PKO 10.05.2015

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°28/2015
Dimanche 10 mai 2015 – 6ème Dimanche du Temps de Pâques – Année B

Une soirée pour les jeunes à Toata nous a ramené, il y a deux semaines,  20 ans en arrière… au temps de « boom » du quartier Ariana… (cf… http://polynesie.la1ere.fr/2015/04/25/tahiti-electronic-music-festival-pas-d-alcool-dedans-mais-dehors-250909.html)

Tout pareil,  mêmes ingrédients… mêmes résultats… mêmes constats affligeant de l’inconscience des organisateurs et de l’impuissance des autorités publiques !

En effet, souvenons-nous de ce que Mgr Michel, après avoir passé plusieurs heures sur place dans le quartier Ariana, écrivait en 1996, il y a donc 19 ans, dans le Semeur :

Les « Boom » pour les jeunes sont devenues à Papeete une institution qui a grimpé rapidement et qui semblent solidement installées !

Telle par exemple la « Boom » du quartier Ariana.

Une salle louée par une société commerciale = rien à dire.

Du « disco » organisé pour les jeunes, selon leur goût = rien à dire.

Une « Boom » sans vente d'alcool, seulement de la limonade et des jus à l'intérieur de la salle = rien à dire.

Donc devant de telles garanties les parents peuvent en toute tranquillité de conscience y amener leurs enfants ,- les laisser prendre des trucks de ramassage qui les conduisent au point de destination et sans doute les ramènent vers 5 heures du matin au point de départ.

Mais à l'extérieur dès 9-10 heures du soir le spectacle est tout autre = on boit, on fume, une véritable fumerie de paka - une alcoolisation pré-disco en plein air dans les ténèbres où ne pénètrent pas les lumières insuffisantes des réverbères.

D'un côté les organisateurs disent = dans ma salle tout se passe bien. De l'autre ceux qui donnent les autorisations, disent pour ce qui est de la rue cela nous dépasse, nous n'y pouvons rien.

Mais c'est par centaines que ces jeunes de tous âges arrivent. Combien s'arrêteront de boire et de fumer à temps avant que les dégâts ne soient irrémédiables ?

Ces boom sont assez typiques de notre société... il y a des responsables sans responsabilité, il y a des lois sans efficacité, il y a des parents qui ont désarmé et des enfants pas du tout agressifs, qui vous disent : « Ici c'est pas pour lés Saints ! » Dans une telle atmosphère la société accepte tout !

Que faire contre un mal inévitable ? ou perçu comme tel ?

Dans une atmosphère de bringue généralisée, il y a les boom… et après ces boom ce sera le « bang »... le réveil dans l'explosion.

Mais ce n'est pas seulement à cause du danger futur, que nous faisons un appel à toutes les consciences... c'est en raison de notre respect pour les jeunes de maintenant. Tels qu'ils sont aidons-les et ne permettons pas qu'ils soient les victimes inconscientes du laisser-aller de la société. Je suis sûr en tout cas que la majorité de la population si elle pouvait aller sur les lieux se donnerait la main pour trouver autre chose à proposer.

Michel COPPENRATH – Semeur - 14 janvier 1996

Chronique de la roue qui tourne

La joie

« La joie est le soleil des âmes; elle illumine celui qui la possède et réchauffe tous ceux qui en reçoivent les rayons » Carl Reysz

En relisant les précédentes chroniques, je me suis dite qu'il était temps d'aborder un sujet heureux.

Et j'ai envie de commencer avec la joie. Pour vous montrer que je peux être très studieuse, j'ai recherché la définition. Selon le Petit Larousse, cette émotion profonde serait liée à la satisfaction d'un désir.

C'est drôle mais je vois la joie plus comme une légère brise qui donne de la couleur à la vie. Du timide sourire aux lèvres à cette envie de rire aux éclats. Agréable sur le moment mais tout aussi fugace. Elle s'envole à la moindre contrariété.

La seconde partie de la définition nous donne une piste intéressante à suivre : « … serait liée à la satisfaction d'un désir ».

Aie ! Devant la vie difficile d'aujourd'hui où « satisfaire un désir » relève d'une véritable prouesse, on se demande si la joie n'est pas devenue un luxe. Et même si, courageusement nous obtenons ce que nous voulons, existe-t-il une joie durable ? Une joie qui puisse survivre à notre style de vie ? Et comment garder sa joie pour éviter la course folle du « toujours plus ». Trop souvent, on franchit les étapes de notre vie sans vraiment les apprécier, ou si peu, avant de se relancer dans la bataille. Oui aujourd'hui, rien ne nous satisfait bien longtemps. La réussite devient vite de l'acquis qui finit dans l'oubli. Et l'on recommence. Dans notre course, il nous faut prendre un temps pour regarder tout ce que nous avons traversé.

Et, demandons-nous ce qui nous a motivé. Un vrai désir/besoin ou une idée standardisée du bonheur ? On s'est tous dit qu'on ne sera heureux qu'à 18 ans. On a cru que la liberté et une autonomie totale étaient indispensables. On a vite déchanté, faute de travail. Celui-ci trouvé, on était trop occupé pour être  heureux. Alors, on s'est dit que des enfants seraient le salut de notre joie. Et depuis, on s'amuse à compter les jours jusqu'à notre retraite et en priant que les enfants soient assez grands pour en être libéré. Certes, c'est caricaturé mais pas si loin de la réalité.

Nous avons la fâcheuse manie de repousser toujours notre bonheur à demain. Nous le conditionnons par des possessions, un confort, une « vie réussie ». Mais si nous avons un désir à satisfaire,  c'est avant tout celui de vivre, le reste est et doit rester secondaire. Attention, nous ne négligeons pas les besoins extérieurs mais la joie de vivre ne doit pas en dépendre. Pour cela,  rendons à la vie sa vraie valeur, que rien ne peut altérer. Sachons reconnaître l'amour, les autres et le partage comme source de joie. Arrêtons d'attendre une vie parfaite pour être heureux car une « vie réussie » commence avec une joie qui rayonne. Une joie qui frappe à notre cœur tous les matins. Souriez, on est vivant !!!

La chaise masquée

 

Aimez vos femmes comme le Christ aime l’Église

Audience générale du mercredi 6 mai 2015 – Pape François

« Vous, les maris, vous comprenez cela ? Aimer vos femmes comme le Christ aime l’Eglise ! », exhorte le pape François. Le pape a en effet ajouté plusieurs commentaires spontanés au texte préparé de sa 13e catéchèse sur la famille, qui était aussi le deuxième volet de sa catéchèse sur « la beauté du mariage chrétien .

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans notre cheminement de catéchèses sur la famille, nous touchons aujourd’hui directement la beauté du mariage chrétien. Ce n’est pas simplement une cérémonie qui se fait à l’église, avec les fleurs, la tenue, les photos… Le mariage chrétien est un sacrement qui se réalise dans l’Église et qui fait aussi l’Église, en initiant une nouvelle communauté familiale.

C’est ce que l’apôtre Paul résume dans sa célèbre expression : « Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église » (Ep 5,32). Inspiré par l’Esprit-Saint, Paul affirme que l’amour entre les époux est l’image de l’amour entre le Christ et l’Église. Une dignité impensable ! Mais en réalité, elle est inscrite dans le dessein créateur de Dieu, et avec la grâce du Christ, d’innombrables couples chrétiens l’ont réalisée malgré leurs limites et leurs péchés !

En parlant de la vie nouvelle dans le Christ, saint Paul dit que les chrétiens – tous – sont appelés à s’aimer comme le Christ les a aimés, c’est-à-dire « soumis les uns aux autres » (Ep 5,21), ce qui signifie au service les uns des autres. Et il introduit ici l’analogie entre le couple mari-femme et le couple Christ-Église. Il est clair qu’il s’agit d’une analogie imparfaite, mais nous devons en saisir le sens spirituel qui est très élevé et révolutionnaire, et en même temps simple, à la portée de tous les hommes et femmes qui se confient à la grâce de Dieu.

Le mari, dit Paul, doit aimer sa femme « comme son propre corps » (Ep 5,28) ; l’aimer comme le Christ « a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle » (v.25). Mais vous, les maris qui êtes présents ici, comprenez-vous cela ? Aimer votre femme comme le Christ aime l’Église ? Ce ne sont pas des plaisanteries mais c’est sérieux ! L’effet de cette radicalité du dévouement demandé à l’homme, pour l’amour et la dignité de la femme, à l’exemple du Christ, doit avoir été immense, dans cette communauté chrétienne.

Cette semence de la nouveauté évangélique, qui rétablit la réciprocité originelle du dévouement et du respect, a mûri lentement dans l’histoire, mais a finalement prévalu.

Le sacrement du mariage est un grand acte de foi et d’amour : il témoigne du courage de croire à la beauté de l’acte créateur de Dieu et de vivre cet amour qui pousse à aller toujours plus loin, au-delà de soi et aussi au-delà de sa propre famille. La vocation chrétienne à aimer sans réserve et sans mesure est ce qui, avec la grâce du Christ, se trouve à la base du libre consentement qui constitue le mariage.

L’Église elle-même est pleinement impliquée dans l’histoire de chaque mariage chrétien : elle s’édifie dans ses réussites et souffre dans ses échecs. Mais nous devons nous interroger sérieusement : Acceptons-nous jusqu’au bout, nous-mêmes, en tant que croyants et en tant que pasteurs, ce lien indissoluble de l’histoire du Christ et de l’Église avec l’histoire du mariage et de la famille humaine ? Sommes-nous disposés à assumer sérieusement cette responsabilité, c’est-à-dire que tout mariage va sur la voie de l’amour que le Christ a pour l’Église ? C’est grand, cela !

Dans cette profondeur du mystère de la créature, reconnu et rétabli dans sa pureté, s’ouvre un second grand horizon qui caractérise le sacrement du mariage. La décision de « se marier dans le Seigneur » contient aussi une dimension missionnaire, qui signifie avoir dans le cœur la disponibilité à ce que cela se fasse à travers la bénédiction de Dieu et la grâce du Seigneur pour tous. En effet, les époux chrétiens participent en tant qu’époux à la mission de l’Église. Il faut du courage pour cela ! C’est pour cette raison que quand je salue les nouveaux époux, je dis : « Voici les courageux ! », parce qu’il faut du courage pour s’aimer comme le Christ aime l’Église !

La célébration du sacrement ne peut laisser à l’extérieur cette coresponsabilité de la vie familiale à l’égard de la grande mission d’amour de l’Église. Et c’est ainsi que la vie de l’Église s’enrichit chaque fois de la beauté de cette alliance sponsale, de même qu’elle s’appauvrit chaque fois que celle-ci est défigurée. Pour offrir à tous les dons de la foi, de l’amour et de l’espérance, l’Église a besoin de leur cheminement quotidien dans la foi, dans l’amour et dans l’espérance, avec toutes les joies et les fatigues que ce chemin comporte dans un mariage et dans une famille.

La roue est ainsi marquée pour toujours, c’est la roue de l’amour : on aime comme Dieu aime, pour toujours. Le Christ ne cesse pas de prendre soin de l’Église : il l’aime toujours, il la garde toujours, comme lui-même. Le Christ ne cesse pas d’enlever du visage humain les tâches et les rides en tout genre. Cette irradiation de la force et de la tendresse de Dieu, qui se transmet d’un couple à l’autre, d’une famille à l’autre, est émouvante et très belle. Saint Paul a raison : c’est vraiment un « grand mystère » ! Les hommes et les femmes, suffisamment courageux pour porter ce trésor dans les « vases d’argile » de notre humanité, sont – ces hommes et ces femmes si courageux – ils sont une ressource essentielle pour l’Église, et aussi pour le monde entier ! Que Dieu les bénisse mille fois pour cela !

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Les chrétiens doivent être à genoux devant les pauvres

Message du pape François à la Caritas de Rome

« Comme je voudrais que les communautés paroissiales en prière, quand un pauvre entre dans l’église, se mettent à genoux en vénération, de la même manière que quand c’est le Seigneur qui entre ! » : c'est le souhait du pape François dans un message vidéo à la Caritas du diocèse de Rome.

Frères et sœurs bonsoir !

Quelqu’un m’a dit que ce soir, dans l’important théâtre « Brancaccio », vous, les hôtes des centres d’accueil de la Caritas de notre Église de Rome, vous serez les acteurs de la représentation intitulée « Si ce n’était pas pour toi », qui raconte des expériences vraies, difficiles, d’abandon et de marginalisation, que vous avez vécues. Cette initiative théâtrale parle de votre amour pour vos enfants, pour vos parents, pour la vie, pour Dieu.

Je suis content d’être parmi vous de cette façon, pour me réjouir de votre courage, pour vous dire de ne pas perdre la confiance et l’espérance. Dieu nous aime, il nous aime tous !

Je considère cette manière dont vous parlez à la ville comme une occasion importante de dialogue et d’échange. Vous, sur la scène – montrant des capacités cachées, aidés par des professionnels experts qui ont su vous guider comme acteurs pour faire émerger les ressources et le potentiel de chacun de vous – et les autres, à l’écoute et, j’en suis certain, émerveillés des richesses qui sont offertes. Qui imagine qu’un sans-abri soit quelqu’un de qui on puisse apprendre ? Qui imagine qu’il puisse être un saint ?

Et pourtant ce soir, c’est vous qui ferez de la scène un lieu d’où nous transmettre de précieux enseignements sur l’amour, sur le besoin de l’autre, sur la solidarité, sur la façon dont on trouve l’amour du Père dans les difficultés.

La pauvreté est le grand enseignement que nous a donné Jésus quand il est descendu dans les eaux du Jourdain pour être baptisé par Jean-Baptiste. Il ne l’a pas fait parce qu’il avait besoin de pénitence ou de conversion ; il l’a fait pour se mettre parmi les gens, les personnes qui avaient besoin de pardon, parmi nous, pécheurs, et pour se charger du poids de nos péchés. C’est cette voie qu’il a choisie pour nous consoler, nous sauver, nous libérer de notre misère. Ce qui nous donne la vraie liberté, le vrai salut et le vrai bonheur, est son amour de compassion, de tendresse et de partage. Le bon Samaritain qui nous recueille quand nous sommes malmenés par les brigands.

Saint Grégoire de Nysse, un grand théologien de l’Antiquité, écrivait ceci : « Considérez bien qui sont les pauvres dans l’Évangile et vous découvrirez leur dignité : ils ont revêtu le visage du Seigneur. Dans sa miséricorde, il leur a donné son visage ».

Et saint Augustin disait : « Sur la terre, le Christ est indigent dans la personne de ses pauvres. Il faut donc craindre le Christ du ciel et le reconnaître sur la terre : sur terre, il est pauvre ; au ciel, il est riche. Dans son humanité, il est monté au ciel où il est riche, mais il reste encore ici parmi nous dans le pauvre qui souffre ».

Moi aussi, je désire faire miennes ces paroles. Vous n’êtes pas un poids pour nous. Vous êtes la richesse sans laquelle nos tentatives pour découvrir le visage du Seigneur sont vaines.

Quelques jours après mon élection, j’ai reçu de vous une lettre de vœux, pour m’assurer de vos prières. Je me souviens de vous avoir immédiatement répondu en vous disant que je vous porte dans mon cœur et que je suis à votre disposition. Je confirme ces paroles. À cette occasion, je vous avais demandé de prier pour moi. Je renouvelle ma demande. J’en ai vraiment besoin.

Je remercie aussi tout le personnel de notre Caritas. Je les considère comme mes mains, les mains de l’évêque, lorsqu’elles touchent le corps du Christ. Je remercie aussi tous les volontaires, venant des paroisses de Rome et d’autres coins d’Italie. Ils découvrent ainsi un monde qui requiert l’attention et la solidarité : des hommes et des femmes qui cherchent de l’affection, une relation, une dignité et avec lesquels ils peuvent tous faire l’expérience de la charité en apprenant à accueillir, à écouter et à se donner.

Comme je voudrais que cette ville, peuplée à toutes les époques de personnes imprégnées de l’amour de Dieu – pensons à saint Laurent (ses bijoux étaient les pauvres), saint Pammachio (sénateur romain, converti, qui s’est entièrement dévoué au service des derniers), sainte Fabiola (la première qui ait construit une auberge pour les pauvres à Porto), saint Philippe Neri, le bienheureux Angelo Paoli, saint Joseph Labre (homme de la rue), jusqu’à Don Luigi di Liegro (le fondateur de notre Caritas de Rome) – je disais… comme je voudrais que Rome puisse briller de « pietas » (pitié) pour ceux qui souffrent, d’accueil pour ceux qui fuient la guerre et la mort, de disponibilité, de sourire et de magnanimité pour ceux qui ont perdu l’espérance. Comme je voudrais que l’Église de Rome se montre toujours plus une mère attentive et prévenante envers les faibles. Nous avons tous des faiblesses, nous en avons tous, chacun les siennes. Comme je voudrais que les communautés paroissiales en prière, quand un pauvre entre dans l’église, se mettent à genoux en vénération, de la même manière que quand c’est le Seigneur qui entre ! Comme je voudrais cela, que l’on touche la chair du Christ présent dans les personnes démunies de cette ville !

Par votre travail, le théâtre de ce soir, j’en suis certain, vous contribuerez à faire grandir ces sentiments. Merci !

Et dans l’attente de pouvoir vous rencontrer personnellement, comme cela s’est produit récemment dans la Chapelle Sixtine, je vous envoie ma bénédiction paternelle.

Que le Seigneur nous aide à le reconnaître dans le visage du pauvre ! Que la Vierge Marie nous accompagne sur ce chemin ! Et à tous, je vous demande, s’il vous plaît : n’oubliez pas de prier pour moi ! Merci.

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Jubilé de la Miséricorde… Miséricordieux comme le Père

Le logo

Les préparatifs du Jubilé de la miséricorde avancent. Le logo et la devise de l’Année jubilaire ont été présentés en conférence de presse au Vatican.

Logo misericordeLe logo et la devise, les deux ensembles, offrent une heureuse synthèse de l’Année jubilaire. Dans la devise Misericordiosi come il Padre (tirée de l’Evangile de Luc, 6,36) on propose de vivre la miséricorde à l’exemple du Père qui demande de ne pas juger ni condamner, mais de pardonner et donner l’amour et le pardon sans mesure (cf. Lc, 6,37-38). Le logo - œuvre du Jésuite, le Père Marko I. Rupnik – se présente comme une petite somme théologique du thème de la miséricorde. Elle montre, en effet, le Fils qui charge sur ses épaules l’homme égaré rattrapant, ainsi, une image bien chère à l’Eglise ancienne, car elle exprime l’amour du Christ qui s’acquitte du mystère de son incarnation, par la rédemption. Ce dessein est réalisé de façon à faire émerger que le Bon Pasteur touche en profondeur la chair de l’homme et qu’il le fait avec un tel amour qu’il lui change la vie. Il y a, en outre, un détail qui ne peut pas nous échapper : le Bon Pasteur charge sur lui, avec une miséricorde infinie, l’humanité entière mais ses yeux se confondent avec ceux de l’homme. Christ voit par les yeux d’Adam, et celui-ci par les yeux du Christ. Chaque homme découvre ainsi dans le Christ, nouvel Adam, son humanité et le futur qui l’attend, en contemplant dans Son regard l’amour du Père.

Cette scène se situe à l’intérieur de l’amande, elle aussi un symbole cher à l’iconographie ancienne et du Moyen-Age, appelant la coprésence de deux nature, la divine et l’humaine, dans le Christ. Les trois ovales concentriques, en couleur progressivement plus claire, vers l’extérieur, évoquent le mouvement du Christ apportant l’homme en dehors de la nuit du pêché et de la mort. D’ailleurs, la profondeur de la couleur plus foncée évoque aussi l’impénétrabilité de l’amour du Père qui pardonne tout.

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Le couvent de Rouru – Mangareva – 1836-1903 [1]

Fragments d’histoire

Dans le cadre de l’année de la Vie consacrée, nous reprenons ici la découverte de l’histoire de la vie religieuse en Polynésie. Cette fois-ci nous nous arrêterons sur les prémices de la vie religieuse féminine avec l’histoire méconnu du « Couvent du Sacré-Cœur » à Mangareva. Cet essai de l’histoire du couvent a été écrit par Jean-Paul DELBOS et publié dans la 3ème édition du livre : « La Mission du bout du monde » en 2011.

I. AVANT-PROPOS

Pourquoi faire l'histoire de Rouru ?

Rouru est un lieu-dit de l'île de Mangareva, archipel des Gambier, Polynésie française.

Étymologie de « Rouru » par Alexander Mawyer, chercheur de l'université de Chicago, département Océanie : « Le dictionnaire Tregear édité en 1899 et composé à partir des notes des Pères Laval, Caret et autres donne pour Rouru la définition suivante : “Chevelure entièrement garnie de tous ses ornements”

En fait, le site de Rouru est connu pour avoir été, avant l'arrivée des Européens, le lieu non sacré (ou sacré seulement en partie) le plus “aristocratique” de toute l'île. Seuls deux autres endroits habités, sur la crête du Mt Duff étaient plus sacrés. Au fond, c'était le “quartier des riches” de la société mangarévienne traditionnelle. Dans l'ancienne civilisation, il était dangereux, littéralement, pour les Mangaréviens de s'aventurer dans cet endroit s'ils ne faisaient pas partie de la caste des chefs, des prêtres, des membres de la haute société ou de la catégorie de ceux qui y étaient admis après des cérémonies rituelles. Aujourd'hui, on se raconte encore les légendes et les vieilles croyances selon lesquelles l'espace entre le cimetière et l'extrémité du terrain de Rouru est “hanté” et je pense que la perpétuation des histoires de marcheurs de nuit et d'esprits est un héritage des temps anciens quand, pour les gens ordinaires, marcher la nuit en ces lieux signifiait la mort ou du moins une sévère bastonnade de la part des gardes assurant la sécurité des chefs.

Bref, c'était à One Kura (le cimetière) ainsi qu'à Rouru et sur les terrains avoisinants qu'habitait l'élite mangarévienne, ce qui, selon moi, pourrait expliquer la définition du Tregear “chevelure entièrement garnie de tous ses ornements”.

Il faut en effet se souvenir que seuls les membres de “l'aristocratie” avaient effectivement le droit ou l'autorisation d'orner entièrement leur chevelure. La caste des chefs notamment et certains prêtres étaient les seuls autorisés à porter les turbans de tapa caractéristiques que l'on distingue très bien sur les dessins datant de l'expédition Dumont d'Urville et que mentionnent aussi des rapports d'ethnographes. D'une façon générale, on peut dire aussi que seuls ceux qui avaient rang de chefs ou qui bénéficiaient d'un statut social élevé avaient une chance d'obtenir le droit d'orner leur chevelure de très beaux peignes taillés dans une carapace de tortue mais aussi d'agrafes et d'épingles, faites de matériaux de grande valeur, que les anciens Mangaréviens utilisaient comme ornements pour eux-mêmes.

Ainsi donc la définition imagée qui correspond le mieux à Rouru est probablement : “l'endroit des têtes ornées”, autrement dit un endroit de toute première importance ». (Traduction : Jean-Paul Delbos)

Il faut ajouter que juste avant d'arriver à Rouru par l'ancien sentier, on passe devant la « baignoire de la Reine », ou Amogamata. Selon la tradition orale rapportée par un ancien instituteur, Jean Mamatui, cette pierre creuse recueillait l'eau de pluie dans laquelle l'âme des défunts venait se laver avant de poursuivre sa route vers Metiekura à Taravai, lieu sacré. Cette pierre est située au lieudit Mapura que les anciens Mangaréviens considéraient comme tabou car c'était le domaine des revenants.

En pratique, Rouru désigne aujourd'hui l'ancien « couvent » en ruine, situé au pied du Mt Duff, la montagne de Mangareva qui culmine à 441 m. Les chroniques anciennes signalent aussi que Rouru était le nom d'un chef subalterne de Mangareva du temps des combats fratricides entre ceux de Rikitea et ceux de Taku (vers 1 000 après J.C.).

Il faut faire l'histoire de Rouru parce que « parmi les constructions à vocation religieuse, il n'en est pas de plus remarquable que le couvent de Rouru ». (François Vallaux, « Mangareva et les îles Gambier »).

Mais surtout il faut faire l'histoire de Rouru parce que ce « couvent » fut l'expression d'une telle inspiration et d'un tel élan, qu'il mérite d'être sauvé de l'oubli définitif.

Quand la mémoire n'a plus de repères, toutes les déformations de la vérité sont permises. Pour y remédier l'histoire doit prendre le relais.

Comment raconter l'histoire du couvent de Rouru ?

La méthode est dictée par l'objectif visé et elle dépend des sources disponibles. Notre objectif est ici de présenter un exemple extrême de ce qu'ont pu réaliser des missionnaires dépaysés à tous égards, avec pour seul repère, pour seule motivation et pour seule préparation, leur foi inébranlable dans leur idéal religieux (missionnaires de la congrégation des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie - ss.cc. -). Quant aux sources disponibles, elles se limitent aux témoignages des missionnaires eux-mêmes et aux rapports des quelques rares voyageurs, de passage dans ces contrées lointaines, qui ont rendu visite à la communauté de Rouru entre 1836 et 1903. Il se dégage de ces écrits, malgré certains défauts de concordance, une trame historique, une chronique qui devrait permettre de se représenter le cadre et les conditions de vie des « sœurs » de Rouru à la mémoire desquelles il importe de rendre hommage.

Mais d'abord, Rouru était-il un couvent ?

Il ne l'était pas au sens strict du terme puisque la Congrégation des SS.CC. ne l'avait jamais estampillé comme tel. Mais il l'était dans l'usage : les lettres et les commentaires le désignaient toujours comme « le couvent ». Il l'était aussi dans l'emploi du temps et les exercices élaborés pour Rouru. « Tout s'y fait comme à Picpus » (rue de Paris où se trouvait à l'époque la maison-mère de la congrégation) est une phrase qui revient souvent dans les documents.

À vrai dire, il n'était pas dans la mission des Pères des Sacrés Cœurs de fonder des couvents de jeunes filles, l'action de la congrégation étant davantage centrée sur l'éducation et sur l'aide aux populations dans le besoin. En outre, l'espace de recrutement était très réduit aux Gambier avec au maximum 2 500 habitants, avant les ravages des épidémies, alors que les congrégations fondées à l'époque dans les régions françaises s'appuyaient sur un champ possible de recrutement d'au moins 200 000 habitants. Mais la foi n'entend pas ce genre d'argument...

II. LES ORIGINES

S'il n'y a pas eu, à proprement parler, de « fondation » du « couvent » de jeunes filles de Rouru, il y a eu un « fondateur », le Père Cyprien Liausu, ss.cc., un des moins connus des pionniers de l'évangélisation des Gambier. C'est le P. Laval lui-même très connu parce qu'il a beaucoup écrit qui, dans ses lettres, lui donne ce titre de « fondateur » avec parfois avec un brin d'ironie.

Le Père Cyprien Liausu, ss.cc. avait 33 ans quand il est arrivé aux Gambier en 1835. Il était né dans le département du Lot, près de Cahors, dans un village où son propre frère avait fondé, en 1820, 16 ans avant Rouru, une congrégation de religieuses qui est toujours active en 2010. Un exemple dont s'est certainement inspiré Cyprien.

Cyprien Liausu, qui avait fait quelques études de médecine, s'est surtout fait remarquer tout de suite par ses qualités de défricheur. C'est lui qui le premier a cultivé la canne à sucre et les giraumonts (dès 1836). C'est lui qui a planté les premiers cocotiers sur le récif de Tekau.

Très vite, il est devenu l'ami du roi Maputeoa dont il obtient la compréhension et la bienveillance. Il est vrai que Cyprien Liausu, à la différence de ses confrères qui ont habité dans différentes îles, n'a jamais quitté son presbytère de Rikitea pendant tout son séjour à Mangareva (1835-1855). Nommé supérieur après le départ du P. Caret, ss.cc. pour les Marquises, en 1839, il est le cosignataire et peut-être le coauteur de l'acte de demande de protectorat adressé à la France par Maputeoa, le roi de Mangareva, en 1844 (l'annexion définitive n'aura lieu qu'en 1881 par le Gouverneur Chessé ; elle sera officialisée par la promulgation du Code mangarévien à Rikitea, le 23 février 1881).

Le P. Cyprien a beaucoup contribué à l'amélioration de la santé des populations, au développement des tisseranderies, mais son « œuvre » majeure reste Rouru.

Comment l'emplacement du couvent a-t-il été choisi ?

Pour un « couvent » de jeunes filles, l'éloignement du village a certainement été un critère. De plus à cet endroit, le terrain forme un plateau assez vaste, estimé à plus de 2 ha, propice à la culture. La situation présentait donc des avantages, en particulier un climat plus frais, ici, au pied du Mt Duff, qu'au village au bord de la mer. Dans une lettre de 1851, Henry Mayne, professeur, laïc, envoyé par la congrégation SS.CC. pour enseigner à l'école des garçons décrit les lieux en ces termes : « C'est sur un plateau rocheux, légèrement incliné, dominé par le versant oriental, presque vertical du Mt Duff qu'est construit le couvent, caché par les plantations d'arbres à pain, d'orangers et de cocotiers. En descendant du couvent vers le village de Rikitea, on rencontre, sur le même plateau, le cimetière et, du cimetière, on suit un grand et beau chemin bien pavé de 1 500 m environ. C'est encore une des merveilles de l'île ».

Est-il hasardeux d'imaginer que le plateau de Rouru a été choisi aussi parce qu'il était « le quartier des riches », sanctuarisé par les anciens Mangaréviens ? Rien ne permet de l'affirmer si ce n'est une certaine logique de l'action évangélisatrice : de même que la cathédrale St Michel a été bâtie sur l'emplacement même du grand temple, de même le couvent des Sacrés Cœurs aurait été installé dans un lieu réservé à l'élite, à la caste des chefs et des prêtres.

Malgré la beauté du lieu, on s'est rendu compte progressivement des inconvénients sérieux du site. Son aménagement ayant coûté beaucoup d'efforts, il n'était pas question de l'abandonner. On a alors construit ce que l'on a appelé le « couvent du dimanche » près de l'église, au bord de la mer. On en trouvera les raisons dans les pages qui suivent.

Le décor est planté. C'est là que le couvent de Rouru est né et a prospéré pendant quelque temps.

[à suivre]

© La Mission du bout du monde - 2011

La laïcité, nom(s) de Dieu (x) !

Depuis la loi de 1905 qui a instauré la séparation des Eglises et de l’Etat, la France est un pays laïque. L’Etat reste neutre, garantit la liberté de croyance comme d’athéisme, et protège la liberté de culte de chacun.

Plus récemment, il est question, dans les propos des partisans de la laïcité, de cantonner la religion, ses pratiques, ses signes extérieurs, à une « sphère privée », dont on se demande quelles peuvent bien être les frontières : domicile, page Facebook, for intérieur, cercle de famille ?

Nul n’a le droit de bloquer la circulation dans une rue par sa prière. Une seule religion doit y régner : celle de la bagnole. Nul n’a le droit, dans les administrations ni à l’école de la République, de s’affubler d’un voile, d’une jupe longue ou d’une grande barbe rituelles, d’une croix voyante autour du cou ou d’une kippa sur la tête. En revanche, des publicités de 4 mètres par 3 peuvent défigurer les abords des villes en toute impunité et les élèves de l’école publique arborer des t-shirts et des baskets siglés, griffés, qui les transforment en hommes-sandwiches. Le culte farouche de la consommation est compatible avec la République. Soit.

On l’a compris : ce sont les religions traditionnelles qui sont visées. Les religions spirituelles. Les religions religieuses. Celles dont les adeptes adorent un dieu ancien. Pourtant, à trop prétendre les mettre au ban de la société, on risque le constat d’impuissance. Car, de références à l’une ou l’autre divinité, le langage le plus courant en est truffé.

Parfaite cohérence laïcarde ?

Il en est pour mettre la laïcité au pinacle, pour chanter ses louanges avec un enthousiasme jovial ? Quelle erreur ! Le latin pinaculum désignait le faîte du Temple de Jérusalem, et l’adjectif jovial est issu de Jovis, le génitif de Jupiter, réputé pour sa bonhomie… Quant à l’enthousiasme, ce beau mot exaltant venu du grec, il signifie qu’on est animé de l’intérieur par un souffle divin.

Non, soyons clairs, pour être d’une parfaite cohérence laïcarde, il faudrait modifier notre calendrier – comme l’avait fait, du reste, la Convention nationale en instituant le calendrier républicain en 1793. Changer d’ère, car nous sommes au XXIe siècle… après Jésus-Christ. Débaptiser les jours de la semaine car si lundi n’est que le jour de la lune, mardi est celui du dieu Mars, mercredi celui du dieu Mercure, jeudi celui de Jupiter, dieu des dieux du panthéon romain, vendredi le jour de Vénus, la déesse de l’amour et samedi celui du dieu Saturne. Quant à dimanche, en latin dies dominica, c’est ni plus ni moins que le jour du Seigneur. Ceci accompli, nous devrions encore cesser de lire les partitions, d’écouter ou de jouer de la musique, et ce, chaque jour que Dieu fait, car notre façon de désigner les notes de la gamme, ut ou do, ré, mi, fa, sol, la, si provient en droite ligne d’un chant du VIIIe siècle, un hymne à saint Jean-Baptiste du bénédictin lombard Paul Diacre :

UT quant laxis REsonare fibris MIra gestorum FAmuli tuorum SOLve polluti LAbii reatum Sancte Iohannes

(Pour que tes serviteurs fassent résonner
les prodiges de tes hauts faits
par leurs cordes vocales bien souples, efface le péché de leurs lèvres souillées,
saint Jean.)

Le musicien italien Guido d’Arezzo, en constatant que l’hymne s’élevait à chaque vers, avait décidé d’en faire ressortir les premières syllabes et celles qui suivaient l’hémistiche pour attribuer leur nom aux sons de plus en plus haut (à noter que UT sera remplacée par DO au XVIe siècle car c’est la première syllabe de Domine, Seigneur).

Il faudrait enfin chasser de notre vocabulaire la monnaie. Son nom vient en effet par extension du surnom de la déesse Junon, Moneta (celle qui avertit, la conseillère), car la monnaie était frappée dans son temple ; abolir le bureau, ainsi baptisé à cause de la bure des moines qui recouvrait jadis les tables de travail des copistes ; ne plus utiliser d’ammoniac, puisqu’il tient son nom du lieu de sa première découverte : un temple consacré au dieu Ammon, en Libye ; abandonner les éoliennes, du nom du dieu grec des vents, Eole ; interdire strictement les kyrielles de kermesses qui animent nos week-ends sur tout le territoire national, car ces deux mots viennent de la formule liturgique en grec Kyrie Eleison, gloire à Dieu ; ne plus mentionner sur les chaînes publiques d’information l’existence des kamikazes – en japonais : le vent des dieux. Et cesser d’ajouter du thym dans nos gigots, nos ratatouilles et nos bouquets garnis, car cette plante aromatique tient son nom de la racine grecque thy- qui évoque les parfums et les fumées des offrandes sacrées.

Oui, Français, encore un effort si vous voulez être laïques.

À moins qu’au contraire, nous ne le soyons tous de toute façon…

Laïc : du latin laïcus, lui-même issu du grec laos, peuple, d’où l’adjectif laikos, du peuple – opposé à klêrikos, clerc.

Laïc s’est dit longtemps de quelqu’un qui n’était ni ecclésiastique (de l’église) ni religieux. L’adjectif servait à désigner le commun des mortels, par opposition aux professionnels ou aux dignitaires, en somme. Il s’emploie aujourd’hui par opposition à ecclésiastique ou théocratique, et cause souvent des abus de langage. Les tenants de la laïcité absolue en arrivent à fonder une nouvelle religion, avec leur obsession de supprimer toute référence à une foi quelconque et tout enseignement de la vaste culture religieuse. Exemple récent : les vacances de Noël, de Pâques et de la Toussaint rebaptisées – ou plutôt renommées – tant bien que mal « vacances d’hiver, de printemps et d’automne ». Hélas, il reste plus de fêtes chrétiennes que de saisons… D’ailleurs, qui proteste contre la liberté octroyée aux mécréants autant qu’aux croyants par les congés du lundi de Pentecôte, du jeudi de l’Ascension et du 15 août qui célèbre l’Assomption de la Vierge Marie ?

Tu ne prononceras pas en vain le nom de Dieu, dit la Bible. Ni celui de la laïcité, ajoute le sage.

Sur ce, je vous laisse à vos réflexions. Salut ! Adieu ! et Goodbye ! (en vieil anglais : God be with you...)

© La vie - 2015

Paris-Ryad, des relations équivoques

Une République qui se dit laïque qui épouse des clivages religieux ?

Les dirigeants des six monarchies arabes sunnites du Golfe se réunissent mardi 5 mai en sommet à Riyad, en présence du président français. François Hollande est lundi au Qatar pour la signature du contrat de vente de 24 Rafale.

C’est la première fois qu’un chef d’État occidental assiste à un sommet de l’alliance des pays arabes sunnites du Golfe. François Hollande manifeste ainsi de manière éclatante, après la vente de Rafale au Qatar, le soutien de la France aux puissances sunnites, face à un Iran chiite qui veut reprendre sa place dans le concert des nations. Certes, que l’industrie de l’armement soit à l’arrière-plan de la diplomatie est une donnée constante de la région. Et de par son passé colonial au Maghreb, la France est traditionnellement proche du sunnisme. Depuis les années 1970, elle a noué des relations commerciales avec les Émirats arabes unis, puis le Qatar, et enfin dernièrement, profitant du retrait des États-Unis, avec l’Arabie saoudite.

Pourtant, l’affichage aussi spectaculaire de François Hollande aux côtés des monarchies du Golfe n’est pas sans poser question. Il est délicat, pour une République qui se dit laïque, de sembler épouser ainsi les clivages religieux déjà à vif dans cette région. D’autant plus que la France se veut défenseur des minorités au Moyen-Orient, et notamment des chrétiens, dont l’existence même sur ces terres est remise en cause par le wahhabisme du régime saoudien, quand celui-ci ne finance pas le terrorisme islamiste de la région.

On ne peut perdre de vue que la dynastie wahhabite, avec le Qatar, est le principal acteur de l’expansion dans le monde d’un salafisme dur, avec une vision de la femme qui tourne le dos aux droits universels les plus fondamentaux. Et qu’elle a créé les conditions objectives ayant conduit aux dérives actuelles de l’islamisme le plus violent. Aujourd’hui, l’Arabie saoudite fait amende honorable : s’il est un point commun aux puissances du Golfe et à l’Iran, c’est bien la lutte contre Daech. Reste qu’en Arabie saoudite, le grand écart avec une société dont le rigorisme religieux s’affirme chaque jour un peu plus ne pourra tenir éternellement. La France, dans sa vision complexe de la donne géopolitique de la région, ne pourra pas non plus l’ignorer trop longtemps.

Isabelle de Gaulmyn

© La Croix - 2015

Méditation sur la Parole

 

La page d’évangile d’aujourd’hui est un hymne composé en l’honneur de l’amour de Dieu et de l’amour des autres. Jésus livre le cœur de son message et nous confie son testament. Le mot amour (aimer, ami) est répété onze fois dans ce court passage. Jésus se présente comme étant le modèle de l’amour, dans ses paroles et dans ses gestes les plus simples.

« Vous êtes mes amis » : ceci est le cœur même de notre relation avec Dieu. Parce que nous sommes ses amis, il nous met au courant des pensées et des plans de Dieu pour notre monde. Dieu nous invite à construire un monde de paix, de compréhension, de pardon, de partage, d’amitié et d’amour. Et ceci commence au cœur de nos familles où les enfants apprennent la tendresse, l’accueil, le pardon, la tolérance, le respect des autres, l’amour de Dieu.

Notre vie chrétienne peut se développer dans la mesure où nous permettons à cette amitié avec Dieu de grandir et de s’épanouir.

Nombre de chrétiens font l’erreur de ne plus avoir de temps pour Dieu dans leur vie. Ils cessent de prier, de rencontrer le Seigneur le dimanche, d’enseigner à leurs enfants les valeurs chrétiennes. Lorsque l’aspect religieux a peu d’importance dans la vie de tous les jours, petit à petit, la foi se flétri, se dessèche et meurt et immanquablement les gens deviennent « des chrétiens non-pratiquants », c’est-à-dire des chrétiens qui non seulement ne fréquentent plus la communauté chrétienne, mais qui cesse de porter les fruits de ceux et celles qui sont unis au Christ, comme les sarments à la vigne.

L’Église, selon saint Jean, est le rassemblement des amis de Dieu. Nous sommes très différents les uns des autres : nous appuyons des partis politiques divergents, appartenons à des races distinctes, avons des revenus différents, des champs d’intérêt qui ne sont pas les mêmes... Malgré ces divergences, nous formons l’Église de Dieu. Ce qui nous rassemble, c’est l’amitié que Dieu a pour nous et l’amitié que nous avons les uns envers les autres.

L’amitié s’appuie sur le respect, l’ouverture et le service. L’une des plus belles images que nous ayons de Jésus est celle du lavement des pieds. À genoux devant ses apôtres, il est à leur service. « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien car je le suis. » Et il ajoute : « Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres » (Jn 13, 13).

Le Christ est venu parmi nous pour nous révéler le vrai visage de Dieu. Cette découverte change notre conception du monde. Jusque-là, on croyait que Dieu avait des comptes à régler avec l’humanité pécheresse, que le Messie venait pour punir les pécheurs que nous sommes. En Jésus-Christ, nous découvrons un Dieu qui est Amour, qui n’a pas de comptes à régler mais qui vient à notre recherche afin de nous offrir son amitié. Il nous déclare son amour et nous invite à nous aimer les uns les autres.

Notre Dieu est celui qui ouvre les bras à l’enfant prodigue, recherche la brebis perdue, accueille Marie-Madeleine, s’invite chez Zachée, protège la femme adultère, fait table commune avec les publicains et les pécheurs, guérit l’aveugle de Jéricho, promet le paradis au bon larron, entre en contact avec les lépreux, guérit las fille de la Siro-phénicienne, ressuscite le serviteur du centurion romain, ouvre le dialogue avec la Samaritaine, etc. Ceux et celles qui veulent nous faire peur avec une fausse image de Dieu n’ont pas lu les évangiles et les lettres de saint Paul !

Notre Dieu qui est bon, tendre et miséricordieux veut être notre ami. « Je vous appelle mes amis car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître ».

© Cursillo.ca