PKO 16.11.2014

Dimanche 16 novembre 2014 – 33ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°60/2014

HUMEURS

Philæ se pose sur la comète… l’Humanité marche sur la tête !

Les journaux, depuis deux jours, ne parlent que de la mission « Rosetta » et de son petit robot « Philae »… l’exploit de l’humanité ! Avec cette expédition nous allons pouvoir connaître les origines de notre système solaire !

Mais de quel exploit parle-t-on ? Une mission de 1,3 milliard d’euros (soit un peu plus de 155 milliards de nos francs !)… En Afrique, avec 62€ (7 398 de nos francs) un enfant est nourri pour une année !

Comment ne pas penser à Raoul Follereau, qui en 1955, écrivait au Général Eisenhower (USA) et à Gueorgui Malenkov (URSS), leur demandant à chacun le prix d'un bombardier pour soigner tous les lépreux du monde… un courrier resté sans réponse qu’il reprendra toutefois 10 ans plus tard en demandant à l’ONU un jour de guerre pour la paix. Seuls les jeunes de 125 pays  répondront à son appel : ils seront trois millions à signer sa pétition et à l'envoyer aux Nations Unies.

La mobilisation de cette jeunesse lui fera écrire: « “Donnez-moi un point d’appui, disait Archimède, et je soulèverai le monde.”
Votre point d’appui, c’est l’amour. Non point un amour bêlant qui se suffit à pleurnicher sur le malheur des autres, mais un amour combat, un amour révolte contre l’injustice sociale, l’asservissement des pauvres, acceptés passivement par ces bonnes âmes qui se mettent en smoking pour refaire le monde et évoquent les grandes famines en grignotant des petits fours...
Oui, révoltez-vous ! Révoltez-vous en apprenant qu’un porte-avions atomique représente la valeur de trois millions de tonnes de blé, qu’avec le prix d’une fusée, on pourrait distribuer aux pauvres cent mille tonnes de sucre, qu’un sous-marin de plus, c’est cinquante mille tonnes de viande en moins pour les affamés.
La révolution ? Oui. En faveur de ceux qui, ce soir, se coucheront – souvent par terre – avec la faim, ces deux milliards d’hommes parmi lesquels 60% ont moins de vingt ans.
Il est temps de clore à jamais l’histoire inhumaine de l’humanité.
Les richesses du monde sont à tout le monde.
Voilà la vérité qu’il vous faut conquérir, imposer. »

Aujourd’hui, nous n’avons guère avancé… certes Philæ est un grand pas dans la science… mais l’humanité en 50 ans n’a pas fait un grand pas… Avec le Pape François redisons à nos dirigeants : « Je fais donc vœu que vous puissiez arriver à un consensus substantiel et effectif sur les thèmes prévus à votre agenda. J’espère également que les analyses des résultats de ce consensus ne se réduiront pas à des indices mondiaux, mais mettront aussi l’accent sur une réelle amélioration de la vie des familles les plus pauvres et la réduction de toutes les formes  inacceptables d’inégalités. »

Philæ se pose sur une comète… l’Humanité marche sur la tête… Urgence……

Réveillons-nous pour certains, éveillons-nous pour d’autres !

EN MARGE DE L’ACTUALITÉ

Un défaut à ne pas prendre à la légère : la jalousie

Comment s'en débarrasser ? Peut-être en commençant par se persuader que la jalousie est une idiotie... C'est le seul péché qui ne produit aucun plaisir. Le vol permet de posséder plus ; le mensonge, d'éviter une punition ; la gourmandise, le plaisir de la langue. Même s'il faut ensuite payer ces péchés par une grosse honte, de gros ennuis ou une crise de foie... - Comme dit MrPanisse dans le livre de Marcel Pagnol : « Si le péché faisait mal on serait tous des saints » ; or, pendant un moment, c'est agréable. Mais avec la jalousie il n'y a rien d'agréable. C'est seulement un poison qui fait souffrir... C'est le péché « archibête ».

J'aime l'image du puzzle : toutes les pièces sont d'égale importance. L'essentiel est que je sois bien à ma place : elle n'est pas mieux ou moins bien que celle d'à côté, c'est la mienne. La comparaison est un poison mortel : ou je me dévalorise, ou je me survalorise. Je souffre quand j'entends ces réflexions : « Comme je suis bête ! » ou « Je suis nul ! » Le problème n'est pas de savoir si je suis plus ou moins intelligent, mais quel est mon type d'intelligence - on sait aujourd'hui qu'il y en a au moins huit -, de sensibilité et de mémoire, qui vont servir les dons que Dieu a mis en moi.

Une autre façon de se délivrer de la jalousie, c'est de prier pour celui ou celle que je jalouse. « Seigneur, bénis-le, augmente son rayonnement. »

La jalousie peut être vaincue par le mépris (qui la voit comme le péché « archibête »), par la conviction de la complémentarité avec l'image de puzzle, par la force de la foi qui nous assure que je peux participer au rayonnement de l'autre.

Pierre Thévet

(dans Paraboles d’un curé de campagne)

 

Prêtres et évêques, soyez, accueillants, sobres, bons et patients

Audience générale du mercredi 12 novembre 2014 – pape François

Le pasteur dans l’Église est appelé à être « à l’écoute des gens » dans la conscience « d’avoir toujours quelque chose à apprendre, même de ceux qui peuvent être encore loin de la foi et de l’Église », déclare le pape François lors de l'audience générale.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans les catéchèses précédentes, nous avons vu que le Seigneur continue à paître son troupeau à travers le ministère des évêques, soutenus par les prêtres et les diacres. C’est en eux que Jésus se rend présent, dans la puissance de son Esprit, et continue de servir l’Église, nourrissant en son sein la foi, l’espérance et le témoignage de la charité. Ces ministères constituent donc un grand don du Seigneur pour chaque communauté chrétienne et pour l’Église entière, car ils sont le signe vivant de sa présence et de son amour.

Aujourd’hui nous voulons nous demander : qu’est-il demandé à ces ministres de l’Église, pour qu’ils puissent vivre de manière authentique et féconde leur service ?

1. Dans les « Lettres pastorales » envoyées à ses disciples Timothée et Tite, l’apôtre Paul s’arrête avec attention sur la figure des évêques, des prêtres et des diacres – et sur celle des fidèles, des personnes âgées et des jeunes. Il se lance dans la description de chaque chrétien dans l’Église, esquissant pour les évêques, les prêtres et les diacres, ce à quoi ils sont appelés et les prérogatives à reconnaître chez ceux qui sont choisis et investis de ces ministères. Il est emblématique de voir que les qualités liées à la foi et à la vie spirituelle – à ne pas négliger dans la mesure où elles constituent la vie même – sont déclinées en même temps que certaines qualités purement humaines : l’accueil, la sobriété, la patience, la douceur, la fiabilité, la bonté de cœur. C’est l’alphabet, la grammaire de base de tout ministère ! Il doit l’être pour tout évêque, tout prêtre, tout diacre. Oui, car sans cette belle et authentique prédisposition à rencontrer, connaître, dialoguer avec nos frères, à les apprécier et entrer en relation avec eux de manière respectueuse et sincère, il n’est pas possible d’offrir un service et un témoignage vraiment joyeux et crédibles.

2. Et puis il y a une attitude de fond que Paul recommande à ses disciples et, par conséquent, à tous ceux qui sont investis du ministère pastoral, qu’il s’agisse d’un évêque, d’un prêtre ou d’un diacre. L’apôtre les appelle à raviver continuellement le don qu’ils ont reçu (cf. 1 Tm 4,14; 2 Tm 1,6). Cela signifie qu’il faut avoir conscience qu’on n’est pas évêque, prêtre ou diacre parce qu'on est plus intelligent, plus fort ou meilleur que les autres, mais seulement par la force d’un don, un don d’amour prodigué par Dieu, dans la puissance de son Esprit, pour le bien de son peuple. Cette conscience est vraiment importante et constitue une grâce à demander chaque jour ! En effet, un Pasteur conscient que son ministère découle uniquement de la miséricorde et du cœur de Dieu ne prendra jamais une attitude autoritaire, comme si tout le monde était à ses pieds et la communauté sa propriété, son royaume personnel.

3. Cette conscience que tout est don, tout est grâce, aide aussi le pasteur à ne pas tomber dans la tentation de se mettre au centre de l’attention et de n’avoir confiance qu’en lui-même. C’est à dire dans les tentations de la vanité, de l’orgueil, de la suffisance et de l’arrogance. Gare à l’évêque, au prêtre ou au diacre qui croirait tout savoir, qui penserait avoir toujours la réponse juste pour chaque chose et n’avoir besoin de personne. Au contraire, la conscience d'être lui, le premier, objet de la miséricorde et de la compassion de Dieu doit amener le ministre de l’Église à être toujours humble et compréhensif envers son prochain. Conscient d’être appelé à garder avec courage le dépôt de la foi (cf. 1 Tm 6,20), il se mettra néanmoins à l’écoute des gens. Car il a conscience d’avoir toujours quelque chose à apprendre, même de ceux qui peuvent être encore loin de la foi et de l’Église. Avec ses propres frères, ensuite, il sera amené à adopter une nouvelle approche fondée sur le partage, la coresponsabilité et la communion.

Chers amis, ne cessons jamais de remercier le Seigneur car dans la personne et dans le ministère des évêques, des prêtres et des diacres, Il continue de guider et de former l’Église, de la faire grandir sur le chemin de la sainteté. Mais nous devons en même temps continuer à prier pour que les pasteurs de nos communautés puissent être une image vivante de la communion et de l’amour de Dieu.

© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana

Des prêtres ni cléricaux, ni fonctionnaires

Message du pape François aux Évêques d’Italie – 8 novembre 2014

Ni « cléricaux » ni « fonctionnaires », mais des pasteurs qui « s’abaissent sans rien garder pour soi » et qui découvrent que « la vraie joie  se savoure dans la fraternité, une fraternité vécue »: voilà le portrait robot des prêtres du IIIe millénaire brossé par le pape François.

Chers frères dans l’épiscopat,

Je souhaite par ces quelques lignes exprimer ma proximité à chacun de vous ainsi qu’aux Églises qui vous entourent et dont vous êtes les Pasteurs grâce à l’Esprit de Dieu. Puisse ce même Esprit animer de sa sagesse et de son intelligence l’Assemblée générale qui va commencer, tout spécialement consacrée à la vie et à la formation permanente des prêtres.

À ce propos, votre venue à Assise fait aussitôt penser au grand amour et à la vénération que saint François nourrissait pour notre Sainte Mère l’Eglise hiérarchique, et tout spécialement pour les prêtres, y compris ceux qui étaient pour lui des « pauperculos huius saeculi » (Testament).

Parmi les grandes responsabilités que vous confie le ministère épiscopal figure celui de confirmer, soutenir et fortifier vos premiers collaborateurs, par lesquels passe la maternité de l’Église pour atteindre tout le peuple de Dieu. Combien en avons-nous connus ! Combien par leur témoignage ont contribué à nous attirer vers une vie de consécration ! Combien d’entre eux nous ont appris et nous ont façonnés !

Que chacun de nous, dans la mémoire reconnaissante du cœur, conserve leurs noms et visages.

Nous les avons vus dépenser leur vie parmi les gens de nos paroisses, éduquer les enfants, accompagner les familles, rendre visite aux malades à domicile et dans les hôpitaux, prendre en charge les pauvres, conscients que « se séparer des autres pour ne pas se salir est la plus grande des saletés » (L. Tolstoï). Libérés de toute chose et d’eux-mêmes, ils rappellent à tous que s’abaisser sans rien garder pour soi est le chemin qui conduit à cette hauteur que l’Évangile appelle « charité » ; et que la vraie joie se savoure dans la fraternité, une fraternité vécue.

Les saints prêtres sont des pécheurs pardonnés et des instruments du pardon. Leur existence parle la langue de la patience et de la persévérance ; ils ne sont pas restés des touristes de l’esprit, des éternels indécis et insatisfaits, car ils se savent dans les mains de Quelqu’un qui ne manque pas à ses promesses et dont la Providence fait en sorte que rien ne puisse jamais les séparer de cette appartenance. Cette conscience grandit en même temps que la charité par laquelle ils entourent d’attention et de tendresse les personnes qui leur sont confiées, jusqu’à les connaître une à une.

Oui, on trouve encore aujourd’hui des prêtres de cette envergure, des « ponts » pour la rencontre de Dieu et du monde, des sentinelles capables de laisser deviner une richesse autrement perdue.

Des prêtres comme ça, cela ne s’improvise pas : c’est le précieux travail de formation du Séminaire qui les forge, avant de les ordonner et de les consacrer à jamais des hommes de Dieu et serviteurs de son peuple. Mais il peut arriver que le temps refroidissent le généreux dévouement des débuts et coudre des pièces neuves sur un vieil habit ne servirait à rien: l’identité du prêtre, justement parce qu’elle vient d’en haut, exige de lui un cheminement quotidien de réappropriation à partir de ce qui a fait de lui un ministre de Jésus Christ.

La formation dont nous parlons c’est l’expérience permanente d’être « disciple », qui rapproche du Christ et permet de lui ressembler de plus en plus. C’est pourquoi elle ne connaît pas de fin, car les prêtres ne cessent jamais d’être des disciples de Jésus, de le suivre. Donc, la formation en tant que « disciple » accompagne toute la vie du ministre ordonné et touche toute sa personne et son ministère. Formation initiale et formation permanente sont deux moments d’une seule réalité: la marche du disciple prêtre, épris de son Seigneur et constamment sur ses pas (cf. Discours à l’assemblée plénière de la Congrégation pour le clergé, 3 octobre 2014).

Du reste, mes frères, vous savez qu’on n’a pas besoin de prêtres cléricaux, dont le comportement risque d’éloigner les gens du Seigneur, ni de prêtres fonctionnaires qui, tout en exerçant leur rôle, cherchent loin de Lui sa propre consolation.

Seuls ceux qui ont le regard fixé sur ce qui est vraiment essentiel peuvent renouveler leur « oui » au don reçu et, à chaque saison de la vie, ne jamais cesser de faire le don de leur vie ; seuls ceux qui se laissent conformer au Bon Pasteur trouvent unité, paix et force dans l’obéissance du service ; seuls ceux qui respirent sur l’horizon de la fraternité presbytérale sortent de la contrefaçon d’une conscience qui se prétend l’épicentre de tout, la seule mesure valable de ce qu’ils ressentent et font.

Je vous souhaite des journées d’écoute et de discussion qui vous aident à tracer de nouveaux itinéraires de formation permanente, capables de conjuguer ensemble les dimensions spirituelle et culturelle, les dimensions communautaire et pastorale : celles-ci sont les piliers de vies formées selon l’Evangile, gardées dans la discipline quotidienne, dans la prière, en prenant soin de ses sens et de soi, dans le témoignage humble et prophétique; des vies qui rendent à l’Eglise la confiance qu’elle a été la première à placer en elles.

Je vous accompagne de ma prière et de ma bénédiction que j’étends, par intercession de la Vierge Marie, à tous les prêtres de l’Eglise en Italie et à tous ceux qui travaillent au service de leur formation ; et je vous remercie de vos prières pour moi et pour mon ministère.

© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana

Le séminaire, c’est l’expérience fondatrice des Apôtres

Message du Pape aux séminaristes de France – 24 octobre 2014

« Le temps du séminaire correspond à cette expérience fondatrice que les Apôtres ont faite pendant de longs mois, lorsque Jésus les institua "pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer proclamer la Bonne Nouvelle" (Mc 3,14) », déclare le pape aux séminaristes de France.

Chers amis séminaristes,

Je salue cordialement chacun de vous, ainsi que vos formateurs et vos évêques que vous avez rejoints alors qu’ils ont achevé les travaux de l’Assemblée plénière de la Conférence épiscopale. Je me réjouis beaucoup de vous savoir tous réunis autour de Marie, la mère du Seigneur, en ce sanctuaire de Lourdes, tellement aimé à travers le monde.

En pensant à votre rassemblement en ce haut lieu marial, il me vient immédiatement à l’esprit et au cœur ce que la Parole de Dieu dit des disciples après que le Seigneur ressuscité leur ait demandé d’attendre l’Esprit Saint : « Ils montèrent dans la chambre haute où ils se tenaient habituellement (…). Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1, 13-14).

En contemplant cet événement, je voudrais que vous reteniez trois mots essentiels pour votre vie de séminaristes : fraternité, prière, mission.

Le livre des Actes nous dit que les disciples n’avaient qu’un seul cœur. Votre rassemblement en est une manifestation. Le temps du séminaire correspond à cette expérience fondatrice que les Apôtres ont faite pendant de longs mois, lorsque Jésus les institua « pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer proclamer la Bonne Nouvelle » (Mc 3,14). La fraternité des disciples, celle qui exprime l’unité des cœurs, fait partie intégrante de l’appel que vous avez reçu. Le ministère presbytéral ne peut en aucun cas être individuel, encore moins individualiste.

Au séminaire, vous vivez ensemble pour apprendre à vous connaître, à vous apprécier, à vous soutenir, parfois aussi à vous supporter, afin de vivre ensemble la mission et de donner ce témoignage de l’amour, grâce auquel on reconnaît les disciples de Jésus. Il est important de faire ce choix personnel et définitif d’un vrai don de vous-mêmes à Dieu et aux autres. Je vous invite donc à accepter cet apprentissage de la fraternité en y mettant toute votre ardeur ; vous grandirez dans la charité et vous construirez l’unité en prenant les initiatives que l’Esprit Saint vous inspire. Vous pourrez ainsi inventer les moyens les plus adéquats pour vivre en vérité la fraternité sacerdotale quand vous serez ordonnés. Fraternité, c’est le premier mot.

Prière. Ensemble, les disciples sont en prière avec Marie, dans l’attente de l’Esprit Saint. Vous avez été appelés par Jésus qui veut vous faire participer à son sacerdoce pour la vie du monde. À la base de votre formation, se trouve la Parole de Dieu, qui vous pénètre, vous nourrit, vous illumine. En priant avec elle, tout ce que vous apprenez prend vie dans la prière.

C’est pourquoi je vous exhorte à prendre chaque jour de longs moments de prière, vous rappelant comment Jésus lui-même se retirait dans le silence ou la solitude pour se plonger dans le mystère de son Père. Vous aussi, c’est dans la prière que vous retrouvez la présence aimante du Seigneur et que vous vous laissez transformer par lui, sans avoir peur des sécheresses qu’elle comporte, de la nuit qui la constitue habituellement. Moïse lui aussi entrait dans l’obscurité de la nuée pour parler avec Dieu dans l’humilité, comme un ami parle avec son ami.

Que votre prière soit un appel à l’Esprit, c’est lui qui construit l’Église, qui conduit les disciples et infuse la charité pastorale. C’est dans la puissance de l’Esprit que vous rejoindrez ceux à qui vous serez envoyés, dans la conscience qu’ils attendent de vous que vous soyez des témoins de Jésus, des « hommes de Dieu », pour que vous les conduisiez au Père.

J’en arrive ainsi à ma troisième parole : mission. De par votre baptême, vous êtes faits pour l’annonce de l’Évangile. Avec l’ordination presbytérale, vous recevez la charge de la proclamation de la Parole, sous la responsabilité de vos évêques. En vous préparant à cette mission vous vous rappellerez que c’est le dernier commandement du Seigneur : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, du Fils, et du Saint Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé » (Mt 28, 19-20). Tout ce que vous faites pendant votre formation n’a qu’un but : devenir d’humbles disciples-missionnaires pour faire des disciples.

Je vous encourage à apprendre à connaître le monde auquel vous serez envoyés, et à inscrire en vous le réflexe de la sortie de vous-mêmes, de la rencontre de l’autre. La préférence pour les personnes les plus éloignées est une réponse à l’invitation du Ressuscité qui vous précède et vous attend dans la Galilée des Nations. En allant aux périphéries, on touche aussi le centre.

La mission est inséparable de la prière car la prière vous ouvre à l’Esprit et l’Esprit vous guide dans la mission. Et la mission, dont l’âme est la charité, consiste à conduire ceux que vous rencontrez à percevoir la tendresse dont le Seigneur les enveloppe, à recevoir le baptême, à louer Dieu, à vivre de l’Eucharistie, pour participer à leur tour à la mission de l’Église.

Marie a accompagné Jésus dans sa mission. Elle était présente à la Pentecôte quand les disciples ont reçu l’Esprit Saint. Maternellement elle a accompagné les premiers pas de l’Église. Pendant ces jours à Lourdes, confiez-vous à elle, remettez votre appel entre ses mains, demandez-lui de faire de vous des pasteurs selon le cœur de Dieu. Qu’elle vous affermisse sur ces trois points essentiels que j’ai abordés : fraternité, prière, mission.

Je vous donne de tout cœur la Bénédiction apostolique et je vous demande de prier pour moi. Merci.

© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana

Catholic-Muslim Forum : Inacceptable, la violence au non de la religion

Déclaration finale de la 3ème séminaire du Forum catholique-musulman à Rome

Une condamnation « unanime » de la justification de la violence au nom de la religion, c’est ce qu’exprime le message final – en anglais - du troisième séminaire du « Catholic-Muslim Forum »  qui vient de se tenir au Vatican (11-13 novembre) sur le thème : « Travailler ensemble au service des autres », spécialement au service des jeunes, du dialogue interreligieux et de la société.

Les délégués ont reconnu de nombreux exemples à travers le monde de la collaboration entre catholiques et musulmans actif dans l'éducation, les efforts de bienfaisance et de secours. Après les présentations des exposés et des discussions qui ont suivi dans une atmosphère cordiale et fraternelle, les participants ont convenu sur les points suivants:

1. Les délégués ont reconnu que leur rassemblement a eu lieu dans une période de fortes tensions et des conflits dans le monde, soulignant l'importance vitale du service renforcée et une coopération mutuelle. Dans ce contexte, les délégués ont unanimement condamné les actes de terrorisme, l'oppression, la violence contre des personnes innocentes, la persécution, la profanation de lieux sacrés, et la destruction du patrimoine culturel. Il est jamais acceptable d'utiliser la religion pour justifier de tels actes ou d'embrouiller ces actes avec la religion.

2. L'éducation des jeunes, que ce soit dans la famille, l'école, l'université, église ou une mosquée, est de la plus haute importance pour la promotion d'une identité bien équilibrée qui favorise le respect pour les autres. À cette fin, les programmes et les manuels scolaires doivent présenter une image objective et respectueuse de l'autre.

3. Les participants ont affirmé l'importance de la culture du dialogue interreligieux pour approfondir la compréhension mutuelle. Cela est nécessaire pour surmonter les préjugés, les distorsions, les soupçons, et généralisations inappropriées, tout de qui endommagent les relations pacifiques que nous recherchons tous.

4. Il a été estimé que le dialogue devrait conduire à l'action, en particulier chez les jeunes. Les participants ont encouragé les chrétiens et les musulmans à multiplier les opportunités de rencontre et de coopération sur des projets communs pour le bien commun.

Le mercredi 12 Novembre, Sa Sainteté le Pape François a reçu en audience dans laquelle il a salué tous les participants, en les encourageant à persévérer sur la voie du dialogue islamo-chrétien, et a noté avec satisfaction leur engagement commun au service désintéressé et désintéressé de la société.

Enfin, les délégués ont exprimé leur satisfaction à leur rencontre fructueuse, et attendent avec intérêt la prochaine réunion du Forum.

© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana

 

L’Église a-t-elle changé sa doctrine sur la guerre ?

Y-a-t-il une guerre juste ?

Alors que nous venons de commémorer le 11 novembre et que certains analystes évoquent l'hypothèse d'une Troisième Guerre mondiale, l'Église renouvelle son discours sur le sujet.

« La guerre ! C'est une chose trop grave pour la laisser à des militaires », s'exclamait Georges Clemenceau avec son habituel sens de la provocation. Alors que la France commémore le centenaire de 1914-1918 et que l'inquiétant développement du terrorisme laisse redouter une sorte de Troisième Guerre mondiale, l'Église a réinvesti le terrain.

La nouvelle nature de la guerre

Le 10 août, le pape François demandait à l'Onu de« tout faire » pour mettre un terme aux violences contre les chrétiens et autres minorités en Irak.

Le 18 août, dans une conférence de presse à bord de l'avion qui le ramenait de Corée du Sud, il précisait : « Dans ces cas où il y a une agression injuste, je peux seulement dire qu’il est licite d’arrêter l’agresseur injuste. Je souligne le verbe : arrêter. Je ne dis pas bombarder, faire la guerre, mais l’arrêter. Les moyens par lesquels on peut arrêter, devront être évalués. »

Le 13 septembre, dans une homélie prononcée au cimetière militaire de Redipuglia, en Italie, en hommage aux victimes de 1914-1918, il actait la nouvelle nature de la guerre :« Aujourd'hui encore, après le deuxième échec d'une autre guerre mondiale, on peut, peut-être, parler d'une Troisième Guerre mondiale combattue “par morceaux”, avec des crimes, des massacres, des destructions… »

Au regard de ces changements, avec le développement mondial du terrorisme, le pape François aurait-il abandonné la posture de Paul VI, lançant son vibrant « plus jamais la guerre » ?

À la suite de Pie XII et du concile Vatican II, qui avaient vu comment les armes atomiques, biologiques et chimiques tendaient indistinctement à la destruction massive de villes et de civils(Gaudium et Spes n°80), l’Église en était venue à délégitimer le recours éthique à la force pour rétablir la justice, et mettait l’accent sur la construction de la paix. Aucune guerre réelle ne pouvait alors se parer de la justice de la légitime défense.

Dans la lignée de Benoît XV, pape élu en 1914, la guerre est toujours une« folie », une « catastrophe inutile », selon ses propres mots, ou une « aventure sans retour »selon ceux de Jean Paul II. Pourtant, et c’est le paradoxe, c’est bien la théorie de la« guerre juste » avec l’exigence de ses critères qui venait invalider la possibilité de recourir à la violence dans ces cas de guerres contemporaines.

Un réexamen nécessaire

En se prononçant sur la licéité d’arrêter un agresseur injuste dans le cadre du terrorisme, le pape a bien en vue le changement de nature de la guerre qui réclame un réexamen de ce qu’il est encore possible de faire.

« Nos fronts ne sont plus continus comme les tranchées de 1914-1918, expliquait récemment Luc Ravel, évêque aux armées, lors d'une conférence de presse. Les frontières ne sont plus fixes mais poreuses. Tous nos repères traditionnels s'effritent sous nos yeux. Les limites entre univers civil et militaire n'ont plus guère de sens, or tout notre droit international est construit sur cette distinction fondamentale. »

Il ajoutait : « Nous n'avons jamais fait la guerre à la Libye et pourtant nous avons fait la guerre en Libye. Nous n'avons jamais fait la guerre à l'Afghanistan et pourtant nous avons fait la guerre en Afghanistan. Face à ces mutations, nos critères habituels de justice ou de légitimité tombent pratiquement d'eux mêmes. »

Avec sa recherche de moyens à évaluer pour arrêter l’injuste agresseur, le pape François s'inscrit de fait dans une position traditionnelle de l'Église à l’égard de la « guerre juste » comme ultime recours à la force quand le pacifisme absolu serait négation de la justice et signe d’une violence structurelle.

Le catéchisme universel reprend la liste des critères exigeants qui doivent présider à la légitimité du recours à la force : « – que le dommage infligé par l'agresseur à la nation ou à la communauté des nations soit durable, grave et certain ; – que tous les autres moyens d'y mettre fin se soient révélés impraticables ou inefficaces ; – que soient réunies les conditions sérieuses de succès ; – que l'emploi des armes n'entraîne pas des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer. »

Comme ses prédécesseurs, il retient la licéité du rétablissement de la justice et comme eux, il privilégie la diplomatie et la recherche de consensus politique international.

Interrogé par La Vie, le politologue François Mabille voyait dans ce geste l'ouverture d'un chemin nouveau pour la diplomatie vaticane. Le passage d'un« moralisme »– rappeler qu'il faut la paix, le pardon, la réconciliation et le dialogue, valeurs pour le moins consensuelles – à une « morale internationale »en affirmant la nécessité d'une« solution politique » qui pourrait impliquer l'option d'une intervention militaire.

Une chose est sûre, en intervenant sur le sujet à plusieurs reprises en si peu de temps, le pape a montré qu'il souhaitait actualiser le dossier parce que la nature même de la guerre a changé.

Marie Lucie Kubacki

© Copyright 2014 – La Vie

**************

Lettre du pape François pour le G 20 de Brisbane

Premier ministre d’Australie

Les 15 et 16 novembre prochains à Brisbane, vous présiderez le Sommet des chefs d’État et de gouvernement du Groupe des 20 pays les plus développés de l’économie mondiale, portant ainsi un terme à la Présidence australienne du Groupe des 20 durant toute l’année passée. La Présidence a donné la preuve de représenter une excellente occasion pour tous d’apprécier l’importante contribution de l’Océanie dans la gestion des problématiques mondiales et ses efforts pour promouvoir une intégration constructive de tous les pays.

L’agenda du G20 à Brisbane est particulièrement centré sur les efforts à mettre en œuvre pour relancer l’économie mondiale, grâce à un projet de croissance durable qui éloignerait le spectre de la récession mondiale. Un élément crucial est apparu lors des travaux préparatoires, soit l’impératif de créer des opportunités d’emplois dignes, stables et dont tout le monde aurait le bénéfice. Cela suppose et demande une amélioration de la qualité des dépenses publiques et des investissements, la promotion d’investissements privés, un système d'imposition juste et équitable, un effort concerté pour combattre l’évasion fiscale et une réglementation du secteur financier, qui garantisse honnêteté, sécurité et transparence.

Je voudrais demander aux chefs d’État et de gouvernement du G20 de ne pas oublier que derrière ces discussions politiques et techniques sont en jeu tant de vies, et qu’il serait vraiment regrettable que ces discussions s’arrêtent à de simples déclarations de principe. Le monde, y compris dans les pays qui font partie du G20, est peuplé d’hommes et de femmes souffrant de grave malnutrition, à cause de l’augmentation du nombre de chômeurs, du pourcentage extrêmement élevé de jeunes sans emplois, et de l’exclusion sociale qui est en hausse et peut favoriser l’activité criminelle, voire le recrutement de terroristes. En plus de cela, on remarque une constante agression de l’environnement naturel, résultat d’une course effrénée à la consommation, autant d’éléments aux conséquences sérieuses pour l’économie mondiale.

Je fais donc vœu que vous puissiez arriver à un consensus substantiel et effectif sur les thèmes prévus à votre agenda. J’espère également que les analyses des résultats de ce consensus ne se réduiront pas à des indices mondiaux, mais mettront aussi l’accent sur une réelle amélioration de la vie des familles les plus pauvres et la réduction de toutes les formes  inacceptables d’inégalités. Je formule cet espoir en vue de l’Agenda post-2015, qui sera approuvé par la session de l’Assemblée des Nations Unies en cours, qui devrait inclure les arguments vitaux du travail digne pour tous et du changement climatique.

Les Sommets du G20, qui commencèrent avec la crise financière de 2008, ont eu lieu sur fond dramatique de conflits militaires, entraînant des désaccords entre les membres du Groupe. On peut remercier que tels désaccords n’aient pas empêché un vrai dialogue à l’intérieur du G20, qu’il s’agisse de sujets  prévus à l’agenda  et ceux ayant trait à la sécurité mondiale et à la paix. Mais cela ne suffit pas. Le monde entier attend  du G20 un accord vraiment plus large qui puisse conduire, dans le cadre d’un programme des Nations Unies, à un arrêt définitif de l’injuste agression subie par différents groupes, religieux et ethniques, y compris les minorités, au Moyen Orient. Il faudrait également que celui-ci conduise à une élimination des causes profondes du terrorisme, qui a atteint des proportions jusqu’ici inimaginables; ces causes incluent la pauvreté, le sous-développement et l’exclusion. Il est de plus en plus évident que les solution à ce grave problème ne saurait être de nature exclusivement militaire, mais qu’il faille se concentrer aussi sur ceux qui, d’une façon ou d’une autre, encouragent les groupes terroristes en les soutenant politiquement, en favorisant leur commerce illégal de pétrole ou en les ravitaillant en armes et technologie. Des efforts en matière d’éducation sont également nécessaires tout comme une meilleure prise de conscience que la religion ne peut être exploitée à des fins qui justifient la violence.

Ces conflits laissent de profondes cicatrices et produisent en plusieurs régions du monde des situations humanitaires insupportables. Je saisis cette occasion pour demander aux Etats membres du G20 d’être des exemples de générosité et de solidarité lorsqu’ils se trouvent face aux nombreux besoins des victimes de ces conflits, spécialement envers les réfugiés.

La situation au Moyen-Orient relance le débat sur la responsabilité de la communauté internationale à protéger les individus et les peuples contre les attaques extrêmes portées aux droits de l’homme et contre le mépris total du droit humanitaire. La communauté internationale, et en particulier les Etats membres du G20 devraient aussi se préoccuper de la nécessité de protéger les citoyens de tout pays contre d’autres formes d’agressions, moins évidentes, mais tout aussi réelles et graves. Je me réfère notamment aux abus dans le système financier, comme ces transactions qui ont mené à la crise de 2008 et plus généralement, à la spéculation libre de contraintes politiques ou juridiques et à cette mentalité qui voit dans la maximisation des profits le critères final de toute activité économique. Une mentalité qui écarte les personnes en dernière analyse est une mentalité qui ne connaîtra jamais la paix ni la justice. Tant au niveau national qu’international, il faut donc que la responsabilité pour les pauvres et les exclus figure comme élément essentiel dans chaque décision politique.

Par cette lettre, je souhaite vous exprimer, monsieur le premier ministre, mon appréciation pour votre travail, et offrir mon encouragement et ma prière pour les délibérations qui devront être adoptées, ainsi que pour la réussite de ce Sommet. J’invoque la bénédiction de Dieu sur tous ceux qui prennent part à cette rencontre et sur tous les citoyens des pays du G20. J’accompagne l’heureuse conclusion de la présidence de l’Australie de tous mes vœux et de mes prières, et vous prie d’agréer l’assurance de ma très haute considération.

Le Maître est là, il nous appelle

Commentaire de l’Évangile du 33ème Dimanche du Temps ordinaire

Le Père Pascal Montavit nous offre son commentaire de l'Évangile de ce dimanche 16 novembre. Évangile selon saint Matthieu 25, 14-30 : la parabole des talents.

 

Nous méditons aujourd’hui la parabole des talents. Une lecture attentive de cet Évangile nous permet de mieux comprendre le temps à venir mais aussi comment vivre le temps présent. Voyons cela plus précisément.

Tout d’abord, il est dit qu’un homme, partant en voyage, appelle ses serviteurs et leur confie ses biens. Il s’agit là d’une description de notre temps, ce temps qui s’écoule depuis l’Ascension de Jésus et qui durera jusqu'à son retour. Le Seigneur nous confie un trésor qui n’est autre que le message du Salut accordé à tous les hommes. Le dépositaire de ce message, c’est l’Église. De plus, la somme que le maître confie à ses serviteurs est énorme. Il s’agit de plusieurs talents. Ainsi en est-il de la richesse de l’Église qui offre aux croyants l’eucharistie et le pardon des péchés.

À chacun est donné selon ses capacités. Cette spécificité nous rappelle le discours sur l’Église de saint Paul : « Dieu a placé les membres, et chacun d’eux dans le corps » (1 Co 12,18). Chacun a une place dans l’Église et pour que celle-ci fonctionne bien, il est nécessaire de la connaître et de l’accepter. S’attacher à la mission qui nous a été confiée et ne pas regarder avec envie celles des autres est essentiel. « Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? Si tout était oreille, où serait l’odorat » (1 Co 12,17).

Longtemps après, le maître rentre de voyage (Mt 25,19). Ce temps peut parfois paraître long. Mais rien ne nous est dit quant à la date et à l’heure de la venue de Jésus. Nous sommes appelés à nous tenir prêts, à veiller dans la foi et l’espérance.

Vient ensuite le temps de la rétribution. Chacun des trois serviteurs se présente devant le maître et lui présente ce qu’il a fait du don qui lui a été confié. Les deux premiers disent : « Seigneur tu m’as confié cinq (ou deux) talents, voilà j’en ai gagné cinq (ou deux) autres ». Il est important de noter que ces serviteurs, bons et fidèles, se sont appropriés les talents que le maître leur a confiés. Ils ont reçu ce trésor avec joie, ont fait confiance au maître et ainsi ont porté du fruit. Le troisième, quant à lui, ne s’est pas approprié le don que le maître lui a fait. Il dit : « J’ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici » (Mt 25,25). Ce serviteur n’a pas su reconnaître la bonté de son maître. Il voyait en lui un homme dur. Voilà toute la différence entre les serviteurs qui portent du fruit et ceux qui n’en portent pas. Il en est de même dans l’Église. Ceux qui reconnaissent en Dieu, l’Amour et la Miséricorde, osent se lancer, et soutenus par la grâce de Dieu, ils portent du fruit. Ceux qui voient en Dieu, un être lointain et punisseur, enfouissent leur talent par peur.

En ce jour, nous pouvons nous poser deux questions importantes. Quel est le talent que le Seigneur m’a confié pour le bien de l’Église ? Nous en avons tous un. Le nier c’est tout simplement dire que le Bon Dieu ne connaît pas chacun de ses enfants. Parfois nous pouvons aussi le nier parce que nous aimerions bien avoir le talent détenu par notre prochain. La deuxième question est relative à l’image que nous avons de Dieu. En avons-nous peur au point de rester paralysés ou de le fuir ou lui faisons-nous confiance ? Le point de départ de toute mission pour l’Eglise est cette relation personnelle à Dieu qui nous fait demeurer dans la confiance quelles que soient les épreuves. Le maître est là et il nous appelle.

© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana