PKO 08.03.2015

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°16/2015
Dimanche 8 mars 2015 – 3ème Dimanche du Temps de Carême – Année B

Humeurs

Clôture du Concile Vatican II – Message du bienheureux Pape Paul VI aux femmes

Et maintenant, c’est à vous que nous nous adressons, femmes de toutes conditions, filles, épouses, mères et veuves ; à vous aussi, vierges consacrées et femmes solitaires : vous êtes la moitié de l’immense famille humaine !

L’Église est fière, vous le savez, d’avoir magnifié et libéré la femme, d’avoir fait resplendir au cours des siècles, dans la diversité des caractères, son égalité foncière avec l’homme.

Mais l’heure vient, l’heure est venue, où la vocation de la femme s’accomplit en plénitude, l’heure où la femme acquiert dans la cité une influence, un rayonnement, un pouvoir jamais atteints jusqu’ici.

C’est pourquoi, en ce moment où l’humanité connaît une si profonde mutation, les femmes imprégnées de l’esprit de l’Évangile peuvent tant pour aider l’humanité à ne pas déchoir.

Vous femmes, vous avez toujours en partage la garde du foyer, l’amour des sources, le sens des berceaux. Vous êtes présentes au mystère de la vie qui commence. Vous consolez dans le départ de la mort. Notre technique risque de devenir inhumaine. Réconciliez les hommes avec la vie. Et surtout veillez, nous vous en supplions, sur l’avenir de notre espèce. Retenez la main de l’homme qui, dans un moment de folie, tenterait de détruire la civilisation humaine.

Épouses, mères de famille, premières éducatrices du genre humain dans le secret des foyers, transmettez à vos fils et à vos filles les traditions de vos pères, en même temps que vous les préparerez à l’insondable avenir. Souvenez-vous toujours qu’une mère appartient, par ses enfants à cet avenir qu’elle ne verra peut-être pas.

Et vous aussi, femmes solitaires, sachez bien que vous pouvez accomplir toute votre vocation de dévouement. La société vous appelle de toutes parts. Et les familles même ne peuvent vivre sans le secours de ceux qui n’ont pas de famille.

Vous surtout, vierges consacrées, dans un monde où l’égoïsme et la recherche du plaisir voudraient faire la loi, soyez les gardiennes de la pureté, du désintéressement, de la piété. Jésus, qui a donné à l’amour conjugal toute sa plénitude, a exalté aussi le renoncement à cet amour humain, quand il est fait pour l’Amour infini et pour le service de tous.

Femmes dans l’épreuve, enfin, qui vous tenez toutes droites sous la croix à l’image de Marie, vous qui, si souvent dans l’histoire, avez donné aux hommes la force de lutter jusqu’au bout, de témoigner jusqu’au martyre, aidez-les encore une fois à garder l’audace des grandes entreprises, en même temps que la patience et le sens des humbles commencements.

Femmes, ô vous qui savez rendre la vérité douce, tendre, accessible, attachez-vous à faire pénétrer l’esprit de ce Concile dans les institutions, les écoles, les foyers, dans la vie de chaque jour.

Femmes de tout l’univers, chrétiennes ou incroyantes, vous à qui la vie est confiée en ce moment si grave de l’histoire, à vous de sauver la paix du monde !

Mercredi 8 décembre 1965

Regard sur l’actualité

Juste pour te dire merci

Depuis tant d’années, toi , petite main courageuse, tu as œuvré, sans jamais rien demandé, tu as confectionné des bouquets pour embellir ton église, tu as balayé, passé la serpillère, retiré des chewing-gums sur les bancs, plier, distribuer des PK0, tu as pris la permanence du secrétariat, tu as chanté et pour cela , tu est venue fidèle aux répétitions, et… tant de choses encore ! Tu as quelquefois rouspété, tu étais souvent découragée mais tu n’as pas abandonné, tu n’as pas compté ton temps par amour pour ton Seigneur et ton Église !

Monseigneur Michel qui a voulu rendre hommage à toutes ces femmes qui, dans l’ombre, œuvrent pour leur Église avec tant de persévérance et tant de dévouement, a créé il y a 24 ans l’Union des Femmes Catholiques ! Le samedi 28 février, le rassemblement annuel a réunit 13 paroisses catholiques, des membres de l’Église protestante maohi avec 60 femmes environ et des membres de la Communauté du Christ de la commune de Faa’a !

Nous étions présentes et nous étions sûrement le plus petit groupe mais depuis 3 ans, nous participons à cette journée pour montrer que nous existons, nous, femmes de la Cathédrale : Emma, Hina, Apo, Mareta,Vairea, Josie, Teehu, Teanau, Augusta, Tahiakaioo, Hinano et Mihinoa se sont attelées à la dure tâche du matutu. Pauline, Marianne, Marie, Maire, soutenues par Ludo, Adrien, Bruno, Bertie et papa Porino en tant que musiciens et chanteurs !

À toi Femme chrétienne de la Cathédrale et à toutes les femmes qui travaillent dans leur Église et pour leur Église très bonne fête !

Ia oaoa  oe, e vahine, i teie mahana i faataahia no oe

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Portraits de quelques femmes de la Cathédrale

Pauline, notre organiste, animatrice et professeur de solfège… Une aide précieuse pour Ludo notre chef de chœur.

Marianne et Teehu : choristes, tavini, décoratrices, ménagères… femmes aux multifonctions                          

Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir

Une civilisation sans place pour les personnes âgées porte le virus de la mort

Audience générale du mercredi 4 mars 2015 – Pape François

« L’attention aux personnes âgées fait la différence d’une civilisation... Cette civilisation avancera si elle sait respecter la sagesse des anciens. Une civilisation où l’on ne donne pas de place aux personnes âgées (...) porte en elle le virus de la mort », a prévenu le pape François à l'audience générale.

Chers frères et sœurs, bonjour.

La catéchèse d’aujourd’hui et celle de mercredi prochain sont consacrées aux personnes âgées, qui, dans le cadre de la famille, sont les grands-parents, les oncles et les tantes. Nous réfléchirons aujourd’hui sur la condition actuelle problématique des personnes âgées, et la prochaine fois, c’est-à-dire mercredi prochain, de manière plus positive, sur la vocation contenue dans cet âge de la vie.

Grâce aux progrès de la médecine, la vie s’est allongée, mais la société ne s’est pas « élargie » à la vie ! Le nombre des personnes âgées s’est multiplié, mais nos sociétés ne se sont pas assez organisées pour leur faire place, avec le juste respect et la considération concrète pour leur fragilité et leur dignité. Tant que nous sommes jeunes, nous sommes incités à ignorer la vieillesse, comme s’il s’agissait d’une maladie à tenir à distance ; ensuite, quand nous vieillissons, en particulier si nous sommes pauvres, si nous sommes malades, seuls, nous faisons l’expérience des carences d’une société programmée sur l’efficacité, qui en conséquence ignore les personnes âgées. Et les personnes âgées sont une richesse, on ne peut pas les ignorer.

Benoît XVI, en visitant une maison pour les personnes âgées, employa des mots clairs et prophétiques, s’exprimant ainsi : « La qualité d’une société, je dirais d’une civilisation, se juge aussi à la façon dont les personnes âgées sont traitées et à la place qui leur est réservée dans la vie commune » (12 novembre 2012). C’est vrai, l’attention à l’égard des personnes âgées fait la différence d’une civilisation. Porte-t-on de l’attention aux personnes âgées dans une civilisation ? Y a-t-il de la place pour la personne âgée ? Cette civilisation ira de l’avant si elle sait respecter la sagesse, la sapience des personnes âgées. Une civilisation où il n’y a pas de place pour les personnes âgées, ou qui les met au rebut parce qu’elles créent des problèmes, est une société qui porte en elle le virus de la mort.

En Occident, les chercheurs présentent le siècle actuel comme le siècle du vieillissement, le nombre d’enfants diminue et celui des personnes âgées augmente. Ce déséquilibre nous interpelle, il est même un grand défi pour la société contemporaine. Pourtant, une certaine culture du profit insiste pour faire apparaître les personnes âgées comme un poids, un « lest ». Non seulement elles ne produisent pas, pense cette culture, mais elles sont une charge. En somme, quel est le résultat d’une telle façon de penser ? Il faut les mettre au rebut. Il est mauvais de voir des personnes âgées mises au rebut, c’est quelque chose de mauvais, c’est un péché ! On n’ose pas le dire ouvertement, mais on le fait ! Il y a quelque chose de lâche dans cette accoutumance à la culture du rebut. Mais nous sommes habitués à mettre les gens au rebut. Nous voulons faire disparaître notre peur accrue de la faiblesse et de la vulnérabilité, mais en agissant ainsi, nous augmentons chez les personnes âgées l’angoisse d’être mal supportées et d’être abandonnées.

Pendant mon ministère à Buenos Aires, j’ai déjà touché du doigt cette réalité avec ses problèmes : « Les personnes âgées sont abandonnées, et pas seulement dans la précarité matérielle. Elles sont abandonnées dans l’incapacité égoïste d’accepter leurs limites qui reflètent nos limites, dans les nombreuses difficultés qu’elles doivent aujourd’hui surmonter pour survivre dans une civilisation qui ne leur permet pas de participer, de donner leur avis, ni d’être des référents selon le modèle consumériste du “seuls les jeunes peuvent être utiles et peuvent profiter”. Ces personnes âgées devraient en revanche être, pour toute la société, la réserve de sagesse de notre peuple. Les personnes âgées sont la réserve sapientielle de notre peuple ! Avec quelle facilité fait-on taire sa conscience quand il n’y a pas d’amour ! » (Seul l’amour peut nous sauver, Cité du Vatican 2013, p. 83). C’est ce qui se passe. Je me souviens, quand je visitais les maisons de repos, je parlais à tout le monde et j’ai souvent entendu cela : « Comment allez-vous ? Et vos enfants ? — Bien, bien — Combien en avez-vous ? — Beaucoup. — Et ils viennent vous rendre visite ? — Oui, oui, souvent, oui, ils viennent. — Quand sont-ils venus la dernière fois ? » Je me souviens d’une dame âgée qui m’a répondu : « Et bien, à Noël ». Nous étions au mois d’août ! Huit mois sans avoir reçu la visite de ses enfants, abandonnée pendant huit mois ! Cela s’appelle un péché mortel, comprenez-vous ? Une fois, enfant, ma grand-mère nous a raconté l’histoire d’un grand-père âgé qui se salissait en mangeant, parce qu’il avait des difficultés à porter la cuillère remplie de soupe à sa bouche. Et son fils, c’est-à-dire le père de famille, avait décidé de le déplacer de la table commune et avait préparé une petite table à la cuisine, où on ne le voyait pas, pour qu’il mange seul. Ainsi il n’aurait pas fait une mauvaise impression quand ses amis venaient déjeuner ou dîner. Quelques jours plus tard, il rentra chez lui et trouva le plus petit de ses enfants qui jouait avec du bois, un marteau et des clous ; il fabriquait quelque chose, il lui dit : « Mais que fais-tu ? — Je fais une table, papa. — Une table, pourquoi ? — Pour l’avoir quand tu deviendras vieux, comme ça tu pourras manger là ». Les enfants ont plus de conscience que nous !

Dans la tradition de l’Église, il existe un bagage de sagesse qui a toujours soutenu une culture de proximité des personnes âgées, une disposition à l’accompagnement affectueux et solidaire pendant cette partie finale de la vie. Cette tradition est enracinée dans l’Écriture Sainte, comme l’attestent par exemple ces expressions du livre du Siracide : « Ne fais pas fi du discours des vieillards, car eux-mêmes ont été à l’école de leurs parents ; c’est d’eux que tu apprendras la prudence et l’art de répondre à point nommé » (Si 8, 9).

L’Église ne peut pas et ne veut pas se conformer à une mentalité d’intolérance, et encore moins d’indifférence et de mépris à l’égard de la vieillesse. Nous devons réveiller le sentiment collectif de gratitude, d’appréciation, d’hospitalité, qui ait pour effet que la personne âgée se sente une partie vivante de sa communauté.

Les personnes âgées sont des hommes et des femmes, des pères et des mères qui sont passées avant nous sur notre même route, dans notre même maison, dans notre bataille quotidienne pour une vie digne. Ce sont des hommes et des femmes dont nous avons beaucoup reçu. La personne âgée n’est pas un extra-terrestre. La personne âgée, c’est nous, dans peu de temps, dans longtemps, mais cependant inévitablement, même si nous n’y pensons pas. Et si nous apprenons à bien traiter les personnes âgées, nous serons traités de la même manière.

Nous, les personnes âgées, sommes un peu toutes fragiles. Certaines, cependant, sont particulièrement faibles, beaucoup sont seules, et frappées par la maladie. Certaines dépendent de soins indispensables et de l’attention des autres. Ferons-nous pour cela un pas en arrière ? Les abandonnerons-nous à leur destin ? Une société sans proximité, où la gratuité et l’affection sans contrepartie — même entre étrangers — disparaissent, est une société perverse. L’Église, fidèle à la Parole de Dieu, ne peut pas tolérer cette dégénérescence. Une communauté chrétienne où proximité et gratuité ne seraient plus considérées comme indispensables, perdrait son âme avec celles-ci. Là où on ne fait pas honneur aux personnes âgées, il n’y a pas d’avenir pour les jeunes.

© Copyright 2015 – Libreria Editrice Vaticana

La laïcité ne s’apprend pas comme les sciences naturelles

Interview du cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris

Deux mois après les attentats du 7 janvier dans la capitale et à l’approche des élections locales, l’archevêque de Paris lance un appel à l’unité du pays. Il met notamment en garde contre un usage dévoyé de la laïcité au détriment des religions.

La Croix : Les attentats du 6 janvier ont été suivis d’une vaste mobilisation dans le pays. Que reste-t-il de cet esprit, deux mois après ?

Cardinal André Vingt-Trois : D’abord, l’effet traumatique. Quand le président de la République a engagé les forces françaises contre Daech en Irak, tout le monde était plus ou moins d’accord ; cela paraissait bien loin. Or les attentats commis le 6 janvier, c’est Daech au coin de la rue ! Cette fois, nous sommes tous concernés. De même pour l’antisémitisme : quand on commence à persécuter les juifs parce qu’ils sont juifs, cela annonce que tous les hommes peuvent être victimes de persécutions.

De cet épisode, il reste cependant le sentiment réconfortant que, dans une situation de grande crise, les gens qui ne bougent généralement pas de chez eux sortent dans la rue au nom de valeurs jugées suffisamment essentielles pour qu’on ne les abandonne pas au seul jeu politique.

La Croix : Quelles sont ces valeurs du 11 janvier  ?

Cardinal André Vingt-Trois : La liberté d’expression et l’opposition à toute agression délibérément antisémite. Ce sont là deux éléments constitutifs de l’identité française et républicaine. La caricature, comme manière à la fois comique et grave de pointer des enjeux de société, est une pratique ancienne qui est inscrite dans notre culture. Cela dit, on ne peut fonder une culture exclusivement sur la caricature. Le risque serait d’entrer dans une spirale de la dérision et de l’agression permanente dont on voit bien les dégâts qu’elle produit dans la vie publique. Ce n’est pas la caricature qui engendre la communion entre les Français.

La Croix : La cohésion, précisément, semble aujourd’hui fracturée : les juifs ont peur, les musulmans se sentent stigmatisés…

Cardinal André Vingt-Trois : Cette impression vient de ce qu’on a trop facilement braqué les projecteurs sur les religions et pas suffisamment sur les racines réelles de la barbarie, qui n’ont rien de religieux. En France, au Danemark, en Syrie ou en Afrique subsaharienne, nous sommes avant tout confrontés au délire politique de groupes qui veulent s’accaparer la société au service d’une vision totalitaire : exécutions, terrorisme, destruction d’œuvres d’art… À vouloir expliquer la barbarie uniquement par les excès d’une religion, on alimente le vieux fantasme selon lequel la société serait plus paisible si personne ne croyait en rien.

La Croix : Les religions risquent-elles d’en faire les frais  ?

Cardinal André Vingt-Trois : Empêcher les gens de s’exprimer pour que la paix règne dans les frontières, ce n’est pas la conception de la laïcité que la République a voulu instaurer. Ce n’est pas non plus comme cela que nous vivrons mieux ensemble dans le respect de nos différences.

La Croix : La laïcité vous semble-t-elle menacée ?

Cardinal André Vingt-Trois : L’idée que l’on puisse transformer les mœurs en imposant un enseignement scolaire sur la laïcité est une dangereuse utopie. La laïcité ne s’enseigne pas comme le français ou les sciences naturelles. Elle n’est pas une théorie philosophique, mais une pratique de la vie commune construite sur le respect mutuel. Elle s’expérimente à l’école, mais aussi en famille et dans la vie sociale. Si les cours consacrés aux religions sont une bonne chose, ils ne remplaceront jamais la capacité des éducateurs à prendre en compte la réalité qu’ils ont en face d’eux : des jeunes avec des convictions qui méritent d’être entendues, éventuellement discutées, mais ne peuvent sûrement pas être occultées par un système pédagogique. Personne ne fera renoncer les gens à ce qu’ils croient sous prétexte que la République est laïque.

La Croix : Comment retrouver un sentiment de concorde  ?

Cardinal André Vingt-Trois : Contrairement aux logiques médiatiques, faire évoluer les mentalités nécessite beaucoup de temps et d’investissement humain. Voter une loi ou dépenser des sous ne suffit pas. Il faut aider les gens à sortir de leurs intérêts particuliers et promouvoir toutes les actions de solidarité et de générosité. Rien ne remplacera une implication de chaque jour auprès des jeunes dans les quartiers, les établissements scolaires, afin de leur faire prendre conscience qu’ils ne peuvent vivre sans les autres. Être juif, musulman ou chrétien ne peut être une condition ou un empêchement pour entrer en relation les uns avec les autres. En accueillant chacun dans le respect de ses convictions, l’enseignement catholique est un lieu où s’expérimente depuis longtemps ce vivre-ensemble.

La Croix : Les religions ont-elles un rôle particulier à jouer dans ce domaine ?

Cardinal André Vingt-Trois : Évidemment ! Et pas seulement pour servir de porte-drapeau à l’apaisement des conflits en posant sur la photo, à l’invitation des pouvoirs publics. Les religions travaillent sur les réalités de la société et contribuent au bien commun comme elles le peuvent avec leur identité, leur originalité, leur message. C’est très bien de vouloir rassembler les religions, mais à condition de faire droit à ce qu’elles représentent réellement. Nous ne sommes pas les auxiliaires religieux de la République.

La Croix : Que dites-vous aux juifs tentés par l’exil  ?

Cardinal André Vingt-Trois : La même chose que les patriarches orientaux aux communautés chrétiennes persécutées : si vous partez, votre contribution bénéfique à la société française disparaîtra. On entre alors dans un processus de purification ethnique sur le critère de la religion. S’il ne nous appartient pas de juger les décisions individuelles, nous devons encourager les juifs à rester parmi nous.

La Croix : Et aux musulmans inquiets de la montée de l’islamophobie ?

Cardinal André Vingt-Trois : Le rejet dont beaucoup de musulmans sont victimes n’est pas exclusivement religieux. Lorsqu’on en est réduit à dissimuler son nom ou son adresse sur un CV, il s’agit d’abord de discrimination sociale. L’islamophobie, comme la christianophobie ou l’homophobie, est un terme fourre-tout qui nourrit le sentiment de victimisation dans toute la société. La question demeure : comment vivre ensemble avec nos différences ? Les comportements militants ou agressifs, dirigés contre une catégorie de la population, relèvent avant tout de la justice.

La Croix : Est-ce à l’État de faire émerger un islam de France  ?

Cardinal André Vingt-Trois : On ne fabrique pas une religion par la voie administrative. Les responsables politiques ont souvent à l’esprit le modèle catholique fondé sur une hiérarchie centralisée. Or, ce n’est pas le cas de l’islam. Je comprends néanmoins la volonté d’avoir des interlocuteurs en construisant des instances représentatives. Si le rôle de l’État est d’assurer la sécurité et la liberté de culte, l’islam de France reste l’affaire des musulmans de France.

La Croix : Quant aux catholiques, beaucoup défendent la liberté d’expression tout en souffrant de la dérision dont ils font l’objet…

Cardinal André Vingt-Trois : Cette question ne concerne pas seulement les chrétiens mais relève d’abord du droit : peut-on impunément tenir des propos orduriers sur les gens et sur leur croyance sans recours judiciaire possible ? Par ailleurs, la dérision accompagne d’une certaine façon le christianisme depuis ses débuts. « Heureux si l’on vous persécute en mon nom… » Un Évangile qui ne suscite plus aucune résistance n’augure pas grand-chose de bon. Aujourd’hui notre situation en France n’a rien de comparable avec ce que vivent nos frères au Moyen-Orient, en Afrique ou dans d’autres parties du monde par fidélité à leur foi. Les victimes ne sont pas seulement des ressortissants égyptiens, irakiens ou syriens, ils sont avant tout chrétiens. Nous ne les oublions pas.

Propos recueillis par Bruno Bouvet et Samuel Lieven

© La Croix - 2015

Quelles relations entre l’Église et les femmes dans l’Histoire ?

Quelques idées reçues !

À l’occasion de la Journée internationale de la femme, un petit retour sur la relation Femmes-Église au cours de l’ histoire…

C’est la mysogynie du christiannisme qui explique que la femme était autrefois considérée comme inférieure à l’homme.

Au contraire ! Le christianisme a révolutionné les mentalités en affirmant au sein d’un monde antique pénétré par l’idée d’infériorité de la femme, l’égale dignité des deux sexes aux yeux de Dieu. Saint-Paul n’affirme-t-il pas dans son épître aux Galates (3,28) : « Il n’y a plus ni juif, ni Grec, ni maître, ni esclave ; ni homme, ni femme. Vous n’êtes qu’un dans le Christ Jésus » ? Comme le souligne Monique Piettre : « Désormais le rite d’élection n’est plus le signe, exclusivement réservé aux mâles et inscrit dans la chair, qu’était la circoncision hébraique, mais un sceau invisible imprimé sur les âmes et offert à tous et à toutes : le baptême ». Cette égalité de dignité était déjà affirmée dans la Genèse : « Dieu créa l’homme à Son Image, à l’image de Dieu Il le créa, homme et femme il les créa ».

Par ailleurs, Dieu a tout de même choisi de s’incarner dans le sein d’une femme (il aurait pu descendre sur terre adulte...), et tout son plan de salut était suspendu au « oui » de cette femme, la Vierge Marie, qu’Il a donnée comme mère à tous les hommes... On devrait méditer davantage les propos de Jean Guitton : « La personne la plus parfaite de notre monde moral se trouve avoir été choisie dans le sexe le plus faible ».

Mais dans les faits, qui niera que la femme était dévalorisée ?

Elle l’était avant que le christiannisme ne pénètre dans l’Empire : le droit romain frappe toute femme d’incapacité. Perpétuelle mineure, la jeune fille passait de la tutelle de son père à celle de son mari ou restait sous la dépendance constante de paterfamilias. L’épouse était systématiquement reléguée hors de la sphère politique, pouvait être répudiée par son mari, et celui-ci pouvait même la tuer si elle se rendait coupable d’adultère à son égard, sans être lui-même inquiété quand il manquait au devoir de fidélité conjugale.

Le premier à avoir stigmatisé l’adultère masculin est le Christ (Mat 5,28), alors même qu’il s’est opposé à la lapidation de la femme adultère.

Il a justement restauré au sein du couple l’harmonie de l’homme et de la femme, instituée par le Créateur au commencement du monde, et brisée par le péché originel, qui introduisit dans les rapports conjugaux la convoitise et la domination. C’est pourquoi le Christ exige que la monogamie conjugale gage d’une égale dignité de l’homme et de la femme, vrai progrès par rapport à la répudiation antique, toute femme était désormais libre de refuser un époux qui lui serait imposé par ses parents contre son gré. Certes, l’Église a dû longtemps dû combattre pour imposer ses principes, mais sans sa contribution, le pire eût été imaginable.

Rendre la femme responsable du péché originel, ce n’est pas précisément une libération !

On trouve effectivement de nombreuses traces d’une interprétation erronée du récit de la Genèse, sous l’influence de courants de pensée païenne. Par exemple chez le prêtre et théologien Tertullien (155-220). Mais il n’est ni docteur de l’Église, ni saint, ni exégète. L’exégèse classique du texte de la chute attribue la responsabilité du péché à l’homme comme à la femme, en y voyant avant tout la faute collective de l’humanité pécheresse.

D’ailleurs, la plupart des pères de l’Église ont mis l’accent sur les devoirs du mari à l’égard de sa femme, le don mutuel des époux, la condamnation - totalement révolutionnaire pour l’époque - de l’adultère masculin. Saint Grégoire de Naziance, par exemple évêque de Constantinople (IVème s.) s’indigne de ce que « l’épouse qui déshonore le lit nuptial subit les dures sanctions de la loi. Mais l’homme trompe impunément sa femme.[…] Ce sont des hommes qui ont rédigé notre code, aussi les femmes sont elles défavorisées.  Autre est la volonté de Dieu. »

Tout de même, au Moyen-Age, l’Eglise considérait que les femmes n’avaient pas d’âme !

Pure légende ! Qui vient d’une mauvaise interprétation du concile de Mâcon de 585. Dans son Histoire des Francs, Saint Grégoire de Tours (IVème s.) relate en effet une conversation privée qui eût lieu parmi certains évêques en marge des débats du synode, dont les travaux portaient sur des questions d’ordre pratique (les devoirs des fidèles et du clergé) : l’un d’eux affirma qu’« une femme ne pouvait être dénommée homme ». Preuve du mépris du clergé vis-à-vis de la femme ? Non ! Simple question de vocabulaire : le terme homo qui veut dire l’homme dans son sens générique (l’espèce humaine), s’appliquait de plus en plus au sexe masculin, désigné jusque-là par le mot vir qui permettait de le distinguer de la femme (mulier). L’évêque déplore simplement cette confusion, déjà entré dans les mœurs, du substantif homo avec celui de vir, espérant qu’on ne l’appliquera pas à la « mulier ».

De cette anecdote, l’historiographie balbutiante du XIXème siècle en a fait une controverse doctrinale qui perdure encore aujourd’hui, malgré les démentis des historiens les plus sérieux, par exemple Duby.

Il n’empêche qu’à l’époque, on faisait peu de cas de femmes.

De quel Moyen-Age parle-t-on ? L’expression même est absurde car elle désigne une période de mille ans aux contrastes les plus saisissants. En tout cas, l’âge d’or du Moyen-Age (fin XIème/début XIVème) a porté la femme aux nues. C’est l’époque où les invasions et pillages, dont les femmes étaient les premières victimes cessent. L’Église insiste de plus en plus, lors des conciles qu’elle tient à quatre reprises au Latran, sur la liberté de consentement des époux et sur la prohibition de l’inceste, mesure qui vise surtout à éviter que la jeune fille soit poussée à épouser un de des cousins, qui vit déjà souvent sous le même toit qu’elle. Enfin, les croisades permettent aux femmes qui y participent de découvrir le raffinement de la civilisation orientale et à celles qui restent au pays de prendre en main la gestion des affaires de leur mari.

Trois mots au sens nouveau expriment la considération de la femme par la société médiévale :

L’hommage, qui renvoie traditionnellement aux rapports du vassal envers son seigneur devient une marque de considération spécifique envers la femme.

Celle-ci est désormais appelée une dame, à l’image de Notre-Dame, la Vierge Marie.

La courtoisie n’est plus un simple code de bonne conduite élémentaire, elle devient une forme de dévouement extrême, mâtinée d’un sentiment amoureux théoriquement platonique, qu’accomplît le chevalier au nom de l’honneur, à l’égard de la dame de ses pensées.

Couronnant le tout, la dévotion mariale à l’égard de la Vierge prend une ampleur considérable qui ne peut pas ne pas influencer la vision que les hommes ont des femmes.

Elles n’en étaient pas moins écartés de la vie politique, sociale et culturelle, pour être vouées à la reproduction et aux tâches ménagères.

Pour ce qui est de la culture, rappelons tout d’abord que le premier traité d’éducation ne date pas du XVIème siècle, mais du IXème et qu’on le doit à une mère de famille, Dhuoda, élève d’écoles carolingiennes. Mais c’est véritablement au XIIème siècle, après une longue période de chaos, que l’école dispense son savoir aux garçons comme aux filles, dès l’âge de 3 ans et jusqu’à l’université (ou le couvent pour les femmes, mais le programme est le même). Citons, par exemple le cas d’Héloise, l’une des femmes les plus cultivées d’Occident au XIIème siècle, qui manie aussi bien le grec que le latin classique. Fille de paysan, elle n’a fait pourtant que suivre la scolarité au couvent d’Argenteuil.

Sur le plan professionnel, l’urbanisation massive du pays à partir du XIème siècle joue nettement en faveur des femmes. Elles sont présentes dans la quasi totalité des corporations (sauf celles qui exigent un effort physique intense), y effectuent le même travail que les hommes et peuvent, comme eux, devenir maître d’œuvre (plus haut degré hiérarchique au sein des corporations). Quantité de métiers artisanaux leur sont donc ouverts, voir réservée (ceux de la soie par exemple). Il existe même des prud’femmes chargées de défendre les intérêts de ces dernières au sein de la corporation.

Sur le plan politique enfin, rappelons le rôle exceptionnel qu’on eut alors certaines femmes : Aliénor d’Aquitaine, dont les frasques conjugales sont l’origine lointaine de la guerre de cent ans. Blanche de Castille, sa petite fille, qui fut régente du royaume à plusieurs reprises pendant les deux croisades de son fils Saint Louis. Sainte Jeanne d’Arc ou encore Sainte Catherine de Sienne qui, à trois reprises, donna l’ordre au Pape de quitter Avignon pour Rome. Sur plan électoral, enfin, on trouve à l’échelle nationale, des femmes électrices pour la désignation des députés aux États Généraux (exemple en Tourraine en 1308), et au plan local, des veuves et célibataires participent aux assemblées communales.

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L’œuvre missionnaire des Oblats à Tahiti – 1977-2004 (9)

Au service des vocations et de la formation sacerdotale

Nous continuons notre parcours de l’histoire des Congrégations religieuses en Polynésie dans le cadre de l’Année de la Vie consacrée avec cette historique de la communauté des Pères O.M.I. par le R.P. Patrice Morel.

3. De quels fruits l’Église de Polynésie a-t-elle  bénéficié de par la présence des Oblats ?

Dans le compte rendu de leur visite à Tahiti en juin 1972, les PP. Roger Roy et Norman Parent écrivaient : « L'archevêque, les prêtres et les religieux nous ont parlé, en des termes similaires, du besoin d'une nouvelle conception de la pastorale, d'une formation spirituelle dans tout le diocèse, de liturgies plus signifiantes, mais tout spécialement de l'Urgence d'Une pastorale auprès des jeunes ». Mais d'une manière particulière, l'archevêque insista pour que, si les Oblats venaient, leur pastorale vise à l'éveil et à la formation de vocations sacerdotales.

En 1993, lors de l'évaluation sur le ministère oblat à Tahiti, Mgr Michel nous communiquait la note suivante :

Les Pères OMI sont venus en Polynésie pour aider à établir l'Église locale.

« Après quinze ans, les fruits sont là :

1) Fondation d'un Grand Séminaire qui, après huit ans, a donné trois prêtres et qui en donnera d'autres. L'envoi du P. Hubert Lagacé y est pour beaucoup. Le Grand Séminaire est aussi un lieu de formation pour religieux(ses) et laïcs.

2) Les Pères OMI ont pris la charge de la paroisse Saint-Joseph de Faaa, le Nord-Ouest des Tuamotu, avec quelques îles du centre. C'est le ministère paroissial qui a été l'occasion pour les Pères OMI de procurer en des domaines fort différents une formation aux laïcs ou aux religieux.

Le P. Jules Guy, par exemple, qui a en charge la paroisse de Saint-Étienne de Punaauia, a assuré depuis longtemps des cours de morale très appréciés des fidèles, et le P. Paul Siebert, dans un tout autre genre, a structuré sa paroisse... et le temps passé à Puurai, Pamatai et Saint-Joseph pour la catéchèse des adultes, la préparation au mariage, les retraites, a contribué à donner cette formation réclamée par le Synode[1], Le P. Roger Roy, tout en étant présent au Grand Séminaire et en paroisse, confesse, dirige... Le P. Demers nous apporte aussi une aide importante.

La Province OMI n'a pas ralenti son aide : on nous a envoyé un Frère, et plusieurs prêtres provenant de provinces différentes.

Il ne faut pas faire un bilan sur 2 ou 3 ans, mais sur 15 ans. Ce bilan est extrêmement positif. On aurait tendance à le sous-évaluer en raison d'une certaine crise provenant du vieillissement général des cadres et, disons-le aussi, de quelques échecs ou d'objectifs non atteints.

Surtout ce que j'ai admiré chez les OMI pendant ces 15 ans, c'est leur désintéressement. Ils ont vraiment travaillé pour le diocèse et agi aussi avec des moyens que nous n'avions pas sur place en profondeur, voir par exemple les Clarisses. »

Il est difficile d'évaluer à quel point un changement de mentalité, de comportement, est dû à un seul groupe de personnes. Il y a avant tout l'action de l'Esprit Saint en chaque personne, en chaque communauté chrétienne ou religieuse. Cette action passe par des hommes et des femmes qui acceptent de répondre à ses inspirations. Les Oblats sont arrivés providentiellement au bon moment, ils ont œuvré selon leur style et leur charisme, et ont trouvé à leurs côtés de nombreuses personnes qui se sont senties encouragées à se dévouer pour le bien commun de l'Église en Polynésie.

Des chiffres peuvent donner une idée de cette évolution. En consultant l'annuaire diocésain, on constate :

En 1977, il y avait 6 prêtres diocésains, dont l'archevêque ; en 2004, il y avait 18 prêtres diocésains, dont 2 archevêques, Mgr Michel, archevêque émérite, et son successeur, Mgr Hubert Coppenrath.

En 1977, aucun diacre permanent ; en 2004, 29 diacres permanents.

En 1977, aucune Communauté nouvelle (mouvance du Renouveau) ; en 2004, 5 communautés. En 1977, le Petit Séminaire dirigé par un père de Picpus ; un embryon de Foyer vocationnel (Jean XXIII) confié à un père de Picpus ; pas de Grand Séminaire. En 2004, le Petit Séminaire, dirigé par le diacre Harold Doom et son épouse Lina ; le Foyer vocationnel, Jean XXIII, dirigé par Lina Mervin et son époux Willy ; le Grand Séminaire avec comme recteur M. Claude Jouneau, sulpicien, un prêtre diocésain professeur de dogme, et deux autres aux études à Rome.

En 1977, on pouvait compter sur les deux mains le nombre d'associations ou de mouvements de laïcs ; en 2004, on compte 24 associations diverses engagées dans l'aide aux pauvres et aux marginalisés, aux familles, aux mères célibataires, et autres détresses.

En 1977, pas d'émissions télévisées ; en 2004, elles sont bien développées et un studio-radio émet tous les jours.

Encore une fois, toutes ces activités ne sont pas l'œuvre des seuls Oblats ; elles témoignent de la vitalité d'une Église qui, sous la direction de ses pasteurs, Mgrs Michel et Hubert Coppenrath s'est prise en main et grandit. Les Oblats ont eu la joie de pouvoir, en temps opportun, leur donner un coup de main.

4. Pourquoi la mission oblate a Tahiti a-t-elle fermé en jullet 2004 ?

Une des principales raisons a été la difficulté de trouver du personnel compétent et parlant français afin de continuer la mission commencée 27 ans plus tôt, soit la formation et le développement de l'Église locale : difficulté présente au sein même de la Province des États-Unis comme au sein de la Congrégation entière. Il est connu que la France et le Canada, entre autres, ont vu diminuer le nombre de leurs vocations de façon dramatique.

Au niveau local, comme il a été expliqué ci-dessus, il n'a pas été possible de susciter des vocations oblates polynésiennes. C'était une des conditions pour voir les Oblats rester à Tahiti à long terme, ainsi que le faisait entendre le Supérieur général à l'archevêque en décembre 1990.

Finalement, cette décision a pu être prise par le Conseil provincial des États-Unis parce qu'elle n'était pas un abandon, une désertion, mais que l'Église locale était arrivée à un moment où elle pouvait pratiquement se suffire à elle-même et aller de l'avant. Le Grand Séminaire avait un nouveau recteur non oblat, un des prêtres sorti de ce Séminaire y était professeur de dogme, deux autres, ordonnés en 2004, sont actuellement à Rome pour y poursuivre des études en morale et en histoire de l'Église.

Au plan de l'ensemble de l'archidiocèse, en plus de la douzaine de prêtres diocésains sortis du Séminaire, des diacres permanents, des laïcs de plus en plus nombreux, compétents, apostoliques, ont conscience de leur rôle pour que l'Évangile pénètre la société polynésienne.

Les Oblats ont travaillé à une période donnée de l'Église en Polynésie. Ils se retirent avec le sentiment d'une mission accomplie, sûrs que l'Esprit Saint continuera d'inspirer les chrétiens de ce pays, et confiants qu'ils sauront être fidèles à cet Esprit comme ils l'ont prouvé pendant les 27 ans de présence oblate au milieu d'eux.

Conclusion

En guise de conclusion, voici ce que Mgr Hubert Coppenrath a dit au cours de l'Eucharistie d'adieu en l'église Saint-Joseph de Faaa le 17 juin 2004 :

« Malheureusement le 31 juillet prochain, la Province des Oblats des États-Unis fermera définitivement sa mission dans le diocèse de Papeete. Les Oblats partent, mais ils partent en beauté, ayant accompli leur mission. L'église où nous célébrons cette messe d'adieu a été construite par un Oblat, le P. Jules Guy : messe d'adieu, certes, mais aussi d'action de grâce et de reconnaissance. »

En tant qu'Oblats nous pouvons dire :

Loué soit Jésus-Christ et Marie Immaculée.

Tewksbury, le 26 juillet 2005

© Vie Oblate Life n°64 - 2005

 

[1]    3e Synode diocésain du 28 octobre au 29 novembre 1989.

Méditation sur la Parole

L’Évangile de ce troisième dimanche de Carême nous montre Jésus chassant les marchands du Temple. Quelle colère de Jésus ! Il fait un fouet avec des cordes, jette par terre la monnaie des changeurs et renverse leur comptoir. Comment comprendre le comportement de Jésus ? Cela est d’autant plus étrange que ces marchands du Temple sont utiles. Ce sont eux qui fournissent les animaux pour les sacrifices que la Loi de Moïse impose.

Ce sont les paroles mêmes de Jésus qui nous permettent de comprendre son attitude : « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic » (Jn 2,16). Le Temple est le lieu saint où s’exprime la relation d’Israël avec Dieu. Et ce lieu est devenu un lieu de trafic. Comme souvent dans l’Evangile selon saint Jean, les paroles de Jésus doivent être comprises dans un double sens. Bien sûr, il y a le trafic d’animaux qui fournit les victimes à offrir. Mais le trafic fait aussi allusion à la relation qu’Israël entretient avec Dieu. Le Seigneur s’intéresse au cœur de l’homme. Un sacrifice d’animal n’est pas à même de restaurer la relation avec Dieu. Ce que Dieu demande à l’homme, c’est la conversion du cœur. Le prophète Isaïe dit : « Ce peuple me glorifie de ses lèvres, mais son cœur est loin de moi » (Is 29,13). Tout au long de son passé, Israël est tenté de servir le Dieu Baal. Baal est le dieu de la pluie, cette pluie si nécessaire pour que la récolte soit bonne et que la vie du peuple soit assurée. Le dieu Baal demande des sacrifices d’animaux pour être contenté mais ne s’intéresse pas à la vie de l’homme. C’est ce type de relation que Jésus condamne avec violence aujourd’hui.

 

C’est le grand mystère de notre foi chrétienne. Le Seigneur s’intéresse à chacun de ses enfants. Il veut son bonheur et c’est pourquoi Jésus prononcera le discours des Béatitudes. Mais ce bonheur s’enracine dans l’attitude profonde de l’homme qui choisit d’accueillir Jésus dans sa vie, d’écouter sa parole et de la mettre en pratique. Quelque part, ce serait plus facile de devoir se soumettre à quelques actes extérieurs pour s’attirer la clémence divine. Mais si nous en restons là, notre soif d’aimer et d’être aimé ne sera jamais satisfaite. Nous sommes faits pour cette relation d’amour avec Dieu, et notre cœur est lent à croire que cela est possible, que le Seigneur nous aime et qu’il attend notre amour en retour. La colère de Jésus s’explique donc facilement si l’on considère, au cours des siècles, l’endurcissement du cœur des hommes qui ne parviennent pas à aimer Dieu comme un père aimant et miséricordieux. Il est alors nécessaire de tout renverser pour partir de nouveau, en prenant un autre chemin.

En voyant Jésus agir ainsi, ses disciples se rappelèrent cette parole de l’Écriture : « L’amour de ta maison fera mon tourment » (Jn 2,17). L’Evangile de ce jour nous conduit à revisiter notre amour pour l’Eglise. Sommes-nous zélés pour l’Eglise qui a été confiée à Pierre ? Les désaccords, les incompréhensions ne manquent sûrement pas. Nous aimerions une Eglise plus moderne ou plus traditionnelle, plus ouverte ou plus stricte ! Mais avant de vouloir changer l’Eglise, posons-nous cette question : « L’aimons-nous ? ». Si nous ne l’aimons pas, alors nous ne pourrons jamais apporter notre contribution pour qu’elle soit plus belle, plus authentique. En ce jour, demandons à l’Esprit Saint de nous renouveler dans l’amour de l’Église.

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