PKO 30.03.2014

Dimanche 30 mars 2014 – 4ème Dimanche du Temps de Carême – Année A
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°19/2014

HUMEURS

« Un long chemin vers la liberté »

En ces temps d’élections, un texte à méditer pour tous ceux qui veulent nous gouverner. L’humilité n’ayant pas été l’apanage des débats… une floraison de « Moi je » augurant mal d’un travail d’équipe au service des autres ! :

« Quand j'ai franchi les portes de la prison, telle était ma mission : libérer à la fois l'opprimé et l'oppresseur. Certains disent que ce but est atteint. Mais je sais que ce n'est pas le cas. La vérité, c'est que nous ne sommes pas encore libres ; nous avons seulement atteint la liberté d'être libres, le droit de ne pas être opprimés. Nous n'avons pas encore fait le dernier pas de notre voyage, nous n'avons fait que le premier sur une route plus longue et difficile. Car être libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. La véritable épreuve pour notre attachement à la liberté vient de commencer.

J'ai parcouru ce long chemin vers la liberté. J'ai essayé de ne pas hésiter ; j'ai fait beaucoup de faux pas. Mais j'ai découvert ce secret : après avoir gravi une haute colline, tout ce qu'on découvre, c'est qu'il reste beaucoup d'autres collines à gravir. Je me suis arrêté un instant pour me reposer, pour contempler l'admirable paysage qui m'entoure, pour regarder derrière moi la longue route que j'ai parcourue. Mais je ne peux me reposer qu'un instant ; avec la liberté viennent les responsabilités, et je n'ose m'attarder car je ne suis pas arrivé au terme de mon long chemin.

Nelson Mandela ».

(Extrait de son autobiographie)

EN MARGE DE L’ACTUALITÉ

Famille, prends soin de la Création !

Dans le cadre de l’année de la famille le Conseil pontifical pour la famille organise le 29 mars une journée de réflexion sur le rôle que peut jouer la famille dans la préservation des ressources naturelles en prenant soin de la Création. Voici la présentation de cette journée.

« Comment peut-on construire et diffuser des styles de vie qui permettent d’augmenter notre niveau de bien-être sans pour cela appauvrir les ressources naturelles que nous devons préserver pour nos enfants ? Comment peut-on faire en sorte que ces nouveaux styles de vie ne soient pas seulement éco-compatibles mais également souhaitables ? Et comment peut-on amener les cellules familiales à les adopter afin que l’on puisse parler d’une “conversion écologique” de la société ?

Il s’agit là de questions qui sont, certes toutes difficiles, mais inévitables pour l’avenir de l’humanité, comme l’ont souligné à plusieurs reprises aussi bien le magistère pontifical que la communauté scientifique internationale. Pour tenter de répondre à ces questions, le Conseil pontifical pour la famille, en collaboration avec l’association Greenaccord onlus, organise le 29 mars 2014, au Vatican (Salle Saint Pie X), une journée d’étude intitulée “Famille, prends soin de la Création !”.

“Il est urgent de trouver des voies novatrices et courageuses et d’établir les critères pour une nouvelle relation avec la ‘nature’, qui mettent au centre le développement de chaque personne et de l’humanité toute entière”. C’est ce qu’affirme S.Exc. Mgr Vincenzo Paglia, président du Conseil pontifical pour la famille. “La famille est l’un des points cruciaux de ce parcours” souligne ainsi Mgr Paglia, tout en rappelant que “cette dernière réaffirme, en effet, un NOUS constitutif qui s’oppose à la dictature d’un Je absolu (c’est-à-dire libre de tout lien), qui prétend être le maître de la terre et d’en disposer arbitrairement.”

“L’objectif de la rencontre – explique ainsi le président de Greenaccord onlus, Alfonso Cauteruccio – est d’étudier ces questions cruciales à travers les analyses proposées par des scientifiques, des économistes et des théologiens de haut niveau. L’espoir est que leurs études, leurs réflexions et leurs contributions puissent conduire à un changement significatif de direction vers un modèle de développement et de consommation qui n’abuse pas des ressources, et qui puisse rendre la famille une entité économique active et capable, à travers les choix quotidiens de l’économie domestique et la conscience que chaque geste, même le plus simple, peut être plus respectueux et avoir un impact mineur sur la Création” ».

(Source : Conseil Pontifical pour la Famille)

Le Sacrement de l’Ordre, un service !

Audience générale du mercredi 26 mars 2014

« Jeunes, si vous avez le désir du sacerdoce, c'est Jésus qui appelle », a dit en substance le pape François dans sa catéchèse consacrée au sacrement de l'Ordre. « Il y a peut-être ici quelques jeunes qui ont entendu dans leur cœur cet appel, le désir de devenir prêtre, le désir de servir les autres dans les choses qui viennent de Dieu, le désir d’être toute leur vie au service pour catéchiser, baptiser, pardonner, célébrer l’eucharistie, s’occuper des malades… et comme cela toute la vie. Si quelqu’un parmi vous a entendu cela dans son cœur, c’est Jésus qui l’y a mis », a expliqué le pape. C'est l'appel du Christ et donc, le sacerdoce n'est pas quelque chose que l'on achète, fait observer le pape : « Comment doit-on faire pour devenir prêtre, où vend-on les accès au sacerdoce ? Non ! Cela ne se vend pas. C’est une initiative que prend le Seigneur. Le Seigneur appelle. Il appelle chacun de ceux qu’il veut voir devenir prêtres. »

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous avons déjà eu l’occasion de souligner que les trois sacrements du baptême, de la confirmation et de l’Eucharistie constituent ensemble le mystère de l’« initiation chrétienne », un unique grand événement de grâce qui nous régénère dans le Christ. Telle est la vocation fondamentale qui rassemble tous dans l’Église, en tant que disciples du Seigneur Jésus. Il existe également deux sacrements qui correspondent à deux vocations spécifiques : il s’agit de l’ordre et du mariage. Ils constituent deux grandes voies à travers lesquelles le chrétien peut faire de sa vie un don d’amour, à l’exemple et au nom du Christ, et coopérer ainsi à l’édification de l’Église.

L’ordre, divisé dans les trois grades de l’épiscopat, du sacerdoce et du diaconat, est le sacrement qui habilite à l’exercice du ministère, confié par le Seigneur Jésus aux apôtres, de paître son troupeau, dans la puissance de son Esprit et selon son cœur. Paître le troupeau de Jésus non pas grâce à la puissance de la force humaine ou grâce à sa propre puissance, mais grâce à celle de l’Esprit et selon son cœur, le cœur de Jésus qui est un cœur d’amour. Le prêtre, l’évêque, le diacre doivent paître le troupeau du Seigneur avec amour. S’ils ne le font pas avec amour, ils ne servent pas. Et, dans ce sens, les ministres qui sont choisis et consacrés pour ce service prolongent dans le temps la présence de Jésus, s’ils le font avec le pouvoir de l’Esprit Saint au nom de Dieu et avec amour.

Un premier aspect. Ceux qui sont ordonnés sont placés à la tête de la communauté. Oui, ils sont « à la tête », mais pour Jésus, cela signifie placer son autorité au service, comme Lui-même l’a montré et l’a enseigné aux disciples à travers ces paroles : « Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il n’en doit pas être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier d’entre vous, sera votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20, 25-28 ; Mc 10, 42-45). Un évêque qui n’est pas au service de la communauté ne fait pas le bien ; un prêtre, un curé qui n’est pas au service de sa communauté ne fait pas le bien, il se trompe.

Une autre caractéristique qui dérive toujours de cette union sacramentelle avec le Christ est l’amour passionné pour l’Église. Pensons à ce passage de la Lettre aux Éphésiens dans laquelle saint Paul dit que le Christ « a aimé l’Église : il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne ; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien » (5, 25-27). En vertu de l’ordre, le ministre se consacre entièrement à sa communauté et l’aime de tout son cœur : c’est sa famille. L’évêque, le prêtre aiment l’Église dans leur propre communauté, l’aiment fortement. Comment ? Comme le Christ aime l’Église. Saint Paul dira la même chose du mariage : l’époux aime son épouse comme le Christ aime l’Église. C’est un grand mystère d’amour : celui du ministère sacerdotal, et celui du mariage, deux sacrements qui sont la voie à travers laquelle les personnes vont habituellement à la rencontre du Seigneur.

Un dernier aspect. L’apôtre Paul recommande au disciple Timothée de ne pas négliger, mais au contraire de raviver toujours le don qui est en lui. Le don qui lui a été donné par l’imposition des mains (cf. 1 Tm 4, 14 ; 2 Tm 1, 6). Quand on ne nourrit pas le ministère, le ministère de l’évêque, le ministère du prêtre par la prière, par l’écoute de la Parole de Dieu, et par la célébration quotidienne de l’Eucharistie et également par une fréquentation du sacrement de la pénitence, on finit inévitablement par perdre de vue le sens authentique de son propre service et la joie qui découle d’une profonde communion avec Jésus.

L’évêque qui ne prie pas, l’évêque qui n’écoute pas la Parole de Dieu, qui ne célèbre pas tous les jours, qui ne va pas se confesser régulièrement, et également le prêtre qui ne fait pas ces choses, perdent petit à petit l’union avec Jésus et deviennent d’une médiocrité qui ne fait pas de bien à l’Église. C’est pourquoi nous devons aider les évêques et les prêtres à prier, à écouter la Parole de Dieu qui est le repas quotidien, à célébrer chaque jour l’Eucharistie et à avoir l’habitude de se confesser. C’est très important car cela concerne précisément la sanctification des évêques et des prêtres.

Je voudrais finir par une chose qui me vient à l’esprit : mais comment doit-il faire pour devenir prêtre, où se vendent les accessoires pour le sacerdoce ? Non. On ne les vend pas. C’est une initiative que prend le Seigneur. Le Seigneur appelle. Il appelle chacun de ceux qu’Il veut voir devenir prêtres. Peut-être y a-t-il ici plusieurs jeunes qui ont entendu cet appel dans leur cœur, l’envie de devenir prêtres, l’envie de servir les autres dans les choses qui viennent de Dieu, l’envie d’être toute leur vie au service pour catéchiser, baptiser, pardonner, célébrer l’Eucharistie, soigner les malades... et toute leur vie ainsi. Si certains de vous ont senti cette chose dans leur cœur, c’est Jésus qui l’a placée là. Prenez soin de cette invitation et priez afin qu’elle grandisse et porte du fruit dans toute l’Église.

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Traduction commune du Notre Père

Les échanges œcuméniques doivent se poursuivre

Face aux réactions suscitées dans les milieux œcuméniques par la publication dans La Bible. Traduction officielle liturgique d’une nouvelle traduction du verset 13a dans la version matthéenne du Notre Père (chap. 6), le Conseil d’Églises chrétiennes en France (Cecef) a publié, le 22 novembre 2013, un message dans lequel il invite à poursuivre les échanges œcuméniques en vue d’une traduction commune du Notre Père. Après avoir rappelé la différence entre la version œcuménique du Notre Père et celle contenue dans le texte de l’Évangile selon Matthieu, le Cecef précise que la version proposée par l’Église catholique, destinée à être proclamée, participe d’un vaste projet de révision de livres liturgiques. Il rappelle que cette version « ne crée pas de difficulté œcuménique particulière ».

Rappel historique

En 1966, la Conférence épiscopale catholique, les quatre Églises luthériennes et réformées en France et les évêques de trois juridictions de l’Église orthodoxe en France ont décidé d’adopter une traduction commune de la prière du Notre Père récitée par leurs fidèles. Cette version dite « œcuménique » a ensuite été reçue plus largement par les différentes familles ecclésiales francophones. C’est celle qui est utilisée au cours des célébrations œcuméniques et qui est récitée au cours des offices dans les Églises qui ont cette pratique.

La version du Notre Père récitée par les fidèles doit être distinguée du texte biblique qui est lu lorsque l’évangile de Matthieu (chapitre 6, versets 9-13) constitue une des lectures d’une célébration. Ce n’est pas la version dite « œcuménique » de la prière récitée qu’on trouve à ce jour dans les deux lectionnaires catholiques (les recueils de textes bibliques proclamés au cours de la messe, le dimanche ou en semaine) ou dans les différentes Bibles en usage (la Bible de Jérusalem, la traduction de Segond, en français courant…), ni même dans la Traduction œcuménique de la Bible (TOB). Cette différence n’a jamais fait de difficulté.

Le texte proclamé de l’évangile de Matthieu.

Dans l’Église catholique, la traduction des livres liturgiques est en cours de révision. En lien avec la Congrégation pour le culte divin à Rome, les Conférences épiscopales des pays francophones (Afrique du Nord, Belgique, Canada, France, Luxembourg et Suisse) travaillent ensemble aux traductions en langue française. La nouvelle traduction officielle liturgique de la Bible publiée ce 22 novembre 2013 constitue une première étape de ce processus. Dans cette nouvelle version de La Bible. Traduction officielle liturgique, le verset 13 du sixième chapitre de l’évangile de Matthieu est désormais traduit : « Et ne nous laisse pas entrer en tentation ». C’est cette traduction qui sera adoptée dans les deux lectionnaires catholiques qui entreront en vigueur au premier dimanche de l’Avent 2014, début de l’année liturgique dans les communautés catholiques. Ce changement dans la traduction d’un texte biblique proclamé au cours de la messe ne crée pas de difficulté œcuménique particulière.

La prière récitée du Notre Père.

La révision d’autres livres liturgiques est également en cours. En ce qui concerne le missel, dans lequel on trouve la prière du Notre Père récitée par les fidèles au cours de la messe, une nouvelle version fera l’objet d’un vote des Conférences épiscopales en 2015 ; elle serait utilisée à partir de l’Avent 2016.

En septembre 2009, avec un souci œcuménique et pastoral, les évêques catholiques français ont signalé ce processus de révision à leurs partenaires au sein du Conseil d’Églises chrétiennes en France. Ils les ont informés de leur projet de modifier la traduction de la sixième demande de la prière du Notre Père puisque la version actuelle récitée par les fidèles – « et ne nous soumets pas à la tentation » – fait souvent difficulté, et ont sollicité leur avis.

Les chrétiens attachent bien sûr une grande importance à la prière que le Christ a enseignée à ses disciples. Par ailleurs, des choix de traduction peuvent infléchir l’image de Dieu qui est exprimée dans le Notre Père, avec des répercussions importantes pour l’évangélisation aujourd’hui. Il est donc normal que des réactions vives s’expriment lorsqu’un changement de formulation est envisagé. Les échanges œcuméniques sur la traduction commune du Notre Pèredoivent se poursuivre. Puissent ces discussions renforcer notre conviction d’être enfants d’un même Père. Pour sa part, le Conseil d’Églises chrétiennes en France continuera d’aider les chrétiens de notre pays à vivre comme des frères et sœurs en Jésus-Christ.

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Les corrompus reviennent difficilement en arrière

Homélie du pape François devant 500 parlementaires italiens

La classe dirigeante qui « s'éloigne du peuple » et ne s’intéresse « qu’à ses propres affaires : son groupe, son parti, ses luttes internes » glisse vers la « corruption » et ne peut pas comprendre « la miséricorde et la compassion » dont a justement besoin le peuple, déclare le pape François. Le pape a célébré la messe pour un groupe de plus de 500 ministres, sénateurs et députés italiens, accompagnés par Mgr Lorenzo Leuzzi, évêque auxiliaire de Rome et recteur de l’église Saint Grégoire de Naziance, à Montecitorio, ce jeudi 27 mars, à 7h, en la basilique Saint-Pierre.

Les lectures que l’Église nous offre aujourd’hui peuvent être définies comme un dialogue entre les plaintes de Dieu et les justifications des hommes. Dieu, le Seigneur, se plaint. Il se plaint de ne pas avoir été écouté tout au long de l’histoire. C’est toujours la même chose : « Écoutez ma voix… Je serai votre Dieu… Tu seras heureux… ». « Mais ils n'ont pas écouté, ils n'ont pas prêté l'oreille, ils ont suivi les mauvais conseils de leur cœur obstiné ; ils ont reculé au lieu d'avancer » (Jr 7,23-24). C’est l’histoire de l’infidélité du peuple de Dieu.

Et cette plainte de Dieu vient parce que cela a été un travail très, très grand, ce travail du Seigneur pour enlever l’idolâtrie du cœur de son peuple, pour le rendre docile à sa Parole. Mais eux, ils prenaient cette route pendant quelque temps et puis ils faisaient marche arrière. Et ainsi pendant des siècles et des siècles, jusqu’au moment où Jésus est arrivé.

Et il s’est passé la même chose avec le Seigneur, avec Jésus. Certains disaient : « Celui-ci est le Fils de Dieu, c’est un grand prophète ! » ; d’autres, ceux dont parle l’Évangile de ce jour, disaient : « Non, c’est un sorcier qui guérit avec le pouvoir de Satan ». Le peuple de Dieu était seul, et cette classe dirigeante – les docteurs de la loi, les Sadducéens, les pharisiens – était enfermée dans ses idées, dans sa pastorale, dans son idéologie. Et c’est cette classe qui n’a pas écouté la Parole du Seigneur, pour se justifier dit ce que nous avons entendu dans l’Évangile : « Cet homme, Jésus, chasse les démons avec le pouvoir de Béelzéboul » (Mt 11,15). C’est comme dire : « C’est un soldat de Béelzéboul, ou de Satan, ou de la clique de Satan », c’est pareil. Ils se justifient de ne pas avoir écouté l’appel du Seigneur. Ils ne pouvaient pas l’entendre : ils étaient tellement, tellement fermés, loin du peuple, et cela, c’est vrai.

Jésus regarde le peuple et il est ému, parce qu’il le voit comme « des brebis sans pasteurs », comme le dit l’Évangile. Et il va vers les pauvres, il va vers les malades, il va vers tous, vers les veuves, vers les lépreux pour les guérir. Et il leur parle avec des mots tels qu’il provoque l’admiration dans le peuple : « Mais il parle comme quelqu’un qui a autorité ! », il parle différemment de cette classe dirigeante qui s’était éloignée du peuple. Et elle ne s’intéressait qu’à ses propres affaires : son groupe, son parti, ses luttes internes. Et le peuple, là… Ils avaient abandonné le troupeau. Et ces gens étaient-ils des pécheurs ? Oui, oui, nous sommes tous pécheurs, tous. Nous tous, qui sommes ici, nous sommes des pécheurs. Mais eux, ils étaient plus que pécheurs : le cœur de ces personnes, de ce petit groupe, s’était tellement endurci, avec le temps, tellement qu’il leur était impossible d’entendre la voix du Seigneur. Et de pécheurs, ils ont glissé, et ils sont devenus corrompus. C’est très difficile pour une personne corrompue de réussir à revenir en arrière. Le pécheur, oui, parce que le Seigneur est miséricordieux et qu’il nous attend tous. Mais la personne corrompue est fixée sur ses affaires, et ces personnes étaient corrompues. Et c’est pour cela qu’ils se justifient, parce que Jésus, avec sa simplicité, mais avec sa force divine, les dérangeait. Et petit à petit, ils finissent par se convaincre qu’ils doivent tuer Jésus, et l’un d’eux dira : « Il vaut mieux qu’un seul meurt pour le peuple ».

Ceux-là, ils se sont trompés de route. Ils ont résisté au salut d’amour du Seigneur et c’est ainsi qu’ils ont glissé de leur foi, d’une théologie de la foi à une théologie du devoir : « Vous devez faire ceci, ceci, cela… ». Et Jésus leur dit, avec cet adjectif si laid : « Hypocrites ! Vous liez tous ces fardeaux pesants sur les épaules du peuple. Et vous ? Vous ne les touchez même pas d’un doigt ! Hypocrites ! ». Ils ont refusé l’amour du Seigneur et ce refus a fait qu’ils étaient sur une route qui n’était pas celle de la dialectique de la liberté qu’offrait le Seigneur, mais celle de la logique de la nécessité, là où il n’y a pas de place pour le Seigneur. Dans la dialectique de la liberté, il y a le Seigneur, bon, qui nous aime, qui nous aime tellement ! En revanche, dans la logique de la nécessité, il n’y a pas de place pour Dieu : on doit faire, on doit faire, on doit… Ils sont devenus des hommes aux bonnes manières, mais aux habitudes mauvaises. Jésus les appelle, eux, des « sépulcres blanchis ». C’est la souffrance du Seigneur, la souffrance de Dieu, la plainte de Dieu.

« Venez, adorons le Seigneur parce qu’il nous aime », « revenez à moi de tout votre cœur », nous dit-il, « parce que je suis miséricordieux et compatissant ». Ceux qui se justifient ne comprennent pas la miséricorde ni la compassion. En revanche, ce peuple qui aimait tant Jésus, avait besoin de miséricorde et de compassion et il allait la demander au Seigneur.

Sur ce chemin du carême, cela nous fera du bien, à tous, de penser à cette invitation du Seigneur à l’amour, à cette dialectique de la liberté où est l’amour, et de nous demander, tous : mais est-ce que je suis sur cette route ? Ou est-ce je cours le risque de me justifier et de prendre une autre route ? Une route conjoncturelle, parce que cela ne mène à aucune promesse. Et prions le Seigneur de nous donner la grâce de toujours emprunter la route du salut, de nous ouvrir au salut qui ne vient que de Dieu, de la foi, et non de ce que proposaient ces « docteurs du devoir », qui avaient perdu la foi et qui dirigeaient le peuple avec cette théologie pastorale du devoir. Demandons cette grâce : Donne-moi, Seigneur, la grâce de m’ouvrir à ton salut. Le carême est fait pour cela. Dieu nous aime tous, il nous aime tous ! Faire l’effort de s’ouvrir, il suffit de demander cela. « Ouvre-moi la porte. Le reste, c’est moi qui le fait ». Laissons-le entrer en nous, nous caresser et nous donner le salut. Ainsi soit-il.

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Le cléricalisme empêche la croissance du laïc

Le pape François a mis en garde contre les « péchés des médias » devant les membres de l’association « Corallo », un réseau de chaînes de télévision et de radios catholiques régionales en Italie, samedi 22 mars. Le pape a ainsi dénoncé trois grandes tentations qui peuvent porter atteinte à un bon travail médiatique : « La désinformation, la calomnie et la diffamation ». Le pire des trois étant, selon le pape, la désinformation.

Chers amis,

Je vous remercie beaucoup pour ce que vous avez dit, et je vous remercie pour le travail que vous faites. Cette vérité... chercher la vérité avec les médias. Mais pas seulement la vérité! Vérité, bonté et beauté, les trois ensembles. Votre travail doit se dérouler sur ces trois chemins : le chemin de la vérité, le chemin de la bonté et le chemin de la beauté. Mais ces vérités, bontés et beautés qui ont de la consistance, qui viennent de l’intérieur, qui sont humaines. Et, sur le chemin de la vérité, sur les trois routes, nous pouvons trouver des erreurs, également des pièges. « Moi je pense, je cherche la vérité... » : fais attention à ne pas devenir un intellectuel sans intelligence. « Moi je vais, je cherche la bonté... » : fais attention à ne pas devenir un éthicien sans bonté. « Moi, j’aime la beauté... » : oui, mais fais attention à ne pas faire ce que l’on fait souvent, « maquiller » la beauté, chercher des cosmétiques pour faire une beauté artificielle qui n’existe pas. La vérité, la bonté et la beauté telles qu’elles viennent de Dieu et sont en l’homme. Et c’est cela le travail des médias, le vôtre.

Vous avez évoqué deux choses, et je voudrais les reprendre. Tout d’abord, l’unité harmonique de votre travail. Il y a les grands médias, ceux plus petits... Mais si nous lisons le chapitre 12 de la première lecture de saint Paul aux Corinthiens, nous voyons que dans l’Église il n’y a ni grand ni petit : chacun a sa fonction, sa façon d’aider l’autre, la main ne peut pas exister sans la tête, et ainsi de suite. Nous sommes tous membres, et vos médias aussi, qu’ils soient plus grands ou plus petits, ils sont membres, et en harmonie dans la vocation de service dans l’Église. Personne ne doit se sentir petit, trop petit par rapport à un autre trop grand. Tous petits devant Dieu, dans l’humilité chrétienne, mais nous avons tous une fonction. Tous ! Comme dans l’Église... je poserais cette question : qui est le plus important dans l’Église ? Le Pape ou cette petite vieille qui tous les jours récite le chapelet pour l’Église ? C’est à Dieu de le dire : je ne saurais le dire. Mais l’importance de chacun est au sein de cette harmonie, parce que l’Église est l’harmonie de la diversité. Le corps du Christ est cette harmonie de la diversité, et Celui qui fait l’harmonie est le Saint-Esprit : Lui est le plus important de tous. Voilà ce que vous avez dit, et je veux le souligner. C’est important de chercher l’unité et ne pas suivre la logique du gros poisson qui avale le petit.

Vous avez dit autre chose, que je mentionne moi aussi dans l’Exhortation apostolique Evangelii gaudium. Vous avez parlé du cléricalisme. C’est un des maux, c’est un des maux de l’Église. Mais un mal « complice », parce que les prêtres aiment la tentation de cléricaliser les laïcs, mais beaucoup de laïcs, à genoux, demandent à être cléricalisés, parce que c’est plus commode, c’est plus commode ! Et c’est là un péché à deux mains ! Nous devons vaincre cette tentation. Le laïc doit être laïc, baptisé, il a la force qui vient de son baptême. Serviteur mais avec sa vocation laïque, et cela ne se vend pas, ne se négocie pas, il ne faut pas être complice avec l’autre... Non. Moi je suis comme ça ! Parce que, ici, il en va de l’identité. Très souvent, dans ma terre, j’ai entendu cela : « Moi dans ma paroisse, vous savez, j’ai un laïc exceptionnel : cet homme a un talent d’organisateur... Éminence, pourquoi ne le faisons-nous pas diacre ? ». C’est la proposition immédiate du prêtre : cléricaliser. Ce laïc, faisons-le... Et pourquoi ? Parce que le diacre, le prêtre, est plus important que le laïc ? Non ! C’est cela l’erreur ! C’est un bon laïc ? Qu’il continue ainsi et qu’il grandisse ainsi. Parce qu’il en va ici de l’identité de l’appartenance chrétienne. Pour moi, le cléricalisme empêche la croissance du laïc. Mais rappelez-vous ce que j’ai dit : c’est une tentation complice entre les deux. Parce qu’il n’y aurait pas de cléricalisme, s’il n’y avait pas de laïcs qui veulent être cléricalisés. Cela est-il clair ? C’est pourquoi je vous remercie de ce que vous faites. Harmonie : cela aussi est une autre harmonie, parce que la fonction du laïc, le prêtre ne peut pas la remplir, et l’Esprit Saint est libre : parfois il inspire le prêtre à faire une chose, d’autres fois il inspire le laïc. On parle, au sein du conseil pastoral. C’est très important les conseils pastoraux : une paroisse — et je cite ici le code de droit canonique — une paroisse qui n’aurait pas de conseil pastoral et de conseil des affaires économiques n’est pas une bonne paroisse : il y manque la vie.

Et puis il y a beaucoup de vertus. Je l’ai évoqué au début : aller sur la route de la bonté, de la vérité et de la beauté, et tant de vertus sur ces routes. Mais il y aussi les péchés des médias! Je me permets de parler un peu de cela. Pour moi, les péchés des médias, les plus gros, sont ceux qui vont sur la route du mensonge, et il y en a trois : la désinformation, la calomnie et la diffamation. Ces deux dernières sont graves ! Mais pas aussi dangereuse que la première. Pourquoi ? Je m’explique. La calomnie est un péché mortel, mais on peut l’éclaircir et arriver à savoir que telle chose est une calomnie. La diffamation est un péché mortel, mais on peut arriver à dire : cela est une injustice, parce que cette personne a fait telle chose à telle époque, puis elle s’est repentie, elle a changé de vie. Mais la désinformation, c’est dire les choses à moitié, celles qui m’arrangent le plus, et ne pas dire l’autre moitié. Et ainsi, celui qui regarde la télé ou celui qui écoute la radio ne peut pas se faire un jugement parfait, parce qu’il n’a pas les éléments et on ne les lui donne pas. Fuyez, je vous en prie, ces trois péchés. Désinformation, calomnie et diffamation.

Je vous remercie pour ce que vous faites. J’ai dit à Mgr Sanchirico de vous remettre le discours que j’avais écrit : mais vos paroles [du président] m’ont inspiré à vous dire cela spontanément, et je l’ai dit avec le langage du cœur : entendez-le ainsi. Pas avec le langage italien, parce que je ne parle pas avec le style de Dante !... Je vous remercie beaucoup, et je vous invite à présent à prier un Je vous salue Marie à la Vierge pour vous donner la bénédiction. Je vous salue Marie...

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G.P.A. : la justice ouvre une enquête

Une plainte avait été déposée contre X le 10 janvier 2014 par l’association des Juristes pour l’Enfance à cause des entreprises qui propose publiquement des prestations de GPA en France alors que cette pratique est interdite. Depuis le 12 mars dernier, une enquête a été confiée à la brigade de répression de la délinquance sur la personne afin d’établir les faits et engager des poursuites le cas échant.

D’après l’association des Juristes pour l’Enfance, les enquêteurs disposent de tous les éléments pour établir les faits constitutifs de l’infraction étant donné que ces sociétés "proposent leurs services au grand jour". En effet, le site d’Extraordinary Conception annonce des réunions d’information (déjà organisées en septembre 2013 en France) et fournit une liste de gynécologues et d'avocats pour ses futurs clients. Une autre société américaine, Circle surrogacy, s’est récemment fait connaître et annonce sur son site sa venue en France les 15 et 16 juin prochains pour des « réunions d’information ».

Pour les Juristes pour l’Enfance, l'ouverture de cette enquête est une « bonne nouvelle pour le respect des droits des femmes, réduites par la GPA à de simples biens de production ou à de véritables objets d’exploitation ».

Pour rappel, début mars, Dominique Baudis, le Défenseur des droits avait écrit à la garde des Sceaux pour l’alerter sur ces pratiques constituant un « délit d’entremise » du fait de la mise en relation de donneurs de sperme ou de mères porteuses avec des « personnes en mal d’enfant ». Et le 19 mars, pour la 3ème fois, la Cour de cassation a refusé de délivrer la nationalité française à un enfant né à l’étranger d’une mère porteuse, contredisant l’esprit de la Circulaire dite Taubira du 25 janvier 2013, laquelle demandait aux greffiers en chef des tribunaux de délivrer un certificat de nationalité à ces enfants, « fantômes de la République ».

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Des ténèbres à la lumière

Commentaire de l’Évangile du 4ème Dimanche du Temps de Carême

Le petit rouquin aux beaux yeux avait humainement peu de chance d’être choisi comme roi d’Israël. Mais c’est lui, le dernier-né, le benjamin, qui fut choisi. David ! Un bien mauvais choix auraient pu penser ses frères écartés ! Mais Dieu ne juge pas selon les apparences, mais regarde le cœur. « L’Esprit du Seigneur s’empara de David à partir de ce jour-là » (1ère lecture), au point qu’il devint une lumière pour son peuple.

Mais cette lumière ne vient pas d’une somme des connaissances ni d’atouts donnés par le pouvoir. Elle est reçue dans le cœur profond de celui qui se nourrit d’intimité avec Dieu. À travers ses égarements et ses épreuves, David a toujours su garder la confiance en Celui qui l’avait appelé et choisi. Il nous est aisé de nous identifier à lui en chantant le psaume 22. Nous pouvons aussi nous réveiller du sommeil de la morosité ou de la lassitude, en accueillant la lumière véritable qui produit, dans l’obscurité du monde, « bonté, justice et vérité »(2ème lecture).

Mettons tout autant nos pas dans ceux du mendiant né aveugle. Il ne pouvait voir la lumière. Jésus refait pour lui le geste du créateur. Cet homme né dans les ténèbres est le vivant symbole de l’humanité plongée dans la nuit de l’incroyance. Jésus pétrit de la boue pour en faire un homme nouveau. Il va le faire naître de l’obscurité à la lumière. Il va le faire passer de l’ignorance à la confiance, de la peur à la joie. Acceptant de se laisser envoyer à la piscine de Siloé, Il est recréé par l’eau qui régénère.

La plus grande partie du récit parle peu de Jésus et de l’aveugle. Ce sont les spectateurs qui retiennent surtout l’attention de l’évangéliste. Interpellé par les voisins, le non-voyant va devenir de plus en plus témoin de Celui qui l’a fait voir en racontant ce qui lui est arrivé. Et de proche en proche, sa parole s’affermit. Après les doutes des voisins, les refus réitérés des pharisiens, la dérobade des parents, la défiance s’installe dans la même mesure que grandit la foi de l’ancien aveugle. Jésus n’est présent, dans cette scène d’évangile, qu’au début et à la fin. Au cours du véritable procès qu’on lui intente, il est absent. Et c’est l’aveugle qui devient son représentant dans le monde incroyant.

Après le rejet de l’ancien aveugle, vient enfin une  rencontre personnelle où peut vraiment s’épanouir la véritable joie de croire. On croirait déjà entendre, dans ce dialogue, la profession de foi baptismale de la nuit de Pâques :

- « Crois-tu au Fils de l’homme ?
- Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? 
- Tu le vois, et c’est lui qui te parles. 
- Je crois, Seigneur » et il se prosterna devant lui. »

Nous avons toujours à poursuivre notre initiation baptismale. Nous avons à nous laisser abreuver de l’eau vive de sa parole, comme la Samaritaine, pour célébrer le culte en esprit et vérité. Nous sommes invités, particulièrement en Carême, à renaître d’eau et d’Esprit Saint, pour, le regard purifié, accéder à la claire vision du Ressuscité. Ainsi, serons-nous les témoins de la transfiguration qu’il opère en nous.

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