PKO 14.12.2014
Dimanche 14 décembre 2014 – 3ème Dimanche de l’Avent – Année B
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°65/2014
HUMEURS
Notre Dame de Guadalupe, priez pour nous
Aujourd’hui est la fête de Notre-Dame de Guadalupe, patronne de toute l’Amérique. Je profite de cette occasion pour saluer mes frères et sœurs de ce continent, et je le fais en pensant à la Vierge de Tepeyac.
Lorsqu’elle apparut à saint Juan Diego, son visage était celui d’une femme métisse, et ses habits portaient de nombreux symboles de la culture autochtone. En suivant l’exemple de Jésus, Marie est proche de ses fils et filles, elle les accompagne en tant que mère attentive sur leur chemin, elle partage les joies et les espérances, les souffrances et les angoisses du peuple de Dieu, dont sont appelés à faire partie tous les peuples de la terre.
L’apparition de l’image de la Vierge sur le tilma de Juan Diego, fut le signe prophétique d’une étreinte : Marie serre dans ses bras tous les habitants des vastes terres d’Amérique, ceux qui étaient déjà là et ceux qui devaient venir par la suite.
Cette étreinte de Marie indiqua le chemin qui a toujours caractérisé l’Amérique : être une terre où puissent coexister des peuples différents, une terre capable de respecter la vie humaine à toutes ses étapes, du sein maternel à la vieillesse, capable d’accueillir les immigrants, ainsi que les peuples, les pauvres et les personnes marginalisées, à toutes les époques. L’Amérique est une terre généreuse.
Tel est le message de Notre-Dame de Guadalupe, et tel est également mon message, le message de l’Église. J’encourage tous les habitants du continent américain à garder leurs bras ouverts comme la Vierge, avec amour et tendresse.
Je prie pour vous tous, chers frères et sœurs de toute l’Amérique, et vous aussi priez pour moi ! Que la joie de l’Évangile demeure toujours dans vos cœurs ! Que le Seigneur vous bénisse, et que la Vierge vous accompagne.
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Regard sur L’ACTUALITÉ
Pour l’amour d’une fleur
En dépit des incantations parfois pathétiques ou des promesses souvent bien légères de nos responsables politiques, il faut bien se rendre à cette évidence que la croissance ne reviendra pas. La croissance, celle que nous avons connue avec des hauts et des bas depuis les années d'après-guerre jusqu'au tournant de ce nouveau siècle, nous a quittés définitivement. Les raisons en sont multiples, mais il y en a une que chacun comprendra : notre planète est malade d'avoir dû supporter trop de pillage inconsidéré de ses richesses, trop d'exploitation sauvage de ses ressources, trop de dévastation absurde de son potentiel. Depuis la révolution industrielle du XVIIIème siècle, d'abord en Europe, puis aux États-Unis, enfin dans le monde entier jusqu'à l'émergence des nouveaux géants actuels comme la Chine, l'Inde, le Brésil, le développement économique s'est surtout préoccupé de multiplier les biens de production promis à la convoitise d'une masse de consommateurs de plus en plus grande. Cette croissance quantitative, souvent dopée par le capitalisme, a fait les beaux jours de l'économie libérale jusqu'à la crise de ces dernières années. Dans le même temps, l'accroissement de la population mondiale, en partie seulement régulée par la transition démographique, nous promet neuf milliards d'humains en 2030, alors qu'il n'y en avait qu'un milliard en 1800 !
Dans ce contexte, où l'idée de rareté des ressources accompagne celle d'un dérèglement généralisé du climat du fait des activités humaines trop polluantes et non respectueuses de l'environnement, il devient impératif de s'interroger sur une autre forme de croissance. De plus en plus de groupes se forment dans la société civile, auxquels on donne souvent le nom générique d'écolos, qui voudraient faire évoluer les choses. La triste mort du jeune Rémi Fraisse en octobre, lors d'une manifestation au « barrage » de Sivens dans le Tarn, a montré tragiquement combien ce type de résistance pacifique pouvait être contaminé par des groupes de casseurs, dont le cortège de saccages et de dévastations pousse véritablement à la guérilla urbaine. Le plus préoccupant en effet dans ce climat presque pré-insurrectionnel est de constater l'extrême porosité qui peut exister aujourd'hui entre des militants sincères et raisonnables et des anarchistes de tout poil, désireux de détruire par la violence brutale une société que les autres s'efforcent de faire évoluer pacifiquement.
On sait aujourd'hui que Rémi Fraisse, ce jeune botaniste, voulait sauver la renoncule à feuille d'ophioglosse, ce bouton d'or en forme de cœur, une espèce rare qui pousse encore dans la zone humide de Sivens. II a manifesté pour cela et il est mort pour avoir trop aimé une fleur. Quelle tristesse !
Bernard Robin
Ce qui s’est vraiment passé au Synode d’octobre 2014
Audience générale du mercredi 10 décembre 2014 – Pape François
« Aujourd’hui je voudrais raconter ce qui s’est vraiment passé durant ce synode » : c'est en ces termes que le pape François a inauguré un nouveau cycle de catéchèses sur la famille, lors de l'audience générale du mercredi 10 décembre 2014.
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous avons conclu un cycle de catéchèses sur l’Église. Remercions le Seigneur qui nous a fait faire ce chemin, nous permettant de redécouvrir la beauté et la responsabilité d’appartenir à l’Église, d’être Église… de l’être tous !
Nous ouvrons maintenant une nouvelle étape, un nouveau cycle, et le thème sera la famille ; un thème qui s’inscrit dans une période intermédiaire entre deux assemblées du synode consacrées à cette réalité si importante. C’est pourquoi, avant d’entrer dans les divers aspects de la vie familiale, je souhaite partir de l’assemblée synodale d’octobre dernier dont le thème était : « Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de la nouvelle évangélisation ». Il est important de rappeler comment cette assemblée s’est déroulée et ce qu’elle a produit, comment ça s’est passé et ce qu’il en ressort.
Durant le Synode, les médias ont fait leur travail – il y avait beaucoup d’attente, une très grande attention – et nous les en remercions car ils l’ont fait également avec abondance. Tant de nouvelles, vraiment beaucoup ! Et tout cela grâce à la Salle de presse qui faisait chaque jour un briefing. Mais la vision des médias était souvent un peu dans le style des chroniques sportives, ou politiques : on parlait souvent de deux équipes, pour et contre, conservateurs et progressistes, etc. Aujourd’hui je voudrais raconter ce qui s’est vraiment passé durant ce synode.
Tout d’abord j’ai demandé aux pères synodaux de parler avec franchise et courage et d’écouter avec humilité, de dire avec courage tout ce qu’ils avaient dans le cœur. Au synode il n’y a pas eu de censure préalable, chacun pouvait – voire plus encore… devait – dire ce qu’il avait dans le cœur, ce qu’il pensait sincèrement. « Mais cela fera discuter ». C’est vrai, nous avons entendu comment les apôtres discutaient. Le texte dit : une vive discussion s’éleva. Les apôtres se chamaillaient entre eux, cherchant à savoir quelle était la volonté de Dieu sur les païens, si ces derniers pouvaient entrer dans l’Église ou pas. C’était quelque chose de nouveau. Quand on cherche à faire la volonté de Dieu dans une assemblée synodale, il y a toujours des discussions et tant de points de vue différents qui s’expriment, ce qui n’est pas une mauvaise chose ! Pourvu que cela se fasse avec humilité et dans un esprit de service envers les frères de cette assemblée. Une censure préalable aurait été une mauvaise chose. Non, non, chacun devait dire ce qu’il pensait. Après l’intervention initiale du cardinal Erdő, il y a eu un premier moment fondamental, au cours duquel tous les Pères ont pu parler, et tous ont écouté. Cette attitude d’écoute des Pères était édifiante. Un moment de grande liberté, où chacun a pu exposer sa propre pensée avec parrhèsia et confiance. L’« Instrument de travail » constituait le socle des interventions, fruit de la précédente consultation de toute l’Église. Et nous devons, ici, remercier le secrétariat du synode pour tout le travail qu’il a fourni avant et durant l’assemblée. Ils ont vraiment fait du bon travail.
Aucune intervention n’a remis en question les vérités fondamentales du sacrement du mariage, c’est-à-dire : l’indissolubilité, l’unité, la fidélité et l’ouverture à la vie (cf. Conc. Oecum. Vat. II,Gaudium et spes, 48 ; Code de Droit Canon, 1055-1056). Tout cela n’a pas été touché.
Toutes les interventions ont été rassemblées et l’on est passé à la seconde phase, soit à l’élaboration d’un brouillon que l’on appelle Rapport après discussion. C’est le cardinal Erdő, encore une fois, qui en était chargé. Ce rapport s’articulait en trois points : écoute du contexte et des défis de la famille ; regard fixé sur le Christ et l’Évangile de la famille ; échanges sur les perspectives pastorales.
Cette première proposition de synthèse a été suivie d’une discussion en groupes, qui fut le troisième moment. Les groupes, comme toujours, étaient répartis selon les langues, car c’est mieux comme ça, on communique mieux : italien, anglais, espagnol et français. Chaque groupe à la fin de son travail a présenté un rapport, et tous les rapports des groupes ont été aussitôt publiés. Tout a été donné, par souci de transparence, pour que l’on sache ce qui se passait.
À ce moment-là – c’est la quatrième phase – une commission a examiné toutes les suggestions fournies par les groupes linguistiques et procédé à la rédaction du Rapport final, qui a conservé le schéma précédent – écoute de la réalité, regard sur l’Évangile et engagement pastoral – mais en essayant de tirer le suc des discussions de chaque groupe. Comme toujours, un Message final du synode a été approuvé, plus court et plus accessible que le rapport.
Voilà comment s’est passée l’assemblée synodale. Certains d’entre vous peuvent me demander : « Les pères se sont-ils disputés ? ». Mais, je ne sais pas s’ils se sont disputés, mais qu’ils ont parlé fort, ça oui, vraiment. C’est cela être libre, et c’est la liberté que l’on trouve dans l’Église. Tout s’est passé « cum Petro et sub Petro », c’est-à-dire en présence du pape, qui est une garantie de liberté et de confiance pour tous, une garantie d’orthodoxie. Et à la fin, je suis intervenu, pour lire une brève synthèse sur cette expérience synodale.
Donc, on compte trois documents officiels sortis du synode : le Message final, le rapport final et le discours final du pape. Il n’y en a pas d’autres.
Le rapport final, qui a été le point d’arrivée de toute la réflexion des diocèses jusqu’à ce moment, a été publié hier et envoyé aux conférences épiscopales, qui pourront en discuter dans l’optique de la prochaine assemblée, l’assemblée ordinaire, en octobre 2015. Je dis que ce rapport a été publié hier – même s’il a déjà été publié avant – car hier il a été envoyé avec les questions adressées aux conférences épiscopales, devenant ainsi les Lineamenta du prochain Synode.
Il faut savoir que le synode n’est pas un parlement, où le représentant de cette Église, de cette Église, de cette Église, vient… Oui le représentant vient, mais la structure n’est pas parlementaire, elle est totalement différente. Le synode est un espace protégé afin que l’Esprit Saint puisse agir ; il n’y a pas eu d’affrontements entre factions comme dans un parlement, mais des échanges entre évêques, après un long travail de préparation, qui se poursuivront pour le bien des familles, de l’Église et de la société. C’est tout un processus, le parcours normal d’un synode. A présent cette Relatio repart dans les Églises particulières qui poursuivront ce travail de prière, de réflexion et de discussion fraternelle de manière à préparer la prochaine assemblée. C’est cela le synode des évêques. Nous le confions à la protection de la Vierge notre Mère. Qu’Elle nous aide à faire la volonté de Dieu en prenant les décisions pastorales qui aideront davantage et mieux la famille. Je vous demande d’accompagner par la prière ce parcours synodal jusqu’au prochain synode. Que le Seigneur nous éclaire, qu’Il nous conduise vers la maturité de ce que, comme Synode, nous devons dire à toutes les Églises. Et sur ce point votre prière est importante.
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Réveillez le monde ! (2)
Lettre apostolique du pape François à tous les consacrés
« Réveillez le monde ! », demande une nouvelle fois le pape François aux personnes consacrées à Dieu dans le célibat pour le Royaume, à l'occasion de l'ouverture, dimanche, 30 novembre, de l'Année de la vie consacrée. Elle s'achevera le 2 février 2016. Le pape a choisi une « lettre apostolique » pour transmettre ce message à « tous les consacrés », en date du 21 novembre 2014, fête de la Présentation de la Vierge Marie au Temple de Jérusalem
II - Les attentes pour l’Année de la Vie Consacrée
Qu’est-ce que j’attends en particulier de cette Année de grâce de la vie consacrée ?
1. Que soit toujours vrai ce que j’ai dit un jour : « Là où il y a les religieux il y a la joie ». Que nous soyons appelés à expérimenter et à montrer que Dieu est capable de combler notre cœur et de nous rendre heureux, sans avoir besoin de chercher ailleurs notre bonheur ; que l’authentique fraternité vécue dans nos communautés alimente notre joie ; que notre don total dans le service de l’Église, des familles, des jeunes, des personnes âgées, des pauvres, nous réalise comme personnes et donne plénitude à notre vie.
Que ne se voient pas parmi nous des visages tristes, des personnes mécontentes et insatisfaites, parce qu’« une sequela triste est une triste sequela ». Nous aussi, comme tous les autres hommes et femmes, nous avons des difficultés : nuits de l’esprit, déceptions, maladies, déclin des forces dû à la vieillesse. C’est précisément en cela que nous devrions trouver la « joie parfaite », apprendre à reconnaître le visage du Christ qui s’est fait en tout semblable à nous, et donc éprouver la joie de nous savoir semblables à lui qui, par amour pour nous, n’a pas refusé de subir la croix.
Dans une société qui exhibe le culte de l’efficacité, de la recherche de la santé, du succès, et qui marginalise les pauvres et exclut les « perdants », nous pouvons témoigner, à travers notre vie, la vérité des paroles de l’Écriture : « Quand je suis faible c’est alors que je suis fort » (2 Co 12,10).
Nous pouvons bien appliquer à la vie consacrée ce que j’ai écrit dans l’Exhortation apostoliqueEvangelii gaudium, en citant une homélie de Benoît XVI : « L’Église ne grandit pas par prosélytisme, mais par attraction » (n. 14). Oui, la vie consacrée ne grandit pas si nous organisons de belles campagnes vocationnelle, mais si les jeunes qui nous rencontrent se sentent attirés par nous, s’ils nous voient être des hommes et des femmes heureux ! De même, son efficacité apostolique ne dépend pas de l’efficacité ni de la puissance de ses moyens. C’est votre vie qui doit parler, une vie de laquelle transparait la joie et la beauté de vivre l’Évangile et de suivre le Christ.
Je vous répète aussi ce que j’ai dit durant la dernière Vigile de la Pentecôte aux Mouvements ecclésiaux : « La valeur de l’Église, fondamentalement, c’est de vivre l’Évangile et de rendre témoignage de notre foi. L’Église est le sel de la terre, c’est la lumière du monde, elle est appelée à rendre présent dans la société le levain du Royaume de Dieu, et elle le fait avant tout par son témoignage, le témoignage de l’amour fraternel, de la solidarité, du partage » (18 mai 2013).
2. J’attends que « vous réveilliez le monde », parce que la note qui caractérise la vie consacrée est la prophétie. Comme je l’ai dit aux Supérieurs Généraux « la radicalité évangélique ne revient pas seulement aux religieux : elle est demandée à tous. Mais les religieux suivent le Seigneur d’une manière spéciale, de manière prophétique ». Voilà la priorité qui est à présent réclamée : « être des prophètes qui témoignent comment Jésus a vécu sur cette terre… Jamais un religieux ne doit renoncer à la prophétie » (29 novembre 2013).
Le prophète reçoit de Dieu la capacité de scruter l’histoire dans laquelle il vit, et d’interpréter les événements : il est comme une sentinelle qui veille durant la nuit et sait quand arrive l’aurore (cf. Is 21, 11-12). Il connait Dieu et il connait les hommes et les femmes, ses frères et sœurs. Il est capable de discernement et aussi de dénoncer le mal du péché et les injustices, parce qu’il est libre ; il ne doit répondre à d’autre maître que Dieu, il n’a pas d’autres intérêts que ceux de Dieu. Le prophète se tient habituellement du côté des pauvres et des sans défense, parce que Dieu lui-même est de leur côté.
J’attends donc, non pas que vous mainteniez des « utopies », mais que vous sachiez créer d’« autres lieux », où se vive la logique évangélique du don, de la fraternité, de l’accueil de la diversité, de l’amour réciproque. Monastères, communautés, centres de spiritualité, villages d’accueil, écoles, hôpitaux, maisons familiales, et tous ces lieux que la charité et la créativité charismatique ont fait naître – et qu’ils feront naître encore par une créativité nouvelle – doivent devenir toujours plus le levain d’une société inspirée de l’Évangile, la « ville sur la montagne » qui dit la vérité et la puissance des paroles de Jésus.
Parfois, comme il est arrivé à Élie et à Jonas, peut venir la tentation de fuir, de se soustraire à la tâche de prophète, parce qu’elle est trop exigeante, parce qu’on est fatigué, déçu des résultats. Mais le prophète sait qu’il n’est jamais seul. À nous aussi, comme à Jérémie, Dieu dit avec assurance : « N’aie pas peur…parce que je suis avec toi pour te défendre » (Jr 1,8).
3. Les religieux et religieuses, à égalité avec toutes les autres personnes consacrées, sont appelés à être « experts en communion ». J’attends par conséquent que la « spiritualité de la communion », indiquée par saint Jean-Paul II, devienne réalité, et que vous soyez en première ligne pour recueillir le « grand défi qui se trouve devant nous » en ce nouveau millénaire : « faire de l’Église la maison et l’école de la communion »5. Je suis certain que durant cette Année vous travaillerez avec sérieux pour que l’idéal de fraternité poursuivi par les Fondateurs et Fondatrices grandisse à tous les niveaux, comme des cercles concentriques.
La communion s’exerce avant tout à l’intérieur des communautés respectives de l’Institut. À ce sujet je vous invite à relire mes fréquentes interventions dans lesquelles je ne cesse pas de répéter que les critiques, les bavardages, les envies, les jalousies, les antagonismes, sont des attitudes qui n’ont pas le droit d’habiter dans nos maisons. Mais, ceci étant dit, le chemin de la charité qui s’ouvre devant nous est presque infini, parce qu’il s’agit de poursuivre l’accueil et l’attention réciproque, de pratiquer la communion des biens matériels et spirituels, la correction fraternelle, le respect des personnes les plus faibles… C’est « la “mystique” du vivre ensemble », qui fait de notre vie un « saint pèlerinage »6. Nous devons nous interroger aussi sur le rapport entre les personnes de cultures diverses, en constatant que nos communautés deviennent toujours plus internationales. Comment accorder à chacun de s’exprimer, d’être accueilli avec ses dons spécifiques, de devenir pleinement coresponsable ?
J’attends, de plus, que grandisse la communion entre les membres des divers Instituts. Cette Année ne pourrait-elle pas être l’occasion de sortir avec plus de courage des frontières de son propre Institut, pour élaborer ensemble, au niveau local et global, des projets communs de formation, d’évangélisation, d’interventions sociales ? De cette manière, un réel témoignage prophétique pourra être offert plus efficacement. La communion et la rencontre entre les différents charismes et vocations sont un chemin d’espérance. Personne ne construit l’avenir en s’isolant, ni seulement avec ses propres forces, mais en se reconnaissant dans la vérité d’une communion qui s’ouvre toujours à la rencontre, au dialogue, à l’écoute, à l’aide réciproque, et nous préserve de la maladie de l’autoréférentialité.
En même temps, la vie consacrée est appelée à poursuivre une sincère synergie entre toutes vocations dans l’Église, en partant des prêtres et des laïcs, en sorte de « développer la spiritualité de la communion, d’abord à l’intérieur d’elles-mêmes, puis dans la communauté ecclésiale et au delà de ses limites »7.
4. J’attends encore de vous ce que je demande à tous les membres de l’Église : sortir de soi-même pour aller aux périphéries existentielles. « Allez partout dans le monde » a été la dernière parole que Jésus a adressée aux siens, et qu’il continue d’adresser aujourd’hui à nous tous (cf. Mc 16,15). C’est une humanité entière qui attend : personnes qui ont perdu toute espérance, familles en difficulté, enfants abandonnés, jeunes auxquels tout avenir est fermé par avance, malades et personnes âgées abandonnées, riches rassasiés de biens et qui ont le cœur vide, hommes et femmes en recherche de sens de la vie, assoiffés de divin…
Ne vous repliez pas sur vous-mêmes, ne vous laissez pas asphyxier par les petites disputes de maison, ne restez pas prisonniers de vos problèmes. Ils se résoudront si vous allez dehors aider les autres à résoudre leurs problèmes et annoncer la bonne nouvelle. Vous trouverez la vie en donnant la vie, l’espérance en donnant l’espérance, l’amour en aimant.
J’attends de vous des gestes concrets d’accueil des réfugiés, de proximité aux pauvres, de créativité dans la catéchèse, dans l’annonce de l’Évangile, dans l’initiation à la vie de prière. Par conséquent, je souhaite l’allègement des structures, la réutilisation des grandes maisons en faveur d’œuvres répondant davantage aux exigences actuelles de l’évangélisation et de la charité, l’adaptation des œuvres aux nouveaux besoins.
5. J’attends que toute forme de vie consacrée s’interroge sur ce que Dieu et l’humanité d’aujourd’hui demandent.
Les monastères et les groupes d’orientation contemplative pourraient se rencontrer, ou bien se relier de manières plus variées pour échanger les expériences sur la vie de prière, sur comment grandir dans la communion avec toute l’Église, sur comment soutenir les chrétiens persécutés, sur comment accueillir et accompagner ceux qui sont en recherche d’une vie spirituelle plus intense ou qui ont besoin d’un soutien moral ou matériel.
Les Instituts caritatifs, consacrés à l’enseignement, à la promotion de la culture, ceux qui se lancent dans l’annonce de l’Évangile ou qui développent des ministères pastoraux particuliers, les Instituts séculiers avec leur présence diffuse dans les structures sociales, pourront faire de même. L’imagination de l’Esprit a engendré des modes de vie et de faire si divers que nous ne pouvons pas facilement les cataloguer ni les inscrire dans des schémas préfabriqués. Il ne m’est donc pas possible de faire référence à chaque forme particulière de charisme. Personne, cependant, cette Année, ne devrait se soustraire à une vérification sérieuse concernant sa présence dans la vie de l’Église et sur la manière de répondre aux demandes nouvelles continuelles qui se lèvent autour de nous, au cri des pauvres.
C’est seulement dans cette attention aux besoins du monde et dans la docilité aux impulsions de l’Esprit, que cette Année de la Vie Consacrée se transformera en un authentique Kairòs, un temps de Dieu riche de grâces et de transformations.
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4 Homélie de la fête de la Présentation de Jésus au Temple, 2 février 2013.
5 Lett. ap. Novo millennio ineunte, 6 janvier 2001, n.43.
6 Exh. ap. Evangelii gaudium, 24 novembre 2013, n.87.
7 Jean-Paul II, Exhort. ap. post-syn. Vita consacrata, 25 mars 1996, n.51.
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Les frères de Ploërmel en Polynésie (1)
Extrait de « Tahiti 1834-1984 » du R.P. Paul HODÉE, d.
Dans le cadre de l’Année de la Vie consacrée, nous nous proposons de relire quelques pages de l’histoire des congrégations religieuses en Polynésie… nous commençons aujourd’hui par un bref résumé de la Congrégation des Frères de Ploërmel…
Des débuts difficiles
Le 18 octobre 1860, les frères Alpert Ropert, Arsène Guillet, Hilaire Toublanc et Eubert Robic débarquent à Papeete au terme d'un long voyage de 13 mois. Pendant cinq mois à Valparaiso, ils travaillent avec les pères des Sacrés-Cœurs ; ils font une escale de huit jours à Nuku-Hiva où ils sont reçus par Mgr Dordillon. Dès le 2 décembre 1860, le Commissaire Impérial Gaultier de la Richerie les « autorise à ouvrir immédiatement un externat de jeunes garçons ». Cette date marque l'origine de l'école publique des garçons à Tahiti dans des conditions par ailleurs très difficiles ; le gouverneur de la Richerie, malgré ce qu'avait prévu son prédécesseur Saisset et ce qu'offrait Mgr Jaussen, attribue aux frères « une vieille case dans une aile de la caserne » au cœur du quartier le plus mal famé de la ville.
Cet envoi des Frères de l'Instruction Chrétienne à Tahiti est un des tout derniers actes de leur fondateur, alors âgé de 79 ans, l'abbé Jean-Marie de la Mennais. Il avait déjà envoyé ses frères aux Antilles, en Guyane, au Sénégal ; c'est d'ailleurs du Sénégal que venait le frère Ropert, le directeur et fondateur de l'œuvre des frères en Polynésie où il restera sept ans. Pour saisir le sens de cette arrivée et comprendre les difficultés de tous ordres qui surviennent dès le début, à commencer par le logement infect et les tracasseries administratives, il convient de situer cette demande ; elle a ses racines sept ans plus tôt.
Pour asseoir son autorité, « annuler les anglais » et lutter contre les pères des Sacrés-Cœurs par des « prêtres gouvernementaux », le gouverneur Page écrit au Ministre de la Marine en 1853 : « Je prie qu'on m'envoie de France des instituteurs ayant dans leur programme le français ; la majorité des districts me le demandent... Il faut des instituteurs qui reçoivent et respectent les ordres du Gouvernement... des Frères de la Doctrine chrétienne (sic) seraient un noyau suffisant »24. En plus des autres excès - affaire d'Anaa de 1852 - le Ministre, tout en retenant l'idée, n'apprécie guère les motivations avancées. Il écrit au gouverneur du Bouzet qui succède à Page : « Monsieur Page, à tort, a voulu soustraire l'enseignement à la Mission catholique. Le projet de faire venir deux Frères de l'Instruction Chrétienne demande un très sérieux examen... Le Vicaire Apostolique y est favorable »25. Ce n'est que quatre ans plus tard, le 25 octobre 1858 que le gouverneur Saisset « de concert avec Mgr d'Axiéri (T. Jaussen) demande au Prince chargé du Ministère des Colonies, quatre Frères de l'École chrétienne (sic) pour l'instruction primaire à Papeete »26. Le 5 mai 1859, le Ministre transmet la demande à l'abbé Jean-Marie de la Mennais qui accepte aussitôt.
Malgré les « instructions » laissées par Saisset sur cette arrivée des frères, son successeur Gaultier de la Richerie profite de leur long voyage de treize mois pour entraver l'œuvre des frères et la faire échouer27. Ils les logent « au milieu d'une centaine de soldats et d'un plus grand nombre de femmes » pour les décourager et empêcher les européens d'y envoyer leurs enfants. Les élèves doivent passer devant le centre des pasteurs protestants qui ont menacé d'excommunier les parents qui enverraient leurs enfants chez les Frères. De plus on est en plein conflit entre l'évêque et le Gouverneur qui, aux dires du Ministre, « est hostile au catholicisme... et a les vues de protestantiser le pays »28. Ce conflit amène Mgr Jaussen à aller à Paris et à demeurer absent de Tahiti pendant près de quatre années. De plus le Fr. Alpert se plaint de l'autoritarisme anti-religieux du Gouverneur : « Il n'appartient pas à votre Supérieur de poser ses conditions : c'est un droit qui m'est dû ! me répète-t-il !… Il se moque de nos règles... Son désir est de vouloir nous conduire comme des officiers. Il se croit un petit empereur et veut tout diriger en despote ».29
Dans un tel contexte, il est facile d'imaginer que la compréhension fut délicate à établir avec le Vicariat Apostolique. Mgr Tepano Jaussen, à la demande des missionnaires, s'absente de janvier 1861 à février 1864. Le P. Clair Fouqué gère la Mission comme Provicaire pendant ce temps. Il avait eu à subir les exactions du gouverneur Page à Anaa dix ans auparavant. Si « la plus grande union règne entre les communautés : Pères, Frères et Sœurs », selon une lettre du Fr. Alpert, l'ambiguïté de la position des frères de Ploërmel - à la fois fonctionnaires du Gouvernement chargés des écoles publiques de garçons et religieux dans la mission catholique alors en butte au double jeu de la Richerie - suscite de sérieuses questions aux missionnaires. Le Supérieur Général des Frères, le T.C.F. Cyprien répond aux griefs de Mgr Jaussen et du P. Fouqué le 20 septembre 1865 par une lettre grave et émouvante.30
« Il y a eu dans tout cela... quelques surprises et de l'exagération... au point de vue des insinuations perfides... Est-il vrai que le Fr. Alpert ait toujours été encouragé comme il aurait dû l'être ? Ces pauvres frères, jetés si loin de moi, ne seraient-ils pas soumis parfois à des épreuves tristement décourageantes ?... J'ai dû me demander sérieusement si je ne rappellerais pas mes frères, plutôt que de les laisser en butte à d'étranges persécutions de la part de ceux-là même qui devraient les encourager et les défendre. L'heureuse arrivée de Votre Grandeur sera, je n'en doute pas, le meilleur remède à tous ces maux.
Un mot cruel qui me bouleverse s'est échappé d'une plume bénie : “Serait-il vrai que, dans les colonies, vos frères font la guerre au clergé ?” Si cette question pouvait être sérieusement posée, je n'écrirais pas cette lettre. Je briserais ma plume ; et, prosterné le front dans la poussière, je demanderais à Dieu la suppression, ou plutôt l'anéantissement de toutes nos écoles coloniales... Que ne m'est-il donné de causer quelques instants avec vous, Monseigneur ! Je vous donnerais la clef de bien des choses. »
La position des frères est fort difficile à tenir. Le 1er décembre 1860, le Fr. Ropert veut l'application à Tahiti de « la même règlementation que dans les autres colonies où ils sont demandés... Nous ne dépendons que de l'Ordonnateur et nous demandons avec instance à être sous sa direction réglementaire... L'École doit être gratuite, car le Gouvernement nous a envoyé pour fonder l'École la plus accessible aux indigènes afin de populariser la langue française... Nous nous proposons de conduire seulement les enfants catholiques aux offices »31. L'année 1861 voit d'âpres discussions avec le gouverneur sur le règlement, les fournitures, les locaux, l'organisation de l'école. En 1862, le Fr. Ropert doit réaffirmer « la loyauté et le dévouement des Frères à l'Administration pour son œuvre civilisatrice »32. Le 20 octobre 1862, le gouverneur de la Richerie, suivant en cela les directives constantes du Ministère de la Marine et des Colonies, promulgue une ordonnance rendant le français obligatoire dans les écoles. Dans son rapport du 30 octobre suivant, il oppose « l'enseignement des écoles de la mission catholique pour ainsi dire nul, aux écoles catholiques françaises des Frères et des Sœurs... J'ai à cœur de voir un clergé catholique solidement établi dans le Protectorat à l'ombre de notre drapeau... Mgr d'Axiéri ne veut pas se conformer à un arrêté si favorable pour lui. Si les écoles de la Mission n'eussent pas été transformées en cours de catéchisme, la susceptibilité des parents n'eût pas été éveillée... Les indigènes ont le désir d'apprendre notre langue »33. Pour faciliter l'acquisition du français - et comme Charles Viénot le proposera lui aussi pour l'école protestante de Papeete - le Fr. Alpert suggère en 1863 « de forcer les élèves à être en récréation avec les maîtres pour empêcher de parler la langue indienne »34. Ministres et gouverneurs insistent sur cette nécessité de l'école en français. Cette exclusivité qui se poursuivra jusque dans les années 1970, sera un point de friction permanent avec la Mission catholique ; les petites écoles des missionnaires sont bilingues et la liturgie est à base de chants en langue locale.
À cette position déjà bien délicate pour les premiers frères, à la fois dans l'administration et dans la Mission, s'ajoute l'arrivée des pasteurs protestants français en 1863. Le 15 mai 1860, pendant le voyage des premiers frères, le gouverneur de la Richerie « décide d'appeler des pasteurs français » à l'instigation de Caillet et suite à la « pétition de l'Assemblée législative ». Si cet appel reprend des suggestions de 1844 et de 1857, Charles Viénot reconnaît l'action déterminante de Caillet et de la Richerie dont l'idée essentielle est d'établir « un culte national » contrôlé par le gouverneur35. La Société des Missions Évangéliques de Paris répond favorablement en 1862. En mars 1863, le pasteur Arbousset fait une longue visite de prospection. Il demande aussitôt la création d'une école protestante pour équilibrer « l'effort catholique sur les écoles ». Le pasteur Atger arrive dans ce but en 1864. Mais c'est Charles Viénot qui ouvrira l'école protestante le 17 septembre 1866. Il faut comprendre la vigueur de la lutte menée par les protestants français en ce domaine. Les religieux catholiques tiennent les écoles des districts et les écoles officielles du Gouvernement. De plus, les pasteurs français constatent avec effroi « le naufrage du protestantisme, le bas niveau des pasteurs locaux, l'immoralité et la superficialité » à Tahiti et Moorea. « Les difficultés du protestantisme à Tahiti, en particulier à cause des écoles catholiques soutenues par l'administration » sont considérables. Une telle situation de reprise fondamentale du protestantisme, liée aux mentalités ardentes de l'époque, explique la violence de la lutte scolaire36.
Dans cette ambiance tendue, le gouverneur de la Richerie, le 31 octobre 1862 décide que « sept jeunes gens sortis des classes tenues par les Frères, vont compléter leur éducation au pensionnat de N.-D. de Toutes-Aides à Nantes, appartenant à la même communauté ». Le quatrième fils de Pomaré IV, Tuavira Joinville, bénéficie lui aussi d'une bourse coloniale. Les élèves sont confiés au T.C.F. Cyprien, Supérieur Général, « comme à leur père » par la Reine et les chefs. Certains élèves étant protestants et la famille royale étant concernée, l'émoi est très vif chez les protestants. L'affaire va au Ministère et fait couler beaucoup d'encre. Malgré l'avis de leurs parents, trois jeunes gens sont enlevés aux frères et confiés à l'école protestante de Nérac. En février 1865, le Gouverneur de la Roncière, juge « l'expérience inutile et onéreuse » ; il propose le retour à Tahiti des six jeunes gens. Ce qui a lieu en mai suivant. Le gouverneur procède en avril 1866 à l'examen oral de ces premiers étudiants tahitiens en France ; il le juge « bien peu satisfaisant »37. Que cherchait en fait de la Richerie dans cet essai si mal préparé ? Les protestants se sont sentis provoqués ; les frères de Ploërmel ont été floués ; le Ministère de la Marine a été irrité ; la Mission catholique a été embarrassée. Sinon le but, du moins le résultat en fut machiavélique ; les divisions et les tensions en furent aggravées. On comprend l'irritation du T.C.F. Supérieur Général qui intervient deux fois de suite, en 1864, auprès du Ministre. Il constate que, « après un début plein des plus belles espérances - puisque les frères avaient tous les enfants de la localité, sans distinction de protestants et de catholiques - leur mission a été troublée par l'arrivée des ministres protestants français (20 avril)... Si la situation doit être continuée, je supplie de bien vouloir rappeler les frères (19 août) ».38
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24 Gouverneur PAGE au Ministre (5-12-1853), F.O.M. Océanie C 43, H 9.
25 Instruction du Ministre au Gouverneur du BOUZET (15-5-1854), F.O.M. Océanie C 13, A 70.
26 Gouverneur SAISSET au Ministre (25-10-1858) ; à de la RICHERIE (1859), F.O.M. Océanie C 14, A 75.
27 Journal de la Société des Océanistes : Les premiers temps de l'Instruction Publique à Tahiti.
28 Notes du Ministre sur la lettre du P. MONTITON (1863) et Fr. Alpert (28-11-1860), F.O.M. Océanie C 106 et 26.
29 Frère ALPERT, lettres diverses, Ar. F.I.C., Tahiti.
30 T.CF. CYPRIEN à Mgr T. JAUSSEN, Ar. F.I.C, Tahiti (20-9-1865).
31 Frère ALPERT au Gouverneur (1-12-1860), F.O.M. Océanie C 26, H 16.
32 Frère ROPERT au Gouverneur (11-12-1862), F.O.M. Océanie C 44, H 19
33 Gouverneur au Ministre (20-10 et 30-10-1862), F.O.M. Océanie C 44, H 19.
34 Frère ROPERT au Gouverneur (1-4-1863), F.O.M. Océanie C 26, H 5 - « Indien » désigne maohi à cette époque. - Ch. VIÈNOT à S.M.E.P. (13-10-1879), D.E.F.A.P. Océanie - Gouverneur de la RONCIERE au Pasteur ARBOUSSET (18-5-1865), D.E.F.A.P. Océanie.
35 Ch. VIÈNOT à S.M.E.P. (10-6-1878), D.E.F.A.P. Océanie.
36 Pasteur ARBOUSSET au Gouverneur (2-12-1863), F.O.M. Océanie C 26, H 5 - Pasteur ATGER à S.M.E.P. (8-6-1864,21-4-1871, 11-4-1866) - Ch. VIÈNOT (13-6-1866, 3-10-1874) - Conseil des pasteurs français (20-10-1871, 25-4-1872, 4-6-1872), D.E.F.A.P. Océanie.
37 F.O.M. Océanie C 27, H 20 consacré aux « jeunes tahitiens en France : 1863-1866 » - Archives des F.I.C. à Rome et du D.E.F.A.P. : lettres nombreuses.
38 T.C.F. CYPRIEN au Ministre (20-4-1864, 19-7-1864), F.O.M. Océanie C 44, H 19.
(Tahiti 1834-1984, pp.292-295)
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Qui est-il ?
Commentaire de l’Évangile du 3ème Dimanche de l’Avent
Le Père Pascal Montavit nous offre son commentaire de l'Évangile de ce troisième dimanche de l'Avent. Évangile selon Saint Jean 1, 6-8. 19-28 : « Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean. Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. »
En ce troisième dimanche de l’Avent nous est présenté Jean-Baptiste répondant aux questions des prêtres et des lévites envoyés par les Juifs de Jérusalem. Le témoignage de Jean heurte et sa personnalité intrigue. Qui est-il ? Pourquoi baptise-t-il ? Voyons de plus près comment Jean s’adresse à ses interlocuteurs.
Tout d’abord, Jean répond à la question : « Qui es-tu ? » uniquement par la négative. Il commence par affirmer qu’il n’est pas le Messie, puis il dit qu’il n’est ni Elie, ni le grand prophète. Jean s’efface devant celui qui doit venir. Comme il dira un peu plus tard : « Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse » (Jn 3,30). C’est seulement à la question : « Que dis-tu sur toi-même ? » qu’il cite un prophète : « Je suis la voix qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe » (Jn 1,23). Par cela, nous voyons comment Jean fait cheminer ses interrogateurs. Il répond à leurs questions et les rejoint dans leurs préoccupations. Puis, il fait un pas en avant en leur dévoilant le sens des écritures : c’est aujourd’hui que la prophétie d’Isaïe s’accomplit en sa personne. Les interlocuteurs de Jean sont renvoyés à la Parole de Dieu pour comprendre la situation présente. Jean est simplement une voix qui transmet la lumière dont tout homme a besoin, même si parfois il l’ignore.
Ensuite, à la question : « Pourquoi baptises-tu ? », Jean répond indirectement : « Moi, je baptise dans l’eau » (Jn 1,26a). Le baptême dans l’eau est un baptême de purification afin d’être prêt au jour de la venue du Messie. Se laisser purifier implique au préalable une démarche de repentir, c’est à dire reconnaître que l’on a besoin d’être purifié. C’est tout l’enjeu de sa mission. Cela pourrait nous sembler austère et Jean incarne parfois dans notre imaginaire le parangon du pénitent. Mais n’oublions pas que la signification même du mot Jean est « Grâce ». Dans la Bible, le nom signifie la mission. Jean témoigne donc d’un temps de grâce. Cette grâce, c’est la venue de l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Mais encore faut-il se reconnaître pécheur ! Voilà donc l’enjeu de la mission de Jean : que les hommes se reconnaissent pécheurs afin qu’ils puissent bénéficier de la Grâce que le Seigneur veut leur donner.
Enfin, Jean dit : « Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas : c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de défaire la courroie de sa sandale » (Jn 1,26b-27). Nous trouvons là surement la plus belle définition de l’évangélisation : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ». Lorsque nous témoignons, il s’agit de faire prendre conscience à ceux qui nous écoutent que Dieu est présent dans leur vie. Comment ne pas penser à ce merveilleux texte des Confessions (X, 27) de saint Augustin : « Tard, je t’ai aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, tard, je t’ai aimée. C’est que tu étais au-dedans de moi et moi j’étais en dehors de moi ». Le Christ est présent au milieu de nous et en nous. Mais l’homme souvent se disperse au point de pouvoir tout entendre sauf la voix qui résonne en lui, cette voix d’Amour et de Miséricorde qui bouleverse tout.
En ce jour, nous pouvons demander au Seigneur d’être des témoins toujours plus vaillants de l’Amour Miséricordieux de Jésus. Le Christ est au milieu de nous. Et c’est à nous de le montrer.
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