PKO 01.02.2015
Dimanche 1er février 2015 – 4ème Dimanche du Temps ordinaire – Année B
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°07/2015
Humeurs
Le 2 février… n’oubliez pas de souhaiter la fête aux Consacrés
Nous célébrerons la XIXème Journée mondiale de la Vie consacrée le 2 février. Une occasion de rendre grâce au Seigneur pour toutes celles et ceux qui ont choisi de vivre la radicalité de l’Évangile au service de notre Seigneur et de son Église. L’occasion d’une prière gratuite !
Gratuite… pourquoi ? Dans notre Église nous prions beaucoup pour les vocations… mais très rarement gratuitement. À tel point que notre prière pour les vocations se réduit essentiellement à demander au Seigneur des prêtres…
Les prêtres sont « utiles » alors que les religieux ne le sont pas ! Cette phrase vous choque… et pourtant c’est bien ainsi que nous pensons la plupart du temps…
Non les religieux ne sont pas utiles, pas plus que les prêtres d’ailleurs… ils ne sont pas utiles, ils sont essentiels à l’Église… comme l’air est essentiel à notre vie ! « Jésus vient à notre rencontre dans l’Église à travers le charisme fondamental » de la vie religieuse (Pape François).
Lundi à 18h, les religieuses et religieux qui œuvrent dans notre Archidiocèse se retrouveront à l’église Sainte Trinité de Pirae pour y fêter la Journée mondiale de la Vie consacrée… et si à cette occasion nous sortions de notre « égoïsme ecclésial » pour partager avec eux cette fête… Si nous nous y retrouvions pour les fêter… pour leur dire ainsi combien nous sommes fiers de les compter dans nos communautés…
Regard sur l’actualité
Le Pape François, l’Église et les pauvres
Quand l'une d’entre vous m’a demandé quel message j’apportais aux Philippines, j’ai dit : les pauvres. C’est le message que l’Église donne aujourd’hui.
Ce que vous dites aussi du Sri Lanka, des tamouls, de la discrimination, des pauvres, des victimes de cette culture du rejet. C’est vrai, vous savez. Aujourd’hui on ne jette pas du papier, ce qui est en trop. On jette les personnes. La discrimination est une forme de rejet, n’est-ce pas ? On rejette les personnes. Un peu comme le système des castes, c’est l’image qui me vient à l’esprit. Ça ne peut pas aller. Et aujourd’hui « rejeter » quelqu’un passe pour quelque chose de normal. Et vous parlez d’hôtels de luxe et de baraques.
Dans mon diocèse de Buenos Aires il y a tout un quartier moderne, appelé Puerto Madero, qui va jusqu’à la gare, et puis commence la « Villa Miseria », les pauvres, un derrière l’autre. D’un côté, il y a 36 restaurants de luxe, si tu vas manger là-bas on te coupe la tête ; de l’autre côté il y a la faim. On se fait attaquer. Et nous, on en a fait presque l’habitude, n’est-ce pas? Oui, nous on est là et les exclus là-bas. C’est cela la pauvreté et je crois que l’Eglise doit donner de plus en plus l’exemple, qu’elle doit refuser toute mondanité.
Pour les consacrés, évêques, prêtres, sœurs, laïcs qui croient vraiment, la mondanité est le plus grave des péchés, la plus grave des menaces. Qu’il est laid de voir un consacré, un homme d’Eglise, une sœur, mondain. Très laid ! Ce n’est pas le chemin indiqué par Jésus. C’est le chemin d’une ONG qui se dit Église. Mais qui n’est pas l’Église de Jésus, car l’Église n’est pas une ONG, c’est autre chose. Mais quand elle devient mondaine – une partie de l’Église, ces gens – elle devient une ONG et cesse d’être « Église ».
L’Église est le Christ, mort et ressuscité pour notre salut, elle est le témoignage des chrétiens qui suivent le Christ. Ce scandale dont vous parlez est vrai, oui, tant de fois nous scandalisons les chrétiens, nous scandalisons : prêtres et laïcs – car le chemin de Jésus est un chemin difficile. C’est vrai, l’Église doit se dépouiller.
Mais vous parlez de terrorisme d’État. Que ce rejet est comme une forme de terrorisme. Je n’y avais jamais pensé, vraiment, et vous m’y faites penser. Je ne sais que vous dire, vraiment. Mais ce ne sont pas des caresses, vraiment. C’est comme si on disait : non, toi, dehors !
Ou c’est comme ce qui est arrivé à ce clochard à Rome : le pauvre avait mal au ventre. Et quand tu as mal au ventre, tu vas aux urgences, on te donne alors une aspirine ou autre chose du même genre, ou bien on te renvoie avec un rendez-vous pour dans 15 jours.
L’homme est allé chez un prêtre et le prêtre voyant cela, s’est ému et lui a dit : « Je vais te conduire à l’hôpital. Mais rends-moi service : quand je commencerai à expliquer ce que tu as, fais semblant de t’évanouir ». Et c’est ce qu’il fit. Un vrai artiste. Il l’a bien fait. C’était une péritonite ! Cet homme avait été rejeté. Il s’en allait tout seul, exclu et il serait mort. Ce curé a été malin et il l’a bien aidé. Il était loin des mondanités.
N’est-ce pas du terrorisme cela ? Mais… oui, on peut le penser… on peut le penser, mais j’y penserai bien, merci ! Tous mes vœux à votre agence (ANSA qui fête ses 70 ans).
L’absence du père… le mal de nos société occidentales
Audience générale du mercredi 28 janvier 2015 – Pape François
Le pape François met en garde contre une société dans laquelle la « paternité » est absente et laisse les jeunes « orphelins de maîtres » et « d’idéaux », de « valeurs », « d'espérance ».
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous reprenons le parcours de catéchèse sur la famille. Aujourd’hui, nous nous laissons guider par le mot « père ». Un mot qui nous est cher, à nous chrétiens, plus que tout autre, parce que c’est le nom avec lequel Jésus nous a appris à appeler Dieu : Père. Le sens de ce mot a reçu une nouvelle profondeur, précisément à partir de la manière dont Jésus l’employait pour s’adresser à Dieu et manifester sa relation particulière avec Lui. Le mystère béni de l’intimité de Dieu, Père, Fils et Esprit, révélé par Jésus, est le cœur de notre foi chrétienne.
« Père » est un mot que nous connaissons tous, un mot universel. Il indique une relation fondamentale dont la réalité est aussi ancienne que l’histoire de l’homme. Aujourd’hui, cependant, on en est arrivé à affirmer que notre société serait une « société sans père ». En d’autres termes, en particulier dans la culture occidentale, la figure du père serait symboliquement absente, évanouie, éliminée. Dans un premier temps, cela a été perçu comme une libération : libération du père-patron, du père en tant que représentant de la loi qui s’impose de l’extérieur, du père en tant que censeur du bonheur de ses enfants et obstacle à l’émancipation et à l’autonomie des jeunes. Parfois, dans certaines maisons, il régnait autrefois un autoritarisme, dans certains cas même un abus de pouvoir : des parents qui traitaient leurs enfants comme des serviteurs, sans respecter les exigences personnelles de leur croissance, des pères qui ne les aidaient pas à se lancer sur leur chemin librement - mais ce n’est pas facile d’éduquer des enfants dans la liberté -, des pères qui ne les aidaient pas à assumer leurs responsabilités pour construire leur avenir et celui de la société.
Ce comportement n’est certainement pas bon ; pourtant, comme cela arrive souvent, on passe d’un extrême à l’autre. Le problème de notre époque ne semble plus tellement être la présence envahissante des pères, mais leur absence, leur effacement. Les pères sont parfois tellement concentrés sur eux-mêmes et sur leur travail, et parfois aussi sur leurs propres réalisations individuelles, qu’ils en oublient leur famille. Et ils laissent les petits et les jeunes. Lorsque j’étais évêque de Buenos Aires, je percevais le sentiment d’être orphelins que vivent aujourd’hui les jeunes ; je demandais souvent aux papas s’ils jouaient avec leurs enfants, s’ils avaient assez de courage et d’amour pour perdre du temps avec leurs enfants. Et la réponse n’était pas bonne, dans la majorité des cas : « Mais, je ne peux pas, parce que j’ai beaucoup de travail… ». Et le père était absent de ce fils qui grandissait, il ne jouait pas avec lui, non, il ne perdait pas de temps avec lui.
Maintenant, avec ce parcours commun de réflexion sur la famille, je voudrais dire à toutes les communautés chrétiennes qu’il faut que nous soyons plus attentifs : l’absence de la figure paternelle dans la vie des petits et des jeunes crée des lacunes et des blessures qui peuvent même être très graves. Et, en effet, les déviances des enfants et des adolescents peuvent en bonne partie être dues à ce manque, à cette carence d’exemples et de guides autorisés dans leur vie de tous les jours, au manque de proximité, au manque d’amour de la part des parents. Le sentiment d’être orphelins que vivent beaucoup de jeunes est plus profond que nous ne le pensons.
Ils sont orphelins dans leur famille, parce que les papas sont souvent absents de chez eux, y compris physiquement, mais surtout parce que, quand ils sont là, ils ne se comportent pas comme des pères, ils ne dialoguent pas avec leurs enfants, ils n’exercent pas leur rôle éducatif, ils ne donnent pas à leurs enfants, par leur exemple accompagné de leur parole, ces principes, ces valeurs, ces règles de vie dont ceux-ci ont autant besoin que de pain. La qualité éducative de la présence paternelle est d’autant plus nécessaire que le papa est obligé par son travail de rester loin de chez lui. Parfois, il semble que les papas ne savent pas bien quelle place occuper dans la famille ni comment éduquer leurs enfants. Alors, dans le doute, ils s’abstiennent, ils se retirent et négligent leurs responsabilités, peut-être en se réfugiant dans une improbable relation « d’égalité » avec leurs enfants. C’est vrai que tu dois être un « compagnon » de ton fils, mais sans oublier que tu es le père ! Si tu ne te comportes que comme un compagnon à égalité avec ton fils, cela ne lui fera pas de bien.
Et nous voyons aussi ce problème dans la communauté civile. La communauté civile, avec ses institutions, a une certaine responsabilité – nous pouvons dire paternelle – envers les jeunes, une responsabilité qu’elle néglige parfois ou qu’elle exerce mal. Elle aussi les laisse souvent orphelins et ne leur propose pas une vérité en perspective. De cette façon, les jeunes restent orphelins d’une voie sûre à parcourir, orphelins d’un maître en qui avoir confiance, orphelins d’un idéal pour réchauffer leur cœur, orphelins de valeurs et d’espérance pour les soutenir au quotidien. On les remplit peut-être d’idoles, mais on leur vole leur cœur ; on les pousse à rêver de divertissements et de plaisirs, mais on ne leur donne pas de travail ; on les trompe avec le dieu argent, et on leur refuse les vraies richesses.
Cela fera donc du bien à tout le monde, aux pères et aux enfants, de réécouter la promesse que Jésus a faite à ses disciples : « Je ne vous laisserai pas orphelins » (Jn 14, 18). C’est lui, en effet, la Voie à parcourir, le Maître à écouter, l’Espérance selon laquelle le monde peut changer, l’amour est vainqueur de la haine, il peut y avoir un avenir de fraternité et de paix pour tous. L’un de vous pourra me dire : « Mais Père, aujourd’hui, vous avez été trop négatif. Vous n’avez parlé que de l’absence des pères, de ce qui arrive quand les pères ne sont pas proches de leurs enfants… C’est vrai, j’ai voulu souligner cela parce que, mercredi prochain, je continuerai cette catéchèse en mettant en lumière la beauté de la paternité. C’est pour cela que j’ai choisi de partir de l’obscurité pour arriver à la lumière. Que le Seigneur nous aide à bien comprendre tout cela. Merci.
© Copyright 2015 – Libreria Editrice Vaticana
La vie religieuse, entre obéissance et prophétie
Homélie de la Journée mondiale de la Vie consacrée 2014
Dans le cadre de l’Année de la vie consacrée, tous les religieuses et religieux de l’Archidiocèse se retrouverons ce lundi à l’église Sainte Trinité de Pirae pour célébrer la « Journée mondiale de la Vie consacrée ». L’occasion pour nous de relire l’homélie du Pape François à l’occasion de cette même journée l’an dernier…
La fête de la présentation de Jésus au Temple est appelée également la fête de la rencontre : dans la liturgie, au début, il est dit que Jésus va à la rencontre de son Peuple, c’est la rencontre entre Jésus et son peuple ; quand Marie et Joseph amenèrent leur enfant au Temple de Jérusalem, eut lieu la première rencontre entre Jésus et son peuple, représenté par les deux vieillards Syméon et Anne.
Ce fut aussi une rencontre au sein de l’histoire du peuple, une rencontre entre les jeunes et les personnes âgées : les jeunes étaient Marie et Joseph, avec leur nouveau-né ; et les personnes âgées étaient Syméon et Anne, deux personnages qui fréquentaient toujours le Temple.
Observons ce que l’évangéliste Luc nous dit à leur propos, comment il les décrit. A propos de la Vierge et de saint Joseph, il répète à quatre reprises qu’ils voulaient faire ce qui était prescrit par la Loi du Seigneur (cf. Lc 2, 22.23.24.27). On saisit, on perçoit presque que les parents de Jésus ont la joie d’observer les préceptes de Dieu, oui, la joie de marcher dans la Loi du Seigneur ! Ce sont deux nouveaux époux, ils viennent d’avoir leur enfant, et ils sont entièrement animés du désir d’accomplir ce qui est prescrit. Cela n’est pas un fait extérieur, ce n’est pas pour se sentir en règle, non ! C’est un désir fort, profond, plein de joie. C’est ce que dit le Psaume : « Dans la voie de ton témoignage j’ai ma joie ». Ta loi fait mes délices (119, 14.77).
Et que dit saint Luc à propos des personnes âgées ? Il souligne plus d’une fois qu’elles étaient guidées par le Saint-Esprit. Il affirme à propos de Syméon que c’était un homme juste et pieux, qui attendait la consolation d’Israël, et que « l’Esprit Saint reposait sur lui » (2, 25) ; il dit que « l’Esprit Saint l’avait averti » qu’avant de mourir il aurait vu le Christ, le Messie (v. 26) ; et enfin qu’il se rendit au Temple « poussé par l’Esprit » (v. 27). À propos d’Anne, il dit ensuite que c’était une « prophétesse » (v. 36), c’est-à-dire inspirée par Dieu ; et qu’elle était toujours dans le Temple « servant Dieu dans le jeûne et la prière » (v. 37). En somme, ces deux personnes âgées sont pleines de vie ! Elles sont pleines de vie, car elles sont animées par le Saint-Esprit, dociles à son action, sensibles à ses appels.
Et voilà la rencontre entre la Sainte Famille et ces deux représentants du peuple saint de Dieu. Au centre se trouve Jésus. C’est Lui qui anime tout, qui attire les uns et les autres au Temple, qui est la maison de son Père.
C’est une rencontre entre les jeunes pleins de joie dans l’observation de la Loi du Seigneur et les personnes âgées pleines de joie en raison de l’action du Saint-Esprit. C’est une rencontre particulière entre observance et prophétie, où les jeunes sont les observants et les personnes âgées sont les prophètes. En réalité, si nous réfléchissons bien, l’observance de la Loi est animée par l’Esprit lui-même, et la prophétie a lieu sur la route tracée par la Loi. Qui plus que Marie est emplie du Saint-Esprit ? Qui plus qu’elle est docile à son action ?
À la lumière de cette scène évangélique considérons la vie consacrée comme une rencontre avec le Christ : c’est Lui qui vient à nous, conduit par Marie et Joseph, et c’est nous qui allons vers Lui, guidés par le Saint-Esprit. Mais au centre, il y a Lui. C’est Lui qui anime tout, Lui qui nous attire au Temple, à l’Église, où nous pouvons le rencontrer, le reconnaître, l’accueillir, l’embrasser.
Jésus vient à notre rencontre dans l’Église à travers le charisme fondamental d’un Institut : il est beau de penser ainsi à notre vocation ! Notre rencontre avec le Christ a pris sa forme dans l’Église à travers le charisme de l’un de ses témoins, homme ou femme. Cela nous étonne toujours et nous fait rendre grâces.
Et dans la vie consacrée aussi on vit la rencontre entre les jeunes et les personnes âgées, entre observance et prophétie. Ne les voyons pas comme deux réalités opposées ! Laissons plutôt le Saint-Esprit les animer toutes les deux, et le signe de cela est la joie : la joie d’observer, de marcher dans une règle de vie ; c’est la joie d’être guidés par l’Esprit, jamais rigides, jamais fermés, toujours ouverts à la voix de Dieu qui parle, qui ouvre, qui conduit, qui nous invite à aller vers l’horizon.
Cela fait du bien aux personnes âgées de communiquer la sagesse aux jeunes : et cela fait du bien aux jeunes de recueillir ce patrimoine d’expérience et de sagesse, et de le porter de l’avant, non pour le conserver dans un musée, mais pour le porter de l’avant en affrontant les défis que la vie nous présente, le porter de l’avant pour le bien des familles religieuses respectives et de toute l’Église.
Que la grâce de ce mystère, le mystère de la rencontre, nous illumine et nous réconforte sur notre chemin. Amen.
© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana
« Affaire Charlie Hebdo »… un appel à la responsabilité
La déclaration des Évêques du Sénégal sur l'affaire « Charlie Hebdo »
Voici l’intégralité de la déclaration des Évêques du Sénégal, faite face à la presse ce jeudi 22 janvier 2015. Un message adressé aux fidèles chrétiens et musulmans du Sénégal et qui fait suite aux événements tragiques que connaissent actuellement plusieurs pays du monde avec « l’affaire Charlie Hebdo ». Ils condamnent « avec force » la violence meurtrière du terrorisme et du fanatisme et affirment ne pas pouvoir cautionner les caricatures les caricatures de Mohamed, Fondateur de l’Islam. Ils ont aussi « condamné avec véhémence » cette liberté d’expression « qui se veut illusoirement absolue ».
Chers frères et sœurs fidèles du Christ, chers frères et sœurs musulmans, chers compatriotes et vous tous étrangers vivant parmi nous,
Au début de cette adresse, nous viennent à l’esprit, nous, Évêques du Sénégal, ces paroles de notre Seigneur Jésus-Christ à ses disciples :« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14, 27).
Elles nous rappellent, en effet, que la paix est un don merveilleux et précieux de Dieu, que les hommes se doivent d’accueillir, de protéger et de faire fructifier.C’est à nous tous que revient la responsabilitéde construire cette paix, à travers nos paroles, nos comportements, et nos actions de tous les jours. Or, les événements tragiques que le monde vient de vivre avec « l’affaire Charlie Hebdo » constituent une menace grave à la paix sociale, avec des conséquences déplorables, notamment à l’encontre de personnes innocentes.
Fidèles à notre responsabilité de pasteurs, nous prenons la parole pour inviter instamment au calme, à la réflexion, au jugement de la raison, qui va au-delà des passions et qui doit guider notre action et notre réaction. Nous saluons avec bonheur les prises de position de beaucoup de chefs religieux, d’intellectuels et de tant d’autres personnes qui se sont prononcés en ce sens, chez nous et ailleurs. Nous condamnons avec force la violence meurtrière du terrorisme et du fanatisme de tous bords qui, sous le couvert de la religion, porte atteinte à la vie des hommes, au nom de Dieu. Ceci est inacceptable et incohérent, car la vie est un don sacré de Dieu, qui doit être respecté et protégé. Personne ne peut s’arroger le droit de donner la mort : « Tu ne tueras pas »(Ex 20, 13), c’est le cinquième Commandement de Dieu. Aussi implorons-nous, dans nos prières, la miséricorde du Seigneur pour toutes les victimes.
Nous ne pouvons pas non plus cautionner les caricatures de Mohamed, Fondateur de l’Islam. Nous condamnons avec véhémence cette liberté qui se veut illusoirement absolue, sans limites, en offensant et en manquant de respect à l’autre, dans sa dignité d’homme, dans ses choix, sa foi et ses convictions religieuses. Nous faisons nôtre la position du Saint Père, le Pape François, se prononçant sur ladite affaire en ces termes : « On ne peut pas provoquer. On ne peut pas insulter la foi des autres. On ne peut pas la tourner en dérision. La liberté d’expression doit s’exercer sans offenser ». La religion est une fibre très sensible. Ne jouons donc pas avec le feu ! C’est pourquoi, sans jamais entrer dans une logique de vengeance et de violence, nous dénonçons le caractère blessant de ces publications. C’est dans le témoignage du pardon, de la fraternité et de la paix que les croyants, guidés par les chefs religieux, peuvent rendre authentiquement compte de la vérité et de l’amour contenus dans la religion.
Par contre, les auteurs de telles caricatures ne peuvent et ne doivent, en aucune manière, être assimilés à des chrétiens agissant contre l’Islam, comme les réactions violentes survenues au Niger pourraient le faire croire. D’ailleurs, leur idéologie est très souvent dirigée contre la religion chrétienne, et plus particulièrement contre les catholiques. On ne peut pas non plus injustement étendre cette hostilité à toute la nation française, qui est composée aussi bien de croyants - chrétiens, musulmans, juifs et autres - que d’autres personnes désireuses de vivre en harmonie avec leurs semblables.
Nous lançons le présent appel, pour préserver notre cher Sénégal de tous les démons de la division, de la haine et de la violence, comme nous l’ont toujours rappelé nos chefs religieux, musulmans comme chrétiens. En effet, ce qui nous rassemble est plus important que ce qui peut nous différencier. Nos diversités religieuses et ethniques sont des richesses qui doivent contribuer à la consolidation de notre unité nationale. Veillons à préserver le bel exemple de cohabitation pacifique, qui caractérise notre société, à travers le respect réciproque de nos convictions et à travers la convivialité et la collaboration dans la vie quotidienne. Ne cédons jamais à la pression des influences extérieures, qui pourraient fragiliser cet héritage précieux, remettre en cause les fondements de notre société, et hypothéquer notre développement.
Nous en appelons à la vigilance et à la responsabilité de tous ! Nous élevons enfin notre prière vers le Dieu d’amour, par Marie Notre-Dame de la Paix, Notre-Dame de Poponguine, pour les grâces de la Paix chez nous, en Afrique, et partout dans le monde.
Fait à Dakar, le 22 janvier 2015
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Au-delà du handicap au quotidien
Intervention de Nathalie SALMON-HUDRY
Samedi 24 janvier 2015, Nathalie SALMON-HUDRY, auteur de « Je suis née morte » a fait une intervention remarquable et pleine d’émotion à l’occasion de la seconde édition de TEDx Papeete. Nous vous offrons le contenu de cette intervention pleine d’émotion et d ‘espérance.
Bonjour TEDx Papeete 2015. Vous allez bien ?
Je vais parler de mon parcours atypique pour une vie normale. Et comment les MOTS peuvent guérir les MAUX.
À notre naissance, on n'a pas de chèque en blanc comme quoi la vie sera simple. Non, on reçoit bien plus, on reçoit cette envie folle de vivre, vivre malgré tout. Au fil des années et avec un peu de maturité, je pense, on se cherchera une place. On voudra faire, réaliser, apporter notre pierre à l'édifice. C'est notre cycle de la vie. Mais l'histoire se complique un peu lorsqu'on ne peut rien faire.
Je suis née morte. Une erreur médicale et vingt minutes pour me réanimer. Après quoi, le médecin a dit à ma mère que j'avais eu un petit problème. Entre nous, heureusement qu'il était petit le problème, vous imaginez sinon ?
Concrètement, je ne marche pas et je peux pas contrôler mes mains. J'ai des mouvements involontaires. Bref, mon corps n'en fait qu'à sa tête mais il oublie que la tête c'est moi. J’ai une raideur au niveau des mâchoires ce qui entraîne une difficulté « technique » pour parler, rassurez-vous le débit est bon, très bon même D'ailleurs bon courage à celui qui voudra me couper la parole ces 15 prochaines minutes.
Je ne peux rien faire par moi-même, je suis totalement dépendante d'une tierce personne. Les médecins ont donc conseillé à ma mère de me placer en institution tant le quotidien serait lourd à porter. Lourd dans tous les sens du terme d'ailleurs.
Mais ma mère m'a gardée car aussi tordue que je sois, je reste sa fille. Elle va faire un gros travail d'éveil pour aiguiser ma curiosité, elle a bien vu que ma déficience n'était que physique. Elle m'a appris les couleurs, les formes. Avec moi, elle n'a jamais baissé le niveau, je veux dire par là qu'elle faisait toujours des phrases de 3 kilomètres et bien complexes, et je devais la suivre. Mais je la remercie car elle m'a donné l'envie d'apprendre. Ce qui m'a sauvée, vu que ma carrière professionnelle de coiffeuse ou d'esthéticienne était fichue ! On se comprend !
Alors, j'ai étudié. Enfin, un domaine où je réussissais, où j'étais normale. Et donc je me disais que c'était la seule façon de montrer aux autres que j'étais normale. C'était sans compter sur les établissements scolaires qui m'ont toujours refusée. Ça ne m'a pas découragée. Je suis entrée dans un centre d'handicapés et j'ai fait ma scolarité seule, tantôt aidée par de bonnes âmes, tantôt par correspondance. Et j'ai passé tous les examens comme tout le monde, et ce jusqu'au baccalauréat. Là, le choix de métiers s'impose avec la grande question : qu'est-ce que je peux faire. Je n'avais pas mille et une possibilités. J'ai suivi une formation de journaliste. Rédiger un article, ça je peux le faire sur ordinateur. Vous aurez compris que vu la grande délicatesse de mes mains, je ne les utilise pas. Je tape à l'ordinateur avec ça. C'est une licorne, ça se fixe autour de ma tête comme ça. Bon, je ne remporterai pas un concours de beauté avec ça mais j'ai pu écrire mes dictées du primaire, mes dissertations du secondaire et quelques stupides poèmes d'adolescente. Et, quand le réseau s'y prête bien, je surfe deux, trois vagues du web et depuis peu facebook est mon QG. Tout ça grâce à cette petite chose mais tout aussi magique que l'animal dont elle a le nom.
C'est ainsi que j'ai découvert le monde des mots. Les premiers qui ont compté dans ma vie sont ceux de mes lectures. Avec eux, je pouvais laisser mon fauteuil roulant et partir en vadrouille avec le héros de l'histoire. Au quotidien, mes journées se passent au fil de mes incapacités. Je ne peux pas faire ci, je ne peux pas faire ça. Mais dans un livre, je peux tout faire : escalader des montagnes, traverser des océans à la nage. Pour la première fois de ma vie, je pouvais percevoir la "liberté". Quand le livre se refermait, il me déposait doucement dans mon fauteuil.
Mais, les histoires ne rémunèrent pas, il me fallait trouver un travail. J'étais diplômée, j'étais motivée et surtout j'avais un beau sourire, ok, ça compte pas. Je suis allée à plusieurs entretiens et je sentais bien qu'il y avait un mur. Je n'ai eu que des refus. Même avec les milliards d'aides et la loi d'obligation à l'embauche des personnes handicapées. Impossible ! Comme si ce que je pouvais faire ne valait rien à côté de mon handicap.
Alors, je me suis retrouvé chez moi, complètement isolée de la société. À ce moment-là, j'ai cherché le sens de tout ça, le sens de ma vie. J'ai regardé autour de moi, j'avais une famille qui m'aimait, j'avais de bons amis dévoués, pas nombreux car ils se limitaient bien souvent aux amis de ma mère et aux employés de mon centre, j'avais mon fidèle ordinateur et facebook. Mais on ne peut pas vivre que de ça. J'avais besoin d'être un peu plus active. Je voulais trouver la pierre que je pouvais apporter à l'édifice. C'était important pour moi.
La lecture ne pouvait plus m'aider. Alors, j'ai écrit. Je vous disais que je cherchais un sens à tout ça, la page blanche est devenue mon laboratoire.
Page après page, cette expérience a fini en livre où je me suis appliquée à écrire vrai et simple. Écrire vrai pour pouvoir être moi-même, loin des idées préconçues ou des préjugés. Vous savez, certains croient savoir comment un handicapé devrait vivre. Mais, moi, je préfère être moi-même avant d'être handicapée. Et écrire simple pour dédramatiser et finalement reléguer au second plan mon handicap. Montrer aux gens la femme que je suis, avec toutes mes qualités et aucun défaut. Je sais là on tombe dans la science fiction !
C'est là que j'ai pu sonder toute la magie de l'écriture. Voilà une action égoïste, j'ai écrit d'abord pour moi, pour fuir l'ennui et tenter de changer ma vie, cette action égoïste a réussi à créer un pont entre moi et les autres. Oui, dans ma vie, ce sont les mots qui m'ont donné une place. Moi, qui souffrait de solitude !!!
C'est là que j'ai pris conscience qu'avec les mots je pouvais tout faire : consoler, encourager, guider, construire. Mais aussi nuire, casser et détruire. Chaque mot est important et peut faire la différence. Donc lorsqu'on dit « Ce ne sont que des mots », sait-on vraiment de quoi on parle ? Les mots sont le miroir de nos pensées. Il faut faire attention à ce que l'on dit.
J'ai appris ça à 29 ans. Comme une deuxième naissance que je dois à un éditeur. Il y a beaucoup de livres écrits par ou parlant des personnes handicapées. Mais en éditer un à Tahiti, c'est osé, vu le mythe qui circule. Franchement, lorsque vous entendez Tahiti, vous pensez à la vahine, sur une plage, vêtue d'un petit pareu. Vous ne pensez jamais à une vahine assise dans un fauteuil, les roues complètement enfoncées dans le sable, qui met 3h à traverser une plage pour arriver au bord de l'eau, qui se rend compte que le soleil est déjà sur le point de se coucher et que donc c'est l'heure des requins.
Je ne vous raconte pas tout ça pour être admirée. Non, je ne suis pas un modèle.S'il a y un héros à mon histoire, ce sont toutes ces personnes qui m'aiment et qui font que je puisse me tenir là devant vous sans peu, avec un petit trac mais sans peur. Certes ma vie est différente mais je n'ai pas l'exclusivité d'une vie difficile. Handicapé ou normal, grand ou petit, personne n'a une vie facile. Un jour, devant un échec ou une difficulté, on a tous dit : Pourquoi ? Pourquoi moi ?
Une chose est sûre, on ne pourra jamais avoir une vie sans épreuves. Ça serait comme un ciel sans nuages, ça serait ennuyant ! Certes les nuages sont synonymes de pluie mais qui ne s'est jamais émerveillé devant un nuage à la forme bizarre ou superbement coloré de rose, d'orange, ou de rouge. Pourtant le nuage reste nuage, seuls l'éclairage et notre perception changent !!!! Mais nous devons apprendre à toujours nous émerveiller devant un nuage pour mieux supporter les temps de pluie.
Pourquoi ne pas faire pareil avec les coups durs de la vie. Utiliser les mots pour donner des nuances à notre ciel gris. Comme un arc-en-ciel après chaque orage. C'est le miracle des mots. C'est le miracle que je veux pour ma vie et c'est le miracle que je souhaite à tous.
Merci à vous, Merci Ted
© Nathalie SALMON-HUDRY
L’œuvre missionnaire des Oblats à Tahiti – 1977-2004 (4)
Au service des vocations et de la formation sacerdotale
Nous continuons notre parcours de l’histoire des Congrégations religieuses en Polynésie dans le cadre de l’Année de la Vie consacrée avec cette historique de la communauté des Pères O.M.I. par le R.P. Patrice Morel.
3) Activités pour répondre à l'attente de l'archevêque
Après avoir situé sommairement le contexte dans lequel arrivait le premier groupe oblat et leurs efforts pour se préparer à leur mission, voyons comment ils ont essayé de transcrire dans le concret de leur action cette mission : aider à la formation et à la construction d'une Église locale.
Messes dans les quartiers. Un mois et demi après notre arrivée à Saint-Joseph de Faaa, afin de créer une relation plus proche entre les paroissiens et leur pasteur, nous sommes allés célébrer l'Eucharistie dans les différents quartiers de la paroisse. Une fois par semaine les PP. Jules et Patrice, avec l'aide des groupes du Rosaire Vivant, organisaient un rassemblement des chrétiens dans leurs propres quartiers. Excellente occasion de se connaître les uns les autres, de témoigner de l'intérêt que nous portions à chacun. L'utilisation du tahitien, même s'il était loin d'être parfait, touchait les cœurs, prouvant notre désir, non pas d'imposer une culture étrangère, mais de les épauler pour vivre leur foi au Christ dans leur propre culture.
Conseil paroissial. Désirant que les paroissiens aient leur mot à dire dans le fonctionnement de la paroisse et dans la transmission de la foi, le P. Jules constitua un Conseil paroissial composé des « katekita », de quelques membres des groupes du Rosaire Vivant représentant les différents quartiers, de membres du service de la catéchèse, du service de la liturgie : une assemblée assez grande, vu la grandeur de la paroisse.
Le P. Jules expliqua à toute la paroisse, d'abord dans le prêche dominical, le but de ce Conseil, insistant sur la nécessité que tous se sentent concernés. À chaque réunion, il répétait qu'il n'était pas là pour imposer sa volonté et ses vues mais pour présenter des projets afin qu'ils soient discutés, approuvés ou refusés.
Les questions abordées en Conseil se rapportaient à l'organisation des messes de quartiers, des différentes célébrations liturgiques, telle que la fête de la Toussaint avec la bénédiction des tombes au cimetière (deux sur la paroisse) ; de la préparation d'une kermesse en vue de récolter des fonds pour les besoins de la paroisse, etc. La récolte des fonds visait en premier lieu la construction de six salles de catéchèse pour la desserte de Pamatai. Elles seront construites par les paroissiens eux-mêmes et inaugurées le 11 mai 1980.
C'est à l'occasion d'un projet similaire pour le quartier de Puurai que le Conseil paroissial a trouvé sa maturité : c'était en octobre 1980. Le P. Jules proposa la construction d'une salle de rassemblement pour les jeunes qui, avant notre arrivée, jouaient sur le terrain acquis par la mission. Cette salle aurait servi à rencontrer les jeunes, à y organiser éventuellement des célébrations eucharistiques. Au cours de cette réunion, un membre de ce quartier de Puurai justement, exprima le désir que cette construction soit une église et non une salle de jeux. Cette proposition qui prenait le contre-pied de ce que le P. Jules avait en tête, fut d'abord accueillie dans le silence, mais très vite - peut-être parce que le P. Jules ne disait rien -, la proposition de cet homme fut soutenue par la majorité des membres du Conseil et le P. Jules l'accepta tout de suite, ne cherchant pas à faire prévaloir son point de vue. Cette attitude changea complètement l'atmosphère du Conseil paroissial. Les paroissiens prirent conscience de la valeur de leurs idées et de ce que leur répétait sans cesse leur pasteur était vrai : il n'était pas là pour imposer ses idées.
À partir de ce jour, une nouvelle ambiance de confiance et d'estime réciproque a régné dans les relations pasteur-paroissiens. Cet épisode montre bien dans quel esprit les Oblats ont travaillé à Tahiti pour promouvoir une Église locale adulte. En cela, nous avons été grandement appuyés par Mgr Michel. Par la suite, cette réalité du Conseil paroissial s'est étendue à toutes les paroisses du diocèse, y compris dans les atolls, en priorité ceux dont nous avons eu la responsabilité.
Groupes de prière. Dès novembre 1978, les PP. Jules et Patrice étaient d'accord pour avoir un groupe de prière sur la paroisse, non pas en concurrence avec les groupes du Rosaire Vivant ou de la Légion de Marie, mais en complémentarité. La direction de ce groupe fut confiée à Sr Jeannine Rosa, MNDA, et au katekita Pierre Marere qui se préparait au diaconat permanent. Ces deux personnes connaissaient le Renouveau charismatique, et c'est dans cette ligne que le groupe de prière de Faaa s'est créé et développé. Le P. Patrice s'y est impliqué et en est devenu le berger en 1979. Ce groupe de prière, Nazareta, a permis à de nombreux chrétiens de vivre une expérience de conversion et d'engagement au service de la paroisse ou du diocèse.
Cours de morale. Le P. Jules proposa des cours de morale à des laïcs pour leur faire découvrir que la morale est autre chose qu'une série de lois et d'interdits, mais qu'elle est un chemin de développement humain fondé sur l'amour et sur la foi au Christ-Sauveur. Ces cours furent suivis par des paroissiens de Faaa, mais aussi d'autres paroisses voisines. Ils conduisirent, dans le futur, d'autres Pères, Frères et Sœurs à proposer ainsi à des laïcs des enseignements qui compléteraient leurs connaissances religieuses.
Déjà dans le diocèse, depuis le début de la Mission en Polynésie, les Pères des Sacrés-Cœurs avaient eu le souci de la formation des laïcs. Elle était indispensable pour ceux qui étaient chargés par les Pères de diriger les communautés chrétiennes, spécialement celles des îles pendant leur absence, parfois pendant un an. L'École des Katekita avait été rénovée par le P. Hubert Coppenrath en 1970. Elle sera suivie, deux ans plus tard, par l'École des Diacres, elle aussi sous la direction du P. Hubert.
Le P. Jules, et avec lui ensuite les Oblats, ont collaboré à ces Écoles ou à d'autres initiatives parallèles dans les paroisses.
Pastorale familiale. La grandeur de la paroisse Saint-Joseph, avec le nombre de chrétiens y vivant, dont beaucoup de jeunes, voyait souvent la célébration de baptêmes, de premières communions, de confirmations, mais très peu de mariages. Par ailleurs, nous constations que de nombreux couples mariés à l'église vivaient des crises douloureuses aboutissant très souvent à des séparations, des divorces et des concubinages adultérins.
Devant cette situation et fort de l'expérience pastorale de nombreux diocèses dans le monde, le p. Jules estima nécessaire d'instaurer des cours de préparation au mariage. Un essai avait été tenté avant que nous n'arrivions, mais il n'avait pas eu de suite. Au presbyterium d'août 1979, le p. Jules présenta donc à l'assemblée un projet, espérant que d'autres paroisses ouvriraient de tels cours et qu'une entraide serait possible. Après discussion, nous avions le feu vert pour commencer si nous le voulions, mais nous n'avons pas été suivis. Cependant, nous avons annoncé que si des paroisses désiraient envoyer des couples aux cours donnés à Faaa, ils seraient les bienvenus.
Ces cours duraient dix semaines, à raison d'une réunion hebdomadaire. Les animateurs étaient, en plus des trois Oblats, des laïcs: médecin, assistante sociale, psychologue, couple marié. Nous avons persévéré, donnant trois séries de cours par an, et peu à peu cette pratique s'étendit à d'autres paroisses et devint obligatoire pour tout couple désirant se marier à l'église.
Pastorale des Îles. L'expérience que nous avions faite durant notre année d'acclimatation a été à l'origine d'une nouvelle façon d'accomplir le ministère dans les îles.
Le nombre des prêtres résidant en permanence dans un secteur donné des îles diminua d'une manière dramatique au cours des années 1977 à 1980 : décès, maladies, départs à la retraite. Par ailleurs, un service aérien se développait à partir de Tahiti vers les îles. Le gouvernement favorisait et finançait le développement des pistes sur les îles. Ainsi, à partir de Tahiti, tout en ayant en charge une paroisse ou une œuvre d'éducation, il devint possible de se rendre dans ces communautés chrétiennes sans prêtres une ou deux fois par an pour des séjours de quelques jours à un mois, selon la fréquence des rotations aériennes.
Notre disponibilité pendant notre première année polynésienne a démontré la valeur d'une telle pastorale « volante ». Nous avons, en tant qu'Oblats, continué cet apostolat dans les îles tout au long des années et avons contribué grandement à la généralisation de cette prise en charge des chrétiens éloignés.
4) Visites et renforts.
Il ne peut y avoir d'avancée missionnaire durable sans logistique et base arrière de soutien. De ce côté, nous nous sommes sentis réconfortés et soutenus par nos confrères des États-Unis et de la Congrégation entière.
En plus de la visite de notre Provincial, le P. Parent, en septembre 1978, le P. Francis George, Vicaire général de la Congrégation, venait passer trois jours avec nous en décembre de la même année. D'autres visites de confrères durant ces premières années à Faaa nous encouragèrent. Les visiteurs devinrent de bons ambassadeurs à leur retour en Amérique pour susciter de l'intérêt pour notre mission en Polynésie.
En novembre 1979, le diacre oblat Philippe Giroux est envoyé par la Province américaine pour accomplir chez nous son stage pastoral. Devant rester un an et demi, il lui est demandé d'apprendre le tahitien. Il sera à l'origine de la fondation d'un groupe de jeunes sur la paroisse Saint-Joseph où il est affecté. Après quelques semaines, les jeunes demandèrent à avoir une fois par mois, le dimanche à 18 h, une messe pour leur groupe. La joie priante de leur animation attira peu à peu plusieurs fidèles, si bien que cette Eucharistie dominicale devint de plus en plus fréquentée. En juillet 1980, notre nouveau Provincial, le P. Maurice Laliberté, est parmi nous. Sa visite marque une étape importante pour la mission oblate à Tahiti. Il en sera question par la suite.
2. Le Foyer vocationnel Jean XXIII
Parallèlement à la prise en charge de la paroisse Saint-Joseph de Faaa par les PP. Jules et Patrice, le P. Daniel, dès le mois de février 1978, avait été désigné par l'évêque pour assumer la responsabilité du Foyer Jean XXIII et la pastorale des vocations. Son premier souci fut le transfert du Foyer sur un autre terrain afin que l'on puisse accueillir davantage de jeunes, soit d'une manière permanente, soit pour des rencontres de fin de semaine.
Providentiellement, une généreuse donatrice, Mlle Auffray, avait légué à l'archidiocèse un très grand terrain, sous condition qu'il serve pour les vocations. Ce terrain, situé à flanc de montagne sur la commune de Punaauia, pouvait, moyennant des travaux de nivellement, recevoir plusieurs bâtiments, et c'est ce qui advint au fur et à mesure des années. C'est sur ce terrain que Mgr Michel décida d'implanter le Foyer Jean XXIII.
À la rentrée scolaire 78-79, les travaux de terrassement sur le terrain Auffray étaient à peine commencés. Le P. Daniel restait à l'évêché et accueillait six jeunes dont un Marquisien (diocèse de Taiohae). Ainsi s'amorçait la formation au sacerdoce des candidats francophones du Pacifique. Dans leur ensemble, les jeunes reçus au Foyer étaient scolarisés au Collège La Mennais, tenu par les Frères de Ploërmel. Le P. Daniel y assurait des cours de religion et l'aumônerie.
En tant que directeur du Service des vocations, le P. Daniel organisa la semaine diocésaine des vocations. Le thème choisi « Notre Dieu est un Dieu qui appelle », fut présenté par des jeunes, avec l'aide des Frères et des Sœurs, lors de deux séances d'un spectacle « Fantailose ». Toute une documentation fut fournie aux paroisses et aux écoles catholiques du diocèse. L'évaluation de cette semaine des vocations fut très positive et encourageante. Une sensibilisation plus intense commença à faire son chemin, et c'est ainsi que certaines paroisses, à Tahiti et dans les îles, décidèrent de prier chaque jour d'une manière explicite pour les vocations.
Aux vacances de Noël 78, le P. Daniel se rend dans les atolls de Rangiroa et Tikehau. Il retournera dans les Tuamotu à Pâques pour deux semaines. Puis, au fil des semaines et des mois, il continuera de suivre la construction du nouveau Foyer sur le terrain Auffray. Elle sera achevée fin août 79, et onze jeunes s'y installeront pour l'année 79-80. Mgr Angelo Acerbi, nonce apostolique en Colombie de passage à Tahiti, est invité par Mgr Michel à bénir la chapelle du Foyer le 26 septembre 1979. Quant à l'inauguration officielle de l'institution sous la présidence de Mgr Michel, elle aura lieu le 27 avril 1980, en présence des autorités civiles du Territoire.
En tant que responsable du Service diocésain des vocations, le P. Daniel se rend à Suva (Îles Fidji) pour y rencontrer les deux grands séminaristes du diocèse de Papeete qui y étudient. À cette date (1980), c'est le seul Grand Séminaire ouvert pour la formation des futurs prêtres des différents diocèses du Pacifique.
(à suivre)
© Vie Oblate Life n°64 - 2005
Méditation sur la Parole
L’Évangile de ce jour nous parle d’un exorcisme que Jésus fait dans une synagogue. Ce récit, peu banal, nous apprend beaucoup de choses sur les exigences et les épreuves de notre vie de chrétien.
Tout d’abord, il est dit que Jésus enseigne dans la synagogue de Capharnaüm. Il enseigne avec autorité et non pas comme les scribes. Les scribes sont simplement des répétiteurs de la Loi de Moïse. Mais Jésus, lui, enseigne avec autorité car il propose un enseignement nouveau. La Loi de Moïse est accomplie par le commandement suivant : Aimer Dieu et son prochain comme soi-même. Saint Paul dit : « Celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi » (Rm 13,8). Cette autorité de Jésus, elle nous est donnée par le baptême. À cause de notre histoire, à cause, reconnaissons-le, d’un excès d’autorité de la part même de l’Église durant certaines périodes, nous n’osons plus affirmer avec force et conviction notre foi. Face à un monde qui met l’homme et ses plaisirs au centre de tout, la voix des chrétiens doit s’élever pour témoigner de Jésus. L’homme qui s’érige soi-même comme mesure de toute chose est un homme malheureux car il ne pourra jamais parvenir à donner un sens à sa vie. Mais lorsque cet homme se tourne vers les réalités du ciel, il goûte alors pleinement le bonheur d’exister. La société n’a de cesse d’offrir des ersatz de bonheur qui empêchent l’homme d’entrer en lui-même pour rechercher la vraie joie. La splendeur de notre foi, n’ayons pas peur de la proclamer avec autorité, tout comme Jésus prêchait avec autorité.
Une chose étonnante de l’Évangile lu aujourd’hui est qu’un possédé se trouve dans une synagogue. Nous nous attendrions plus à le voir errer dans le désert ou dans un cimetière comme c’est le cas par ailleurs dans l’Évangile. Mais ce fait nous enseigne que le mal peut résider partout et que nous sommes appelés à demeurer vigilants. La protection de saint Michel Archange contre les forces de Satan ne doit pas être négligée. Nier le démon, c’est lui laisser le champ libre pour agir de manière sournoise. Mais il ne faut pas non plus en avoir peur. En Jésus, nous sommes vainqueurs. Jésus nous dit : « Gardez courage ! J’ai vaincu le monde » (Jn 16,33). Le monde, dans l’Évangile selon saint Jean, c’est le lieu où agissent les forces du mal. Nous sommes appelés à vivre dans ce monde en opposant à ces forces la puissance du Saint Esprit. C’est un challenge qui est lancé à tout chrétien. C’est pourquoi, il ne faut pas craindre de s’engager dans la vie sociale ou politique. Notons aussi que l’esprit mauvais secoua avec violence l’homme possédé, puis sortit de lui en poussant un grand cri. Le démon a donc le pouvoir de secouer l’homme que Jésus est en train de délivrer, mais il n’a pas le pouvoir de lui prendre la vie. Le démon essaie de faire croire qu’il est plus fort que ce qu’il n’est en réalité. Ne nous laissons pas impressionner. L’Esprit Saint est maître de toutes choses.
En ce jour, nous pouvons prier pour que tous les chrétiens exercent l’autorité qu’ils ont reçue au jour de leur baptême. Soyons forts de la force que le Seigneur nous donne afin de demeurer fidèles à la Grâce qui nous est donnée chaque jour dans la prière. Prions aussi pour l’Eglise, qu’elle ne se laisse jamais égarer par les pièges du démon.
© Radio Vatican – 2015
NEUVAINE À NOTRE DAME DE LOURDES
du 3 au 11 février 2015
Ô Vierge Marie, à l'appel de Dieu, vous avez répondu :
« Qu'il me soit fait selon ta parole ».
Par vous, le Verbe s'est fait chair,
il donne au monde un Sauveur.
Cette mission, vous l'avez acceptée
jusqu'au pied de la croix.
Vous étiez encore présente au Cénacle
avec les Apôtres
que le Christ enverrai à toutes les nations
pour faire des disciples.
Notre Dame de Lourdes, à la grotte de Massabielle,
vous avez envoyé la petite Bernadette
vers le monde et vers l'Église.
Vous lui avez confié la mission
de demander que l'on y vienne en procession.
Aujourd'hui, vous nous demandez de nous porter là
où Dieu est menacé dans l'homme et l'homme
menacé comme image de Dieu.
Vous qui recevez notre prière,
donnez-nous de faire connaître au monde votre Fils,
Lui qui nous fait participer à sa dignité
de prêtre,prophète et roi.
Amen
Pratique de la Neuvaine :Chaque jour, une dizaine de chapelet et trois fois les invocations : Notre Dame de Lourdes priez pour nous - Sainte Bernadette, priez pour nous. Ensuite la prière ci-dessus. messe et communion, de préférence le mercredi 11 février.
Dimanche 1er février 2015 – 4ème Dimanche du Temps ordinaire – Année B
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°07/2015
Humeurs
Le 2 février… n’oubliez pas de souhaiter la fête aux Consacrés
Nous célébrerons la XIXème Journée mondiale de la Vie consacrée le 2 février. Une occasion de rendre grâce au Seigneur pour toutes celles et ceux qui ont choisi de vivre la radicalité de l’Évangile au service de notre Seigneur et de son Église. L’occasion d’une prière gratuite !
Gratuite… pourquoi ? Dans notre Église nous prions beaucoup pour les vocations… mais très rarement gratuitement. À tel point que notre prière pour les vocations se réduit essentiellement à demander au Seigneur des prêtres…
Les prêtres sont « utiles » alors que les religieux ne le sont pas ! Cette phrase vous choque… et pourtant c’est bien ainsi que nous pensons la plupart du temps…
Non les religieux ne sont pas utiles, pas plus que les prêtres d’ailleurs… ils ne sont pas utiles, ils sont essentiels à l’Église… comme l’air est essentiel à notre vie ! « Jésus vient à notre rencontre dans l’Église à travers le charisme fondamental » de la vie religieuse (Pape François).
Lundi à 18h, les religieuses et religieux qui œuvrent dans notre Archidiocèse se retrouveront à l’église Sainte Trinité de Pirae pour y fêter la Journée mondiale de la Vie consacrée… et si à cette occasion nous sortions de notre « égoïsme ecclésial » pour partager avec eux cette fête… Si nous nous y retrouvions pour les fêter… pour leur dire ainsi combien nous sommes fiers de les compter dans nos communautés…
Regard sur l’actualité
Le Pape François, l’Église et les pauvres
Quand l'une d’entre vous m’a demandé quel message j’apportais aux Philippines, j’ai dit : les pauvres. C’est le message que l’Église donne aujourd’hui.
Ce que vous dites aussi du Sri Lanka, des tamouls, de la discrimination, des pauvres, des victimes de cette culture du rejet. C’est vrai, vous savez. Aujourd’hui on ne jette pas du papier, ce qui est en trop. On jette les personnes. La discrimination est une forme de rejet, n’est-ce pas ? On rejette les personnes. Un peu comme le système des castes, c’est l’image qui me vient à l’esprit. Ça ne peut pas aller. Et aujourd’hui « rejeter » quelqu’un passe pour quelque chose de normal. Et vous parlez d’hôtels de luxe et de baraques.
Dans mon diocèse de Buenos Aires il y a tout un quartier moderne, appelé Puerto Madero, qui va jusqu’à la gare, et puis commence la « Villa Miseria », les pauvres, un derrière l’autre. D’un côté, il y a 36 restaurants de luxe, si tu vas manger là-bas on te coupe la tête ; de l’autre côté il y a la faim. On se fait attaquer. Et nous, on en a fait presque l’habitude, n’est-ce pas? Oui, nous on est là et les exclus là-bas. C’est cela la pauvreté et je crois que l’Eglise doit donner de plus en plus l’exemple, qu’elle doit refuser toute mondanité.
Pour les consacrés, évêques, prêtres, sœurs, laïcs qui croient vraiment, la mondanité est le plus grave des péchés, la plus grave des menaces. Qu’il est laid de voir un consacré, un homme d’Eglise, une sœur, mondain. Très laid ! Ce n’est pas le chemin indiqué par Jésus. C’est le chemin d’une ONG qui se dit Église. Mais qui n’est pas l’Église de Jésus, car l’Église n’est pas une ONG, c’est autre chose. Mais quand elle devient mondaine – une partie de l’Église, ces gens – elle devient une ONG et cesse d’être « Église ».
L’Église est le Christ, mort et ressuscité pour notre salut, elle est le témoignage des chrétiens qui suivent le Christ. Ce scandale dont vous parlez est vrai, oui, tant de fois nous scandalisons les chrétiens, nous scandalisons : prêtres et laïcs – car le chemin de Jésus est un chemin difficile. C’est vrai, l’Église doit se dépouiller.
Mais vous parlez de terrorisme d’État. Que ce rejet est comme une forme de terrorisme. Je n’y avais jamais pensé, vraiment, et vous m’y faites penser. Je ne sais que vous dire, vraiment. Mais ce ne sont pas des caresses, vraiment. C’est comme si on disait : non, toi, dehors !
Ou c’est comme ce qui est arrivé à ce clochard à Rome : le pauvre avait mal au ventre. Et quand tu as mal au ventre, tu vas aux urgences, on te donne alors une aspirine ou autre chose du même genre, ou bien on te renvoie avec un rendez-vous pour dans 15 jours.
L’homme est allé chez un prêtre et le prêtre voyant cela, s’est ému et lui a dit : « Je vais te conduire à l’hôpital. Mais rends-moi service : quand je commencerai à expliquer ce que tu as, fais semblant de t’évanouir ». Et c’est ce qu’il fit. Un vrai artiste. Il l’a bien fait. C’était une péritonite ! Cet homme avait été rejeté. Il s’en allait tout seul, exclu et il serait mort. Ce curé a été malin et il l’a bien aidé. Il était loin des mondanités.
N’est-ce pas du terrorisme cela ? Mais… oui, on peut le penser… on peut le penser, mais j’y penserai bien, merci ! Tous mes vœux à votre agence (ANSA qui fête ses 70 ans).
L’absence du père… le mal de nos société occidentales
Audience générale du mercredi 28 janvier 2015 – Pape François
Le pape François met en garde contre une société dans laquelle la « paternité » est absente et laisse les jeunes « orphelins de maîtres » et « d’idéaux », de « valeurs », « d'espérance ».
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous reprenons le parcours de catéchèse sur la famille. Aujourd’hui, nous nous laissons guider par le mot « père ». Un mot qui nous est cher, à nous chrétiens, plus que tout autre, parce que c’est le nom avec lequel Jésus nous a appris à appeler Dieu : Père. Le sens de ce mot a reçu une nouvelle profondeur, précisément à partir de la manière dont Jésus l’employait pour s’adresser à Dieu et manifester sa relation particulière avec Lui. Le mystère béni de l’intimité de Dieu, Père, Fils et Esprit, révélé par Jésus, est le cœur de notre foi chrétienne.
« Père » est un mot que nous connaissons tous, un mot universel. Il indique une relation fondamentale dont la réalité est aussi ancienne que l’histoire de l’homme. Aujourd’hui, cependant, on en est arrivé à affirmer que notre société serait une « société sans père ». En d’autres termes, en particulier dans la culture occidentale, la figure du père serait symboliquement absente, évanouie, éliminée. Dans un premier temps, cela a été perçu comme une libération : libération du père-patron, du père en tant que représentant de la loi qui s’impose de l’extérieur, du père en tant que censeur du bonheur de ses enfants et obstacle à l’émancipation et à l’autonomie des jeunes. Parfois, dans certaines maisons, il régnait autrefois un autoritarisme, dans certains cas même un abus de pouvoir : des parents qui traitaient leurs enfants comme des serviteurs, sans respecter les exigences personnelles de leur croissance, des pères qui ne les aidaient pas à se lancer sur leur chemin librement - mais ce n’est pas facile d’éduquer des enfants dans la liberté -, des pères qui ne les aidaient pas à assumer leurs responsabilités pour construire leur avenir et celui de la société.
Ce comportement n’est certainement pas bon ; pourtant, comme cela arrive souvent, on passe d’un extrême à l’autre. Le problème de notre époque ne semble plus tellement être la présence envahissante des pères, mais leur absence, leur effacement. Les pères sont parfois tellement concentrés sur eux-mêmes et sur leur travail, et parfois aussi sur leurs propres réalisations individuelles, qu’ils en oublient leur famille. Et ils laissent les petits et les jeunes. Lorsque j’étais évêque de Buenos Aires, je percevais le sentiment d’être orphelins que vivent aujourd’hui les jeunes ; je demandais souvent aux papas s’ils jouaient avec leurs enfants, s’ils avaient assez de courage et d’amour pour perdre du temps avec leurs enfants. Et la réponse n’était pas bonne, dans la majorité des cas : « Mais, je ne peux pas, parce que j’ai beaucoup de travail… ». Et le père était absent de ce fils qui grandissait, il ne jouait pas avec lui, non, il ne perdait pas de temps avec lui.
Maintenant, avec ce parcours commun de réflexion sur la famille, je voudrais dire à toutes les communautés chrétiennes qu’il faut que nous soyons plus attentifs : l’absence de la figure paternelle dans la vie des petits et des jeunes crée des lacunes et des blessures qui peuvent même être très graves. Et, en effet, les déviances des enfants et des adolescents peuvent en bonne partie être dues à ce manque, à cette carence d’exemples et de guides autorisés dans leur vie de tous les jours, au manque de proximité, au manque d’amour de la part des parents. Le sentiment d’être orphelins que vivent beaucoup de jeunes est plus profond que nous ne le pensons.
Ils sont orphelins dans leur famille, parce que les papas sont souvent absents de chez eux, y compris physiquement, mais surtout parce que, quand ils sont là, ils ne se comportent pas comme des pères, ils ne dialoguent pas avec leurs enfants, ils n’exercent pas leur rôle éducatif, ils ne donnent pas à leurs enfants, par leur exemple accompagné de leur parole, ces principes, ces valeurs, ces règles de vie dont ceux-ci ont autant besoin que de pain. La qualité éducative de la présence paternelle est d’autant plus nécessaire que le papa est obligé par son travail de rester loin de chez lui. Parfois, il semble que les papas ne savent pas bien quelle place occuper dans la famille ni comment éduquer leurs enfants. Alors, dans le doute, ils s’abstiennent, ils se retirent et négligent leurs responsabilités, peut-être en se réfugiant dans une improbable relation « d’égalité » avec leurs enfants. C’est vrai que tu dois être un « compagnon » de ton fils, mais sans oublier que tu es le père ! Si tu ne te comportes que comme un compagnon à égalité avec ton fils, cela ne lui fera pas de bien.
Et nous voyons aussi ce problème dans la communauté civile. La communauté civile, avec ses institutions, a une certaine responsabilité – nous pouvons dire paternelle – envers les jeunes, une responsabilité qu’elle néglige parfois ou qu’elle exerce mal. Elle aussi les laisse souvent orphelins et ne leur propose pas une vérité en perspective. De cette façon, les jeunes restent orphelins d’une voie sûre à parcourir, orphelins d’un maître en qui avoir confiance, orphelins d’un idéal pour réchauffer leur cœur, orphelins de valeurs et d’espérance pour les soutenir au quotidien. On les remplit peut-être d’idoles, mais on leur vole leur cœur ; on les pousse à rêver de divertissements et de plaisirs, mais on ne leur donne pas de travail ; on les trompe avec le dieu argent, et on leur refuse les vraies richesses.
Cela fera donc du bien à tout le monde, aux pères et aux enfants, de réécouter la promesse que Jésus a faite à ses disciples : « Je ne vous laisserai pas orphelins » (Jn 14, 18). C’est lui, en effet, la Voie à parcourir, le Maître à écouter, l’Espérance selon laquelle le monde peut changer, l’amour est vainqueur de la haine, il peut y avoir un avenir de fraternité et de paix pour tous. L’un de vous pourra me dire : « Mais Père, aujourd’hui, vous avez été trop négatif. Vous n’avez parlé que de l’absence des pères, de ce qui arrive quand les pères ne sont pas proches de leurs enfants… C’est vrai, j’ai voulu souligner cela parce que, mercredi prochain, je continuerai cette catéchèse en mettant en lumière la beauté de la paternité. C’est pour cela que j’ai choisi de partir de l’obscurité pour arriver à la lumière. Que le Seigneur nous aide à bien comprendre tout cela. Merci.
© Copyright 2015 – Libreria Editrice Vaticana
La vie religieuse, entre obéissance et prophétie
Homélie de la Journée mondiale de la Vie consacrée 2014
Dans le cadre de l’Année de la vie consacrée, tous les religieuses et religieux de l’Archidiocèse se retrouverons ce lundi à l’église Sainte Trinité de Pirae pour célébrer la « Journée mondiale de la Vie consacrée ». L’occasion pour nous de relire l’homélie du Pape François à l’occasion de cette même journée l’an dernier…
La fête de la présentation de Jésus au Temple est appelée également la fête de la rencontre : dans la liturgie, au début, il est dit que Jésus va à la rencontre de son Peuple, c’est la rencontre entre Jésus et son peuple ; quand Marie et Joseph amenèrent leur enfant au Temple de Jérusalem, eut lieu la première rencontre entre Jésus et son peuple, représenté par les deux vieillards Syméon et Anne.
Ce fut aussi une rencontre au sein de l’histoire du peuple, une rencontre entre les jeunes et les personnes âgées : les jeunes étaient Marie et Joseph, avec leur nouveau-né ; et les personnes âgées étaient Syméon et Anne, deux personnages qui fréquentaient toujours le Temple.
Observons ce que l’évangéliste Luc nous dit à leur propos, comment il les décrit. A propos de la Vierge et de saint Joseph, il répète à quatre reprises qu’ils voulaient faire ce qui était prescrit par la Loi du Seigneur (cf. Lc 2, 22.23.24.27). On saisit, on perçoit presque que les parents de Jésus ont la joie d’observer les préceptes de Dieu, oui, la joie de marcher dans la Loi du Seigneur ! Ce sont deux nouveaux époux, ils viennent d’avoir leur enfant, et ils sont entièrement animés du désir d’accomplir ce qui est prescrit. Cela n’est pas un fait extérieur, ce n’est pas pour se sentir en règle, non ! C’est un désir fort, profond, plein de joie. C’est ce que dit le Psaume : « Dans la voie de ton témoignage j’ai ma joie ». Ta loi fait mes délices (119, 14.77).
Et que dit saint Luc à propos des personnes âgées ? Il souligne plus d’une fois qu’elles étaient guidées par le Saint-Esprit. Il affirme à propos de Syméon que c’était un homme juste et pieux, qui attendait la consolation d’Israël, et que « l’Esprit Saint reposait sur lui » (2, 25) ; il dit que « l’Esprit Saint l’avait averti » qu’avant de mourir il aurait vu le Christ, le Messie (v. 26) ; et enfin qu’il se rendit au Temple « poussé par l’Esprit » (v. 27). À propos d’Anne, il dit ensuite que c’était une « prophétesse » (v. 36), c’est-à-dire inspirée par Dieu ; et qu’elle était toujours dans le Temple « servant Dieu dans le jeûne et la prière » (v. 37). En somme, ces deux personnes âgées sont pleines de vie ! Elles sont pleines de vie, car elles sont animées par le Saint-Esprit, dociles à son action, sensibles à ses appels.
Et voilà la rencontre entre la Sainte Famille et ces deux représentants du peuple saint de Dieu. Au centre se trouve Jésus. C’est Lui qui anime tout, qui attire les uns et les autres au Temple, qui est la maison de son Père.
C’est une rencontre entre les jeunes pleins de joie dans l’observation de la Loi du Seigneur et les personnes âgées pleines de joie en raison de l’action du Saint-Esprit. C’est une rencontre particulière entre observance et prophétie, où les jeunes sont les observants et les personnes âgées sont les prophètes. En réalité, si nous réfléchissons bien, l’observance de la Loi est animée par l’Esprit lui-même, et la prophétie a lieu sur la route tracée par la Loi. Qui plus que Marie est emplie du Saint-Esprit ? Qui plus qu’elle est docile à son action ?
À la lumière de cette scène évangélique considérons la vie consacrée comme une rencontre avec le Christ : c’est Lui qui vient à nous, conduit par Marie et Joseph, et c’est nous qui allons vers Lui, guidés par le Saint-Esprit. Mais au centre, il y a Lui. C’est Lui qui anime tout, Lui qui nous attire au Temple, à l’Église, où nous pouvons le rencontrer, le reconnaître, l’accueillir, l’embrasser.
Jésus vient à notre rencontre dans l’Église à travers le charisme fondamental d’un Institut : il est beau de penser ainsi à notre vocation ! Notre rencontre avec le Christ a pris sa forme dans l’Église à travers le charisme de l’un de ses témoins, homme ou femme. Cela nous étonne toujours et nous fait rendre grâces.
Et dans la vie consacrée aussi on vit la rencontre entre les jeunes et les personnes âgées, entre observance et prophétie. Ne les voyons pas comme deux réalités opposées ! Laissons plutôt le Saint-Esprit les animer toutes les deux, et le signe de cela est la joie : la joie d’observer, de marcher dans une règle de vie ; c’est la joie d’être guidés par l’Esprit, jamais rigides, jamais fermés, toujours ouverts à la voix de Dieu qui parle, qui ouvre, qui conduit, qui nous invite à aller vers l’horizon.
Cela fait du bien aux personnes âgées de communiquer la sagesse aux jeunes : et cela fait du bien aux jeunes de recueillir ce patrimoine d’expérience et de sagesse, et de le porter de l’avant, non pour le conserver dans un musée, mais pour le porter de l’avant en affrontant les défis que la vie nous présente, le porter de l’avant pour le bien des familles religieuses respectives et de toute l’Église.
Que la grâce de ce mystère, le mystère de la rencontre, nous illumine et nous réconforte sur notre chemin. Amen.
© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana
« Affaire Charlie Hebdo »… un appel à la responsabilité
La déclaration des Évêques du Sénégal sur l'affaire « Charlie Hebdo »
Voici l’intégralité de la déclaration des Évêques du Sénégal, faite face à la presse ce jeudi 22 janvier 2015. Un message adressé aux fidèles chrétiens et musulmans du Sénégal et qui fait suite aux événements tragiques que connaissent actuellement plusieurs pays du monde avec « l’affaire Charlie Hebdo ». Ils condamnent « avec force » la violence meurtrière du terrorisme et du fanatisme et affirment ne pas pouvoir cautionner les caricatures les caricatures de Mohamed, Fondateur de l’Islam. Ils ont aussi « condamné avec véhémence » cette liberté d’expression « qui se veut illusoirement absolue ».
Chers frères et sœurs fidèles du Christ, chers frères et sœurs musulmans, chers compatriotes et vous tous étrangers vivant parmi nous,
Au début de cette adresse, nous viennent à l’esprit, nous, Évêques du Sénégal, ces paroles de notre Seigneur Jésus-Christ à ses disciples :« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14, 27).
Elles nous rappellent, en effet, que la paix est un don merveilleux et précieux de Dieu, que les hommes se doivent d’accueillir, de protéger et de faire fructifier.C’est à nous tous que revient la responsabilitéde construire cette paix, à travers nos paroles, nos comportements, et nos actions de tous les jours. Or, les événements tragiques que le monde vient de vivre avec « l’affaire Charlie Hebdo » constituent une menace grave à la paix sociale, avec des conséquences déplorables, notamment à l’encontre de personnes innocentes.
Fidèles à notre responsabilité de pasteurs, nous prenons la parole pour inviter instamment au calme, à la réflexion, au jugement de la raison, qui va au-delà des passions et qui doit guider notre action et notre réaction. Nous saluons avec bonheur les prises de position de beaucoup de chefs religieux, d’intellectuels et de tant d’autres personnes qui se sont prononcés en ce sens, chez nous et ailleurs. Nous condamnons avec force la violence meurtrière du terrorisme et du fanatisme de tous bords qui, sous le couvert de la religion, porte atteinte à la vie des hommes, au nom de Dieu. Ceci est inacceptable et incohérent, car la vie est un don sacré de Dieu, qui doit être respecté et protégé. Personne ne peut s’arroger le droit de donner la mort : « Tu ne tueras pas »(Ex 20, 13), c’est le cinquième Commandement de Dieu. Aussi implorons-nous, dans nos prières, la miséricorde du Seigneur pour toutes les victimes.
Nous ne pouvons pas non plus cautionner les caricatures de Mohamed, Fondateur de l’Islam. Nous condamnons avec véhémence cette liberté qui se veut illusoirement absolue, sans limites, en offensant et en manquant de respect à l’autre, dans sa dignité d’homme, dans ses choix, sa foi et ses convictions religieuses. Nous faisons nôtre la position du Saint Père, le Pape François, se prononçant sur ladite affaire en ces termes : « On ne peut pas provoquer. On ne peut pas insulter la foi des autres. On ne peut pas la tourner en dérision. La liberté d’expression doit s’exercer sans offenser ». La religion est une fibre très sensible. Ne jouons donc pas avec le feu ! C’est pourquoi, sans jamais entrer dans une logique de vengeance et de violence, nous dénonçons le caractère blessant de ces publications. C’est dans le témoignage du pardon, de la fraternité et de la paix que les croyants, guidés par les chefs religieux, peuvent rendre authentiquement compte de la vérité et de l’amour contenus dans la religion.
Par contre, les auteurs de telles caricatures ne peuvent et ne doivent, en aucune manière, être assimilés à des chrétiens agissant contre l’Islam, comme les réactions violentes survenues au Niger pourraient le faire croire. D’ailleurs, leur idéologie est très souvent dirigée contre la religion chrétienne, et plus particulièrement contre les catholiques. On ne peut pas non plus injustement étendre cette hostilité à toute la nation française, qui est composée aussi bien de croyants - chrétiens, musulmans, juifs et autres - que d’autres personnes désireuses de vivre en harmonie avec leurs semblables.
Nous lançons le présent appel, pour préserver notre cher Sénégal de tous les démons de la division, de la haine et de la violence, comme nous l’ont toujours rappelé nos chefs religieux, musulmans comme chrétiens. En effet, ce qui nous rassemble est plus important que ce qui peut nous différencier. Nos diversités religieuses et ethniques sont des richesses qui doivent contribuer à la consolidation de notre unité nationale. Veillons à préserver le bel exemple de cohabitation pacifique, qui caractérise notre société, à travers le respect réciproque de nos convictions et à travers la convivialité et la collaboration dans la vie quotidienne. Ne cédons jamais à la pression des influences extérieures, qui pourraient fragiliser cet héritage précieux, remettre en cause les fondements de notre société, et hypothéquer notre développement.
Nous en appelons à la vigilance et à la responsabilité de tous ! Nous élevons enfin notre prière vers le Dieu d’amour, par Marie Notre-Dame de la Paix, Notre-Dame de Poponguine, pour les grâces de la Paix chez nous, en Afrique, et partout dans le monde.
Fait à Dakar, le 22 janvier 2015
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Au-delà du handicap au quotidien
Intervention de Nathalie SALMON-HUDRY
Samedi 24 janvier 2015, Nathalie SALMON-HUDRY, auteur de « Je suis née morte » a fait une intervention remarquable et pleine d’émotion à l’occasion de la seconde édition de TEDx Papeete. Nous vous offrons le contenu de cette intervention pleine d’émotion et d ‘espérance.
Bonjour TEDx Papeete 2015. Vous allez bien ?
Je vais parler de mon parcours atypique pour une vie normale. Et comment les MOTS peuvent guérir les MAUX.
À notre naissance, on n'a pas de chèque en blanc comme quoi la vie sera simple. Non, on reçoit bien plus, on reçoit cette envie folle de vivre, vivre malgré tout. Au fil des années et avec un peu de maturité, je pense, on se cherchera une place. On voudra faire, réaliser, apporter notre pierre à l'édifice. C'est notre cycle de la vie. Mais l'histoire se complique un peu lorsqu'on ne peut rien faire.
Je suis née morte. Une erreur médicale et vingt minutes pour me réanimer. Après quoi, le médecin a dit à ma mère que j'avais eu un petit problème. Entre nous, heureusement qu'il était petit le problème, vous imaginez sinon ?
Concrètement, je ne marche pas et je peux pas contrôler mes mains. J'ai des mouvements involontaires. Bref, mon corps n'en fait qu'à sa tête mais il oublie que la tête c'est moi. J’ai une raideur au niveau des mâchoires ce qui entraîne une difficulté « technique » pour parler, rassurez-vous le débit est bon, très bon même D'ailleurs bon courage à celui qui voudra me couper la parole ces 15 prochaines minutes.
Je ne peux rien faire par moi-même, je suis totalement dépendante d'une tierce personne. Les médecins ont donc conseillé à ma mère de me placer en institution tant le quotidien serait lourd à porter. Lourd dans tous les sens du terme d'ailleurs.
Mais ma mère m'a gardée car aussi tordue que je sois, je reste sa fille. Elle va faire un gros travail d'éveil pour aiguiser ma curiosité, elle a bien vu que ma déficience n'était que physique. Elle m'a appris les couleurs, les formes. Avec moi, elle n'a jamais baissé le niveau, je veux dire par là qu'elle faisait toujours des phrases de 3 kilomètres et bien complexes, et je devais la suivre. Mais je la remercie car elle m'a donné l'envie d'apprendre. Ce qui m'a sauvée, vu que ma carrière professionnelle de coiffeuse ou d'esthéticienne était fichue ! On se comprend !
Alors, j'ai étudié. Enfin, un domaine où je réussissais, où j'étais normale. Et donc je me disais que c'était la seule façon de montrer aux autres que j'étais normale. C'était sans compter sur les établissements scolaires qui m'ont toujours refusée. Ça ne m'a pas découragée. Je suis entrée dans un centre d'handicapés et j'ai fait ma scolarité seule, tantôt aidée par de bonnes âmes, tantôt par correspondance. Et j'ai passé tous les examens comme tout le monde, et ce jusqu'au baccalauréat. Là, le choix de métiers s'impose avec la grande question : qu'est-ce que je peux faire. Je n'avais pas mille et une possibilités. J'ai suivi une formation de journaliste. Rédiger un article, ça je peux le faire sur ordinateur. Vous aurez compris que vu la grande délicatesse de mes mains, je ne les utilise pas. Je tape à l'ordinateur avec ça. C'est une licorne, ça se fixe autour de ma tête comme ça. Bon, je ne remporterai pas un concours de beauté avec ça mais j'ai pu écrire mes dictées du primaire, mes dissertations du secondaire et quelques stupides poèmes d'adolescente. Et, quand le réseau s'y prête bien, je surfe deux, trois vagues du web et depuis peu facebook est mon QG. Tout ça grâce à cette petite chose mais tout aussi magique que l'animal dont elle a le nom.
C'est ainsi que j'ai découvert le monde des mots. Les premiers qui ont compté dans ma vie sont ceux de mes lectures. Avec eux, je pouvais laisser mon fauteuil roulant et partir en vadrouille avec le héros de l'histoire. Au quotidien, mes journées se passent au fil de mes incapacités. Je ne peux pas faire ci, je ne peux pas faire ça. Mais dans un livre, je peux tout faire : escalader des montagnes, traverser des océans à la nage. Pour la première fois de ma vie, je pouvais percevoir la "liberté". Quand le livre se refermait, il me déposait doucement dans mon fauteuil.
Mais, les histoires ne rémunèrent pas, il me fallait trouver un travail. J'étais diplômée, j'étais motivée et surtout j'avais un beau sourire, ok, ça compte pas. Je suis allée à plusieurs entretiens et je sentais bien qu'il y avait un mur. Je n'ai eu que des refus. Même avec les milliards d'aides et la loi d'obligation à l'embauche des personnes handicapées. Impossible ! Comme si ce que je pouvais faire ne valait rien à côté de mon handicap.
Alors, je me suis retrouvé chez moi, complètement isolée de la société. À ce moment-là, j'ai cherché le sens de tout ça, le sens de ma vie. J'ai regardé autour de moi, j'avais une famille qui m'aimait, j'avais de bons amis dévoués, pas nombreux car ils se limitaient bien souvent aux amis de ma mère et aux employés de mon centre, j'avais mon fidèle ordinateur et facebook. Mais on ne peut pas vivre que de ça. J'avais besoin d'être un peu plus active. Je voulais trouver la pierre que je pouvais apporter à l'édifice. C'était important pour moi.
La lecture ne pouvait plus m'aider. Alors, j'ai écrit. Je vous disais que je cherchais un sens à tout ça, la page blanche est devenue mon laboratoire.
Page après page, cette expérience a fini en livre où je me suis appliquée à écrire vrai et simple. Écrire vrai pour pouvoir être moi-même, loin des idées préconçues ou des préjugés. Vous savez, certains croient savoir comment un handicapé devrait vivre. Mais, moi, je préfère être moi-même avant d'être handicapée. Et écrire simple pour dédramatiser et finalement reléguer au second plan mon handicap. Montrer aux gens la femme que je suis, avec toutes mes qualités et aucun défaut. Je sais là on tombe dans la science fiction !
C'est là que j'ai pu sonder toute la magie de l'écriture. Voilà une action égoïste, j'ai écrit d'abord pour moi, pour fuir l'ennui et tenter de changer ma vie, cette action égoïste a réussi à créer un pont entre moi et les autres. Oui, dans ma vie, ce sont les mots qui m'ont donné une place. Moi, qui souffrait de solitude !!!
C'est là que j'ai pris conscience qu'avec les mots je pouvais tout faire : consoler, encourager, guider, construire. Mais aussi nuire, casser et détruire. Chaque mot est important et peut faire la différence. Donc lorsqu'on dit « Ce ne sont que des mots », sait-on vraiment de quoi on parle ? Les mots sont le miroir de nos pensées. Il faut faire attention à ce que l'on dit.
J'ai appris ça à 29 ans. Comme une deuxième naissance que je dois à un éditeur. Il y a beaucoup de livres écrits par ou parlant des personnes handicapées. Mais en éditer un à Tahiti, c'est osé, vu le mythe qui circule. Franchement, lorsque vous entendez Tahiti, vous pensez à la vahine, sur une plage, vêtue d'un petit pareu. Vous ne pensez jamais à une vahine assise dans un fauteuil, les roues complètement enfoncées dans le sable, qui met 3h à traverser une plage pour arriver au bord de l'eau, qui se rend compte que le soleil est déjà sur le point de se coucher et que donc c'est l'heure des requins.
Je ne vous raconte pas tout ça pour être admirée. Non, je ne suis pas un modèle.S'il a y un héros à mon histoire, ce sont toutes ces personnes qui m'aiment et qui font que je puisse me tenir là devant vous sans peu, avec un petit trac mais sans peur. Certes ma vie est différente mais je n'ai pas l'exclusivité d'une vie difficile. Handicapé ou normal, grand ou petit, personne n'a une vie facile. Un jour, devant un échec ou une difficulté, on a tous dit : Pourquoi ? Pourquoi moi ?
Une chose est sûre, on ne pourra jamais avoir une vie sans épreuves. Ça serait comme un ciel sans nuages, ça serait ennuyant ! Certes les nuages sont synonymes de pluie mais qui ne s'est jamais émerveillé devant un nuage à la forme bizarre ou superbement coloré de rose, d'orange, ou de rouge. Pourtant le nuage reste nuage, seuls l'éclairage et notre perception changent !!!! Mais nous devons apprendre à toujours nous émerveiller devant un nuage pour mieux supporter les temps de pluie.
Pourquoi ne pas faire pareil avec les coups durs de la vie. Utiliser les mots pour donner des nuances à notre ciel gris. Comme un arc-en-ciel après chaque orage. C'est le miracle des mots. C'est le miracle que je veux pour ma vie et c'est le miracle que je souhaite à tous.
Merci à vous, Merci Ted
© Nathalie SALMON-HUDRY
L’œuvre missionnaire des Oblats à Tahiti – 1977-2004 (4)
Au service des vocations et de la formation sacerdotale
Nous continuons notre parcours de l’histoire des Congrégations religieuses en Polynésie dans le cadre de l’Année de la Vie consacrée avec cette historique de la communauté des Pères O.M.I. par le R.P. Patrice Morel.
3) Activités pour répondre à l'attente de l'archevêque
Après avoir situé sommairement le contexte dans lequel arrivait le premier groupe oblat et leurs efforts pour se préparer à leur mission, voyons comment ils ont essayé de transcrire dans le concret de leur action cette mission : aider à la formation et à la construction d'une Église locale.
Messes dans les quartiers. Un mois et demi après notre arrivée à Saint-Joseph de Faaa, afin de créer une relation plus proche entre les paroissiens et leur pasteur, nous sommes allés célébrer l'Eucharistie dans les différents quartiers de la paroisse. Une fois par semaine les PP. Jules et Patrice, avec l'aide des groupes du Rosaire Vivant, organisaient un rassemblement des chrétiens dans leurs propres quartiers. Excellente occasion de se connaître les uns les autres, de témoigner de l'intérêt que nous portions à chacun. L'utilisation du tahitien, même s'il était loin d'être parfait, touchait les cœurs, prouvant notre désir, non pas d'imposer une culture étrangère, mais de les épauler pour vivre leur foi au Christ dans leur propre culture.
Conseil paroissial. Désirant que les paroissiens aient leur mot à dire dans le fonctionnement de la paroisse et dans la transmission de la foi, le P. Jules constitua un Conseil paroissial composé des « katekita », de quelques membres des groupes du Rosaire Vivant représentant les différents quartiers, de membres du service de la catéchèse, du service de la liturgie : une assemblée assez grande, vu la grandeur de la paroisse.
Le P. Jules expliqua à toute la paroisse, d'abord dans le prêche dominical, le but de ce Conseil, insistant sur la nécessité que tous se sentent concernés. À chaque réunion, il répétait qu'il n'était pas là pour imposer sa volonté et ses vues mais pour présenter des projets afin qu'ils soient discutés, approuvés ou refusés.
Les questions abordées en Conseil se rapportaient à l'organisation des messes de quartiers, des différentes célébrations liturgiques, telle que la fête de la Toussaint avec la bénédiction des tombes au cimetière (deux sur la paroisse) ; de la préparation d'une kermesse en vue de récolter des fonds pour les besoins de la paroisse, etc. La récolte des fonds visait en premier lieu la construction de six salles de catéchèse pour la desserte de Pamatai. Elles seront construites par les paroissiens eux-mêmes et inaugurées le 11 mai 1980.
C'est à l'occasion d'un projet similaire pour le quartier de Puurai que le Conseil paroissial a trouvé sa maturité : c'était en octobre 1980. Le P. Jules proposa la construction d'une salle de rassemblement pour les jeunes qui, avant notre arrivée, jouaient sur le terrain acquis par la mission. Cette salle aurait servi à rencontrer les jeunes, à y organiser éventuellement des célébrations eucharistiques. Au cours de cette réunion, un membre de ce quartier de Puurai justement, exprima le désir que cette construction soit une église et non une salle de jeux. Cette proposition qui prenait le contre-pied de ce que le P. Jules avait en tête, fut d'abord accueillie dans le silence, mais très vite - peut-être parce que le P. Jules ne disait rien -, la proposition de cet homme fut soutenue par la majorité des membres du Conseil et le P. Jules l'accepta tout de suite, ne cherchant pas à faire prévaloir son point de vue. Cette attitude changea complètement l'atmosphère du Conseil paroissial. Les paroissiens prirent conscience de la valeur de leurs idées et de ce que leur répétait sans cesse leur pasteur était vrai : il n'était pas là pour imposer ses idées.
À partir de ce jour, une nouvelle ambiance de confiance et d'estime réciproque a régné dans les relations pasteur-paroissiens. Cet épisode montre bien dans quel esprit les Oblats ont travaillé à Tahiti pour promouvoir une Église locale adulte. En cela, nous avons été grandement appuyés par Mgr Michel. Par la suite, cette réalité du Conseil paroissial s'est étendue à toutes les paroisses du diocèse, y compris dans les atolls, en priorité ceux dont nous avons eu la responsabilité.
Groupes de prière. Dès novembre 1978, les PP. Jules et Patrice étaient d'accord pour avoir un groupe de prière sur la paroisse, non pas en concurrence avec les groupes du Rosaire Vivant ou de la Légion de Marie, mais en complémentarité. La direction de ce groupe fut confiée à Sr Jeannine Rosa, MNDA, et au katekita Pierre Marere qui se préparait au diaconat permanent. Ces deux personnes connaissaient le Renouveau charismatique, et c'est dans cette ligne que le groupe de prière de Faaa s'est créé et développé. Le P. Patrice s'y est impliqué et en est devenu le berger en 1979. Ce groupe de prière, Nazareta, a permis à de nombreux chrétiens de vivre une expérience de conversion et d'engagement au service de la paroisse ou du diocèse.
Cours de morale. Le P. Jules proposa des cours de morale à des laïcs pour leur faire découvrir que la morale est autre chose qu'une série de lois et d'interdits, mais qu'elle est un chemin de développement humain fondé sur l'amour et sur la foi au Christ-Sauveur. Ces cours furent suivis par des paroissiens de Faaa, mais aussi d'autres paroisses voisines. Ils conduisirent, dans le futur, d'autres Pères, Frères et Sœurs à proposer ainsi à des laïcs des enseignements qui compléteraient leurs connaissances religieuses.
Déjà dans le diocèse, depuis le début de la Mission en Polynésie, les Pères des Sacrés-Cœurs avaient eu le souci de la formation des laïcs. Elle était indispensable pour ceux qui étaient chargés par les Pères de diriger les communautés chrétiennes, spécialement celles des îles pendant leur absence, parfois pendant un an. L'École des Katekita avait été rénovée par le P. Hubert Coppenrath en 1970. Elle sera suivie, deux ans plus tard, par l'École des Diacres, elle aussi sous la direction du P. Hubert.
Le P. Jules, et avec lui ensuite les Oblats, ont collaboré à ces Écoles ou à d'autres initiatives parallèles dans les paroisses.
Pastorale familiale. La grandeur de la paroisse Saint-Joseph, avec le nombre de chrétiens y vivant, dont beaucoup de jeunes, voyait souvent la célébration de baptêmes, de premières communions, de confirmations, mais très peu de mariages. Par ailleurs, nous constations que de nombreux couples mariés à l'église vivaient des crises douloureuses aboutissant très souvent à des séparations, des divorces et des concubinages adultérins.
Devant cette situation et fort de l'expérience pastorale de nombreux diocèses dans le monde, le p. Jules estima nécessaire d'instaurer des cours de préparation au mariage. Un essai avait été tenté avant que nous n'arrivions, mais il n'avait pas eu de suite. Au presbyterium d'août 1979, le p. Jules présenta donc à l'assemblée un projet, espérant que d'autres paroisses ouvriraient de tels cours et qu'une entraide serait possible. Après discussion, nous avions le feu vert pour commencer si nous le voulions, mais nous n'avons pas été suivis. Cependant, nous avons annoncé que si des paroisses désiraient envoyer des couples aux cours donnés à Faaa, ils seraient les bienvenus.
Ces cours duraient dix semaines, à raison d'une réunion hebdomadaire. Les animateurs étaient, en plus des trois Oblats, des laïcs: médecin, assistante sociale, psychologue, couple marié. Nous avons persévéré, donnant trois séries de cours par an, et peu à peu cette pratique s'étendit à d'autres paroisses et devint obligatoire pour tout couple désirant se marier à l'église.
Pastorale des Îles. L'expérience que nous avions faite durant notre année d'acclimatation a été à l'origine d'une nouvelle façon d'accomplir le ministère dans les îles.
Le nombre des prêtres résidant en permanence dans un secteur donné des îles diminua d'une manière dramatique au cours des années 1977 à 1980 : décès, maladies, départs à la retraite. Par ailleurs, un service aérien se développait à partir de Tahiti vers les îles. Le gouvernement favorisait et finançait le développement des pistes sur les îles. Ainsi, à partir de Tahiti, tout en ayant en charge une paroisse ou une œuvre d'éducation, il devint possible de se rendre dans ces communautés chrétiennes sans prêtres une ou deux fois par an pour des séjours de quelques jours à un mois, selon la fréquence des rotations aériennes.
Notre disponibilité pendant notre première année polynésienne a démontré la valeur d'une telle pastorale « volante ». Nous avons, en tant qu'Oblats, continué cet apostolat dans les îles tout au long des années et avons contribué grandement à la généralisation de cette prise en charge des chrétiens éloignés.
4) Visites et renforts.
Il ne peut y avoir d'avancée missionnaire durable sans logistique et base arrière de soutien. De ce côté, nous nous sommes sentis réconfortés et soutenus par nos confrères des États-Unis et de la Congrégation entière.
En plus de la visite de notre Provincial, le P. Parent, en septembre 1978, le P. Francis George, Vicaire général de la Congrégation, venait passer trois jours avec nous en décembre de la même année. D'autres visites de confrères durant ces premières années à Faaa nous encouragèrent. Les visiteurs devinrent de bons ambassadeurs à leur retour en Amérique pour susciter de l'intérêt pour notre mission en Polynésie.
En novembre 1979, le diacre oblat Philippe Giroux est envoyé par la Province américaine pour accomplir chez nous son stage pastoral. Devant rester un an et demi, il lui est demandé d'apprendre le tahitien. Il sera à l'origine de la fondation d'un groupe de jeunes sur la paroisse Saint-Joseph où il est affecté. Après quelques semaines, les jeunes demandèrent à avoir une fois par mois, le dimanche à 18 h, une messe pour leur groupe. La joie priante de leur animation attira peu à peu plusieurs fidèles, si bien que cette Eucharistie dominicale devint de plus en plus fréquentée. En juillet 1980, notre nouveau Provincial, le P. Maurice Laliberté, est parmi nous. Sa visite marque une étape importante pour la mission oblate à Tahiti. Il en sera question par la suite.
2. Le Foyer vocationnel Jean XXIII
Parallèlement à la prise en charge de la paroisse Saint-Joseph de Faaa par les PP. Jules et Patrice, le P. Daniel, dès le mois de février 1978, avait été désigné par l'évêque pour assumer la responsabilité du Foyer Jean XXIII et la pastorale des vocations. Son premier souci fut le transfert du Foyer sur un autre terrain afin que l'on puisse accueillir davantage de jeunes, soit d'une manière permanente, soit pour des rencontres de fin de semaine.
Providentiellement, une généreuse donatrice, Mlle Auffray, avait légué à l'archidiocèse un très grand terrain, sous condition qu'il serve pour les vocations. Ce terrain, situé à flanc de montagne sur la commune de Punaauia, pouvait, moyennant des travaux de nivellement, recevoir plusieurs bâtiments, et c'est ce qui advint au fur et à mesure des années. C'est sur ce terrain que Mgr Michel décida d'implanter le Foyer Jean XXIII.
À la rentrée scolaire 78-79, les travaux de terrassement sur le terrain Auffray étaient à peine commencés. Le P. Daniel restait à l'évêché et accueillait six jeunes dont un Marquisien (diocèse de Taiohae). Ainsi s'amorçait la formation au sacerdoce des candidats francophones du Pacifique. Dans leur ensemble, les jeunes reçus au Foyer étaient scolarisés au Collège La Mennais, tenu par les Frères de Ploërmel. Le P. Daniel y assurait des cours de religion et l'aumônerie.
En tant que directeur du Service des vocations, le P. Daniel organisa la semaine diocésaine des vocations. Le thème choisi « Notre Dieu est un Dieu qui appelle », fut présenté par des jeunes, avec l'aide des Frères et des Sœurs, lors de deux séances d'un spectacle « Fantailose ». Toute une documentation fut fournie aux paroisses et aux écoles catholiques du diocèse. L'évaluation de cette semaine des vocations fut très positive et encourageante. Une sensibilisation plus intense commença à faire son chemin, et c'est ainsi que certaines paroisses, à Tahiti et dans les îles, décidèrent de prier chaque jour d'une manière explicite pour les vocations.
Aux vacances de Noël 78, le P. Daniel se rend dans les atolls de Rangiroa et Tikehau. Il retournera dans les Tuamotu à Pâques pour deux semaines. Puis, au fil des semaines et des mois, il continuera de suivre la construction du nouveau Foyer sur le terrain Auffray. Elle sera achevée fin août 79, et onze jeunes s'y installeront pour l'année 79-80. Mgr Angelo Acerbi, nonce apostolique en Colombie de passage à Tahiti, est invité par Mgr Michel à bénir la chapelle du Foyer le 26 septembre 1979. Quant à l'inauguration officielle de l'institution sous la présidence de Mgr Michel, elle aura lieu le 27 avril 1980, en présence des autorités civiles du Territoire.
En tant que responsable du Service diocésain des vocations, le P. Daniel se rend à Suva (Îles Fidji) pour y rencontrer les deux grands séminaristes du diocèse de Papeete qui y étudient. À cette date (1980), c'est le seul Grand Séminaire ouvert pour la formation des futurs prêtres des différents diocèses du Pacifique.
(à suivre)
© Vie Oblate Life n°64 - 2005
Méditation sur la Parole
L’Évangile de ce jour nous parle d’un exorcisme que Jésus fait dans une synagogue. Ce récit, peu banal, nous apprend beaucoup de choses sur les exigences et les épreuves de notre vie de chrétien.
Tout d’abord, il est dit que Jésus enseigne dans la synagogue de Capharnaüm. Il enseigne avec autorité et non pas comme les scribes. Les scribes sont simplement des répétiteurs de la Loi de Moïse. Mais Jésus, lui, enseigne avec autorité car il propose un enseignement nouveau. La Loi de Moïse est accomplie par le commandement suivant : Aimer Dieu et son prochain comme soi-même. Saint Paul dit : « Celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi » (Rm 13,8). Cette autorité de Jésus, elle nous est donnée par le baptême. À cause de notre histoire, à cause, reconnaissons-le, d’un excès d’autorité de la part même de l’Église durant certaines périodes, nous n’osons plus affirmer avec force et conviction notre foi. Face à un monde qui met l’homme et ses plaisirs au centre de tout, la voix des chrétiens doit s’élever pour témoigner de Jésus. L’homme qui s’érige soi-même comme mesure de toute chose est un homme malheureux car il ne pourra jamais parvenir à donner un sens à sa vie. Mais lorsque cet homme se tourne vers les réalités du ciel, il goûte alors pleinement le bonheur d’exister. La société n’a de cesse d’offrir des ersatz de bonheur qui empêchent l’homme d’entrer en lui-même pour rechercher la vraie joie. La splendeur de notre foi, n’ayons pas peur de la proclamer avec autorité, tout comme Jésus prêchait avec autorité.
Une chose étonnante de l’Évangile lu aujourd’hui est qu’un possédé se trouve dans une synagogue. Nous nous attendrions plus à le voir errer dans le désert ou dans un cimetière comme c’est le cas par ailleurs dans l’Évangile. Mais ce fait nous enseigne que le mal peut résider partout et que nous sommes appelés à demeurer vigilants. La protection de saint Michel Archange contre les forces de Satan ne doit pas être négligée. Nier le démon, c’est lui laisser le champ libre pour agir de manière sournoise. Mais il ne faut pas non plus en avoir peur. En Jésus, nous sommes vainqueurs. Jésus nous dit : « Gardez courage ! J’ai vaincu le monde » (Jn 16,33). Le monde, dans l’Évangile selon saint Jean, c’est le lieu où agissent les forces du mal. Nous sommes appelés à vivre dans ce monde en opposant à ces forces la puissance du Saint Esprit. C’est un challenge qui est lancé à tout chrétien. C’est pourquoi, il ne faut pas craindre de s’engager dans la vie sociale ou politique. Notons aussi que l’esprit mauvais secoua avec violence l’homme possédé, puis sortit de lui en poussant un grand cri. Le démon a donc le pouvoir de secouer l’homme que Jésus est en train de délivrer, mais il n’a pas le pouvoir de lui prendre la vie. Le démon essaie de faire croire qu’il est plus fort que ce qu’il n’est en réalité. Ne nous laissons pas impressionner. L’Esprit Saint est maître de toutes choses.
En ce jour, nous pouvons prier pour que tous les chrétiens exercent l’autorité qu’ils ont reçue au jour de leur baptême. Soyons forts de la force que le Seigneur nous donne afin de demeurer fidèles à la Grâce qui nous est donnée chaque jour dans la prière. Prions aussi pour l’Eglise, qu’elle ne se laisse jamais égarer par les pièges du démon.
© Radio Vatican – 2015
NEUVAINE À NOTRE DAME DE LOURDES
du 3 au 11 février 2015
Ô Vierge Marie, à l'appel de Dieu, vous avez répondu :
« Qu'il me soit fait selon ta parole ».
Par vous, le Verbe s'est fait chair,
il donne au monde un Sauveur.
Cette mission, vous l'avez acceptée
jusqu'au pied de la croix.
Vous étiez encore présente au Cénacle
avec les Apôtres
que le Christ enverrai à toutes les nations
pour faire des disciples.
Notre Dame de Lourdes, à la grotte de Massabielle,
vous avez envoyé la petite Bernadette
vers le monde et vers l'Église.
Vous lui avez confié la mission
de demander que l'on y vienne en procession.
Aujourd'hui, vous nous demandez de nous porter là
où Dieu est menacé dans l'homme et l'homme
menacé comme image de Dieu.
Vous qui recevez notre prière,
donnez-nous de faire connaître au monde votre Fils,
Lui qui nous fait participer à sa dignité
de prêtre,prophète et roi.
Amen
Pratique de la Neuvaine :Chaque jour, une dizaine de chapelet et trois fois les invocations : Notre Dame de Lourdes priez pour nous - Sainte Bernadette, priez pour nous. Ensuite la prière ci-dessus. messe et communion, de préférence le mercredi 11 février.