PKO 18.05.2014

eglise-cath-papeete-1.jpgDimanche 18 mai 2014 – 5ème Dimanche du Temps de Pâques – Année A
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°29/2014

HUMEURS

Merci à l’artiste Besok… à l’Association Ono’u

Besok1

Une belle initiative loin du blabla… des politiques sur l’embellissement de la ville…
Nos élus pourraient s’en inspirer, mais il est vrai qu’il n’y a rien à gratter !

EN MARGE DE L’ACTUALITÉ

Comme de grosses branches coupées…

L’actualité est lue par chacun(e) selon le prisme de sa sensibilité, de son appartenance à une famille, un groupe, un milieu culturel, ou encore à une confession religieuse. Il en est ainsi lors de l’annonce du décès d’une personnalité.

La mort du Père Paul Hodée a touché d’abord sa famille et ses frères prêtres. Bien au-delà, elle a attristé tous ceux qui ont apprécié son œuvre et son action en faveur de la justice sociale et du développement dans le respect des personnes et du patrimoine commun.

Le décès de Turo Raapoto a ébranlé la communauté protestante, mais aussi tous ceux qui ont bénéficié de ses apports aux plans culturel, linguistique, religieux …

Il en va de même pour David Marae dont la mort a endeuillé le monde de la télévision et les habitués du petit écran.

On pourrait citer bien d’autres personnes qui ont marqué leur milieu de vie. Dans chaque cas nous avons l’impression qu’une grosse branche a été coupée de cet arbre qui nous relie les uns aux autres. Et comme dit l’académicien François Cheng dans son livre Cinq méditations sur la mort : « La conscience de la mort donne sens à la vie. (…) Loin d’être une force purement négative, elle nous fait voir la vie non comme une simple donnée, mais bien comme un don inouï, sacré. »

Plutôt que de s’attrister sur la branche coupée, notre espérance chrétienne nous invite à repérer les bourgeons prometteurs d’avenir qui vont générer de nouvelles branches. Car, pour nous chrétiens, la mort n’est jamais la fin, puisque par le Christ elle se transforme en vraie naissance.

Dominique SOUPÉ

Le don de la force, antidote à la paresse et au découragement

Audience générale du mercredi 17 mai 2014

Le pape François recommande d'invoquer l'Esprit Saint et à lui demander de don de Force quand on est découragé ou paresseux. « Nous devons être forts tous les jours de notre vie, nous avons besoin de cette force pour mener notre vie, notre famille, pour vivre notre foi », explique le pape François qui a centré sa catéchèse sur un quatrième don de l'Esprit Saint : le don de Force. Le pape a indiqué l'antidote à la paresse et au découragement : « Nous pouvons parfois être tentés de nous laisser prendre par la paresse, ou pire, par le découragement, surtout face aux fatigues et aux épreuves de la vie. Dans ces cas-là, ne perdons pas courage, mais invoquons l’Esprit-Saint, pour qu’avec le don de force il puisse soulager notre cœur et communiquer à notre vie à la suite de Jésus une force et un enthousiasme nouveaux. »

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans les catéchèses précédentes, nous avons réfléchi aux trois premiers dons de l’Esprit-Saint : sagesse, intelligence et conseil. Aujourd’hui, pensons à ce que fait le Seigneur : il vient toujours nous soutenir dans notre faiblesse et il le fait par un don spécial : le don de force.

1. Il y a une parabole, racontée par Jésus, qui nous aide à saisir l’importance de ce don. Un semeur sort pour semer ; mais tout le grain qu’il jette ne porte pas toujours de fruit. Celui qui finit sur la route est mangé par les oiseaux ; celui qui tombe sur un terrain pierreux ou au milieu des ronces germe, mais il est rapidement desséché par le soleil ou étouffé par les épines. C’est seulement celui qui arrive sur la bonne terre qui peut pousser et porter du fruit (cf. Mc 4,3-9 ; Mt 13,3-9 ; Lc 8,4-8).

Comme Jésus lui-même l’explique à ses disciples, ce semeur représente le Père qui jette abondamment la semence de sa Parole. Mais la semence rencontre souvent l’aridité de notre cœur et, lorsqu’elle est accueillie, elle risque de rester stérile. Avec le don de force, en revanche, l’Esprit-Saint libère le terrain de notre cœur, le libère de la torpeur, des incertitudes et de toutes les craintes qui peuvent le freiner, de sorte que la Parole du Seigneur soit mise en pratique de façon authentique et joyeuse. C’est une véritable aide, ce don de force, il nous donne la force, il nous libère aussi de beaucoup de freins.

2. Il y a aussi des moments difficiles et des situations extrêmes dans lesquels le don de force se manifeste d’une manière extraordinaire, exemplaire. C’est le cas des personnes qui doivent affronter des expériences particulièrement dures et douloureuses, qui impliquent leur vie et celle de leurs proches. L’Église resplendit du témoignage de tous ces frères et sœurs qui n’ont pas hésité à donner leur vie pour rester fidèles au Seigneur et à son Évangile.

Aujourd’hui aussi, dans bien des parties du monde, il ne manque pas de chrétiens qui continuent de célébrer leur foi et d’en témoigner avec une conviction et une sérénité profondes, et qui résistent même lorsqu’ils savent que cela peut coûter un prix plus élevé.

Nous aussi, nous tous, nous connaissons des personnes qui ont vécu des situations difficiles, beaucoup de souffrance. Mais pensons à ces hommes, à ces femmes qui mènent une vie difficile, qui luttent pour faire vivre leur famille, éduquer leurs enfants : ils font tout cela parce que l’Esprit de force les aide. Tous ces hommes et ces femmes – nous ne savons pas leur nom – qui honorent notre peuple, qui honorent notre Église parce qu’ils sont forts : forts pour mener leur vie, leur famille, leur travail, pour vivre leur foi. Ces frères et sœurs sont des saints, des saints au quotidien, des saints cachés parmi nous : ils ont précisément le don de force pour accomplir leur devoir en tant que personnes, leur devoir de pères, de mères, de frères, de sœurs, de citoyens. Ils sont très nombreux.

Remercions le Seigneur pour ces chrétiens dont la sainteté est cachée : c’est l’Esprit-Saint qui est en eux et qui les pousse. Cela nous fera du bien de penser à ces personnes. S’ils arrivent à faire tout cela, s’ils y arrivent, pourquoi pas moi ? Et cela nous fera aussi du bien de demander à l’Esprit-Saint le don de force.

Il ne faut pas penser que le don de force n’est nécessaire que dans certaines occasions ou situations particulières. Ce don doit constituer la note de fond de notre être de chrétien, dans l’ordinaire de notre vie quotidienne. Comme je l’ai dit, nous devons être forts tous les jours de notre vie, nous avons besoin de cette force pour mener notre vie, notre famille, pour vivre notre foi.

L’apôtre Paul a dit une phrase qui nous fera du bien : « Je puis tout en celui qui me rend fort » (Ph 4,13). Lorsque nous affrontons la vie ordinaire, lorsque surgissent des difficultés, souvenons-nous en : « Je puis tout en celui qui me rend fort ». Le Seigneur donne toujours la force, il ne nous en prive pas. Le Seigneur ne nous éprouve pas plus que ce nous pouvons le supporter. Il est toujours avec nous. « Je puis tout en celui qui me rend fort ».

Chers amis, nous pouvons parfois être tentés de nous laisser prendre par la paresse, ou pire, par le découragement, surtout face aux fatigues et aux épreuves de la vie. Dans ces cas-là, ne perdons pas courage, mais invoquons l’Esprit-Saint, pour qu’avec le don de force il puisse soulager notre cœur et communiquer à notre vie à la suite de Jésus une force et un enthousiasme nouveaux. Merci !

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Il faut fabriquer un secteur financier plus juste

Article de Mgr Yves Boivineau publié dans les Échos – 28 mars 2014

Mgr Yves Boivineau, évêque d’Annecy, président de Justice et paix France, a publié le 28 mars 2014, dans le quotidien Les Échos, un billet « point de vue » sur l’ampleur de la crise financière qui, pour une part selon lui, s’origine dans une « carence d’éthique ». En effet, « trois valeurs fondamentales ont été oubliées pendant les années d’euphorie »  : la transparence, la tempérance et enfin le sens des responsabilités. Il rappelle également les propos du pape François dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium : « Non à une économie de l’exclusion […], non à l'argent qui gouverne au lieu de servir. [...] Je vous exhorte à la solidarité désintéressée et à un retour de l’économie et de la finance à une éthique en faveur de l'être humain. »

N’est-ce pas une carence d'éthique qui a donné à la crise financière une telle ampleur ? De fait, trois valeurs fondamentales ont été oubliées pendant les années d'euphorie.

Une finance moins opaque

La première est la transparence. L'économie libérale est fondée sur l'hypothèse que les acteurs économiques sont rationnels et éclairés. Or, l'asymétrie de l'information n'a cessé de progresser aux dépens du grand public, des salariés, des actionnaires et même des administrateurs. Asymétrie aussi lorsque des produits financiers mélangeant actifs toxiques et valeurs sûres sont conseillés aux épargnants. Asymétrie enfin quand les agences de notation utilisent des critères peu lisibles.
Les voies sont connues pour rendre la finance moins opaque : élargir le champ de la supervision financière aux secteurs non régulés, « hedge funds », places offshore, agences de notation ; clarifier les normes comptables, les harmoniser au niveau mondial et les déconnecter de la volatilité des marchés ; organiser une vigilance accrue sur la gouvernance des entreprises ; réduire la consanguinité des conseils d’administration ; améliorer l'audit et les contrôles internes ; informer les salariés ; désintoxiquer la notation comme le dit l'Autorité des marchés financiers. Ces chantiers progressent trop lentement.

La modération dans la finance

La deuxième valeur tombée en désuétude est la tempérance. Alors que l’économie stagne, est-il raisonnable d'exiger un rendement mirobolant ? Cette course effrénée est un pousse-au-crime qui oblige les entreprises à pressurer voire licencier leur personnel et incite les investisseurs à prendre des risques inconsidérés. La crise et le resserrement des règles prudentielles internationales qu'elle a entraînées ont mis un frein à ces pratiques. Mais le naturel revient vite au galop. Modération oubliée aussi dans les rémunérations des dirigeants et les bonus des traders. Même s'ils ont été plafonnés ou taxés dans nombre de pays, ils ont repris leur progression.

Une finance plus responsable

La troisième valeur négligée est le sens des responsabilités : envers les clients d’abord, inconscients des risques qu'ils encourent ; envers les salariés victimes, entre autres, de « licenciements boursiers » ; envers l'environnement, parfois malmené par des firmes sans scrupule ; envers les actionnaires pour qui la création de valeur s'est parfois révélée être un mirage. Il est normal que des entreprises fassent le gros dos quand leur activité faiblit. Il est moins acceptable que, d'une part, elles réduisent les investissements porteurs d'avenir alors qu'elles dégagent des bénéfices et que, d'autre part, les banques les privent des crédits dont elles ont besoin.

La finalité humaine de l’économie et de la finance

Dans son Exhortation apostolique de novembre 2013 sur la fraternité, le pape François n’a pas mâché ses mots : « Non à une économie de l'exclusion […], non à l'argent qui gouverne au lieu de servir. [...] Je vous exhorte à la solidarité désintéressée et à un retour de l'économie et de la finance à une éthique en faveur de l'être humain. » (voir le texte ci-dessous).

Comment faire pour rendre plus juste un milieu où l’humain est malmené ?
Se ressourcer en se réunissant autour de valeurs de justice et de respect des autres qui rappellent la finalité humaine de l’économie et de la finance.
Oser refuser les pratiques douteuses, les mécanismes qui poussent à la faute et dénoncer les dérives du système, qu’il s'agisse d'abus de droit, de fraude, des paradis fiscaux, du blanchiment d'argent ou de la manipulation des prix de transfert.
Fabriquer un secteur financier plus juste, en démontant les rouages pervers du système, en sensibilisant le public et les responsables politiques aux niveaux national et européen sur la nécessité de réformes et en assurant la promotion d’une finance plus solidaire et à nouveau tournée vers le long terme.

Mgr Yves Boivineau

Président de Justice et paix France

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Quel défi du monde actuel ?

Extrait de l’Exhortation apotoslique « Evangelii gaudium »

52. L’humanité vit en ce moment un tournant historique que nous pouvons voir dans les progrès qui se produisent dans différents domaines. On doit louer les succès qui contribuent au bien-être des personnes, par exemple dans le cadre de la santé, de l’éducation et de la communication. Nous ne pouvons cependant pas oublier que la plus grande partie des hommes et des femmes de notre temps vivent une précarité quotidienne, aux conséquences funestes. Certaines pathologies augmentent. La crainte et la désespérance s’emparent du cœur de nombreuses personnes, jusque dans les pays dits riches. Fréquemment, la joie de vivre s’éteint, le manque de respect et la violence augmentent, la disparité sociale devient toujours plus évidente. Il faut lutter pour vivre et, souvent, pour vivre avec peu de dignité. Ce changement d’époque a été causé par des bonds énormes qui, en qualité, quantité, rapidité et accumulation, se vérifient dans le progrès scientifique, dans les innovations technologiques et dans leurs rapides applications aux divers domaines de la nature et de la vie. Nous sommes à l’ère de la connaissance et de l’information, sources de nouvelles formes d’un pouvoir très souvent anonyme.

Non à une économie de l’exclusion

53. De même que le commandement de « ne pas tuer » pose une limite claire pour assurer la valeur de la vie humaine, aujourd’hui, nous devons dire « non à une économie de l’exclusion et de la disparité sociale ». Une telle économie tue. Il n’est pas possible que le fait qu’une personne âgée réduite à vivre dans la rue, meure de froid ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en bourse en soit une. Voilà l’exclusion. On ne peut plus tolérer le fait que la nourriture se jette, quand il y a des personnes qui souffrent de la faim. C’est la disparité sociale. Aujourd’hui, tout entre dans le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort, où le puissant mange le plus faible. Comme conséquence de cette situation, de grandes masses de population se voient exclues et marginalisées : sans travail, sans perspectives, sans voies de sortie. On considère l’être humain en lui-même comme un bien de consommation, qu’on peut utiliser et ensuite jeter. Nous avons mis en route la culture du « déchet » qui est même promue. Il ne s’agit plus simplement du phénomène de l’exploitation et de l’oppression, mais de quelque chose de nouveau : avec l’exclusion reste touchée, dans sa racine même, l’appartenance à la société dans laquelle on vit, du moment qu’en elle on ne se situe plus dans les bas-fonds, dans la périphérie, ou sans pouvoir, mais on est dehors. Les exclus ne sont pas des « exploités », mais des déchets, « des restes ».

54. Dans ce contexte, certains défendent encore les théories de la « rechute favorable », qui supposent que chaque croissance économique, favorisée par le libre marché, réussit à produire en soi une plus grande équité et inclusion sociale dans le monde. Cette opinion, qui n’a jamais été confirmée par les faits, exprime une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant. En même temps, les exclus continuent à attendre. Pour pouvoir soutenir un style de vie qui exclut les autres, ou pour pouvoir s’enthousiasmer avec cet idéal égoïste, on a développé une mondialisation de l’indifférence. Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres, leur prêter attention ne nous intéresse pas, comme si tout nous était une responsabilité étrangère qui n’est pas de notre ressort. La culture du bien-être nous anesthésie et nous perdons notre calme si le marché offre quelque chose que nous n’avons pas encore acheté, tandis que toutes ces vies brisées par manque de possibilités nous semblent un simple spectacle qui ne nous trouble en aucune façon.

Non à la nouvelle idolâtrie de l’argent

55. Une des causes de cette situation se trouve dans la relation que nous avons établie avec l’argent, puisque nous acceptons paisiblement sa prédominance sur nous et sur nos sociétés. La crise financière que nous traversons nous fait oublier qu’elle a à son origine une crise anthropologique profonde : la négation du primat de l’être humain ! Nous avons créé de nouvelles idoles. L’adoration de l’antique veau d’or (cf. Ex 32,1-35) a trouvé une nouvelle et impitoyable version dans le fétichisme de l’argent et dans la dictature de l’économie sans visage et sans un but véritablement humain. La crise mondiale qui investit la finance et l’économie manifeste ses propres déséquilibres et, par-dessus tout, l’absence grave d’une orientation anthropologique qui réduit l’être humain à un seul de ses besoins : la consommation.

56. Alors que les gains d’un petit nombre s’accroissent exponentiellement, ceux de la majorité se situent d’une façon toujours plus éloignée du bien-être de cette heureuse minorité. Ce déséquilibre procède d’idéologies qui défendent l’autonomie absolue des marchés et la spéculation financière. Par conséquent, ils nient le droit de contrôle des États chargés de veiller à la préservation du bien commun. Une nouvelle tyrannie invisible s’instaure, parfois virtuelle, qui impose ses lois et ses règles, de façon unilatérale et implacable. De plus, la dette et ses intérêts éloignent les pays des possibilités praticables par leur économie et les citoyens de leur pouvoir d’achat réel. S’ajoutent à tout cela une corruption ramifiée et une évasion fiscale égoïste qui ont atteint des dimensions mondiales. L’appétit du pouvoir et de l’avoir ne connaît pas de limites. Dans ce système, qui tend à tout phagocyter dans le but d’accroître les bénéfices, tout ce qui est fragile, comme l’environnement, reste sans défense par rapport aux intérêts du marché divinisé, transformés en règle absolue.

Non à l’argent qui gouverne au lieu de servir

57. Derrière ce comportement se cachent le refus de l’éthique et le refus de Dieu. Habituellement, on regarde l’éthique avec un certain mépris narquois. On la considère contre-productive, trop humaine, parce qu’elle relativise l’argent et le pouvoir. On la perçoit comme une menace, puisqu’elle condamne la manipulation et la dégradation de la personne. En définitive, l’éthique renvoie à un Dieu qui attend une réponse exigeante, qui se situe hors des catégories du marché. Pour celles-ci, si elles sont absolutisées, Dieu est incontrôlable, non-manipulable, voire dangereux, parce qu’il appelle l’être humain à sa pleine réalisation et à l’indépendance de toute sorte d’esclavage. L’éthique – une éthique non idéologisée – permet de créer un équilibre et un ordre social plus humain. En ce sens, j’exhorte les experts financiers et les gouvernants des différents pays à considérer les paroles d’un sage de l’antiquité : « Ne pas faire participer les pauvres à ses propres biens, c’est les voler et leur enlever la vie. Ce ne sont pas nos biens que nous détenons, mais les leurs ».

58. Une réforme financière qui n’ignore pas l’éthique demanderait un changement vigoureux d’attitude de la part des dirigeants politiques, que j’exhorte à affronter ce défi avec détermination et avec clairvoyance, sans ignorer, naturellement, la spécificité de chaque contexte. L’argent doit servir et non pas gouverner ! Le pape aime tout le monde, riches et pauvres, mais il a le devoir, au nom du Christ, de rappeler que les riches doivent aider les pauvres, les respecter et les promouvoir. Je vous exhorte à la solidarité désintéressée et à un retour de l’économie et de la finance à une éthique en faveur de l’être humain.

Non à la disparité sociale qui engendre la violence

59. De nos jours, de toutes parts on demande une plus grande sécurité. Mais, tant que ne s’éliminent pas l’exclusion sociale et la disparité sociale, dans la société et entre les divers peuples, il sera impossible d’éradiquer la violence. On accuse les pauvres et les populations les plus pauvres de la violence, mais, sans égalité de chances, les différentes formes d’agression et de guerre trouveront un terrain fertile qui tôt ou tard provoquera l’explosion. Quand la société – locale, nationale ou mondiale – abandonne dans la périphérie une partie d’elle-même, il n’y a ni programmes politiques, ni forces de l’ordre ou d’intelligence qui puissent assurer sans fin la tranquillité. Cela n’arrive pas seulement parce que la disparité sociale provoque la réaction violente de ceux qui sont exclus du système, mais parce que le système social et économique est injuste à sa racine. De même que le bien tend à se communiquer, de même le mal auquel on consent, c’est-à-dire l’injustice, tend à répandre sa force nuisible et à démolir silencieusement les bases de tout système politique et social, quelle que soit sa solidité. Si toute action a des conséquences, un mal niché dans les structures d’une société comporte toujours un potentiel de dissolution et de mort. C’est le mal cristallisé dans les structures sociales injustes, dont on ne peut pas attendre un avenir meilleur. Nous sommes loin de ce qu’on appelle la « fin de l’histoire », puisque les conditions d’un développement durable et pacifique ne sont pas encore adéquatement implantées et réalisées.

 60. Les mécanismes de l’économie actuelle promeuvent une exagération de la consommation, mais il résulte que l’esprit de consommation effréné, uni à la disparité sociale, dégrade doublement le tissu social. De cette manière, la disparité sociale engendre tôt ou tard une violence que la course aux armements ne résout ni résoudra jamais. Elle sert seulement à chercher à tromper ceux qui réclament une plus grande sécurité, comme si aujourd’hui nous ne savions pas que les armes et la répression violente, au lieu d’apporter des solutions, créent des conflits nouveaux et pires. Certains se satisfont simplement en accusant les pauvres et les pays pauvres de leurs maux, avec des généralisations indues, et prétendent trouver la solution dans une « éducation » qui les rassure et les transforme en êtres apprivoisés et inoffensifs. Cela devient encore plus irritant si ceux qui sont exclus voient croître ce cancer social qui est la corruption profondément enracinée dans de nombreux pays – dans les gouvernements, dans l’entreprise et dans les institutions – quelle que soit l’idéologie politique des gouvernants.

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Luttez contre les abus sur mineurs : une nouvelle culture dans l’Église

Mgr Tomasi au Comité sur la Convention contre la torture

Mgr Tomasi souligne « une diminution des cas de pédophilie dans le clergé » : « un signe que les mesures prises sont efficaces et qu’une nouvelle culture est entrée dans l’Église ». L’Église, explique-t-il, a en effet lancé une action « de nettoyage » en réseau, créant aussi « les conditions pour prévenir ce type de crime » dans la formation des futurs prêtres et appelant « à dénoncer immédiatement les nouveaux cas ». Selon la procédure ordinaire appliquée aux États signataires, Mgr Silvano M. Tomasi, représentant du Saint-Siège au Bureau des Nations Unies et des institutions spécialisées à Genève, a présenté le rapport du Saint-Siège au Comité de l'ONU sur la Convention contre la torture (CAT), les 5 et 6 mai 2014. Parmi les questions posées par le Comité : les cas d’abus sur mineurs commis par des membres du clergé. Le Saint-Siège a fait observer que si sa « voix morale » atteignait les catholiques du monde entier, cependant il n'avait pas juridiction sur ces catholiques, soumis au droit de leurs propres pays. Il a aussi indiqué les mesures prises par l’Église ces dernières années dans les séminaires pour former les futurs prêtres, révélant qu’entre 2004 et 2013, 848 prêtres avaient été expulsés. Mgr Tomasi souligne l’objectif final de ces mesures pour les lecteurs de Zenit : « protéger les enfants et leur garantir une croissance saine et sereine, afin qu’ils soient des personnes constructives pour la société dans laquelle ils doivent vivre ».

Zenit – Au comité de l’Onu, les dialogues ont mélangé la torture et les cas d’abus ?

Mgr Silvano M. Tomasi – Certains membres du Comité de l’ACAT ont un peu transformé la situation en renvoyant à un article de la convention contre la torture, l’article 16, dans lequel on parle de comportement cruel, dégradant et inhumain. En considérant que l'abus sexuel est une action de ce type, ils ont ouvert la porte à ces questions qui sont par ailleurs très appétissantes pour les médias.

Zenit – Que pense le Saint-Siège ?

Mgr Silvano M. Tomasi – La définition de « torture » dans la convention est très précise et son extension visant à inclure les abus sexuels n’est pour le moment pas acceptée par les autorités sur les droits de l’homme. Naturellement, l’Église catholique rejette toute action qui viole la dignité humaine. Mais il y avait peut-être un autre objectif dans cette discussion. Du reste, divers médias ont souvent répété que l’Église a entravé ou continue d’entraver le jugement de religieux ou prêtres qui ont commis des crimes contre mineurs, ou qu’elle ignore cette réalité ou encore qu'elle n’a pas pris d’initiatives cohérentes.

Zenit – Vous avez répondu en présentant des chiffres...

Mgr Silvano M. Tomasi – Les statistiques disponibles montrent clairement qu’au cours de ces dix dernières années, l’Église a vraiment fait une action en réseau, dirais-je, de nettoyage chez elle en cherchant à punir les coupables d’un point de vue canonique, mais en laissant aussi les États dont ils sont citoyens ou résidents les sanctionner. Et elle a créé les conditions pour prévenir ce type de crime en prenant des mesures spécifiques dans la formation des futurs prêtres et en instituant, grâce au pape François, une Commission pour la protection des mineurs.

Zenit – Et concernant les victimes ?

Mgr Silvano M. Tomasi – L’Église a cherché le plus possible à donne une compensation aux victimes. Elle l’a fait avec des aides financières, en donnant par exemple aux États-Unis plus de 2,5 milliards de dollars. Mais elle l’a fait aussi en offrant des aides morales, en donnant des conseil et un soutien spirituel pour faciliter leur intégration dans la société et leur retour à une vie normale.

Zenit – En dix ans, 848 prêtres ont été expulsés de l’Église, c’est bien ça ?

Mgr Silvano M. Tomasi – Oui, c’est un fait, c’est la réalité. Il faut aussi tenir compte que la majorité des cas de pédophilie connus, ont eu lieu dans les années 60, 70, 80. Donc si les plaintes déposées à la Congrégation pour la doctrine de la foi sont récentes, cela ne veut pas dire que ces cas d’abus ont eu lieu quand ils ont été rapportés au tribunal civil ou ecclésiastique, mais souvent très longtemps avant.

Zenit – Et quelle est la tendance aujourd’hui ?

Mgr Silvano M. Tomasi – Nous devons considérer que la tendance des dernières années va vers une diminution des cas de pédophilie dans le clergé. Ceci est un signe, me semble-t-il, que les mesures prises sont efficaces et qu’une nouvelle culture est entrée dans l’Église et dans les milieux qui lui sont proches. Cette nouvelle culture consiste à dénoncer immédiatement les nouveaux cas, tant du coté des autorités civiles que du côté ecclésiastique. Certes, le meilleur chemin est de faire tout son possible pour vivre correctement notre vie sacerdotale et notre service à l’Église.

Zenit – Le comité contre la torture a-t-il posé des questions sur les abus seulement au Vatican, ou également aux autres États ?

Mgr Silvano M. Tomasi – Oui, le Comité a posé à d’autres pays aussi des questions sur les abus sexuels sur mineurs. Il y aurait, me semble-t-il, deux observations à faire à ce sujet. La première c’est que l’attention des moyens de communication se concentre sur l’Église et qu’ils ont braqué leurs projecteurs dessus, parce que l’on comprend que le personnel de l’Église doit être d’extrême confiance. Quand des crimes sont commis sur des mineurs, non seulement un crime est commis, mais il y a une rupture de la confiance qui devrait être garantie.

Zenit – Et la seconde observation ?

Mgr Silvano M. Tomasi – Il faut remettre ces faits survenus dans l’Église, dans le contexte de la situation générale, mondiale, car l’Organisation mondiale de la santé parle de plus de 40 millions de cas de pédophilie par an et la très grande majorité de ces cas ont lieu au sein de la famille ou dans d’autres catégories de personnes impliquées, comme les enseignants dans les écoles publiques, les professionnels de diverses natures ou institutions, des boy-scout, aux casques bleus, au Parlement anglais, comme rapporté par la presse.

Zenit – Ces chiffres de l’OMS sont terribles !

C’est pourquoi, quand on parle de l’Église il faut un sens de la perspective pour comprendre que le problème va au-delà, et que tout le monde doit sentir l’exigence de protéger les enfants : l'objectif final est leur protection et leur garantir une croissance saine et sereine, de manière à ce qu’ils puissent être des personnes constructives pour la société dans laquelle ils devront vivre.

Zenit – Quelle culture y a-t-il à la racine de ces faits ?

Mgr Silvano M. Tomasi – Il me semble qu’à la racine du phénomène « pédophilie » il y a une culture basée sur des formes extrêmes d’individualisme, qui tendent à justifier n’importe quel comportement et à faire de chaque désir et velléité un droit humain. Au contraire, la culture qui se fonde sur la tradition chrétienne se fait promotrice de la dignité de la personne et de son ouverture à la transcendance et elle soutient un concept de liberté lié à la responsabilité des actions que l’ont fait.

Nous avons deux cultures qui avancent sur deux rails différents. Pour nous chrétiens, se pose donc la question : comment la force de l’Évangile peut-elle aujourd’hui opérer pour transformer cette culture de l’individualisme extrême et devenir un ferment de vie pour le développement sain de la société ?

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Paris, le lundi 12 mai 2014 Information

JmlevertLe Saint-Père autorise Mgr Jean-Marie LE VERT, pour raison de santé, à suspendre jusqu'à nouvel ordre l'exercice de sa charge pastorale du diocèse de Quimper.

Afin d'assurer durant ce temps le gouvernement du diocèse, le Pape François nomme Mgr Philippe GUENELEY, évêque émérite de Langres, administrateur apostolique du diocèse de Quimper.

Cette nomination prend effet ce lundi 12 mai à midi.

Mgr Bernard PODVIN

Porte-parole des évêques de France

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1   Mgr Jean-Marie Le Vert est originaire de Tahiti… nous lui souhaitons un bon repos… peut-être en Polynésie ;

 

Quel est le but de la vie ?

Commentaire de l’Évangile du 5ème Dimanche du Temps de Pâques

Ce soir là, Thomas a posé à Jésus la grande question, l’unique interrogation qui travaille toute l’humanité : « Nous ne savons pas où tu vas. » Quel est le but de la vie ? Le bonheur a-t-il un avenir ?

Aucun homme ne peut vivre sans se donner des projets. Mais beaucoup se contentent d’objectifs à court terme : gagner de l’argent, élever une famille, progresser dans une profession ou une carrière... Mais un jour ou l’autre, l’homme est acculé à se poser la question plus radicale, à long terme : « Où allons-nous ? Vers quelle fin ultime nous dirigeons-nous ? » Gagner de l’argent, mettre au monde des enfants, améliorer la société et même aimer, que signifient tout cela, si c’est pour finir dans la pourriture d'une tombe ou le feu d’un crématoire ? Les entreprises limitées peuvent donner à nos journées un premier sens immédiat. Mais à tout homme qui réfléchit, elles laissent un arrière-goût d’éphémère. Elles sont incapables de combler totalement notre soif de bonheur infini.

Jésus, lui, sait vraiment où il va. Si vous preniez le temps de colorier légèrement le mot Père sur cette page d’évangile, vous verriez apparaître, dans ces quelques versets, dix flammes d’amour. Jésus ne cesse de parler du Père. Oui, nous aussi, par Jésus, dans le baptême, nous sommes nés dans le cœur de ce Dieu-Père. Et à sa suite, nous retournons, nous aussi, vers le Père. C’est Lui le terme du voyage, c’est Lui le but final de notre vie. Il nous a préparé une place d’éternité dans son cœur. Au terme de notre route humaine, ce n’est pas le néant absurde, comme le pensent les athées, c’est Quelqu’un qui m’attend, qui me désire d’amour et qui m’ouvre les bras pour m’introduire dans sa maison paternelle. Notre vie a un sens. « Ne soyez pas bouleversés. Je pars vous préparer une place. Je reviendrai vous prendre avec moi. Et là où je suis vous y serez vous aussi. » Jésus n’est pas la petite sente qui finit par se perdre dans la forêt, mais la route sûre, la voie royale, qui mène à la maison aux multiples demeures de son Père et de notre Père.

Et c’est pas seulement pour demain. « Le Père, vous le connaissez dès maintenant », dit Jésus à Philippe. Qui m’a vu a vu le Père. La foi est l’anticipation du futur. Tous les hommes rencontreront un jour ce Dieu Père qu’ils ignorent si souvent ici-bas. Et ce sera l’immense regret de ne pas l’avoir connu plus tôt.

Mais si nous croyons, si nous le voulons, nous connaissons déjà cet amour fantastique qui peut totalement combler un cœur, dès maintenant. Et alors, dans la mesure de cette communion d’amour avec le Père par Jésus, il nous sera donné d’être nous aussi l’épiphanie du Père, en révélant sa tendresse.

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