PKO 7.12.2014

Eglise cath papeete 1Dimanche 7 décembre 2014 – 2ème Dimanche de l’Avent – Année B
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°63/2014

HUMEURS

Violence en ville… le pot de terre contre le pot de fer

Voilà qu’après de nombreuses années durant lesquelles le P.K.0 a informé des scènes de grandes violences dont il fut témoin chaque fin de semaine, l’agression d’un jeune adolescent dans la nuit du vendredi 21 novembre vient corroborer le phénomène de violence qui s’y est « installé ».

Les images choquantes et dérangeantes apportent encore plus d’eau à notre moulin pour continuer à moudre le grain.

Un rassemblement pacifique a eu lieu, vendredi 5 décembre, autour de la Cathédrale entre 18 et 21h suite à cette agression…  Que cette maman organisatrice et ses amis puissent parvenir à faire changer les choses est plus qu’un souhait, c’est un vœu.

Peut-être verra-t-on alors une modification de l’arrêté municipal n°2013-207/DGS du 17 avril 2013 dont la lecture surprend car elle laisse apparaître que la violence n’est pas combattue… mais que la jeunesse de moins de 15 ans doit en être protégée……à croire que, pour les autorités municipales comme pour l’État,  les rixes de nuit sont un acquis irrémédiable.

La nuit du vendredi 28 novembre a vu deux véhicules de police (municipale et nationale) stationnés aux alentours de la cathédrale… dont l’un devant le porche d’un immeuble qui fait face à une discothèque qui occupait le trottoir en toute illégalité… mais sous l’œil vigilant et sécurisant de la Police municipale, tout cela en parfaite opposition avec l’arrêté municipal n°84-172 du 20 décembre 1984.

Qu’est-il réellement fait pour la sécurité de tout un chacun et particulièrement celle de notre jeunesse ?

Et si la cohérence était le prérequis indispensable pour améliorer la situation !

Nous renouvelons nos vœux à cette maman organisatrice afin qu’elle ne se décourage pas car le chemin risque d’être long, les priorités des autorités et des citoyens ne convergeant pas nécessairement…

 

REGARD SUR L’ACTUALITÉ

Déclaration contre l’esclavage par les responsables religieux

Voici la déclaration inter-religieuse pour l'éradication de l'esclavage moderne, signée ce matin au Vatican, suivie des noms de ses signataires :

Nous, soussignés, sommes réunis ici aujourd’hui dans le cadre d’une initiative historique visant à susciter une action spirituelle et concrète de la part de toutes les confessions et personnes de bonne volonté partout dans le monde, afin d’éradiquer de manière définitive l’esclavage moderne dans le monde d’ici 2020. Aux yeux de Dieu (et de nos différentes religions), chaque être humain est une personne libre, qu’il soit garçon ou fille, femme ou homme, destinée à exister pour le bien de tous en toute égalité et fraternité. L’esclavage moderne, sous ses formes de la traite des êtres humains, du travail forcé ou de la prostitution, du trafic d’organes, comme de toute attitude allant à l’encontre de la conviction selon laquelle tous les êtres humains sont égaux et bénéficient du même droit à la liberté et la dignité, est un crime contre l’humanité.

Nous nous engageons aujourd’hui à faire tout ce qui est en notre pouvoir, au sein de nos communautés religieuses et au-delà, pour travailler ensemble pour la liberté de tous ceux qui sont réduits en esclavage et victimes de traite, afin de leur redonner un avenir. Aujourd’hui, nous avons la possibilité, la conscience, la sagesse, l’innovation et la technologie pour atteindre cet impératif humain et moral.

SS le Pape François,

chef de l'Église catholique romaine.

SS Mme Mata Amritanandamayi,

représentante de l’hindouisme (Inde).

Vénérable Sr Chân Không,

représentant du Grand Maître du bouddhisme

Zen Bhikkhuni Thich Nhat Hanh (Thaïlande).

Vénérable Datuk K Sri Dhammaratana,

Grand Prêtre bouddhiste de Malaisie.

Mr le Rabbin Abraham Skorka,

Recteur du séminaire rabbinique latino-américain (Argentine).

Mr le Rabbin David Rosen,

Président de l'International Council of Christians and Jews (Israël).

Dr Abbas Abdalla Abbas Soliman,

représentant le Grand Imam Mohamed Ahmed El-Tayeb de l'Université Al-Azhar (Egypte).

Grand Ayatollah Mohammad Taqi al-Modarresi

(Irak).

Scheik Naziyah Razzaq Jaafar,

représentant du Grand Ayatollah Sheikh Basheer Hussain al Najafi (Pakistan).

Scheik Omar Abboud (Argentine) ;

SG Justin Welby,

Archevêque de Canterbury et primat de l'Église anglicane.

SE le Métropolitain de France Emmanuel,

représentant SS le Patriarche œcuménique.

 

Des fruits d’unité des chrétiens et de paix au Moyen-Orient

Audience générale du mercredi 3 décembre 2014 – Pape François

Le pape François salue une nouvelle fois l'aide apportée par la Turquie aux réfugiés des conflits du Moyen-Orient. Il rend aussi hommage à la communauté salésienne d'Istanbul et à toutes les personnes qui travaillent auprès des réfugiés.

Chers frères et sœurs, bonjour !

La journée ne semble pas très belle, elle est un peu triste... Mais vous, vous êtes courageux et devant cette mauvaise journée restons de bonne humeur, et allons de l’avant ! Cette audience se déroule dans deux endroits différents, comme nous le faisons lorsqu’il pleut : ici, sur la place, et puis il y a les malades dans la salle Paul VI. Je les ai déjà rencontrés, je les ai salués, et ils suivent l’audience sur écran géant, parce qu’ils sont malades et qu’ils ne peuvent pas venir sous la pluie. Nous les saluons d’ici avec un applaudissement.

Aujourd’hui, je veux partager avec vous certains éléments du pèlerinage que j’ai accompli en Turquie de vendredi à dimanche derniers. Comme j’avais demandé de le préparer et de l’accompagner par la prière, je vous invite à présent à rendre grâce au Seigneur pour sa réalisation et afin que puissent jaillir des fruits de dialogue, tant dans nos relations avec les frères orthodoxes que dans celles avec les musulmans, et dans le chemin vers la paix entre peuples. Je sens, en premier lieu, de devoir renouveler l’expression de ma reconnaissance au président de la République turque, au premier ministre, au président pour les affaires religieuses et aux autres autorités, qui m’ont accueilli avec respect et qui ont garanti le bon déroulement des événements. Cela demande du travail, et ils l’ont fait volontiers. Je remercie fraternellement les évêques de l’Église catholique en Turquie, le président de la Conférence épiscopal, un homme de bien, et je remercie pour leur engagement les communautés catholiques, de même que je remercie le patriarche œcuménique, Sa Sainteté Bartholomée Ier, pour son accueil cordial. Le bienheureux Paul VI et saint Jean-Paul II, qui se rendirent tous deux en Turquie, et saint Jean XXIII, qui fut délégué apostolique dans ce pays, ont protégé du ciel mon pèlerinage, qui a eu lieu huit ans après celui de mon prédécesseur Benoît XVI. Cette terre est chère à tout chrétien, en particulier parce ce qu’elle fut le lieu de naissance de l’apôtre Paul, parce qu’elle accueillit les sept premiers conciles, et par la présence, près d’Éphèse, de la « maison de Marie ». La tradition nous dit que c’est là qu’a vécu la Vierge, après la venue de l’Esprit Saint.

Au cours de la première journée du voyage apostolique, j’ai salué les autorités du pays, à très grande majorité musulmane, mais dans la constitution duquel est affirmée la laïcité de l’État. Et avec les autorités, nous avons parlé de la violence. C’est précisément l’oubli de Dieu, et non sa glorification, qui engendre la violence. Pour cela, j’ai insisté sur l’importance que chrétiens et musulmans s’engagent ensemble pour la solidarité, pour la paix et la justice, en affirmant que chaque État doit assurer aux citoyens et aux communautés religieuses une réelle liberté de culte.

Aujourd’hui, avant d’aller saluer les malades, j’ai rencontré un groupe de chrétiens et de musulmans qui participent à une réunion organisée par le dicastère pour le dialogue interreligieux, sous la direction du cardinal Tauran, et ils ont également exprimé ce désir de poursuivre ce dialogue fraternel entre catholiques, chrétiens et musulmans.

Le deuxième jour, j’ai visité certains lieux symboles des diverses confessions religieuses présentes en Turquie. Je l’ai fait en sentant dans mon cœur l’invocation au Seigneur, Dieu du ciel et de la terre, Père miséricordieux de l’humanité tout entière. Le centre de la journée a été la célébration eucharistique qui a réuni dans la cathédrale les pasteurs et les fidèles des divers rites catholiques présents en Turquie. Y ont également assisté le patriarche œcuménique, le vicaire patriarcal arménien apostolique, le métropolite syro-orthodoxe et des représentants protestants. Ensemble, nous avons invoqué l’Esprit Saint, Celui qui fait l’unité de l’Église : unité dans la foi, unité dans la charité, unité dans la cohésion intérieure. Le Peuple de Dieu, dans la richesse de ses traditions et articulations, est appelé à se laisser guider par l’Esprit Saint, dans une attitude constante d’ouverture, de docilité et d’obéissance. Sur notre chemin de dialogue œcuménique et également de notre unité, de notre Église catholique, Celui qui fait tout est l’Esprit Saint. C’est à nous de le laisser faire, de l’accueillir et de suivre ses inspirations.

Le troisième et dernier jour, fête de saint André apôtre, a offert le cadre idéal pour consolider les relations fraternelles entre l’Évêque de Rome, Successeur de Pierre, et le patriarche œcuménique de Constantinople, successeur de l’apôtre André, frère de Simon Pierre, qui a fondé cette Église. J’ai renouvelé avec Sa Sainteté Bartholomée l’engagement réciproque à poursuivre la voie vers le rétablissement de la pleine communion entre catholiques et orthodoxes. Ensemble, nous avons signé une déclaration commune, étape supplémentaire sur ce chemin. Il a été particulièrement significatif que cet acte ait eu lieu au terme de la Liturgie solennelle de la fête de saint André, à laquelle j’ai assisté avec une grande joie, et qui a été suivie par la double Bénédiction, donnée par le patriarche de Constantinople et par l’Évêque de Rome. En effet, la prière est la base de tout dialogue œcuménique fructueux sous la direction de l’Esprit Saint, qui, comme je l’ai dit, est Celui qui fait l’unité.

La dernière rencontre — celle-ci a été belle et également douloureuse — a été avec un groupe de jeunes réfugiés, accueillis par les salésiens. Il était très important pour moi de rencontrer des réfugiés provenant des zones de guerre du Moyen-Orient, tant pour leur exprimer ma proximité et celle de l’Église, que pour souligner la valeur de l’accueil, dans lequel la Turquie également s’est beaucoup engagée. Je remercie encore la Turquie pour cet accueil de nombreux réfugiés et je remercie de tout cœur les salésiens d’Istanbul. Ces salésiens qui travaillent pour les réfugiés sont de braves personnes ! J’ai rencontré également d’autres pères et un jésuite allemands et d’autres qui travaillent avec les réfugiés, mais cet oratoire salésien des réfugiés est une belle chose, c’est un travail caché. Je remercie beaucoup toutes les personnes qui travaillent avec les réfugiés. Et prions pour tous les réfugiés et les personnes déplacées, et afin que soient éliminées les causes de ce douloureux fléau.

Chers frères et sœurs, que Dieu tout-puissant et miséricordieux continue de protéger le peuple turc, ses gouvernants et les représentants des diverses religions. Puissent-ils édifier ensemble un avenir de paix, afin que la Turquie puisse représenter un lieu de coexistence pacifique entre religions et cultures diverses. Prions en outre pour que, par l’intercession de la Vierge Marie, l’Esprit Saint rende fécond ce voyage apostolique et favorise dans l’Église la ferveur missionnaire, pour annoncer à tous les peuples, dans le respect et dans le dialogue fraternel, que le Seigneur Jésus est vérité, paix et amour. Lui seul est le Seigneur.

© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana

 

Réveillez le monde ! (1)

Lettre apostolique du pape françois à tous les consacrés

« Réveillez le monde ! », demande une nouvelle fois le pape François aux personnes consacrées à Dieu dans le célibat pour le Royaume, à l'occasion de l'ouverture, dimanche, 30 novembre, de l'Année de la vie consacrée. Elle s'achevera le 2 février 2016. Le pape a choisi une « lettre apostolique » pour transmettre ce message à « tous les consacrés », en date du 21 novembre 2014, fête de la Présentation de la Vierge Marie au Temple de Jérusalem

Chères consacrées et chers consacrés !

Je vous écris comme Successeur de Pierre, à qui le Seigneur a confié la tâche de confirmer ses frères dans la foi (cf. Lc 22, 32), et je vous écris comme votre frère, consacré à Dieu comme vous.

Remercions ensemble le Père, qui nous a appelés à suivre Jésus dans la pleine adhésion à son Évangile et dans le service de l’Église, et qui a répandu dans nos cœurs l’Esprit Saint qui nous donne la joie et nous fait rendre témoignage au monde entier de son amour et de sa miséricorde.

En me faisant l’écho du sentiment de beaucoup d’entre vous et de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique, à l’occasion du 50ème anniversaire de la Constitution dogmatique Lumen gentium sur l’Église, qui au chapitre VI traite des religieux, comme aussi du Décret Perfectae caritatis sur le renouveau de la vie religieuse, j’ai décidé d’ouvrir une Année de la Vie Consacrée. Elle commencera le 30 novembre prochain, 1erdimanche de l’Avent, et se terminera avec la fête de la Présentation de Jésus au Temple, le 2 février 2016.

Après avoir écouté la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique, j’ai indiqué comme objectifs pour cette Année les mêmes que saint Jean-Paul II avait proposés à l’Église au début du troisième millénaire, reprenant, d’une certaine façon, ce qu’il avait déjà indiqué dans l’Exhortation pos-synodale Vita consecrata : « Vous n’avez pas seulement à vous rappeler et à raconter une histoire glorieuse, mais vous avez à construire une histoire glorieuse ! Regardez vers l’avenir, où l’Esprit vous envoie pour faire encore avec vous de grandes choses » (n. 110).

I – Les objectifs pour l’Année de la Vie Consacrée

1.  Le premier objectif est de regarder le passé avec reconnaissance. Chacun de nos Instituts vient d’une riche histoire charismatique. À ses origines est présente l’action de Dieu qui, dans son Esprit, appelle certaines personnes à la suite rapprochée du Christ, à traduire l’Évangile dans une forme particulière de vie, à lire avec les yeux de la foi les signes des temps, à répondre avec créativité aux nécessités de l’Église. L’expérience des débuts a ensuite grandi et s’est développée, associant d’autres membres dans de nouveaux contextes géographiques et culturels, donnant vie à de nouvelles manières de mettre en œuvre le charisme, à de nouvelles initiatives et expressions de charité apostolique. C’est comme la semence qui devient un arbre en étendant ses branches.

Au cours de cette Année, il sera opportun que chaque famille charismatique se souvienne de ses débuts et de son développement historique, pour rendre grâce à Dieu qui a ainsi offert à l’Église tant de dons qui la rendent belle et équipée pour toute œuvre bonne (cf. Lumen gentium, n.12).

Raconter sa propre histoire est indispensable pour garder vivante l’identité, comme aussi pour raffermir l’unité de la famille et le sens d’appartenance de ses membres. Il ne s’agit pas de faire de l’archéologie ou de cultiver des nostalgies inutiles, mais bien plutôt de parcourir à nouveau le chemin des générations passées pour y cueillir l’étincelle inspiratrice, les idéaux, les projets, les valeurs qui les ont mues, à commencer par les Fondateurs, par les Fondatrices et par les premières communautés. C’est aussi une manière de prendre conscience de la manière dont le charisme a été vécu au long de l’histoire, quelle créativité il a libérée, quelles difficultés il a dû affronter et comment elles ont été surmontées. On pourra découvrir des incohérences, fruit des faiblesses humaines, parfois peut-être aussi l’oubli de certains aspects essentiels du charisme. Tout est instructif et devient en même temps appel à la conversion. Raconter son histoire, c’est rendre louange à Dieu et le remercier pour tous ses dons.

Nous le remercions de manière particulière pour ces 50 dernières années faisant suite au Concile Vatican II, qui a représenté un « coup de vent » de l’Esprit Saint pour toute l’Église. Grâce à lui la vie consacrée a mis en œuvre un chemin fécond de renouveau qui, avec ses lumières et ses ombres, a été un temps de grâce, marqué par la présence de l’Esprit.

Que cette Année de la Vie Consacrée soit aussi une occasion pour confesser avec humilité et grande confiance dans le Dieu Amour (cf. 1 Jn 4, 8) sa propre fragilité et pour la vivre comme une expérience de l’amour miséricordieux du Seigneur ; une occasion pour crier au monde avec force et pour témoigner avec joie de la sainteté et de la vitalité présentes chez un grand nombre de ceux qui ont été appelés à suivre le Christ dans la vie consacrée.

2.  Cette Année nous appelle en outre à vivre le présent avec passion. La mémoire reconnaissante du passé nous pousse, dans une écoute attentive de ce que l’Esprit dit à l’Église aujourd’hui, à mettre en œuvre d’une manière toujours plus profonde les aspects constitutifs de notre vie consacrée.

Depuis les débuts du premier monachisme, jusqu’aux « nouvelles communautés » d’aujourd’hui, chaque forme de vie consacrée est née de l’appel de l’Esprit à suivre le Christ comme il est enseigné dans l’Évangile (cf. Perfectae caritatis, n.2). Pour les Fondateurs et les Fondatrices, la règle en absolu a été l’Évangile, toute autre règle voulait être seulement une expression de l’Évangile et un instrument pour le vivre en plénitude. Leur idéal était le Christ, adhérer à lui entièrement, jusqu’à pouvoir dire avec Paul : « Pour moi, vivre, c’est le Christ » (Ph 1, 21) ; les vœux avaient du sens seulement pour mettre en œuvre leur amour passionné.

La question que nous sommes appelés à nous poser au cours de cette Année est de savoir si nous aussi nous nous laissons interpeller par l’Évangile et comment ; s’il est vraiment le vade-mecum pour notre vie de chaque jour et pour les choix que nous sommes appelés à faire. Il est exigeant et demande à être vécu avec radicalité et sincérité. Il ne suffit pas de le lire (même si la lecture et l’étude restent d’extrême importance), il ne suffit pas de le méditer (et nous le faisons avec joie chaque jour). Jésus nous demande de le mettre en œuvre, de vivre ses paroles.

Nous devons nous demander encore : Jésus est-il vraiment notre premier et unique amour, comme nous nous le sommes proposés quand nous avons professé nos vœux ? C’est seulement s’il en est ainsi que nous pouvons et devons aimer dans la vérité et dans la miséricorde chaque personne que nous rencontrons sur notre chemin, parce que nous aurons appris de lui ce qu’est l’amour et comment aimer : nous saurons aimer parce que nous aurons son cœur même.

Nos Fondateurs et nos Fondatrices ont éprouvé en eux la compassion qui prenait Jésus quand il voyait les foules comme des brebis dispersées sans pasteur. Comme Jésus, mû par cette compassion, a donné sa parole, a guéri les malades, a donné le pain à manger, a offert sa vie-même, de même les Fondateurs se sont aussi mis au service de l’humanité à qui l’Esprit les envoyait, selon les manières les plus diverses : l’intercession, la prédication de l’Évangile, la catéchèse, l’instruction, le service des pauvres, des malades… L’imagination de la charité n’a pas connu de limites et a su ouvrir d’innombrables chemins pour porter le souffle de l’Évangile dans les cultures et dans les milieux sociaux les plus divers.

L’Année de la Vie Consacrée nous interroge sur la fidélité à la mission qui nous a été confiée. Nos ministères, nos œuvres, nos présences, répondent-ils à ce que l’Esprit a demandé à nos Fondateurs, sont-ils adaptés à en poursuivre les finalités dans la société et dans l’Église d’aujourd’hui ? Y-a-t-il quelque chose que nous devons changer ? Avons-nous la même passion pour nos gens, sommes-nous proches d’eux au point d’en partager les joies et les souffrances, afin d’en comprendre vraiment les besoins et de pouvoir offrir notre contribution pour y répondre ? « Les mêmes générosité et abnégation qui animaient les Fondateurs – demandait déjà saint Jean-Paul II – doivent vous conduire, vous, leurs enfants spirituels, à maintenir vivants leurs charismes qui, avec la même force de l’Esprit qui les a suscités, continuent à s’enrichir et à s’adapter, sans perdre leur caractère authentique, pour se mettre au service de l’Église et conduire à sa plénitude l’implantation de son Royaume »1.

Dans le rappel de la mémoire des origines une composante supplémentaire du projet de vie consacrée est mise en lumière. Les Fondateurs et les Fondatrices étaient fascinés par l’unité des Douze autour de Jésus, par la communion qui caractérisait la première communauté de Jérusalem. En donnant vie à leur propre communauté, chacun d’eux a voulu reproduire ces modèles évangéliques, être un seul cœur et une seule âme, jouir de la présence du Seigneur (cf.Perfectae caritatis, n.15).

Vivre le présent avec passion signifie devenir « experts de communion », « témoins et artisans de ce “projet de communion” qui se trouve au sommet de l’histoire de l’homme selon Dieu »2. Dans une société de l’affrontement, de la cohabitation difficile entre des cultures différentes, du mépris des plus faibles, des inégalités, nous sommes appelés à offrir un modèle concret de communauté qui, à travers la reconnaissance de la dignité de chaque personne et du partage du don dont chacun est porteur, permette de vivre des relations fraternelles.

Soyez donc des femmes et des hommes de communion, rendez-vous présents avec courage là où il y a des disparités et des tensions, et soyez signe crédible de la présence de l’Esprit qui infuse dans les cœurs la passion pour que tous soient un (cf. Jn 17, 21). Vivez la mystique de la rencontre : « la capacité d’entendre, d’être à l’écoute des autres. La capacité de chercher ensemble le chemin, la méthode »3, vous laissant éclairer par la relation d’amour qui passe entre les trois personnes divines (cf. 1 Jn 4, 8), ce modèle de toute relation interpersonnelle.

3.  Embrasser l’avenir avec espérance veut être le troisième objectif de cette Année. Nous connaissons les difficultés que rencontre la vie consacrée dans ses différentes formes : la diminution des vocations et le vieillissement, surtout dans le monde occidental, les problèmes économiques suite à la grave crise financière mondiale, les défis de l’internationalité et de la mondialisation, les tentations du relativisme, la marginalisation et l’insignifiance sociale… C’est bien dans ces incertitudes que nous partageons avec beaucoup de nos contemporains, que se met en œuvre notre espérance, fruit de la foi au Seigneur de l’histoire qui continue de nous répéter : « Ne crains pas… car que je suis avec toi » (Jr 1, 8).

L’espérance dont nous parlons ne se fonde pas sur des chiffres ni sur des œuvres, mais sur Celui en qui nous avons mis notre confiance (cf. 2 Tm 1, 12), et pour lequel « rien n’est impossible » (Lc 1, 37). Là est l’espérance qui ne déçoit pas et qui permettra à la vie consacrée de continuer à écrire une grande histoire dans l’avenir, vers lequel nous devons tenir notre regard tourné, conscients que c’est vers lui que nous pousse l’Esprit Saint pour continuer à faire avec nous de grandes choses.

Ne cédez pas à la tentation du nombre et de l’efficacité, moins encore à celle de se fier à ses propres forces. Scrutez les horizons de votre vie et du moment actuel en veille vigilante. Avec Benoît XVI je vous répète : « Ne vous unissez pas aux prophètes de malheur qui proclament la fin ou le non sens de la vie consacrée dans l’Église de nos jours ; mais revêtez-vous plutôt de Jésus Christ et revêtez les armes de lumière comme exhorte saint Paul (cf. Rm 13, 11-14) – en demeurant éveillés et vigilants »4. Continuons et reprenons toujours notre chemin avec la confiance dans le Seigneur.

Je m’adresse surtout à vous les jeunes. Vous êtes le présent parce que vous vivez déjà activement au sein de vos Instituts, en offrant une contribution déterminante avec la fraîcheur et la générosité de votre choix. En même temps, vous en êtes l’avenir parce que vous serez bien vite appelés à prendre en main la conduite de l’animation, de la formation, du service, de la mission. Cette Année vous serez protagonistes dans le dialogue avec la génération qui est devant vous. Dans une communion fraternelle, vous pourrez vous enrichir de son expérience et de sa sagesse, et en même temps vous pourrez lui proposer de nouveau l’idéal qu’elle a connu à son début, offrir l’élan et la fraîcheur de votre enthousiasme, aussi pour élaborer ensemble des manières nouvelles de vivre l’Évangile et des réponses toujours plus adaptées aux exigences du témoignage et de l’annonce.

Je suis heureux de savoir que vous aurez des occasions de vous rassembler entre vous, jeunes de différents Instituts. Que la rencontre devienne un chemin habituel de communion, de soutien mutuel, d’unité.

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1   Lett. ap. Les chemins de l’Évangile, aux religieux et religieuses d’Amérique latine, à l’occasion du Vème centenaire de l’évangélisation du Nouveau Monde – 29 juin 1990 – n.26.

2   Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique, Religieux et promotion humaine, 12 août 1980, n.24.

3   Discours aux recteurs et aux étudiants des Collèges pontificaux de Rome, 12 mai 2014.

4   Homélie de la fête de la Présentation de Jésus au Temple, 2 février 2013.

© Copyright 2014 – Conférence des Évêque de France

 

Eurolactis offre au pape François deux ânes et du lait d’anesse

Un lait qui aide les bébés prématurés à survivre

L'entreprise lombarde Eurolactis Italiacon et son fondateur, Pierluigi Christophe Orunesu, ont offert au pape François et à l'hôpital pédiatrique de l'Enfant Jésus - Bambino Gesù - qui dépend du Vatican, une belle réserve de lait d'ânesse, aux vertus reconnues pour les bébés prématurés, ce mercredi 3 décembre.

Pour les petits prématurés

A cette occasion, le pape a révélé qu'il avait lui-même été nourri avec du lait d'ânesse quand il était petit.

Le pape a également reçu de l'entreprise deux petits ânes, Théa et Noé, en hommage au grand saint d'Assise, protecteur des animaux, dont il a choisi le nom.

Eurolactis produit du lait d'ânesse pour ses propriétés reconnues par les médecins et les chercheurs: sa composition est très proche de celle du lait maternel. Il est en outre plus facile à digérer que le lait de vache et il contient des nutriments absents d'autres laits.

Surtout, l'entreprise participe à un programme de recherche financé par l'Union Européenne sur l'alimentation des bébés prématurés.

Une étude menée à partir de 150 prématurés dans le département de néonatalogie "Sainte Anne" de l'hôpital “Regina Margherita” de Turin confirme les vertus thérapeutique de ce lait pour la survie des bébés nés avant terme. Or, selon les chiffres de l'OMS, sur 15 millions de prématurés nés chaque année, un million ne survit pas.

Les animaux des papes

Les deux petits ânes viennent d'ajouter aux "animaux des papes": un renard, des faucons, des vaches frisones, quelque 300 poules, 60 poulets, des abeilles et des poissons coulent des jours prospères à Castelgandolfo. Les poules, libres, élevées entre terre et ciel, produisent quelque 200 oeufs par jour. En été, les faucons préservent les abricots et les pêches des pillards ailés. Le braque de garde dissuade le renard de s’approcher du poulailler pontifical du domaine de Castelgandolfo, les « Villas pontificales ».

Le domaine a aussi accueilli par le passé des hôtes aussi remuants que ces deux sangliers, cadeau du Père Zénon de Nomadelfia au pape Paul VI, ou ces gazelles offertes au pape Pie XI par le délégué apostolique en Egypte. Le pape y était très attaché : lorsqu’il se trouvait à Castelgandolfo, Pie XI allait les voir tous les jours, et jamais les mains vides, prenant la plus petite dans ses bras.

Ce même pape Pie XI voulait que « sa » ferme répondît aux exigences de l’agriculture moderne, tout en gardant un aspect rustique, champêtre.

Le lait de Castelgandolfo

Pendant la Seconde guerre mondiale, elle a fourni du lait aux mamans des environs pour leurs jeunes enfants. Le lait y est aujourd'hui pasteurisé à 75°, ce qui préserve ses qualités nutritives et donne un lait de grande qualité, riche en protéines.

Ces vaches de haut lignage - inscrites au « Livre de la frisonne italienne » - jouissent d’appartements modernes rénovés en 2008. C'est un cabanon ouvert sur quatre côtés salubre et confortable, avec un maximum de liberté. Leur alimentation est riche et inspirée par les traditions locales : leur foin est saupoudré de fromage parmesan ! Modernissime aussi, le système de nettoyage et celui de la traite, mais la production est soumise au quota de 600 litres par jour.

Le lait des vaches pontificales a été également apprécié au moment de l'accident de Tchernobyl: le nuage de celsium avait pollué toute la péninsule italienne. Or les « vaches du Vatican » mangeaient depuis des années déjà du foin conservé à l’abri sous des toiles imperméables. Lorsque les techniciens sont venus contrôler le lait, ils ne trouvèrent aucune trace des radiations ! Les autorités sanitaires conseillèrent donc aux mamans de jeunes enfants et aux personnes ayant d’urgence besoin de lait de s’adresser à la ferme du Vatican.

Avec le lait d'ânesse, voilà une nouvelle occasion de faire la joie des mamans, surtout pour les petits prématurés nés au "Bambino Gesù".

© Copyright 1983 – Archevêché de Papeete

 

Les Sœurs de Saint Joseph de Cluny en Polynésie

Extrait de « Tahiti 1834-1984 » du R.P. Paul HODÉE, d.

Dans le cadre de l’Année de la Vie consacrée, nous nous proposons de relire quelques pages de l’histoire  des congrégations religieuses en Polynésie… nous commençons aujourd’hui par un bref résumé de la Congrégation des Sœurs de Saint Joseph de Cluny…

Parties de la Maison-Mère de Paris en août 1843, les sœurs Régis Fléchel, Bruno de Monlas, Ignace Chambeau et Joséphine Moureau s'embarquent à Brest sur la « Charte », commandée par Charles Pénaud. Après plus de six mois de traversée, elles arrivent aux Marquises, leur destination initiale. La situation y est si périlleuse que la « Charte » se dirige vers Tahiti en s'arrêtant une semaine à Mangareva. La reine les héberge. Durant ce bref séjour aux Gambier, elles apprennent aux sœurs de Rouru les éléments de la couture ; elles confectionnent une robe pour la reine. Telle est la première action éducative des sœurs de Cluny en Polynésie dans la disponibilité concrète pour « faire la volonté de Dieu ».

Arrivées le 16 mars 1844 à Papeete, leur tâche immédiate est le soin des nombreux blessés de la « guerre de Tahiti ». Dès 1845, les sœurs accueillent quelques filles pour les instruire. Leurs six compagnes, arrivées par la « Sirène » au début de 1847, permettent l'ouverture d'une école. Mais, dans ces premières années, selon le mot de Mgr Jaussen : « Ce ne sont pas les maîtres qui ont manqué aux écoles, mais les écoliers qui ont manqué aux maîtres. » La confiance arrive progressivement grâce à la bienveillance de la reine Pomaré IV qui confie aux sœurs de Cluny l'éducation des filles de la famille royale. Aussi, par le décret du 7 novembre 1857, l'école des sœurs devient école publique des filles de Papeete ; elle est animée par huit religieuses. Le gouverneur en approuve le règlement le 30 avril 1859, l'école comporte un modeste internat. Son successeur de la Richerie loue « les succès remarquables obtenus » par l'école des sœurs en 1863. Dans son rapport de juin 1863, sœur Camille, la supérieure, souligne « l'application des filles tahitiennes aux ouvrages manuels, leur aptitude toute particulière pour les ouvrages d'aiguille... elles feront de bonnes mères de famille ». Ce type d'enseignement complet, intellectuel et manuel, très proche des actuelles « écoles ménagères », est encouragé par les gouverneurs de ce temps ; il est fort apprécié par les familles tahitiennes. Cela, avec le dévouement et la disponibilité bien connus des sœurs de Cluny sous les diverses latitudes, explique leur rayonnement dans les divers archipels.

Leurs épreuves sont celles de tous les éducateurs de cette époque en Polynésie : absence de familles chrétiennes ayant le sens de leur responsabilité éducative, difficultés d'une évangélisation en même temps civilisation, tensions vives entre catholiques et protestants, ambiguïté entre les exigences de l'administration demandant l'enseignement en français dans les écoles publiques et l'évangélisation qui se fait dans les langues polynésiennes. Evidemment, leur plus grande épreuve sera celle de la laïcisation dans les années 1900, les chassant des écoles publiques comme de l'hôpital de Papeete. Leur adaptabilité religieuse et leur polyvalence missionnaire font qu'elles restent sur place soit dans les écoles libres lorsque les diplômes le permettent soit dans les multiples services des paroisses.

Dans l'île de Tahiti, les sœurs de Saint-Joseph de Cluny - après l'école de Papeete ouverte en 1847 et officialisée en 1857 - sont chargées, en 1867, de l'école publique des filles de Papeuriri (Mataiea). Elles y ont 40 à 50 élèves. Après la laïcisation de l'école des frères, le gouverneur leur confie en plus l'école des garçons de Mataiea en 1894. Elles sont chassées à leur tour en 1902 ; leur projet de fonder une école libre à Mataiea ne peut se réaliser. Le 6 août 1898, les sœurs ouvrent une école à Faaa avec une soixantaine d'élèves. Jusqu'en 1927, une sœur vient chaque jour de Papeete pour assurer l'unique classe.

Aux Gambier, après leur bref passage initial en 1844, les sœurs de Cluny sont demandées pour remplacer la « Communauté des Sacrés-Cœurs » des sœurs indigènes qui ne se recrutent plus. Le 15 octobre 1892, les sœurs Rosule, Désirée et Marie-Gaspard arrivent à Mangareva. En plus de la trentaine d'élèves internes, elles s'occupent de la vie paroissiale et des malades. Bien que cette école soit appréciée par la population et reconnue « très bonne » par l'administrateur des Gambier, la laïcisation la ferme en 1905. Les sœurs essaient de rester au service des Mangaréviens en continuant les services paroissiaux et par la création d'un ouvroir. Elles doivent partir en 1909.

Aux Iles-sous-le-Vent dans l'île de Raiatea, Mgr Hermel, le 15 août, bénit l'école que les sœurs de Cluny ouvrent le 1er septembre 1925. Dès octobre suivant, cette école est fréquentée par 80 élèves.

Comme pour toute la mission catholique, l'histoire scolaire des sœurs de Cluny aux îles Marquises est complexe et douloureuse. Initialement, les sœurs sont demandées en 1843 par le Ministère de la Marine pour le service de la nouvelle colonie française du Pacifique (9 mai 1842). L'état de guerre entre les vallées fait que le commandant Pénaud les dirige sur Tahiti. En juin 1847, les sœurs Sophronie et Marcelline ouvrent une école de filles à Vaitahu. Mais, la guerre entre les îles de Tahuata et de Hiva-Oa les obligent à quitter en septembre 1847.

À la demande de Mgr Dordillon, le gouverneur demande aux sœurs de Cluny d'ouvrir une école dans l'île de Nuku-Hiva. Le 4 mars 1864, sœurs Mélanie, Lazarine, Félicité et Anne-Marie débarquent à Taiohae. Leur école-internat compte plus de 80 élèves. À Noël 1884, les sœurs Saint-Prix, Aldegonde, Françoise de Jésus et Appoline-Marie arrivent à Atuona pour lancer l'école-internat des filles, demandée par Mgr Dordillon. Elles y ont rapidement plus de 110 élèves des îles de Tahuata et Hiva-Oa. Selon les hauts et les bas de cette époque troublée aux Marquises et malgré les efforts de Paul Gauguin qui empêche les parents d'envoyer leurs filles à l'école d'Atuona où il réside, les écoles des sœurs sont appréciées pour l'efficace protection et la formation familiale des filles. « La lutte contre la Mission aux Marquises et le développement de la laïcisation » menés par le gouverneur Cor, entraînent la fermeture de ces écoles-internats en 1905. En cela, il est d'un avis opposé au gouverneur Petit qui avait écrit au Ministre des Colonies en 1903 : « Supposer que l'Administration locale ait voulu sacrifier une population encore primitive au seul principe de la laïcité, plutôt que d'utiliser les écoles tenues par les frères de Ploërmel ou par les religieuses de Saint-Joseph de Cluny, je puis affirmer que cette pensée n'a jamais été la nôtre. Elle irait à l'encontre des idées gouvernementales les plus simples et ne pourrait s'expliquer que de la part d'ignorants peu conscients de nos véritables intérêts dans ces régions si lointaines... » Comment ne pas comprendre les gémissements des Vicaires Apostoliques des Marquises devant les « variations de l'Administration » dans ces îles ?

Les sœurs de Cluny ne quittent Taiohae qu'en 1927. Suite à la demande du Gouverneur qui propose à Mgr Le Cadre en 1922 la réouverture des écoles de la Mission, les sœurs envoient une religieuse diplômée et reprennent l'école-internat d'Atuona le 24 mai 1924. Elles y sont toujours en 1983.

La question des internats, liés aux écoles, suscite des débats passionnés. La dispersion des îles les rendent nécessaires. Le climat de violence et de débauche, surtout aux Marquises, les exigent pour protéger les filles, souvent déflorées dès l'âge de 10 ans. Pour cela, le Ministre de la Marine demande au gouverneur de « soutenir les sœurs » en 1854. Le règlement du pensionnat de Papeete est approuvé en 1859. Après avoir pacifié les Marquises, en 1880, l'Amiral Bergasse Dupetit-Thouars demande au Ministre de « développer les internats et de faire appel aux sœurs ». En 1903, devant les « excès des colons et la débauche généralisée », le gouverneur Petit est du même avis. Mais, devant la suppression de l'obligation scolaire et l'impossibilité de nourrir les enfants, Mgr Martin doit fermer les internats en 1895. Nous avons vu qu'en 1904, au nom de la « liberté individuelle » le gouverneur Cor « interdit les internats et ferme brutalement les écoles ». Il faut remarquer que, depuis cette époque qui nous semble lointaine mais dont les conséquences sont toujours actuelles, l'enseignement public s'est vu contraint, pour assurer le service de l'obligation scolaire, d'ouvrir un certain nombre d'internats.

Enfin le 15 juillet 1895, trois religieuses de Saint-Joseph de Cluny arrivent de Papeete pour fonder la première école catholique à Rarotonga aux îles Cook. Cette ouverture fait suite à la visite de prospection du P. Georges Eich en 1894. Il constate l'excellente réputation des écoles catholiques de Tahiti aux Cook. Le Gouverneur anglais et la Reine désirent ce service pour leur population. Aussi, le P. Bernardin Castanié « débute la mission » par cette école confiée aux sœurs de Cluny avec lesquelles il travaillera tout au long de son ministère.

Ces quelques pages laissent deviner la grande disponibilité missionnaire des sœurs de Saint-Joseph de Cluny, les difficultés traversées dans le service de l'éducation chrétienne et de la formation des mères de familles en Polynésie. Personne ne sera étonné de découvrir ainsi les racines profondes de la confiance, du respect et de l'affection dont elles bénéficient de la part de la population et des diverses autorités dans les îles polynésiennes.

(Tahiti 1834-1984, pp.292-295)

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Où va le monde ?

Commentaire de l’Évangile du 2ème Dimanche de l’Avent

Le Père Pascal Montavit nous offre son commentaire de l'Évangile de ce deuxième dimanche de l'Avent. Évangile selon Saint Marc 1, 1-8 : « Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du SEIGNEUR, Rendez droits ses sentiers. »

L’Évangile de ce deuxième dimanche de l’Avent est le commencement de l’Évangile selon saint Marc. Ce passage nous permet de méditer sur l’histoire du salut et sur le rôle de Jean-Baptiste dans le dessein de Dieu.

Tout d’abord, Jean-Baptiste est présenté comme celui qui accomplit la prophétie d’Isaïe : « Voici que j’envoie mon messager devant toi, pour préparer ta route » (Mc 1,2). Cet accomplissement d’une prophétie de l’Ancien Testament témoigne de la présence de Dieu dans l’histoire des hommes. Le monde ne suit pas son cours comme s’il dérivait, soumis à un hasard incompréhensible. Il est bon de nous le rappeler en ces temps où nous entendons souvent des exclamations telles que : « Où va le monde ? ». Si les hommes demeurent libres de s’opposer à Dieu, et parfois même au nom de Dieu, n’oublions pas que tout est entre ses mains. Il a guidé le peuple d’Israël en le préparant à la venue du Messie et il continue de guider l’Église. Ne perdons jamais confiance.

La mission de Jean-Baptiste ravive l’exigence de notre propre vocation de baptisé : « À travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route » (Mc 1,3). Dans notre société, nous pouvons avoir l’impression parfois de prêcher dans le désert. Le fossé entre ce que prône le monde et les valeurs de notre foi se creuse toujours plus. Nous pouvons nous sentir découragés, mais le Seigneur ne nous demande pas de sauver le monde, simplement d’être un témoin comme Jean-Baptiste, d’être une lumière qui brille dans l’obscurité. Jean-Baptiste l’a bien compris, c’est pourquoi il affirme qu’il n’est pas le Messie : « Voici venir derrière moi celui qui est plus grand que moi » (Mc 1,7). Parfois le mot « évangélisation » nous fait peur car nous craignons d’être marginalisés, exclus du monde et de perdre ainsi une vie sociale normale. Mais il s’agit là d’une pensée fausse, d’un piège du démon. Lorsque nous vivons notre foi pleinement, c’est alors que nous sommes vraiment présents à ceux qui nous entourent, aux pratiquants comme aux athées. Sans les juger, sans rejeter qui que ce soit, nous pouvons les accueillir tout en tenant ferme le cap que le Seigneur nous a laissé.

Il est aussi dit que Jean-Baptiste était « vêtu de poils de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage » (Mc 1,6). Nous comprenons ainsi que la force de notre témoignage résulte de la cohérence de notre vie, de l’exemple que nous donnons. Bien sûr, le Seigneur n’appelle pas de nos jours les chrétiens à se vêtir de poils de chameau. Il s’agit là d’un appel propre adressé à Jean-Baptiste. Mais cette précision vient comme une interpellation afin que nos actes soient en accord avec nos paroles. Jean-Baptiste prêche la pénitence, c’est pourquoi il mène une vie de pénitence. De même, si nous prêchons l’amour fraternel, alors il est important de commencer par aimer ceux qui nous sont proches. Si nous prêchons le pardon, nous devons entrer dans un chemin de réconciliation avec ceux qui nous ont offensés.

En ce jour, prions le Seigneur de faire de nous des missionnaires, d’humbles lumières qui brillent au milieu des hommes. N’ayons pas peur de nous dire chrétiens, d’assumer nos différences dans certaines situations. L’Esprit Saint nous sera donné.

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