PKO 04.04.2015

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°23/2015
Samedi 4 avril et Dimanche 5 avril 2015 – Veillée pascale et Dimanche de Pâques – Année B

Humeurs

Pâques, l’espérance au cœur d’un monde en désespérance

Nos familles, l’Église, la société connaissent bien des épreuves aujourd’hui qui engendrent de l’inquiétude et des peurs pour l’avenir. Nous sommes  confrontés à de telles impasses, à vues humaines. Il nous semble parfois que rien ni personne ne saurait débloquer telle ou telle situation familiale, sociale, économique, culturelle, ecclésiale qui nous laisse totalement démunis et impuissants. Et si nous nous tournons vers Jésus, nous pourrions à juste titre avoir le sentiment qu’il reste silencieux… et même parfois qu’il se plaît à nous corriger…

[Mais] quand Jésus nous corrige, il ne nous condamne pas, ni ne nous détruit ; s’il n’hésite pas à nous corriger, parfois durement, c’est parce qu’il est toujours disposé à donner sa vie pour nous ! Alors nous trouverons dans son Mystère pascal la réponse à toutes les impasses de notre vie : lui seul peut se frayer un passage, c’est de sa Pâque que jailliront la lumière qui dissipe les ténèbres et la Vie qui est victorieuse de la mort !

Le Mystère pascal de Jésus éclaire encore bien des débats qui agitent notre société, comme ce grave débat sur la « fin de vie » qui assombrit l’horizon de notre vivre ensemble et qui semble être passé inaperçu du plus grand nombre. Lamentable débat qui débouche sur l’approbation d’un texte de loi mortifère.

C’est parce que nous croyons en un Dieu qui n’est pas indifférent à ce que nous vivons et souffrons, un Dieu qui s’est fait proche jusqu’à porter nos fardeaux, un Dieu « qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20), un Dieu qui nous réconcilie avec lui et entre nous, que nous sommes dans l’espérance, quelles que soient les impasses de notre vie. Et en cette fête de Pâques, malgré les ombres qui planent sur l’Église et le monde, nous voulons chanter l’Espérance, « Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout, cette petite fille espérance », si admirablement décrite par Charles Péguy : « Une flamme tremblotante a traversé l’épaisseur des mondes. Une flamme vacillante a traversé l’épaisseur des temps. Une flamme anxieuse a traversé l’épaisseur des nuits… Une flamme impossible à atteindre, impossible à éteindre au souffle de la mort ».

Notre temps a besoin de témoins d’espérance… Oui, Dieu ou rien, la vie ou la mort : Jésus est précisément vainqueur de la mort ! Il est ressuscité, il est vivant !  Amen, Alleluia !

Mgr Marc AILLET

Chronique de la roue qui tourne

La peine de mort

« On doit distinguer entre l'erreur toujours à rejeter et celui qui se trompe, qui garde toujours sa dignité de personne et son droit à l'amour. » Angelo Giuseppe Roncalli

Avec une lecture rapide, cette belle citation sonne comme une évidence. On se dit : « Bien sûr, il ne peut être autrement. » Cependant cette phrase devient vite une épreuve insurmontable lorsque nous essayons de la vivre au quotidien.

Les plus grands criminels, par exemple, ceux qui semblent avoir perdu toute trace d'humanité en commettant des crimes dont l'horreur n'est plus qualifiable, ceux qui violentent sans aucun remord les plus vulnérables. N'a-t-on pas le « réflexe » d'exiger la peine de mort ??? C'est une réaction tout à fait humaine mais, de ce fait, tout à fait imparfaite.

La justice est un pilier fondamental de notre survie. Elle garantie protection et respect des droits de chaque individu. Elle est notre repère face au bien et au mal. Sans elle, tout ne serait que chaos. Mais peut-on la placer au-dessus de la dignité de l’homme ???

Nos erreurs, nos mauvais choix n'entachent en rien notre dignité d'hommes puisqu'ils résultent de notre condition humaine. Nous pouvons et nous devons nous tromper puisque nous sommes humains, donc perfectibles. Notre dignité, elle, est parfaite. Elle est indifférente devant nos mauvaises actions et elle est sourde à nos propos vils. Elle est intacte aussi longtemps que nous pouvons dire « je suis », et ce, qu'importe l'adjectif qui pourrait terminer notre phrase. Notre dignité reste inviolable.

C'est pourquoi nous n'avons pas le droit d'ôter la vie. Nous n'avons pas le droit de le souhaiter. Et notre justice n'a pas le droit de poser un acte aussi irréversible que la mort. Ne laissons pas l'horreur nous utiliser pour continuer à régner. C'est pourtant ce que nous faisons à chaque condamnation à mort. Nous tuons pour montrer que tuer est mal. Quelle triste justice !!!

Et combien d'innocents avons-nous précipités dans la tombe en son nom ??? Certes aujourd'hui les marges d'erreurs sont infimes grâce notamment à l'ADN et autres découvertes révolutionnaires. Mais, encore une fois, les marges sont infimes, pas impossibles. La peur de condamner un innocent devrait crier plus fort que notre soif de vengeance.

Durant ce Carême, nous avons pu revivre le chemin de Croix. Mais lequel d'entre nous a pu se sentir digne d'un tel sacrifice ??? Personne, parce que personne ne l'est !!! La Pâques, nous offre simplement l'espoir d'être sauvés par la Miséricorde.

Préservons-nous de tuer cet espoir. N'ayons pas peur de la Miséricorde. Certes ce n'est pas un don facile à recevoir. Nos larmes peuvent être si amères face à un tel pardon. Et l'hypocrisie humaine n'aura pas de place. Nous serons jugés... oui mais par amour. Car le même amour a été donné à tous, à ceux qui ont tenu bon et à ceux qui se sont perdus. Apprenons également à nous réjouir du  pardon de l'autre, ne soyons pas le frère jaloux du fils prodigue. Que jamais plus nos réactions humaines n'entravent la dignité de nos frères.

Profitons de cette Pâques pour reconnaître que la miséricorde est la seule façon de « distinguer entre l'erreur toujours à rejeter et celui qui se trompe, qui garde toujours sa dignité de personne et son droit à l'amour. ». C'est l'unique moyen de mettre fin à l'horreur. N'est-ce pas là une bonne résolution  pour notre Pâques ???

La chaise masquée

« Tout est accompli ! »

Audience générale du mercredi 1er avril 2015 – Pape François

« Comme ce sera beau lorsqu’à la fin de notre vie, avec nos erreurs, nos péchés, et aussi avec nos bonnes œuvres, avec notre amour du prochain, nous pourrons dire à notre Père, comme Jésus : "Tout est accompli !" », déclare le pape François

Chers frères et sœurs, bonjour !

IconepaquesDemain sera le Jeudi saint. Dans l’après-midi, avec la messe du « Repas du Seigneur », commencera le Triduum pascal de la passion, la mort et la résurrection du Christ, qui est le sommet de toute l’année liturgique et aussi le sommet de notre vie chrétienne.

Le Triduum s’ouvre avec la commémoration du Dernier repas. La veille de sa passion, Jésus offrit à son Père son corps et son sang sous les espèces du pain et du vin et, les donnant en nourriture à ses apôtres, il leur commanda d’en perpétuer l’offrande en mémoire de lui. L’Évangile de cette célébration, qui rappelle le lavement des pieds, exprime la même signification que l’Eucharistie dans une autre perspective. Jésus, comme un serviteur, lave les pieds de Simon Pierre et des onze autres disciples (cf. Jn 13, 4-5). Par ce geste prophétique, il exprime le sens de sa vie et de sa passion, comme un service rendu à Dieu et à ses frères : « car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir » (Mc 10,45).

C’est aussi ce qui s’est passé lors de notre baptême, quand la grâce de Dieu nous a lavés du péché et que nous avons revêtu le Christ (cf. Col 3,10). Cela se produit chaque fois que nous faisons le mémorial du Seigneur dans l’Eucharistie : nous communions au Christ serviteur pour obéir à son commandement, celui de nous aimer comme il nous a aimés (cf. Jn 13,34 ; 15,12). Si nous nous approchons de la sainte communion sans être sincèrement disposés à nous laver les pieds les uns aux autres, nous ne reconnaissons pas le Corps du Seigneur. C’est le service de Jésus qui se donne lui-même, totalement.

Puis, après-demain, dans la liturgie du Vendredi saint, nous méditons sur le mystère de la mort du Christ et nous adorons la Croix. Dans les derniers moments de sa vie, avant de remettre l’esprit à son Père, Jésus dit : « Tout est accompli ! » (Jn 19,30). Que signifie cette parole que dit Jésus : « Tout est accompli ! » ? Cela signifie que l’œuvre du salut est accomplie, que toutes les Écritures trouvent leur plein accomplissement dans l’amour du Christ, l’Agneau immolé. Par son sacrifice, Jésus a transformé la plus grande iniquité dans le plus grand amour.

Au cours des siècles, des hommes et des femmes, par le témoignage de leur existence, reflètent un rayon de cet amour parfait, plein, non contaminé. J’aime rappeler un témoin héroïque de notre époque, le père Andrea Santoro, prêtre du diocèse de Rome et missionnaire en Turquie. Quelques jours avant d’être assassiné à Trébizonde, il écrivait : « Je suis ici pour habiter au milieu de ce peuple et permettre à Jésus de le faire en lui prêtant ma chair… On ne devient capables du salut qu’en offrant sa propre chair. Le mal qui est dans le monde doit être porté et la souffrance doit être partagée, en l’absorbant dans notre propre chair jusqu’au bout, comme l’a fait Jésus ». Que cet exemple d’un homme de notre époque, et tant d’autres, nous soutiennent dans l’offrande de notre vie comme un don d’amour pour nos frères, à l’imitation de Jésus. Et aujourd’hui aussi, il y a tant d’hommes et de femmes, de vrais martyrs, qui offrent leur vie avec Jésus pour confesser leur foi, uniquement pour cette raison. C’est un service, le service du témoignage chrétien jusqu’au sang, le service que Jésus nous a rendu : il nous a rachetés jusqu’au bout. Et c’est cela, la signification de la parole : « Tout est accompli ! ». Comme ce sera beau lorsqu’à la fin de notre vie, avec nos erreurs, nos péchés, et aussi avec nos bonnes œuvres, avec notre amour du prochain, nous pourrons dire à notre Père, comme Jésus : « Tout est accompli ! » ; non avec la perfection avec laquelle lui-même a pu le dire, mais de dire : « Seigneur, j’ai fait tout ce que j’ai pu. Tout est accompli. » En adorant la Croix, en regardant Jésus, pensons à l’amour, au service, à notre vie, aux martyrs chrétiens, et cela nous fera du bien de penser à la fin de notre vie. Personne d’entre nous ne sait quand cela arrivera, mais nous pouvons demander la grâce de pouvoir dire : « Père, j’ai fait tout ce que j’ai pu. Tout est accompli. »

Le Samedi saint est le jour où l’Église contemple le « repos » du Christ dans la tombe après le combat victorieux de la croix. Le Samedi saint, l’Église, une fois encore, s’identifie avec Marie : toute sa foi est recueillie en elle, la première et parfaite disciple, la première et parfaite croyante. Dans l’obscurité qui enveloppe la création, elle reste seule à garder allumée la flamme de la foi, espérant contre toute espérance (cf. Rm 4,18) dans la résurrection de Jésus.

Et pendant la grande Vigile pascale où résonne à nouveau l’Alléluia, nous célébrons le Christ ressuscité, centre et fin du cosmos et de l’histoire ; nous veillons, pleins d’espérance, dans l’attente de son retour, quand la Pâque sera pleinement manifestée.

Parfois, l’obscurité de la nuit semble pénétrer dans l’âme ; parfois nous pensons : « désormais il n’y a plus rien à faire » et notre cœur ne trouve plus la force d’aimer… Mais c’est précisément dans cette obscurité que le Christ allume le feu de l’amour de Dieu : une lueur perce l’obscurité et annonce un nouveau commencement, quelque chose commence dans l’obscurité la plus profonde. Nous savons que la nuit est « plus nuit », plus obscure juste avant que le jour ne commence. Mais c’est précisément dans cette obscurité que le Christ est vainqueur et qu’il allume le feu de l’amour. La pierre de la souffrance est renversée, laissant place à l’espérance. Voilà le grand mystère de Pâques ! En cette sainte nuit, l’Église nous remet la lumière du Ressuscité, pour qu’il n’y ait pas en nous le regret de celui qui dit « désormais… », mais l’espérance de celui qui s’ouvre à un présent plein d’avenir : le Christ a vaincu la mort, et nous avec lui. Notre vie ne finit pas devant la pierre du tombeau, notre vie va au-delà avec l’espérance dans le Christ qui est ressuscité justement de ce tombeau. En tant que chrétiens, nous sommes appelés à être des sentinelles du matin, qui sachent distinguer les signes du Ressuscité, comme l’ont fait les femmes et les disciples accourus au tombeau à l’aube du premier jour de la semaine.

Chers frères et sœurs, en ces jours du Triduum saint, ne nous limitons pas à commémorer la passion du Seigneur, mais entrons dans le mystère, faisons nôtres ses sentiments, ses attitudes, comme nous invite à le faire l’apôtre Paul : « Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2,5). Alors nous ferons une « bonne Pâque ».

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New York aura une rue « Père Damien »

Un Saint du Pacifique à l’honneur…

Le pays veut témoigner de sa reconnaissance envers le saint missionnaire belge qui a œuvré toute sa vie à Hawaï au service des lépreux.

Si le père Damien est bel et bien belge, c’est à Hawaï qu’il a accompli cette immense œuvre qui lui vaudra d’être proclamé saint. Les Etats-Unis vont une nouvelle fois témoigner de leur reconnaissance envers lui avec une rue à son nom qui sera bientôt inaugurée New York.

Joseph De Veuster, plus connu sous le nom de Père Damien, est depuis longtemps une grande figure de la Belgique. Mais l’héritage qu’il laisse est aussi largement partagé par les américains. Né à Tremelo en Flandre en 1840, il avait en effet quitté notre pays dès 1864 pour  s’établir à Hawaï en tant que missionnaire, en particulier sur l’île de Molokai. C’est là qu’il allait prendre soin de ceux qui avaient été rejetés par la société à cause de leur maladie, la lèpre. Pendant seize ans, le père Damien veillera ainsi aux besoins physiques, spirituels et émotionnels de ceux qui ont été confinés dans cette colonie jusqu’à ce que lui-même contracte la maladie et en meurt en 1889.

« Father Damien way »

En étant canonisé, le 11 octobre 2009, cet homme remarquable devenait ainsi la centième personne ayant vécu, travaillé ou étant mort aux États-Unis à être proclamé saint par l’Église catholique. Et le Président Barack Obama de lui rendre cet hommage : « Suivant les pas du ministère de Jésus auprès des lépreux, Père Damien a combattu la stigmatisation de ces derniers en donnant la parole aux sans-voix et a sacrifié sa propre vie pour redonner la dignité au plus grand nombre. »

C’est cette fois au tour de la ville de New York de saluer la mémoire du Père Damien. La plus européenne des villes américaines le fait en baptisant la 33e rue entre la 1ere et 2e avenue : « Father Damien Way ». La cérémonie officielle aura lieu le lundi 11 mai à 13h30, à la chapelle du Sacré Cœur de Jésus et de Marie, en présence de M. Geert Bourgeois, Ministre-Président du gouvernement flamand et du cardinal Dolan. La  conférence des évêques de Belgique devrait décider d’ici quelques jours si l’un de ses membres sera aussi du voyage.

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