PKO 03.05.2015

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°27/2015
Dimanche 3 mai 2015 – 5ème Dimanche du Temps de Pâques – Année B

Qui imagine qu’un sans-abri puisse être un saint ?

 

« Qui imagine qu’un sans-abri soit quelqu’un de qui on puisse apprendre ? Qui imagine qu’il puisse être un saint ? » (Pape François)

Evènement la semaine dernière à Papeete… dans le monde des « SDF ». Un ami de Dieu a célébré son cinquantième anniversaire avec eux… Il avait lancé une invitation à cinquante d’entre eux pour un repas dans un bon restaurant de la place… Voilà nos amis de la rue assis royalement autour de la grande table… nappes, serviettes en tissu… Un moment d’émotion pour eux et pour l’heureux cinquantenaire…

« Pourquoi dépenser tant d’argent si futilement ? On aurait pu nourrir bien plus de monde ! » aurait dit Juda à Jésus…

À cela Saint Grégoire de Nysse répondrait : « Considérez bien qui sont les pauvres dans l’Évangile et vous découvrirez leur dignité : ils ont revêtu le visage du Seigneur. Dans sa miséricorde, il leur a donné son visage ». Mais est-ce vraiment une réalité pour nous ? Le pauvre de Polynésie est-il vraiment le visage du Seigneur ?

Sans cesse le Pape François nous ramène à ce message essentiel de l’Évangile… la dignité du pauvre… qu’en faisons-nous ? S’adressant à des SDF de Rome, cette semaine il a dit : « Vous n’êtes pas un poids pour nous. Vous êtes la richesse sans laquelle nos tentatives pour découvrir le visage du Seigneur sont vaines ». Est-ce une réalité en Polynésie ?

40% de la population de Polynésie vit avec moins de 40 000 xfp par mois. Cette vérité a fait la une des journaux il y a quelques années… avons-nous changé nos façons de vivre ? Avons-nous au moins seulement changé le regard que nous portons sur les pauvres ? Rien ou si peu…

Nuutania, la prison la plus surpeuplée de France… la « honte de la République » comme avait osé le dire, il y a quelques années, un Haut-Commissaire… sommes-nous révoltés du fait que nos enfants y sont parqués comme des bêtes, dépouillés de toute dignité, ou nous résignons-nous à cet état de fait, façon Ponce Pilate, en disant : « La nouvelle prison va bientôt ouvrir ».

Il y a quelques années, nous avions été offusqué parce qu’un pseudo-artiste avait présenté au festival d’Avignon un Christ en croix plongé dans de l’urine… Notre indifférence face à la misère grandissante de nos concitoyens, l’inhumanité de la condition de détention de nos frères n’est-elle pas plus sacrilège encore ?

« Sur la terre, le Christ est indigent dans la personne de ses pauvres. Il faut donc craindre le Christ du ciel et le reconnaître sur la terre : sur terre, il est pauvre ; au ciel, il est riche. Dans son humanité, il est monté au ciel où il est riche, mais il reste encore ici parmi nous dans le pauvre qui souffre ». (Saint Augustin)

Un samedi matin, deux personnes viennent à la messe de 5h50, l’une d’elles est en chaise roulante. Les barrières fermant l’accès à la rue pour la nuit, côté presbytère, sont encore en place. Un SDF, voyant le « chauffeur » sortir pour les déplacer,  accourt pour les retirer et les remettre en place aussitôt le véhicule passé… s’arrête-t-il là ? Non, le voilà qui court vers ses compagnons dormant sur la rampe d’accès handicapé de la Cathédrale pour les réveiller en disant: « Levez-vous, il y a une handicapée qui arrive ! » Qui est saint ? Qui nous apprend l’Évangile à l’autre ?

« Comme je voudrais que Rome [Papeete] puisse briller de pitié pour ceux qui souffrent…, de disponibilité, de sourire et de magnanimité pour ceux qui ont perdu l’espérance. Comme je voudrais que l’Église de Rome [Papeete] se montre toujours plus une mère attentive et prévenante envers les faibles… Comme je voudrais que les communautés paroissiales en prière, quand un pauvre entre dans l’église, se mettent à genoux en vénération, de la même manière que quand c’est le Seigneur qui entre ! Comme je voudrais cela, que l’on touche la chair du Christ présent dans les personnes démunies de cette ville ! » (Pape François)

Chronique de la roue qui tourne

La Méditerranée… le cimetière populaire…

Il y a deux semaines, un bateau a coulé au large de la Méditerranée. Fait divers parmi tant d'autres ? Hélas ! Le bateau transportait plus de 700 migrants qui tentaient de rejoindre le vieux continent. Seules 28 personnes ont été repêchées vivantes. Et comme si l'horreur ne suffisait pas, cette tragédie intervient une semaine après un premier naufrage où 400 personnes ont trouvé la mort.

Ces personnes, originaires d'Afrique de l'Est, se sont rejoints au Nord, en Lybie plus précisément, pour embarquer. Le pays, depuis la chute de Kadhafi, connaît une véritable anarchie. Tout le monde se revendique « chef » mais personne n'a la légitimité. Et dans tout ce chaos, leur principale préoccupation reste le contrôle du pétrole. C'est dans cette ambiance que « des passeurs » ont créé toute une économie : une fortune pour l'espoir d'une vie meilleure. Nombreux sont ceux qui se bousculent pour embarquer sur ces « bateaux de la mort ». Avec leur vie, le désespoir est devenu plus fort que la peur de la mort.

L'appel du Pape François « à la communauté internationale, pour qu’elle agisse avec décision et diligence, afin que de telles tragédies ne puissent plus se reproduire » est plus que légitime et doit être entendu rapidement. Que serions-nous si nous restions passifs devant cette situation ? Et combien de victimes faut-il pour réveiller nos consciences ?

De plus, sommes-nous sûrs d'être innocents dans l'histoire, nous qui avons participé activement à la chute de Kadhafi ? Sans vouloir remettre en question cette action, nous sommes arrivés la main sur le cœur et avec toute notre bonne volonté, mais nous avons laissé derrière nous que ruines et désolation. Oui, en voulant jouer à « Zorro », nous avons, malgré nous, créé un « autre désespoir ». Nous sommes redoutables en temps de guerre mais si lamentables lorsqu'il faut reconstruire.

Il devient urgent de se remettre en question et d'assumer nos responsabilités, au risque de voir la Méditerranée devenir le cimetière populaire de nos erreurs, où nul ne pourra se recueillir.

La chaise masquée

 

Le chef-d’œuvre de la société, c’est la famille !

Audience générale du mercredi 29 avril 2015 – Pape François

« Le chef-d’œuvre de la société, c’est la famille : l’homme et la femme qui s’aiment ! Voilà le chef-d’œuvre ! », s’est exclamé le pape François dans sa nouvelle catéchèse sur la famille.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Après avoir considéré les deux récits du livre de la Genèse, notre réflexion sur le dessein originel de Dieu sur le couple homme-femme porte maintenant directement sur Jésus.

Au début de son Évangile, l’évangéliste Jean raconte l’épisode des noces de Cana, où étaient présents la Vierge Marie et Jésus, avec ses premiers disciples (cf. Jn 2, 1-11). Non seulement Jésus a participé à ce mariage, mais il « a sauvé la fête » par le miracle du vin ! Le premier de ses signes prodigieux, par lesquels il révèle sa gloire, il l’a donc accompli dans le contexte d’un mariage, et cela a été un geste de grande sympathie à l’égard de cette famille naissante, sollicité par l’attention maternelle de Marie. Cela nous rappelle le livre de la Genèse, quand Dieu termine l’œuvre de la création et fait son chef-d’œuvre : ce chef-d’œuvre, c’est l’homme et la femme. Et ici, Jésus commence précisément ses miracles par ce chef-d’œuvre, pendant un mariage, à des noces : un homme et une femme. Jésus nous enseigne ainsi que le chef-d’œuvre de la société est la famille : l’homme et la femme qui s’aiment ! Voilà le chef-d’œuvre !

Depuis les temps des noces de Cana, beaucoup de choses ont changé, mais ce « signe » du Christ contient un message toujours valide.

Il semble qu’il ne soit pas facile aujourd’hui de parler du mariage comme d’une fête qui se renouvelle dans le temps, aux différentes saisons de toute la vie des époux. C’est un fait que les personnes qui se marient sont de moins en moins nombreuses ; c’est un fait : les jeunes ne veulent pas se marier. Dans beaucoup de pays, en revanche, le nombre des séparations augmente, tandis que le nombre des enfants diminue. La difficulté à rester ensemble – que ce soit en tant que couple ou en tant que famille – pousse à rompre les liens de façon de plus en plus fréquente et rapide, et les enfants sont justement les premiers à en subir les conséquences.

Mais pensons que les premières victimes, les victimes les plus importantes, les victimes qui souffrent le plus d’une séparation sont les enfants. Si tu expérimentes depuis ton enfance que le mariage est un lien « à temps déterminé », inconsciemment ce sera la même chose pour toi. En effet, beaucoup de jeunes sont portés à renoncer au projet même d’un lien irrévocable et d’une famille qui dure. Je crois que nous devons réfléchir très sérieusement à la raison pour laquelle tant de jeunes « n’ont pas envie » de se marier. Il y a cette culture du provisoire… tout est provisoire, il semble qu’il n’y ait rien de définitif.

Ces jeunes qui ne veulent pas se marier sont une des préoccupations qui émergent aujourd’hui : pourquoi les jeunes ne se marient-ils pas ? Pourquoi préfèrent-ils souvent cohabiter, et la plupart du temps « à responsabilité limitée » ? Pourquoi beaucoup – y compris parmi les baptisés – ont-ils peu de confiance dans le mariage et dans la famille ? C’est important d’essayer de comprendre, si nous voulons que les jeunes puissent trouver le bon chemin à parcourir. Pourquoi n’ont-ils pas confiance dans la famille ?

Les difficultés ne sont pas seulement d’ordre économique, même si celles-ci sont vraiment sérieuses. Beaucoup considèrent que le changement qui s’est produit ces dernières décennies a été provoqué par l’émancipation de la femme. Mais cet argument non plus n’est pas valide, c’est faux, ce n’est pas vrai ! C’est une forme de machisme, qui veut toujours dominer la femme. Nous faisons la même tête qu’Adam quand Dieu lui a dit : « Mais pourquoi as-tu mangé du fruit de l’arbre ? » et lui : « La femme me l’a donné ». Et c’est la faute de la femme. Pauvre femme ! Nous devons défendre les femmes ! En réalité, presque tous les hommes et toutes les femmes voudraient une sécurité affective stable, un mariage solide et une famille heureuse. La famille est en tête de tous les indices parmi les jeunes ! Mais par peur de se tromper, beaucoup ne veulent même pas y penser ; même s’ils sont chrétiens, ils ne pensent pas au mariage sacramentel, signe unique et inégalable de l’alliance, qui devient un témoignage de foi. C’est peut-être justement cette peur de l’échec qui est le plus grand obstacle à l’accueil de la parole du Christ, qui promet sa grâce à l’union conjugale et à la famille.

Le témoignage le plus convaincant de la bénédiction du mariage chrétien est la vie bonne des époux chrétiens et de la famille. Il n’existe pas de meilleure façon de dire la beauté du sacrement ! Le mariage consacré par Dieu garde ce lien entre l’homme et la femme que Dieu a béni dès la création du monde ; et il est source de paix et de bien pour toute la vie conjugale et familiale. Par exemple, dans les premiers temps du christianisme, cette grande dignité du lien entre l’homme et la femme a triomphé d’un abus considéré alors comme tout à fait normal, à savoir le droit des maris à répudier leur femme, même sous les prétextes les plus fallacieux et humiliants.

L’Évangile de la famille, l’Évangile, qui annonce précisément ce sacrement, a triomphé de cette culture habituelle de la répudiation.

La semence chrétienne de l’égalité radicale entre les époux doit porter aujourd’hui de nouveaux fruits. Le témoignage de la dignité sociale du mariage deviendra convainquant précisément par cette voie, la voie du témoignage qui attire, la voie de la réciprocité entre eux, de la complémentarité entre eux.

C’est pourquoi, en tant que chrétiens, nous devons devenir plus exigeants à cet égard. Par exemple : soutenir avec détermination le droit à un salaire égal pour un travail égal ; pourquoi considère-t-on comme acquis que les femmes doivent gagner moins que les hommes ? Non ! Elles ont les mêmes droits. La disparité est un pur scandale ! En même temps, reconnaître comme une richesse toujours valide la maternité des femmes et la paternité des hommes, surtout dans l’intérêt des enfants. De même, la vertu de l’hospitalité des familles chrétiennes revêt aujourd’hui une importance cruciale, en particulier dans les situations de pauvreté, de dégradation et de violence familiale.

Chers frères et sœurs, n’ayons pas peur d’inviter Jésus à la fête des noces, de l’inviter chez nous, pour qu’il soit avec nous et garde la famille. Et n’ayons pas peur non plus d’inviter sa Mère, Marie ! Lorsque les chrétiens se marient « dans le Seigneur », ils sont transformés en un signe efficace de l’amour de Dieu. Les chrétiens ne se marient pas seulement pour eux-mêmes : ils se marient dans le Seigneur au profit de toute la communauté, de la société tout entière.

Nous parlerons dans la prochaine catéchèse de cette belle vocation qu’est le mariage chrétien.

©Libreria Editrice Vaticana - 2015

Commission Interdiocésaine de Recours en Cas d’Abus Sexuel – C.I.R.C.A.S.

Un premier bilan d’activité

« Il n'y a pas de place dans l'Église pour ceux qui commettent ces abus, et je m'engage à ne pas tolérer que du mal soit fait à un mineur, par un individu, qu'il soit religieux ou non. » Pape François

CIRCAS : C'est l'abréviation de La Commission Interdiocésaine de Recours en Cas d'Abus Sexuel, officialisée par le décret du 27 décembre 2013. Elle a été créée à la demande du Saint-Siège à Rome, relayée par la CEPAC, la Commission des Évêques du Pacifique.

Objectif : Son objectif est de répondre à tout signalement d'abus sexuels ou plainte de victimes, qui impliquerait un clerc, un membre d'institut religieux ou tout autre personne ayant une responsabilité pastorale dans les diocèses de Papeete et des Marquises... (Enseignants, catéchistes, personnel de santé, travailleurs, etc... )

Composition de la CIRCAS : Madame Antoinette DUCHEK, Père Landry BOYER, Diacre Hippolyte PEA, Frère Maxime CHAN. Madame Danièle GATTI en a accepté la Présidence.

Abus sexuel : Toute forme d'agression sexuelle, répréhensible par la loi pénale ou toute conduite de nature sexuelle incompatible avec une saine relation entre un membre du personnel de l'Église et ceux qui sont soumis à leur charge, conformément au Droit Canon.

D'une manière plus large, tout comportement à caractère sexuel qui est un "objet de scandale" et de souffrance pour la communauté chrétienne.

La Circas n'est pas un tribunal mais un lieu de parole et de discernement.

Lieu de parole et d'aide : Dans un premier temps, toute personne qui désire parler ou obtenir des conseil peut demander à rencontrer la présidente, tout autre membre de la Commission, ou la totalité des membres, selon son choix.

Lieu de discernement : La commission se réunit ensuite une ou plusieurs fois selon les besoins pour discerner quelle suite il y a à donner. Dans tous les cas, il est fait un rapport écrit à l'Évêque.

S'il est question d'un abus sexuel ou tout autre comportement répréhensible par la loi, la commission fait un signalement au Procureur ou accompagne les personnes concernées pour le faire.

Plusieurs rencontres ont eu lieu avec Mr Le Procureur José Thorel pour établir un protocole d'échange facilitant le mode et l'expression du signalement.

Pour les cas ne relevant pas du droit pénal, la commission informe l'Évêque du diocèse et formule un avis.

Bilan de la 1ère année

Les signalements :

La Commission a eu à se pencher sur sept « cas » dont aucun ne relevait d'une infraction au droit pénal, il n'y a donc pas eu de signalement à la justice.

Elle a eu à donner un avis sur des points précis concernant deux cas postérieurs à la création de la Circas.

Le fait de parler a permis de rétablir un meilleur climat de transparence et de confiance et d'écarter des situations « à risques ». L'expérience prouve que cette commission est un espace libérateur pour toutes les personnes impliquées d'une manière ou d'une autre.

Information : Plusieurs rencontres d'information ont eu lieu, en paroisse, dans les lieux de formation, auprès de tous les enseignants à l'occasion de la rentrée scolaire. Un protocole d'échange a été rédigé après concertation avec la Direction de l'Enseignement Catholique.

Un protocole d'échange a été rédigé après concertation avec la Direction de l'Enseignement Catholique.

Les membres de la CIRCAS se tiennent à la disposition de tous les responsables et membres des divers groupes au sein de l'Eglise pour une rencontre d'information.

Formation : Chaque mois, les membres de la Commission se réunissent pour se tenir au courant des documents récents provenant de Rome, approfondir leur approche juridique psychologique et spirituelle.

La simplification et adaptation à la Polynésie du document de la Cepac est en cours pour une plus large diffusion.

Au mois de juillet 2014, la présidente a participé à une semaine de colloque organisé au Samoa américaines par la CEPAC pour les différentes commissions déjà en place, et affiner leur réflexion et mode de fonctionnement.

D. Gatti

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(Aucun signalement anonyme n'est pris en compte)

Par téléphone : 87 28 77 17 ou 87 72 55 92

Par courrier : BP 94 - 98713 Papeete

Par contact personnel : avec un des membres de la Circas.

© Circas - 2015

Bientôt un site pour lutter contre l’addiction aux jeux d’argent

Le site, nommé evalujeu.fr, va être lancé le 5 mai. L'initiative doit permettre de lutter contre les pratiques addictives, en plein essor. Une lecture intéressante au moment ou la Polynésie s’apprête à ajouter aux jeux de hasard les courses hippiques !

Les Français sont de plus en plus nombreux à gratter, parier, miser. C'est le principal enseignement d'un rapport de l'Observatoire des jeux (ODJ), publié en avril. Pour contrer cette tendance, le Secrétaire d'État en charge du budget, Christian Eckert, a annoncé lundi le lancement d'un site internet le 5 mai : evalujeu.fr. Dédié à l'auto-évaluation, le site, qui préservera l'anonymat des internautes, délivrera des conseils pour mettre fin à la dépendance. Christian Eckert souhaite aussi que les opérateurs permettent de définir une limite de temps de jeu.

Selon le rapport de l'ODJ, plus de la moitié des Français (56,2 %) a joué au moins une fois à un jeu en 2014. En 2010, ils n'étaient que 46,4%. Cette augmentation des pratiques va de pair avec l'intensification des dépenses. En effet, la part des joueurs dépensant dans l'année moins de 500€ (59 666 xfp) décroit de 90,1% à 80,9% et celle de ceux qui dépensent plus de 1 500€ (179 000 xfp) passe de 1,8% à 7,2%, précise l'étude.

Enfin, si le nombre de joueurs « excessifs » est resté stable à environ 200 000 personnes en France, le nombre de joueurs ayant des comportements à risques modérés, qui ne sont pas encore dans l'addiction, a augmenté de 60% et concerne désormais un million de Français.

Alors que l'augmentation, assez générale, concerne tous les milieux sociaux, les chercheurs ont néanmoins relevé une augmentation plus importante parmi les femmes (+11%). Le sociologue et spécialiste des jeux vidéos Thomas Amadieu y voit là une des conséquences d'un marketing ciblé. « Les jeux de grattage avec des motifs de petits chats » séduisent plus facilement les femmes tout comme les jeux de hasard, qui ne nécessitent pas de compétences particulières.

Fait plus alarmant : les jeunes aussi sont de plus en plus nombreux à céder à « l'appel » du gain, malgré l'interdiction prévue par la loi. « Avec le smartphone, c'est une population plus jeune qui est touchée et peut jouer 24 heures sur 24 », explique encore le sociologue.

L'illusion du gain

Cette hausse des pratiques à risques a plusieurs origines. Tout d'abord, en cinq ans, l'offre a considérablement augmenté avec la légalisation des jeux en ligne en 2010 : des jeux à portée de main, chez soi, plus addictifs. « Les jeux rapides auxquels on peut jouer sans limite de temps ni de montant sont les plus dangereux. Cela peut créer une spirale où le joueur perd toujours plus », analyse Thomas Amadieu.

Autre responsable de l'augmentation des pratiques : la publicité. « Elle met en avant l'idée qu'on peut changer sa vie et s'affranchir des contraintes du travail », explique encore l'expert. Les jeux sont une fenêtre ouverte qui offre l'espoir de s'enrichir et d'améliorer son quotidien. Un espoir illusoire : la probabilité d'emporter le jackpot à l'Euro Millions est d'une chance sur 116 millions.

Enfin, conséquence probable de la crise, les jeux apparaissent aussi comme une voie alternative pour s'enrichir. « Plus on est pauvre, plus on dépense une part importante de son revenu aux jeux d'argent », explique Thomas Amadieu. Un constat également souligné par Jean-Michel Coste, qui a coordonnée les études de 2010 et 2014 : « Dans le cas des joueurs problématiques, il s'agit plus souvent d'hommes, plus jeunes que l'ensemble des joueurs, de milieux sociaux plus modestes et moins diplômés. »

Si le site est perçu comme une bonne initiative par Thomas Amadieu, ce dernier soulève un problème de taille : les autorités ne regardent le problème que d'un côté, celui du joueur. Quid de l'offre, toujours plus importante et ciblée ? « Est-ce qu'il ne faudrait pas limiter les publicités ? C'est le cas pour d'autres pratiques addictives comme la cigarette », explique Thomas Amadieu.

© Le Figaro - 2015

« Je mourrai dans mon lit…, mais mon successeur lui… »

L’étrange prophétie du Cardinal Georges… en 2012

Le cardinal Francis George mettait en garde l'Occident, sur un ton prophétique, contre un monde sans Dieu qui se place du mauvais côté de l'Histoire. Le cardinal Francis George, ancien archevêque de Chicago, décédé le 17 avril dernier, avait publié en novembre 2012, sur le site de l'archevêché de Chicago, un article dont voici quelques extraits :

L’éternité entre dans l'histoire humaine de manière souvent incompréhensible. Dieu fait des promesses, mais ne donne pas de délais. En visite dans le sanctuaire de Fatima, les pèlerins entrent dans une immense place, avec le lieu des apparitions marqué par une petite chapelle d'un côté, une grande église à une extrémité, une chapelle d'adoration tout aussi grande à l'autre extrémité, et un centre pour les visiteurs et pour les confessions. Juste en dehors de l'espace principal, une section du mur de Berlin a été reconstruite, témoin tangible de ce que Marie avait prédit il y a un siècle. Le communisme en Russie et dans ses pays satellites s'est effondré, bien que beaucoup de ses effets pécheurs sont toujours avec nous.

Le communisme a imposé un mode de vie global fondé sur la croyance que Dieu n'existe pas. Le laïcisme est son compagnon et compère le plus présentable. Par une petite ironie de l'histoire, il y a quelques semaines à l'ONU, la Russie a rejoint la majorité des autres nations pour s'opposer aux États-Unis et à l'Europe occidentale qui voulaient déclarer que tuer l'enfant à naître est un droit universel de l'homme. Qui est du mauvais côté de l'Histoire, aujourd'hui ?

La campagne politique actuelle a fait remonter à la surface le sentiment antireligieux, en grande partie explicitement anticatholique, qui grandit dans ce pays depuis plusieurs décennies. La laïcisation de notre culture est un problème qui dépasse de loin les enjeux politiques ou les résultats de la campagne électorale, si importants soient-ils.

M'adressant il y a quelques années à un groupe de prêtres, totalement en dehors du débat politique actuel, je tentais d'exprimer de manière dramatique ce qu'une laïcisation complète de notre société pourrait comporter un jour. Je répondais à une question et je n'ai pas mis par écrit ce que j'ai dit, mais mes paroles ont été enregistrées sur un téléphone et sont devenues virales, se répandant sur Wikipédia, et ailleurs. J'ai dit – et mes paroles ont été retransmises correctement –  que je m'attendais à mourir dans un lit, mais que mon successeur mourrait en prison et que son successeur allait mourir en martyr sur la place publique. Mais la phrase finale que j'ai ajoutée a été omise, sur l'évêque qui succèderait peut-être à un évêque martyr : « Mais, après celui-là, un autre évêque recueillera les restes d’une société en ruines et il aidera lentement à reconstruire la civilisation, comme l’Église l’a fait à de nombreuses reprises au cours de l’Histoire ».

 (...) Dieu soutient le monde, dans les bons moments comme dans les mauvais. Les catholiques, avec beaucoup d'autres, pensent que seule une personne a vaincu et a sauvé l'histoire : Jésus-Christ, Fils de Dieu et Fils de la Vierge Marie, Sauveur du monde et tête de son corps, l'Église. Ceux qui se rassemblent aux pieds de sa Croix, et près de son tombeau vide, peu importe leur nationalité, sont du bon côté de l'Histoire. Ceux qui mentent sur Lui, et menacent ou persécutent ses disciples, à n'importe quelle époque, peuvent imaginer qu'ils apportent quelque chose de nouveau à l'Histoire ; mais ils finissent par apporter seulement quelques variations à une vieille histoire, celle du péché et de l'oppression de l'homme. Il n'y a aucun « progrès » dans le péché, même s'il est promu comme « éclairé ». (...)

© Aleteia - 2015

Nouvel ambassadeur près le saint Siège

Le Pape a reçu en privé le candidat de la France

À qui profitent les rumeurs, à qui veulent-elles nuire ? Retour sur les vraies-fausses informations autour de la nomination de Laurent Stefanini.

Contrairement aux fuites apparues dans la presse française, le candidat de la France au poste d’ambassadeur près le Saint-Siège, Laurent Stefanini, ne s’est pas vu exprimer de refus de la part du pape François, a appris I.MEDIA de sources proches du dossier. Le pape a accueilli pendant 40 minutes en privé le candidat de la France afin de mieux le connaître, sans pour autant donner de réponse à la demande d’agrément déposée par Paris.

C’est à la Maison Sainte-Marthe, dans la soirée du 17 avril 2015 - et non le lendemain comme indiqué dans le journal français Le Canard Enchaîné -, que le pape François a discrètement reçu Laurent Stefanini en tête-à-tête. Alors que l’hebdomadaire satirique assurait que cette rencontre « d’un quart d’heure » avait été l’occasion de confirmer le refus du Vatican, I.MEDIA a appris de sources concordantes que, pendant pas moins d’une quarantaine de minutes, le pape et son hôte avaient échangé dans un climat particulièrement cordial, voire affectueux et empreint de spiritualité.

Lors de cette rencontre, le pape François a pris le temps d’interroger Laurent Stefanini afin de mieux cerner les intentions du diplomate, actuel chef du protocole à l’Élysée, catholique et homosexuel discret sur sa vie privée. Les deux hommes auraient également pris le temps, à l’initiative du pape, de prier ensemble.

Les fuites à répétition dans la presse française d’informations confidentielles, laissent à penser que la nomination de Laurent Stefanini ne fait pas, à Paris, que des heureux. Il semble en outre que le choix de Paris ait été mal reçu au Saint-Siège deux ans après l’adoption contestée du « Mariage pour tous » en France. Si, en vertu du droit international et de la procédure en vigueur, le Saint-Siège peut refuser cette demande d’agrément sans donner de motif, sans même communiquer sa décision à la France, Paris espère toujours obtenir une réponse.

Interpellé par le quotidien français Libération, l’historien et spécialiste de la papauté Philippe Levillain relève que le rendez-vous avec le pape François obtenu par Laurent Stefanini est « une marque rare de considération ». Reste que la campagne de presse autour de cette affaire aura sérieusement embarrassé le Saint-Siège, pour qui ces procédures doivent se dérouler en toute discrétion.

© I-Media - 2015

« La profanation de l’hostie consacrée, essence même de notre foi, heurte notre cœur »

Communiqué de Mgr Aillet suite à la profanation de l’église Saint-Vincent d’Hendaye

Communiqué de monseigneur Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, suite à la profanation de l’église Saint-Vincent de la paroisse Notre-Dame de la Bidassoa d’Hendaye où, vendredi 24 avril 2015, le ciboire, contenant les hosties consacrées, ainsi que la lunule contenant l’hostie utilisée pour l’Adoration du Très Saint Sacrement, ont été volés, sans dégradation ni effraction.

Rome, le mardi 28 avril 2015

Dans la journée du vendredi 24 avril 2015, une profanation a été commise dans l’église Saint-Vincent de la paroisse Notre-Dame de la Bidassoa d’Hendaye. Le ciboire, contenant les hosties consacrées, ainsi que la lunule contenant l’hostie utilisée pour l’Adoration du Très Saint Sacrement, ont été volés, sans dégradation ni effraction. [1]

Je m’associe à la peine de la communauté catholique d’Hendaye, blessée au cœur même de son être, et tiens à assurer le curé, monsieur l’abbé Jean-Marc Lavigne, les prêtres et les fidèles de cette paroisse de ma prière et mon soutien le plus fraternel. Je remercie aussi le maire d’Hendaye, monsieur Ecenarro, d’avoir eu le courage des mots pour exprimer son soutien aux catholiques de sa ville et dénoncer l’acte de profanation qui « touche la société en général ».

Quand le vol d’objets de culte, les dégradations d’églises ou de cimetières chrétiens, en hausse constante dans notre pays, atteignent durement nos consciences, combien plus la profanation de l’hostie consacrée, essence même de notre foi, heurte notre cœur ! Il ne s’agit plus de symboles, mais de la réalité même qui nous pousse à aller adorer Jésus-Christ en personne, à la messe ou à l’adoration eucharistique, sous l’apparence des hosties qui viennent précisément d’être volées. Comme l’exprimait l’abbé Jean-Marc Lavigne : « on touche au sacré, ce qui est grave, mais aussi à la vie intime de chacun ». Par son caractère gravissime, cet acte atteint directement la réalité la plus sacrée de notre culte et la communauté catholique tout entière à l’heure même où celle-ci est meurtrie par les persécutions de ses frères d’Afrique et d’Orient.

Au nom de toute notre communauté catholique, et en particulier d’Hendaye, je supplie le ou les auteurs de ce sacrilège de prendre la mesure de l’acte qu’ils ont commis en dérobant ces objets sacrés et de rendre le plus rapidement possible les hosties présentes dans le ciboire et la lunule volés.

En communion avec le curé de la paroisse, monsieur l’abbé Jean-Marc Lavigne, qui m’a fait part très rapidement de cet acte de profanation qui l’a bouleversé, et auquel je réitère toute mon amitié et mon soutien dans cette épreuve qu’il n’a – en 31 ans de sacerdoce - jamais connu auparavant, j’invite les membres de notre communauté ecclésiale à entrer, à son initiative, dans la prière et le jeûne : « Il faut réagir sans peur, sans repli, avec calme et sérénité, en Christ, vainqueur du mal. »

Je serai en union de prière depuis Rome, ce mercredi 29 avril prochain à 19 heures, avec la paroisse d’Hendaye à l’occasion de la messe de réparation qui sera célébrée dans l’église Saint-Vincent et qui sera suivie de l'adoration eucharistique jusqu'à 21h30. J’invite tous les fidèles qui le pourront à participer à cet acte de réparation.

+ Marc Aillet

© Diocèse de Bayonne – 2015

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[1]  Vols à l'église d'Hendaye : « réagir sans peur », Sud-Ouest du mardi 28 avril 2015, http://www.sudouest.fr/2015/04/28/reagir-sans-peur-1905661-4018.php

Le prêtre selon François !

Homélie du pape François aux dix-neuf nouveaux prêtres ordonnés à Rome le Dimanche du Bon Pasteur

Le dimanche du Bon Pasteur, le Pape François, évêque de Rome, a ordonné 19 nouveaux prêtres, neuf Italiens et dix étrangers dont deux Malgaches. La concélébration solennelle s’est déroulée dans la basilique Saint-Pierre, noire de monde. Dans son homélie, le Saint-Père a adressé une série de recommandations aux nouveaux prêtres, une feuille de route en quelque sorte.

Très chers frères,

Voici nos fils qui ont été appelés à l’ordre du presbytérat. Cela nous fera du bien de réfléchir un peu à ce ministère auquel ils vont être élevés dans l’Église. Comme vous le savez bien, le Seigneur Jésus est le seul grand prêtre du Nouveau Testament mais, en lui, tout le peuple saint de Dieu a été aussi constitué peuple sacerdotal. Nous tous ! Néanmoins, parmi tous ses disciples, le Seigneur Jésus veut en choisir quelques-uns en particulier pour qu’en exerçant publiquement dans l’Église en son nom le service sacerdotal en faveur de tous les hommes, ils continuent sa mission personnelle de maître, prêtre et pasteur.

En effet, de même qu’Il avait été pour cela envoyé par le Père, de même il envoya à son tour dans le monde d’abord les apôtres et ensuite les évêques et leurs successeurs, auxquels furent enfin donnés comme collaborateurs les prêtres qui, unis à eux dans le ministère sacerdotal, sont appelés au service du peuple de Dieu.

Ils ont réfléchi à leur vocation et ils viennent maintenant recevoir l’ordre des prêtres. Et l’évêque prend un risque – il prend un risque ! – en les choisissant, comme le Père a pris un risque pour chacun de nous. Ils seront en effet configurés au Christ, grand prêtre éternel, c’est-à-dire qu’ils seront consacrés comme vrais prêtres du Nouveau Testament, et à ce titre, qui les unit à leur évêque dans le sacerdoce, ils seront des prédicateurs de l’Évangile, des pasteurs du peuple de Dieu, et ils présideront les actes de culte, en particulier dans la célébration du sacrifice du Seigneur.

Quant à vous, qui allez être promus à l’ordre du presbytérat, considérez qu’en exerçant le ministère de la Sainte Doctrine, vous partagerez la mission du Christ, l’unique maître. Donnez à tous cette Parole de Dieu que vous avez vous-mêmes reçue avec joie. Lisez et méditez assidûment la Parole du Seigneur pour croire à ce que vous aurez lu, enseigner ce que vous aurez appris dans la foi, vivre ce que vous aurez enseigné. Et que ceci soit la nourriture du peuple de Dieu ; que vos homélies ne soient pas ennuyeuses, que vos homélies parviennent vraiment au cœur des personnes parce qu’elles sortent de votre cœur, parce que ce que vous leur dites est ce que vous avez dans le cœur. C’est ainsi que l’on donne la Parole de Dieu et ainsi que votre doctrine sera la joie et le soutien des fidèles du Christ ; le parfum de votre vie sera un témoignage, parce que l’exemple édifie, mais les paroles sans exemple sont des paroles vides, ce sont des idées qui n’arrivent jamais au cœur et qui font même du mal ; elle ne font pas de bien ! Vous poursuivrez l’œuvre sanctificatrice du Christ. Par votre ministère, le sacrifice spirituel des fidèles est rendu parfait, parce qu’il est uni au sacrifice du Christ qui, par vos mains, au nom de toute l’Église, est offert de manière non sanglante sur l’autel dans la célébration des saints mystères.

Quand vous célébrez la messe, reconnaissez donc ce que vous faites. Ne le faites pas en vitesse ! Imitez ce que vous célébrez – ce n’est pas un rite artificiel, un rituel artificiel – pour qu’ainsi, en participant au mystère de la mort et de la résurrection du Seigneur, vous portiez la mort du Christ dans vos membres et que vous marchiez avec lui dans une nouveauté de vie. Par le baptême, vous ajouterez de nouveaux fidèles au peuple de Dieu. Il ne faut jamais refuser le baptême à celui qui le demande ! Par le sacrement de la pénitence, vous remettrez les péchés au nom du Christ et de l’Église. Et moi, au nom de Jésus-Christ, le Seigneur, et de son Épouse, la sainte Église, je vous demande de ne pas vous lasser d’être miséricordieux. Dans le confessionnal, vous serez là pour pardonner, et non pour condamner ! Imitez le Père qui ne se lasse jamais de pardonner. Avec l’huile sainte, vous donnerez le soulagement aux infirmes. En célébrant les rites sacrés et en élevant, aux différentes heures du jour, votre prière de louange et de supplication, vous vous ferez la voix du peuple de Dieu et de l’humanité entière.

Conscients d’avoir été choisis parmi les hommes et constitués en leur faveur pour vous occuper des affaires de Dieu, exercez dans la joie et une charité sincère l’œuvre sacerdotale du Christ, attentifs à ne plaire qu’à Dieu et non à vous-mêmes. C’est triste un prêtre qui vit pour se plaire à lui-même, qui « fait le paon » !

Enfin, en participant à la mission du Christ, chef et pasteur, dans une communion filiale avec votre évêque, efforcez-vous d’unir les fidèles dans une unique famille – soyez les ministres de l’unité dans l’Église, dans la famille – pour les conduire à Dieu le Père par le Christ dans l’Esprit-Saint. Et ayez toujours devant les yeux l’exemple du Bon pasteur, qui n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, non pour rester dans son confort, mais pour sortir, chercher et sauver ce qui était perdu.

© Libreria Editrice Vaticana - 2015

Méditation sur la Parole

Dans le texte d’aujourd’hui, l’expression « porter du fruit » est répétée six fois en quelques lignes. Ce sont les fruits et non les belles paroles qui nous identifient en tant que disciples du Christ : « Ce ne sont pas ceux et celles qui disent “Seigneur, Seigneur” qui entreront dans le royaume des cieux, mais ceux et celles qui font la volonté de mon Père » (Mt 7, 21). Jésus condamne le figuier stérile qui n’avait que des feuilles. Il réprouve le servant inutile qui enterre son talent. Il reproche aux pharisiens de ne pas faire les œuvres de leur père Abraham (Jn 8, 39, Mt 3, 9). « C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Mt 7, 16).

L’abbé Pierre répétait souvent : « Lorsque nous arriverons à la fin de notre vie, on ne nous demandera pas si nous avons été croyants, mais si nous avons été crédibles », si nous avons vécu nos engagements chrétiens de façon cohérente.

Notre foi peut se développer si elle est vivante, si elle joue un rôle actif dans notre vie de tous les jours, si elle porte du fruit. C’est pourquoi nous venons rencontrer le Seigneur chaque dimanche afin d’écouter sa parole et reprendre des forces pour la semaine qui commence. Porter du fruit ne veut pas dire faire des choses extraordinaires, ça veut dire bien faire les choses ordinaires. Rattachés au Christ comme les sarments à la vigne, éclairés par l’Esprit Saint, nous pouvons alors donner du fruit en abondance. Les fruits de l’Esprit, nous dit Saint Paul sont : « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la douceur, la fidélité, la tendresse, la capacité de contrôler nos colères »...

Porter du fruit, c’est donner un coup de main au voisin malade ou handicapé, visiter les vieux parents qui vivent dans la solitude, venir en aide à ceux et celles qui souffrent, savoir écouter et encourager, pardonner à ceux et celles qui nous ont offensés, faire un peu de bénévolat, participer à la vie de la paroisse, partager avec ceux et celles qui sont dans le besoin, etc.

Lorsque j’étais dans l’enseignement, j’ai connu des étudiants qui, en équipe de deux (une fille et un garçon), chaque samedi matin, allaient visiter des personnes âgées. Ils faisaient un peu de ménage, allaient faire les courses avec le ou les personnes qu’ils visitaient, préparaient le dîner. Mais ce qui était le plus important pour les personnes âgées, c’était la rencontre avec ces jeunes étudiants. Plus tard, dans la paroisse où je travaillais au Mexique, des médecins, des infirmières, des bénévoles, de concert avec le conseil de la paroisse, ont ouvert une clinique médicale dans le sous-sol de l’église. Ils donnaient quelques heures de leur temps pour recevoir et soigner les pauvres qui n’avaient pas le moyen de visiter l’hôpital ou le cabinet du médecin. On distribuait des médicaments gratuitement, selon les besoins. Pour plusieurs de ces malades, c’était la première fois qu’ils rencontraient un médecin ou une infirmière.

Des milliers d’aidants et d’aidantes s’occupent de grands handicapés, des dizaines de bénévoles apportent la popote roulante, des membres de la chorale chantent à la paroisse et dans les résidences de personnes âgées, des bénévoles généreux consacrent plusieurs heures chaque semaine à visiter les malades des hôpitaux et à leur rendre les services dont ils ont besoin. Tous ces gens portent du fruit en faveur de ceux et de celles dans le besoin.

Le texte d’aujourd’hui nous rappelle qu’il faut entretenir une relation régulière avec le Christ, afin que notre foi et notre engagement ne s’éteignent pas, comme la flamme d’une lampe qui manque d’huile. Grâce à la sève vivifiante de la vigne, les œuvres de bonté  peuvent se produire et se multiplier.

Il est intéressant de noter que, dans son évangile, Jean ait remplacé l’institution de l’Eucharistie par le lavement des pieds : « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car c’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi. » (Jn 13, 13-15). Les communautés chrétiennes du premier siècle célébraient l’eucharistie tous les dimanches, donc l’évangéliste ne sentait pas le besoin d’en décrire l’institution lors de la dernière scène. Par contre, il voulait mettre l’accent sur les œuvres et les fruits que l’eucharistie et la rencontre avec le Christ pouvait engendrer.

Dieu a besoin de nous pour créer un monde meilleur, un monde de respect, de fraternité et d’amour. Il a besoin de nos mains, de nos pieds, de notre cœur dans un univers souvent sans merci pour les plus faibles. Les textes d’aujourd’hui rappellent que si nous sommes unis au Christ, comme les sarments à la vigne, nous recevrons sa force et sa vie, nous nous aimerons les uns les autres et nous porterons beaucoup de fruit. « Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit ».

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