PKO 9.11.2014

Dimanche 9 novembre 2014 – Dédicace de la Basilique du Latran - Fête – Année A
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°59/2014

HUMEURS

Tellement vrai chez nous aussi ! Ensemble, relevons le défi

Dans un contexte de crise qui dure, le « vivre ensemble » est de plus en plus fragile. Pauvreté et exclusion vont souvent de pair, ce qui rend les situations de précarité encore plus aiguës. Méfiance, risques de prendre certaines franges de population comme boucs émissaires, stigmatisations sont autant d’éléments inquiétants aujourd’hui. Notre pays traverse une crise du lien social qui interroge voire affaiblit nos capacités de solidarité. Et cette solidarité entre tous doit s’exprimer à tous les niveaux y compris politiques. Il ne serait pas acceptable que la solidarité devienne la variable d’ajustement des politiques publiques.

Prendre en compte les plus fragiles comme richesse pour la société est une conviction du Secours Catholique. Construire un « vivre ensemble » pour tous se fait avec chacun : tous nous avons une pierre à apporter à l’édifice et chacun quels que soient son histoire, son âge ou son itinéraire particulier est en mesure d’y contribuer. Partages d’expériences, croisements intergénérationnels, entraides mutuelles, actions collectives et solidarités sont autant de réalités fondatrices d’une société qui croit en chacun de ceux qui la composent.

Si l’individualisme et la réussite personnelle semblent devenir la règle, le Secours Catholique réaffirme que c’est ensemble, avec nos différences, sources de richesse, que l’on doit faire évoluer notre société. Il faut impérativement porter une attention particulière à toute forme d’isolement social, et soutenir toute initiative solidaire. Aucun de nous n’est fait pour vivre seul, isolé, sans regard amical et sans dialogue fraternel.

Nombre d’actions de solidarité existent qui favorisent un « vivre ensemble » positif. Des citoyens agissent, inventent et mettent en œuvre des solutions originales pour dépasser les difficultés et les solitudes. Bien au-delà de la résolution des problèmes, c’est une autre manière de se rencontrer, de se parler, de s’enrichir. Mais ils ne peuvent porter seuls ce dont une société tout entière doit être actrice.

Pour réussir ce pari, c’est la qualité de nos relations, la bienveillance de nos regards, l’ouverture de notre accueil qui sont interrogés. C’est l’expérience de la rencontre qui donne de dépasser les idées reçues, les peurs ou les jugements rapides. C’est une action partagée, un temps de dialogue, des actions de groupes ou de réseau qui permettent de découvrir l’autre autrement et de franchir la distance et l’inconnu qui séparent. Et peut-être ainsi de faire changer le regard que l’on peut porter sur celui qui vit dans la rue, celui ou celle qui est débordé par ses enfants, celui ou celle qui vit de transferts sociaux ou du chômage, ou qui sort d’un établissement pénitentiaire, pour qu’il puisse devenir participant avec tous.

Secours Catholique - France

EN MARGE DE L’ACTUALITÉ

Une Église avec de la place pour chacun - Message du pape François aux Évêques de France

Alors que se tient à Lourdes l’Assemblée plénière de la Conférence des évêques de France, Sa Sainteté le pape François tient à vous manifester sa proximité spirituelle, demandant au Seigneur, par l’intercession de Notre-Dame de Lourdes, que vos travaux puissent contribuer à maintenir vive l’ardeur missionnaire de vos diocésains pour l’annonce de la joie de l’Évangile dans votre pays. Cette Assemblée se déroule dans un contexte particulier, puisqu’elle sera suivie du rassemblement des séminaristes de France et de l’Assemblée générale des religieux et religieuses de France. Le Saint-Père souhaite vivement que ces événements, prélude à l’ouverture de l’Année de la Vie consacrée, soient une source de réconfort et d’espérance pour vous, pasteurs de l’Église, mais aussi pour l’ensemble du peuple de Dieu. Les différents thèmes que vous avez retenus pour cette session témoignent de votre souci d’édifier une Église « aux portes grandes ouvertes », où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile. L’Esprit du Seigneur nous pousse à ouvrir des chemins nouveaux pour que la Parole de Vie puisse être offerte à tous. Le Saint-Père vous encourage sur cette route, difficile et pourtant si exaltante, puisqu’il s’agit de communiquer aux autres l’amour que nous avons reçu. Il vous invite plus particulièrement à poursuivre les efforts généreux que vous déployez pour manifester votre communion fraternelle et celle de vos Églises diocésaines avec les chrétiens du Moyen-Orient si éprouvés ainsi qu’avec les peuples qui souffrent dans diverses régions du monde.

Confiant tous les Évêques de France, ainsi que leurs collaborateurs et leurs diocésains à l’intercession de Notre-Dame de Lourdes et de sainte Bernadette, le Pape François leur adresse de tout cœur la Bénédiction Apostolique.

En vous transmettant avec joie ce message du Saint-Père, je vous assure de ma prière fraternelle pour le bon déroulement de vos travaux.

 

La maternité de l’Église manifestée par l’évêque

Audience générale du mercredi 5 novembre 2014 – pape François

« La maternité de l’Église se manifeste tout particulièrement dans la personne de l’évêque » qui est « garant de la foi et signe vivant de la présence du Seigneur » dans la communauté, souligne le pape François lors de la treizième catéchèse consacrée à l’Église en méditant sur « la présence et dans le ministère des évêques ».

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous venons d’entendre ce que l’apôtre dit à l’évêque Tite. Que de vertus devons-nous avoir, nous les évêques ! Nous avons tous entendu, n’est-ce pas ? Cela n’est pas facile, pas facile, car nous sommes pécheurs. Mais nous comptons sur vos prières, pour nous rapprocher au moins de ce que l’apôtre Paul conseille à tous les évêques. D’accord ? Vous prierez pour nous ?

Nous avons déjà eu l’occasion de souligner, dans les catéchèses précédentes, que l’Esprit Saint comble toujours l’Église de ses dons, avec abondance. Aujourd’hui, par la puissance et la grâce de son Esprit, le Christ ne manque pas de susciter des ministères, afin d’édifier les communautés chrétiennes comme son corps. Parmi ces ministères il y a celui de l’évêque, le ministère épiscopal. L’évêque, secondé par des prêtres et des diacres, est le Christ qui se rend présent et continue de prendre soin de son Église, lui garantissant protection et conduite.

1. Dans la présence et dans le ministère des évêques, des prêtres et des diacres nous pouvons reconnaître le vrai visage de l’Église : la sainte Mère Église hiérarchique. Et vraiment, à travers ces frères choisis par le Seigneur et consacrés avec le sacrement de l’Ordre, l’Église exerce sa maternité : elle nous engendre dans le baptême comme chrétiens, en nous faisant renaître en Jésus Christ ; elle veille sur notre croissance dans la foi ; nous accompagne dans les bras du Père, pour recevoir son pardon ; elle prépare pour nous le repas eucharistique, où elle nous nourrit avec la Parole de Dieu et le Corps et le Sang de Jésus ; elle invoque sur nous la bénédiction de Dieu et la force de son Esprit, nous soutenant tout au long de notre vie et nous enveloppant de sa tendresse et de sa chaleur, surtout dans les moments les plus délicats de l’épreuve, de la souffrance et de la mort.

2. Cette maternité de l’Église se manifeste tout particulièrement dans la personne de l’Évêque et dans son ministère. En effet, comme Jésus a choisi les apôtres et les a invités à annoncer l’Évangile et à paître son troupeau, les évêques, leurs successeurs, sont à la tête des communautés chrétiennes, comme garants de leur foi et comme signe vivant de la présence du Seigneur au milieu d’eux. Nous comprenons donc qu’il ne s’agit pas d’une position de prestige, d’une charge honorifique. L’épiscopat n’est pas une distinction, c’est un service. Jésus en a voulu ainsi. La mentalité mondaine ne doit pas avoir sa place dans l’Eglise. La mentalité mondaine dit : « Cet homme a fait carrière dans l’Église, il est devenu évêque ». Non, non, cette mentalité n’a pas sa place dans l’Eglise. L’épiscopat est un service, pas une distinction pour se vanter. Etre évêque veut dire avoir toujours sous les yeux l’exemple de Jésus qui, en Bon Pasteur, est venu non pas pour être servi mais pour servir (cf. Mt 20,28 ; Mc 10,45) et pour donner sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10,11). Les saints Évêques – et il y en a beaucoup dans l’histoire de l’Eglise, tant de saints évêques – nous montrent que c’est un ministère qu’on ne cherche pas, qui ne se demande pas, qui ne s’achète pas, mais que l’on accueille avec obéissance, non pas pour s’élever, mais pour s’abaisser, comme Jésus qui « s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Phil 2,8). Qu’il est triste de voir un homme rechercher cette place, de le voir faire tant de choses pour arriver là et quand il est arrivé là de voir qu’il ne sert pas, se pavane et vit uniquement pour sa vanité.

3. Un autre élément précieux mérite d’être mis en évidence : quand Jésus a choisi et appelé les apôtres, il les a pensés non pas séparés les uns des autres, chacun de leur côté, mais ensemble, pour qu’ils soient avec Lui, unis, comme une seule famille. Les évêques forment un seul et unique collège, rassemblé autour du pape, gardien et garant de cette profonde communion à laquelle Jésus tenait tant ainsi que ses propres apôtres. Qu’il est beau donc de voir les évêques et le pape exprimer cette collégialité et chercher à être de plus en plus et de meilleurs serviteurs pour les fidèles, plus des serviteurs dans l’Église ! Nous en avons fait l’expérience récemment à l’Assemblée du Synode sur la famille. Mais pensons à tous les évêques dispersés dans le monde qui, bien que vivant dans des localités, cultures, sensibilités différentes, éloignées entre elles – un évêque me disait l’autre jour que pour arriver à Rome de là où il vit, il fallait plus de 30 heures d’avion – se sentent soudés les uns aux autres, et deviennent l’expression du lien intime qui unit, en Jésus Christ, leurs communautés. Et dans la prière commune  tous les évêques, ensemble, se mettent à l’écoute du Seigneur et de l’Esprit, pouvant alors centrer toute leur attention sur l’homme et les signes des temps (cf. Conc. Œcum. Vat. II, Cost. Gaudium et spes, 4).

Chers amis, tout ceci nous fait comprendre pourquoi les communautés chrétiennes reconnaissent en l’évêque un grand don, et sont appelées à alimenter une sincère et profonde communion avec lui, à commencer par les prêtres et les diacres. L’Église ne saurait être saine si les fidèles, les diacres et les prêtres ne sont pas unis à l’évêque. Une Église qui n’est pas unie à l’évêque est une Église malade. Jésus a voulu cette union entre les fidèles et l’évêque, union aussi entre les diacres, les prêtres, et l’évêque. Dans la conscience que c’est précisément dans l’évêque que se rend visible le lien de chaque Eglise avec les apôtres et avec toutes les autres communautés, unis à leurs évêques et au pape dans l’unique Église du Seigneur Jésus, qui est notre Sainte Mère Église Hiérarchique. Merci.

© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana

 

Le déclin de la liberté religieuse dans le monde

Rapport 2014 de l’Aide à l’Église en Détresse – France

D'après le rapport statistique 2013 publié ce jeudi 6 novembre par le Secours catholique, le taux de pauvreté des familles françaises est en constante augmentation depuis 10 ans.

Dès les premières lignes du rapport, publié comme chaque année au début du mois de novembre, le constat est clair : « Le taux de pauvreté des familles est en constante augmentation depuis 10 ans, tout particulièrement celui des familles monoparentales », alerte Véronique Fayet, présidente du Secours catholique, dans l'éditorial qui ouvre le rapport publié ce jeudi 6 novembre et disponible en intégralité. « Notre système de protection sociale a atteint ses limites pour les plus fragiles, poursuit-elle. Nous le constatons tous les jours lorsque nous voyons les couples avec enfants, les familles monoparentales, les seniors s’enfoncer petit à petit dans la précarité. »

L'an dernier, l'association, membre de la confédération Caritas Internationalis, a apporté son aide à 1 477 000 personnes (785 000 adultes et 692 000 enfants), un chiffre en hausse de 3,5% sur un an. Au total, 46 000 personnes supplémentaires ont poussé les portes des centres pour demander de l'aide. Le rapport précise que plus de deux tiers des ménages rencontrés en 2013 n'étaient pas connus des équipes en 2012.

La pauvreté s'intensifie

Cette année, l’association met en lumière trois tendances fortes et inquiétantes et qui « témoignent que la pauvreté s'intensifie »Premier constat : la paupérisation des seniors s’accroit, avec comme premières victimes les femmes. « En 2013, détaille le rapport, elles représentent 61 % des plus de 60 ans à être reçues dans nos accueils (soit 7 points de plus en dix ans) ». Précisant que « le niveau de vie moyen s’élève à 515 euros par unité de consommation », le Secours catholique insiste sur « l'équation impossible pour faire face aux dépenses sur les postes majeurs ». Conséquence directe : l'augmentation des situations d'impayés, notamment énergétiques. En trois ans, ces derniers (42%), ont augmenté de 4% pour atteindre 60,4% l'an dernier. Le rapport note que les charges liées à la mobilité pèsent de plus en plus lourd, notamment en milieu rural.

L'exclusion des hommes seuls

L'étude souligne également des “pauvretés que l'on ne voit plus”, et notamment la grande exclusion des hommes seuls avec un très faible niveau de vie (166 euros par unité de consommation), souvent même sans ressources (28% d’entre eux), en logement de plus en plus précaire. “Ces hommes seuls semblent plus fragiles face à la pauvreté que les femmes, note le rapport. Ils peuvent perdre pied plus rapidement. Ils subissent, en cela, les opinions communément répandues: un homme doit s'en sortir seul, demander de l'aide est une faiblesse.”

Au-delà de ces constats qui montrent que la pauvreté s’intensifie toujours davantage, le Secours Catholique “s’inquiète du délitement du lien social dans un contexte sociétal qui se durcit”.

Double appel

Et de lancer, à l'occasion de cette publication, un double appel. À François Hollande d'abord : le Secours Catholique « souhaite demander au Président de la République quelle initiative il compte prendre pour que les 8,5 millions de personnes vivant dans la pauvreté (dont 3 millions d’enfants) reprennent espoir et confiance dans l’avenir et retrouvent une vraie place au cœur de notre société ». L'association caritative, qui réclame la tenue d'une conférence nationale visant à refondre la protection sociale, en appelle enfin à l'ensemble de la société. « Aucun de nous n'est fait pour vivre seul, isolé, sans regard amical et sans dialogue fraternel », explique l'association, souhaitant que « chacun (citoyens, associations, partenaires sociaux, professions libérales, collectivités, entreprises…) se mobilise concrètement pour recréer des réseaux d’entraide de proximité pour et avec les personnes vivant des situations de pauvreté ».

Le taux de pauvreté des familles est en constante augmentation depuis 10 ans tout particulièrement celui des familles monoparentales. L’augmentation de la présence de couples avec enfants dans les accueils du Secours Catholique est le fait le plus marquant de ce rapport, signe d’une pauvreté désormais profondément ancrée dans notre pays. La situation de vie en couple protège de moins en moins de la précarité, alors que l’emploi devient moins accessible. Le poids fi nancier du logement (loyer et énergie) est devenu aujourd’hui insupportable pour les budgets des ménages et demeure la première source d’impayés des personnes que nous rencontrons.

Au-delà de la pauvreté des familles, ce rapport souligne également les pauvretés - souvent silencieuses - des hommes seuls en rupture familiale, des seniors précaires ou des migrants éloignés de leur famille dans une société marquée par l’individualisme. Ce rapport fait aussi apparaître la réalité de plus en plus prégnante d’une fracture territoriale qui lézarde notre système de protection et marque de son empreinte une géographie de la pauvreté en France.

Notre système de protection sociale a atteint ses limites pour les plus fragiles.

À son origine, il a d’abord pris en compte la maladie, les accidents de travail puis soutenu les familles et enfi n proposé un système de retraite par répartition. Au fi l du temps, et avec retard, il a suivi l’évolution des besoins sociaux. S’il fonctionne encore pour la majorité de la population, il peine malheureusement, depuis plusieurs années, à remplir sa mission pour les plus fragiles, selon les situations et les territoires. Nous le constatons tous les jours lorsque nous voyons les couples avec enfants, les familles monoparentales, les seniors s’enfoncer petit à petit dans la précarité.

Dans le même temps, les inégalités se creusent de manière tellement alarmante que le forum de Davos considère ces disparités comme un risque important pour l’économie mondiale… Face à une telle situation, il est aujourd’hui déterminant de garantir une meilleure répartition de la richesse tant au plan mondial qu’à l’échelle de notre pays.

Il nous faut également repenser la gouvernance locale des dispositifs sociaux et les règles qui régissent leur application, afin d’en optimiser les effets. Au moment où se dessinent de nouvelles régions et où se débattent les responsabilités propres à chaque strate territoriale, notamment en matière de compétence sociale, le Secours Catholique porte trois convictions :

1. Ce n’est qu’en associant réellement les personnes en difficulté à la recherche de solutions qui les concernent que nous créerons des dispositifs adaptés à leurs besoins d’aujourd’hui. Il devient de plus en plus impératif d’ouvrir des lieux de concertation, de proposition et d’évaluation des dispositifs existants aux personnes directement concernées par la pauvreté.

2. C’est par le contact humain et la rencontre de proximité que se règlent de nombreux problèmes. Le Secours Catholique milite donc pour un droit effectif à l’accompagnement et un pilotage concerté des différents dispositifs publics et privés, à l’échelle de territoires à taille humaine.

3. Face à la limitation des ressources de l’État et des collectivités, il devient nécessaire de repenser le mode de répartition des ressources et dépenses de notre système de protection sociale afin qu’il puisse mieux subvenir aux besoins des plus fragiles.

Avons-nous d’autres choix si nous voulons promouvoir une société du « vivre-ensemble » qui redonne toute leur place aux plus fragiles d’entre nous ?

© Copyright 2014 – La Vie

 

Le déclin de la liberté religieuse dans le monde

Rapport 2014 de l’Aide à l’Église en Détresse - France

Zenit - Vous publiez votre Rapport 2014 sur la liberté religieuse dans le monde : est-ce une photographie annuelle ? Qu'est-ce qui a changé depuis le rapport précédent ?

A.E.D. - Ce Rapport sur la liberté religieuse dans le Monde, nous le publions tous les deux ans. D’une part, nous estimons que cela suffit, car dans la majorité des pays, la situation ne change pas non plus tous les six mois. Bien sûr, il peut y avoir de graves crises et il nous est toujours possible à ce moment-là d’évoquer l’évolution de la situation avec d’autres supports, mais il nous semble que ce cycle sur deux ans nous permet de prendre plus de recul sur ce qui se passe en profondeur. Par ailleurs, il est vrai que la réalisation de ce Rapport demande énormément de travail : une fois tous les deux ans est amplement suffisant !

Pour répondre à votre question sur ce qui a changé pendant la période couverte par ce dernier Rapport (octobre 2012 à juin 2014), je commencerais par une bonne nouvelle : sur les 196 pays analysés, nous avons constaté des améliorations dans… 6 pays ! Ce n’est pas beaucoup mais on doit tout de même se réjouir de cela. Ces 6 pays sont : Cuba, les Émirats Arabes Unis, l’Iran, le Qatar, le Zimbabwe et Taïwan. Cela étant, j’ai parlé d’améliorations, cela ne signifie pas que la situation y soit idéale. Sur ces six, quatre restent classés comme des lieux de haute ou moyenne persécution !

A contrario, on ne peut que globalement faire état d’une dégradation de la situation de la liberté religieuse dans le monde. C’est sans doute l’impression que tout le monde peut avoir au vu des actualités mais ce Rapport, malheureusement, le confirme. Une détérioration de la situation a été enregistrée dans 55 pays soit 28% des pays du monde.

Zenit - Quel est l'esprit de votre Rapport sur la liberté religieuse ?

A.E.D. - Ce Rapport ne concerne pas uniquement les chrétiens, il n’est pas un état des lieux de la persécution antichrétienne. Cela, nous le faisons tout au long de l’année car notre mission principale est de venir en aide aux chrétiens persécutés et tout particulièrement aux catholiques puisque nous sommes une œuvre de l’Église catholique. Toutes nos publications évoquent cette réalité à laquelle nous essayons de répondre par le biais de l’information mais aussi de la prière et bien sûr de l’aide matérielle à travers plus de 5 000 projets par an dans 150 pays.

Ce Rapport sur la liberté religieuse se veut également au service de nos frères qui souffrent à travers le monde mais simplement, nous avons retenu un angle différent. Puisque nous demandons davantage de liberté religieuse, il nous semble logique de la demander pour tous. C’est la raison pour laquelle sont étudiées dans ce Rapport toutes les restrictions en termes de liberté religieuse, quelle que soit la religion. Ce Rapport se veut donc le plus exhaustif possible avec comme objectif de faire progresser la liberté religieuse dans le monde, pour tout le monde !

Zenit - Qu'en tirer, que faire ?

A.E.D. - Encore une fois, l’impression générale de ce Rapport 2014 est que le droit à la liberté religieuse est entré dans une phase de déclin. Il y a les discriminations inscrites dans de nombreuses Constitutions et celles que les groupes religieux minoritaires vivent au quotidien, mais il y a aussi de plus en plus de régions où les tensions ethniques, économiques et / ou politiques se mêlent aux questions religieuses au point qu’il devient parfois difficile de faire objectivement le tri entre les discriminations strictement religieuses et celles résultant d’autres problématiques. La République centrafricaine en est certainement une des meilleures illustrations.

Ce qui ressort également de ce Rapport, c’est que les chrétiens restent le groupe religieux le plus discriminé. Il y a bien sûr leur nombre (quasiment un tiers de l’humanité) et aussi leur dispersion géographique (ils sont partout) mais cela n’explique pas tout. Le christianisme dérange visiblement de plus en plus, soit parce qu’il défend une anthropologie qui est aujourd’hui de plus en plus combattue, soit paradoxalement parce qu’il se développe et que cela entraîne des réactions de rejet.

Que faire ? La liberté religieuse n’est pas simplement une question théologique qui ne concernerait que les experts ou les grenouilles de bénitier, elle concerne tout le monde, à des degrés divers certes mais c’est bien tout le monde qui est concerné. Lorsque la liberté religieuse progresse, tout le monde en profite. Lorsqu’elle régresse, tout le monde en paie le prix car nous vivons de plus en plus interconnectés. La détérioration de la liberté religieuse au Moyen-Orient par exemple a des répercussions jusqu’en Europe. C’est pourquoi il nous semble indispensable de militer pour la liberté religieuse, c’est l’objet de ce Rapport.

Zenit - Si vous deviez garder seulement un témoignage à retenir de cette édition 2014 ?

A.E.D. - Spontanément, je citerai le cas de Meriam Ibrahim, cette jeune soudanaise obligée d’accoucher en prison dans des conditions sordides et condamnée à mort par pendaison pour apostasie. Née d’un père musulman et d’une mère chrétienne, elle a été élevée dans la foi chrétienne, le père ayant abandonné la famille très tôt. Sommée de renier sa foi pour devenir musulmane, Meriam a refusé d’abjurer faisant valoir qu’elle avait toujours été chrétienne. Elle a risqué la mort pour cela ! Ce n’est que grâce à la mobilisation internationale qu’elle a pu être sauvée et quitter le pays. On est clairement dans le déni total de toute liberté religieuse, voire de toute humanité !

Sinon, il faudrait évidemment parler des réfugiés syriens et irakiens dont le nombre et la souffrance dépassent l’entendement. Depuis bientôt quatre ans en Syrie et particulièrement depuis le mois de juin en Irak avec la chute de Mossoul, on a affaire à des millions de réfugiés dont le seul crime est de ne pas pratiquer la « bonne » religion. L’épicentre de la suppression de la liberté religieuse, c’est bien là qu’il se situe !

Zenit - Faudra-t-il attendre 2016 pour avoir d’autres nouvelles ?

A.E.D. - Le prochain Rapport sera bien publié en 2016 mais ce n’est pas le seul outil que nous ayons. Bien entendu, il permet de faire le point à un instant T et de conserver une trace de l’évolution de la situation mais cela ne suffit pas, d’autant plus que les choses vont de plus en plus vite. Pour ceux que cela intéresse, il y a évidemment notre site www.aed-france.org qui fait régulièrement le point sur ces questions, mais je suis très heureux d’annoncer également le lancement d’un nouveau site rattaché à l’AED et qui sera entièrement consacré à la liberté religieuse. Il s’agit de l’Observatoire de la liberté religieuse et le site est officiellement lancé aujourd’hui ! L’adresse est très simple : www.liberte-religieuse.org

© Copyright 2014 – Zenit

 

L’image de la famille heureuse est menacée par l’individualisme

Discours d’ouverture de la Conférence des Évêques de France par Mgr Pontier

L’Église de France réitère son engagement pour les enfants et les personnes âgées, face aux évolutions sociales actuelles, qui « se font souvent au mépris des plus faibles » : Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, exprime le « non » de l’Église à la procréation médicalement assistée, à la gestation pour autrui et à l'euthanasie, rappelant « la dignité inviolable de l’être humain depuis sa conception et jusqu’à sa mort naturelle ». Voici un extrait de son discours d’ouverture.

« La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par Lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus-Christ, la joie naît et renaît toujours. » (E.G. n°1)

Ces premiers mots de l’exhortation apostolique du Pape François, « la Joie de l’Évangile », expriment avec simplicité et profondeur l’expérience chrétienne. La fête de Toussaint que nous venons de célébrer dans nos Églises diocésaines nous a permis de rendre grâce pour la beauté et la bonté du projet de vie du Père créateur, du Fils bien-aimé venu nous révéler et nous ouvrir le chemin du bonheur, de l’Esprit Saint répandu en nos cœurs pour conduire tout homme à la conscience d’être fils de Dieu et frère des hommes. Quelle belle vision, pleine d’espérance, que celle de la foule immense des hommes, réunis dans leurs diversités auprès du Père, ayant traversé « la grande épreuve de la vie ! »

Nous qui traversons en ce temps qui est le nôtre « l’épreuve de la vie », nous voulons témoigner de la joie et de la lumière que nous donne notre foi en Dieu qui aime les hommes. La rencontre du Christ-Sauveur nous guérit de tout fatalisme, de toute peur, de tout désespoir. Nous avançons sur le chemin incertain de nos vies, éclairés par la conviction que la vie humaine n’est pas limitée à ce qui s’expérimente quelques décennies sur terre, mais qu’elle vient de Dieu et va vers Dieu, qu’elle est un don et une œuvre d’amour. À cette lumière qui a resplendi dans le Christ, nous avançons, nous efforçant de vivre en frères des hommes comme lui-même l’a fait. Il s’est fait proche des uns et des autres, des petits, des malades, des étrangers et des pauvres. « Il est passé en faisant le bien » (Actes 10,38). Ainsi s’exprimèrent ses premiers disciples pour lui rendre témoignage.

La vie et la famille, dons de Dieu

Cette vie qui vient de Dieu, nous l’avons reçue au sein d’une famille qui est pour tout être humain le lieu primordial, malheureusement parfois blessé par les épreuves de la vie ou les fragilités personnelles, mais bien le lieu primordial de l’expérience humaine. C’est là, qu’entourés de notre père et de notre mère, de nos frères et sœurs, de nos grands-parents, des cousins, des amis, nous trouvons le milieu vital qui, toute notre vie, sera celui des plus grandes joies, des plus fortes solidarités et aussi des plus profondes préoccupations. Oui, la famille est cette cellule de base de toute vie sociale. Le cardinal Vingt-Trois et moi-même, nous venons de participer au Synode extraordinaire sur « les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’Évangélisation ». Même si les défis se déclinent sous le mode de la grande diversité, la famille apparaît sous toutes les latitudes comme cette cellule de base de la vie en société, comme celle aussi de l’Église. Nous aimons l’appeler « Église domestique ». Le Synode a redit la grandeur de la famille humaine, fondée sur l’alliance d’amour entre un homme et une femme, vécue dans la fidélité, capable de traverser les épreuves grâce au dialogue et au pardon, accueillante à la vie reçue comme un don et non revendiquée comme un droit. L’amour véritable est une responsabilité assumée, un roc solide sur lequel s’appuyer et non la succession d’aventures passionnées vouées à une errance insatiable.

Dans l’expérience humaine de la famille, nous sommes accueillis comme un don, même si nous sommes porteurs d’éventuels handicaps. Nous sommes aimés fidèlement et généreusement. Nous faisons l’expérience de la joie, du pardon, de la solidarité. La réussite de la famille demande que chacun recherche le bonheur des autres avant le sien propre. Oui, elle est vraiment porteuse de vie parce qu’en elle, se jouent les solidarités élémentaires et nécessaires à toute vie humaine. Les sociétés l’ont bien compris ! Certaines s’appuient sur elle et la soutiennent pour bâtir leur avenir. D’autres la fragilisent, la réglementent, la soumettent à des projets pensés par quelques-uns. Dans notre pays, la famille jouit d’une image heureuse et le projet d’en fonder une demeure le désir le plus fort. Les enquêtes d’opinion le manifestent. Au sein de l’Europe, nous sommes enviés par beaucoup pour ce goût de transmettre la vie à des générations futures, signe d’un bien-être et d’une sagesse éprouvée. L’Église voit avec joie de jeunes adultes s’engager dans la vie familiale, dans la voie du mariage et affirmer de multiples manières au nom de leur foi que la famille est une richesse pour la construction de la personne et la cohésion de la société.

La famille fragilisée

Même si on doit se réjouir d’évolutions positives à amplifier encore – comme celle de l’égalité entre hommes et femmes, celle du choix libre du conjoint – ces dernières décennies manifestent néanmoins une fragilisation réelle de la vie familiale. Le développement d’une culture individualiste peu soucieuse des répercussions sur les autres des choix personnels, la soumission désordonnée à la force des sentiments et à la recherche du plaisir, l’immaturité affective peuvent conduire à des égoïsmes irresponsables, à des comportements violents, à un usage à courte vue des progrès techniques. Tout cela contribue à fragiliser la vie d’un trop grand nombre de familles.

S’est ajoutée encore la mise en œuvre d’une culture qui se laisse emporter par la définition sans fin de nouveaux droits individuels sans toujours prendre la mesure des conséquences négatives sur la conception de l’homme et les nécessaires solidarités d’une vie sociale. Ainsi la recherche légitime de progresser dans l’égalité entre hommes et femmes dans nos sociétés est allée jusqu’à faire droit à des conceptions philosophiques militantes qui nient la belle complémentarité porteuse de vie entre l’homme et la femme, inscrite dans la nature même de chaque être humain. L’égalité est vue comme une absolue neutralité insignifiante. Un modèle unique et néfaste veut s’imposer et sa transmission aux enfants s’organise sans l’accord des parents, pourtant premiers responsables de leur éducation. La nature même du mariage a été bouleversée. Au lieu de trouver des solutions adaptées à des questions posées par des situations particulières, on veut légiférer comme si on devait imposer à tous ce qui est revendiqué comme utile ou légitime pour quelques-uns. Et cela souvent au mépris des plus faibles, d’une part des enfants dans le début de leur vie et d’autre part dans un autre domaine des malades ou des vieillards au terme de leur existence.

L’Église rappelle sans se lasser la dignité inviolable de l’être humain depuis sa conception et jusqu’à sa mort naturelle. On ne peut l’instrumentaliser ni le considérer comme un objet ou un bien qu’on se procure selon son propre désir. Ainsi nous voyons le grave risque humain qu’il y aurait à s’engager sur le chemin de la procréation médicalement assistée pour répondre à la revendication du droit à l’enfant. Quant au recours à la gestation pour autrui, il est manifeste qu’on entre dans un processus qui considère l’enfant comme un quelconque bien de consommation. Cette pratique fait peu de cas du contexte humanisant qui consiste à garder liés dans le don mutuel conjugal et familial la conception et le temps de la grossesse. Et que dire de la demande faite à une femme de porter un enfant sans s’y attacher comme si la maternité était un acte banal ou à vocation commerciale ? On ne peut reconnaître là un progrès humain pour nos sociétés.

Quant à la fin de vie, nous nous sommes déjà exprimés sur notre conviction que l’accès aux soins palliatifs devait être rendu possible et effectif. Ils offrent un environnement médical et une qualité de présence humaine qui permettent à chacun d’être accompagné jusqu’au bout de sa vie plutôt que de succomber à la tentation d’y mettre fin. C’est en s’appuyant sur les compétences médicales pour traiter la douleur et sur les solidarités affectives et relationnelles que peut se dessiner le chemin le plus humain. Un groupe de travail au sein de notre Conférence s’est constitué pour contribuer activement aux débats en cours dans notre société.

Comment soutenir la vie des familles ? Comment soutenir la croissance des enfants ? Comment soutenir les personnes en fin de vie ? Aucune loi, aucun droit individuel ne pourra remplacer la solidarité, la présence affectueuse, le soutien mutuel, le don de soi, le sens des responsabilités, surtout si c’est pour, à la place, promouvoir ou permettre la perspective d’en finir avec la vie, d’en finir avec les responsabilités qui nous lient les uns aux autres et qui font pourtant notre grandeur.

Comment soutenir la vie des familles sinon en offrant à chacune les conditions d’une vie possible sur sa terre ancestrale où l’accès au travail, au logement, à l’éducation, à la sécurité, à la santé est assuré à tous ? C’est malheureusement l’absence de ces conditions-là qui affecte de manière évidente et massive la vie d’un grand nombre de familles dans notre pays comme dans le monde entier.

Ce sont les solidarités familiales, nationales, internationales, mondiales qui peuvent seules contribuer à mettre en place les conditions d’une vie toujours plus humaine, plus juste, plus fraternelle. Il revient aux responsables politiques de les mettre en œuvre avec intelligence et détermination avec le souci de veiller à la cohésion nationale. Il revient à chaque citoyen de s’ouvrir à la recherche du bien de tous, en commençant par celui des plus défavorisés. L’Église elle-même se sait appelée à accompagner de sa présence la plus proche les familles qui connaissent de grandes souffrances.

[…]

 Que la Vierge de Lourdes le protège. Qu’elle accompagne nos travaux de sa présence, qu’elle nous aide à rendre perceptible le visage maternel de l’Église.

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Le don de Dieu

Commentaire de l’Évangile de la Dédicace de la Basilique du latran

Le Père Pascal Montavit nous livre son commentaire de l'Évangile de ce dimanche 9 novembre. Évangile selon Saint Matthieu 25, 1-13. La parabole des dix Vierges.

Nous méditons en ce dimanche sur la parabole des dix vierges. Jésus propose ce récit afin de nous faire percevoir la réalité du Royaume des cieux présent au milieu de nous. Voyons ce qu’il nous enseigne.

Tout d’abord, il est dit que les dix vierges prennent leur lampe mais seulement cinq d’entre elles emportent aussi de l’huile en réserve. Pour être porteur de lumière au jour de la venue du Messie, il est donc nécessaire d’avoir une lampe et de l’huile en quantité suffisante. Porter haut cette lumière dans notre société, c’est, bien sûr, répondre à l’invitation que nous fait le Seigneur : « Vous êtes la lumière du monde (…) Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison » (Mt 5,14-15). L’image que prend Jésus dans cette parabole nous révèle la profondeur du mystère du don de Dieu. La lampe est donnée sans mérite aux vierges. Elle représente la grâce que le Seigneur accorde gratuitement le jour de notre baptême. Nous ne la méritons pas, mais le Seigneur nous la donne. L’huile, c’est la réponse que nous apportons librement à ce don de Dieu. Le Seigneur a sauvé tous les hommes sur la Croix, mais faut-il encore que les hommes accueillent ce salut. Accueillir le Salut, c’est préparer notre huile. Ce qui est premier c’est donc la lampe, c’est-à-dire la grâce que Dieu nous fait. Et ce don est fait à tous, aux vierges folles comme aux vierges sages. Mais pour briller, nous devons aussi répondre à cet appel, nous investir, c’est à dire apporter notre huile.

Il est dit ensuite que l’époux arrive au milieu de la nuit : « Un cri se fait entendre : ‘Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre » (Mt 25,6). Toutes les vierges, les sages comme les folles, se sont endormies. La venue du Christ a lieu alors que plus personne ne l’attend. Jésus dira par ailleurs : « Veillez donc, parce que vous ne savez pas quel jour va venir votre Maître » (Mt 24,42). Cette parabole résonne donc comme un appel à la vigilance. Ce qui est plus surprenant, c’est de voir les vierges sages s’endormir aussi. Ne devraient-elles pas demeurer éveillées dans l’attente de l’époux ? Cette particularité de la parabole nous montre que tous les hommes ont besoin de la Miséricorde de Dieu. Nul n’est parfait. Ce qui est important, c’est de donner notre bonne volonté au Seigneur, tout comme les vierges sages ont pris de l’huile en réserve. Le reste appartient à l’Amour Miséricordieux de Jésus.

Enfin, vient peut-être le passage le plus étonnant de ce récit. Les vierges sages refusent de partager leur huile. Comment comprendre cela ? Tout simplement par le fait que nous ne pouvons répondre à la place des autres. Nous pouvons bien sûr prier et intercéder pour eux, mais nous ne pouvons pas choisir à leur place. C’est aussi une dure réalité de notre vie. Combien nous aimerions que tous nos proches, nos amis découvrent l’Amour de Dieu. Mais chacun est libre de sa réponse. Il nous revient juste d’être témoins de cette folie de Dieu pour les hommes.

En ce jour, nous sommes appelés à prendre de nouveau conscience du don que Dieu nous fait en nous donnant une lampe. Nous sommes aussi appelés à renouveler notre oui à Jésus afin que nous ayons toujours de l’huile en réserve pour le jour où nous le rencontrerons.

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