PKO 10.08.2014

Dimanche 10 août 2014 – 19ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°43/2014

HUMEURS

Que surgisse de toute l’Église une prière incessante

Le Pape suit avec une vive préoccupation les nouvelles dramatiques qui parviennent du nord de l’Irak et qui concernent des populations impuissantes. Les communautés chrétiennes en particulier sont touchées : c’est un Peuple en fuite de ses propres villages à cause de la violence qui ces jours-ci se déchainent et bouleversent la région.

Lors de la prière de l’Angélus du 20 juillet dernier, le Pape s’était exclamé de douleur : « nos frères sont persécutés. Ils sont chassés. Ils doivent laisser leurs maisons sans pouvoir rien emporter avec eux. À ces familles et à ces personnes je veux exprimer ma proximité et mes prières constantes. Très chers frères et sœurs, vous qui êtes tant persécutés, je sais combien vous souffrez, je sais que vous êtes dépouillés de tout. Je suis avec vous dans la foi en Celui qui a vaincu le mal ! »

À la lumière des événements angoissants, le Pape renouvelle ce jeudi « sa proximité spirituelle à tous ceux qui sont en train de traverser cette très douloureuse épreuve et il s’unit aux appels des évêques sur place, pour demander avec eux et pour leurs communautés qui souffrent, que surgisse de toute l’Église une prière incessante pour invoquer de l’Esprit Saint le don de la paix ».

Sa Sainteté renouvelle son appel pressant à la communauté internationale, afin qu’elle s’active pour mettre fin au drame humanitaire en cours, qu’elle agisse pour protéger les personnes concernées ou menacées par les violences, et pour fournir les aides nécessaires, surtout les plus urgentes, à tant de réfugiés dont le sort dépend de la solidarité des autres.

Le pape lance un appel à la conscience de tous et répète à tous les chrétiens : « Dieu de la paix suscite en tous un authentique désir de dialogue et de réconciliation. La violence ne peut être vaincue par la violence. La violence ne peut être vaincue que par la paix ! Prions en silence, pour demander la paix ; tous en silence... Marie, Reine de la paix, priez pour nous ! » (Angélus du 20 juillet 2014)

© Bureau de presse - Vatican

EN MARGE DE L’ACTUALITÉ

SOS : Appel du Patriarchat Chaldéens pour une aide d’urgence

 

Les militants de l’État islamique ont attaqué au mortier la plupart des villages de la plaine de Ninive durant la nuit du 6 au 7 août. Ils contrôlent désormais la zone. Environ 100 000 chrétiens, horrifiés et paniqués, ont fui leurs villages et leurs maisons sans rien emporter d’autres que leurs vêtements. En exode, vivant une réelle via crucis, les chrétiens se dirigent à pied, dans la chaleur brulante de l’été, vers les villes kurdes d’Erbil, de Dubok et de Soulaymiyia. Parmi eux, des personnes malades, âgées, des enfants et des femmes enceintes. Ils font face à une catastrophe humaine et à un véritable risque de génocide. Ils ont besoin d’eau, de nourriture et d’abris.

Concernant les églises et ses biens dans les villages désormais occupés par les militants d’ISIS, nous avons des témoignages de destructions et de profanations. Des vieux manuscrits et des documents (1500) ont été brûlés.

Il est évident pour tous que le gouvernement central est  incapable de maintenir l’ordre et la loi dans cette partie de l’Irak. Il existe aussi des doutes sur la capacité de la Région du Kurdistan de défendre seule l’avance acharnée des djihadistes. Il y a clairement un manque de coopération entre le gouvernement central et le gouvernement de la région autonome du Kurdistan. Ce « vide » est profitable pour ISIS (l’Etat Islamique ndlr) pour imposer sa loi et sa terreur. Il y a un besoin d’un soutien international et d’une armée professionnelle et bien équipée. La situation va de mal en pis.

Nous lançons avec tristesse et douleur un appel à toutes les consciences, à toutes les personnes de bonne volonté, aux Nations-Unies, à l’Union européenne pour sauver ces personnes innocentes de la mort. Nous espérons qu’il n’est pas trop tard.

+ Louis Raphael Sako,
Patriarche de Babylone des Chaldéen
Président de l’Assemblée des évêques catholiques d’Irak,
Bagdad, le 07 août 2014.

Les chrétiens d’Irak seraient-ils déjà morts ?

La honte d’être un enfant de ce siècle !

Le blogueur chrétien Koz a publié un texte nous interpellant tous l'égard des chrétiens d'Irak.

Avez-vous le temps de lire un billet inutile ? Si oui, poursuivez. Je suis un peu comme Romain : ce billet ne sera pas le dernier des billets risibles d’inutilité que j’aie pu écrire à propos des chrétiens d’orient. Ce sont les limites de l’écriture. À quoi sers-tu, avec tes petits tweets et tes billets ? À donner un dérisoire écho au cri de souffrance des chrétiens irakiens tout au fond de leur puits ? Écho misérable, loin, loin, si loin du petit cercle de lumière ? À quoi sers-tu ? À te réconforter en te disant que tu marques un peu de solidarité ? À te donner bonne conscience ? À avoir fait ta part – ça y est, tu as écrit ton billet, parfait ? Ou est-ce que mon écriture n’est pas méprisable ? À ce niveau d’indifférence et d’inaction, soit tu pars sur place soit tu fermes ta gueule. Je sais que certains vont partir bientôt. Mon cœur est avec eux. Et mon cul sur ma chaise.

Mais non, Koz, ça n’est pas inutile. Je sais ce que l’on peut me répondre, je me le dis moi-même. Bouger un peu le petit milieu du web, c’est mieux que ne rien faire. Laisser transparaître la solidarité, la peine, la prière, ce n’est pas rien pour un chrétien irakien qui verrait passer ces lignes. Je sais que Mgr Sakho nous demande juste, ou nous demande au moins, de leur permettre de ne pas se sentir oubliés. Et, en 2010, je quittais le parvis des droits de l’Homme avec cette phrase en tête : « Nos frères qui souffrent en Irak ont besoin des images de votre solidarité ». Ils ont besoin des images de notre solidarité, oui. Ils ont besoin de ne pas crever, aussi.

Mais relayer leur cri du fond du puits, pourquoi ? Qui nous entend ? Un interlocuteur me rappelait récemment l’existence de « son homologue » au Quai d’Orsay, spécialement en charge des chrétiens d’orient. Non, la France ne les oublierait pas. Il relevait lui-même que le risque était que cela devienne la routine. La France a-t-elle encore une capacité de réaction sur le sujet ? Ou se borne-t-elle à émettre le communiqué de condamnation qui convient ?

Faire du bruit. On me répondait que l’usage solidaire de ce symbole, sorte d’étoile jaune mais rouge sang apposée sur les maisons des chrétiens à Mossoul, n’arrêterait pas l’EIL. Bien sûr. Nous sommes stupides mais avec un reliquat de lucidité. Non, faire du bruit, ne serait-ce que pour alerter nos propres responsables. Et en fait d’alerte, quoi ? Oui, le Quai d’Orsay a réagi, par la voix de Romain Nadal, son porte-parole. Il a même fait un tweet. Que demande le peuple ? ! Que l’on dépasse le service minimum et l’indignation protocolaire. A-t-on entendu Laurent Fabius ? A-t-on entendu Manuel Valls ? A-t-on entendu François Hollande ? Quand Nicolas Sarkozy s’exprimait, j’avais le mauvais goût de m’interroger sur sa sincérité, mais au moins le faisait-il. Mais là…

Vous me direz qu’il y a une actu très chaude actuellement et que l’exécutif est occupé à autre chose. Mais ça ne devrait pas être le cas du Ministère des Affaires Etrangères ne serait-ce qu’au titre de notre engagement international séculaire. Je me souviens avoir lu que lors du génocide rwandais, les diplomates tournaient autour du pot pour ne surtout pas prononcer le mot « crime contre l’humanité », parce qu’une fois prononcé, les pays seraient contraints d’agir. Eh bien ce mot a été prononcé. À l’ONU. Par le Secrétaire Général. Et en France ? On la moule. Fabius, Valls, Hollande, une déclaration un tant soit peu solennelle ? Non, rien.

Vous me direz que l’on bougera quand il y aura des massacres. On peut attendre, et on attendra ça. Vous êtes réalistes. Mais en partie seulement. Parce que les chrétiens irakiens, on les a déjà massacrés. Souvenez-vous en 2010, l’attentat contre la cathédrale de Bagdad. « Le sang du prêtre a été versé sur le sol de l’église. Il y a des morceaux de corps humain accrochés sur les étoiles qui ornent le plafond de l’église ». « Je pensais mourir aussi. Puis, l’un deux voyant que mon père n’était que blessé, il l’a achevé. Il tentait de protéger mon neveu de 3 ans sous son corps, ils ont pris l’enfant et lui ont tiré une balle dans la tête… ». En 2010, nous avions un peu frémi. Et nous nous étions trouvés des milliers dans la rue l’après-midi à répondre à l’appel à manifester. Mais le soir, pas même une seconde aux JT. Il faut dire que l’actu était chaude : sur France2, Laurent Delahousse interviewait Bruce Willis. Dans Le Monde, un éditorialiste qui, pour être un bon éditorialiste, devait nécessairement trouver un enjeu là où on ne l’attend pas, avait cette phrase ambigüe : « Que l’Occident s’indigne des attaques contre “ses” chrétiens après être resté indifférent aux Saint-Barthélemy irakiennes est bien la preuve de sa duplicité ».

Et c’est probablement au nom de cette ambiguïté et d’autres raisons encore moins avouables que notre gouvernement est aujourd’hui silencieux. Ne pas trop défendre les chrétiens, c’est pour leur bien. Et puis, en filigrane aussi, les chrétiens, qui sont assimilés à l’Occident là-bas, sont assimilés aux dominants ici par ceux que le marxisme contamine encore. Et enfin très certainement l’idée qu’on ne pourra pas les protéger là-bas et qu’il vaut mieux qu’ils en sortent. Alors on attend que ça se passe. Alors on valide l’apartheid, on valide l’épuration. Alors silence.

Voilà, j’ai fait mon billet. Les chrétiens vont disparaître d’Irak, morts ou exilés. Nous allons seulement soulager un peu leur fardeau. Quand ils auront disparu, je pourrai me dire que je n’en ai pas rien eu à foutre. Eux seront morts ou déportés. Et j’aurai la honte, la très grande honte d’être avec vous un enfant de ce siècle qui aura vu disparaître les chrétiens de Mossoul, l’antique Ninive, cette terre sur laquelle ils sont depuis dix-huit siècles. Dix-huit siècles traversés de guerres, de luttes, de vie, de rires, d’enfants, de foi.

Et puis nous.

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La Chine veut promouvoir sa propre « théologie chrétienne »

Une « théologie » à la sauce idéologique !

Les autorités chinoises manifestent depuis plusieurs mois une moins grande tolérance que par le passé à l’égard des minorités religieuses.

La Chine entend établir sa propre « théologie chrétienne », « compatible » avec la culture chinoise et le « socialisme », a rapporté jeudi 7 août le journal Chinal Daily, quotidien chinois en anglais contrôlé par l’État, alors que les tensions n’ont fait que croître ces derniers mois dans le pays entre les autorités et les diverses communautés chrétiennes.

UNE COMPATIBILITÉ NÉCESSAIRE AVEC LE COMMUNISME

« La construction de la théologie chrétienne chinoise doit être adaptée aux conditions nationales et intégrer la culture chinoise », a expliqué Wang Zuo’an, dirigeant de l’Administration d’État pour les affaires religieuses, cité par le journal. Cette théologie à la façon chinoise « doit être compatible avec le chemin du socialisme » adopté par le Parti communiste chinois, a-t-il précisé.

La Chine compte entre 23 et 40 millions de chrétiens protestants, soit entre 1,7 % et 2,9 % de la population, selon des chiffres rapportés jeudi par plusieurs médias d’État. Environ 500 000 personnes sont baptisées chaque année au sein des communautés protestantes chinoises, a précisé le China Daily. Ce chiffre pourrait toutefois s’élever de 50 à 80 millions de chrétiens au total (dont 12 millions de catholiques), la moitié n’étant pas inscrits officiellement et se regroupant en « églises de maison ».

360 CROIX DÉMONTÉES

Les tensions se sont accentuées ces derniers mois : à l’est de la Chine, le gouvernement de la province du Zhejiang procède depuis le début du mois de janvier à une campagne intitulée « trois rectifications pour une démolition ». Les autorités assurent qu’il s’agit de lutter contre les édifices illégaux, non contre les églises, mais ce n’est pas le sentiment des chrétiens. Ainsi dans la ville de Wenzhou, où vivent de nombreux chrétiens, environ 360 croix auraient été enlevées par la force du toit des églises ou des maisons et un lieu de culte y a été détruit.

Dans une lettre pastorale publiée le 30 juillet, MVincent Zhu Weifang, l’évêque de la capitale provinciale du Zhejiang dénonce cette campagne de destruction « injuste » parce que même des « édifices qui ne violaient pas la loi » ont été détruits. Il invite les chrétiens à « ne pas craindre mais croire » et s’excuse de ne pas avoir réagi plus vite pour les soutenir.

Par ailleurs, dans la province du Henan, au centre-est, le Tribunal populaire du district de Nanle a condamné début juillet le pasteur Zhang Shaojie, qui exerçait pourtant son ministère dans une Église reconnue par l’État, à douze ans de prison pour « fraude et rassemblements troublant l’ordre public », a rapporté Églises d’Asie, l’agence d’information des Missions Étrangères de Paris. L’ONG de défense des droits humains China Aid Association dénonce une « affaire montée de toutes pièces » par les autorités locales.

Cette répression vise également d’autres minorités, comme les Ouïghours au Xinjiang et les Tibétains.

Elle s’inscrit plus largement dans le cadre de la sévère reprise en main du pays par le président Xi Jinping qui se montre déterminé depuis son arrivée au pouvoir il y a un an et demi à mettre de l’ordre dans une Chine rongée par la corruption à tous les niveaux et à durcir son contrôle sur toutes les populations susceptibles de s’émanciper.

Céline Hoyeau (avec AFP)

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Une justice conduisant à la réinsertion dans la communauté

Lettre du pape François aux congrès internationaux d’associations de droit pénal

Le 30 mai 2014, alors que plusieurs pays d’Amérique latine, et en particulier l’Argentine, entreprennent une réforme de leur législation pénale, une lettre du pape François a été publiée, présentant une vision de la justice selon l’Église. Elle est adressée aux participants au 19econgrès international de l’association internationale de droit pénal (Rio de Janeiro, 31 août – 6 septembre 2014) et à ceux du 3e congrès de l’association latino-américaine de droit pénal et de criminologie qui se tiendra à Tegucigalpa, Honduras. À partir de la démarche que l’Église propose au pécheur – réparation, confession, contrition – le pape présente les figures évangéliques du Bon Samaritain, du Bon larron et du Père de l’enfant prodigue. Il donne une visée « humanisante » à la justice : ne pas « identifier la réparation avec la punition », donner au pardon « une véritable dimension politique et institutionnelle », « conduire à la pleine réinsertion dans la communauté ».

Monsieur le président, et Monsieur le secrétaire exécutif,

Avec ce message, je désire faire parvenir mon salut à tous les participants au 19e congrès international de l’Association internationale de droit pénal et au 3e congrès de l’Association latino-américaine de droit pénal et de criminologie, deux forums importants qui permettent à des professionnels de la justice pénale de se réunir, d’échanger leurs points de vue, de partager leurs préoccupations, d’approfondir des thèmes communs et de traiter de problématiques régionales, avec leurs particularités sociales, politiques et économiques. Avec mes meilleurs vœux afin que vos travaux portent des fruits abondants, je désire vous exprimer mes remerciements personnels, et également ceux de tous les hommes de bonne volonté, pour votre service à la société et votre contribution au développement d’une justice qui respecte la dignité et les droits de la personne humaine, sans discrimination, et qui protège de façon adéquate les minorités.

Vous savez bien que le droit pénal exige une mise au point multidisciplinaire, qui tente d’intégrer et d’harmoniser tous les aspects qui confluent dans la réalisation d’un acte pleinement humain, libre, conscient et responsable. L’Église voudrait elle aussi apporter sa contribution au débat dans le cadre de sa mission évangélisatrice et en fidélité au Christ, qui est venu pour « annoncer aux captifs la délivrance » (Lc 4, 18). C’est pourquoi je désire partager avec vous certaines idées que je garde dans mon cœur et qui font partie du trésor de l’Écriture et de l’expérience millénaire du peuple de Dieu.

Depuis le début de l’époque chrétienne, les disciples de Jésus ont tenté de faire face à la fragilité du cœur humain, si souvent faible. De diverses façons et à travers différentes initiatives, ils ont accompagné et soutenu ceux qui succombent sous le poids du péché et du mal. En dépit des changements historiques, trois éléments ont été constants : la satisfaction ou réparation du dommage provoqué ; la confession, à travers laquelle l’homme exprime sa propre conversion intérieure ; et la contrition en vue de parvenir à la rencontre avec l’amour miséricordieux et guérissant de Dieu.

La réparation, comme le Bon Samaritain

1. La réparation. Le Seigneur a peu à peu enseigné à son peuple qu’il existe une asymétrie nécessaire entre le délit et la peine, que le remède à un œil ou à une dent cassée ne consiste pas à en casser une autre. Il s’agit de rendre justice à la victime, et non de condamner à mort l’agresseur.

Un modèle biblique de réparation peut être le Bon Samaritain. Sans penser à poursuivre le coupable pour qu’il assume les conséquences de son acte, il assiste celui qui a été blessé gravement sur le bord de la route et prend en charge ses besoins (cf. Lc 10, 25-37).

Dans nos sociétés, nous tendons à penser que les délits se résolvent lorsque l’on capture et condamne le délinquant, en continuant son chemin devant les dommages provoqués ou sans prêter suffisamment attention à la situation dans laquelle se retrouvent les victimes. Mais ce serait une erreur d’identifier la réparation uniquement avec la punition, de confondre la justice avec la vengeance, ce qui ne contribuerait qu’à accroître la violence, même institutionnalisée. L’expérience nous montre que souvent, l’augmentation et le renforcement des peines ne résolvent pas les problèmes sociaux, et ne réussissent pas non plus à faire diminuer les taux de criminalité. En outre, cela peut engendrer de graves problèmes pour la société, comme celui des prisons surpeuplées, et des personnes détenues sans condamnation… Combien de fois a-t-on vu le coupable expier sa peine de façon objective, en purgeant sa peine sans toutefois changer intérieurement, ni être guéri des blessures de son cœur.

À ce propos, les moyens de communication, dans leur exercice légitime de la liberté de presse, jouent un rôle très important et ont une grande responsabilité : c’est à eux d’informer correctement et non de contribuer à susciter l’alarme ou la panique sociale lorsque sont rapportées des nouvelles de délits. Ce sont la vie et la dignité des personnes qui sont en jeu, qui ne peuvent devenir des cas publicitaires, souvent même morbides, condamnant les présumés coupables au mépris social avant qu’ils soient jugés, ou en forçant les victimes, pour alimenter la presse à sensation, à revivre publiquement la douleur éprouvée.

Le bon larron, modèle de confession

2. La confession est l’attitude de qui reconnaît et regrette sa faute. Si le délinquant n’est pas suffisamment aidé, s’il ne lui est pas offert une occasion de se convertir, il finit par être victime du système. Il est nécessaire de faire justice, mais la véritable justice ne se contente pas simplement de punir le coupable. Il faut aller au-delà et faire le possible pour corriger, améliorer et éduquer l’homme afin qu’il mûrisse à tous les points de vue, de façon à ce qu’il ne se décourage pas, qu’il affronte le dommage provoqué et qu’il réussisse à reconstruire sa vie sans être écrasé par le poids de ses misères.

Un modèle biblique de confession est celui du bon larron, auquel Jésus promet le paradis parce qu’il a été capable de reconnaître son erreur : « Pour nous, c’est justice, nous payons nos actes ; mais lui n’a rien fait de mal » (Lc 23, 41).

Nous sommes tous pécheurs ; le Christ est le seul juste. Nous aussi, parfois, nous courons le risque de nous laisser entraîner par le péché, par le mal, par la tentation. Chez toutes les personnes, la capacité de faire beaucoup de bien coexiste avec la possibilité de provoquer beaucoup de mal, même si on veut l’éviter (cf. Rm 7, 18-19). Et nous devons nous demander pourquoi certains chutent et d’autres non, étant de la même condition humaine.

Souvent, la délinquance plonge ses racines dans les inégalités économiques et sociales, dans les réseaux de la corruption et dans le crime organisé, qui cherchent des complices chez les plus puissants et des victimes chez les plus vulnérables. Pour prévenir ce fléau, il ne suffit pas d’avoir des lois justes, il faut former des personnes responsables et capables de les mettre en pratique. Une société soutenue uniquement par les règles du marché et qui crée de fausses attentes et des besoins superflus, écarte ceux qui ne sont pas à la hauteur et empêche ceux qui restent en arrière, les faibles ou les moins doués, de se faire un chemin dans la vie (cf. Evangelii gaudium, n.209).

L’accueil du Père rend possible la contrition

3. La contrition est la porte du repentir, c’est la voie privilégiée qui conduit au cœur de Dieu, qui nous accueille et nous donne une autre occasion, à condition que nous nous ouvrions à la vérité de la pénitence et que nous nous laissions transformer par sa miséricorde. C’est de celle-ci que nous parle l’Écriture Sainte lorsqu’elle décrit l’attitude du Bon Pasteur, qui laisse les quatre-vingt-dix-neuf brebis qui n’ont pas besoin de ses soins et part à la recherche de celle qui est égarée et perdue (cf. Jn 10, 1-15 ; Lc 15, 4-7), ou celle du bon Père, qui accueille son plus jeune fils sans récrimination et en le pardonnant (cf. Lc 15, 11-32). L’épisode de la femme adultère est également significatif, à laquelle Jésus dit : « Va, désormais ne pèche plus » (Jn 8, 11). Et il fait allusion en même temps au Père commun, qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes (cf. Mt 5, 45). Jésus invite ses disciples à être miséricordieux, à faire le bien à qui leur fait du mal, à prier pour leurs ennemis, à tendre l’autre joue, et à ne pas avoir de ressentiment…

L’attitude de Dieu, qui devance l’homme pécheur en lui offrant son pardon, se présente comme une justice supérieure, dans le même temps équitable et miséricordieuse, sans qu’il n’y ait de contradiction entre ces deux aspects. En effet, le pardon, n’élimine ni ne diminue l’exigence de la correction, propre à la justice, et n’élimine pas non plus le besoin de conversion personnelle, mais va au-delà, en tentant de rétablir les rapports et de réintégrer les personnes dans la société. Il me semble que c’est ici que réside le grand défi, qui nous devons affronter tous ensemble, afin que les mesures adoptées contre le mal ne se contentent pas de réprimer, de dissuader et d’isoler ceux qui l’ont provoqué ; mais les aident également à réfléchir, à parcourir les chemins du bien, à être des personnes authentiques qui, loin de leurs propres misères, deviennent elles-mêmes miséricordieuses. C’est pourquoi l’Église propose une justice humanisante, authentiquement réconciliatrice, une justice qui conduise le délinquant, à travers un chemin d’éducation et de pénitence courageuse, à la réhabilitation et à la pleine réinsertion dans la communauté.

Comme il serait important et beau d’accueillir ce défi, pour qu’il ne tombe pas dans l’oubli. Comme il serait beau que l’on accomplisse les pas nécessaires afin que le pardon ne demeure pas uniquement dans la sphère privée, mais atteigne une véritable dimension politique et institutionnelle pour créer ainsi des rapports de coexistence harmonieuse. Que de bien obtiendrait-on s’il y avait un changement de mentalité pour éviter les souffrances inutiles, surtout chez les plus vulnérables.

Chers amis, allez dans cette direction, car je comprends que c’est en cela que réside la différence entre une société qui inclut et une société qui exclut, qui ne place pas au centre la personne humaine et qui se débarrasse des rebuts qui ne lui servent plus.

Je prends congé de vous en vous confiant au Seigneur Jésus, qui au cours des jours de sa vie terrestre, fut arrêté et condamné injustement à mort et s’identifia avec tous les détenus, coupables et non coupables (« prisonnier et vous êtes venus me voir », Mt 25, 36). Il descendit également sur les ténèbres créées par le mal et par le péché de l’homme pour y apporter la lumière d’une justice qui ennoblit et exalte, en vue d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut et de la conversion. Que lui, qui fut injustement dépouillé de tout, vous accorde le don de la sagesse, afin que vos débats et vos réflexions soient couronnés de succès.

Je vous demande de prier pour moi, car j’en ai tant besoin.

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Pas de laïcité sans humanité, pas d’humanité sans raison

Le billet de Laurent Stalla-Bourdillon

Il n'y aura pas de paix sans un retour à la raison. Qu’il s’agisse du conflit israélo-arabe, de l’exode ou des massacres des chrétiens d’Orient, ou des violences urbaines en France sur fond de malaise identitaire, il n’y aura pas de paix sans un retour à la raison. C’est elle qui détient la capacité de discerner à la fois les errances historiques et les apports spécifiques au bénéfice de tous, des différentes traditions religieuses. « Derrière toute activité humaine, se tient un logos qui l’oriente » écrivait Edith Stein. Au delà du seul fait religieux historique, il faudrait s’intéresser aux pensées religieuses actuelles. Il faudrait clarifier les différentes représentations du sens de la vie, non pour les superposer, ni pour les imposer, mais pour identifier ce que chacune contient de questions essentielles. Ainsi du judaïsme et de l’identité juive comme signe pour la famille humaine de la permanence de la présence d’un Dieu unique et Créateur à qui la louange est due. Ainsi du christianisme et de l’annonce du pouvoir rédempteur de l’amour en la personne du Christ. Ainsi de l’islam qui renvoie l’humanité à la question de la source de la loi à travers l’affirmation de la Parole incréée du Coran. Si nul n’est obligé de croire la doctrine d’une de ces familles religieuses, nul ne peut se dispenser de les connaître, d’interroger la rationalité de leurs fondements et de se laisser interroger par elles.

Contrairement à ce que l’on a voulu faire croire pour les écarter, les religions ne sont pas sans fondements rationnels. La cohérence du sens de la vie humaine qu’elles véhiculent doit d’ailleurs pouvoir être confrontée au questionnement de la raison commune. Ce n’est pas faire œuvre de condescendance à l’égard des religions que d’interroger les principes de la foi qu’elles professent. Le citoyen républicain ne peut se satisfaire d’ignorer la réalité des courants spirituels qui ont façonné l’histoire de son pays et qui aujourd’hui encore, animent tant d’hommes et de femmes à travers le monde. N’y aura-t-il bientôt plus que la France pour ne plus rien comprendre à la religion, parce qu’on y aurait décrété que le sujet ne méritait pas qu’on y applique son intelligence ? Quelle erreur ! Ce n’est pas en négligeant l’apport des religions qu’on neutralise leurs possibles déviances, c’est au contraire en leur imposant l’exigent effort de la raison. Qui mieux que la France aurait pu être en pointe dans ce domaine ? Hélas, la paresse ou le mépris ont conduit à laisser ce terrain en déshérence. Le législateur doit se contorsionner pour gérer au plus prêt sans paraître y toucher. Pouvons-nous avec respect revenir aux grandes questions essentielles auxquelles les religions proposent des réponses ? La vie humaine n’est-elle pas une question ouverte ? Allons-nous réveiller l’esprit ou bien avons-nous déjà cédé à l’absurdité de l’existence qui ne laisse que le vaste champ de l’émotion pour pleurer nos morts ? Non la vie n’est pas absurde, simplement elle ne se réduit pas au seul vivant que nous pensons pouvoir bientôt maitriser. « L’homme passe l’homme » disait Blaise Pascal.

La cohérence des doctrines religieuses doit donc pouvoir être rationnellement mise en débat par tout un chacun, et passer le critère de leur admissibilité dans l’espace commun. Il n’y a de laïcité qu’à condition de cet effort. Mieux, il n’y aura de parade à la dérive essentialiste des religions auquel nous assistons qu’à la condition d’une réappropriation collective des débats théologiques. Ce sera à partir de respectueuses confrontations initiées dès l’école, que les représentations du sens de la vie pourront émerger dans le cœur des jeunes et se préciser au fil de leur vie. Il n’y a de laïcité qu’à condition d’écoute de notre commune humanité en quête. Avec l’audacieuse expression de « la transsubstantiation des religions en race », le philosophe Pascal Bruckner évoquait récemment (Revue des deux mondes, juin 2014) le grave danger qui guette la société française. Un refus de considérer le chemin spirituel de l’humain l’oblige à s’inventer une identité plus religieuse qu’humaine. Tandis que reviennent de plus en plus les mots d’antisémitisme, d’islamophobie, de christianophobie, nous comprenons que seul ce que nous ne connaissons pas fait peur. Dès lors, que faisons-nous pour nous rendre audibles auprès de ceux qui ne connaissent pas nos traditions religieuses ? Quels efforts faisons-nous pour connaître la pensée des autres ? La société française doit apprendre à mieux différencier les éléments qu’elle unit et pour cela accepter de saisir la pensée qui suscite ces différences. Elle doit pouvoir entendre les points de vue de l’autre sur ses propres options collectives et entendre sa critique pourvu qu’elle ne soit pas un vain mépris. L’unité d’une famille ne se fera jamais au dépend des différences de ses membres comme semble le suggérer le succès du film « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » Ce film ne sonne-t-il pas comme un appel à expliquer le sens de rites et des cultures religieuses ?

C’est par le travail de la raison que nous redécouvrirons qu’avant d’être de confessions religieuses différentes ou sans religion, nous sommes tous faits de la même pâte humaine. L’homme développe un sens de son existence à partir des représentations qui lui sont transmises par sa communauté. Une société sans transcendance génère une culture du consommable et du jetable à laquelle l’homme n’échappe pas. Aujourd’hui revient le besoin de la quête du sens ultime de nos vies. Ce sens se cache dans ces intimes convictions que nous devons réapprendre à partager. Il y a plus à perdre en taisant les questions essentielles, qu’en les posant. Tout chemin d’intégration qu’il soit personnel ou en société, passe toujours par l’intérieur. L’intérieur d’un « dia-logos » avec sa conscience ou avec les autres, par lequel la vérité d’un sens peut émerger. Notre avenir repose donc sur l’accompagnement des familles et notre paix sur un meilleur usage de la raison dans la formation des plus jeunes.

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Synode de 1989 – 25 ans après

Questionnaire de la Commission « Vie chrétienne »

Afin d'établir le bilan de ce 3ème synode, voici un questionnaire auquel vous êtes invités à répondre… n’hésitez pas !

Qu'est-ce qu'une paroisse idéale ?

Le Baptême nous a fait enfant de Dieu et de l'Église, prêtre prophète et roi. Comment le vivons-nous en paroisse et dans la vie de tous les jours ?

Avons-nous conscience que nous sommes des pierres vivantes au sein de nos paroisses ? Si oui, comment participons-nous à la vie de nos paroisses ?

Qu'est-ce qui se vit dans nos paroisses ? (Amour, Miséricorde, Charité, Foi, Espérance, Unité, Prière, Accueil, Rencontre, Service, Solidarité, Communication, Partage, Fidélité, Joie,...)

En tant que parents, parrains et marraines que faisons-nous de nos promesses d'engagement prononcées lors d'un baptême ?

Avons-nous pris conscience de notre rôle d'éducateur de la vie chrétienne du baptisé ?

Quelle importance la paroisse donne-t-elle à ses jeunes ?

Comment impliquer les jeunes dans les activités paroissiales après le Sacrement de la Confirmation ?

Comment accueillir et guider un jeune à s'enraciner sur la Parole de Dieu, l'Eucharistie et la prière ?

Existe-t-il un comité liturgique au sein de notre paroisse ?

Existe-t-il un Conseil Pastoral Paroissial (C.P.P.) et un Conseil des Affaires Economiques (C.A.E.) dans notre paroisse ?

Serait-il nécessaire voire indispensable de créer un comité de musique pour examiner la qualité et la composition des chants ? (chants religieux, chants liturgiques)

En tant que katekita, tauturu katekita, et ministre de la Sainte Communion avons-nous le souci de vivre une formation continue ?

Sommes-nous membre d’un groupe de prière comme le Rosaire Vivant, le Renouveau Charismatique, la Légion de Marie, le 4ème jour du Te Vai Ora, ou la Divine Miséricorde ?

Si oui, notre groupe de prière se porte-t-il bien ?

Vos réponses sont à envoyer :

-  soit B.P. 94 - 98713 PAPEETE

-  (en précisant « Bilan synodal »)

-  ou par mail : archeveche@catholic.pf

-  ou com.paroisse@gmail.com

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Confiance ! C’est moi !

Commentaire de l’Évangile du 19ème Dimanche du Temps ordinaire

Le prophète Élie trouve abri contre les intempéries au creux d’une grotte. Et là, se tenant à l’entrée de la roche, il va éprouver le passage fugitif de Dieu. Le propre d’une grotte est de n'être ouverte que sur un côté. C’est une image de l’intériorité de l’homme. Chacun de nous est appelé à descendre dans la caverne de son cœur, mais en laissant ouvert un seuil à tous vents, pour écouter Celui qui passe comme le murmure d’un souffle léger. Si nous nous enfoncions en nous-mêmes, sans ouverture sur l’infini imprévisible de Dieu, sur l’Autre divin et sur tous les autres humains qui en sont les signes, nous  resterions enfermés dans l’enfer de notre ego. Au bord de l’anfractuosité, Élie écoute et entend, « la voix de fin silence », si on traduit littéralement l’hébreu. Et c’est précisément cette fine pudeur qui permet à Elie d’accueillir l'Esprit Saint qu’une hymne de la fête de Pentecôte appelle « l'Hôte léger de nos âmes ». « Lorsque l’intelligence surnaturelle voit quelque chose de subtil, de délicat, c’est qu’elle entend quelque chose touchant l’insaisissable substance de l’éternité », écrit saint Grégoire le Grand (Morales sur Job).

C’est avec une semblable clé de lecture que nous pouvons ouvrir l’évangile de ce jour. Jésus se tient lui aussi « dans la montagne pour prier seul ».Jésus, connaît dans les évangiles des moments de grandes plongées dans les foules humaines, et puis des moments de solitude avec le Père. Dans le paysage de saint Matthieu, il y a, et la mer, et la montagne. Tandis qu'il est seul sur la montagne à « écouter la voix de fin silence », à écouter le Père, Jésus ne perd pas pour autant le souci des siens. Jésus est sur la montagne avec le Père et sur la mer avec nous. Jésus sur la montagne qui est le Père, Jésus sur l'océan qui est le monde : « Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde. » (Jean 16, 28.) Jésus Fils, Jésus Frère. Jésus présent au Père, sans nous abandonner. Jésus avec nous, sans quitter le Père. Et tel doit être chacun de nous. Car la prière véritable ne coupe pas des hommes, pas davantage que la présence aux hommes n'éloigne du Père.

Lorsque « vers la fin de la nuit »Jésus approche de ses apôtres apeurés, il dit ces simples mots fraternels : « Confiance ! c'est moi ; n'ayez pas peur ! » Il n’est ni un « fantôme » ni un « surhomme », mais le frère, l’ami. Son humble je suis là avec vous de l'ami est l’écho du grandJe-Suis de la révélation de Dieu au Buisson ardent (Exode 3, 14). Je-Suis n'est pas fait pour affoler ; c'est la brise légère qui accompagne une présence et la signale. Le grand Je-Suis divin se manifeste par le simple être-avec-nous-tous-les-jours. Comme Élie avait senti la Présence avec certitude dans le plus léger souffle du vent, ainsi les disciples reconnaissent la présence de Jésus, dans sa plus quotidienne humanité. Comme Jésus lui-même, priant le Père sur la montagne, expérimente la présence du Père à travers la paisible obscurité de sa prière d'homme, les disciples, à leur tour, reconnaissent dans l'habituel compagnonnage de Jésus avec eux la Présence de l’Indicible, la révélation de la Gloire du Père. L'humanité du Fils est elle-même, la « voix de fin silence », ou encore « la faible brise ». L'humilité de l'homme Jésus (Philippiens 2, 5-8) est le lieu de la Révélation ultime et plénière de Dieu. Pour aller à Dieu, il faut accepter l'humble et silencieux être-là de l'eau, du pain, du vin, de la parole, des Écritures, de la communauté et du plus petit de nos frères (Matthieu 25, 40).

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