PKO 04.01.2015

Dimanche 4 janvier 2015 – Solennité de l’Épiphanie du Seigneur – Année B
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°02/2015

Humeurs

Fraternité, Solidarité, Paix, Justice…

« Le monde est malade. Son mal réside moins dans la stérilisation des ressources ou leur accaparement par quelques-uns, que dans le manque de fraternité entre les hommes et entre les peuples ». (Populorum progressio n°66 – Bienheureux Paul VI - 26 mars 1967)

Notre Pape François ne cesse de le dire et de le redire à travers des exemples concrets… Un appel à la solidarité et à la fraternité entre les hommes et entre les peuples… Le véritable et unique chemin sur lequel nous devons nous engager en cette année 2015, sans quoi nous progresserons inexorablement sur un chemin de déshumanisation où la loi du plus fort sera la seule règle.

Chrétiens, prenons conscience de la richesse dont nous sommes les dépositaires. Le message évangélique fut une révolution pour le monde juif dans lequel il est né… il reste la révolution dont notre monde contemporain à besoin…

Ouvrons nos yeux, changeons nos cœurs… le monde ancien s’en est allé… un monde nouveau est en train de naître. Nous ne voulons pas le voir… nous nous agrippons à l’ancien monde… nous parlons de crise comme si tout allait revenir comme avant… mais cela n’est qu’illusion ! Le monde  qui se meurt, est un monde où l’autre, les autres, ont été oubliés , un monde qui s’est replié dans un profond individualisme où l’autre est devenu un objet, un moyen…

N’ayons pas peur de la liberté que nous offre l’Évangile, ne pleurons pas les oignons d’Égypte. Osons aller à contre-courant des nombreux vœux que nous avons entendus ces derniers jours. Osons affirmer que notre bonheur et notre salut ne sont n’est pas dans une reprise hypothétique de l’économie de marché… mais bien dans une véritable démarche de fraternité.

Soyons chrétien… comme nous le demande le pape François : « Dans notre ville, dans notre communauté ecclésiale, sommes-nous libres ou sommes-nous esclaves, sommes-nous le sel et la lumière ? Sommes-nous levain ? Ou sommes-nous terne, insipide, hostile, découragé, fatigué et hors de propos ? » Osons un partage qui va au-delà de nos biens… osons un partage d’humanité…

Que cette année  soit la  prise de conscience de notre mission de chrétien au cœur d’un monde, de la responsabilité que nous avons à l’égard des hommes de ce temps. « Il faut donc une attitude quotidienne de liberté chrétienne pour avoir le courage de proclamer, dans notre Cité, qu’il faut défendre les pauvres et non se défendre des pauvres, qu’il faut servir les faibles et non se servir des faibles ! » (Pape François)

N’ayons pas peur de l’Évangile !
N’ayons pas peur de la Révolution à laquelle il engage!
Tournons le dos aux oignons d’Égypte !
Entrons dans la liberté des Enfants de Dieu ! 

Regard sur l’actualité

Noël bientôt

Si tu ne penses d'abord qu'à lorgner les vitrines

pour savoir ce que tu vas acheter pour tes gosses,

alors Noël c'est râpé.

Si tu succombes au désir de tes mômes

qui veulent une voiture de police,

une mitraillette en plastique

et la panoplie du para,

Noël c'est râpé.

Si tu as déjà acheté le Petit Jésus en sucre

et ses parents en chocolat sans oublier

un seul de ses bestiaux en caramel de la crèche,

Noël c'est râpé.

Si tu commences à dresser la liste des gens à inviter

en prenant soin d'exclure les chiants, les emmerdeurs,

ceux et celles qui vont troubler la fête tranquille,

Noël c'est râpé.

Si tu ne prends pas le temps de méditer durant cet Avent

le merveilleux mystère de la nuit de Noël

la pauvreté de l'enfant Jésus,

le dénuement absolu des immigrés qui sont ses parents,

Noël c'est râpé.

Mais si tu lorgnes déjà le jeune couple de chômeurs

de ton immeuble qui, sans toi, fêterait cette nuit-là

dans un peu plus de détresse et de solitude,

alors Noël c'est gagné.

Si tu n'attends pas pour dire à l'ancienne qui vit seule,

un mois à l'avance, qu'elle sera ton invitée

pour qu'elle savoure d'avance durant un mois

ces quelques heures où elle sera reine,

alors Noël c'est gagné.

Si tu prends la peine de réfléchir

à ce mystère d'amour et de pauvreté

qui, au cours des âges, a été défloré,

foulé au pied et travesti en fête égoïste,

fête de beuverie et de gueuleton,

alors Noël c'est gagné.

Si tu continues dans l'année qui vient

à vivre ce mystère en pensant que le partage

ce n'est pas seulement l'affaire d'une nuit,

alors Noël illuminera toute ton année.

Guy GILBERT

Aime à tout casser, p.217-218


Servir les pauvres, non pas se servir des pauvres !

Première vêpres de la solennité de Sainte Marie Mère de Dieu 2014 – Pape François

L’évêque de Rome exhorte la ville à mettre « les pauvres, les faibles et les marginalisés au centre des préoccupations », à « défendre les pauvres, et non pas se défendre contre les pauvres », à « servir les plus faibles et non pas se servir des faibles », lors de la célébration des premières vêpres de la solennité de sainte Marie Mère de Dieu, en la basilique Saint-Pierre, ce 31 décembre 2014.

Aujourd'hui la parole de Dieu nous introduit, de manière spéciale, dans la signification du temps, dans la compréhension que le temps n'est pas une réalité étrangère à Dieu, car Il a voulu se révéler et nous sauver dans l'histoire, dans le temps. La signification du temps, de la temporalité, c'est l'atmosphère de l'épiphanie de Dieu, c'est à dire de la manifestation du mystère de Dieu et de Son amour concret. En fait, le temps est le messager de Dieu, comme le disait saint Pierre Favre.

La liturgie d'aujourd'hui nous rappelle la phrase de l'apôtre Jean : « mes enfants, la dernière heure est arrivée » (1 Jn 2,18), et celle de saint Paul qui nous parle de la « plénitude des temps » (Ga 4,4). Donc, en ce jour il nous manifeste comment le temps qui a été – si l'on peut dire – « touché » par le Christ, le Fils de Dieu et de Marie, qui a reçu de Lui des significations nouvelles et surprenantes, est devenu le « temps salvateur », c'est à dire le temps définitif du salut et de la grâce.

C'est tout cela qui nous conduit à penser à la fin du chemin de la vie, à la fin de notre chemin. Il y eut un commencement et il y aura une fin, « un temps pour naître et un temps pour mourir » (Qo 3,2). Avec cette vérité, si simple et fondamentale mais si négligée et oubliée, la sainte mère l’Église nous enseigne de conclure l'année et aussi notre journée par un examen de conscience, à travers lequel nous re-parcourrons ce qui est arrivé ; remercions le Seigneur pour tous les biens que nous avons reçus et que nous avons pu accomplir et, de même, repensons à nos manques et à nos péchés. Remercier et demander pardon.

C'est ce que nous faisons aussi aujourd'hui au terme de l'année. Nous louons le Seigneur par le chant du Te Deum et dans le même temps nous Lui demandons pardon. L'attitude du remerciement nous prédispose à l'humilité, à reconnaître et accueillir les dons du Seigneur.

L'apôtre Paul reprend, dans la Lecture de ces Premières vêpres, le motif fondamental de notre action de grâce à Dieu : Il nous a fait ses enfants, il nous a adoptés comme ses enfants. Ce don qui n'est pas mérité nous remplit d'une gratitude pleine de stupeur ! Certains pourraient dire : « Mais ne sommes-nous pas déjà ses enfants, par le fait même d'être des hommes ? » C'est certainement parce que Dieu est le Père de chacun qu'il est venu dans le monde. Mais il ne faut pas oublier que nous nous sommes éloignés de Lui à cause du péché originel qui nous a séparés de notre Père : notre relation filiale est profondément blessée. C'est pour cela que Dieu a envoyé son Fils pour nous racheter au prix de Son sang. Et s'il y a un rachat, c'est parce qu'il y a un esclavage. Nous étions enfants, mais nous sommes devenus esclaves, en suivant la voix du Malin. Personne d'autre ne nous rachète de cet esclavage sinon Jésus, qui a assumé notre chair dans la Vierge Marie et qui est mort sur la croix pour nous libérer, nous libérer de l'esclavage du péché et nous restituer la condition filiale perdue.

La liturgie d'aujourd'hui rappelle aussi que, « au commencement était le Verbe… et le Verbe s'est fait homme ». C'est pour cela que saint Irénée affirme : « Car telle est la raison pour laquelle le Verbe s’est fait homme, et le Fils de Dieu, Fils de l’homme : c’est pour que l’homme, en entrant en communion avec le Verbe et en recevant ainsi la filiation divine, devienne enfant de Dieu » (Adversus heareses, 3,19,1 ; Cf. Catéchisme de l’Église Catholique, 460).

Le don même par lequel nous remercions est aussi une raison de faire un examen de conscience, de révision de vie personnelle et communautaire, de se demander : quel est notre manière de vivre ? Vivons-nous en enfants ou vivons-nous en esclaves ? Vivons-nous comme des personnes baptisées dans le Christ, unies par l'Esprit Saint, rachetées, libres ? Ou vivons-nous selon la logique mondaine, corrompue, faisant ce que le diable nous fait passer pour notre intérêt ? Il existe toujours dans notre chemin existentiel une tendance à résister à la libération ; nous avons peur de la liberté et, paradoxalement, inconsciemment nous préférons plus ou moins l'esclavage. La liberté nous effraie parce qu'elle nous met devant le temps et devant notre responsabilité de bien le vivre. Par contre, l'esclavage réduit le temps à « l'instant » et ainsi nous nous sentons plus sûrs, mais cela nous fait vivre des instants détachés de leur passé et de notre futur. Dit autrement, l'esclavage nous empêche de vivre pleinement et réellement le présent, parce qu'il le vide du passé et le ferme face au futur, face à l'éternité. L'esclavage nous fait croire que nous ne pouvons pas rêver, voler, espérer.

Il y a quelques jours, un grand artiste italien disait que pour le Seigneur ce fut plus facile de sortir les Hébreux d’Égypte que de sortir l’Égypte du cœur des Hébreux. Oui, ils avaient été libérés « matériellement » de l'esclavage, mais pendant la marche dans le désert, avec toutes les difficultés et avec la faim, ils commencèrent à éprouver de la nostalgie pour l’Égypte et à se rappeler quand « ils mangeaient… des oignons et de l'ail » (Cf. Ex 11,5) ; mais cependant ils oubliaient qu'ils en mangeaient à la table de l'esclavage. Dans notre cœur s'introduit la nostalgie de l'esclavage, en apparence plus rassurante que la liberté, qui est très risquée. Comme cela nous plaît d'être enfermés dans de nombreux feux d'artifice, beaux en apparence mais qui en réalité durent peu de temps ! C'est cela le règne, la fascination de l'instant !

De cet examen de conscience dépend aussi, pour nous chrétiens, la qualité de nos agissements, de notre manière de vivre, de notre présence dans la ville, de notre service pour le bien commun, de notre participation aux institutions publiques et ecclésiales.

Pour cette raison, et étant Évêque de Rome, je voudrais m'arrêter sur votre vie à Rome qui représente un grand don, parce que cela signifie habiter dans la cité éternelle. Pour un chrétien cela signifie faire partie de l’Église fondée sur le témoignage et sur le martyre des Saints Apôtres Pierre et Paul. Par conséquent remercions aussi le Seigneur de cela. Mais en même temps cela représente une grande responsabilité. Jésus a dit : « À ceux qui il a été beaucoup donné, il sera demandé beaucoup » (Lc 12,48). Donc demandons-nous : dans cette ville, dans cette Communauté ecclésiale, sommes-nous libres ou sommes-nous esclaves, sommes-nous sel et lumière ? Sommes-nous levain ? Ou alors sommes-nous éteints, insipides, hostiles, défiants, insignifiants et fatigués ?

Sans aucun doute les graves événements de corruption, récemment soulevés, demandent une conversion sérieuse et consciente des cœurs en vue d'une renaissance spirituelle et morale, et un engagement renouvelé pour construire une cité plus juste et solidaire, où les pauvres, les faibles et les marginaux sont au centre de nos préoccupations et de nos agissements quotidiens. Une grande attitude de liberté chrétienne est nécessaire au quotidien, afin d'avoir le courage de proclamer, dans notre Ville, qu'il faut défendre les pauvres, et non pas se défendre contre les pauvres, qu'il faut servir les faibles et ne pas se servir des faibles !

L'enseignement d'un simple diacre romain peut nous aider : quand ils demandèrent à saint Laurent d'amener et de montrer les trésors de l’Église, il amena tout simplement des pauvres. Dans une ville, quand les pauvres et les faibles sont soignés, secourus et aidés à être reçus dans la société, ils se révèlent être le trésor de l’Église et un trésor de la société. A l'inverse, quand la société ignore les pauvres, les persécutent, les criminalisent, les contraint à devenir mafieux, cette société s'appauvrit jusqu'à la misère, elle perd la liberté et préfère « l'ail et les oignons » de l'esclavage, de l'esclavage de son égoïsme, l'esclavage de sa lâcheté. Cette société cesse d'être chrétienne.

Chers frères et chères sœurs, conclure l'année revient à affirmer qu'il existe une « dernière heure » et qu'il existe la « plénitude des temps ». En conclusion de cette année, dans le remerciement et la demande du pardon, cela nous fera du bien de demander la grâce de pouvoir marcher libres pour pouvoir ainsi réparer tout le mal fait et pouvoir nous défendre contre la nostalgie de l'esclavage.

Que la Sainte Vierge, la Sainte Mère de Dieu qui est vraiment au cœur du Temple de Dieu, quand le Verbe – qui était au commencement – s'est fait un de nous dans le temps, que Celle qui a donné au monde le Sauveur, nous aide à L'accueillir avec un cœur ouvert, pour être et vivre vraiment libres, en tant qu'enfants de Dieu. Ainsi soit-il.

© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana

Et il se mit à danser

Il viendra, fiston, il ne saurait plus tarder

En communion avec les Carmélites du monastère du Mont Carmel (Israël, Haïfa), en cette Année Thérèse d'Avila (1515-2015), nous publions ce conte aimablement offert par une des sœurs.

« Il y avait à Jérusalem un homme du nom de Siméon » (Luc 2, 25)

Ce jour-là, j’étais un peu désœuvré, et je suis parti traîner là, vers le Temple, du côté du Parvis des Gentils. Des fois, on y voit des choses amusantes ! Des soi-disant prophètes qui haranguent la foule, des gamins délurés qui se faufilent partout en demandant « la tsedaka », des soldats romains qui traînent négligemment au cas où il se passerait quelque chose...

Mais là, il n’y avait pas grand monde. Les fêtes étaient loin, il faisait presque frisquet, bref, c’était un peu morne. J’ai failli partir, écœuré, quand je les ai vus sortir du Parvis des Femmes et se diriger vers la porte, celle-là même qui mène vers la ville basse. La jeune femme était jolie et le petiot devait avoir à peine un peu plus d’un mois. Le papa les tenait enveloppés de son grand manteau, et avait un sourire... Mais somme toute, c’étaient des gens comme il en vient beaucoup, un pauvre, bien pauvre couple apparemment, pas vraiment intéressant. Ce qui m’a arrêté, ce n’était pas tellement eux, c’était le vieux Siméon.

Qui ne connaît pas Siméon, dans Jérusalem ? Siméon, c’est un monument ! Au moins autant que le Temple lui-même. Le jour où il ne sera plus là, et vu son âge, ça ne tardera plus beaucoup, les habitués, ceux qui viennent comme moi se distraire en observant le trafic du Temple, il leur manquera quelque chose.

Pauvre vieux ! Il traîne douloureusement ses pattes de vieux, tout perclus qu’il doit être de rhumatismes, mais il est toujours là, comme s’il attendait quelque chose. Ou quelqu’un. Des fois, les gamins se moquent de lui en lui criant : « Alors, Siméon, ce Messie, il vient, oui ? » Et Siméon hoche la tête et répond avec un bon sourire : « Il viendra, fiston, il ne saurait plus tarder. » Puis il va s’asseoir dans un coin du Parvis des Gentils, toujours sur le même banc de pierre, et l’on voit bien que tous ses os lui font mal ! Alors, les garnements lui crient : « Va donc te reposer, Siméon, si le Messie vient, on ira te chercher ! » Et ils filent en s’esclaffant.

Or ce matin, en voyant le jeune couple sortir du Parvis des Femmes, Siméon s’élança soudain comme s’il avait vingt ans. Comme s’il n’avait pas mal du tout. Comme s’il était un tout jeune homme qui s’élance à la rencontre de sa promise. Il s’arrêta devant la jeune femme, lui tendit les bras en disant quelque chose que, de loin, je n’ai pas pu entendre. Elle posa le petit dans les bras de ce vieux, et puis... puis un miracle se produisit, ou presque : Siméon se mit à danser. Là, sur ce Parvis des Gentils, un peu vide ce jour-là dans le matin frais, parmi les quelques changeurs de monnaie et vendeurs d’animaux pour les sacrifices, un vieillard dansait une danse sacrée.

Il dansait comme dansent les vieux juifs au dernier jour de la Convocation d’automne ; une danse joyeuse et grave à la fois, danse d’amour et de reconnaissance pour le don de Dieu. Mais au lieu du Sefer-Torah, il tenait dans ses bras cet enfant de Galilée.

Il dansait avec l’Enfant, sur ce parvis, et en le voyant, je sentais monter en moi la certitude que cet enfant était plus précieux encore que le Sefer-Torah, qu’il était, lui aussi, une Parole de Dieu, peut-être même LA Parole de Dieu, le don ultime, merveilleux dont la danse du vieillard rendait grâce.

Le vieil homme dansait, dansait toujours, et en moi montaient doucement les paroles que je venais de prononcer dans la prière de ce matin : Shema, Israël, Adonaï Elohenou, Adonaï ehad... Et puis, curieusement, cette autre prière qui n’était pas vraiment « de saison » : Avinou, Malkénou - Notre Père, notre Roi... Et là, je ne pouvais pas continuer, mon esprit s’arrêtait à ce seul mot : Malkénou... Malkénou... Malkénou... Roi...

Et le vieillard dansait toujours.

Et dans sa danse, je voyais se dérouler devant mes yeux toutes les fêtes d’automne : la fête austère de Roch-ha-Shana et des jours redoutables - et le vieillard dansait avec la Création qui gémit et pleure le péché de l’homme et aspire avec lui à la Rédemption ; puis la joie grave et profonde du soir du Kippour où le pardon est accordé et tout homme est renouvelé - mais dans sa danse sacrée il y avait plus que ce pardon, il y avait comme une rédemption infinie qu’aucune fête de Kippour ne pouvait donner ; et puis, il dansait pour la semaine des Tentes, le rappel du désert, la joie de la libération, et les palmes s’agitaient et le cri montait presque seul du cœur aux lèvres : Baruh haba beshem Adonaï...

Et le vieillard dansait, dansait toujours, et sa danse devenait comme un rappel de l’antique promesse de Zacharie, celle que j’avais tant de fois entendue ici même au dernier jour des Tentes : Ces jours-là, l’eau vive jaillira dans Jérusalem... Et je savais que le vieillard dansait pour cette eau vive, et que l’enfant dans ses bras avait quelque chose à voir avec cette source, comme il avait eu quelque chose à voir avec l’acclamation royale - Hoshana, baruch haba -, et comme il avait eu à voir avec le Grand Pardon, et avec les jours de la supplication, et avec le cri de détresse de la création tout entière...

Et le vieillard dansait, dansait toujours, et l’enfant dans ses bras ressemblait de plus en plus au Sefer-Torah, la Parole divine, le Don définitif. Tandis qu’en moi, cet unique mot revenait encore, le seul que je pouvais prononcer : Malkénou, notre Roi...

Puis soudain le vieillard s’arrêta devant la jeune femme, lui rendit l’enfant. Il dit quelque chose. De nouveau, trop loin, je n’ai pu entendre. Mais cela devait être terrible, parce que j’ai vu la jeune femme chanceler, et son mari, lui poser avec un geste de tendresse et presque de vénération sa main sur l’épaule, l’enveloppant de son manteau.

Puis ils sont partis...

Tiens, c’est vrai, maintenant que j’y pense, je n’ai plus revu le vieux Siméon au Temple depuis ce jour-là !

© Zenit.org

Histoire des Filles de la Charité du Sacré Cœur de Jésus en Polynésie

Année de la Vie consacrée

Nous continuons notre parcours de l’histoire des Congrégations religieuses en Polynésie dans le cadre de l’Année de la Vie consacrée

Tahiti

Tahiti constitue un volet de l'histoire missionnaire récente des Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus à l'extérieur du pays. La fondation de Tahiti s'incarne dans des événements racontés par les actrices elles-mêmes de qui nous avons recueilli les informations.

En 1969, Sœur Marielle Fortier, demandée par une Sœur Missionnaire de Notre-Dame des Anges pour donner des cours en mathématiques aux professeurs de leurs écoles à Tahiti, part accompagnée de Sœur Estelle Jacques. Cette dernière aidera les professeurs à l'application de la méthode dynamique au primaire. Un mois plus tard, elles reviennent toutes deux au Québec. Cependant, Sœur Estelle y retournera la même année dans le but de faire une recherche pour un mémoire ; il s'agit de l'application de la méthode dynamique dans un autre pays francophone de culture différente de celle du Québec. Elle y séjourne une année, renouvelle la demande pour une deuxième année puis pour une troisième année. Sœur Estelle manifeste alors à Sœur Marie-Anne Gendron, supérieure provinciale, le désir qu'il y ait une communauté des F.C.S.C.J. à Tahiti.

Entre-temps, à la période des vacances d'été, en 1970, Sœur Germaine Pouliot et, en 1971, Sœur Raymonde Picard offrent aux enseignantes de Tahiti et des Îles des sessions de formation pédagogique en français.

Démarche d'investigations

En mai 1972, après un séjour au Québec, Sœur Estelle Jacques retourne à Tahiti accompagnée de Sœur Hélène Parent mandatée par la Supérieure provinciale, Sœur Marie-Anne Gendron, et son conseil, pour mener une investigation auprès de l'Évêque de Tahiti, Mgr Michel Coppenrath. Le but : connaître les besoins qu'il perçoit pour son diocèse et voir s'il y a lieu d'y établir une communauté.

Sœur Hélène Parent reçoit une réponse positive de l'Évêque. « Oui, dans mon diocèse, il y a toujours de la place pour de l'apostolat chez les polynésiens. Nous aurions besoin de personnes compétentes pour donner de la formation aux tahitiens/tahitiennes qui pourraient par la suite assurer l'enseignement de la catéchèse dans leur paroisse. » Puis, après avoir exprimé son désir qu'une infirmière se rende dans l'île de Hao dans les Tuamotu, il oriente Sœur Hélène vers Madame Mathilde Frébeault, directrice de l'Hôpital de Mamao. Celle-ci l'accueille avec intérêt et lui dit qu'elle préfère plutôt une infirmière dans les îles Gambiers à Rikitea.

Enfin, Sœur Hélène se dirige chez le Président de la Polynésie française, Monsieur Gaston Flosse, de qui elle reçoit aussi un accueil favorable. Il lui manifeste tout de suite son désir de fonder une crèche et lui demande si la communauté ne pourrait pas fournir une personne compétente pour en assurer la direction. Il est prêt à construire.

Sœur Hélène revient donc au Canada avec un bagage intéressant d'informations. Elle présente à Sœur Marie-Anne Gendron et son conseil le résultat de ses entrevues.

Implantation à Pirae

Sœur Marie-Anne, ouverte à l'idée d'une communauté F.C.S.C.J. à Tahiti et après les démarches nécessaires, prend avec son conseil la décision d'une fondation à Pirae.

Sœur Estelle demeure à Tahiti. Elle assume déjà la direction du bureau pédagogique de l'enseignement catholique à Papeete et la direction de l'école primaire Saint-Michel à Pirae.

Le 21 décembre 1972, avec l'arrivée de Sœur Jacqueline Bédard, s'ouvre à Tahiti la première communauté F.C.S.C.J. Avec des moyens restreints, Sœur Jacqueline s'active à aménager un habitat convenable dans l'ancien presbytère de Pirae.

Diversification des œuvres

  • En juin 1973, Sœur Carmelle Bouchard vient prendre la direction de la crèche. Elle est accompagnée de Sœur Cécile Turgeon qui, après un cours de sage-femme à l'hôpital de Mamao, doit partir pour les Gambiers le 3 octobre de la même année avec une sœur de la communauté locale de Jésus-Sauveur. Déception : elle aurait préféré se rendre à Hao plus près de Tahiti et plus facile d'accès. Les moyens pour se rendre aux Gambiers, soit par avion régulier, soit par avion militaire, étant limités, accentuent les difficultés de communications. Le 27 juillet 1973, Sœur Céline Paquin vient seconder Sœur Carmelle à la crèche de Pirae.
  • Le 23 novembre de la même année arrivent à Tahiti, Sœur Hélène Parent et Sœur Denise Lessard pour prendre la responsabilité de la catéchèse, et Sœur Gisèle Bégin pour accompagner Sœur Cécile Turgeon aux Gambiers et pour y donner de la catéchèse aux jeunes. Le Père résidant n'accepte pas ses méthodes d'enseignement de la catéchèse (trop modernes), basées sur l'Amour et l'épanouissement de l'enfant. Il est encore à l'heure des menaces d'un Dieu vengeur. La relation est difficile, Sœur Gisèle reçoit davantage de soutien de la part du directeur de l'école publique. Elle apporte aussi une aide à Sœur Cécile Turgeon et étudie la langue.
  • Le 24 février 1974, en remplacement de Sœur Estelle, Sœur Jocelyne Gauthier accepte la direction de l'école primaire Saint-Michel et de la maternelle à Pirae.
  • En août 1974, de retour de Rikitea, Sœur Gisèle travaille en catéchèse avec le comité diocésain. Elle suit des cours en langue tahitienne et traduit un catéchisme dans cette langue.
  • En 1977, Sœur Marcelle Vigneux succède à Sœur Marie-Anne Gendron comme Supérieure provinciale. Elle visite les sœurs à Tahiti et prend connaissance de la mission.
  • En 1978, Sœur Gisèle prend en main la direction de la librairie catholique Pureora.
  • Le 30 juillet 1979, Sœur Yvette Laprise rejoint la communauté. À son arrivée, un travail en pastorale familiale lui est confié par Mgr Michel Coppenrath. Elle fait un essai d'étude de la langue et offre une aide précieuse aux familles dans le besoin. Elle ira dans tous les archipels et même jusque dans les Australes à Tubuai. Elle sera accompagnée par M. Maurice Guitteny qui sera son interprète.
  • En 1979, Sœur Denise Lessard ouvre un foyer vocationnel à Papeete.
  • En août 1981, Sœur Jocelyne quitte la direction de l'école Saint-Michel pour prendre la responsabilité du Centre de la Fraternité chrétienne des handicapés à Papeete.

Période de réajustements

  • Au cours des années 72-80, les départs définitifs de Tahiti pour diverses raisons ont diminué les effectifs. Sœur Micheline Busque est nommée pour venir aider à la catéchèse et arrive à Tahiti le 2 novembre 1981. Dès l'année suivante, elle doit s'initier à la librairie en remplacement de Sœur Gisèle Bégin retournée au Canada pour des raisons de santé.
  • À compter du 12 février 1986, Sœur Irène Chauvette prête main-forte à la communauté de Pirae, étant donné le repos de Sœur Jacqueline Bédard au Canada.
  • En 1986 également, on ouvre un noviciat à Pirae : Sœur Denise Lessard assume la responsabilité de la formation.
  • En 1986, Sœur Huguette Allard fait appel à des « volontaires », (au moins deux sœurs), pour la mission de Tahiti : pas de réponse, puis Sœur Rita Lepitre offre ses services. Sœur Huguette se met en devoir de trouver une autre sœur pour partir avec Sœur Rita. Elle fait alors une demande à Sœur Claire Jubinville. Après un discernement, Sœur Claire accepte. Elles s'envolent donc toutes deux le 15 novembre 1987 pour arriver le lendemain. Sœur Rita travaillera en catéchèse et Sœur Claire, après un début à la Librairie, s'orientera vers l'enseignement spécialisé à la Fraternité Chrétienne des handicapés, enfants et adolescents.
  • En septembre 1988, première profession à Tahiti, il s'agit de Sœur Maria-Andrée Huveke, marquisienne. Elle avait terminé une étape de formation de six mois au Québec.
  • En octobre 1988, Sœur Jacqueline Bédard, Sœur Rita Lepitre et Sœur Claire Jubinville ouvrent une nouvelle communauté dans la commune de Mahina.
  • En 1991 vient s'ajouter, à la Fraternité chrétienne des handicapés, un nouveau pavillon pour permettre à des adolescents de 14 à 20 ans de faire des apprentissages professionnels. il portera le nom « Pavillon Jocelyne Gauthier ». L'Association désire vivement la présence de Sœur Jocelyne pour l'inauguration. Un billet de voyage aller-retour lui est offert. Sœur Jocelyne accepte.
  • En 1992, avait lieu à la chapelle du camp militaire d'Arue l'engagement des premiers associés de Tahiti.
  • En 1994, la désaffectation de la cantine scolaire de l'école Saint-Michel met les responsables de l'APEL (Association des parents des élèves) dans l'obligation de reprendre les locaux de la résidence des religieuses. Ces dernières quittent donc les lieux pour aménager à Arue.
  • En 1998, Sœur Huguette Sénécal, Supérieure provinciale se rend à Tahiti et reçoit les vœux définitifs de Sœur Marie-Andrée Huveke. À cette même occasion, comme à chacune des visites des supérieures provinciales, elle rencontre les autorités religieuses du diocèse, les sœurs d'Arue et les membres associés.
  • En 2002, les associés de Tahiti fêtent leur 10e anniversaire d'engagement dans la congrégation des F.C.S.C.J.
  • En 2005, à la demande de Sœur Suzelle Roberge, supérieure provinciale, Sœur Monique Bourdeau accepte de vivre une expérience d'un an de présence à Tahiti.
  • En 2007, à l'occasion de leur 15e anniversaire, des associés se rendront au Québec et vivront les fêtes du 100e anniversaire de l'arrivée des F.C.S.C.J. en terre québécoise.

Situation en 2007

Présentement, demeurent à Tahiti Sœur Micheline Busque pour la direction de la librairie diocésaine et Sœur Maria-Andrée Huveke pour l'enseignement catholique. Toutes deux assument également la formation des catéchistes à Tahiti et dans les îles.

Tout au long de cette période de 1969 à aujourd'hui, nos Supérieurs provinciales et nos Supérieures générales ont été un soutien très apprécié à cette mission en étant présentes et attentives au vécu des sœurs. La communication a été grandement facilitée par les nouvelles technologies. (téléphonie, télécopieur, courriel électronique)

Les œuvres des F.C.S.J.C. à Tahiti et dans les Îles

Idéal : Être porteuse du message de Jésus par la vie de foi, de prière et d'action, « Vivre AVEC, Être AVEC »1. Se faire toutes à toutes et à tous.

Préoccupation majeure

Au Québec, dans les années 70, le mouvement d'éveil à la promotion de la personne prenait son essor. Rappelons-nous simplement les changements survenus dans la société et les multiples adaptations de la vie religieuse pour y répondre. Les sœurs partant pour Tahiti en étaient fortement influencées de sorte que la dimension FORMATION des intervenant-e-s dans cet esprit a toujours été un souci constant, particulièrement dans la catéchèse, la pastorale familiale et l'enseignement sans oublier les autres secteurs tels : le foyer vocationnel, le noviciat, le nursing, la librairie religieuse, la cantine, les cours dispensés au Grand Séminaire, les associés, la léproserie.

En 2007, les Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus ont définitivement quitté la Polynésie française.

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1   Expression extraite d'une lettre de Sœur Hélène Parent, janvier 1974, Archives de la maison provinciale.

© Congrégation des F.C.S.C.J.

Méditation sur la Parole

Homélie du Pape François pour l’Épiphanie 2014

 « Lumen requirunt lumine ». Cette expression suggestive d’un hymne liturgique de l’Épiphanie se réfère à l’expérience des Mages : en suivant une lumière ils recherchent la lumière. L’étoile apparue dans le ciel allume dans leur esprit et dans leur cœur une lumière qui les pousse à la recherche de la grande Lumière du Christ. Les Mages suivent fidèlement cette lumière qui les envahit intérieurement, et ils rencontrent le Seigneur.

Dans ce parcours des Mages d‘Orient se trouve symbolisé le destin de tout homme : notre vie est un cheminement, nous qui sommes illuminés par les lumières qui éclairent la route, pour trouver la plénitude de la vérité et de l’amour, que nous chrétiens nous reconnaissons en Jésus, Lumière du monde. Et tout homme, comme les Mages, a à sa disposition deux grands « livres » d’où tirer les signes pour s’orienter dans le pèlerinage : le livre de la création et le livre des saintes Écritures. L’important est d’être attentifs, de veiller, d’écouter Dieu qui nous parle, qui nous parle toujours. Comme dit le psaume, se référant à la Loi du Seigneur : « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » (Ps 119, 105). Écouter l’Évangile, le lire, le méditer et en faire notre nourriture spirituelle nous permet spécialement de rencontrer Jésus vivant, d’apprendre de lui et de son amour.

La première lecture fait résonner, par la bouche du prophète Isaïe, l’appel de Dieu à Jérusalem : « Debout, resplendis ! » (60, 1). Jérusalem est appelée à être la ville de la lumière, qui reflète sur le monde la lumière de Dieu et aide les hommes à marcher sur ses voies. C’est la vocation et la mission du Peuple de Dieu dans le monde. Mais Jérusalem peut manquer à cet appel du Seigneur. L’Évangile nous dit que les Mages, quand ils parvinrent à Jérusalem, perdirent un peu de vue l’étoile. Ils ne la voyaient plus. En particulier, sa lumière est absente dans le palais du roi Hérode : cette demeure est ténébreuse, l’obscurité, la méfiance, la peur, la jalousie y règnent. En effet, Hérode se montre soupçonneux et préoccupé par la naissance d’un Enfant fragile qu’il ressent comme un rival. En réalité Jésus n’est pas venu pour le renverser lui, pauvre fantoche, mais le Prince de ce monde ! Toutefois, le roi et ses conseillers sentent craquer les structures de leur pouvoir, ils craignent que soient retournées les règles du jeu, démasquées les apparences. Tout un monde édifié sur la domination, sur le succès et sur l’avoir, sur la corruption, est mis en crise par un Enfant ! Et Hérode en arrive à tuer les enfants : « Tu assassines ces faibles corps parce que la peur assassine ton cœur » – écrit saint Quodvultdeus (Disc. 2 sur le Symbole). C’est ainsi : il avait peur, et par cette peur il devient fou.

Les Mages surent dépasser ce moment dangereux d’obscurité auprès d’Hérode, parce qu’ils crurent aux Écritures, à la parole des prophètes qui indiquait à Bethléem le lieu de la naissance du Messie. Ainsi ils échappèrent à la torpeur de la nuit du monde, ils reprirent la route vers Bethléem et là ils virent de nouveau l’étoile, et l’Évangile dit qu’ils éprouvèrent « une très grande joie » (Mt 2, 10). Cette étoile qui ne se voyait pas dans l’obscurité de la mondanité de ce palais.

Un aspect de la lumière qui nous guide sur le chemin de la foi est aussi la sainte « ruse ». C’est aussi une vertu, la sainte « ruse ». Il s’agit de cette rouerie spirituelle qui nous permet de reconnaître les dangers et de les éviter. Les Mages surent utiliser cette lumière de « ruse » quand, sur la route du retour, ils décidèrent de ne pas passer par le palais ténébreux d’Hérode, mais de prendre un autre chemin. Ces sages venus d’Orient nous enseignent comment ne pas tomber dans les pièges des ténèbres et comment nous défendre de l’obscurité qui cherche à envelopper notre vie. Eux, avec cette sainte « ruse » ont gardé la foi. Et nous aussi nous devons garder la foi. La garder de cette obscurité. Mais aussi, souvent, une obscurité revêtue de lumière ! Parce que le démon, dit saint Paul, s’habille en ange de lumière, certaines fois. Et ici, la sainte « ruse » est nécessaire pour garder la foi, la garder des chants des Sirènes, qui te disent : « Regarde, aujourd’hui nous devons faire ceci, cela… » Mais la foi est une grâce, elle est un don. Il nous revient de la garder avec cette sainte « ruse », avec la prière, avec l’amour, avec la charité. Il faut accueillir dans notre cœur la lumière de Dieu et, en même temps, cultiver cette ruse spirituelle qui sait unir simplicité et astuce, comme demande Jésus à ses disciples : « Soyez prudents comme les serpents, et candides comme les colombes » (Mt 10, 16).

En la fête de l’Épiphanie, où nous rappelons la manifestation de Jésus à l’humanité dans le visage d’un Enfant, nous sentons près de nous les Mages, comme de sages compagnons de route. Leur exemple nous aide à lever les yeux vers l’étoile et à suivre les grands désirs de notre cœur. Ils nous enseignent à ne pas nous contenter d’une vie médiocre, « sans envergure », mais à nous laisser toujours fasciner par ce qui est bon, vrai, beau… par Dieu, que tout cela il est de façon toujours plus grande ! Et ils nous enseignent à ne pas nous laisser tromper par les apparences, par ce qui pour le monde est grand, sage, puissant. Il ne faut pas s’arrêter là. Il est nécessaire de garder la foi. À notre époque cela est très important : garder la foi. Il faut aller au-delà, au-delà de l’obscurité, au-delà de l’attrait des Sirènes, au-delà de la mondanité, au-delà de tant de modernités qui existent aujourd’hui, aller vers Bethléem, là où, dans la simplicité d’une maison de périphérie, entre une maman et un papa pleins d’amour et de foi, resplendit le Soleil venu d’en-haut, le Roi de l’univers. À l’exemple des Mages, avec nos petites lumières, cherchons la Lumière et gardons la foi. Qu’il en soit ainsi !

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