PKO 01.03.2015

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°15/2015
Dimanche 1er mars 2015 – 2ème Dimanche du Temps de Carême – Année B

Merci !

Une nouvelle fois, les fidèles de notre diocèse ont démontré leur générosité. Un bilan intermédiaire de la campagne du « TENARI A TE ATUA 2014-2015 » permet de donner une somme récoltée proche de 30 millions de francs pacifique.

Nous vous en sommes sincèrement reconnaissants. Un tel effort est extraordinaire surtout en cette période de disette économique. C'est le signe que vous portez une grande confiance et une grande affection pour votre Église.

Bien plus, c'est pour nous le gage d'une grande responsabilité. Pour rappel, les fonds récoltés durant les campagnes du Tenari viennent soutenir le fonctionnement de  nos institutions et services diocésains comme les paroisses, les séminaires et foyers vocationnels, les services diocésains (Semeur, Ve'a, radio MNTH), des maisons religieuses, ponctuellement certains projets et mouvements.

L'objectif du Tenari va plus loin cependant que le seul fait d'assurer le fonctionnement de services, il en va tout d'abord du devoir fondamental qui incombe à l'Eglise de donner aux fidèles ce qu'ils sont en droit d'attendre, à savoir les moyens spirituels et matériels de vivre leur foi et de la faire grandir.

La campagne du Tenari est aussi un moment de partage et de communion entre tous les fidèles. Nos dons marquent notre appartenance au même Corps du Christ, et le fait que nous en partageons les inquiétudes mais aussi les joies et les espérances quant à son avenir. 

Nous avons bien besoin de tous et il est heureux que nous puissions célébrer des moments de profonde unité entre nous.

Chers donateurs, que Dieu bénisse chacun de vous et vos familles.

+ Monseigneur Pascal CHANG SOI

Regard sur l’actualité

Les 21 coptes orthodoxes, martyrs de l’Église copte

Les 21 Égyptiens tués par des djihadistes en Libye parce qu’ils confessaient la foi chrétienne seront invoqués comme martyrs de l’Église copte : c’est ce qu'a annoncé le chef de l’Église copte orthodoxe, le patriarche Tawadros II.

Leurs noms seront inscrits dans le « synaxarium », l’équivalent oriental du martyrologe romain, procédure qui équivaut à la canonisation dans l’Église latine, précise Radio Vatican.

Le martyre de ces vingt-et-un chrétiens sera commémoré le 8 de Méchir du calendrier copte (le 15 février du calendrier grégorien) qui est aussi la fête de la Présentation de Jésus au temple.

La première icône copte représentant leur martyre – révélé par une vidéo de leur décapitation mise en ligne le 15 février – a également été écrite : sur fond de vagues bleues et sang – le crime a eu lieu sur une plage libyenne – les 21 hommes auréolés, revêtus d'or et de pourpre, regardent au Ciel vers le Christ, qui leur ouvre ses bras, tandis que deux anges leur remettent des couronnes.

Les noms de ces vingt-et-un travailleurs égyptiens émigrés en Libye ont été publiés dans l’hebdomadaire Watani, l’organe de presse des coptes du Caire : Milad Makine Zaky, Abanoub Ayad Attiya, Magued Soliman Chehata, Youssef Choukry Younan, Kirollos Bouchra Fawzy, Bishoy Estefanos Kamel, Samuel Estefanos Kamel, Malak Ibrahim Tanios, Tawadros Youssef Tawadros, Guirguis Milad Tanios, Mina Fayez Aziz, Hani Abdel-Messih Salib, Bishoy Adel Khalaf, Samuel Alahm Wilson, Ezzat Bouchra Nassif, Louka Nagaty, Gaber Mounir Adly, Essam Baddar Samir, Malak Farag Abram, Sameh Salah Farouk, Makram Youssef Tawadros.

Le pape, qui a offert une messe pour eux, a exprimé à plusieurs reprises sa profonde tristesse et sa participation à la douleur de l’Église copte orthodoxe. En citant leurs paroles au moment de la mort : « Jésus, aide-moi ! », il a souligné que « le sang de nos frères chrétiens est un témoignage qui crie. Qu'ils soient catholiques, orthodoxes, coptes, luthériens, peu importe : ils sont chrétiens ! Et le sang est le même. Le sang confesse le Christ... Les martyrs appartiennent à tous les chrétiens... c'est l’œcuménisme du sang ».

© Zenit.org

L’hymne à la charité

Exhortation du Pape François aux nouveaux Cardinaux le 14 février 2015

« Plus s’élargit la responsabilité dans le service de l’Église, plus le cœur doit s’élargir, se dilater à la mesure du cœur du Christ », souligne le pape, qui exhorte les cardinaux à « aimer sans limites » et à « vouloir le bien, toujours et pour tous, y compris pour ceux qui ne nous aiment pas ».

Chers frères cardinaux,

Le cardinalat est certainement une dignité, mais elle n’est pas honorifique. Le mot « cardinal », qui évoque la « charnière », le dit bien ; ce n’est donc pas quelque chose d’accessoire, de décoratif, qui fait penser à une décoration, mais un pivot, un point d’appui et de mouvement essentiel à la vie de la communauté. Vous êtes des « pivots » et vous êtes incardinés dans l’Église de Rome, qui « préside au rassemblement universel de la charité » (Conc. Œcum. Vat. II, Const. Lumen Gentium, 13 ; cf. Ign. Ant., Ad Rom., Prologue).

Dans l’Église, toute présidence vient de la charité, doit s’exercer dans la charité et a comme fin la charité. En cela aussi l’Église qui est à Rome joue un rôle exemplaire : à la manière dont elle préside dans la charité, toute Église particulière est appelée, dans son domaine, à présider dans la charité.

Je pense donc que « l’hymne à la charité » de la Première Lettre de saint Paul aux Corinthiens peut être la parole qui nous guide pour cette célébration et pour votre ministère, en particulier pour ceux qui parmi vous entrent aujourd’hui dans le Collège cardinalice. Et cela nous fera du bien de nous laisser guider, moi le premier et vous avec moi, par les paroles inspirées de l’Apôtre Paul, en particulier là où il énumère les caractéristiques de la charité. Que Marie notre Mère nous aide dans cette écoute. Elle a donné au monde celui qui est « le Chemin par excellence » (cf. 1Co 12, 31) : Jésus, Amour incarné ; qu’elle nous aide à accueillir cette Parole et à marcher toujours sur cette Voie. Qu’elle nous aide par son attitude de mère humble et tendre, pour que la charité, don de Dieu, grandisse là où se trouvent l’humilité et la tendresse.

Tout d’abord, saint Paul nous dit que l’amour « prend patience » et « rend service ». Plus s’élargit la responsabilité dans le service de l’Église, plus le cœur doit s’élargir, se dilater à la mesure du cœur du Christ. « Rendre service » c’est, en un certain sens, synonyme de catholicité : c’est savoir aimer sans limites, mais en même temps être attentif aux situations particulières, et avec des gestes concrets. Aimer ce qui est grand sans négliger ce qui est petit ; aimer les petites choses dans l’horizon des grandes, parce que « Non coerceri a maximo, contineri tamen a minimo divinum est ». Savoir aimer avec des gestes gratuits. « Rendre service », c’est l’intention ferme et constante de vouloir le bien, toujours et pour tous, y compris pour ceux qui ne nous aiment pas.

L’Apôtre dit aussi que l’amour « ne jalouse pas, ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ». Cela, c’est vraiment un miracle de l’amour, parce que nous, les êtres humains – tous, et à tous les âges de la vie – nous sommes enclins à la jalousie et à l’orgueil en raison de notre nature blessée par le péché. Et les dignités ecclésiastiques aussi ne sont pas exemptes de cette tentation. Mais justement à cause de cela, chers frères, la force divine de l’amour qui transforme le cœur peut surgir encore davantage en nous, de sorte que ce n’est plus toi qui vis, mais le Christ qui vit en toi. Et Jésus est tout amour.

De plus, l’amour « ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas son intérêt ». Ces deux traits révèlent que celui qui vit dans l’amour est décentré de soi. Celui qui est autocentré manque inévitablement de respect, et souvent il ne s’en rend pas compte, parce que le « respect » est justement la capacité de tenir compte de l’autre,  de sa dignité, de sa condition, de ses besoins. Celui qui est autocentré cherche inévitablement son propre intérêt, et cela lui semble normal, presque un dû. Cet « intérêt » peut aussi être couvert de nobles revêtements, mais dessous, dessous, il y a toujours le « propre intérêt ». Au contraire, l’amour te décentre et te place au véritable centre qui est seulement le Christ. Alors oui, tu peux être une personne respectueuse et attentive au bien des autres.

L’amour, dit Paul, « ne s’emporte pas, n’entretient pas de rancune ». Les occasions de s’emporter ne manquent pas au pasteur qui vit au contact des gens. Et plus encore peut-être nous risquons de nous fâcher dans les relations avec nos confrères, parce qu’en effet, nous sommes moins excusables. En cela aussi c’est l’amour et seulement l’amour, qui nous libère. Il nous libère du danger de réagir de manière impulsive, de dire et de faire des erreurs ; et surtout il nous libère du risque mortel de la colère entretenue, « couvée » à l’intérieur, qui te porte à prendre en compte les maux que tu reçois. Non. Cela n’est pas acceptable chez l’homme d’Église. Cependant, si on peut excuser une colère momentanée et aussitôt retombée, il n’en n’est pas de même pour la rancune. Que Dieu nous en préserve et nous en libère !

L’amour – ajoute l’Apôtre – « ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ». Celui qui est appelé dans l’Église au service du gouvernement doit avoir un fort sens de la justice, de sorte qu’il trouve inacceptable toute injustice, même celle qui pourrait être avantageuse pour lui ou pour l’Église. Et en même temps, « il trouve sa joie dans ce qui est vrai » : que cette expression est belle ! L’homme de Dieu est quelqu’un qui est fasciné par la vérité, et qui la trouve en plénitude dans la Parole et dans la Chair de Jésus Christ. Lui est la source inépuisable de notre joie. Que le peuple de Dieu puisse toujours trouver en nous la ferme dénonciation de l’injustice et le service joyeux de la vérité.

Enfin, l’amour « supporte tout, fait confiance en tout, espère tout, endure tout ». Il y a ici, en quatre mots, un programme de vie spirituelle et pastorale. L’amour du Christ, répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, nous permet de vivre ainsi, d’être ainsi : des personnes capables de toujours pardonner ; de toujours faire confiance, parce pleines de foi en Dieu ; capables de toujours infuser l’espérance, parce pleines d’espérance en Dieu ; des personnes qui savent supporter avec patience toute situation et chaque frère et sœur, en union à Jésus qui a supporté avec amour le poids de tous nos péchés.

Chers frères, tout cela ne vient pas de nous, mais de Dieu. Dieu est amour et accomplit tout cela, si nous sommes dociles à l’action de son Saint Esprit. Voilà donc comment nous devons être : incardinés et dociles. Plus nous sommes incardinés dans l’Église qui est à Rome, plus nous devons devenir dociles à l’Esprit, afin que la charité puisse donner forme et sens à tout ce que nous sommes et que nous faisons. Incardinés dans l’Église qui préside dans la charité, dociles à l’Esprit Saint qui répand dans nos cœurs l’amour de Dieu (cf. Rm 5, 5).

Ainsi soit-il.

© 2015 – Libreria Editrice Vaticana

Un grand moment de musique Concert Pro-Musica à la Cathédrale

PRO MUSICA a enthousiasmé le public de la cathédrale en offrant  un grand moment de musique et d’émotion lors des deux beaux concerts  donnés vendredi 20 et dimanche 22 février dernier à la  Cathédrale de Papeete

L’ensemble vocal et instrumental qui regroupait à l’occasion de ses trente ans d’existence, 30 choristes et 18 musiciens professionnels du conservatoire  a été longuement applaudi  par un public debout à la fin de chacun de ces deux concerts.

Venus nombreux, les amateurs de chant choral mais aussi des curieux attirés par les deux œuvres au programme de cette année, ont été transportés par les voix remarquables de cohésion du chœur et des solistes, ainsi que par  la très belle prestation de l’orchestre, exceptionnellement en configuration symphonique, sous la direction magistrale de Jean-Paul Berlier.

Les concerts ont débuté par la Messe brève n°7 dite « aux chapelles » de Charles Gounod. Cette courte pièce interprétée avec beaucoup d’âme par le chœur et accompagnée de manière émouvante par une  formation orchestrale à cordes, a touché les spectateurs.

Puis, l’ensemble a été étoffé par des cuivres, des bois et des percussions venus renforcer l’orchestre et  le chœur, pour accompagner une œuvre surprenante et bouleversante : « L’Homme armé,  une Messe pour la Paix ».

Le compositeur gallois, Karl Jenkins, s’est inspiré d’un chant écrit au quinzième siècle pour en faire, au début de ce troisième millénaire, un véritable hymne à la paix, une belle œuvre œcuménique très forte.

Rien d’attendu dans cette pièce où chaque morceau réveille l’attention de l’auditeur. D’ailleurs, l’alternance des tonalités a captivé et ému le public. Entre les parties dynamiques pour grand chœur, secondé avec force par  le picolo, la trompette et les percutions, et les pièces plus intimistes comme l’Agnus Dei ou les accents émouvants du violoncelle dans le Benedictus., toutes les émotions ont été magnifiquement évoquées :  l’inquiétude et le tragique latent, souligné par  le martellement des pas et le battement de tambour au début de l’œuvre, en passant par la crainte pieuse exprimée dans la prière chantée a capella  par les voix masculines, « Save me from the Bloody Men » jusqu’au envolées joyeuses du chœur, portées à la fin par tous les instruments présents pour traduire l’espoir de retrouver le bonheur de la paix, dans une apothéose musicale qui a enthousiasmé le public.

Cette œuvre remarquable, jouée pour la première fois à la cathédrale de Papeete, a été saluée par une longue ovation des spectateurs qui a distingué tout particulièrement les solistes pour leurs belles interprétations : Sophie Haffner, soprane, Andrée Delgrossi, alto, Georges Siou, Ténor, Jean-Michel Durang, basse,

Un grand bravo à Jean-Paul Berlier qui signe avec brio  cette très belle direction également applaudie par l’ensemble des chanteurs et des musiciens qui se sont joints à l’ovation du public. Il célèbre ainsi magnifiquement  sa dernière année de chef de chœur de l’ensemble PRO MUSIA avant de prendre sa retraite.

C.L.

© 2015 – Pro Musica

Sur l’évangile des exclus, se découvre et se révèle notre crédibilité !

Messe du Pape François avec les nouveaux Cardinaux le 15 février 2015

Le pape François réaffirme le cap d’une Église ouverte aux exclus. Dans l’une de ses plus fortes homélies, à bientôt deux ans de son pontificat, le pape a rappelé son désir d’une Église qui se risque à « aller chercher ceux qui sont loin », gage de sa « crédibilité ». Cette réaffirmation de la mission de l’Église rejoint celle confiée aux nouveaux cardinaux créés la veille, à qui il a demandé de pratiquer d’abord la charité.

« Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier »… Jésus, saisi de compassion, étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié ! » (cf. Mc 1, 40-41). La compassion de Jésus ! Ce « pâtir avec » qui le rapprochait de toute personne souffrante ! Jésus, ne se ménage pas, au contraire il se laisse impliquer dans la douleur et dans le besoin des gens… simplement, parce qu’il sait et veut « pâtir avec », parce qu’il a un cœur qui n’a pas honte d’avoir « compassion ».

« Il ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts » (Mc 1, 45). Cela signifie que, en plus de guérir le lépreux, Jésus a pris aussi sur lui la marginalisation que la loi de Moïse imposait (cf. Lv 13, 1-2. 45-46). Jésus n’a pas peur du risque d’assumer la souffrance de l’autre, mais il en paie le prix jusqu’au bout (cf. Is 53, 4).

La compassion porte Jésus à agir concrètement : à réintégrer celui qui est exclu ! Et ce sont les trois concepts-clé que l’Église nous propose aujourd’hui dans la liturgie de la parole : la compassion de Jésus face à l’exclusion et sa volonté d’intégration.

Exclusion : Moïse, traitant juridiquement la question des lépreux, demande qu’ils soient éloignés et exclus de la communauté, tant que dure leur mal, et il les déclare « impurs » (cf. Lv 13, 1-2. 45-46).

Imaginez combien de souffrance et combien de honte devait éprouver un lépreux : physiquement, socialement, psychologiquement et spirituellement ! Il n’est pas seulement victime de la maladie, mais il éprouve en être aussi le coupable, puni pour ses péchés ! C’est un mort-vivant, « comme quelqu’un à qui son père a craché au visage » (cf. Nb 12, 14).

En outre, le lépreux inspire la peur, le dédain, le dégoût et pour cela il est abandonné de sa propre famille, évité par les autres personnes, exclu de la société, ou plutôt la société elle-même l’expulse et le contraint à vivre dans des lieux éloignés des gens bien-portants, l’exclut. Et cela au point que si un individu bien-portant s’était approché d’un lépreux il aurait été sévèrement puni et souvent traité, à son tour, de lépreux.

C’est vrai, le but de cette règlementation était de « sauver les bien-portants », « protéger les justes » et pour les sauvegarder de tout risque, exclure « le danger », traitant sans pitié celui qui est contaminé. Ainsi, en effet, s’exclama le grand-prêtre Caïphe : « Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas » (Jn 11, 50).

Intégration : Jésus révolutionne et secoue avec force cette mentalité enfermée dans la peur et autolimitée par les préjugés. Toutefois, il n’abolit pas la Loi de Moïse mais il la porte à son accomplissement (cf. Mt 5, 17), déclarant, par exemple, l’inefficacité contre-productive de la loi du talion ; déclarant que Dieu n’apprécie pas l’observance du Sabbat qui méprise l’homme et le condamne ; ou quand, face à la pécheresse, il ne la condamne pas mais au contraire la sauve du zèle aveugle de ceux qui étaient déjà prêts à la lapider sans pitié, estimant appliquer la Loi de Moïse. Jésus révolutionne aussi les consciences dans le Discours sur la montagne (cf. Mt 5), ouvrant de nouveaux horizons pour l’humanité et révélant pleinement la logique de Dieu. La logique de l’amour qui ne se fonde pas sur la peur mais sur la liberté, sur la charité, sur le zèle sain et sur le désir salvifique de Dieu : « Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 3-4). « Je veux la miséricorde, non le sacrifice » (Mt 12, 7 ; Os 6, 6).

Jésus, nouveau Moïse, a voulu guérir le lépreux, il a voulu le toucher, il a voulu le réintégrer dans la communauté, sans « s’autolimiter » dans les préjugés ; sans s’adapter à la mentalité dominante des gens ; sans se préoccuper du tout de la contagion. Jésus répond à la supplication du lépreux sans hésitation et sans les habituels renvois pour étudier la situation et toutes les éventuelles conséquences ! Pour Jésus ce qui compte, avant tout, c’est de rejoindre et de sauver ceux qui sont loin, soigner les blessures des malades, réintégrer tous les hommes dans la famille de Dieu ! Et cela scandalise certains !

Et Jésus n’a pas peur de ce type de scandale ! Il ne pense pas aux personnes fermées qui se scandalisent même pour une guérison, qui se scandalisent face à n’importe quelle ouverture, à n’importe quel pas qui n’entre pas dans leurs schémas mentaux et spirituels, à n’importe quelle caresse ou tendresse qui ne correspond pas à leurs habitudes de pensée et à leur pureté rituelle. Il a voulu intégrer les exclus, sauver ceux qui sont en dehors du campement (cf. Jn 10).

Il y a deux logiques de pensée et de foi : la peur de perdre ceux qui sont sauvés et le désir de sauver ceux qui sont perdus. Aujourd’hui aussi il arrive, parfois, de nous trouver au croisement de ces deux logiques : celle des docteurs de la loi, c’est-à-dire marginaliser le danger en éloignant la personne contaminée, et la logique de Dieu qui, avec sa miséricorde, serre dans ses bras et accueille en réintégrant et en transfigurant le mal en bien, la condamnation en salut et l’exclusion en annonce.

Ces deux logiques parcourent toute l’histoire de l’Église : exclure et réintégrer. Saint Paul, mettant en œuvre le commandement du Seigneur de porter l’annonce de l’Évangile jusqu’aux extrêmes limites de la terre (cf. Mt 28, 19), scandalisa et rencontra une forte résistance et une grande hostilité surtout de ceux qui exigeaient aussi une observance inconditionnelle de la Loi mosaïque de la part des païens convertis. Même saint Pierre fut durement critiqué par la communauté quand il entra dans la maison du Centurion païen Corneille (cf. Ac 10).

La route de l’Église, depuis le Concile de Jérusalem, est toujours celle de Jésus : celle de la miséricorde et de l’intégration. Cela ne veut pas dire sous-évaluer les dangers ou faire entrer les loups dans le troupeau, mais accueillir le fils prodigue repenti ; guérir avec détermination et courage les blessures du péché ; se retrousser les manches et ne pas rester regarder passivement la souffrance du monde. La route de l’Église est celle de ne condamner personne éternellement ; de répandre la miséricorde de Dieu sur toutes les personnes qui la demandent d’un cœur sincère ; la route de l’Église c’est justement de sortir de son enceinte pour aller chercher ceux qui sont loin dans les « périphéries » essentielles de l’existence ; celle d’adopter intégralement la logique de Dieu ; de suivre le Maître qui dit : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs » (Lc 5, 31-32).

En guérissant le lépreux, Jésus ne porte aucun dommage à qui est bien-portant, au contraire, il le libère de la peur ; il ne lui apporte pas un danger mais il lui donne un frère ; il ne méprise pas la Loi mais il apprécie l’homme, pour qui Dieu a inspiré la Loi. En effet, Jésus libère les bien-portants de la tentation du « frère-ainé » (cf. Lc 15, 11-32) et du poids de l’envie et des murmures des ouvriers qui ont « enduré le poids du jour et la chaleur » (Mt 20, 1-16).

En conséquence : la charité ne peut être neutre, aseptisée, indifférente, tiède ou impartiale ! La charité contamine, passionne, risque et implique ! Parce que la charité véritable est toujours imméritée, inconditionnelle et gratuite ! (cf. 1 Co 13). La charité est créative pour trouver le langage juste afin de communiquer avec tous ceux qui sont considérés comme inguérissables et donc intouchables. Trouver le langage juste… Le contact est le vrai langage communicatif, le même langage affectif qui a transmis la guérison au lépreux. Que de guérisons nous pouvons accomplir et transmettre en apprenant ce langage du contact ! C’était un lépreux et il est devenu annonciateur de l’amour de Dieu. L’Évangile dit : « Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle » (Mc 1, 45).

Chers nouveaux Cardinaux, ceci est la logique de Dieu, ceci est la route de l’Église : non seulement accueillir et intégrer, avec un courage évangélique, ceux qui frappent à notre porte, mais sortir, aller chercher, sans préjugés et sans peur, ceux qui sont loin en leur manifestant gratuitement ce que nous avons reçu gratuitement. « Celui qui déclare demeurer dans le Christ doit, lui aussi, marcher comme Jésus lui-même a marché » (1 Jn 2, 6). La totale disponibilité pour servir les autres est notre signe distinctif, est notre unique titre d’honneur !

Et pensez bien, en ces jours où vous avez reçu le titre cardinalice, invoquons l’intercession de Marie, Mère de l’Église, qui a souffert elle-même l’exclusion à cause des calomnies (cf. Jn 8, 41) et de l’exil (cf. Mt 2, 13-23), afin qu’elle nous obtienne d’être des serviteurs fidèles à Dieu. Qu’elle nous enseigne – elle qui est la Mère – à ne pas avoir peur d’accueillir avec tendresse les exclus ; à ne pas avoir peur de la tendresse. Que de fois nous avons peur de la tendresse ! Qu’elle nous enseigne à ne pas avoir peur de la tendresse et de la compassion ; qu’elle nous revête de patience pour les accompagner sur leur chemin, sans chercher les résultats d’un succès mondain ; qu’elle nous montre Jésus et nous fasse marcher comme lui.

Chers frères nouveaux Cardinaux, regardant vers Jésus et vers notre Mère, je vous exhorte à servir l’Église, de façon que les chrétiens – édifiés par notre témoignage – ne soient pas tentés d’être avec Jésus sans vouloir être avec les exclus, s’isolant dans une caste qui n’a rien d’authentiquement ecclésial. Je vous exhorte à servir Jésus crucifié en toute personne exclue, pour quelque motif que ce soit ; à voir le Seigneur en toute personne exclue qui a faim, qui a soif, qui est nue : le Seigneur qui est présent aussi en ceux qui ont perdu la foi, ou qui se sont éloignés de leur propre foi ou qui se déclarent athées ; le Seigneur qui est en prison, qui est malade, qui n’a pas de travail, qui est persécuté ; le Seigneur qui est dans le lépreux – en son corps ou en son âme –, qui est discriminé ! Nous ne découvrons pas le Seigneur, si nous n’accueillons pas l’exclu de façon authentique ! Rappelons-nous toujours l’image de saint François qui n’a pas eu peur d’embrasser le lépreux et d’accueillir ceux qui souffrent toutes sortes de marginalisation. En réalité, chers frères, sur l’évangile des exclus, se joue, se découvre et se révèle notre crédibilité !

© Zenit.org - 2015

L’œuvre missionnaire des Oblats à Tahiti – 1977-2004 (8)

Au service des vocations et de la formation sacerdotale

Nous continuons notre parcours de l’histoire des Congrégations religieuses en Polynésie dans le cadre de l’Année de la Vie consacrée avec cette historique de la communauté des Pères O.M.I. par le R.P. Patrice Morel.

F. Visites importantes

1. Après dix ans (1987)

Personne ne peut rester en bonne santé physique ou spirituelle s'il n'accepte pas de faire le point de temps à autre, par lui-même ou avec l'aide d'un tiers. Il en va de même pour une communauté ou une équipe missionnaire : elle ne peut progresser et répondre à son objectif sans cette évaluation.

Dans ce but, après dix ans de présence oblate à Tahiti, le P. Ronald Carignan, conseiller général, et le P. Donald Arel, nouveau provincial de la Province Saint-Jean-Baptiste, sont venus y rencontrer leurs confrères. À la fin de leur séjour de deux semaines, une réunion communautaire, les 27 et 28 juillet 1987, aborda deux points principaux :

1) notre vie de communauté ;

2) notre engagement missionnaire.

Ces deux réalités sont complémentaires et s'influencent réciproquement.

À propos de la vie de communautaire, nous devons veiller à ce que le ministère ne la détruise pas. Il y a tellement de demandes, qui semblent toutes urgentes et prioritaires, que le danger est de se laisser dévorer par elles et d'en oublier, soit la prière personnelle, soit les rencontres, y compris les temps de détente. L'avis unanime est que nous sommes perçus à l'extérieur comme une vraie communauté fraternelle. Cependant, le récent retour aux États-Unis de deux membres de notre équipe nous interroge sur nos relations les uns avec les autres.

Au sujet de l'engagement missionnaire, il est clair que, pour chacun et surtout à l'extérieur, nous sommes bien dans la ligne de ce que le diocèse demande de la part des Oblats. L'ouverture de l'École de Théologie/Grand Séminaire a brisé la crainte par rapport à la possibilité de vocations polynésiennes. La manière dont nous remplissons notre ministère paroissial à Tahiti et dans les îles, a amplifié les efforts entrepris par Mgr Coppenrath et son frère Hubert pour la formation de laïcs au service de leur Église. Les communautés religieuses disent trouver une aide très appréciée de la part des Oblats.

En conclusion de ces journées de partage, il fut recommandé de rappeler à l'archevêque que les Oblats sont présents à Tahiti pour aider à la formation de l'Église locale et non pour remplacer les Pères de Picpus dans les paroisses. Si nous avons accepté de prendre en charge la paroisse de Saint-Joseph de Faaa avec ses trois églises, et de quelques autres dans les îles, c'est afin de garder un contact réel avec les chrétiens polynésiens et de ne pas œuvrer seulement au Grand Séminaire et au Foyer Jean XXIII comme en vase clos, coupés de la vie réelle.

Enfin, au sujet des vocations, il a été mentionné que les Pères de Picpus commencent à avoir des jeunes qui regardent vers eux. Il y a aussi trois jeunes qui désirerent devenir Oblats. Il nous faut donc penser à ouvrir un prénoviciat, mais nous n'avons pas sur place d'Oblat prêt et disponible pour cela. Les PP. Carignan et Arel affirment vouloir se pencher sur ce besoin et trouver le personnel nécessaire.

2. Visite du P. Marcello Zago, Supérieur général (décembre 1990)

Pourquoi cette visite ? L'initiative en revient au P. Zago lui-même. Voici ce qu'il a dit lors de son homélie à Saint-Joseph pour la fête de l'Immaculée Conception, présidée par Mgr Michel Coppenrath :

« C'est avec une profonde joie que je célèbre avec vous la fête patronale de la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée. J'ai choisi d'être parmi vous à cette date pour cette célébration, comme j'ai choisi d'être pour la dernière semaine sainte au cœur du désert du Sahara. Là au désert, j'ai célébré les mystères de la Passion, Mort et Résurrection du Christ, avec quatre confrères oblats, mais sans aucun fidèle, parce que là il n'y a aucune communauté chrétienne : les Oblats sont la seule présence de l'Église, de l'Évangile du Christ, dans une société complètement musulmane. Ici, au contraire, je célèbre cette fête de l'Immaculée avec une communauté chrétienne vivante, riche de dynamisme et de multiples charismes. Mais, ici aussi, le groupe oblat est petit, éloigné de tous les autres groupes de la Congrégation. C'est pourquoi j'ai choisi d'être parmi vous pour célébrer cette fête qui n'appartient pas seulement aux Oblats mais à l'Église entière. Pour les Oblats, cette fête a une signification spéciale non seulement à cause de leur nom de famille, mais surtout à cause de la place que Marie Immaculée occupe dans leur vie et leur mission. »

À son retour à Rome, le P. Zago nous écrivait le 17 décembre 1990 :

« Ma visite assez prolongée parmi vous du 30 novembre au 12 décembre m'a permis de partager votre vie, d'échanger sur votre travail et votre vision d'avenir. Je vous remercie pour l'accueil, et plus encore pour votre dévouement oblat.

Votre présence à Tahiti a marqué l'Église locale et attiré l'admiration sur votre œuvre et votre style de vie. Vous avez favorisé l'éveil des vocations dans le diocèse et les différentes congrégations, vous avez organisé le Grand Séminaire dont les premiers fruits semblent arriver à maturité ; vous vous êtes occupés du Séminaire intermédiaire par la direction du Foyer Jean XXIII ; vous vous êtes donnés à la formation des séminaristes, des diacres, des catéchistes, des laïcs, par des cours et des retraites dans lesquels vous êtes tous engagés. Votre travail pastoral est considérable dans la paroisse de Faaa et les deux églises-communautés de Puurai et Pamatai, comme aussi dans les Îles Tuamotu. Il est frappant de voir comment un si petit nombre a pu accomplir tant de travail et avec autant de compétence. Le passage temporaire de certains Oblats, comme le P. Francis Demers pour les causes matrimoniales, et du P. Ulric Turcotte, est bénéfique pour vous et surtout pour l'Église locale.

Votre vie de fraternité est positive et intense. Vous vous rencontrez régulièrement, même quotidiennement. On note chez vous un soutien réciproque, qui est remarqué aussi à l'extérieur. Et cela s'est réalisé dans la variété de vos origines nationales : américaine, française, canadienne et australienne.

En regardant l'avenir, il me semble que vous avez des défis à relever dans deux secteurs: votre manière de vivre la communauté et les vocations locales. Malgré votre excellente vie de fraternité et le soutien réciproque qui vous caractérisent, vous pouvez croître plus harmonieusement dans les diverses dimensions communautaires...

Les vocations locales constituent un autre défi. En effet, notre présence à Tahiti à long terme sera impossible sans des vocations locales. Vous en êtes convaincus et pour cela, vous avez cru bon d'affecter l'un de vous à ce travail prioritaire. Il faut cependant que chacun y soit attentif tout en étant engagé dans son travail respectif, sachant qu'il faut appeler et discerner, accompagner personnellement et montrer par votre vie la beauté de la vocation oblate. Les décisions à ce propos devraient être prises à travers le discernement du groupe. »

Cette visite du P. Zago nous a fait chaud au cœur, elle s'est passée dans un climat très fraternel : les PP. Lagacé et Siebert étaient ensemble avec lui au scolasticat de Rome ; quant au P. Patrice, il avait été avec lui au Laos.

Ce que le P. Zago écrit dans sa lettre du 17 décembre, il l'a expressément dit à l'archevêque : « Ne comptez pas que les Oblats puissent rester pour de nombreuses années à Tahiti s'il n'y a pas de vocations oblates locales. »

Cette remarque laisse entrevoir le problème de l'avenir des Oblats à Tahiti : il y a le vieillissement des pères engagés à Tahiti, et aussi la difficulté de trouver du personnel de renfort ou de remplacement à travers la Congrégation.

3. Deuxième visite du P. Carignan, conseiller général pour les États-Unis (avril 1993)

Comme en 1987, cette visite du P. Ronald Carignan en avril 1993 se voulait un temps d'évaluation de notre mission à Tahiti ; le P. George Capen, notre nouveau Provincial, l'accompagnait. Le Chapitre général de 1992 avait produit le document Témoins en communauté apostolique. C'est à la lumière de ce document que nous avons vécu nos partages. Les PP. Carignan et Capen, ayant participé à ce Chapitre, nous apportèrent leurs expériences.

Première constatation : entre les deux visites, cinq pères sont venus renforcer notre travail missionnaire. Ce renfort a permis de remplacer le P. Morel par le P. Lagacé à la direction du Grand Séminaire. La paroisse Saint-Joseph a bénéficié de cet apport de forces neuves, le P. Jules a pu laisser la charge de curé et être placé à Saint-Étienne de Punaauia.

Deuxième constatation : durant les quatre dernières années (1989-1993), à cause de la santé des uns ou des autres, à cause de congés au pays natal, il y a eu beaucoup de changement de personnel entre Saint-Joseph, Pamatai et Puurai. Les Frères canadiens du Sacré-Cœur ont pris, en juin 1991, la direction du Foyer Jean XXIII. Le P. Daniel a alors été nommé curé de Saint-Joseph. Comme il a reçu une nouvelle obédience, c'est le P. Chataigner qui l'y a remplacé jusqu'à son retour en France en juin 1994. Le P. Paul Siebert devra à ce moment venir à Saint-Joseph comme curé.

Troisième constatation : ces changements, le vieillissement des pères Jules, Roger et Patrice, la difficulté d'avoir des vocations oblates polynésiennes, ont créé une incertitude au sein de la communauté par rapport à l'avenir.

En conclusion de notre réunion, nous voyons qu'il ne faut pas nous engager dans de nouveaux secteurs d'activités, et que les temps d'engagement soient clairement précisés par contrat. Quant au contrat avec le diocèse qui doit être bientôt renouvelé, il ne le sera que pour trois ans. Vis-à-vis du diocèse, nous l'assurons de notre volonté de continuer notre ministère dans les différents secteurs qui nous sont impartis : Grand Séminaire, Saint-Joseph (avec trois églises), certaines îles des Tuamotu, et Saint-Étienne de Punaauia selon la santé du P. Jules.

Pourquoi est-il difficile, pour ne pas dire utopique, d'espérer des vocations oblates polynésiennes ? Le P. Chataigner a reçu son obédience pour Tahiti dans le but d'étudier ce problème des vocations oblates locales. Le rapport qu'il a rédigé en mai 1992 met en évidence les points suivants : 1) la population totale de la Polynésie est de 200 000 habitants. Il faut compter 35 à 37% de catholiques, soit, au mieux, 75 000. Combien de jeunes garçons sur ce nombre ? 25 000 à 27 000 ? 2) en plus des prêtres diocésains, s'y trouvent quatre Congrégations d'hommes qui essaient de se recruter. Les Pères de Picpus sont présents ici depuis plus de 150 ans et commencent à avoir des jeunes qui désirent se joindre à eux. Les Oblats sont venus pour aider à la formation de l'Église locale et s'y sont pleinement dévoués. Mais allons-nous faire du recrutement à outrance ? Cela ne nous paraît pas possible. Le P. Chataigner concluait ainsi son rapport :

« Actuellement pas de candidats vraiment déclarés. Peut-être un ou deux au tout début d'une démarche. Une difficulté vient de la petitesse de la population où trois autres congrégations d'hommes (sans compter le diocèse) tentent de recruter.

S'il n'y avait qu'une ou deux vocations oblates, elles risqueraient de se trouver culturellement isolées à l'intérieur de la Congrégation qui a peu d'implantations dans le Pacifique-Sud.

S'il y avait des vocations actuellement, il faudrait pouvoir les accompagner pendant 10 ou 15 ans. La communauté oblate actuelle ne peut s'y engager : la moitié de ses membres arrivera à la fin de son contrat dans deux ans.

En regardant l'expérience des Pères des Sacrés-Cœurs, peut-on commencer en n'acceptant des vocations que de frères, ou devons-nous viser tout de suite des vocations sacerdotales ? Faut-il n'accepter des candidats qu'après le sacerdoce ?

Il semble qu'on n'envisage pas de structures vocationnelles purement oblates, on préfère suivre des personnes.

À plus long terme, il semble qu'une mission oblate à Tahiti doive toujours dépendre d'un fort apport extérieur. Il semble qu'on ne doive pas envisager une autonomie complète d'une communauté d'Oblats tahitiens. »

En conclusion de ce long article sur ce que les Oblats ont fait, il apparaît qu'après 18 ans de présence à Tahiti, l'on puisse dire Mission accomplie, et que se dessine la perspective de la fin de la mission avec la question : Quand ?

(à suivre)

© Vie Oblate Life n°64 - 2005

Méditation sur la Parole

L’Evangile de ce jour est celui de la Transfiguration. Cette manifestation glorieuse de Jésus résonne comme une invitation à vivre le Carême dans toutes ses dimensions. En effet, si le temps du Carême nous conduit au désert, lieu de tentations, il nous conduit aussi sur une haute montagne afin de prendre de la hauteur et de contempler le mystère de notre foi, vu d’en haut. Sur cette haute montagne, nous pouvons reprendre des forces, entendre la voix de Dieu qui nous appelle et choisir à nouveau de nous mettre à sa suite.

 

Tout d’abord, il est dit que les vêtements de Jésus « devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille » (Mc 9,3). Jésus montre à Pierre, Jacques et Jean que notre monde ici-bas n’est qu’une étape. Il leur fait découvrir, une blancheur, une lumière qui n’existe pas sur terre. Comme il est important de garder nos yeux tournés vers les réalités d’en haut ! Saint Paul dit : « Songez aux choses d’en haut, non à celles de la terre » (Col 3,2). Bien sûr, il nous faut garder les pieds sur terre. Mais nous n’avons vraiment les pieds sur terre que lorsque nos yeux regardent vers le Ciel. Sinon, nous nous laissons submerger par les sollicitations incessantes de ce monde et nous nous enfermons dans une insatisfaction chronique.

Il est encore dit : « Elie leur apparut avec Moïse, et ils s’entretenaient avec Jésus » (Mc 9,4). Jésus montre à Pierre, Jacques et Jean que les promesses faites à Israël sont accomplies en lui. La Loi, avec Moïse, et les Prophètes, avec Elie, reconnaissent Jésus comme le Messie d’Israël. Ce dialogue entre Jésus, Moïse et Elie, nous rappelle l’importance de nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu, en particulier durant le temps de Carême. La lecture de la Bible, et en particulier celle de l’Ancien Testament, est parfois ardue et nous pouvons nous y perdre. Et pourtant, il s’agit là d’une nourriture que nous ne pouvons pas négliger. Apprendre à méditer un passage de l’Evangile en invoquant l’Esprit Saint pour que nos cœurs s’ouvrent au message transmis est indispensable dans notre vie chrétienne. Bien sûr, nous ne comprendrons jamais tout. Il nous faut accepter de vivre avec certaines questions non encore résolues. Mais à chaque lecture de la Parole de Dieu, une grâce et une lumière nous sont données. Il nous suffit d’accepter d’être en chemin et de ne pas voir tout encore dans la pleine lumière de Jésus Ressuscité.

Enfin, une nuée les couvre de son ombre et une voix se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le » (Mc 9,2). Les mêmes paroles venues du Ciel furent prononcées lors du baptême de Jésus et des paroles similaires furent dites par le centurion au moment même où Jésus remit l’Esprit sur la Croix. Le baptême de Jésus, la Transfiguration et la mort sur la Croix sont trois événements où les Cieux se déchirent et où est proclamée la Vérité : « Jésus est Fils de Dieu ». Pierre, Jacques et Jean ont besoin de cette révélation pour pouvoir passer l’épreuve de la Croix. Il en est de même pour nous. Sans grâce particulière de Dieu, nous ne pouvons pas porter nos croix. Cette vérité est essentielle : la Transfiguration a permis aux apôtres de traverser l’épreuve de la Croix jusqu’à ce que l’Esprit de Pentecôte vienne les renouveler. Nous aussi, vivons pleinement la Transfiguration, c’est à dire cette Visitation de Dieu resplendissant de lumière, afin de lui demeurer fidèles au temps de l’épreuve et des doutes.

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