PKO 21.09.2014

Dimanche 21 septembre 2014 – 25ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°50/2014

HUMEURS

Journée Mondiale du Tourisme… samedi 27 septembre

Le tourisme est l’avenir de la Polynésie… nous disent les économistes… Je ne suis pas très doué en économie, mais je veux bien les croire… mais  une chose est sûre, il  reste du chemin à parcourir…

L’autre jour, j’ai entrepris d’aller en bus à Tibériade afin d’y vivre ma retraite … un vrai parcours du combattant !

Il faut, pour commencer, savoir où se prend le bus… il y bien eu des communiqués pour nous dire que désormais c’était à côté de la gare maritime… mais allez voir… il y a bien un arrêt de bus, mais aucune indication ne précise qu’il s’agit bien  de la ligne pour la presqu’île… seul panneau : les bus de nuit pour les fins de semaine…

Si le lieu de départ est difficilement identifiable… inutile de parler d’indication sur les heures de départ… L’Office du Tourisme… !!! Ils n’en savent pas plus que vous ! Il vous faudra aller au rond-point de la Base Marine… et là, au bout de ce parcours et,  si vous avez de la chance, un chauffeur sera présent dans un des bus en attente et vous indiquera le lieu et l’heure du départ… 13h…

À 13h, me voilà parti pour Taravao… comme il n’y a pas de ligne directe pour Toahotu-Teahupoo… il faut prendre la correspondance à Taravao devant Carrefour… Seulement, lorsque vous arrivez à Taravao, la correspondance n’a pas attendu le bus de Papeete… il ne vous reste plus qu’à vous transporter à destination avec vos pieds  ou à attendre le bus de 17h00 en provenance de Papeete !

Mais à part  ça, tout va très bien Madame la Marquise, tout va très bien !

EN MARGE DE L’ACTUALITÉ

Non à l’acédie égoïste – Pape François

 

81. Quand nous avons davantage besoin d’un dynamisme missionnaire qui apporte sel et lumière au monde, beaucoup de laïcs craignent que quelqu’un les invite à réaliser une tâche apostolique, et cherchent à fuir tout engagement qui pourrait leur ôter leur temps libre. Aujourd’hui, par exemple, il est devenu très difficile de trouver des catéchistes formés pour les paroisses et qui persévèrent dans leur tâche durant plusieurs années. Mais quelque chose de semblable arrive avec les prêtres, qui se préoccupent avec obsession de leur temps personnel. Fréquemment, cela est dû au fait que les personnes éprouvent le besoin impérieux de préserver leurs espaces d’autonomie, comme si un engagement d’évangélisation était un venin dangereux au lieu d’être une réponse joyeuse à l’amour de Dieu qui nous convoque à la mission et nous rend complets et féconds. Certaines personnes font de la résistance pour éprouver jusqu’au bout le goût de la mission et restent enveloppées dans une acédie paralysante.

82. Le problème n’est pas toujours l’excès d’activité, mais ce sont surtout les activités mal vécues, sans les motivations appropriées, sans une spiritualité qui imprègne l’action et la rende désirable. De là découle que les devoirs fatiguent démesurément et parfois nous tombons malades. Il ne s’agit pas d’une fatigue sereine, mais tendue, pénible, insatisfaite, et en définitive non acceptée. Cette acédie pastorale peut avoir différentes origines. Certains y tombent parce qu’ils conduisent des projets irréalisables et ne vivent pas volontiers celui qu’ils pourraient faire tranquillement. D’autres, parce qu’ils n’acceptent pas l’évolution difficile des processus et veulent que tout tombe du ciel. D’autres, parce qu’ils s’attachent à certains projets et à des rêves de succès cultivés par leur vanité. D’autres pour avoir perdu le contact réel avec les gens, dans une dépersonnalisation de la pastorale qui porte à donner une plus grande attention à l’organisation qu’aux personnes, si bien que le « tableau de marche » les enthousiasme plus que la marche elle-même. D’autres tombent dans l’acédie parce qu’ils ne savent pas attendre, ils veulent dominer le rythme de la vie. L’impatience d’aujourd’hui d’arriver à des résultats immédiats fait que les agents pastoraux n’acceptent pas facilement le sens de certaines contradictions, un échec apparent, une critique, une croix.

83. Ainsi prend forme la plus grande menace, « c’est le triste pragmatisme de la vie quotidienne de l’Église, dans lequel apparemment tout arrive normalement, alors qu’en réalité, la foi s’affaiblit et dégénère dans la mesquinerie ». La psychologie de la tombe, qui transforme peu à peu les chrétiens en momies de musée, se développe. Déçus par la réalité, par l’Église ou par eux-mêmes, ils vivent la tentation constante de s’attacher à une tristesse douceâtre, sans espérance, qui envahit leur cœur comme « le plus précieux des élixirs du démon ». Appelés à éclairer et à communiquer la vie, ils se laissent finalement séduire par des choses qui engendrent seulement obscurité et lassitude intérieure, et qui affaiblissent le dynamisme apostolique. Pour tout cela je me permets d’insister : ne nous laissons pas voler la joie de l’évangélisation !

(Exhortation apostolique « Evangelii gaudium »)

 

La communauté chrétienne qui ne sort pas, meurt

Audience générale du mercredi 17 septembre 2014 du Pape François

La communauté chrétienne qui ne sort pas meurt : c'est en substance la mise en garde du pape François, lors de l'audience générale. Le pape a prononcé mercredi matin sa septième catéchèse consacrée à l’Église : après « l’initiative de Dieu », « l’appartenance » des chrétiens à l’Église, l’Église « Nouvelle Alliance et nouveau peuple », l’Église « une et sainte », « la maternité de l’Église » et « l’Église éducatrice à la miséricorde » le pape a médité sur l’Église « catholique et apostolique ». « Si l’Église est née catholique, cela veut dire qu'elle est née “pour sortir”, qu'elle est née missionnaire », a-t-il expliqué en faisant observer que « si les Apôtres étaient restés dans le cénacle, sans sortir pour porter l’Évangile, l’Église ne serait que l’Église de tel peuple, de telle cité, de tel cénacle ». Aujourd'hui les baptisés se situent « en continuité avec ce groupe des Apôtres qui a reçu l'Esprit Saint et qui est "sorti" pour prêcher » : ils sont eux aussi « envoyés porter à tous les hommes cette annonce de l’Évangile, en l'accompagnant des signes de la tendresse et de la puissance de Dieu », a souligné le pape.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Cette semaine nous continuons à parler de l’Église. Quand nous professons notre foi, nous affirmons que l’Église est « catholique et « apostolique ». Mais quelle est vraiment la signification de ces deux mots, de ces deux adjectifs donnés à l’Église ? Quelle valeur ont ils pour la communauté chrétienne et pour chacun d'entre nous ?

1. Catholique veut dire universelle. Une définition complète et claire nous est donnée par un des Pères de l’Église des premiers siècles, saint Cyril de Jérusalem, lorsqu'il affirme : « Sans aucun doute l’Église est dite catholique, c'est à dire universelle, par le fait qu'elle est communiquée à tous d'un bout à l'autre des extrémités de la terre ; parce que universellement et sans exception elle enseigne toutes les vérités qui doivent être portées à la connaissance des hommes, celles qui concernent aussi bien les choses célestes que celles terrestres. »

Un signe évident de la catholicité de l’Église est qu'elle parle toutes les langues. C'est l'effet de la Pentecôte (Ac 2,1-13) : en effet, c'est l'Esprit Saint, qui a permis aux Apôtres et à l’Église entière de faire entendre à tous, jusqu'aux confins de la terre, la Bonne Nouvelle du Sauveur et de l'amour de Dieu. Ainsi l’Église est née catholique, c'est à dire « en symphonie » depuis les origines, et ne peut être que catholique, projetée vers l'évangélisation et à la rencontre de tous. La parole de Dieu aujourd'hui se lit dans toutes les langues, chacun a l’Évangile dans sa propre langue, pour le lire. Je reviens sur la même idée : il est toujours bon de prendre avec soi un petit Évangile, pour le mettre dans sa poche, dans son sac et pendant la journée le lire un moment. Cela nous fait du bien. L’Évangile est diffusé dans toutes les langues parce que l’Église, l'annonce de Jésus Christ Rédempteur, est dans le monde entier. C'est pour cela que l'on dit que l’Église est catholique, parce qu'elle est universelle.

2. Si l’Église est née catholique, cela veut dire qu'elle est née « pour sortir », qu'elle est née missionnaire. Si les Apôtres étaient restés dans le cénacle, sans sortir pour porter l’Évangile, l’Église ne serait que l’Église de tel peuple, de telle cité, de tel cénacle. Mais tous sont sortis pour le monde entier, dès la naissance de l’Église, au moment où l'Esprit Saint descendit sur eux. L’Église est née « pour sortir », c'est à dire missionnaire. C'est ce que nous exprimons en la qualifiant d'apostolique, parce que l'apôtre est celui qui porte la bonne nouvelle de la Résurrection de Jésus. Ce terme nous rappelle que l’Église est fondée sur les Apôtres et en continuité avec eux – ce sont les Apôtres qui sont allés et ont fondé de nouvelles églises, ont constitué de nouveaux évêques et ainsi dans le monde entier, en continuité. Aujourd'hui nous sommes tous en continuité avec ce groupe des Apôtres qui a reçu l'Esprit Saint puis est « sorti » pour prêcher, [nous sommes] envoyés porter à tous les hommes cette annonce de l’Évangile, en l'accompagnant des signes de la tendresse et de la puissance de Dieu. Ceci aussi prend sa source à l’événement de la Pentecôte : en effet, c'est l'Esprit Saint qui dépasse toutes les résistances, qui vainc la tentation de se fermer sur soi-même, entre quelques élus, et de se considérer les uniques destinataires de la bénédiction de Dieu. Si certains disent par exemple : « nous sommes les seuls élus », à la fin ils meurent. Ils mourront d'abord de l'âme et ensuite du corps, parce qu'ils n'ont pas la vie, ils ne sont pas capables de générer la vie, pour d'autres personnes, d'autres peuples : ils ne sont pas des apôtres. C'est vraiment l'Esprit Saint qui nous conduit à la rencontre des frères, même ceux qui sont les plus éloignés dans tous les sens du terme, pour qu'ils puissent partager avec nous l'amour, la paix, la joie que le Seigneur Ressuscité nous a laissés en don.

3. Pour notre communauté et pour chacun d'entre nous, que signifie faire partie d'une Église qui est catholique et apostolique ? Avant tout, cela signifie prendre à cœur le salut de toute l'humanité, ne pas se sentir indifférent ou étranger face au sort de tant de nos frères, mais ouverts et solidaires envers eux. En outre cela signifie avoir le sens de la plénitude, de la complétude, de l'harmonie de la vie chrétienne, refusant toujours les positions partielles, unilatérales, qui nous ferment en nous mêmes.

Faire partie de l’Église apostolique veut dire que nous sommes conscients que notre foi est ancrée sur l'annonce et le témoignage des Apôtres de Jésus eux-mêmes – c'est ancré là, c'est une longue chaîne qui vient de là - ; c'est donc se sentir toujours envoyés, se sentir mandatés, en communion avec les successeurs des Apôtres, pour annoncer, avec le cœur plein de joie, le Christ et son amour à toute l'humanité. Ici je voudrais rappeler la vie héroïque de nombreux missionnaires qui ont quitté leur patrie pour aller annoncer l’Évangile dans d'autres pays, d'autres continents. Un cardinal brésilien me disait qu'il travaillait beaucoup en Amazonie et quand il va dans un endroit, dans un pays ou dans une ville de l'Amazonie, il va toujours au cimetière et là il voit les tombes de ces missionnaires, prêtres, frères, sœurs, qui sont allés prêcher l’Évangile des apôtres. Et il pense : tous ceux-là peuvent être canonisés sur-le-champ, ils ont tout laissé pour annoncer Jésus Christ. Rendons grâce au Seigneur parce que notre Église a tant de missionnaires, a eu tant de missionnaires et en a plus besoin encore : Remercions le Seigneur pour cela. Peut-être que parmi tant de jeunes, garçons, filles qui sont ici, quelques uns ont le désir de devenir missionnaires : allez de l'avant ! Il est beau de porter l’Évangile de Jésus. Soyez courageux et courageuses !

Demandons maintenant au Seigneur de renouveler en nous le don de son Esprit, pour que chaque communauté chrétienne et chaque baptisé soit l'expression de notre sainte mère l’Église catholique et apostolique.

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Le tourisme et le développement des communautés

Message du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants - 2014

En vue de la Journée mondiale du tourisme, le 27 septembre 2014, le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement a rendu public le 11 juillet 2014 son message daté du 1er juillet. Celui-ci, autour du thème : le tourisme et le développement des communautés. Il  est signé du cardinal Vegliò, président du conseil, et de Mgr Kalathiparambil, son secrétaire. Pour le Conseil pontifical, la notion de « développement communautaire » à travers le tourisme doit tendre à la réalisation d’un progrès équilibré, durable et respectueux, dans trois domaines : économique, social et environnemental.

1. Le 27 septembre prochain, la Journée Mondiale du Tourisme, promue comme chaque année par l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), sera célébrée sur le thème « Le tourisme et le développement des communautés ». Conscient de l'importance sociale et économique du tourisme aujourd'hui, le Saint-Siège veut accompagner ce phénomène à partir du cadre qui lui est propre, en particulier dans le contexte de l'évangélisation.

Dans son Code Éthique Mondial, l'OMT affirme que le tourisme doit être une activité bénéfique pour les communautés de destination : « Les populations locales sont associées aux activités touristiques et participent équitablement aux bénéfices économiques, sociaux et culturels qu’elles génèrent, et spécialement aux créations d’emplois directes et indirectes qui en résultent ».1 Ce qui signifie qu'il est nécessaire d'instaurer entre les deux réalités un rapport de réciprocité qui conduise à un enrichissement mutuel.

La notion de « développement communautaire » est étroitement liée à un plus vaste concept qui fait partie de la doctrine sociale de l'Église : celui du « développement humain intégral », à partir duquel nous pouvons lire et interpréter le premier. Nous sommes éclairés sur ce point par les paroles du Pape Paul VI qui, dans l'Encyclique Populorum progressio, affirmait que « le développement ne se réduit pas à la simple croissance économique. Pour être authentique, il doit être intégral, c'est-à-dire promouvoir tout homme et tout l'homme ».2

Comment le tourisme peut-il contribuer à ce développement ? Pour ce faire, le développement humain intégral et, par conséquent, le développement communautaire dans le domaine du tourisme, doivent tendre à la réalisation d'un progrès équilibré, durable et respectueux, dans trois domaines : économique, social et environnemental, ce qui englobe aussi bien la sphère écologique que le contexte culturel.

2. Le tourisme est un moteur fondamental de développement économique, du fait de son importante contribution au PIL (entre 3% et 5% au niveau mondial), à l'emploi (entre 7% et 8% des emplois) et aux exportations (30% des exportations mondiales de services).3

Actuellement, alors que l'on constate une diversification des destinations, chaque point de la planète devient un but potentiel. C'est pourquoi le secteur du tourisme ressort comme étant l'une des options les mieux réalisables et les plus durables pour réduire le niveau de pauvreté des zones plus arriérées. S'il est développé de façon adéquate, il peut constituer un instrument précieux de progrès, de créations d'emplois, de développement d'infrastructures et de croissance économique.

Nous avons conscience de ce que, comme l'a affirmé le Pape François, « la dignité de l’homme est liée au travail », de sorte que nous sommes appelés à affronter le problème du chômage avec « les instruments de la créativité et de la solidarité ».4 Dans cette ligne, le tourisme apparaît comme étant l'un des secteurs le plus capable de générer un type d'emploi « créatif » et diversifié, dont les groupes plus défavorisés – parmi lesquels les femmes, les jeunes et certaines minorités ethniques – peuvent bénéficier plus aisément.

Il est essentiel que les bénéfices économiques du tourisme parviennent à tous les secteurs de la société locale, et qu'ils aient un impact direct sur les familles. En même temps, il faut recourir le plus possible aux ressources humaines locales. Il est tout aussi fondamental, pour obtenir ces bénéfices, de suivre des critères éthiques qui, avant tout, soient respectueux des individus, au niveau communautaire mais aussi de chaque personne, en refusant « une conception purement économique de la société, qui recherche le profit égoïste, sans tenir compte des paramètres de la justice sociale ».5 En effet, personne ne peut édifier sa propre prospérité aux dépens d'autrui.6

Les bénéfices d'un tourisme qui soit en faveur du « développement communautaire » ne peuvent être réduits exclusivement à l'aspect économique ; ils ont d'autres dimensions tout aussi importantes, sinon plus. Parmi celles-ci, citons l'enrichissement culturel, l'opportunité de rencontres humaines, la création de « biens relationnels », la promotion du respect réciproque et de la tolérance, la collaboration entre les organismes publics et privés, le renforcement du tissu social et associatif, l'amélioration des conditions sociales de la communauté, l'encouragement à un développement économique et social durable, et la promotion de la formation des jeunes à l'emploi, pour n'en citer que quelques-unes.

3. Le développement du tourisme exige que le rôle principal soit assumé par la communauté locale, qui doit le faire sien, avec la présence active des partenaires sociaux, institutionnels et des organismes civiques. Il est important de créer les structures adéquates de participation et de coordination, en prenant des engagements, en intégrant les efforts et en déterminant des objectifs communs et des solutions basées sur le consentement. Il ne s'agit pas de faire quelque chose « pour » la communauté, mais « avec » la communauté.

En outre, une destination touristique ce n'est pas seulement un beau paysage, ou une infrastructure confortable, mais c'est avant tout une communauté locale, avec son environnement physique et sa culture. Il faut promouvoir un tourisme qui se développe en harmonie avec la communauté qui l'accueille, avec l'environnement, avec ses formes traditionnelles et culturelles, avec son patrimoine et ses styles de vie. Et, dans cette rencontre respectueuse, la population locale et les visiteurs peuvent créer un dialogue productif qui encourage la tolérance, le respect et la compréhension réciproque.

La communauté locale, elle, doit se sentir appelée à protéger son propre patrimoine naturel et culturel, en en approfondissant la connaissance, en en étant orgueilleuse, en le respectant et en le mettant en valeur, afin de pouvoir le partager avec les touristes et le transmettre aux générations futures.

Enfin, les chrétiens du lieu aussi doivent pouvoir montrer leur art, leurs traditions, leur histoire, leurs valeurs morales et spirituelles, mais surtout la foi qui en est à l'origine et qui lui donne un sens.

4. Dans ce parcours vers un développement intégral et communautaire, l'Église, experte en humanité, veut apporter sa contribution en offrant sa vision chrétienne du développement, en proposant « ce qu'elle possède en propre : une vision globale de l'homme et de l'humanité ».7

À partir de notre foi, nous pouvons offrir le sens de la personne, le sens de communauté et de fraternité, de solidarité, de recherche de la justice, de nous savoir les gardiens (et non les propriétaires) de la création et, sous l'action de l'Esprit Saint, continuer collaborer avec l'œuvre du Christ.

Suivant ce que le Pape Benoît XVI demandait aux agents de la pastorale du tourisme, nous devons accroître nos efforts afin d'« éclairer ce phénomène par la doctrine sociale de l’Église, en promouvant une culture de tourisme éthique et responsable, de telle sorte qu’il parvienne à être respectueux de la dignité des personnes et des peuples, accessible à tous, juste, durable et écologique ».8

C'est avec une joie particulière que nous constatons comment, dans diverses parties du monde, l'Église a reconnu le potentiel du secteur touristique et mis en route des projets simples mais efficaces.

Il y a toujours plus d'associations chrétiennes qui organisent des voyages de tourisme responsable dans des régions en développement, ainsi que d'autres qui promeuvent le tourisme dit « solidaire ou de volontariat », où les personnes emploient le temps de leurs vacances pour collaborer à des projets de coopération dans les pays en voie de développement.

Remarquables aussi sont les programmes de tourisme durable et solidaire, promus par des Conférences épiscopales, des diocèses ou des congrégations religieuses dans des zones désavantagées, qui accompagnent les communautés locales en les aidant à créer des espaces de réflexion, en encourageant la formation et l'autodétermination, en offrant leurs conseils et en collaborant à la rédaction de projets, et en favorisant le dialogue avec les autorités et avec d'autres groupes. Tout cela a conduit à la création d'une offre touristique gérée par les communautés locales, à travers des associations et des micro-entreprises consacrées au tourisme (logement, restauration, guide, production artisanale, etc.).

De plus, nombreuses sont les paroisses des zones touristiques qui accueillent les visiteurs en mettant à leur disposition des propositions liturgiques, formatrices et culturelles, avec le désir que les vacances « soient au profit d’une croissance humaine et spirituelle. C’est certainement “un temps propice pour une détente physique et également pour nourrir l’esprit à travers des espaces plus amples de prière et de méditation, pour croître dans le rapport personnel avec le Christ” ».9 Aussi s'efforcent-elles de développer une « pastorale de l’amabilité », qui leur permette de fournir une hospitalité dans un esprit d'ouverture et de fraternité, en montrant le visage d'une communauté vivante et accueillante. Et une hospitalité plus efficace nécessite une collaboration avec les autres secteurs impliqués.

Ces propositions pastorales sont chaque jour plus significatives, en particulier lorsque se développe un type de « touriste existentiel », qui cherche à instaurer des liens avec la population locale et aspire à se sentir comme un membre de la communauté hôte, en participant à sa vie quotidienne et en mettant en valeur la rencontre et le dialogue.

De sorte que le souci ecclésial dans la sphère touristique s'est concrétisé dans de nombreux projets, engendrés par une multitude d'expériences nées de l'effort, de l'enthousiasme et de la créativité de nombreux prêtres, religieux et laïcs qui entendent, de la sorte collaborer au développement socio-économique, culturel et spirituel de la communauté locale, et l'aider à regarder vers l'avenir avec espoir.

En étant consciente que sa première mission est d'évangéliser, l'Eglise désire ainsi offrir sa collaboration, souvent humble, pour répondre aux situations concrètes des peuples, en particulier de ceux qui se trouvent le plus dans le besoin. Elle le fait, avec la conviction que « nous évangélisons aussi quand nous cherchons à affronter les différents défis qui peuvent se présenter ».10

Cité du Vatican, 1er juillet 2014

Antonio Maria Card. Vegliò, Président

+ Joseph Kalathiparambil, Secrétaire

_____________________

1      Organisation Mondiale du Tourisme, Code Éthique Mondial du Tourisme, 1er octobre 1999, art.5 §1.

2      Paul VI, Encyclique Populorum progressio, 26 mars 1967, n°14.

3      Cf. Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) et Conseil Mondial des Voyages et du Tourisme (WTTC), Lettre ouverte aux Chefs d'État et de Gouvernement sur les voyages et le tourisme.

4      François, Discours aux dirigeants et aux ouvriers des aciéries de Terni, et aux fidèles du diocèse de Terni-Narni-Amelia, 20 mars 2014.

5      François, Audience générale, 1er mai 2013.

6      « Les pays riches ont démontré qu'ils avaient la capacité de créer du bien-être matériel, mais souvent au détriment de l'homme et des couches sociales les plus faibles » (Conseil Pontifical « Justice et Paix », Compendium de la Doctrine Sociale de l'Église, 2 avril 2004, n°374).

7      Paul VI, Encyclique Populorum progressio, 26 mars 1967, n°13.

8      Benoît XVI, Message à l'occasion du VIIème Congrès mondial de la Pastorale du Tourisme, Cancún (Mexique), 23-27 avril 2012.

9      VIIème Congrès mondial de la Pastorale du Tourisme, Déclaration finale, Cancún (Mexique), 23-27 avril 2012.

10    François, Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 24 novembre 2013, n°61.

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Couples infertiles : des raisons d’espérer auprès de Ste Anne d’Auray

« Soyez féconds et multipliez-vous » par Juliette Chové

Sage-femme et titulaire d’un Master de la première promotion féminine de l’Institut Jean Paul II, Juliette Chové rencontre les couples infertiles ou hypofertiles. Elle leur donne des raisons d’espérer, sous la protection de sainte Anne, en Bretagne, près de Vannes, à Auray, où Jean-Paul II avait rencontré les familles, le 20 septembre 1996. Elle vient de publier, ce mois de septembre un livre au titre significatif : « Soyez féconds et multipliez-vous » (Téqui). Et elle confie à Zenit la dynamique de son engagement au service de la Vie humaine : un thème qui fera partie de la réflexion des membres du synode des évêques sur la famille en octobre prochain.

Zenit : Vous avez un Master en fertilité et sexualité conjugale obtenu à l’Institut pontifical Jean Paul II (aujourd'hui dépendant de l'Université du Latran, à Rome). Quel est cet Institut ?

Juliette Chové : L’Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille a été fondé par Jean-Paul II lui-même en 1981. Reconnu comme le « Pape de la famille », il a voulu un lieu pour que ceux qui interviennent au service des familles puissent recevoir une formation de type universitaire en Église. Ainsi, prêtres, séminaristes, religieux, laïcs, en charge de l’éducation affective et sexuelle des jeunes, de la préparation au mariage, de l’accompagnement des couples et des familles, de l’enseignement des méthodes naturelles de régulation de la fertilité, etc. qui suivent les cours, peuvent alors promouvoir la vision de l’Église catholique sur l’amour humain et la sexualité dans le plan de Dieu. L’enseignement est basé sur les catéchèses du début du pontificat de Jean-Paul II, rassemblées sous le titre de Théologie du Corps, et sur les encycliques qui concernent la famille : Humanae Vitae, Familiaris consortioDeus caritas est.

Zenit : Vous habitez près du sanctuaire de Sainte Anne d’Auray (Bretagne, France). Quel est son histoire ?

Juliette Chové : Ce lieu est marqué depuis de nombreux siècles par la dévotion à sainte Anne, probablement dès le début de la christianisation de cette région.

Cette dévotion s’est particulièrement développée depuis 17e siècle, après des apparitions de sainte Anne à Yvon Nicolazic, un paysan breton, respecté pour sa droiture et sa piété, auprès de qui ses voisins viennent souvent demander conseil. Nicolazic est d’abord guidé par une main tenant un flambeau qui l’accompagne les soirs où il travaille tard et voit parfois une dame vêtue de lumière. Le soir du 25 juillet 1624, veille de sa fête, elle se révèle à lui comme Anne, mère de Marie et lui demande de reconstruire la chapelle qui lui était dédiée et qui a été détruite – sainte Anne est très précise – il y a 924 ans et 6 mois, parce que, dit-elle, Dieu veut qu’elle soit honorée ici.

Le clergé est d’abord très réticent pour reconnaître que la vision de Nicolazic vient du Ciel. Sainte Anne encourage le voyant qui subit multiples brimades.

Le 7 mars 1625, guidé par le flambeau lumineux, Nicolazic découvre une statue représentant sainte Anne, qui était vénérée dans les premiers siècles avant que la chapelle ne soit détruite, et qui était enterrée dans un champ. Dès le lendemain, des pèlerins, prévenus mystérieusement, commencent à arriver à Ker Anna. Devant la foule qui se rassemble près de cette statue, l’évêque de Vannes ordonne une enquête ecclésiastique. La vénération de la statue de sainte Anne est finalement autorisée et la chapelle peut être rebâtie sur son lieu d’origine sous la direction de Nicolazic lui-même.

Après les apparitions, Nicolazic et sa femme Guillemette qui souffraient de stérilité ont pu voir naître quatre enfants à leur foyer. Leur premier fils est né après une douzaine d’années d’attente et de prière confiante à sainte Anne.

Les pèlerins n’ont jamais cessé de venir à Sainte Anne d’Auray, même dans les périodes troubles comme lors de la révolution française ou les guerres. C’est une grande grâce pour le diocèse de Vannes que d’avoir ce sanctuaire où chacun peut venir confier à l’aïeule du Christ joies et peines, que l’on soit marié ou célibataire, avec ou sans enfant, laïc ou consacré, etc.

Les couples en attente d’enfant viennent prier sainte Anne et Nicolazic, qui ont connu l’épreuve de la stérilité.

La reine Anne d’Autriche elle-même a invoqué sa sainte patronne. De nombreux autres couples plus anonymes ont témoigné de l’intercession de sainte Anne pour eux.

Zenit : Ainsi, ce sanctuaire a, dès son origine, une spécificité concernant les couples infertiles ou hypofertiles. Aujourd’hui comment cela se traduit-il ?

Juliette Chové : L’histoire de la stérilité d’Anne et Joachim et de la naissance miraculeuse de la sainte Vierge est rappelée tout simplement dans les cantiques traditionnels que nous chantons lors de la messe tout au long de l’année. D’ailleurs, la liturgie du 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge, est particulièrement solennisée. L’histoire de la naissance des enfants de Nicolazic est quant à elle rappelée lors de la veillée du Grand Pardon (fête de Sainte Anne) et d’un son-et-lumière racontant les apparitions.

Depuis 2009, à l’initiative d’un couple de Sainte Anne d’Auray, un pèlerinage officiel a lieu début septembre. Des couples se rassemblent pour prier ensemble, pour partager, pour se former et se soutenir les uns les autres. Des témoignages de ceux qui ont participé montrent combien cette journée les a ressourcés, encouragés. Certains ont eu la joie d’accueillir un enfant suite à ce pèlerinage.

Les couples peuvent aussi venir en pèlerinage à n’importe quel moment de l’année se recueillir auprès de la statue de sainte Anne ou du tombeau de Nicolazic. Ils peuvent écrire une intention de prière ou une action de grâce sur le cahier dédié à cet effet, et visiter ce que nous appelons la salle du Trésor, dans laquelle sont exposés de nombreux exvotos offerts en remerciement d’une grâce particulière reçue en priant sainte Anne. Parmi ces objets, on trouve de nombreux articles de layette, déposés par des couples autrefois infertiles qui remercient sainte Anne.

Zenit : Comment distinguer l’infertilité de l’hypofertilité ?

Juliette Chové : Il faut simplement se référer aux définitions données par l’OMS. L’infertilité est l’absence de conception après un an de rapports sexuels ouverts à la vie. L’hypofertilité concerne les couples qui ont démarré une grossesse sans pouvoir la mener à terme : c’est le cas des couples ayant vécu des fausses-couches. Si l’infertilité ou l’hypofertilité peuvent être éventuellement corrigées par une prise en charge médicale, la stérilité quant à elle est l’impossibilité définitive de concevoir. Cela concerne 3 à 4% des couples. C’est un terme qui sonne un peu comme un « couperet » et c’est pour cela que l’on parle plus d’hypofertilité ou d’infertilité.

On peut préciser aussi la notion d’infertilité « primaire », c’est-à-dire pour les couples qui espèrent un premier enfant, ou « secondaire », pour les couples qui rencontrent des difficultés après la naissance d’au moins un enfant.

Zenit : Des exemples de la Bible peuvent-ils nous aider à vivre avec cette souffrance ?

Juliette Chové : En lisant l’histoire d’Anne et Joachim, j’ai réalisé que Joachim avait imploré Dieu en lui rappelant son œuvre pour Abraham et Sara, tandis qu’Anne avait été consolée en se souvenant de son aïeule Anne, mère de Samuel. L’histoire de ces couples de la Bible ayant connu la stérilité peut parler aux couples d’aujourd’hui : leurs réactions, leur prière, leur cri, leur chemin de foi, leur soumission progressive au plan de Dieu sur eux. Elle nous montre que Dieu est présent aux côtés de ceux qui souffrent, qu’Il les veut et qu’Il les rend féconds. Ces récits rappellent aussi que tout enfant est un don de Dieu, à recevoir, en ouvrant son cœur, et en se laissant éventuellement éduquer, purifier par Lui, pour peut-être mieux le recevoir et l’élever sous le regard du Père.

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Sur l’avortement : aller au-delà de la condamnation

Rencontre avec Mgr de Kérimel

Lors d’un colloque organisé par la Commission de bioéthique des évêques suisses les 12 et 13 septembre à Fribourg (Suisse), Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble, a présenté l’état d’avancement du groupe de travail qu’il préside sur le thème « le phénomène social de l’avortement et éducation des jeunes ».

La Croix : Où en est aujourd’hui le groupe de travail sur l’avortement que vous présidez ?

Mgr Guy de Kerimel : Nous avions prévu trois étapes. La première a consisté à faire le point sur la situation de l’avortement en France. Dans un deuxième temps, nous avons enquêté auprès des diocèses et auprès des associations de fidèles sur ce que fait l’Église dans ce domaine. Le troisième temps sera consacré à l’éducation des jeunes.

À la prochaine assemblée de Lourdes, nous allons procéder en deux temps. D’abord une intervention devant les évêques de Ségolène Moog, qui travaille au service national de la pastorale des jeunes, puis un travail en atelier avec des associations qui interviennent dans des établissements catholiques, les aumôneries, et proposent des parcours de formation dans le domaine de l’éducation affective et sexuelle. L’intérêt est de faire découvrir aux évêques les propositions qui existent déjà pour qu’ils les encouragent dans leur diocèse ou prennent d’autres initiatives.

La Croix : Dans les constats que vous avez faits, qu’est-ce qui a le plus marqué le groupe de travail  ?

Mgr Guy de Kerimel : Un premier constat marquant est que l’avortement s’installe dans les mœurs et les esprits. Et en même temps, il provoque beaucoup de souffrance. Même chez les médecins qui pratiquent des avortements, il y a de grosses questions qui demeurent. Un deuxième constat est le sentiment d’impuissance que nous pouvons avoir dans l’Église face à cette situation. Or il nous faut garder l’espérance et penser que nous avons des choses à dire et à faire. Nous ne pouvons pas nous contenter d’être dans la condamnation mais nous devons faire des propositions. Nous avons notamment des choses à faire dans le domaine de l’écoute et de l’accueil.

La Croix : Comment promouvoir une culture de vie ?

Mgr Guy de Kerimel : Tout d’abord, il ne sert à rien d’entretenir une obsession contre l’avortement. Je ne pense pas que notre message gagnera du terrain s’il n’est pas enraciné dans l’annonce de la Bonne Nouvelle. La promotion d’une culture de vie est indissociable de l’évangélisation. Les communautés chrétiennes doivent témoigner du nouvel art de vivre suscité par le message libérateur de l’Évangile. Dans ce message, le don occupe une place centrale : j’accepte de recevoir, j’accepte de me donner. C’est là le secret de la joie profonde à laquelle nos contemporains continuent d’aspirer.

Recueilli par Dominique Greiner (à Fribourg)

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Que nul ne déplore sa pauvreté !

Commentaire de l’Évangile du 25ème Dimanche du Temps ordinaire

« Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi. » C’est de sa vie que Jésus veut nous parler à travers cette parabole volontairement insolite et provocante. Nullement d’éthique économique ou de morale sociale ! Cette histoire des ouvriers envoyés à la vigne nous parle de l’appel du Père aux hommes à venir partager tout ce qu’il est. Dieu ne donne pas des choses secondaires. Il ne peut que se donner lui-même, avec excès. Dieu appelle tout au long de la Bible. Depuis le jardin d’Eden où l’homme a caché sa honte : « Homme, où es-tu ? » (Genèse 3). Les prophètes n'ont pas arrêté de faire résonner cet appel tout au long de l’histoire. « Que le méchant abandonne son chemin, et l'homme pervers, ses pensées ! Qu'il revienne vers le Seigneur qui aura pitié de lui, vers notre Dieu qui est surabondant en pardon. Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins, déclare le Seigneur » (Première lecture)

« Faut-il que tu sois jaloux parce que je suis bon ? » La bonté de Dieu que nous montre saint Luc : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! » (Luc 15, 31-32). « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. » -  « Amen, je te le déclare : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » (Luc 23, 42-43)

Mais que l’ouvrier de la 11e heure reçoive le salaire de toute une journée est déjà annoncé dans le Premier testament : « Chaque jour tu lui donneras son salaire, sans laisser le soleil se coucher sur cette dette ; car il est pauvre et il attend impatiemment ce salaire » (Deutéronome 24, 15). La justice, certes indispensable, doit se parfaire en miséricorde, en gratuité et en bonté.

L’amour de Dieu ne se fractionne pas selon les mérites. Les premiers s’attendaient à recevoir davantage que les derniers. Or ils reçoivent tous une pièce d’argent c'est-à-dire le salaire « juste » qui avait été accepté par eux, permettant à chacun de manger, avec sa famille, pour une journée. Les derniers aussi doivent manger, eux et leur famille, même s’ils n’ont trouvé du travail que pour une heure. L’amour, la sainteté de Dieu, va au-delà de l’équité.

Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi,  au bon larron autant qu’à toi, au fils prodigue autant qu’à toi, à Pierre le poltron autant qu’à toi, à Paul le persécuteur autant qu’à toi…Mais le fils perdu et le larron, Pierre et Paul, n’est-ce pas toi, moi, notre assemblée eucharistique. Le Seigneur, dans sa bonté divine, nous aime tous également.

Dans une magnifique homélie pascale, saint Jean Chrysostome s’écrie : « Que celui qui a travaillé dès la première heure reçoive à présent son juste salaire ! Si quelqu’un est venu après la troisième heure, qu’il célèbre cette fête dans l’action de grâces ! Si quelqu’un a tardé jusqu’à la sixième heure, qu’il n’ait aucune hésitation, car il ne perdra rien ! S’il en est un qui a différé jusqu’à la neuvième heure, qu’il approche sans hésiter ! S’il en est un qui a traîné jusqu’à la onzième heure, qu’il n’ait pas honte de sa tiédeur, car le Maître est généreux, il reçoit le dernier aussi bien que le premier. Goûtez tous au banquet de la foi, au trésor de la bonté. Que nul ne déplore sa pauvreté, car le Royaume est apparu pour tous. »

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