PKO 21.12.2014
Dimanche 21 décembre 2014 – 4ème Dimanche de l’Avent – Année B
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°66/2014
HUMEURS
20 ans ! Déjà…
L’Accueil Te Vai-ete naissait presque dans l’anonymat à 7h du matin le vendredi 23 décembre 1994… Contrairement à l’enfant Dieu qui ne trouva pas de place dans l’hôtellerie de Bethléem… La ville de Papeete, en la personne de Mme Carlson, alors maire, offrait un local modestement aménagé pour recevoir, à l’initiative du Dr Jacques Raynal et du Secours Catholique en la personne de Manutea Gay, l’Accueil Te Vai-ete.
Je me remémore encore ce moment d’inauguration… Mme Carlson heureuse de cette initiative à laquelle elle avait contribué était comme une maman au milieu de ses enfants… La joie de Taote Jacques et de Manu… Celle aussi de Papa Tihoni (qui nous a quitté depuis pour la maison du père) et de Madeleine T. qui assureront pendant les premières années le fonctionnement de l’Accueil… et trois « SDF » recrutés pour l’occasion !
Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, beaucoup d’eau… et de difficultés, parfois avec nos accueillis, parfois avec la municipalité… Mais jamais nos bénévoles disponibles et courageux n’ont failli…
Nous avons commencé par servir, du lundi au vendredi, du pain avec du fromage ou du jambon qu’accompagnait un café au lait très léger, et cela avec le peu d’argent récolté lors de la campagne des « millions d’étoiles » à Noël… aujourd’hui c’est un véritable repas qui est servi, du lundi au samedi, chaque matin, jours fériés inclus…
Il y a 20 ans, les premiers bénévoles étaient montrés du doigt, car il se disait qu’ils favorisaient la fainéantise… Que de chemin parcouru depuis car aujourd’hui l’attention aux exclus est un sujet porteur en politique et parfois même il en devient business…
Par contre la situation des exclus n’a guère changé, seul leur nombre a augmenté…
Merci donc à tous ceux qui continuent dans la discrétion à œuvrer gratuitement et bénévolement, Merci à tous ceux qui donnent argent et denrées…Merci aussi à ceux qui prient pour cette mission d’Église…
20 ans ça se fête… mais il est des anniversaires où s’allie à la joie du partage, la tristesse d’une nécessité qu’on voudrait voir disparaître.
EN MARGE DE L’ACTUALITÉ
Si Noël avait lieu aujourd’hui !
Cela donnerait la « une » suivante dans tous les journaux : Nouveau-né trouvé dans une étable, la police s’est rendue sur les lieux. Un menuisier et une mineure (vraisemblablement la mère) sont mis en garde à vue. Hier les autorités ont été interpellées par un citoyen visiblement tracassé. Une jeune famille s’était installée dans son étable. Arrivant sur les lieux, la police a découvert un nouveau-né enveloppé dans des morceaux de tissu, et dormant dans une crèche. Un homme, identifié plus tard, Joseph H., (de Nazareth) essayait d’empêcher les autorités d’emmener l’enfant afin de le mettre en lieu sûr. Il était aidé par plusieurs bergers ainsi que de trois étrangers non-identifiés. Les trois étrangers, se présentant comme mages ont été arrêtés. Le ministère de l’Intérieur s’interroge sur l’origine de ces trois hommes. Le préfet a confirmé qu’ils n’avaient pas de papiers d’identité mais qu’ils avaient sur eux de l’or ainsi que des produits suspects. Ils prétendent que Dieu leur a dit de ne pas répondre aux questions… Les produits suspects ont été envoyés au laboratoire afin d’être analysés. Le lieu ou le nouveau-né se trouve actuellement n'a pas été communiqué. Il semble d’ailleurs que ce cas soit délicat. Le service social nous a communiqué que le père est dans la cinquantaine et que la mère n’est certainement pas majeure. On vérifie pour le moment la relation entre les deux. Marie se trouve pour l’instant à l’hôpital universitaire de Bethlehem pour des examens médicaux et psychiatriques. Elle prétend être encore vierge et que le bébé vient de Dieu. Si son état mental le permet, elle sera mise en examen pour non-assistance à personne en danger. Le responsable du service de psychiatrie pense que la vie d’un nouveau-né étant en danger, on doit considérer ces gens comme dangereux, même s’ils prétendent être investis par Dieu. Il pense d’ailleurs que la consommation de drogues, probablement amenées par les trois étrangers, est pour beaucoup dans cette triste affaire. Il affirme quand même que tous pourront réintégrer le monde normal après un traitement adéquat. Aux dernières nouvelles on apprend que les bergers présents sur les lieux affirment avoir vu un grand homme, tout de blanc vêtu, qui leur a ordonné de se rendre à l’étable, avant de s’envoler. Afin de connaître leur taux d’alcoolémie et de drogues, des prises de sang leur ont été faites.
Affaire à suivre...
Anonyme
Jésus aurait pu venir comme un guerrier, comme un empereur
Audience générale du mercredi 17 décembre 2014 – Pape François
« Jésus aurait pu venir de façon spectaculaire, ou comme un guerrier, comme un empereur... Non, non : il est venu sous les traits du fils d'une famille, dans une famille. Ceci est important : regardez dans la crèche, cette si jolie scène ! » : le pape François a poursuivi son cycle de catéchèses sur la famille par cette réflexion inspirée aussi par la proximité de Noël. Il pose la question : est-ce que Jésus n'a pas « perdu trente ans » de sa vie, en vivant à Nazareth pendant outres ces années ? Réponse : l'importance de la famille, pour Dieu aussi.
Chers frères et sœurs, bonjour !
Le synode des Évêques sur la familles, que l’on vient de tenir, fut la première étape d’un cheminement, qui prendra fin en octobre prochain avec la célébration d’une autre assemblée sur le thème : « Vocation et mission de la famille dans l’Eglise et dans le monde ». La prière et la réflexion qui doivent accompagner ce cheminement concernent tout le Peuple de Dieu. Je voudrais aussi que les méditations courantes des audiences du mercredi s’insèrent dans ce cheminement commun. J’ai donc décidé de réfléchir avec vous, cette année, sur la famille, sur ce grand don que le Seigneur a fait au monde dès le début, quand il confia à Adam et Eve la mission de se multiplier et de remplir la terre (cf. Gn 1,28). Don que Jésus a confirmé et scellé dans son Évangile.
La proximité de Noël éclaire ce mystère d'une grande lumière. L’incarnation du Fils de Dieu marque un nouveau départ dans l’histoire universelle de l’homme et de la femme. Et ce nouveau départ a lieu au sein d’une famille, à Nazareth. Jésus est né dans une famille. Il aurait pu venir de façon spectaculaire, ou comme un guerrier, comme un empereur... Non, non : il est venu sous les traits d’un fils de famille, dans une famille. Ceci est important : regardez dans la crèche, cette si jolie scène !
Dieu a choisi de naître dans une famille humaine, qu’Il a lui-même formée. Il l’a formée dans un village perdu de la périphérie de l’Empire Romain. Pas à Rome, qui était la capitale de l’Empire, pas dans une grande ville, mais dans une périphérie presqu’invisible, voire plutôt malfamée. Chose que les Evangiles rappellent aussi, comme dans une phrase toute faite : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Jn 1,46). Il est probable que nous-mêmes, dans tant de coins du monde, parlions encore comme ça, quand nous entendons le nom de quelque lieu périphérique d’une grande ville. Eh bien c’est là, dans une périphérie, celle du grand Empire, qu’a commencé la plus sainte et la plus bonne des histoires, celle de Jésus parmi les hommes. Et là se trouvait cette famille.
Jésus est resté dans cette périphérie pendant trente ans. Voici comment l’évangéliste Luc résume cette période : Jésus « leur était soumis [c’est-à-dire à Marie et Joseph] ». On pourraient se dire : « Mais ce Dieu qui vient nous sauver a perdu trente années là-bas, dans cette périphérie malfamée ? ». Il a perdu trente ans ! C’est Lui qui a voulu cela. Le chemin de Jésus était dans cette famille. « Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (2,51-52). On ne parle pas de miracles, ni de guérisons ou de prédications – il n’en faisait aucune à ce moment-là – de foules qui accourent ; à Nazareth tout paraît se passer « normalement », selon les habitudes d’une famille juive pieuse et vaillante : on travaillait, la mère cuisinait, s’occupait de la maison, repassait les chemises... toutes les choses que faisait une maman. Le père, menuisier, travaillait, apprenait à son fils le métier. Trente ans. « Mais quel gâchis, Père ! ». Les voies de Dieu sont mystérieuses. Mais là, c’est la famille qui était important ! Et ce n’était pas du gâchis ! C’étaient de grands saints : Marie, la plus sainte des femmes, immaculée, et Joseph, le plus juste des hommes... La famille.
Ce serait certainement attendrissant pour nous de savoir comment jésus adolescent affrontait les rendez-vous de la communauté religieuse et les devoirs de la vie sociale; d’apprendre comment, tout jeune ouvrier, il travaillait avec Joseph ; et participait à l’écoute des Saintes Écritures, à la prière des psaumes et à tant d’autres circonstances de la vie quotidienne. Mais les Évangiles, dans leur sobriété, ne rapportent rien de l’adolescence de Jésus et laissent ce soin à notre méditation affectueuse. L’art, la littérature, la musique, ont parcouru cette voie de l’imagination. Certes, il ne nous est pas difficile d’imaginer ce que les mères pourraient apprendre des attentions de Marie pour ce Fils ! Et ce que les pères pourraient tirer de l’exemple de Joseph, un homme juste, qui passa sa vie à soutenir et défendre l’enfant et son épouse – sa famille – dans les passages difficiles ! Pour ne pas dire tout ce que les jeunes pourraient apprendre du Jésus adolescent sur la nécessité et la beauté de cultiver leur vocation la plus profonde, et de rêver en grand ! Et Jésus a cultivé, durant ces trente ans, la vocation pour laquelle le Père l’a envoyé. Et Jésus, pendant cette période, ne s’est jamais découragé, mais il a grandi en courage pour aller au bout de sa mission.
Chaque famille chrétienne – comme firent Marie et Joseph – a la possibilité d’accueillir Jésus, de l’écouter, de parler avec Lui, de veiller sur Lui, de le protéger, de grandir avec Lui; et ainsi d’améliorer le monde. Faisons de la place au Seigneur dans nos cœurs et dans nos journées. C’est ce que firent Marie et Joseph, et cela ne fut pas facile : que de difficultés ils eurent à surmonter ! Leur famille n’était pas une fausse famille, une famille irréelle. La famille de Nazareth nous engage à redécouvrir la vocation et la mission de chaque famille. Et il se peut que ce qui s’est passé durant ces trente années à Nazareth se passe aussi pour nous: que l’amour - et non la haine – devienne un fait normal, que l’aide réciproque - et non l’indifférence ou l’hostilité - devienne un fait ordinaire.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si « Nazareth » signifie « Celle qui garde », comme Marie – dit l’Évangile – qui « gardait dans son cœur tous ces événements » (cf. Lc 2,19.51). Depuis, à chaque fois qu’une famille « garde » ce mystère, fut-ce également à la périphérie du monde, le mystère du Fils de Dieu, le mystère de Jésus qui vient nous sauver, est à l’œuvre. Et il vient pour sauver le monde. Telle est la grande mission de la famille : faire de la place à Jésus qui vient, l’accueillir au sein de la famille, en la personne des enfants, de l’époux, de l’épouse, des grands-parents... Jésus est là. L’accueillir là, pour qu’il grandisse spirituellement dans cette famille. Que le Seigneur nous donne cette grâce durant ces quelques jours avant Noël. Merci.
© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana
Réveillez le monde ! (3)
Lettre apostolique du pape françois à tous les consacrés
« Réveillez le monde ! », demande une nouvelle fois le pape François aux personnes consacrées à Dieu dans le célibat pour le Royaume, à l'occasion de l'ouverture, dimanche, 30 novembre, de l'Année de la vie consacrée. Elle s'achevera le 2 février 2016. Le pape a choisi une « lettre apostolique » pour transmettre ce message à « tous les consacrés », en date du 21 novembre 2014, fête de la Présentation de la Vierge Marie au Temple de Jérusalem
III – Les horizons de l’Année de la Vie Consacrée
1. Par cette lettre, au-delà des personnes consacrées, je m’adresse aux laïcs qui, avec elles, partagent idéaux, esprit, mission. Certains Instituts religieux ont une tradition ancienne à ce sujet, d’autres une expérience plus récente. De fait, autour de chaque famille religieuse, comme aussi des Sociétés de vie apostolique et même des Instituts séculiers, est présente une famille plus grande, la « famille charismatique », qui comprend plusieurs Instituts qui se reconnaissent dans le même charisme, et surtout des chrétiens laïcs qui se sentent appelés, dans leur propre condition laïque, à participer à la même réalité charismatique.
Je vous encourage vous aussi laïcs, à vivre cette Année de la Vie Consacrée comme une grâce qui peut vous rendre plus conscients du don reçu. Célébrez-le avec toute la « famille », pour croître et répondre ensemble aux appels de l’Esprit dans la société contemporaine. À certaines occasions, quand les consacrés de divers Instituts se rencontreront cette Année, faites en sorte d’être présents vous aussi comme expression de l’unique don de Dieu, de manière à connaître les expériences des autres familles charismatiques, des autres groupes de laïcs, et de manière à vous enrichir et à vous soutenir réciproquement.
2. L’Année de la Vie Consacrée ne concerne pas seulement les personnes consacrées, mais l’Église entière. Je m’adresse ainsi à tout le peuple chrétien pour qu’il prenne toujours davantage conscience du don qu’est la présence de tant de consacrées et de consacrés, héritiers de grands saints qui ont fait l’histoire du christianisme. Que serait l’Église sans saint Benoît et saint Basile, sans saint Augustin et saint Bernard, sans saint François et saint Dominique, sans saint Ignace de Loyola et sainte Thérèse d’Avila, sans sainte Angèle Merici et saint Vincent de Paul ? La liste serait presque infinie, jusqu’à saint Jean Bosco et à la bienheureuse Teresa de Calcutta. Le bienheureux Paul VI affirmait : « Sans ce signe concret, la charité de l’ensemble de l’Église risquerait de se refroidir, le paradoxe salvifique de l’Évangile de s’émousser, le “sel” de la foi de se diluer dans un monde en voie de sécularisation » (Evangelica testificatio, n. 3).
J’invite donc toutes les communautés chrétiennes à vivre cette Année avant tout pour remercier le Seigneur et faire mémoire reconnaissante des dons reçus, et que nous recevons encore à travers la sainteté des Fondateurs et des Fondatrices et de la fidélité de tant de consacrés à leur propre charisme. Je vous invite tous à vous retrouver autour des personnes consacrées, à vous réjouir avec elles, à partager leurs difficultés, à collaborer avec elles, dans la mesure du possible, pour la poursuite de leur ministère et de leur œuvre, qui sont aussi ceux de l’Église tout entière. Faites-leur sentir l’affection et la chaleur de tout le peuple chrétien.
Je bénis le Seigneur pour l’heureuse coïncidence de l’Année de la Vie Consacrée avec le Synode sur la famille. Famille et vie consacrée sont des vocations porteuses de richesse et de grâce pour tous, des espaces d’humanisation dans la construction de relations vitales, lieux d’évangélisation. On peut s’y aider les uns les autres.
3. Par cette lettre, j’ose m’adresser aussi aux personnes consacrées et aux membres des fraternités et des communautés appartenant à des Églises de tradition différente de la tradition catholique. Le monachisme est un patrimoine de l’Église indivise, toujours très vivant aussi bien dans les Églises orthodoxes que dans l’Église catholique. À ce patrimoine, comme à d’autres expériences ultérieures, du temps où l’Église d’Occident était encore unie, s’inspirent des initiatives analogues surgies dans les milieux des Communautés ecclésiales de la Réforme, lesquelles ont continué ensuite à générer en leur sein d’autres formes de communautés fraternelles et de service.
La Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique a programmé des initiatives pour faire se rencontrer les membres appartenant à des expériences de vie consacrée et fraternelle des différentes Églises. J’encourage chaleureusement ces rencontres pour que grandissent la connaissance mutuelle, l’estime, la collaboration réciproque, de manière à ce que l’œcuménisme de la vie consacrée soit une aide à la marche plus large vers l’unité entre toutes les Églises.
4. Nous ne pouvons pas ensuite oublier que le phénomène du monachisme et d’autres expressions de fraternité religieuse est présent dans toutes les grandes religions. Des expériences, même approfondies, de dialogue inter-monastique entre l’Église catholique et certaines grandes traditions religieuses ne manquent pas. Je souhaite que l’Année de la Vie Consacrée soit l’occasion pour évaluer le chemin parcouru, pour sensibiliser dans ce domaine les personnes consacrées, pour nous demander quels pas supplémentaires sont à faire vers une connaissance réciproque toujours plus profonde, et pour une collaboration dans de nombreux domaines communs du service de la vie humaine.
Cheminer ensemble est toujours un enrichissement et peut ouvrir des voies nouvelles à des relations entre peuples et cultures qui en ces temps-ci apparaissent hérissées de difficultés.
5. Je m’adresse enfin de manière particulière à mes frères dans l’épiscopat. Que cette Année soit une opportunité pour accueillir cordialement et avec joie la vie consacrée comme un capital spirituel qui profite au bien de tout le Corps du Christ (cf. Lumen gentium, n.43) et non seulement des familles religieuses. « La vie consacrée est un don à l’Église, elle naît dans l’Église, croît dans l’Église, et est toute orientée vers l’Église »8. C’est pourquoi, en tant que don à l’Église, elle n’est pas une réalité isolée ni marginale, mais elle lui appartient intimement. Elle est au cœur de l’Église comme un élément décisif de sa mission, en tant qu’elle exprime l’intime nature de la vocation chrétienne et la tension de toute l’Église Épouse vers l’union avec l’unique Époux ; donc elle « appartient… sans conteste à sa vie et à sa sainteté » (ibid, n.44).
Dans ce contexte, je vous invite, Pasteurs des Églises particulières, à une sollicitude spéciale pour promouvoir dans vos communautés les différents charismes, historiques ou bien nouveaux, en soutenant, en animant, en aidant le discernement, en vous faisant proches avec tendresse et amour des situations de souffrance et de faiblesse dans lesquelles peuvent se trouver certains consacrés, et surtout en éclairant le peuple de Dieu par votre enseignement sur la valeur de la vie consacrée de manière à en faire resplendir la beauté et la sainteté dans l’Église.
Je confie à Marie, la Vierge de l’écoute et de la contemplation, première disciple de son Fils bien-aimé, cette Année de la Vie Consacrée. C’est Elle, fille bien-aimée du Père et revêtue de tous les dons de la grâce, que nous considérons comme modèle insurpassable de la sequela dans l’amour de Dieu et dans le service du prochain.
Reconnaissant d’ores et déjà avec vous tous pour les dons de grâce et de lumière dont le Seigneur voudra nous enrichir, je vous accompagne tous avec la Bénédiction Apostolique.
Du Vatican, le 21 novembre 2014,
Fête de la Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie.
François
_____________________
8 S.E. Mgr J.M. Bergoglio, Intervention au Synode sur la vie consacrée et sa mission dans l’Église et dans le monde, 16ème Congrégation générale, 13 octobre 1994.
© Copyright 2014 – Conférence des Évêque de France
Les frères de Ploërmel en Polynésie (2)
Extrait de « Tahiti 1834-1984 » du R.P. Paul HODÉE, d.
Dans le cadre de l’Année de la Vie consacrée, nous nous proposons de relire quelques pages de l’histoire des congrégations religieuses en Polynésie… nous commençons aujourd’hui par un bref résumé de la Congrégation des Frères de Ploërmel…
Après avoir situé l'ambiance compliquée et le contexte tendu de l'arrivée des frères de Ploërmel pour fonder l'Instruction Publique des garçons, retraçons brièvement - car c'est mieux connu - l'histoire de leurs écoles à Tahiti puis aux Marquises.
Le succès de l'école publique des garçons de Papeete, confiée aux frères le 2 décembre 1860, est aussi rapide qu'inattendu. Ils sont plus de 200 élèves après un an et demi. En décembre 1862, les frères ont 153 élèves et les sœurs 140. Devant ce succès, le Comité d'instruction Publique est fondé le 22 janvier 1863. La grande question sera longtemps celle de la persévérance ; catholiques comme protestants se plaignent de « l'absentéisme des élèves ». Les frères sont comblés d'éloges par l'Assemblée législative et le gouverneur ; la Reine « engage tous ses sujets à confier aux Frères l'instruction de leurs enfants ». Ces appels ne peuvent cependant pas donner du jour au lendemain le sens de leurs responsabilités éducatives à des polynésiens alors tout à fait « indifférents et sans autorité sur leurs enfants ».
Le 31 mars 1864, à la demande du chef de Papeuriri, les frères ouvrent une école publique à Mataiea. Les frères, depuis octobre 1863, sont dix au service de l'enseignement. Par « leur dévouement, leurs qualités d'abnégation, leur sens du devoir, leur compétence, leur présence toute la journée avec leurs élèves », les frères transforment rapidement « la mentalité et les mœurs scolaires de la population tahitienne », L'administration et les familles leur font une confiance totale39.
Mais l'arrivée des pasteurs protestants français en 1863 et le développement de la laïcité en France vont entraîner dès 1882 pour Papeete et 1887 pour Mataiea la laïcisation des écoles publiques tenues par les frères à Tahiti. Dès le 4 septembre 1866, Charles Viénot envisage cette perspective. Sa participation au Comité d'Instruction Publique en 1876, l'appui du Gouverneur Chessé en 1880, des Amiraux Jauréguiberry et Cloué en 1881, en permettant l'application dès octobre 1882 à Papeete40. Il s'agit d'une question politique et religieuse, comme le constate le gouverneur Planche en 187941.
« Nos écoles fonctionnent bien et l'instruction publique primaire est certainement plus avancée à Tahiti et Moorea que dans beaucoup de départements français. On rencontre peu de tahitiens, dans les districts, qui ne sachent lire, écrire et calculer couramment. Les dispositions naturelles sur le calcul sont même extraordinaires… Une diminution a été opérée sur le personnel des écoles publiques catholiques afin de reporter l'économie sur l'école protestante indigène de Papeete qui est disposée à devenir école publique. »
Le 12 février 1879, le gouverneur demande au Ministre : « Quelle est la nature et la durée des contrats de direction des Écoles pour les Frères et les Sœurs ? Il n'y a localement aucun acte. » La réponse du Ministre Jauréguiberry est « qu'aucune clause n'existait qui puisse empêcher l'administration d'employer d'autres instituteurs pour diriger les écoles... (de plus) il est opportun de diriger l'instruction conformément aux idées religieuses de la majorité de la population de la colonie »42. Dès le 2 septembre 1879, par arrêté n°368, le gouverneur supprime deux postes de frères et deux postes de sœurs qui « devront prendre passage sur le premier bâtiment qui partira de Tahiti pour se rendre en France ».
Le report sur les protestants de ce qui est retiré aux catholiques, selon les accords entre la Marine et la S.M.E.P., paraît curieux aux milieux laïcs qui « veulent une école séparée de l'Église et du Temple ». En janvier 1880, le gouverneur écrit au Ministre : « Le Conseil a refusé de remplacer les écoles actuelles par une école laïque, chose bonne et rationnelle ; mais le moment n'est pas arrivé... Les finances locales ne peuvent supporter cette dépense de 80 à 100 000 F. Le Conseil n'admet pas les écoles de culte qui entretiennent l'antagonisme. C'est un dilemme d'où il est difficile de sortir. Le Gouvernement n'a jamais entendu créer des écoles de culte proprement dites ; cependant les subventions et les divisions les font considérer comme telles. Où trouver des instituteurs laïques pour remplacer les instituteurs actuels aux modestes appointements ? »43
Le 30 juin, un entrefilet prévient que « les Frères et les Sœurs exerçant dans les Écoles du Gouvernement continueront à professer jusqu'à nouvel ordre ». Il faut deux années pour trouver des remplaçants aux frères qui cessent le 1er octobre 1882. Ce ne sera pas le succès escompté. Les familles continuent de faire confiance aux frères qui ont fondé une école libre dans le cadre de la Mission. En 1887, le gouverneur Lacascade constate le « délabrement de l'Enseignement Public » ; les pasteurs Vernier, Brun et de Pomaret se plaignent que les « écoles publiques soient exclusivement en français, laïques, sans prières et qu'on y cultive la mémoire et non pas le cœur »44.
La laïcisation pose aux Frères de Ploërmel et à Mgr Tepano Jaussen une grave question pastorale et financière. Le Supérieur Général des Frères ne pouvant entretenir une école libre à Tahiti à la charge de la congrégation, leur demande « de céder à la violence et de se retirer » (17 mars 1881). Tel n'est pas l'avis de l'évêque et des familles. Le 7 février 1882, Mgr Tepano et le Fr. Juvénal signent un accord de principe sur le maintien de quatre frères dans les mêmes conditions que celles de l'administration. Le Supérieur et le Conseil des Frères de Ploërmel l'acceptent. Le Conseil de la Mission aussi. « Nous avons tenu Conseil, les PP. Collette, Martin et moi. Les Frères consentent à rester, moyennant une installation évaluée à 20-25 000 F et une dépense annuelle de 10 000 F (2 000 F par frère et par an). La Mission peut faire la dépense d'installation ; elle ne pourra pas distraire annuellement 10 000 F... C'est un appel à la Providence (10 mars 1882)… Les Frères et les Sœurs ont leur installation : 35 000 F. Le plus difficile sera de les maintenir, en sacrifiant 15 000 F par an de notre allocation. Nos placements s'en vont. En 1882, je le dis avec effroi, la Mission a dépensé 105 000 F (4 mars 1883). »45 Le Vicariat de Tahiti est le seul à faire un tel effort pour garder les Frères de Ploërmel chassés des colonies par les lois laïques. Jusqu'à l'application de la loi Debré en 1975, ce sera une très lourde charge. Malgré cet effort, les frères vivent dans une très grande pauvreté46. Ils seront de plus en plus aidés par les Anciens.
Comme les élèves continuent d'aller à l'école des frères dès l'ouverture de leur école libre à Papeete et que Mgr Verdier vient y faire le catéchisme, les frères sont menacés à cause de cela. Le laïcisme du moment ne tolère pas l'enseignement religieux dans une école religieuse47. La situation est délicate pour les frères : ils sont plébiscités par la population et la majorité des élèves n'est pas catholique ; ils sont désormais une école libre de la Mission catholique qui désire que les frères soient explicitement missionnaires. Pour tous c'est une mutation délicate à réaliser au milieu de tensions considérables. Les Vicaires Apostoliques successifs expriment à la fois leur réserve, parfois irritée, devant des frères qu'ils trouvent plus « instituteurs et universitaires » que religieux missionnaires, et leur admiration profonde pour le travail de formation de la jeunesse48. La grande figure de cette difficile période de luttes incessantes et de succès grandissants est celle du populaire Fr. Alain Guitton (1890-1913). Le 13 janvier 1944, la Colonie reconnaît officiellement les services rendus par l'enseignement catholique à Tahiti.
Le 16 décembre 1945, Mgr Paul Mazé pose la première pierre du nouveau bâtiment du collège La Mennais, financé par les anciens élèves et les parents ; il est inauguré en 1948. Avec le développement de Tahiti et le soutien actif de l'évêque, les écoles des Frères se déploient dans la zone urbaine : 6 octobre 1958, ouverture de l'école Saint-Paul ; septembre 1965, fondation de l'école Fariimata ; septembre 1968, lancement de l'école Saint-Hilaire à Faaa.
De nombreux mouvements de jeunes, des activités très diverses sont lancées et animées par les frères. La musique y est à l'honneur par la célèbre fanfare qui anime les fêtes officielles, comme le défilé de la Victoire de 1918 ; ce qui ne plaît pas à tout le monde, si on en croit le « Journal de Papeete ». En plus de la musique, chère aux Tahitiens, le sport sous toutes ses formes est mis à l'honneur. Lorsqu'en 1964, les écoles chinoises de Tahiti ferment leurs portes, la plupart de ses 200 élèves s'inscrivent chez les frères. Avec l'arrivée du C.E.P. en 1963 et le doublement de la population en vingt ans, avec l'introduction de la loi Debré en 1974 et 1975, une époque nouvelle est commencée, préparée du reste par la politique bienveillante et constante des différentes Assemblées Territoriales qui subventionneront les écoles privées pour le traitement des maîtres, les besoins pédagogiques et parfois même certaines constructions.
Aux Marquises, les Frères de Ploërmel se sont implantés en trois périodes différentes, liées aux difficultés du moment. Un premier essai a lieu de 1863 à 1866. En avril 1863, à la demande de Mgr Dordillon, alors directeur des affaires indigènes, les Fr. Stanislas, Gatien et Emilas fondent une école de garçons à Taiohae (Nuku-Hiva). Le 20 août suivant, une épidémie de petite vérole apportée par un bateau, fait disparaître la moitié de la population : 958 décès pour 998 survivants. Le Fr. Arthémas qui savait vacciner, part pour Taiohae avec les sœurs de Cluny. Les classes reprennent en avril 1864. Mais le gouverneur de la Roncière, plus favorable aux formations manuelles et découragé par les médiocres résultats des élèves ainsi que par le mauvais état de santé des frères, supprime la prise en charge des frères et des sœurs qui se retirent en 186649.
Le second essai se déroule de 1898 à 1904 à Atuona et Puamau sur l'île de Hiva-Oa. MgrMartin, avec l'accord de Mgr Verdier, obtient du Fr. Alain Guitton les trois frères destinés à Mangareva (une première demande pour cette île en 1887 avait été refusée à cause de la laïcisation de Mataiea cette année-là). En décembre 1898, les Fr. Prudent, Mesmin et Emilius arrivent, avec Mgr Martin, à Atuona, la résidence du Vicaire Apostolique à cette époque. Les Fr.Mesmin et Emilius fondent une école à Puamau de l'autre côté de l'île de Hiva-Oa. Ces deux écoles sont des internats dont les familles assurent la subsistance. Les écoles prospèrent rapidement et les enfants « parlent hardiment le français ». Les conditions sont fort pénibles et là aussi la fanfare fait merveille. Malheureusement Paul Gauguin fit tout son possible pour « démontrer aux parents qu'ils n'avaient aucune obligation d'envoyer leurs enfants aux écoles d'Atuona, surtout les filles ». Le 9 décembre 1904 les Frères regagnent Papeete, leur école ayant été déclarée « sans autorisation réglementaire » le 7 septembre précédent. La laïcisation fermait ainsi les écoles des frères et des sœurs aux Marquises.
Le troisième essai est commencé depuis le 5 août 1971 à Taiohae. Les Frères de Ploërmel y prennent l'école-internat Saint-Joseph qui avait été ouverte en 1960 par Mgr Tirilly. Depuis 1922, Mgr Le Cadre soupirait après cette reprise d'une école de garçons aux Marquises.
_____________________
39 P . O'REILLY : 100 ans au service de la jeunesse tahitienne, p.5.
40 Ch. VIENOT : lettres de 1866 à 1881, D.E.F.A.P. Océanie.
41 Gouverneur PLANCHE au Ministre (12-2-1879 ; 12-8-1879 ; 31-10-1879), F.O.M. Océanie C 98, H 31.
42 JAUREGUIBERRY au Gouverneur (14-5-1879); B.O., E.F.O. n°7, 1879, acte n°283.
43 Gouverneur au Ministre (12-1-1880), F.O.M. Océanie C 98, H 31.
44 Pasteurs VERNIER (12-9-1883), BRUN (14-3-1887), BRUN et de POMARET (15-9-1890), D.E.F.A.P. Océanie.
45 Mgr JAUSSEN au T.R.P. (10-3-1882 ; 4-3-1883), Ar. SS.CC 58,1 - Cette année-là les recettes de la Mission sont de 72 000 F, dont 50 000 F de la Propagation de la Foi.
46 Frère ROMAIN-PIERRE au Supérieur Général (22-2-1935), Ar. F.I.C Tahiti.
47 P.R. MARTIN au T.R.P. (10-11-1885), Ar. SS.CC. 47,2.
48 Mgr VERDIER au T.R.P. (18-4-1884) - P. DELPUECH à Mgr VERDIER (10-12-1892) - MgrHERMEL (16-7-1905) - Mgr MAZE (1-8-1939, 29-9-1960), Ar. SS.CC - Frère THEOPHILE au T.C.F. Général (23-10-1922), Ar. F.I.C Océanie.
49 Mgr DORDILLON au T.R.P. (2-10-1864, 2-10-1864, 29-8-1868), Ar. SS.CC. 47, 1.
(Tahiti 1834-1984, pp.292-295)
© Copyright 1983 – Archevêché de Papeete
Des « oui » qui nous prépare au grand « oui »
Commentaire de l’Évangile du 4ème Dimanche de l’Avent
Le Père Pascal Montavit nous offre son commentaire de l'Évangile de ce quatrième dimanche de l'Avent (Luc 1, 26-38).
En ce dernier dimanche de l’Avent, nous méditons sur l’Annonciation dans l’Évangile selon saint Luc. La Vierge Marie apprend qu’elle va mettre au monde le Messie, le Fils de Dieu. Voyons comment ce récit nous permet de mieux comprendre la vocation si extraordinaire de Marie.
Marie vit à Nazareth, petit village de Galilée. Il n’est rien dit sur ce qu’elle faisait. Le Seigneur choisit une femme inconnue aux yeux du monde, résidant dans un lieu tout aussi inconnu pour porter le plus grand mystère de l’histoire. De plus, Marie est accordée en mariage. Cette mise en contexte renvoie à une situation classique de la vie quotidienne. Mais le Seigneur intervient et bouleverse tout. Il en est bien ainsi lorsque Dieu agit. Ce qui était attendu depuis des siècles devient réalité. Une fille d’Israël attend le Messie. Cet événement unique éclaire notre propre vie. Lorsqu’il nous semble que la vie suit son cours, avec ses joies, ses peines, n’oublions pas que le Seigneur peut intervenir à tout moment.
Un ange entre chez Marie et lui dit : « Je te salue, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1,28). Il est dit que Marie fut toute bouleversée à cette parole. Il est important de noter que Marie ne s’attend pas à cette apparition de l’ange et qu’elle s’étonne de cette salutation. Marie est au début d’un chemin de foi qu’elle découvre à l’instant et qu’elle continuera de découvrir toute sa vie. C’est pourquoi nous pouvons parler de la foi de Marie : Marie qui dit « oui » à l’Annonciation ; Marie qui dit « oui » lorsqu’elle voit son fils partir et s’attirer beaucoup d’opposants parmi les personnages les plus influents en Israël ; Marie qui dit « oui » aussi lorsque son fils est crucifié sur la Croix et que lui est présenté Jean, comme son fils. Toute la vie de Marie est une succession de « oui ». Mais le « oui » le plus important est peut-être le premier. Tous les autres « oui » dits au Bon Dieu découlent du premier. Le Cardinal Wojtila, lorsqu’il sera élu pape, dira la même chose. Jean-Paul II expliquera que son « oui » pour être nommé évêque, puis pape, résultent du premier « oui ». Comment dire « non » alors que le premier « oui » contenait déjà en lui tous les « oui » qui devaient suivre ? C’est en ce sens que nous pouvons nous préparer au grand jour où nous rencontrerons le Christ. Tous les petits « oui » que nous avons pu dire sur la Terre auront préparé notre âme à accueillir l’Amour Miséricordieux du Seigneur pour l’éternité.
Lorsque l’Ange lui annonce qu’elle va concevoir et enfanter un fils, Marie répond « Comme cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » (Lc 1,34). Cette interrogation de Marie ne doit pas être comprise comme un doute mais plutôt comme un empressement. Marie est, en fait, en train de dire : « Que dois-je faire pour que la volonté du Seigneur se réalise ? ». Marie adhère tout de suite au projet de Dieu dans sa vie car elle sait qu’elle Lui doit tout et que son Créateur n’est qu’Amour.
En ce jour, nous pouvons prier pour nous mettre à l’école de Marie qui est présente lorsque le Seigneur vient la visiter. Le cœur de Marie est disposé à recevoir toute parole du Seigneur. Prions pour que nos cœurs soient ouverts à cette visite de Dieu dans notre vie.
© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana