PKO 24.08.2014
Dimanche 24 août 2014 – 20ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°46/2014
HUMEURS
Je suis un « lâche naïf »… à l’image de mon maitre : le Christ !
Un grand merci à l’auteur d’une lettre anonyme reçue cette semaine et de ces recommandations au sujet de l’Islam… « Pauvre Église catholique qui refuse de voir la réalité. Christianophobie violente de l’Islam (même non salafiste). Assez de lâche naïveté. Non à l’Islam en Polynésie. Non a la barbarie »
Désolé… mais la « lâche naïveté » est inscrite dans les gènes même de l’Église… depuis sa conception… Christ lui-même ne fût-il pas un « lâche naïf » en s’obstinant à garder a ces côté Judas… (« Jésus savait quel serait le traitre » Jn 6,64).
Un chrétien, à l’image du Christ, ne désespère jamais de l’homme quel qu’il soit et quoiqu’il est pu faire… C’est le propre du chrétien que d’aimer au-delà du raisonnable…
Pour notre part nous préférons suivre les conseils du Saint Père et du Cardinal Tauran ! (cf. ci-dessous).
Entre être un « lâche naïf » et un « courageux anonyme »… je choisi le « lâche naïf » !
EN MARGE DE L’ACTUALITÉ
Extrait de la Conférence de presse du pape François
Journaliste : Comme vous le savez, les forces militaires des États-Unis depuis peu ont commencé à bombarder des terroristes en Iraq pour prévenir un génocide, pour protéger l’avenir des minorités. Approuvez-vous ce bombardement américain ?
Pape François : Merci de votre question si claire. Dans ces cas où il y a une agression injuste, je peux seulement dire qu’il est licite d’arrêter l’agresseur injuste. Je souligne le verbe : arrêter. Je ne dis pas bombarder, faire la guerre, mais l’arrêter. Les moyens par lesquels on peut arrêter, devront être évalués. Arrêter l’agresseur injuste est licite. Mais nous devons aussi avoir de la mémoire ! Combien de fois, avec cette excuse d’arrêter l’agresseur injuste, les puissances se sont emparées des peuples et ont fait une vraie guerre de conquête ! Une seule nation ne peut juger de la façon d’arrêter un agresseur injuste. Après la Seconde Guerre Mondiale, est venue l’idée des Nations-Unies : là, on doit discuter, et dire : « Est-ce un agresseur injuste ? Il semble que oui. Comment l’arrêtons-nous ? ». Seulement cela, rien de plus. En second lieu, les minorités. Merci pour ce mot. Parce que l’on me dit : « Les chrétiens, pauvres chrétiens… » Et c’est vrai, ils souffrent. Les martyrs, oui, il y a beaucoup de martyrs. Mais ici, il y a des hommes et des femmes, des minorités religieuses, pas toutes chrétiennes, et tous sont égaux devant Dieu. Arrêter l’agresseur injuste est un droit de l’humanité, mais aussi un droit de l’agresseur, d’être arrêté pour ne pas faire du mal.
Journaliste : Comme le Cardinal Filoni, avec le Supérieur des Dominicains Cadoré, serez-vous prêt, Sainteté, à soutenir une intervention militaire sur le terrain en Iraq pour arrêter les djihadistes ?… Pensez-vous aller un jour en Iraq, peut-être au Kurdistan, pour soutenir les réfugiés chrétiens qui vous attendent, et prier avec eux sur cette terre où ils vivent depuis deux mille ans ?
Pape François : Merci. J’ai été il y a peu de temps avec le Président du Kurdistan, et il avait un avis très clair sur la situation, sur comment trouver des solutions… Mais c’était avant cette dernière agression. À la première question j’ai répondu : je suis d’accord sur le fait que, lorsqu’il y a un agresseur injuste, il doit être arrêté. Ah, oui, pardonnez-moi, j’oubliais ça. Oui, je suis disponible, mais je crois que je peux dire ceci : quand nous avons été informés, avec mes collaborateurs, de cette situation des minorités religieuses, et aussi du problème, en ce moment, du Kurdistan, qui ne pouvait pas recevoir tant de monde – c’est un problème, on comprend, il ne pouvait pas – nous nous sommes dits : que pouvons-nous faire ? Nous avons pensé à beaucoup de choses. Avant tout, nous avons écrit le communiqué que le père Lombardi a fait en mon nom. Puis, ce communiqué a été envoyé à toutes les Nonciatures pour qu’il soit transmis aux gouvernants. Ensuite, nous avons écrit une lettre au Secrétaire Général des Nations Unies… Beaucoup de choses… Et, à la fin, nous avons décidé de dépêcher un Envoyé personnel, le Cardinal Filoni. Et enfin nous avons dit : si cela est nécessaire, quand nous revenons de Corée, nous pouvons aller là-bas. C’était une des possibilités. Voilà la réponse : je suis disponible. En ce moment ce n’est pas la meilleure chose à faire, mais je suis prêt à cela.
Bilan du voyage apostolique en Corée du Sud
Catéchèse du pape François du mercredi 20 aout 2014
« Mémoire, espérance, témoignage » : ces trois mots résument la signification du voyage du pape François en Corée du Sud. Il l'explique lui-même dans la catéchèse de ce 20 août 2014, en la salle Paul VI du Vatican. Lors de l'audience générale, le pape a en effet interrompu son cycle de catéchèses sur l’Église pour faire un bilan de son voyage, deux jours après son retour (13-18 août). Il souligne « les deux événements principaux de ce voyage : la béatification de 124 martyrs coréens, qui s’ajoutent à ceux qui ont déjà été canonisés il y a trente ans par saint Jean-Paul II, et la rencontre avec les jeunes, à l’occasion de la sixième Journée asiatique de la jeunesse ».
Chers frères et sœurs, bonjour !
Ces jours derniers, j’ai accompli un voyage apostolique en Corée et aujourd’hui, avec vous, je remercie le Seigneur pour ce grand cadeau. J’ai pu visiter une Église jeune et dynamique, fondée sur le témoignage des martyrs et animée d’un esprit missionnaire, dans un pays où se rencontrent d’antiques cultures asiatiques et la nouveauté pérenne de l’Évangile : elles se rencontrent.
Je désire exprimer à nouveau ma gratitude à mes chers frères évêques de Corée, à la Présidente de la République, aux autres autorités et à toutes les personnes qui ont collaboré pour ma visite.
La signification de ce voyage apostolique peut se résumer en trois mots : mémoire, espérance, témoignage.
La République de Corée est un pays qui a eu un développement économique remarquable et rapide. Ses habitants sont très travailleurs, disciplinés, ordonnés et ils doivent conserver la force qu’ils ont héritée de leurs ancêtres.
Dans cette situation, l’Église est gardienne de la mémoire et de l’espérance : c’est une famille spirituelle dans laquelle les adultes transmettent aux jeunes le flambeau de la foi qu’ils ont reçue de leurs aînés ; la mémoire des témoins du passé devient un nouveau témoignage dans le présent et une espérance pour l’avenir. C’est dans cette perspective que l’on peut lire les deux événements principaux de ce voyage : la béatification de 124 martyrs coréens, qui s’ajoutent à ceux qui ont déjà été canonisés il y a trente ans par saint Jean-Paul II, et la rencontre avec les jeunes, à l’occasion de la sixième Journée asiatique de la jeunesse.
Un jeune est toujours une personne à la recherche de ce pour quoi il vaut la peine de vivre et le martyre rend témoignage de quelque chose, ou plutôt de Quelqu’un pour qui il vaut la peine de donner sa vie. Cette réalité est l’amour de Dieu, qui a pris chair en Jésus, témoin du Père. Dans les deux moments du voyage consacrés aux jeunes, l’Esprit du Seigneur ressuscité nous a remplis d’une joie et d’une espérance que les jeunes emporteront dans leurs pays respectifs et qui feront beaucoup de bien !
L’Église de Corée conserve aussi la mémoire du rôle primordial que les laïcs ont joué, que ce soit à l’aube de la foi ou dans leur œuvre d’évangélisation. Sur cette terre en effet, la communauté chrétienne n’a pas été fondée par des missionnaires, mais par un groupe de jeunes Coréens de la seconde moitié du XVIIIe siècle qui furent fascinés par certains textes chrétiens, les étudièrent à fond et les choisirent comme règle de vie. L’un d’eux fut envoyé à Pékin pour y recevoir le baptême et ce laïc baptisa ensuite à son tour ses compagnons. À partir de ce premier noyau, s’est développé une grande communauté qui, dès le commencement et pendant environ un siècle, a subi de violentes persécutions, provoquant des milliers de martyrs. L’Église de Corée est donc fondée sur la foi, sur l’engagement missionnaire et sur le martyre des fidèles laïcs.
Les premiers chrétiens coréens se donnèrent comme modèle la communauté apostolique de Jérusalem, pratiquant l’amour fraternel qui dépasse toutes les différences sociales. C’est pourquoi j’ai encouragé les chrétiens d’aujourd’hui à être généreux dans le partage avec les plus pauvres et les exclus, selon l’Évangile de Matthieu, au chapitre 25 : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (v.40).
Chers frères, dans l’histoire de la foi en Corée, on voit que le Christ n’annule pas la culture, ne supprime pas le chemin des peuples qui, à travers les siècles et les millénaires, cherchent la vérité et pratiquent l’amour de Dieu et du prochain. Le Christ n’abolit pas ce qui est bon, mais il le fait avancer, il le porte à son accomplissement.
En revanche, ce que le Christ combat et détruit, c’est le malin, qui sème la zizanie entre les hommes, entre les peuples, qui génère l’exclusion à cause de l’idolâtrie de l’argent, qui sème le venin du néant dans le cœur des jeunes. Cela, oui, Jésus-Christ l’a combattu et l’a vaincu par son sacrifice d’amour. Et si nous demeurons en Lui, dans son amour, nous aussi, comme les martyrs, nous pouvons vivre et témoigner de sa victoire. C’est avec cette foi que nous avons prié, et maintenant encore, prions afin que tous les fils de la terre coréenne qui souffrent des conséquences de guerres et de divisions, puissent réaliser un chemin de fraternité et de réconciliation.
Ce voyage a été illuminé par la fête de Marie, montée au Ciel. De là-haut, où elle règne avec le Christ, la Mère de l’Église accompagne le chemin du peuple de Dieu, soutient ses pas plus pénibles, réconforte ceux qui sont dans l’épreuve et garde ouvert l’horizon de l’espérance. Par sa maternelle intercession, que le Seigneur bénisse toujours le peuple coréen, lui donne la paix et la prospérité ; et qu’il bénisse l’Église qui vit sur cette terre, pour qu’elle soit toujours féconde et remplie de la joie de l’Évangile.
© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana
le cardinal français Jean-Louis Tauran a estimé que les djihadistes ....
Quelques jours après la ferme publiée par le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux (cf. En marge de l’actualité ci-dessus), demandant aux chefs musulmans de condamner fermement les agissements de l’État islamique en Irak, le cardinal français Jean-Louis Tauran a estimé que les djihadistes étaient des musulmans « dévoyés » au caractère « barbare ». Dans un entretien accordé à I.MEDIA, le chef de dicastère a assuré que ce document avait “secoué l’opinion publique“ et s’est félicité du large écho perçu dans le monde musulman.
IMedia : La déclaration sur la situation en Irak publiée par le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux est particulièrement forte. Qu’est-ce qui vous a poussé à le faire ?
Cardinal Tauran : C’est le caractère barbare du comportement des djihadistes vis-à-vis des chrétiens et des membres d’autres minorités, notamment les Yazidis. Le massacre de personnes pour le seul motif de leur appartenance religieuse, l’enlèvement de femmes, la destruction des lieux de culte : ce sont des choses qu’on pensait ne plus voir. Cela rappelle les pires moments de l’histoire des relations entre musulmans et chrétiens. Mais il faut bien souligner que les djihadistes sont des musulmans dévoyés.
IMedia : Vous êtes même allé plus loin que le pape, en demandant une prise de position claire de la part des institutions musulmanes…
Cardinal Tauran : Il en va de la crédibilité de notre dialogue. Certes, nous avons de belles déclarations, mais pendant ce temps, on extermine des chrétiens. On me dit souvent : C’est cela le résultat de vos conversations ?
IMedia : Quel a été l’écho donné à ce document ?
Cardinal Tauran : J’ai eu de très nombreuses réponses. Une heure après sa publication, on m’a écrit du Caire. J’ai reçu des réponses très positives d’Afrique, d’Europe. Je crois que ce document a un peu secoué l’opinion publique. Face à ce qui se passe actuellement en Irak, on ne pourra pas dire que l’on ne savait pas. Il n’y a aucune justification à cette violence. Et la religion n’en est pas la véritable cause. En revanche, elle peut être une partie de la solution.
IMedia : Y a-t-il encore des institutions, des pays, dont vous attendriez encore qu’ils s’expriment, comme l’Arabie saoudite et le Qatar par exemple, accusés d’avoir financé l’Etat islamique ?
Cardinal Tauran : Il faut peut-être leur laisser le temps. Ce que je demande, c’est que les chefs religieux s’expriment de façon claire et sans ambiguïté, pas les responsables politiques.
IMedia : Avez-vous eu des réponses de France ?
Cardinal Tauran : Le recteur de la mosquée de Bordeaux s’est exprimé de façon tout à fait remarquable, de même que le recteur de la Grande mosquée de Paris.
IMedia : La situation actuelle en Irak est-elle le signe d’un échec du dialogue interreligieux ?
Cardinal Tauran : Cette situation fragilise le dialogue. Mais plus l’horizon est sombre, plus il faut dialoguer. C’est une incitation à redoubler d’effort dans le dialogue, qui n’est pas un dialogue entre les religions mais entre les croyants. C’est un exercice très concret, conditionné par le contexte politique, économique, social.
IMedia : Le dialogue avec l’islam n’est-il pas handicapé par les tensions internes au monde musulman ?
Cardinal Tauran : Il n’y a pas de modèle unique d’islam mais plusieurs manières de le vivre. Les interlocuteurs sont variés. Certains sont plus compréhensifs que d’autres. Mais la majorité de la population musulmane est tout à fait contre l’attitude barbare de l’État islamique.
IMedia : En France, on observe une forte prise de conscience concernant les chrétiens au Moyen-Orient, avec le risque parfois de certains réflexes islamophobes…
Cardinal Tauran : De façon spécifique, on observe en France une véritable peur de l’islam, qui vient souvent de l’ignorance de ce qu’est l’islam. Beaucoup de ceux qui ont peur n’ont jamais ouvert le Coran ou n’ont jamais vraiment parlé à des musulmans. D’où l’importance de développer le dialogue de la vie. Ceux qui dialoguent, ce sont les hommes et les femmes de notre temps confrontés aux mêmes problèmes. Ce n’est pas du tout un exercice de théologie comparée. Il faut que les croyants reconnaissent ce qu’ils ont en commun pour le mettre au service de la société.
IMedia : Comment expliquer le retour en force des tensions religieuses ?
Cardinal Tauran : Il y a un retour du sacré dans le monde d’aujourd’hui. On a eu tendance à oublier que la dimension religieuse est intrinsèque à l’homme. Si vous supprimez Dieu de l’horizon de la vie, de l’histoire, vous le remplacez par d’autres Dieux, car l’homme a besoin de se mettre à genoux. Le problème n’est pas l’athéisme, ce sont les idoles.
Propos recueillis au Vatican par Marie Malzac, I.MEDIA
© Copyright 2014 – I.Media
La signification rituelle du don de la paix pendant la messe
Rome précise le sens du geste de paix à la messe
Alors que son déplacement à un autre moment de la messe était évoqué, la Congrégation pour le culte divin le maintien avant la communion mais entend en corriger les « abus ».
Le geste de paix de la messe restera donc après le Notre Père et avant la fraction du pain. L’idée de le déplacer avait été évoquée lors du Synode des évêques sur l’eucharistie, en octobre 2005 à Rome, à la suite du cardinal Joseph Ratzinger qui, dans son livre de 2001 L’esprit de la liturgie (Ad Solem), regrettait que « l’échange du signe de paix génère une certaine agitation parmi les fidèles ».
Souhaitant « modérer ce geste, qui peut prendre des expressions excessives, suscitant un peu de confusion dans l’assemblée juste avant la communion », Benoît XVI avait donc demandé dans l’exhortation apostolique Sacramentum caritatis « d’étudier la possibilité de placer le geste de paix à un autre moment, par exemple avant la présentation des dons à l’autel ».
La Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a consulté les conférences épiscopales du monde entier sur le sujet qui, à une large majorité, ont souhaité que le geste de paix ne soit pas déplacé un autre moment de la messe.
Le geste de paix n’est pas « mécanique »
Le dicastère chargé de la liturgie a donc décidé « de conserver dans la liturgie romaine le rite de la paix à son moment traditionnel et de ne pas introduire de changements structurels dans le Missel Romain ».
Néanmoins, dans une circulaire signée le 8 juin dernier par le cardinal Antonio Canizares Llovera, son préfet, et Mgr Arthur Roche, son secrétaire, et approuvée la veille par le pape François, la Congrégation pour le culte a pris quelques dispositions en vue « d’une meilleure expression du signe de la paix et pour en modérer les excès ».
La congrégation rappelle d’abord que le geste de paix n’est pas « mécanique » et que le célébrant peut tout à fait se dispenser d’inviter les fidèles à échanger la paix.
Corriger « quelques abus »
Plus profondément, la Congrégation pour le culte divin insiste sur le sens profond du geste de paix par lequel l’Église « implore la paix et l’unité pour elle-même et toute la famille humaine et par lequel les fidèles expriment leur communion ecclésiale et leur charité mutuelle ». En clair : il ne s’agit pas de se dire bonjour mais de manifester que « Christ est notre paix, la paix divine ».
Aussi les conférences épiscopales pourront-elles, lors de la publication de la troisième édition typique du Missel romain sur leur territoire, modifier le mode d’échange de la paix, pour « y substituer d’autres gestes » que « les gestes familiers et profanes du salut ».
Surtout, la Congrégation pour le culte divin en profite pour corriger « quelques abus », mettant ainsi en garde contre « l’introduction d’un "chant pour la paix", inexistant pour le rite Romain », le chant étant celui de la fraction (Agnus Dei) qui vient après l’échange du geste de paix.
Origine dans la tradition apostolique
Autre abus : le déplacement des fidèles pour s’échanger la paix, la Présentation générale du Missel romain soulignant « que chacun souhaite la paix de manière sobre et uniquement à ceux qui l’entourent ». De la même manière, il ne convient pas que le prêtre descende de l’autel pour donner la paix aux fidèles ou que, à certaines occasions (mariages, premières communions, obsèques…), l’échange de la paix devienne le moment des félicitations ou des condoléances.
Le geste de paix trouve son origine dans la tradition apostolique (« Saluez-vous les uns les autres par un baiser de paix », saint Paul aux Romains, 16,16). Aux premiers siècles, ce baiser de paix se donnait avant l’offertoire, en souvenir du commandement du Christ, « Devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande » (Matthieu 5, 24), moment qui a été conservé dans les liturgies orientales.
Dans le rite romain, il est placé avant la communion au IVe siècle, puis après l’Agnus au VIIIe siècle, et finalement réservé aux clercs à partir du XIIIe siècle. La réforme liturgique consécutive à Vatican II en a rétabli l’usage pour tous, le plaçant avant la fraction.
Nicolas Senèze
© Copyright 2014 – La Croix
Circulaire au sujet du signe de la paix
Présentation du cardinal Antonio LLOVERA, préfet de la Congrégation pour la liturgie
Voici la circulaire publiée par la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des Sacrements. Elle nous rappelle le sens du geste de paix au cœur de l’Eucharistie.
1. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » ;1 par ces paroles, Jésus, avant d'affronter la passion, promet le don de la paix à ses disciples réunis au cénacle, pour imprimer dans leur cœur la certitude joyeuse de sa présence perpétuelle. Après sa résurrection, le Seigneur accomplit sa promesse en se tenant au milieu eux dans le lieu où ils se trouvaient par peur des Juifs; il leur dit : « Paix à vous ! »2 La paix est le fruit de la rédemption que le Christ a apporté au monde par sa mort et sa résurrection ; elle est le don que le Christ ressuscité continue encore aujourd'hui à communiquer à son Église réunie pour la célébration de l'Eucharistie, afin qu'elle puisse en témoigner dans la vie de tous les jours.
2. Dans la tradition liturgique Romaine, le signe de la paix, qui se situe avant la Communion, comporte une signification théologique particulière. De fait, il se réfère à la contemplation eucharistique du mystère pascal - différemment des autres familles liturgiques qui s'inspirent du passage de l'évangile de Matthieu (cf. Mt 5, 23) - et il se présente donc comme le « baiser pascal » du Christ ressuscité, qui est présent sur l'autel. Les rites préparatoires à la Communion constituent un ensemble bien structuré, où chaque élément a sa propre signification tout en contribuant au sens global de la séquence rituelle ; celle-ci converge vers la participation sacramentelle au mystère célébré. Ainsi, le signe de la paix se situe entre le Pater noster - auquel il est uni par l'embolisme qui constitue une préparation au geste de paix - et la fraction du pain - durant laquelle on supplie l'Agneau de Dieu de nous donner sa paix. Par ce signe, qui « a pour but de manifester la paix, la communion et la charité », l'Église « implore la paix et l'unité pour elle-même et toute la famille humaine, et les fidèles expriment leur communion dans l'Eglise ainsi que leur amour mutuel avant de communier au Sacrement » c'est-à-dire au Corps du Christ Seigneur.
3. Dans l'Exhortation Apostolique post-synodale Sacramentum caritatis, le Pape Benoît XVI avait confié à cette Congrégation la mission d'étudier sous tous ses aspects la question du signe de la paix,3 afin de protéger et de mieux mettre en valeur le caractère sacré de la Célébration eucharistique et le sens profond du mystère dans la Communion sacramentelle : « L'Eucharistie est par nature Sacrement de la paix. Cette dimension du Mystère eucharistique trouve dans la célébration liturgique une expression spécifique par le rite de l'échange de la paix. C'est sans aucun doute un signe de grande valeur (cf. Jn 14,27). À notre époque, si terriblement éprouvée par le poids des conflits, ce geste prend, même du point de vue de la sensibilité commune, un relief particulier en ce que l'Église considère toujours plus comme sa tâche propre, à savoir d'implorer du Seigneur le don de la paix et de l'unité pour elle-même et pour la famille humaine tout entière. [ ... ] À partir de tout cela, on comprend l'intensité avec laquelle le rite de la paix est ressenti dans la Célébration liturgique. À ce propos, durant le Synode des Évêques, il a paru toutefois opportun de modérer ce geste, qui peut prendre des expressions excessives, suscitant un peu de confusion dans l'assemblée juste avant la Communion. il est bon de rappeler que la sobriété nécessaire pour maintenir un climat adapté à la célébration, par exemple en limitant l'échange de la paix avec la personne la plus proche, n'enlève rien à la haute valeur du geste ».4
4, Tout en mettant en lumière le véritable sens du rite et du signe de la paix, le pape Benoît XVI a mis en évidence sa grande valeur, c'est-à-dire la contribution des chrétiens qui, par leurs prières et leurs témoignages, s'efforcent de remédier aux angoisses les plus profondes et redoutables des hommes de notre temps. Pour cette raison, il a renouvelé son invitation à prendre soin de ce rite, et à accomplir ce geste liturgique en faisant preuve de sens religieux et avec sobriété.
5. Conformément aux prescriptions du Souverain Pontife Benoît XVI, le Dicastère s'est adressé, en mai 2008, aux différentes Conférences des Évêques afin de recueillir leurs avis concernant le maintien du geste de paix avant la Communion, c'est-à-dire là où il se trouve actuellement, ou son transfert à un autre moment. II s'agissait de mieux mettre en évidence le sens de ce geste, ainsi que la manière de l'accomplir. Au terme d'un examen approfondi, il a semblé opportun de maintenir le rite de la paix à la place traditionnelle où il se trouve dans la liturgie Romaine, ce qui évite d'introduire des changements structurels dans le Missel Romain. Le Dicastère désire maintenant exposer ci-après quelques dispositions pratiques visant, d'une part, à mieux exprimer la signification du signe de la paix, et, d'autre part, à réglementer ses expressions excessives, qui provoquent la confusion dans l'assemblée liturgique avant la Communion.
6. Il s'agit d'un point très important. Si les fidèles ne comprennent pas et s'ils ne montrent pas, par leurs gestes rituels, qu'ils vivent conformément au véritable sens du rite de la paix, cela a pour conséquences d'édulcorer le concept chrétien de la paix et aussi de porter préjudice à leur participation fructueuse à l'Eucharistie. Ainsi, en plus des réflexions précédentes qui peuvent constituer le noyau d'une catéchèse sur ce thème, au sujet de laquelle on fournira quelques orientations, on désire présenter à l'attention avisée des Conférences des Évêques les suggestions pratiques suivantes :
a) Il est clairement établi que le rite de la paix possède en lui-même une signification profonde de prière et d'offrande de la paix dans le contexte de la célébration de l'Eucharistie. Lorsque l'échange de la paix est accompli de la manière qui convient entre les personnes qui participent à la Messe, le sens et l'expression du rite lui-même en sont enrichis. Par conséquent, il est très légitime d'affirmer qu'il ne s'agit pas d'inviter « automatiquement » à échanger le signe de la paix. Si on prévoit que celui-ci ne pourra pas être accompli d'une manière adéquate en raison de circonstances concrètes, ou parce qu'on estime que, pour des raisons pédagogiques, il est préférable de ne pas l'accomplir, on peut l'omettre et, parfois, il doit être omis. À ce sujet, on doit se souvenir de la rubrique du Missel : « Deinde, pro opportunitate, diaconus, vel sacerdos, subiungit : Offerte vobis pacem. »5
b) Sur la base de ces réflexions, il pourrait être bon que, par exemple, à l'occasion de la publication de la traduction de la troisième édition typique du Missel Romain dans leurs propres pays, ou bien, dans l'avenir, lorsque seront publiées de nouvelles éditions de ce même Missel, les Conférences des Évêques envisagent de changer la manière de se donner la paix, qui avait été établie en son temps. Ainsi, par exemple, en tenant compte de l'expérience de ces dernières années, dans tous les lieux où on a recours à des gestes familiers et à des salutations profanes, on pourra les remplacer par d'autres gestes plus appropriés.
c) De toute manière, il sera nécessaire que, au moment du signe de la paix, on veille à proscrire définitivement certains abus comme :
- l'introduction d'un « chant pour la paix », qui n'est pas prévu dans le Missel Romain.6
- pour les fidèles, le fait de se déplacer pour échanger entre eux le signe de la paix.
- pour le prêtre, le fait de quitter l'autel pour donner la paix à quelques fidèles.
- le fait que le geste de la paix soit l'occasion d'exprimer des congratulations, des vœux de bonheur ou des condoléances aux personnes présentes, dans certaines circonstances, comme, par exemple, à l'occasion des solennités de Pâques et de Noël, ou durant des célébrations de rites, comme le Baptême, la Première Communion, la Confirmation, le Mariage, les sacrées Ordinations, les Professions religieuses et les Obsèques.7
d) Toutes les Conférences des Évêques sont invitées à préparer des catéchèses liturgiques sur la signification du rite de la paix dans la liturgie Romaine, et sur la manière adéquate de l'accomplir durant la célébration de la Sainte Messe. À ce propos, la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements joint quelques orientations à la .présente Lettre circulaire.
7. La relation étroite entre la lex orandi et la lex credendi doit bien évidemment s'étendre à la lex vivendi. À notre époque, cela nécessite un engagement sérieux des catholiques dans la construction d'un monde plus juste et plus pacifique, qui doit s'accompagner d'une compréhension plus profonde du sens chrétien de la paix : cela dépend en grande partie de l'attention avec laquelle nos Églises particulières accueillent et invoquent le don de la paix, et l'expriment dans la célébration liturgique. Nous les encourageons et nous les invitons à agir résolument sur ce point, dont dépend la qualité de notre participation à l'Eucharistie, et l'efficacité de notre présence parmi les artisans de paix, selon l'expression des Béatitudes.8
8. En conclusion de ces réflexions, nous exhortons donc les Évêques, et sous leur autorité, les prêtres, à considérer et à approfondir le sens spirituel du rite de la paix durant la célébration de la Sainte Messe, dans leur propre formation liturgique et spirituelle, et dans le cadre d'une catéchèse appropriée destinée aux fidèles. Le Christ est notre paix,9 cette paix de Dieu, annoncée par les prophètes et les anges, et que Lui-même a apportée au monde dans son mystère pascal. Cette paix du Christ ressuscité est invoquée, annoncée et répandue dans la célébration liturgique, par un geste humain qui est élevé jusqu'à la sphère du sacré.
Cette Lettre circulaire, préparée par la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, a été approuvée le 7 juin 2014 par le Souverain Pontife François, qui a ordonné qu'elle soit publiée.
________________
1 Jn 14,27.
2 Cf. Jn 20, 19-23.
3 Cf. BENOIT XVI, Exhor. Apost., Sacramentum caritatis, 22 février 2007, n.49, note n.150.
4 BENOIT XVI, Exhor. Apost., Sacramentum caritatis, 22 février 2007, n.49.
5 Missale Romanum, Ordo Missae, n.128 : « Ensuite, si cela est opportun, le prêtre ajoute: Offerte vobis pacem (Frères, dans la charité du Christ, donnez-vous la paix). »
6 Dans le Rite romain, il n'est pas prévu traditionnellement un chant pour la paix, mais un temps très bref destiné à échanger la paix seulement à ceux qui sont les plus proches. Le chant pour la paix, en revanche, exigerait un laps de temps beaucoup plus long pour l'échange de la paix.
7 Cf. Présentation Générale du Missel Romain. n.82 : « Il convient cependant que chacun souhaite la paix de manière sobre et uniquement à ceux qui l'entourent » ; n.154 : « Le prêtre peut donner la paix aux ministres, en restant cependant toujours dans le sanctuaire, pour ne pas troubler la célébration. Il fera de même s'il veut donner la paix, pour une juste cause, à quelques fidèles ».
8 Cf. Mt 5, 9 sv.
9 Cf. Ep 2, 14.
© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana
Synode de 1989 – 25 ans après
Questionnaire de la Commission « Évangélisation »
Afin d'établir le bilan de ce 3ème synode, voici un questionnaire auquel vous êtes invités à répondre… n’hésitez pas !
Dans sa présentation des travaux de la Commission « Évangelisation », Mgr Michel invite à rendre grâce pour le travail d'Évangélisation des religieux des Sacrés Cœurs à qui a été confiée la 1ère Evangélisation de nos îles. Et il écrit ceci : « L'Évangélisation n'est pas d'abord une entreprise humaine... elle est avant tout un feu d'Amour, jailli du Cœur du Christ répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint ».
L'Évangélisation est l'affaire de tous. La commission du synode a retenu 3 engagements :
- L'évangélisation des enfants par la catéchèse.
b. L'évangélisation des plus pauvres de notre société polynésienne
- L'évangélisation par l'accueil et l'accompagnement des jeunes et adultes qui demandent à rejoindre notre Eglise
1) Pensez-vous, que dans nos paroisses, nos écoles et collèges catholiques, les mouvements de jeunesse et d'adulte le souci de l'Evangélisation est clairement manifesté ? Pouvez-vous en citer quelques fruits ?
Avez-vous des propositions à faire et êtes-vous prêt à vous y engager ?
2) Dans la catéchèse des enfants et la préparation aux 3 sacrements d'Initiation (Baptême, Communion et Confirmation) pensez-vous que, dans la catéchèse en paroisse, dans les écoles et collèges catholiques, le 1er souci des parents est que leurs enfants soient éduquées selon la Foi et les vertus chrétiennes ?
Avez-vous inscrits vos enfants à la catéchèse et dans une école catholique : comment pensez-vous participer à cet éveil de la Foi ?
Quand l'enfant revient à la maison, est-ce que vous vous intéressez à ce que les catéchistes enseignent et parlez-vous des choses de Dieu à vos enfants ?
3) Le monde de la précarité, le monde du milieu carcéral et hospitalier a pris en 25 ans de l'ampleur. Pensez-vous que l'Église, dans sa hiérarchie et le peuple des croyants, se prépare à relever le défi ? Comment et avec qui voudriez-vous participer à cet effort que nous demande le Pape François ?
4) La proposition D 1 demande que des baptisés se préparent à devenir des « Évangelisateur » et qu'ils soient formés et envoyés. Cela vous parait-il possible, utopique ?
Que veux-dire pour vous « Évangeliser » ? Comment souhaitez-vous participer à ce grand courant de Renouveau que la « Nouvelle Évangélisation » veut susciter ?
Vos réponses sont à envoyer :
- soit B.P. 94 - 98713 PAPEETE
- (en précisant « Bilan synodal »)
- ou par mail : archeveche@catholic.pf
- ou com.societedeveloppement@gmail.com
© Copyright 2014 – Archevêché de Papeete
Qui es-tu ?
Commentaire de l’Évangile du 21ème Dimanche du Temps ordinaire
Le Christ a-t-il voulu l'Église ? Mais qu'est-ce que l'Église ? La meilleure réponse, nous venons de l'entendre dans l'évangile qui nous pose trois questions : « Jésus, qui es-tu ? Pierre, qui es-tu ? Église, qui es-tu ? »
« Jésus, qui es-tu ? »
Après un petit sondage préalable sur ce que les gens disent de lui, Jésus pose la vraie question, celle qui concerne chacun personnellement : « Pour vous, qui suis-je ? » C'est une question redoutable. Elle reste toujours posée à nous qui nous voulons être disciples d'un tel maître. Quand nous demandons : « Jésus, qui es-tu ? » Jésus nous renvoie la question : « Pour toi, qui suis-je ? Pour qui me prends-tu ? » Cette demande nous jette sur les chemins de la rencontre et de la découverte toujours neuve de Celui qui vient nous séduire. Ébloui par la clarté de l'Esprit, Simon-Pierre s'écrie, avec une autorité qui vient de plus loin que lui : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ».
« Pierre, qui es-tu ? »
Pierre, éclairé par le Père, vient de dire qui est Jésus. À son tour, Jésus nous dit qui est Pierre. En trois images bibliques qui s'enchaînent et se complètent, il confère à Simon la primauté. Il sera d'abord Pierre, Kêphas, le Rocher, celui qui assure le fondement durable à sa communauté. Ensuite, il lui confie les clés de son Église. Vous est-il arrivé de donner vos clés à quelqu'un ? Pas seulement les clés passe-partout, mais le trousseau complet de vos clés les plus secrètes. C'est à un homme de confiance que l'on remet ses clés, comme à cet Eliakim, le nouveau grand vizir du royaume de David. Enfin, le pouvoir de lier et délier manifeste l'intention de Jésus de faire de Pierre son représentant dont les actes sont couverts par Dieu. C'est une vraie responsabilité. C'est sérieux. On ne peut pas prétendre aller à Dieu en refusant l'Église.
« Église, qui es-tu ? »
Dans cette même scène, Jésus nous révèle l'identité de l'Église. Elle est la communauté de ceux qui font leur la profession solennelle de Pierre : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». Celles et ceux qui reconnaissent en Jésus leur Sauveur, ceux-là font partie de cette Église qui, selon la belle expression de Bernanos, « pareille aux plus humbles, aux plus dénués de ses fils, va clopin-clopant de ce monde à l'autre monde ». L'Église est le Royaume de Dieu dans sa phase embryonnaire. Elle nous met déjà, par les Écritures et ses sacrements, en possession des biens éternels. Elle nous donne Jésus, c'est-à-dire tout.
Mais ce trésor, elle le porte dans des « vases fragiles ». Formée de pécheurs, elle tombe et se repent. Elle est, comme l'a précisé le Concile de Vatican II, « à la fois sainte et appelée à se purifier, poursuivant constamment son effort de pénitence et de renouvellement ». Elle baigne en partie dans la clarté qui lui vient de Dieu, mais reste encore dans l'obscurité que lui donnent les hommes. Telle qu'elle est, reine et pauvresse, elle prolonge l'incarnation du Fils dans le temps et l'espace. Elle est indispensable.
© Copyright 2014 – Ker