PKO 25.05.2014

eglise-cath-papeete-1.jpgDimanche 25 mai 2014 – 6ème Dimanche du Temps de Pâques – Année A
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°30/2014

HUMEURS

Bonne fête à toutes les mamans

 

EN MARGE DE L’ACTUALITÉ

Un voyage historique sous le signe de l’œcuménisme

Le voyage du pape François en Terre Sainte, du 24 au 26 mai, aura une portée historique aux plans œcuménique et politique. Mais il représentera aussi pour le Souverain Pontife un exploit « sportif », une sorte de « marathon » puisqu’il prononcera 14 discours, allocutions ou homélies, fera une déclaration historique, assurera plus de 25 rendez-vous, célébrera trois messes (une à Amman, une à Bethléem, et une messe privée au Cénacle).

Le Père Frederico Lombardi, porte-parole du Saint Siège a donné tous les détails de ce voyage à multiples facettes puisque le pape ira sur les pas de Paul VI et du patriarche orthodoxe Athénagoras, cinquante ans après leur rencontre historique (4-6 janvier 1964) ; mais aussi sur les pas de Jean-Paul II et de Benoît XVI.  Et pourtant c’est un voyage au programme original, typique de la manière de François, avec pour sommet la prière publique historique avec Batholomaios Ier au lieu de la résurrection du Christ le dimanche 25 mai.

Le cardinal français Jean-Louis Tauran  (pour le dialogue interreligieux), ainsi que les cardinaux Leonardo Sandri (Église orientales catholiques) et Kurt Koch (Unité des chrétiens) accompagneront le pape François. Celui-ci, pour signifier l’esprit de paix entre les religions qu’il veut prévaloir, a invité deux amis argentins : le rabbin Abraham Skorka et le professeur musulman, Omar Ahmed Abboud.

Après avoir rencontré le roi et les autorités de Jordanie, Sa Sainteté François célèbrera la messe dominicale au stade d’Amman. Il se rendra à Béthanie « au-delà du Jourdain » où Jésus fut baptisé par Jean. Par hélicoptère il rejoindra Bethléem où il célébrera la messe sur « la Place de la Mangeoire », le parvis de la basilique de la nativité.

À Jerusalem, sur l’esplanade des mosquées, au « Dôme du roc », il s’entretiendra avec les autorités musulmanes. Comme Jean-Paul II et Benoît XVI il priera au pied du Mur des Lamentations.

Instant important et émouvant, il déposera une gerbe de fleurs au Mont Herzl et ranimera la flamme au Mémorial de la Shoah de Yad VaShem et rencontrera des survivants des camps d’extermination.

Au siège du Grand rabbinat il s’entretiendra avec les deux grands rabbins représentant les traditions sépharade et ashkénaze.

Aux plans politique et diplomatique il rencontrera le président palestinien Mahmoud Abbas,  le président israélien Shimon Peres, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

Le cœur du voyage du pape François - en mémoire de la rencontre entre Paul VI et Athénagoras - sont prévues quatre  rencontres avec le patriarche œcuménique  Bartholomaios Ier. La première aura lieu à la Délégation apostolique, le pape et le patriarche signeront et publieront une Déclaration commune et échangeront des cadeaux. La seconde rencontre se fera au Saint-Sépulcre où les rejoindront le patriarche grec orthodoxe Théophilos, le patriarche arménien apostolique Nouhran Ier, le Custode de Terre Sainte, le P. Pier Luigi Pizzaballa, OFM, tous trois représentant les « communautés du Statu Quo ». Le dîner sera le moment de la troisième rencontre et la quatrième est prévue au siège du patriarche orthodoxe de Jérusalem.

« Le moment fondamental du voyage » sera marqué par l’entrée dans l’édifice qui abrite le tombeau du Christ, haut lieu de la chrétienté, le pape François et le patriarche Bartholomaios Ier, toujours accompagnés des trois chefs des communautés du Statu Quo, béniront les personnes présentes, avant de se rendre au site du Golgotha. La « prière commune au Saint-Sépulcre de Jérusalem » sera une « première » en ce dimanche 25 mai : une date « historique » dans l’histoire de l’œcuménisme. Des représentants chrétiens d’autres confessions seront présents, notamment des Églises réformée  et anglicane.

À son retour à Rome, au cours de l’audience du mercredi 28 mai, le pape devrait évoquer ses trois jours de voyage en Terre Sainte et en dresser un premier bilan.

Dominique SOUPÉ

La création n’est pas la propriété d’un petit nombre

Audience générale du mercredi 21 mai 2014

Le « don de science », le cinquième don de l'Esprit-Saint, aide le baptisé à ne pas tomber dans l'erreur de se croire « propriétaire » de la création, explique le pape François. En ce temps de Pâques qui conduit à la Pentecôte, le pape a en effet donne une cinquième catéchèse sur les dons de l'Esprit, la consacrant au don de Science. « La création n’est pas une propriété à laquelle nous pouvons imposer nos lois selon notre bon vouloir ; et c’est encore moins la propriété de quelques-uns, d’un petit nombre : la création est un don, c’est un don merveilleux que Dieu nous a fait, pour que nous en prenions soin et que nous l’utilisions au profit de tous, toujours avec beaucoup de respect et de gratitude. », a averti le pape. Il a souligné la joie que donne la contemplation de la beauté et de la grandeur de la création : « Tout ceci est un motif de sérénité et de paix et fait du chrétien un témoin joyeux de Dieu, sur les traces de saint François d’Assise et de tant de saints qui ont su louer et chanter leur amour à travers la contemplation du créé. »

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, je voudrais mettre en lumière un autre don de l’Esprit-Saint, le don de science. Quand on parle de science, on pense immédiatement à la capacité de l’homme à toujours mieux connaître la réalité qui l’entoure et à découvrir les lois qui régissent la nature et l’univers. Mais la science qui vient de l’Esprit-Saint ne se limite pas à la connaissance humaine : c’est un don particulier, qui nous porte à saisir, à travers la création, la grandeur et l’amour de Dieu et sa relation profonde avec toutes les créatures.

1. Quand nos yeux sont éclairés par l’Esprit, ils s’ouvrent à la contemplation de Dieu dans la beauté de la nature et dans l’immensité du cosmos et nous poussent à découvrir comment tout nous parle de lui et de son amour. Tout ceci suscite en nous un grand étonnement et un sentiment profond de gratitude ! C’est aussi la sensation que nous éprouvons lorsque nous admirons une œuvre d’art ou toute autre merveille qui est le fruit de l’esprit et de la créativité de l’homme : devant tout cela, l’Esprit nous pousse à louer le Seigneur du fond du cœur et à reconnaître, en tout ce que nous avons et ce que nous sommes, un don inestimable de Dieu et un signe de son amour infini pour nous.

2. Le premier chapitre de la Genèse, au tout début de la Bible, met en évidence le fait que Dieu se complaît dans sa création, soulignant à plusieurs reprises la beauté et la bonté de toute chose.  À la fin de chaque jour, il est écrit : « Dieu vit que cela était bon » (1,12.18.21.25) : si Dieu voit que la création est bonne, est belle, nous aussi nous devons prendre cette attitude et voir que la création est bonne et belle. Voilà le don de science qui nous fait voir cette beauté. Par conséquent louons Dieu, remercions-le de nous avoir donné tant de beauté. Et quand Dieu a fini de créer l’homme, il n’est pas dit qu’il « vit que cela était bon », mais il est dit que cela était « très bon » (v. 31). Aux yeux de Dieu, nous sommes ce qu’il y a de plus beau, de plus grand et de meilleur dans la création : même les anges sont en-dessous de nous, nous sommes plus que les anges, comme nous l’avons entendu dans le livre des psaumes. Le Seigneur nous aime ! Nous devons l’en remercier.

Le don de science nous met en harmonie profonde avec le Créateur et nous fait participer à la limpidité de son regard et de son jugement. Et c’est dans cette perspective que nous parvenons à saisir dans l’homme et dans la femme le sommet de la création, comme l’accomplissement d’un dessein d’amour inscrits en chacun de nous et qui fait que nous nous reconnaissons comme frères et sœurs.

3. Tout ceci est un motif de sérénité et de paix et fait du chrétien un témoin joyeux de Dieu, sur les traces de saint François d’Assise et de tant de saints qui ont su louer et chanter leur amour à travers la contemplation du créé. Mais en même temps, le don de science nous aide à ne pas tomber dans certains comportements excessifs ou erronés.

Le premier réside dans le risque de se considérer propriétaire de la création. La création n’est pas une propriété à laquelle nous pouvons imposer nos lois selon notre bon vouloir ; et c’est encore moins la propriété de quelques-uns, d’un petit nombre : la création est un don, c’est un don merveilleux que Dieu nous a fait, pour que nous en prenions soin et que nous l’utilisions au profit de tous, toujours avec beaucoup de respect et de gratitude.

Le second comportement erroné se trouve dans la tentation de s’arrêter aux créatures, comme si elles pouvaient offrir la réponse à toutes nos attentes. Avec le don de science, l’Esprit nous aide à ne pas tomber dans cette erreur.

Mais je voudrais revenir à la première voie erronée : imposer ses lois à la création au lieu d’en prendre soin. Nous devons prendre soin de la création puisque c’est un don que le Seigneur nous a fait, c’est un cadeau de Dieu pour nous ; nous sommes les gardiens de la création. Quand nous exploitons la création, nous détruisons le signe de l’amour de Dieu. Détruire la création, c’est dire à Dieu : « cela ne me plaît pas ». Et cela, ce n’est pas bon : voilà le péché.

Prendre soin de la création, c’est précisément prendre soin du don de Dieu et c’est dire à Dieu : « Merci, je suis le gardien de la création, mais pour la faire progresser, jamais pour détruire ce don de ta part ». C’est le comportement que nous devons avoir à l’égard de la création : en prendre soin parce que si nous détruisons la création, la création nous détruira ! N’oubliez pas cela. Une fois, j’étais à la campagne et j’ai entendu une personne simple, qui aimait beaucoup les fleurs et qui s’en occupait. Elle m’a dit : « Nous devons prendre soin de ces belles choses que Dieu nous a données ; la création est pour nous afin que nous puissions bien en profiter ; ne pas l’exploiter, mais en prendre soin, parce que Dieu pardonne toujours, nous, les hommes, nous pardonnons parfois, mais la création ne pardonne jamais et si tu n’en prends pas soin, elle te détruira ».

Cela doit nous faire réfléchir et demander à l’Esprit-Saint le don de science pour bien comprendre que la création est le plus beau cadeau de Dieu. Il a fait toutes ces bonnes choses pour la meilleure d’entre elles qu’est la personne humaine.

© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana

La femme dans l’Église vu par le Pape François

Quelques paroles du Pape aux femmes

À son retour des J.M.J. de Rio, le 29 juillet 2013 le Pape François a répondu à quelques questions de journalistes qui l’accompagnaient… Parmi les questions qui lui ont été posée, deux faisait référence au regard du pape François sur la place de la femmes dans l’Église et la société. À la l’occasion de la fête des mères, nous vous proposons de relire ses réponses…

Jean-Marie Guénois : Saint-Père, une question avec mon collègue de La Croix, aussi : Vous avez dit que l’Église sans la femme perd sa fécondité. Quelles mesures concrètes prendrez-vous ? Par exemple, le diaconat féminin ou une femme comme chef d’un dicastère ?

Pape François : Une Église sans les femmes est comme le Collège apostolique sans Marie. Le rôle de la femme dans l’Église n’est pas seulement la maternité, la mère de famille, mais c’est plus fort : elle est vraiment l’icône de la Vierge, de la Madone ; celle qui aide l’Église à croître ! Mais, pensez que la Madone est plus importante que les Apôtres ! Elle est plus importante ! L’Église est féminine : elle est Église, elle est épouse, elle est mère. Mais la femme, dans l’Église, non seulement doit… je ne sais pas comment on le dit en italien…. le rôle de la femme dans l’Église ne doit pas seulement finir comme mère, comme travailleuse, limitée… Non ! C’est une autre chose ! Mais les Papes… Paul VI a écrit une très belle chose sur les femmes, mais je crois qu’on doit avancer dans l’explicitation de ce rôle et de ce charisme de la femme. On ne peut pas comprendre une Église sans femmes, mais des femmes actives dans l’Église, avec leur profil, qui font avancer. Je pense à un exemple, qui n’a rien à voir avec l’Église, mais c’est un exemple historique : en Amérique Latine, le Paraguay. Pour moi, la femme du Paraguay est la femme la plus glorieuse de l’Amérique Latine. Es-tu paraguayo ? Elles sont restées, après la guerre, huit femmes pour chaque homme, et ces femmes ont fait un choix un peu difficile : le choix d’avoir des enfants pour sauver : la Patrie, la culture, la foi et la langue. Dans l’Église, on doit penser à la femme dans cette perspective : des choix risqués, mais comme femmes. On doit l’expliciter davantage. Je crois que nous n’avons pas encore fait une profonde théologie de la femme, dans l’Église. Seulement elle peut faire ceci, elle peut faire cela, maintenant elle fait la servante de messe, maintenant elle lit la Lecture, elle est la présidente de la Caritas… mais, il y a plus que ça ! Il faut faire une profonde théologie de la femme. C’est ce que je pense.

Ana Fereira : Saint-Père, bonsoir. Merci. Je voudrais dire « merci » plusieurs fois : merci d’avoir porté beaucoup de joie au Brésil, et merci aussi d’avoir répondu à nos questions. Ça nous plaît à nous journalistes de poser des questions. Je voudrais savoir, pourquoi hier, vous avez parlé aux évêques brésiliens de la participation des femmes dans notre Église. Je voudrais comprendre mieux : comment doit être cette participation de nous femmes dans l’Église ? Et vous, que pensez-vous de l’ordination des femmes ? Comment doit être notre position dans l’Église ?

Pape François : Je voudrais expliquer un peu ce que j’ai dit sur la participation des femmes dans l’Église : on ne peut pas se limiter au fait qu’elle fasse l’enfant de chœur ou la présidente de la Caritas, la catéchiste… Non ! ça doit être plus que ça, profondément plus, aussi mystiquement plus, c’est en ce sens que j’ai parlé de la théologie de la femme. Et, faisant allusion à l’ordination des femmes, l’Église a parlé et dit : « Non ». Jean-Paul II l’a dit, mais avec une formulation définitive. Elle est fermée, cette porte, mais, à propos, je veux te dire une chose. Je l’ai dit, mais je le répète. La Madone, Marie, était plus importante que les Apôtres, les évêques et les diacres et les prêtres. La femme, dans l’Église, est plus importante que les évêques et les prêtres ; comment, c’est ce que nous devons chercher à mieux expliciter, parce que je crois qu’il manque une explication théologique de cela. Merci.

© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana

La Dignité de la femme selon Jean Paul II

Intervention du Prof. Géneviève Médevielle

« Au cours des années de service pastoral à l'Église, j'ai considéré qu'il appartenait à mon ministère de réserver une large place à l'affirmation des droits de l'homme, en raison du lien étroit qu'ils possèdent avec deux points fondamentaux de la morale chrétienne : la dignité de la personne et la paix. » Tels étaient les mots d'introduction du discours du pape Jean-Paul II le 17 mai 2003 lors de la réception du titre de docteur honoris causa que lui conférait l'Université romaine La Sapienza pour sa défense inlassable des droits de l'homme et de la dignité humaine. Si Jean-Paul II a été pour beaucoup le « pape des droits de l'homme », il est aussi le pape qui aura accordé le plus d'importance à la promotion féminine et à la défense de la dignité de la femme.

Dans sa Lettre aux Femmes publiée en 1995 à l'occasion de la IVème conférence mondiale sur la femme de Pékin, il écrivait : « Nous avons malheureusement hérité d'une histoire de très forts conditionnements qui, en tout temps et en tout lieu, ont rendu difficile le chemin de la femme, fait méconnaître sa dignité, dénaturer ses prérogatives, l'ont souvent marginalisée et même réduite en esclavage. », Il ajoutait que le moment était venu d'examiner courageusement le passé et de dénoncer ce qui doit être dénoncé. Il se désolait que dans de nombreuses parties du monde les femmes ne soient pas complètement intégrées dans les sphères sociale, politique et économique de la société, et il plaidait pour une égalité réelle dans tous ces domaines. De plus, il demandait dans cette lettre la parité des salaires : à travail égal un salaire égal. Il réclamait la protection des mères qui travaillent, l'égalité des chances dans la promotion de carrière. Il revendiquait la reconnaissance de tous les droits et devoirs de citoyen pour la femme dans une démocratie. Il dénonçait « la longue et dégradante histoire » de la violence sexuelle contre les femmes, les idées sexistes d'une culture qui encourage l'exploitation des femmes et même des petites fille. Enfin, il adressait « un appel pressant pour que tous, en particulier les États et les institutions internationales, fassent ce qu'il faut pour redonner aux femmes le plein respect de leur dignité et de leur rôle. »

À laisser résonner ces paroles au sein des préoccupations contemporaines de l'Unesco en faveur de la défense de la dignité des femmes et de l'égalité des sexes, on est frappé par l'actualité d'un tel appel. Celui-ci n'a pas vieilli. Ainsi se joue, à travers cet appel, un dialogue en distance entre Jean-Paul II et l'Unesco, fondé sur la même intuition que le chemin des femmes vers plus d'égalité et de justice dépend de la reconnaissance inconditionnelle de leur dignité. Pourtant, parce que la Lettre aux femmes insistait vigoureusement sur une image de la vocation féminine façonnée par une anthropologie biblique, celle de la maternité affective, culturelle et spirituelle, il n'est pas certain que justice ait été rendue à la défense de la dignité de la femme par Jean-Paul II.

De nombreuses voix féministes se sont levées pour dénoncer la vision de l'égalité des sexes chez Jean-Paul II qui suppose un maintien de la différence entre l'homme et la femme. En soutenant un « féminisme de la différence » proche de celui d'Edith Stein, en osant privilégier la masse des femmes ordinaires, les plus pauvres, dont l'horizon de la vie est la famille, la maternité et le soin des enfants, le pape affichait des idées inaudibles par les féministes radicales. Pour elles, le discours de Jean-Paul II ne pouvait être qu'un discours réformiste d'égalité des sexes laissant subsister le système patriarcal qui a dominé jusqu'alors. Bien plus, ce discours ne pouvait être qu'un discours antiféministe par son insistance sur la vocation maternelle de la femme. Le domaine de la reproduction (maternité, corps, famille, travail domestique...) devant être un lieu de libération des femmes. De fait, nous n'ignorons pas que les propos de Jean-Paul II sur les femmes font toujours l'objet d'un combat serré avec les féministes occidentales les plus radicales. Toutes les femmes qui ont pris la parole au nom du Saint Siège dans les grandes organisations internationales pour défendre l'anthropologie esquissée par Jean-Paul II sont tombées sous le soupçon d'une vision inégalitaire des sexes qui subordonne la femme à l'homme. Me voilà prévenue du risque que je prends devant vous cet après-midi en osant revenir sur la pensée du pape sur la dignité des femmes ! Si j'ose le prendre, c'est parce que je crois que l'Unesco est l'un des rares lieux internationaux où les États, les cultures et les traditions religieuses peuvent chercher à mettre en œuvre leurs ressources pour que la dignité de l'être humain, qu'il soit homme ou femme soit vécue, promue et respectée. Mais à l'heure, où la différence sexuelle, jusqu'ici, tenue pour fondamentale dans la constitution des sujets et l'institutionnalisation de la famille, est aujourd'hui remise en question, contestée, « destituée », tant au plan théorique ! que pratique dans de nombreux pays occidentaux, je suis bien consciente que revenir à la pensée de Jean-Paul II pour fonder le respect dû aux femmes peut être vécu par certains et certaines comme une provocation.

Pourtant, à relire les propos de Jean-Paul II sur la dignité de la femme près de 20 ans après leur publication, je me demande si cette image de la femme ne mérite pas une attention particulière à l'heure où les féministes investissent l'éthique du care et du prendre soin propre aux femmes. C'est pourquoi, j'aimerais honorer un point rarement analysé dans la pensée de Jean-Paul II,celui du « génie de la femme » dont la société est largement débitrice, un génie du prendre soin et du service de l'amour. L'expression appartient à la Lettre aux femmes de 1995 pour souligner « la dimension éthique et sociale » de l'apport des femmes dans les relations humaines au quotidien.

Ne nous méprenons pas, la reconnaissance de ce génie de la femme ne vient pas chez Jean-Paul II conforter l'idée d'infériorité et de subordination de la femme qui viendrait affecter la confession de son égale dignité avec l'homme. La reconnaissance de ce « génie » anthropologique de la femme est au contraire une voie de dénonciation des injustices et violations commises envers la dignité de la femme lorsque cette aptitude des femmes à prendre soin est dévalorisée, inconnue, méprisée dans la société. « L'humanité a une dette incalculable à l'égard de cette grande, immense, “tradition” féminine ! ». C'est dire que l'argumentation du pape pour défendre la dignité des femmes adopte la vision d'une « moralité des femmes » qui renvoie à la valeur attribuée au soin et à l'attention éducative, à l'importance de l'amour maternel et au rôle fondamental de l'entretien des relations humaines. Comme l'a noté avec justesse la philosophe américaine Joan Tronto « l'attrait exercé par la moralité des femmes tient, pour une part, aux idées sur lesquelles elle se fonde. Les valeurs de la sollicitude et de l'attention éducative, celles qui s'attachent à souligner l'importance des relations humaines comme éléments essentiels d'une vie bonne demeurent des perspectives séduisantes dans une culture qui valorise par-dessus tout, la productivité et le progrès. » Reste à vérifier à quel type d'éthique du care appartient la défense de la dignité de la femme chez Jean-Paul II.

C'est le livre de Carol Gilligan Une voix différente publié au début des années 1980 qui est à l'origine des éthiques du care. Il a mis en évidence les carences des concepts moraux retenus par les philosophes et psychologues dès lors qu'on fait attention à l'expérience des femmes. Cette expérience qui se définit par un souci fondamental du bien-être d'autrui et par l'activité de l'entretien quotidien d'un monde plus humain, a fait revenir dans le champ de la morale, des secteurs d'activités bannis par les filles de Simone de Beauvoir : les relations parentales, le travail avec les enfants, l'éducation des enfants à la maison, le soin des fragiles et des vulnérables. Il a fait aussi revenir la place des sentiments dans l'égard à autrui et le sens des responsabilités, se distançant d'une vision purement rationnelle de la morale qui exclurait la place des émotions. Certaines féministes n'ont pas manqué de critiquer cette « moralisation du genre » ou cette qualification éthique de ce qui serait en réalité qu'une aliénation des femmes. La valorisation de cette morale des femmes par Gilligan, d'abord conçue pour mettre en cause la dépréciation sociale dont les femmes font l'objet, a été alors interprétée comme un « féminisme culturel » ou comme un féminisme « essentialiste » qui risque de transformer le fardeau de nombreuses femmes en vertu « du sacrifice de soi » et de légitimer des relations injustes. Or, comme le fait remarquer la philosophe politique américaine Joan Tronto, refuser de reconnaître que le care est d'abord l'affaire des femmes, c'est refuser de voir la réalité sociale et historique de ces pratiques. Le care renvoie à une réalité bien ordinaire: le fait que des femmes, la plupart du temps des mères s'occupent d'autres, s'en soucient et veillent ainsi au fonctionnement du monde.

En appelant de leurs vœux une société où celles et ceux qui prennent soin des autres auraient leurs voix et où les tâches de soin ne seraient pas invisibles ou ignorées, Joan Tronto propose d'élargir la notion du care pour la replacer au cœur de la politique. Le care doit être considéré « comme une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre monde, de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. » À contrecourant de l'idéal d'autonomie et d'individualisme qui anime la plupart de nos théories morales occidentales, le care rappelle que nous avons besoin des autres et que nous sommes tous interdépendants. Ce rappel qui consonne si fort à l'enseignement social de l'Église est dérangeant, car le care vient redonner toute sa place à l'univers familial dans lequel se déploie le souci concret des autres. C'est précisément pour éviter la réduction de l'éthique du care à l'espace familial, que Tronto veut revaloriser le care au niveau de l'ensemble de la société. Ainsi, elle évite en bonne féministe, la reconduction de stéréotypes associés au travail de care comme travail féminin reposant sur un ensemble de dispositions naturelles. Du même coup, elle évite l'identification du care « au travail de l'amour ».

Or, c'est précisément là que repose la différence de pensée entre celle de Jean-Paul II et les pensées féministes des éthiques du care. Car le Saint Père ose identifier le génie du prendre soin des femmes avec le service de l'amour et la vocation maternelle de la femme. Aussi ne nous étonnons pas que cette identification soit la cible de malentendus et de critiques passionnelles des féministes, particulièrement de celles qui dépendent de la pensée de Judith Butler quand celle-ci s'insurge contre « l'obligation de procréer » imposée au corps des femmes dans toutes les sociétés.

La psychanalyste féministe athée qui a peut-être le plus approché la pensée de Jean-Paul II dans le domaine du service de la tendresse et de l'amour par un dialogue sans concession est Julia Kristeva avec sa « passion de la maternité ». Discutant sur l'encyclique Fides et Ratio lors d'un colloque à l'Institut Catholique de Paris en 2008, Julia Kristeva revenait sur l'invitation du pape à penser avec Marie. Loin d'y voir là un simple signe de piété mariale ou l'archétype féminin d'une tradition facile à ridiculiser, Kristeva prend au sérieux la figure théologique de la Vierge-mère comme paradigme de la foi, de l'altérité et de l'amour dans la pensée papale et en cherche les résonances. Que Marie, véritable « table intellectuelle de la foi », soit convoquée dans sa vocation maternelle « pour penser » est pour Kristeva l'occasion de réfléchir, à partir du champ psychanalytique, à la sagesse de la vocation maternelle. Une sagesse qui manque à notre Occident contemporain, incapable d'avoir un discours sur la vocation maternelle. Mais une sagesse possible si on présuppose l'acquis de la modernité analytique freudienne : « le croire », au sens d'« investir » autrui en lui donnant « sa force vitale/son amour » comme constante anthropologique universelle est une condition « pour l'acquisition de la pensée et du langage ». Aussi, sur ce fond analytique, Kristeva écrit-elle : « Lorsque Jean-Paul II rappelle que Marie est une “table intellectuelle”, j'entends : par l'entremise de cette mère-là, de certaines mères, l'investissement d'autrui (le credo, la foi) s'épure en liberté de penser. Une vraie énigme, en effet, qui se paie d'un clivage chez la femme mère: d'un côté, l'emprise maternelle sur le fruit de ses entrailles ; de l'autre, le dépassionnement qui sera la clé de la sublimation. » Loin d'être la servitude dénoncée par les féministes, la passion maternelle vue par Kristeva est ambivalente et fondatrice de l'amour de l'autre. « Cette passion dépossède la mère de son narcissisme, en l'exposant à la folie […] Pourtant, c'est dans cette passion que s'amorce aussi cet incertain amour de l'autre qu'est pour commencer l'amour de la mère pour son enfant. “Aime ton prochain comme tu t'aimes toi-même”, précepte lévitique (Lv 19,18) et évangélique (Mc 2,17 ; Lc 15,7,) dont Freud pensait qu'il était inaccessible aux humains, sauf aux mystiques ; aurait-il oublié les femmes ? » En insistant sur la maternité et le pouvoir de sublimation qu'elle confère de fait à la femme, Julia Kristeva reconnaît que la maternité est le « degré zéro de l'altérité, où le désir se sublime en tendresse » au prix d'une « traversée de l'omnipotence du Moi et de ses emprises ».

Si l'on prend en compte l'expérience de la maternité aux confins du symbolique et du biologique comme lieu où se joue l'altérité, on comprend pourquoi, celle-ci dans la pensée de Jean-Paul II n'est pas que physique et biologique. Elle prend une valeur personnelle et spirituelle dès lors que la femme entretient le soin des plus vulnérables, aide à l'éducation des jeunes et apporte sa contribution « à l'élaboration d'une culture qui puisse allier la raison et le sentiment, à une conception de la vie toujours ouverte au sens du mystère, à l'édification de structures économiques et politiques humainement plus riches ». Mais, si pour Kristeva c'est l'expérience symbolique de la maternité qui constitue la manifestation primordiale de la possibilité d'aimer son prochain comme soi-même, pour Jean-Paul II c'est la condition ontologique de femme comme « aide assortie à l'homme » qui fonde sa vocation d'ouvrir la relation à d'autres, sa « capacité de l'autre » ! et son ouverture à la fécondité. C'est là le génie de la femme qui relève d'une théologie de la Création. Mais qu'est-ce à dire ? Cette expression « aide assortie à l'homme » n'a-t-elle pas légitimé des interprétations patriarcales de domination de l'homme sur la femme ?

Pour comprendre cette « capacité de l'autre », Jean-Paul II nous demande de revenir au texte biblique et de le méditer à nouveau. La lecture n'est possible que si le lecteur cherche à entrer dans l'intelligence de la Parole pour y trouver nourriture. Le premier récit de la Genèse explicite la place de l'humain dans l'univers et manifeste la présence de Dieu en son sein par la différence homme-femme. Le premier récit (Gn 1, 27) atteste qu'on ne peut parler de l'humain que dans son unité parce qu'il en va de l'image même de Dieu : « Dieu créa l'homme à son image, homme et femme, il les créa ». C'est dire que depuis l'origine, la dualité est inscrite par principe dans le projet créateur et que, dans leur unité, homme et femme possèdent la même dignité iconique du Créateur. On voit dès lors, que si la dignité humaine de la femme peut être affirmée avec vigueur et se présenter comme une exigence qui demande à s'effectuer, c'est en raison de sa commune appartenance à l'humain. « Le féminin réalise l'humain tout autant que le fait le masculin. » souligne Jean-Paul II dans sa Lettre aux femmes. Mais, cette réalisation suppose de penser l'unité duelle que forment l'homme et la femme. C'est le second récit de la Genèse qui permet de mieux comprendre cet enjeu.

La question posée par le second récit de la Genèse est la solitude de l'humain (adam) dans son rapport au reste des vivants de la création: les animaux. C'est la nomination des animaux qui révèle cette solitude. L'expérience de la nomination des êtres vivants équivaut à une structuration de la différence anthropologique par rapport à l'animalité. À la fin de la nomination des animaux, « l’adam ne trouve pas sa femme car il ne recherche que sa “femelle” ». Or, comme le fait remarquer l'exégète juif Shmuel Trigano dans son commentaire de ces lignes, « il ne peut la trouver puisqu'il est, à jamais, sorti de l'animalité. ». Il parle ! « La femelle n'est pas pour lui un partenaire dialogal ». Il faut donc pour délivrer l'adam de cette solitude que isha (la femme) apparaisse (Gn 2, 18-25). Cette apparition est le fruit de la geste créatrice de Dieu qui échappe au regard et à la connaissance de l'adam. Le « côté » d'adam pris dans une grande torpeur, peut se comprendre comme ce qui vient de l'homme, mais aussi comme ce qui révèle un mystère, c'est-à-dire une réalité que nous n'en finissons pas de découvrir. Le sommeil d'adam est une mort symbolique marquant le saut de qualité entre adam et ish et isha, Adam et Ève. Dieu amène la femme à l'homme pour qu'il la nomme « c'est l'os de mes os et la chair de ma chair ; celle-ci il l'appela isha car de ish celle-ci est prise. » « L'homme reconnaît alors la femme non pas comme un autre sexe (la femelle) mais comme une personne ». Cette reconnaissance n'est, cependant, possible que par le signe de la différence de sexe et par la parole qui sépare et relie. Ainsi, la femme est ontologiquement définie comme partenaire du dialogue, comme « aide » pour l'ouverture à l'autre et non pas comme simple procréatrice. « Depuis l'origine, donc, peut écrire Jean-Paul II,dans la création de la femme est inscrit le principe de l'aide : aide - notons le bien - qui n'est pas unilatérale, mais réciproque. » Dans l'humain, c'est la femme qui est appelée à occuper cette position du rappel de l'origine, de l'ouverture à l'autre et de l'appel à l'entente. Si dissymétrie il y a entre l'homme et la femme, ce n'est pas parce que l'un disposerait d'un pouvoir qui viendrait à manquer à l'autre, mais parce que le pouvoir qu'ils ont d'engendrer est d'une part un pouvoir commun : « Emplissez la terre et soumettez-la » (Gn 1,28) et d'autre part un pouvoir qui n'est pas le même entre l'homme et la femme. Et ce qui est intéressant c'est que c'est cette place donnée à la femme dès l'origine qui fonde la rencontre entre l'homme et la femme et leur fécondité. Ève ne peut être la « mère des vivants » qu'à ce titre. Notons que cette expression correspond au chapitre 3 de la Genèse, après la chute. C'est dire que malgré le péché et la mort, la femme demeure dépositaire du mystère de la vie et touche directement au mystère de l'être et au Dieu vivant.

On est loin avec cette relecture de la Création d'une interprétation biologisante de la femme comme corps nécessaire à la génération ou d'une interprétation patriarcale de la femme inférieure à l'homme et disponible pour la procréation. L'étrangeté que certains et certaines peuvent avoir à l'écoute de cette vision chrétienne de la femme est liée au fait que la lecture de Jean-Paul II est une véritable méditation théologique. Toute sa tentative pour fonder la dignité de la femme, c'est de retrouver la pensée de Dieu, tant dans le mystère de la Création que du Salut. Or, si l'on se réfère à la foi biblique, on rencontre dans l'Ancien Testament la figure de la femme comme portant les clés de la rencontre et de la vie et dans le Nouveau Testament, la figure de Marie comme signe de l'union de Dieu et du genre humain. À chaque fois, la dignité éminente de la femme est enracinée dans l'amour de Dieu lui-même qui créé et sauve. Lorsque Jean-Paul II écrit dans sa Lettre aux femmes que Marie, mère et servante de l'amour est épiphanie du « génie féminin », il ne s'agit pas d'une expression de piété mariale mais de toute une théologie qui insère Marie dans l'économie du Salut à partir d'une christologie où grâce et mystère pascal développent l'énigme de la coopération de la créature à l'œuvre recréatrice de Dieu. Il est clair que tout ce qui est dit de Marie n'a de sens qu'en lien avec le mystère de l'Incarnation. Il serait ici trop long de développer la théologie mariale de Jean-Paul II. Contentons-nous de rappeler que l'icône de Marie ne se comprend que dans l'économie du Salut en Jésus-Christ et que figure exemplaire de la créature parfaitement accueillante et réceptive à la grâce, elle présente de manière spéciale le mystère de l'Église qui se livre à l'amour de son créateur et sauveur et devient mère en engendrant à la foi de nouveaux enfants. En Marie se joue le primat de l'amour. Par le fiat de Marie, l'Église prend naissance dans son consentement même. Marie désigne ici bien plus que la personne, mère de Jésus. Elle désigne L'Église et l'humanité toute entière dans sa relation à Dieu. C'est alors l'humanité toute entière qui est féminine dans son rapport à Dieu. Dans la foi, dans l'Église, les hommes sont féminins, car un des traits fondamentaux de Marie est l'écoute, et l'écoute est l'essence de la foi. Mais croire cela n'entraîne pas que l'humanité renonce au pôle masculin qui la constitue avec le féminin dès la Création. Le défi, en Christ, est de l'exercer autrement, à l'image de Dieu qui de riche s'est fait pauvre pour nous et s'est livré par amour sur le bois de la Croix.

Au terme de ce parcours qui n'a pas eu la prétention de dessiner toute la théologie de la femme chez Jean-Paul II,une chose est claire, c'est la Révélation chrétienne qui livre cette idée-force que la femme est dotée d'une dignité inaliénable. Pourtant cette vérité que nous proclamons comme faisant partie de notre foi parce que la dignité de la personne a sa source dans le rapport avec Dieu, peut-être ignorée en bien des lieux du monde. Cette vérité n'est pas notre exclusivité ni en tant qu'idée, ni en tant qu'expérience si on admet que la dignité proclamée par les droits de l'homme peut être reconnue par tous. La contribution de la foi est alors de l'ordre de la vigilance prophétique qui appelle à temps et à contretemps à voir toute femme unique et singulière dans et à travers le regard de Dieu. L'Église peut alors rejoindre les combats féminins pour plus de justice afin que cette vérité de la femme soit reconnue. C'est ce que redisait le pape Benoît XVI dans son discours du 9 février 2008 lors du Congrès international Femme et Homme, I'Humanum dans son intégralité : « Il y a des lieux et des cultures où la femme est discriminée et sous-évaluée pour le seul fait d'être femme, où l'on a même recours à des arguments religieux et à des pressions familiales, sociales et culturelles pour soutenir la disparité des sexes, où sont perpétrés des actes de violence à l'égard de la femme, faisant d'elle un objet de mauvais traitements et d'exploitation dans la publicité et dans l'industrie de la consommation et du divertissement. Face à des phénomènes aussi graves et persistants, l'engagement des chrétiens apparaît encore plus urgent, afin qu'ils deviennent partout les promoteurs d'une culture qui reconnaisse à la femme, dans le droit et dans la réalité des faits, la dignité qui lui revient. »

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Montre-moi le Père

Commentaire de l’Évangile du 6ème Dimanche du Temps de Pâques

Une nouvelle fois, Jésus nous parle de son Père... « Je prierai le Père... » « je suis en mon Père » « celui qui m'aime sera aimé de mon Père ».

C'est normal, me direz-vous, puisqu'il n'est venu que pour cela nous révéler, par ses paroles et ses gestes, la véritable identité de Celui que personne n'a jamais vu, ce Dieu que les hommes, depuis la nuit des temps et sous toutes les latitudes, ont recherché comme à tâtons en lui donnant les noms les plus divers, Celui-là même dont les prophètes d'Israël ont témoigné, et que Jésus a l'audace d'appeler familièrement « Papa ».

Oui, Jésus prête sa voix et ses mains à Dieu son Père pour que la Parole de Dieu puisse retentir à nos oreilles d'hommes, pour que la tendresse de Dieu puisse nous être signifiée. Quand Jésus parle, c'est Dieu qui parle. Quand Jésus guérit et pardonne, c'est Dieu qui guérit et pardonne.

Mais quand Jésus nous parle de son Père, il ne peut pas ne pas nous parler aussi de l'Esprit, puisque cet Esprit-Saint, c'est précisément l'Amour qui les unit l'un à l'autre, le Père au Fils et le Fils au Père : « moi je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous. C'est l'Esprit de vérité. » Cet Esprit, l'Église le fête tout spécialement le jour de la Pentecôte, et chacun de nous l'accueille avec joie dans le sacrement de la Confirmation. Nous avons été baptisé au nom du Père, du Fils, de l'Esprit Saint.

Au nom du Père... Est-ce que vraiment Dieu est un Père pour moi ? Est-ce que je Le reconnais comme l'origine et le terme de ma vie, Celui dont l'amour me façonne jour après jour ? Est-ce que je sais encore m'émerveiller de sa création, et participer, à ma petite mesure, à son œuvre de création en contribuant, là où je travaille, là où je vis, à ce que la terre soit plus habitable, à ce que le monde soit plus juste ? Est-ce que, pour moi qui prie Dieu en lui disant « notre Père », tout homme est bien un frère créé lui aussi à l'image de Dieu ?

Au nom du Fils... Est-ce que je suis le familier du Fils... non pas esclave ou serviteur, mais confident et ami ?... Est-ce que je lis avec assez d'attention l'Évangile pour corriger les caricatures de Dieu que j'ai tendance à me fabriquer par paresse ou commodité ?... Jésus est-il vraiment le Seigneur de ma vie, Lui qui s'offre à moi dans les sacrements de son Église ?

Au nom du Saint-Esprit... Cet Esprit-Saint de ma Confirmation, est-ce que je le laisse agir en moi ? Si c'est l'Esprit de vérité, il a forcément quelque chose à voir avec la vérité d'où qu'elle vienne. Est-ce que je sais l'entendre ?... Est-ce que je prends du temps chaque jour dans la prière pour relire ma journée, mes rencontres... en disant à Dieu, comme autrefois le jeune Samuel : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! » Défenseur et Consolateur, l'Esprit nous est donné pour nous encourager à ne pas faiblir dans notre combat contre le péché. L'Esprit m'invite à ne jamais désespérer, ni des autres, ni surtout de Dieu, ni même de moi-même. L'Esprit est assez puissant en moi pour vaincre toutes mes résistances. L'Esprit est assez patient pour me mener là où Dieu veut, si toutefois je lui confie ma vie.

Oui, rappelons-nous la grâce trinitaire de notre baptême.

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