baltimore, aux États-Unis.

De retour chez lui, il a été curé à Houma (1999- 2000), puis professeur et formateur au Séminaire régional du Pacifique à Fidji, et, depuis 2003, vice-recteur du même séminaire.

Le 28 Juin 2007, le pape Benoît XVI l'a nommé évêque coadjuteur de Tonga (Royaume des Tonga), et il a été élu président de la Conférence épiscopale du Pacifique, en 2010.

C'est en tant que président de cette Conférence épiscopale qu'il a participé à l'assemblée extraordinaire du synode des évêques sur la famille d'octobre 2014.

Eloge de la simplicité

Il avait auparavant participé au synode de 2012 sur la Nouvelle évangélisation. Dans son intervention du 17 octobre, il a notamment souligné deux mots : « intime » et « personnel » et fait l'éloge de la simplicité, une vertu aimée du pape François.

Il expliquait : « Le premier indique la profondeur, le second un rapport authentique. L’Océanie est constituée de petits états insulaires, souvent qualifiés de “paradis du Pacifique” par les explorateurs. L’île de Tonga, sur laquelle j’ai grandi, est mieux connue sous le nom “d’île de l’amitié”. Au cours du Synode pour l’Océanie, en 1998, a été utilisée l’expression “île d’humanité” pour indiquer le “naturel” et “l’humanité” de ces peuples dans leurs rapports humains communs. »

Il exprimait une proposition pour les ministres ordonnés : « Je propose que les prêtres et les évêques examinent constamment leur propre vie personnelle à la lumière de cette simple “manière d’être” à savoir être “simples”. La simplicité exclut “l’aveuglement”, le fait de porter “des masques”, actes typiques de ceux qui sont divisés entre la réalité d’être “un personnage public” très respecté et celle d’être un ambassadeur apparent du Royaume. Pourquoi Jésus était-Il tant “à son aise” et s’identifiait-il si parfaitement avec la majeure partie des personnes de son temps, même avec les pécheurs? Simplement parce qu’Il était profondément libre en tant que personne enracinée dans une éducation simple et humble. Parmi ses contemporains, Il était plus connu comme “le fils du charpentier”. »

« Dans le monde actuel, continuait Mgr Mafi, la vie des personnes est marquée par des blessures et par des douleurs profondes, et les gens désirent des pasteurs authentiquement compatissants, capables de toucher leur vie en profondeur et de les libérer de leurs propres misères, c’est-à-dire des pasteurs qui puissent cheminer avec eux et “se mettre à leur place”. »

Un monde superficiel

Il résumait ses propositions en insistant sur la formation dans les séminaires, en parlant d'expérience : « Formation au séminaire : une formation qui mette vraiment en évidence l’aspect humain, souligné dans l’Exhortation apostolique Pastores dabo vobis.

Réflexion personnelle : la cohérence dans la réflexion personnelle peut éviter la tendance à être “avalés” inconsciemment dans le monde superficiel du “protagonisme à tout prix” et de la recherche de la visibilité et de la célébrité.

Silence : l’amour pour le silence mène tant à la profondeur de la connaissance qu’à la sincérité des rapports humains. »

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L’œuvre missionnaire des Oblats à Tahiti – 1977-2004

Au service des vocations et de la formation sacerdotale

Nous continuons notre parcours de l’histoire des Congrégations religieuses en Polynésie dans le cadre de l’Année de la Vie consacrée avec cette historique de la communauté des Pères O.M.I. par le R.P. Patrice Morel.

Introduction

Tahiti!!!... À l'évocation de ce nom, nombreux sont les clichés qui se présentent tant à l'imagination qu'à la mémoire : Pierre Loti, Paul Gauguin, cocotiers, lagon bleu, plages de sable blanc, vahiné, paradis, etc. Et lorsque l'on dit que les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée y ont établi une mission, bien des personnes s'interrogent : Qu'est-ce que les spécialistes des missions difficiles, les évangélisateurs des pauvres, sont allés faire là-bas ?

Voici ce que le P. Fernand Jetté, supérieur général des Oblats, disait lors de sa venue à Tahiti pour l'inauguration du Grand Séminaire Notre-Dame de la Pentecôte, le 19 octobre 1983 :

« La mission de l'Église, c'est l'évangélisation. Avoir les yeux grand ouverts sur les besoins des hommes, être capable d'entendre les appels qui montent de la foule, qui viennent des hommes d'aujourd'hui, et de vouloir donner à ces appels une réponse vraie, une réponse qui s'adresse à tout homme et qui soit d'ordre évangélique : annoncer la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ.

Mgr l'archevêque a bien voulu associer les Oblats à cette École de Théologie et même, sous sa responsabilité, leur en confier la direction.

Les Oblats de Marie Immaculée, à Tahiti, sont des ouvriers de la onzième heure. Comme les Filles de sainte Claire et les Frères du Sacré-Cœur, ils sont venus sur le tard.

D'autres grandes familles religieuses comme les Pères des Sacrés-Cœurs (Pères de Picpus ou Picpuciens), les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny, les Filles de Jésus Sauveur, les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame des Anges, les Sœurs du Bon Pasteur, les Filles de la Charité du Sacré-Cœur, les Frères de Ploërmel (Frères de l'Instruction chrétienne) les ont précédés et, avec le clergé séculier, y ont accompli une œuvre merveilleuse.

Que faut-il attendre des Oblats ? Leur mission, comme celle de l'Église, est l'évangélisation, avec une préoccupation spéciale pour les pauvres. “II m'a envoyé évangéliser les pauvres”, “Les pauvres sont évangélisés” : ces deux phrases résument leur vie.

Quand le Père Eugène de Mazenod a fondé les Oblats à Aix-en-Provence, en 1816, il a voulu établir une société de missionnaires qui iraient dans les villages, dans les campagnes, dans les endroits les plus reculés et partout dans le monde, enseigner aux hommes la Bonne Nouvelle de leur salut en Jésus-Christ.

En même temps, - et ceci est important -, il leur a demandé d'aider spirituellement les prêtres et, même, de se dévouer à la formation des prêtres, car, disait-il, nous travaillerons en vain à l'évangélisation des peuples s'il n'y a pas, après que nous sommes passés, de saints prêtres, des hommes de doctrine et de vertu, qui demeurent avec eux dans les paroisses pour continuer et affermir l'œuvre déjà commencée. »

Comme le P. Jetté le signale, « les trois premiers Oblats arrivés à Tahiti débarquaient dans une mission, un archidiocèse déjà constitué. » Le présent exposé ne reprendra que les données géographiques, ethnographiques, historiques, religieuses qui se révéleraient indispensables pour la compréhension des éléments.

1.Pour quelles raisons les Oblats sont-ils allés en Polynésie Française ?

2.Qu'ont-ils entrepris pour accomplir la mission confiée?

3.De quels fruits l'Église de Polynésie a-t-elle bénéficié ?

4.Pour quelles raisons la mission oblate à Tahiti a-t-elle été fermée en 2004 ?

1. Pour quelles raisons les Oblats sont-ils allés en Polynésie Française ?

Au sujet de l'origine de la venue des Oblats en Polynésie, Mgr Michel Coppenrath, archevêque émérite de Papeete, a eu l'amabilité de mettre par écrit un résumé des démarches entreprises pour cela.

1969 - Mgr Raymond Etteldorf, alors Délégué apostolique pour le Pacifique, à Wellington, m'a écrit que je devais faire appel à une nouvelle congrégation cléricale et missionnaire. J'ai sollicité plusieurs congrégations d'origine française et jusqu'aux Oblats du Canada. L'appel à une nouvelle congrégation m'est apparu au début de mon épiscopat comme n'étant pas souhaitable. J'avais peur qu'une aide nouvelle et sacerdotale ne soit interprétée comme autrefois : « des missionnaires popaa (étrangers) », car nous les aimons et nous ne pouvons pas nous en passer, et nous nous occuperons des paroisses.

18 juin 1975 : lettre de Mgr Angelo Acerbi, nouveau Délégué Apostolique pour le Pacifique, faisant allusion à ma demande d'une Congrégation pour prendre en mains le Foyer Séminaire. Le Préfet de la Congrégation pour l'Évangélisation des peuples, le Cardinal Rossi, avait écrit aux Salésiens, mais sans résultat. Mais, disait-il, aussi dans sa lettre : « Tandis que maintenant les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée disposent d'éléments, à la suite des événements d'Indochine, la Propagation de la Foi s'est empressée de faire connaître vos nécessités au T.R.P. Jetté, Supérieur général des O.M.I. Le Cardinal suggère que vous écriviez aussitôt à la Curie des Oblats ».

20 juin 1975 : par la Délégation Apostolique à Wellington, je faisais parvenir une lettre au R.P. Jetté (lettre qui porte la même date que ma lettre pour transmission à la Délégation).

30 juin 1975 : le R.P. Jetté répond au Cardinal Rossi : « Votre demande de missionnaires pour l'éducation des jeunes et spécialement des futurs prêtres à Tahiti, Polynésie Française, fut présentée aux membres du Conseil Général,... Il est impossible de lui apporter immédiatement une réponse définitive dans un sens ou dans un autre, mais peut-être parmi les missionnaires qui devront quitter le Laos, quelques uns seront-ils disponibles pour un tel travail. Les demandes sont nombreuses : Nord Canadien, Honduras, Norvège, Bangladesh, Pakistan. Il faudra nécessairement faire un choix entre ces missions et laisser aux missionnaires qui reviennent prendre un peu de repos, avant de les inviter à s'engager ailleurs. » Et le Délégué ajoute dans sa propre lettre à laquelle était jointe une copie de la lettre du P. Jetté : « La réponse du P. Jetté est sans doute antérieure à la lettre que je lui avais envoyée. »

20 octobre 1975 : comme le P. Jetté avait envisagé de répondre en octobre suivant, je lui écrivais de nouveau.

11 novembre 1975 : le P. Francis George, Vicaire général de la Congrégation en l'absence du P. Jetté, répond à cette lettre en me disant que ma demande avait bien été examinée en conseil, mais que l'habitude de la Congrégation oblate était de confier la mission à une Province.

26 mars 1976 : lettre du P. Roger Roy, provincial de la Province Saint-Jean-Baptiste de Lowell, U.S.A., en fin de mandat (qui a joué lui aussi un rôle déterminant, d'où ma grande reconnaissance), qui fait état d'une lettre de son Supérieur général de décembre 1975, lui présentant ma demande avec copies des lettres précédemment envoyées à votre Curie. Il fait état aussi de la lettre du Cardinal Rossi. Et le P. Roy écrit : « Nous sommes en train de considérer très sérieusement l'invitation de notre Supérieur général en souhaitant d'autres informations complémentaires de ma part. »

17 mai 1975 : lettre du P. Roy souhaitant visiter notre mission et venir en juin en Polynésie.

31 mai 1975 : le P. Roger arrive avec le P. Norman Parent qui le remplacera comme provincial. Ils resteront jusqu'au 13 juin : visite de Rangiroa, des Îles Sous-le-Vent, de Moorea et Tahiti. Quelque temps après, le P. Roger m'envoie le bilan de sa visite dans lequel je relève cette appréciation : « On the surface... all (this can be done) without our help : however, when i examined the needs of Tahiti in greater depth, i found a real urgency for a valid and fruitful apostolates ». [Apparement tout peut être fait (sans notre aide) : mais après avoir examiné la situation de Tahiti de plus près j’ai trouvé une véritable urgence pour une apostolat fructueux et valide.]

10 février 1977 : lettre du P. Roy annonçant l'envoi d'une équipe à la fin de l'été (canadien).

8 mars 1977 : le nouveau provincial, le P. Norman Parent, annonce que l'envoi de deux missionnaires pourra se faire : il s'agissait du P. Patrice Morel, ancien missionnaire au Laos, et du P. Daniel Nassaney.

25 mars 1977 : confirmation de l'envoi des deux missionnaires déjà mentionnés, en y ajoutant le P. Jules Guy. Le départ est fixé au 28 août 1977.

En mars 1976, le P. Roger Roy demandait à Mgr Coppenrath des informations complémentaires pour s'assurer que les Oblats étaient attendus, non pas pour accomplir un ministère paroissial traditionnel et boucher des trous, mais pour aider à la formation et à la construction de l'Église locale. La réponse de l'archevêque encouragea le P. Roy et son conseil à poursuivre plus loin les investigations et la décision fut prise d'aller sur place se rendre compte des besoins et les évaluer.

Il est intéressant de constater, d'après les documents, que, de part et d'autre des parties concernées (archidiocèse et Congrégation oblate), on n'a pas attendu la rédaction d'une convention en bonne et due forme pour commencer à réaliser ce que Mgr Michel désirait et qui fut inscrit plus tard dans la convention passée entre l'archidiocèse de Papeete et la Congrégation des Missionnaires Oblats. Oralement, les Oblats assuraient l'archevêque qu'ils s'engageaient pour dix ans.

Voici le texte du préambule qui explicite clairement ce pourquoi les Oblats sont venus à Tahiti :

L'Ordinaire du Lieu invite la Province St-Jean-Baptiste de Worcester (c'était en 1989 la résidence du Provincial des Oblats) à continuer sa collaboration à la tâche pastorale et à la promotion d'entreprises apostoliques pour le développement de l'Église locale, sous la juridiction de l'archidiocèse de Papeete. L'archidiocèse considère comme l'une des priorités urgentes de sa mission de doter l'Église de toutes les vocations locales, sacerdotales, religieuses et de laïcs, dont elle a impérieusement besoin pour être fidèle à une Évangélisation authentique et profonde du peuple polynésien.

La Congrégation des Missionnaires Oblats, de son côté, reconnaissant dans l'offre qui leur est faite un travail apostolique dans la ligne et l'esprit de l'Institut, de ses Constitutions et du document capitulaire sur la visée missionnaire de la Congrégation, accepte bien volontiers de travailler dans l'archidiocèse selon les dispositions du présent contrat.

(à suivre)

© Vie Oblate Life n°64 - 2005

Méditation sur la Parole

Angélus du Pape François pour le Baptême du seigneur - 2014

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui c’est la fête du Baptême du Seigneur. Ce matin, j’ai baptisé trente-deux nouveau-nés. Je rends grâce avec vous au Seigneur pour ces créatures et pour chaque nouvelle vie. J’aime baptiser les enfants. Cela me plaît beaucoup ! Chaque enfant qui naît est un don de joie et d’espérance, et chaque enfant baptisé est un prodige de la foi et une fête pour la famille de Dieu.

L’Évangile d’aujourd’hui souligne que dès que Jésus eut reçu le baptême de Jean dans les eaux du Jourdain, « les cieux s’ouvrirent » (Mt 3, 16). Ceci réalise les prophéties. En effet, il y a une invocation que la liturgie nous fait répéter pendant la période de l’Avent : « Si tu déchirais les cieux et descendais ! » (Is 63, 19). Si les cieux restent fermés, notre horizon dans cette vie éternelle est sombre, sans espérance. Par contre, en célébrant Noël, la foi nous a donné encore une fois la certitude que les cieux se sont déchirés avec la venue de Jésus. Et le jour du baptême du Christ nous contemplons encore les cieux ouverts. La manifestation du Fils de Dieu sur terre marque le début du grand temps de miséricorde, après que le péché avait fermé les cieux, élevant comme une barrière entre l’être humain et son Créateur. Avec la naissance de Jésus les cieux s’ouvrent! Dieu nous donne dans le Christ la garantie d’un amour indestructible. Depuis que le Verbe s’est fait chair il est donc possible de voir les cieux ouverts. Ce fut possible pour les bergers de Bethléem, pour les mages d’Orient, pour Jean-Baptiste, pour les apôtres de Jésus, pour saint Étienne, le premier martyr, qui s’exclama : « Je contemple les cieux ouverts ! » (Ac 7, 56). Et c’est possible aussi pour chacun de nous, si nous laissons l’amour de Dieu nous envahir, amour qui nous est donné la première fois dans le baptême par le Saint-Esprit. Laissons-nous envahir par l’amour de Dieu ! C’est le grand temps de la miséricorde ! Ne l’oubliez pas : c’est le grand temps de la miséricorde !

Quand Jésus reçut le baptême de pénitence des mains de Jean-Baptiste, se rendant solidaire du peuple pénitent — Lui, sans péché, et sans besoin de conversion —, Dieu le Père fit entendre sa voix du ciel : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour » (v. 17). Jésus reçut l’approbation du Père céleste, qui l’a envoyé précisément pour qu’il accepte de partager notre condition, notre pauvreté. Partager est la vraie manière d’aimer. Jésus ne se dissocie pas de nous, il nous considère comme ses frères et partage avec nous. Il fait ainsi de nous des fils, avec Lui, de Dieu le Père. Telle est la révélation et la source du vrai amour. Et ceci est le grand temps de la miséricorde !

Ne vous semble-t-il pas qu’à notre époque il y ait besoin d’un supplément de partage fraternel et d’amour ? Ne vous semble-t-il pas que nous ayons tous besoin d’un supplément de charité ? Pas de celle qui se contente d’une aide improvisée, dépourvue de toute implication, qui n’engage pas, mais d’une charité de partage, qui prend sur elle le malaise et la souffrance de notre frère. Quelle saveur prend la vie quand on se laisse inonder par l’amour de Dieu !

Demandons à la Très Sainte Vierge de nous soutenir par son intercession dans notre engagement de suivre le Christ sur la voie de la foi et de la charité, la voie tracée par notre baptême.

© Libreria Editrice Vaticana