PKO 13.07.2014

Dimanche 13 juillet 2014 – 15ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°39/2014

HUMEURS

Tamari’i volontaires
Les Tahitiens dans la seconde guerre mondiale
Une exposition à ne pas manquer !!! Un travail de mémoire émouvant et fort de Teva SHIGETOMI

TamariitahitiensÀ l'aube des commémorations de la première guerre mondiale et cet été, des soixante-dix ans des combats de la libération, la mémoire nationale a oublié ses fils venus de la lointaine Océanie pour porter secours par deux fois à la « Mère patrie ».

Trois cents hommes décidés, à peine sortis de l'adolescence ou pour six d'entre eux vétérans de la Grande Guerre, ont à l'annonce de l'armistice de 1940 quitté leurs îles avec le corps expéditionnaire levé par le capitaine Félix Broche pour poursuivre la lutte aux côtés des anglais et de la France libre. Ils vont traverser les océans, les continents et les déserts, affronter des situations extrêmes et l'horreur de la guerre, et partager la gloire des vainqueurs. Trois cents hommes, jeunes, inexpérimentés, mais que rien ne pouvait arrêter, car ils avaient avec eux les esprits de la vallée, les esprits de la mer et les dieux océaniens des montagnes. Ainsi, un chef coutumier renommé de Tahiti avait guidé ses fils : « Aujourd'hui, toute la terre tahitienne s'anime. Les esprits de la vallée et les esprits de la mer sont à nos côtés pour la lutte et les dieux farouches qui hantent les montagnes de l'Aoraï et de l'Orohena sont descendus vers nous pour nous soutenir dans la grande bataille ... Le vent se lève, c'est le grand vent de guerre des Maoris. Jusqu'à la victoire, il soufflera et chassera la brise parfumée de nos soirées heureuses. Jusqu'à la victoire, nous ne penserons plus qu'à la guerre ! »

Bir Hakeim : dès leur première bataille, la plus éclatante, aux côtés de leurs frères d'armes calédoniens, africains et français, les Tamari'i Volontaires feront la preuve comme le dira le maréchal Rommel, que des hommes décidés à ne pas jeter le fusil après la mire à la première occasion, peuvent réaliser des miracles, même si la situation est désespérée. Le général de Gaulle avait mesuré toute l'importance du ralliement des Établissements français de l'Océanie « Un peuple n'est vaincu que lorsqu'il accepte de l'être ».Ce que l'on sait moins, c'est qu'il veut aussi des Tahitiens engagés dans les Forces aériennes françaises libres, dans les Forces navales françaises libres, dans les parachutistes SAS, dans la 2ème DB et dans les forces françaises de l'intérieur (FFI). L'un des plus modestes « confetti » de l'Empire fut ainsi brillamment représenté dans les armées de la Libération.

L'histoire ne retient que quelques noms de ces héros de l'ombre et pourtant se souvenir de chacun d'eux relève d'un devoir impérieux.

© Copyright 2014 – Teva Shigetomi

Le dialogue intereligieux

Extrait de l’Exhortation apostolique « Evangelii Gaudium » du pape François

Dans son exhortation intitulée « Evangelii Gaudium » (« La joie de l'Évangile »), le pape François s'inquiète d'« épisodes de fondamentalisme violent » mais invite aussi à éviter « d'odieuses généralisations », « parce que le véritable islam [...] s'oppose à toute violence ». À l’heure ou certains polynésiens oublient la mesure dans leur réaction au sujet de l’Islam… il est bon de relire les propos du pape François pour éviter des dérapage dans les propos… ! La peur engendre la peur, la violence engendre la violence… Soyons semeur de paix !

252. La relation avec les croyants de l’Islam acquiert à notre époque une grande importance. Ils sont aujourd’hui particulièrement présents en de nombreux pays de tradition chrétienne, où ils peuvent célébrer librement leur culte et vivre intégrés dans la société. Il ne faut jamais oublier qu’ils « professent avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour ». Les écrits sacrés de l’Islam gardent une partie des enseignements chrétiens ; Jésus Christ et Marie sont objet de profonde vénération ; et il est admirable de voir que des jeunes et des anciens, des hommes et des femmes de l’Islam sont capables de consacrer du temps chaque jour à la prière, et de participer fidèlement à leurs rites religieux. En même temps, beaucoup d’entre eux ont la profonde conviction que leur vie, dans sa totalité, vient de Dieu et est pour lui. Ils reconnaissent aussi la nécessité de répondre à Dieu par un engagement éthique et d’agir avec miséricorde envers les plus pauvres.

253. Pour soutenir le dialogue avec l’Islam une formation adéquate des interlocuteurs est indispensable, non seulement pour qu’ils soient solidement et joyeusement enracinés dans leur propre identité, mais aussi pour qu’ils soient capables de reconnaître les valeurs des autres, de comprendre les préoccupations sous jacentes à leurs plaintes, et de mettre en lumière les convictions communes. Nous chrétiens, nous devrions accueillir avec affection et respect les immigrés de l’Islam qui arrivent dans nos pays, de la même manière que nous espérons et nous demandons être accueillis et respectés dans les pays de tradition islamique. Je prie et implore humblement ces pays pour qu’ils donnent la liberté aux chrétiens de célébrer leur culte et de vivre leur foi, prenant en compte la liberté dont les croyants de l’Islam jouissent dans les pays occidentaux ! Face aux épisodes de fondamentalisme violent qui nous inquiètent, l’affection envers les vrais croyants de l’Islam doit nous porter à éviter d’odieuses généralisations, parce que le véritable Islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence.

254. Les non chrétiens, par initiative divine gratuite, et fidèles à leur conscience, peuvent vivre « justifiés par la grâce de Dieu »,[199] et ainsi « être associés au mystère pascal de Jésus Christ ». Mais, en raison de la dimension sacramentelle de la grâce sanctifiante, l’action divine en eux tend à produire des signes, des rites, des expressions sacrées qui à leur tour rapprochent d’autres personnes d’une expérience communautaire de cheminement vers Dieu. Ils n’ont pas la signification ni l’efficacité des Sacrements institués par le Christ, mais ils peuvent être la voie que l’Esprit lui-même suscite pour libérer les non chrétiens de l’immanentisme athée ou d’expériences religieuses purement individuelles. Le même Esprit suscite de toutes parts diverses formes de sagesse pratique qui aident à supporter les manques de l’existence et à vivre avec plus de paix et d’harmonie. Nous chrétiens, nous pouvons aussi profiter de cette richesse consolidée au cours des siècles, qui peut nous aider à mieux vivre nos propres convictions.

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Pas de place dans le ministère sacerdotal pour qui abuse d’enfants

Homélie du pape François avec six victimes le 7 juillet 2014

« Dans le ministère de l’Église, il n’y a pas de place pour ceux qui commettent des abus sexuels », affirme le pape François qui s’engage à une tolérance zéro envers « les torts faits à un enfant ». « Tous les évêques doivent exercer leur service de pasteur avec le plus grand soin pour sauvegarder la protection des mineurs et ils rendront compte de cette responsabilité », ajoute-t-il. Six victimes d’abus sexuels commis par des membres du clergé ont participé à la messe célébrée par le pape François, le 7 juillet 2014, en la chapelle de la maison Sainte-Marthe du Vatican. Le pape a ensuite rencontré ces personnes individuellement. Ces « actes exécrables d’abus perpétrés contre les enfants » sont « quelque chose de plus que des actes honteux », a déclaré le pape durant son homélie : « C’est comme un culte sacrilège car ces petits garçons et petites filles avaient été confiés au charisme sacerdotal pour les conduire à Dieu, et eux ils les ont sacrifiés à l’idole de leur concupiscence. Ils profanent l’image même de Dieu qui nous a créés à son image. » « Aujourd’hui le cœur de l’Église voit les yeux de Jésus dans ces petits garçons et ces petites filles et il veut pleurer », tout comme Pierre qui rencontre le regard de Jésus après son reniement, a poursuivi le pape en invitant à « se laisser regarder », « pleurer », et « avoir la grâce de la honte » afin de « ne permettre à aucun loup d’entrer dans la bergerie ».

L’image de Pierre voyant Jésus sortir de ce terrible interrogatoire, Pierre qui croise Jésus du regard et qui pleure, cette image me vient au cœur aujourd’hui dans vos regards, dans celui de tant d’hommes et de femmes, d’enfants ; je vois le regard de Jésus et je demande la grâce de ses pleurs. La grâce que l’Église pleure et répare pour ses fils et ses filles qui ont trahi leur mission, qui ont abusé de personnes innocentes. Et aujourd’hui je vous suis reconnaissant, pour être venus jusqu’ici.

Depuis longtemps je porte en mon cœur la profonde douleur, la souffrance, si longtemps occultée, si longtemps dissimulée, avec une complicité qui n’a pas d’explication, jusqu’à ce que quelqu’un ait senti que Jésus regardait, et un autre de même, et un autre encore… et ils se décident à soutenir ce regard.

Et ces quelques uns qui ont commencé à pleurer nous ont fait prendre conscience de ce crime, de ce péché grave. C’est mon angoisse et ma douleur, le fait que quelques prêtres et évêques aient violé l’innocence de mineurs, ainsi que leur propre vocation sacerdotale, en abusant d’eux sexuellement. C’est plus que des actes condamnables. C’est comme un culte sacrilège, parce que ces enfants ont été confiés à leur charisme sacerdotal pour être conduits à Dieu, et ils les ont sacrifiés à l’idole de leur concupiscence. Ils profanent l’image même de Dieu à la ressemblance duquel nous avons été créés. L’enfance, nous le savons tous, est un trésor. Le cœur jeune, si ouvert à l’espérance, contemple les mystères de l’amour de Dieu et est disposé de façon unique à être alimenté dans la foi. Aujourd’hui le cœur de l’Église regarde les yeux de Jésus à travers ces enfants et veut pleurer. Elle demande la grâce de pleurer devant les actes détestables d’abus perpétrés contre des mineurs, des actes qui ont laissé des cicatrices pour toute la vie.

Je sais que ces blessures sont une source de profonde angoisse émotionnelle et spirituelle, souvent irrépressible. Voire, de désespoir. Beaucoup de ceux qui ont souffert cette expérience ont cherché des palliatifs dans l’addiction. D’autres ont fait l’expérience de perturbations dans les relations avec leurs parents, leurs époux et enfants. La souffrance des familles a été particulièrement grave parce que le mal provoqué par l’abus affecte ces relations vitales de la famille.

Certains ont même souffert la terrible tragédie du suicide d’un être cher. La mort de ces fils si aimés de Dieu pèse sur mon cœur et sur ma conscience, et sur celle de toute l’Église. A ces familles j’offre mes sentiments d’amour et de douleur. Jésus torturé et interrogé avec la passion de la haine est emmené à un autre endroit, et il regarde. Il regarde l’un des siens, celui-ci qui le renie, et il le fait pleurer. Demandons à Dieu cette grâce, avec celle de la réparation.

Les péchés d’abus sexuels contre des mineurs de la part du clergé ont des conséquences graves sur la foi et l’espérance en Dieu. Certains se sont accrochés à la foi tandis que, chez d’autres, la trahison et l’abandon ont érodé la foi en Dieu.

Votre présence ici parle du miracle de l’espérance qui prévaut sur l’obscurité la plus profonde. Sans aucun doute, c’est un signe de la miséricorde de Dieu que nous ayons aujourd’hui l’opportunité de nous rencontrer, d’adorer Dieu, de nous regarder dans les yeux et de chercher la grâce de la réconciliation.

Devant Dieu et son peuple, j’exprime ma douleur pour les péchés et les crimes graves d’abus sexuels commis par le clergé contre vous et, humblement, je demande pardon.

Je vous demande aussi pardon pour les péchés d’omission de la part des autorités de l’Église qui n’ont pas répondu adéquatement aux dénonciations d’abus présentées par des proches et par ceux qui ont été victimes d’abus ; cela a entraîné une souffrance supplémentaire à ceux qui ont été abusés, et a mis en danger d’autres mineurs qui étaient en situation de risque.

D’autre part, le courage que vous, et d’autres, avez montré en exposant la vérité, a été un service d’amour, portant à la lumière une terrible obscurité dans la vie de l’Église. Il n’y pas de place dans le ministère de l’Église pour ceux qui commettent ces abus, et je m’engage à ne pas tolérer le mal infligé à un mineur, par qui que ce soit, indépendamment de son état clérical. Tous les évêques doivent exercer leur service pastoral avec le plus grand soin pour assurer la protection des mineurs, et ils rendront compte de cette responsabilité.

Pour nous tous, demeure en vigueur le conseil que Jésus donne à ceux qui provoquent des scandales : la meule et la mer (cf. Mt 18, 6).

Par ailleurs, nous continuerons à être vigilants dans la préparation au sacerdoce. Je compte sur les membres de la Commission Pontificale pour la Protection des Mineurs, de tous les mineurs ; de quelque religion qu’ils soient, ils sont des fils que Dieu regarde avec amour.

Je demande ce soutien afin qu’ils m’aident à garantir que nous disposons des meilleures politiques et procédures dans l’Église universelle pour la protection des mineurs et pour la préparation du personnel de l’Église, dans la mise en application de ces politiques et procédures. Nous devons faire tout le possible pour nous assurer que de tels péchés ne se produisent pas dans l’Église.

Frères et sœurs, étant tous  membres de la Famille de Dieu, nous sommes appelés à entrer dans la dynamique de la miséricorde. Le Seigneur Jésus, notre Sauveur, est l’exemple suprême, l’innocent qui a pris sur la Croix nos péchés ; nous réconcilier est l’essence même de notre identité commune comme disciples de Jésus-Christ. En nous tournant vers Lui, accompagnés de Notre Très Sainte Mère au pied de la Croix, nous cherchons la grâce de la réconciliation avec tout le Peuple de Dieu. La douce intercession de Notre Dame de la Tendre Miséricorde est une source inépuisable d’aide dans notre parcours de guérison.

Avec tous ceux qui ont souffert des abus de la part du clergé, vous êtes aimés de Dieu. Je prie pour que les restes de l’obscurité dans laquelle vous avez été plongés, soient dissipés par le bras de l’Enfant Jésus, et qu’au mal qui vous a été fait succèdent une foi et une joie restaurées.

Je remercie pour cette rencontre. Et, s’il vous plaît, priez pour moi, pour que les yeux de mon cœur voient toujours clairement le chemin de l’amour miséricordieux, et que Dieu m’accorde le courage de poursuivre ce chemin pour le bien des mineurs. Jésus sort d’un jugement injuste, d’un interrogatoire cruel et il regarde Pierre dans les yeux, et Pierre pleure. Demandons qu’il nous regarde, qu’il ne cesse pas de nous regarder, que nous pleurions et qu’il nous donne la grâce de la honte afin que, comme Pierre, quarante jours après nous pussions lui répondre : ‘‘Tu sais que je t’aime’’ et entendre sa voix : ‘‘Retourne sur ton chemin et pais mes brebis’’, et j’ajoute « et ne permets à aucun loup de s’introduire dans le troupeau’’.

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Prendre conscience de la vie difficile des marins

Message pour le Dimanche de la mer -  13 juillet 2014

Le Saint-Siège invite les chrétiens à prendre conscience de la « vie difficile et dangereuse » des marins, qui ont souvent « un statut d'invisibilité à nos yeux et à ceux de notre société ». Le cardinal Antonio Maria Vegliò, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, et Mgr Joseph Kalathiparambil, secrétaire du dicastère, publient un message pour le Dimanche de la Mer, qui est célébré ce dimanche, 13 juillet 2014. Ils rappellent que la mer est « un lieu privilégié pour les échanges et le commerce mondial » : « plus de 90 % des marchandises au niveau mondial sont transportées par 100 000 bateaux environ qui, en permanence, naviguent d'un bout du monde à l'autre, régis par une force de travail d'environ 1.2 million de marins de toutes les races, nationalités et religions ». Pour le Dimanche de la Mer, ils invitent « chaque chrétien à regarder autour de lui et à se rendre compte de tous les objets de notre vie quotidienne qui sont parvenus jusqu'à nous grâce au travail dur et fatigant des marins ». Il s’agit aussi de prendre conscience de la vie « difficile et dangereuse » des marins, confrontés à « la furie et la force des éléments », au « risque de la piraterie », au « danger de la criminalisation et de l'abandon des marins sans salaire, nourriture ni protection, dans les ports étrangers » et enfin à « la solitude et l’isolement » pour tout compagnons de voyage. Le message met en relief le service de l’Eglise à travers l'Apostolat de la Mer : accueil de milliers de marins dans les ports, visites des marins sur les bateaux et dans les hôpitaux, ou abandonnés dans des ports étrangers, assistance spirituelle, défense contre les abus et les injustices.

Tout au long de l'histoire des hommes, la mer a été le lieu où se sont croisées les routes d'explorateurs et aventuriers et où se sont combattues des batailles qui ont déterminé la naissance et le déclin de nombreuses nations. Mais elle est surtout un lieu privilégié pour les échanges et le commerce mondial. En effet, plus de 90 % des marchandises au niveau mondial sont transportées par 100 000 bateaux environ qui, en permanence, naviguent d'un bout du monde à l'autre, régis par une force de travail d'environ 1.2 million de marins de toutes les races, nationalités et religions.

En ce Dimanche de la Mer, nous sommes invités à prendre conscience des gênes et des difficultés que les marins affrontent chaque jour, ainsi que du service précieux assuré par l'Apostolat de la Mer pour être une Église témoignant de la miséricorde et de la tendresse du Seigneur en annonçant l'Évangile dans les ports du monde entier.

À cause d'une série de facteurs liés à leur profession, les marins ont un statut d'invisibilité à nos yeux et à ceux de notre société. Célébrant ce Dimanche de la Mer, je voudrais inviter chaque chrétien à regarder autour de lui et à se rendre compte de tous les objets de notre vie quotidienne qui sont parvenus jusqu'à nous grâce au travail dur et fatigant des marins.

Si nous observons attentivement leur vie, nous nous apercevons immédiatement que ce n'est pas celle romantique et aventurière que les films et les romans nous présentent parfois.

La vie des marins est difficile et dangereuse. En plus de devoir affronter la furie et la force des éléments, qui dominent souvent aussi sur les bateaux les plus modernes et les techniques les plus avancées (selon l'Organisation Maritime Internationale [IMO], en 2012, plus de 1 000 marins sont morts à cause de naufrages, collisions maritimes, etc.), il ne faut pas oublier le risque de la piraterie, qui n'est jamais totalement vaincue mais se transforme et assume des aspects nouveaux et différents dans nombre de zones de navigation. Sans oublier non plus le danger de la criminalisation et de l'abandon des marins sans salaire, nourriture ni protection, dans les ports étrangers.

La mer, le bateau et le port : voilà l'univers où vivent les marins. Un bateau est rentable uniquement lorsqu'il navigue ; aussi, doit-il se déplacer en permanence d'un port à l'autre. La mécanisation du chargement et déchargement des marchandises a diminué les temps d'escale et de loisirs des membres des équipages, tandis que les mesures de sécurité ont réduit ultérieurement pour eux les possibilités de descendre à terre.

Les marins ne choisissent pas leurs compagnons de voyage. Chaque équipage est un microcosme de personnes de différentes nationalités, cultures et religions, qui sont obligées de « cohabiter » dans le périmètre limité d'un bateau pour toute la durée d'un contrat, sans intérêt commun et communiquant à travers un langage qui souvent n'est pas le leur.

La solitude et l’isolement sont les compagnons de voyage des marins. De par sa nature, le travail des marins les conduit à se retrouver loin de leurs familles pendant des périodes parfois souvent très longues. Il n'est pas toujours facile, pour les équipages, d'accéder aux différentes technologies (téléphone, wi-fi, etc.) pour contacter leurs familles et leurs amis. Dans la plupart des cas, leurs enfants naissent et grandissent sans qu'ils puissent être présents, ce qui augmente le sens de solitude et d'isolement qui accompagne leur vie.

À travers son attention maternelle, depuis plus de quatre-vingt-dix ans l'Église offre son assistance pastorale aux gens de la mer grâce à l'Œuvre de l'Apostolat de la Mer.

Chaque année, des milliers de marins sont accueillis dans les ports, dans les Centres Stella Maris, des lieux uniques où ils sont reçus chaleureusement, où ils peuvent se détendre loin du bateau et contacter leurs familles grâce aux divers moyens de communications mis à leur disposition.

Les volontaires visitent quotidiennement les marins se trouvant sur les bateaux et dans les hôpitaux, mais aussi ceux qui sont abandonnés dans des ports étrangers. Ils leur apportent un peu de réconfort par la parole, mais aussi par un soutien concret lorsque cela est nécessaire.

Les aumôniers sont toujours disponibles pour offrir une assistance spirituelle (célébration de la messe, prières œcuméniques, etc.) aux marins de toutes les nationalités qui en ont besoin, en particulier dans les moments de difficulté et de crise.

Enfin, l'Apostolat de la Mer se fait la voix de ceux qui, souvent, n'en ont pas, en dénonçant les abus et les injustices, en défendant les droits des gens de la mer et en demandant à l'industrie maritime et aux gouvernements individuellement qu'ils respectent les Conventions internationales.

En ce Dimanche de la Mer, nous tenons à exprimer notre gratitude sincère à tous ceux qui travaillent dans l'industrie maritime. Et c'est d'un cœur confiant que nous demandons à Marie, Etoile de la Mer, de guider, éclairer et protéger la navigation de tous les gens de la mer, et de soutenir les membres de l'Apostolat de la Mer dans leur ministère pastoral.

Antonio Maria Cardinal Vegliò, Président

Joseph Kalathiparambil, Secrétaire

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Église catholique et suicide

Conférence de Mgr Hubert COPPENRATH lors de la « Conférence mondiale sur le suicide » – 12 juin 2014

Tahiti, Bora Bora et plus largement le « Continent Bleu » du Pacifique sont souvent considérés comme des paradis dans l’imaginaire des Occidentaux. Cette image d’Eden dans l’inconscient collectif a été créée dans les écrits des premiers explorateurs européens (Cook, Bougainville, … ) qui ont découvert une population accueillante dans des îles sublimes. Ce mythe, plus tard renforcé par les écrivains voyageurs (Segalen , Stevenson … ), masque le paradoxe que le suicide est une des principales causes de mortalité dans la région du Pacifique , ainsi que dans certains pays d’Asie du Sud-Est ( d’où les Polynésiens ont migré durant le dernier millénaire). L’Association internationale pour la prévention du suicide (IASP), en collaboration avec l’association SOS Suicide et le Bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a tenue sa 6ème conférence régionale Asie-Pacifique à Tahiti. Voici l’intervention que Mgr Hubert COPPENRATH, archevêque-émérite de Papeete a donnée lors de cette conférence.

Introduction

Je voudrais présenter brièvement la position de l’Église catholique sur le suicide, mais j’aimerais vous faire part de ce qui interpelle actuellement notre Église locale.

Pour la foi catholique, la vie est un don de Dieu. C’est un don que nous devons recevoir avec reconnaissance car Dieu veut que, malgré les épreuves et les souffrances, nous soyons heureux. Cette vie terrestre est aussi la porte de la vie éternelle dans laquelle nous serons avec Dieu, partageant sa plénitude et son bonheur.

Le catéchisme de l’Église Catholique écrit : « Chacun est responsable de sa vie devant Dieu qui nous l’a donnée. C’est lui qui en reste le souverain Maître. Nous sommes tenus de la recevoir avec reconnaissance et de la préserver pour son honneur et le salut de nos âmes » (N° 2280)

Le suicide apparaît donc comme une offense particulièrement grave envers Dieu car c’est un acte de désespoir, de mépris du don de Dieu et qui manifeste que nous considérons notre volonté comme supérieure à la sienne.

Aussi le code de droit canonique de 1917, au canon 2040, interdisait de donner la sépulture religieuse à un suicidé et de célébrer pour lui une messe de suffrage. L’Église espérait ainsi attirer l’attention sur la gravité de cet acte et lutter contre des idées philosophiques favorables au suicide. En effet, le suicide était revendiqué par certains comme une réponse à l’absurdité de la vie, ou comme une décision de départ quand on estimait avoir terminé sa mission, ou encore comme un refus de la déchéance physique et intellectuelle inhérente au vieillissement.

Mais une meilleure connaissance de la psychologie humaine a montré que le suicide philosophique est rare et que, dans la majorité des cas, le suicide était à mettre en rapport avec de états dépressifs graves, avec une souffrance physique insupportable, des angoisses insurmontables. Aussi graduellement l’attitude pastorale a changé et sur ce point le code de 1917 était de moins en moins appliqué. Le code de 1983 ne fait plus mention du suicide parmi les raisons de refuser les funérailles religieuses.

Attitude pastorale actuelle

Comme nous le savons notre époque a vu un développement considérable du suicide et en particulier du suicide des jeunes. La Polynésie n’est malheureusement pas épargnée par ce phénomène. Lorsque l’on essaye d’analyser les raisons pour lesquelles des jeunes se sont donnés la mort, ou ont tenté de se la donner, l’on est consterné de constater que ce sont souvent des motifs assez légers : déception amoureuse, dispute avec les parents, frustrations insignifiantes … et l’on doit conclure à un extrême fragilité, une incapacité à faire face aux frustrations. C’est certainement à mettre en rapport avec le recours à la drogue, à l’alcool pour échapper à la réalité. Beaucoup de jeunes n’aiment pas la vie, ils en parlent avec beaucoup de pessimisme. La plupart des adolescents, même dans les familles catholiques, avouent avoir parfois songé à se donner la mort. Dans des moments de colère ou de déception, il n’est pas rare qu’ils se fassent des scarifications sur les bras, comme s’ils jouaient à se donner la mort.

Beaucoup d’adultes viennent rencontrer le prêtre pour lui confier leurs soucis, leurs souffrances et beaucoup affirment que ce qui leur permet de tenir, c’est leur foi dans laquelle ils trouvent une force qui leur permet de surmonter les grandes épreuves qu’ils affrontent. C’est justement la raison pour laquelle ils viennent trouver le prêtre : ils cherchent auprès de lui encore plus de foi et  encore plus d’espérance

Mais beaucoup de jeunes ne semblent pas trouver dans leur foi l’appui qui leur permettrait de ne pas se laisser abattre, leur foi ne semble pas les aider faute d’être assez profonde et mûre. D’autres jeunes ne parlent pas de suicides, ils sont déjà fortifiés par leur foi, parce qu’ils ont accédé à une foi personnelle et ont dépassé la foi reçue passivement.

Causes de cette situation

Dans ma jeunesse, à Tahiti, je n’ai jamais entendu parler de suicides de jeunes. C’est donc un phénomène qui est apparu peu à peu et qui est certainement à mettre en rapport avec une crise de la société. La crise économique n’est qu’un aspect d’une crise plus vaste et qui touche en particulier la famille. Beaucoup de jeunes appartiennent à des familles recomposées où tout ne se passe pas toujours bien ; certains vivent chez leurs grands parents. Les parents manquent d’autorité et contrôlent mal leurs enfants : de jeunes enfants vagabondent la nuit, de très jeunes mineurs imposent aux parents la présence d’une copine ou d’un copain en faisant un chantage au suicide. Il faut remarquer que la loi s’est employée à diminuer l’autorité parentale puisque les mineurs peuvent prendre des décisions importantes à l’insu de leurs parents, par exemple prendre des contraceptifs ou pratiquer une interruption de la grossesse.

Toujours est-il que l’on remarque chez beaucoup de jeunes, mineurs ou majeurs, des personnalités déconstruites qui  n‘agissent qu’en obéissant à des pulsions. Si la pulsion est de se donner la mort, ils n’y résistent pas. Cette fragilité est accentuée dans le cas d’une consommation prolongée de paka. Des jeunes qui pendant des années se sont habitués à fuir la réalité dans la drogue se trouvent totalement démunis devant les frustrations. Beaucoup n’ont pas le goût  de vivre et trouvent peu d’intérêt à ce qu’ils vivent. Une de leurs expressions favorite est : « C’est nul ! ».

Un autre facteur aggravant réside dans les violences sexuelles subies par les jeunes, surtout les filles. Il est consternant de découvrir qu’une proportion importante de jeunes se sont vus imposer des relations sexuelles précoces et régulières par des membre de leurs familles : demi-frères, cousins, oncles, beau-père quand ce n’est pas leur propre père. Il faut aussi mentionner la violence physique répétée dont se plaignent beaucoup de jeunes. Ceux qui ont vécu ces violences en restent profondément marqués.

Que faire ?

Il y a certainement des actions à long terme comme la revalorisation de la famille. Dans notre diocèse, cette année, nous avons choisi comme thème « la famille » en liaison avec le thème du prochain synode. Mais en une seule année, on ne peut pas faire beaucoup plus qu’une prise de conscience.

Il y a aussi des actions immédiates. La première est d’apprendre aux jeunes à aimer la vie. Ils sont certainement influencés par le pessimisme des adultes en ces temps de crise économique. Eux-mêmes découvrent que malgré les études qu’ils ont faites, ils ne trouvent pas d’emploi et que leurs projets de trouver une bonne situation et de fonder une famille ne peuvent être réalisés.

Mais d’une manière générale, ils ne savent pas apprécier les bons moments de la vie et se focalisent plutôt sur les déceptions, les contraintes, la difficulté de vive avec les autres. Certes, beaucoup d’entre eux sont passionnés par le sport, par la danse tahitienne… mais cela ne remplit pas toute leur vie. La difficulté de vivre avec leur entourage les pousse à chercher des relations avec des gens qu’ils ne rencontrent pas physiquement, qui vivent au loin. Internet leur offre cette possibilité et ils sont déjà en quelque sorte entraînés dans le virtuel surtout qu’ils sont aussi des adeptes des jeux vidéo dans lesquels on meurt virtuellement.

Il est donc nécessaire de ramener les jeunes vers la vie réelle que l’on ne reçoit qu’une seule fois et dont il dépend beaucoup de nous qu’elle soit bonne ou mauvaise. Cette vie réelle, il faut l’aimer avec ses joies simples, ses difficultés qu’il faut apprendre à surmonter avec courage et détermination, il faut apprendre à souffrir en silence et à y trouver une certaine fierté.

Bien entendu, il faut savoir trouver dans sa foi une force. Pour ceux qui ont la foi, il n’y a pas de situations désespérées, il n’y a que des hommes qui ont perdu confiance. Dans la vie on traverses des tunnels, mais les tunnels ont toujours deux extrémités : l’entrée et la sortie.

Les jeunes ont besoin de se confier à des adultes en qui ils ont confiance, mais faut-il encore que les adultes soient disponibles car c’est lorsque les jeunes veulent parler qu’il faut les écouter. Or les adultes sont rarement libres. Ils pourraient peut être écouter demain, mais demain ou tout à l’heure, le jeune n’aura déjà plus envie de parler. Le diocèse de Papeete a fait venir une communauté nouvelle spécialisée dans l’évangélisation des jeunes par les jeunes. Cette communauté, qui porte le nom de Marie-Jeunesse, est composée de jeunes adultes et ils savent se rendre disponibles, aussi attirent-ils beaucoup de jeunes. Parmi les membres de Marie-Jeunesse, certains ont rencontré personnellement les difficultés que vivent les jeunes d’aujourd’hui et ils en sont sortis. À leur contact, beaucoup de jeunes ont fait un chemin très positif, retrouvant le goût de la vie et découvrant tout ce que peut leur apporter leur foi.

Ceci montre qu’il est important que les jeunes puissent s’ouvrir à de jeunes adultes de leurs difficultés et qu’ils rencontrent chez ces adultes écoute, compréhension, disponibilité. Les jeunes ont aussi besoin de modèles qui les attirent vers une vie sans drogue, sans alcool, ils ont besoin de fréquenter des camarades qui ne les tirent pas vers le bas.

Certes ce programme n’est pas facile à réaliser à grande échelle. Il faudra du temps pour qu’il y ait assez de leaders pour renverser la tendance. Il nous semble cependant que c’et la bonne direction.

Nous devons aussi reconnaître que notre Église locale n’a pas encore suffisamment pris la mesure de l’aggravation récente de cette plaie qu’est le suicide. J’espère que la réflexion qui va être menée cette année sur la famille et les informations que ce congrès consacré au suicide ne manquera pas de nous fournir vont faire avancer notre prise en charge de cette question.

© Copyright 2014 – Mgr Hubert COPPENRATH

Quelle terre suis-je ?

Commentaire de l’Évangile du 15ème Dimanche du Temps ordinaire

Le temps des vacances est favorable au recul et à la retraite. Nous pouvons mieux nous y interroger sur nous-mêmes. Nous y avons aussi la possibilité de surtout y découvrir la prodigieuse fertilité de la Parole de Dieu quand elle a trouvé un sol hospitalier.

Quelle terre sommes-nous ?

La graine semée en terre est donc la Parole de Dieu. Elle est gonflée de vie, de bonheur, de force irrésistible. Mais encore faut-il qu’elle tombe dans une bonne terre. Quelle terre suis-je pour recevoir cette Parole ? Suis-je comme un sentier à la croûte durcie, me tenant à l’écart, indifférent à toute attente religieuse ? Ou, suis-je pareil à un humus léger, superficiel qui se laisse attendrir par une lecture, un film ou une rencontre, mais qui oublie très vite la grâce donnée ? Suis-je encore comme un champ envahi par les ronces des convoitises, des amertumes, de la jalousie, et qui ne permet pas à la voix de Dieu de se faire entendre ? Et même, si je suis une bonne terre, ne puis-je pas la travailler davantage pour la préparer à recueillir la semence ? Les congés ne sont-ils pas un moment propice à un sérieux bilan spirituel ?

Fécondité de la Parole

Ce regard sur soi, honnête et lucide, est important. Mais en même temps la liturgie de ce jour élève nettement plus haut. La Parole de Dieu, dit le prophète Isaïe, est comme une pluie bienfaisante qui arrose la terre pour la féconder. C’est elle qui permet aux légumes du potager de grandir et au froment de mûrir. Quand elle est accueillie dans une bonne terre, ses fruits dépassent largement toute prévision. Quand Dieu parle, dans le même mouvement, il réalise ce qu’il dit. « Tu visites la terre, Seigneur, et tu l’abreuves », chantions-nous dans le psaume. Tombées du ciel, les pluies n’y retournent qu’après avoir accompli avec surabondance leur mission de fécondité.

Et mesurons-en les dimensions ! C’est la création toute entière, nous dit saint Paul, qui est appelée, après une douloureuse et mystérieuse transformation, à « connaître la liberté, la gloire des enfants de Dieu ». Rien ne mourra de ce que Dieu a créé, mais tout sera glorifié !

Oui, lorsque à vue humaine, tous les obstacles s’accumulent sur les pas, quand toute la peine apostolique que l’on se donne semble vaine, Jésus invite à vivre dans la certitude que la moisson finira par venir et qu’elle sera magnifique. Pour cela, nous avons à nous faire terreau accueillant à la Parole divine. Qu’elle vienne émonder et purifier nos terrains encombrés !

Un jour, en Marie, Dieu a préparé une très bonne terre. Et sa Parole a pris chair, au sens le plus fort du terme. Et l’univers a donné son fruit le plus précieux. C’est une grâce à demander par la Vierge : que notre vie soit remise et maintenue en cohérence avec l’évangile. Quelle ne sera pas alors notre joie dès que nous apercevrons qu’en nous nourrissant de la Parole, nous aurons de quoi rassasier les autres !

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