PKO 09.03.2014


cathedraleppt.jpgDimanche 9 mars 2014 – 8ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°16/2014

HUMEURS

La vocation et la mission de la femme aujourd’hui

À l’occasion de la Journée mondiale de la Femme, relisons ces quelques lignes du Pape François aux membres du Conseil pontifical pour les Laïcs à l’occasion du 25ème anniversaire de la Lettre « Mulieris dignitatem » : « En appelant la femme à la maternité, Dieu lui a confié d’une manière tout à fait spéciale l’être humain.

Mais ici on trouve deux dangers toujours existants, deux opposés extrêmes qui blessent la femme et sa vocation. Le premier est de réduire la maternité à un rôle social, à un devoir, même s’il est noble, mais qui de fait met de côté la femme avec ses potentialités, ne la valorise pas pleinement dans la construction de la communauté. Que cela se produise dans le domaine civil, ou bien dans le domaine ecclésial. Et en réaction à cela, on trouve l’autre danger, en sens opposé, celui de promouvoir une sorte d’émancipation qui, pour occuper les espaces soustraits au domaine masculin, abandonne ce qui est féminin avec les traits précieux qui le caractérisent. Et je voudrais souligner ici que la femme possède une sensibilité particulière pour les “choses de Dieu”, en particulier en nous aidant à comprendre la miséricorde, la tendresse et l’amour que Dieu a pour nous. J’ai plaisir également à penser que l’Église n’est pas “le” Église, mais est “la” Église. L’Église est femme, elle est mère, et cela est beau. Vous devez penser à approfondir cela. […]

Dans l’Église aussi, il est important de se demander : quelle présence a la femme ? Je souffre — je dis la vérité — quand je vois dans l’Église ou dans certaines organisations ecclésiales que le rôle de service — que nous avons tous et que nous devons tous avoir — que le rôle de service de la femme glisse vers un rôle de servitude. […] Quand je vois des femmes qui font des choses de servitude, c’est que ce que doit faire une femme n’est pas bien compris. Quelle présence a la femme dans l’Église ? Peut-elle être davantage valorisée ? C’est une réalité qui me tient beaucoup à cœur… » (12 octobre 2013)

EN MARGE DE L’ACTUALITÉ

Appel du Pape François aux Familles chrétiennes

Samedi 15 mars aura lieu le rassemblement des familles, à la paroisse Saint Michel à Papara, sur le thème :« Famille, unie et solidaire ». Ce sera l’occasion de répondre à l’appel du Saint Père lancé aux familles.

Dans une lettre adressée aux familles chrétiennes par le pape François, celui-ci rappelle qu’en octobre prochain, face aux « nouvelles urgences pastorales qui concernent la famille », l’Assemblée générale extraordinaire du Synode des Évêques est convoquée pour discuter sur le thème « Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation ». « Ce rendez-vous important implique le Peuple de Dieu tout entier », aussi ajoute-t-il : « Le soutien de la prière est plus que jamais nécessaire et significatif spécialement de votre part, chères familles. (…)

Je vous écris cette lettre le jour où se célèbre la fête de la Présentation de Jésus au temple. L’évangéliste Luc raconte que la Vierge Marie et saint Joseph, selon la Loi de Moïse, portèrent l’Enfant au Temple pour l’offrir au Seigneur, et que deux personnes âgées, Siméon et Anne, mues par l’Esprit Saint, allèrent à leur rencontre et reconnurent en Jésus le Messie (cf. Lc 2, 22-38). Siméon le prit dans ses bras et rendit grâce à Dieu parce que finalement il avait « vu » le salut ; Anne, malgré son âge avancé, trouva une vigueur nouvelle et se mit à parler de l’Enfant à tous. C’est une belle image : deux jeunes parents et deux personnes âgées, rassemblées par Jésus. Vraiment, Jésus fait se rencontrer et unit les générations ! Il est la source inépuisable de cet amour qui vainc toute fermeture, toute solitude, toute tristesse.

Dans votre cheminement familial, vous partagez beaucoup de beaux moments : les repas, le repos, le travail à la maison, les loisirs, la prière, les voyages et les pèlerinages, les actions de solidarité… Toutefois, s’il manque l’amour, il manque la joie, et l’amour authentique c’est Jésus qui nous le donne : il nous offre sa Parole, qui éclaire notre route ; il nous donne le Pain de vie, qui soutient la fatigue quotidienne de notre chemin.

Chères familles, votre prière pour le Synode des Évêques sera un précieux trésor qui enrichira l’Église. Je vous remercie, et je vous demande de prier aussi pour moi, pour que je puisse servir le Peuple de Dieu dans la vérité et dans la charité. Que la protection de la Bienheureuse Vierge Marie et de saint Joseph vous accompagne tous toujours et vous aide à marcher, unis dans l’amour et dans le service réciproque. De grand cœur j’invoque sur chaque famille la bénédiction du Seigneur. Pape François.»

Dominique Soupé

Chancelier

Vos enfants savent-ils faire le signe de la croix

Audience générale du mercredi 5 mars 2014

Le carême est un temps pour « sortir de l’accoutumance paresseuse au mal » car « l’accoutumance à des comportements non chrétiens par facilité anesthésie le cœur », met en garde le pape François, qui invite à « ne pas s’habituer aux situations de dégradation et de misère » que l’on croise au quotidien.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, mercredi des Cendres, commence l’itinéraire du Carême de quarante jours qui nous conduira au Triduum pascal, mémoire de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur, cœur du mystère de notre salut. Le Carême nous prépare à ce moment si important, c’est pourquoi c’est un temps « fort », un tournant qui peut favoriser en chacun de nous le changement, la conversion. Nous avons tous besoin de nous améliorer, de changer en mieux. Le carême nous y aide et ainsi, nous sortons de nos habitudes lasses et de cette accoutumance paresseuse au mal qui est un piège. Pendant le temps du Carême, l’Église nous adresse deux invitations importantes : acquérir une conscience plus vive de l’œuvre rédemptrice du Christ ; vivre notre baptême de manière plus engagée.

La conscience des merveilles que le Seigneur a faites pour notre salut dispose notre esprit et notre cœur à une attitude de gratitude envers Dieu, pour ce qu’il nous a donné, pour tout ce qu’il accomplit en faveur de son peuple et de toute l’humanité. C’est le point de départ de notre conversion qui est la réponse reconnaissante au mystère extraordinaire de l’amour de Dieu. Quand nous voyons cet amour que Dieu a pour nous, nous éprouvons le désir de nous approcher de lui : c’est cela la conversion.

Vivre pleinement notre baptême – c’est la seconde invitation – signifie ne pas nous habituer aux situations de dégradation et de misère que nous rencontrons lorsque nous marchons dans les rues de nos villes et de nos pays. Il y a un risque d’accepter passivement certains comportements et de ne pas nous étonner face aux tristes réalités qui nous entourent. Nous nous habituons à la violence, comme si c’était une nouvelle quotidienne normale ; nous nous habituons à voir des frères et sœurs dormir dans la rue, qui n’ont pas de toit pour se mettre à l’abri. Nous nous habituons aux réfugiés en quête de liberté et de dignité, qui ne sont pas accueillis comme ils le devraient. Nous nous habituons à vivre dans une société qui prétend se passer de Dieu, dans laquelle les parents n’enseignent plus à leurs enfants à prier ni à faire le signe de croix. Je vous pose la question : vos enfants, vos jeunes enfants savent-ils faire le signe de croix ? Réfléchissez. Vos petits-enfants savent-ils faire le signe de croix ? Vous le leur avez enseigné ? Réfléchissez et répondez dans votre cœur. Ils savent prier le Notre Père ? Ils savent prier la Vierge Marie avec le Je vous salue Marie ? Réfléchissez-y et répondez. Cette accoutumance à des comportements non chrétiens par facilité nous anesthésie le cœur !

Le carême nous rejoint comme un temps providentiel pour changer de route, pour récupérer notre capacité à réagir face à la réalité du mal qui nous lance toujours un défi. Le carême doit se vivre comme un temps de conversion, de renouvellement personnel et communautaire en nous approchant de Dieu et avec une adhésion confiante à l’Évangile. De cette façon, il nous permet aussi de regarder nos frères et leurs besoins avec un regard neuf. C’est pour cela que le carême est un moment favorable pour nous convertir à l’amour de Dieu et de notre prochain ; un amour qui sache faire sienne l’attitude de gratuité et de miséricorde du Seigneur, qui « s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté » (cf. 2 Co 8,9). En méditant les mystères centraux de la foi, la passion, la croix et la résurrection du Christ, nous nous rendrons compte que le don sans mesure de la Rédemption nous a été donné par une initiative gratuite de Dieu.

Action de grâce envers Dieu pour le mystère de son amour crucifié ; foi authentique, conversion et ouverture du cœur à nos frères : voilà les éléments essentiels pour vivre le temps du carême. Sur ce chemin, nous voulons invoquer avec une confiance particulière la protection et l’aide de la Vierge Marie : que ce soit elle, la première croyante dans le Christ, qui nous accompagne dans ces jours de prière intense et de pénitence, pour parvenir à célébrer, purifiés et renouvelés dans l’esprit, le grand mystère de la Pâque de son fils. Merci !

© Copyright 2014 – Libreria Editrice Vaticana

 

L’U.F.C. Cathédrale au rassemblement annuel

Compte-rendu de la journée du 22 février 2014

La journée de l’Union des Femmes Catholiques a été fêté comme il se doit à la paroisse de la Ste Trinité de Pirae, le 22 février dernier, où 13 paroisses de Tahiti et Moorea s’y sont retrouvées.

Bravo à l’U.F.C. de la paroisse de la Ste Trinité qui, en acceptant de nous recevoir, a relevé un sacré challenge et merci à toutes les personnes qui se sont mobilisées pour le permettre…

Nous tenons à remercier Mme le Maire, Béatrice Vernaudon et membre fondatrice de l’U.F.C., d’avoir mis gracieusement tous les moyens de la commune à la disposition des mama, et nous avons apprécié sa présence jusqu‘au terme des prestations.

Tôt le matin, c’est par un petit déjeuner copieux  à la  tahitienne, poisson cru, café et pain beurre, que la journée a commencé.

La tradition a été respectée lors de l’accueil des personnalités, où les colliers de fleurs de tiare rivalisaient avec les sourires heureux des mama.

Vinrent ensuite les discours des personnalités du territoire dont notre Président-Sénateur, Gaston Flosse, et ceux des personnalités des différentes confessions religieuses.

Puis Père Léon, vers 10h30, a célébré la messe magnifiquement animée par la chorale de la paroisse de Ste Trinité qui a clôturé la matinée.

Les prestations se sont ensuite succédées sans discontinuer jusqu'à 17 heures.

Il est apparu que chaque paroisse a pris soin de son habillement robes pareos et couronnes de fleurs, de même qu’à la préparation de leur saynète ; il a été difficile à l’animatrice de faire respecter à chaque groupe les 15 minutes qui leur été imparties.

Le groupe de l'U.F.C. de la Cathédrale a pris pour thème les services en paroisses ; Marguerite, Cécile, Emma et Marianne se sont succédées au micro pour témoigner de leur foi à travers leurs actions ainsi que Mihiana, Hereiti et Bertie.

Un chant composé spécialement pour l'occasion par Ariane et interprété par la chorale Kikiria Peata a terminé notre prestation.

L’année prochaine, rendez-vous est pris en la paroisse de Christ-Roi de Pamatai sous le thème de « La famille » !

GRAND MERCI à Père Christophe pour ses encouragements, à Tiatono Carlos et son épouse Marie pour leur présence, à Ludo pour son soutien, à la chorale Kikiria pour sa participation active et merci aussi à Hina T pour le coup de main spécial.

Sylviane, coordinatrice de l'U.F.C. - Cathédrale

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Je suis une personne normale et j’aime être prêtre

Entretien du pape François au directeur du « Corriere della Serra »

Le Pape François a accordé une longue interviewe à Il Corriere della Sera. Un an s'est écoulé depuis ce simple « buonasera » qui a ému le monde entier. Une période de douze mois si intense - non seulement pour la vie de l'Eglise - a du mal à contenir le grand nombre de nouveautés et les signes profonds d'innovation pastorale de François. Nous sommes dans une petite pièce de Santa Marta. Une fenêtre donne sur une petite cour intérieure qui découvre un minuscule coin de ciel bleu. C'est une très belle journée, printanière, tiède. Le Pape débarque à l'improviste, d'une porte avec un visage détendu, souriant. Il regarde, amusé, les trop nombreux enregistreurs que l'anxiété sénile d'un journaliste (l'auteur de l'article fait sans doute de l'auto-dérision) a placés sur une table. «Ils marchent tous? Oui? C'est bien». Le bilan d'une année? Non, il n'aime pas les bilans. «J'en fais seulement une fois tous tous les quinze jours, avec mon confesseur.

Corriere della Sera : Vous, Saint-Père, de temps en temps, vous téléphonez à des gens qui vous demandent de l'aide. Et parfois, qui n'y croient pas.

Pape François : Oui, c'est arrivé. Quand quelqu'un appelle, c'est parce qu'il veut parler, une question à poser, un conseil à demander. Comme prêtre à Buenos Aires, c'était plus facile. Et pour moi, ça reste une habitude. Un service. Je le sens à l'intérieur. Bien sûr, maintenant ce n'est pas aussi facile à faire étant donné le nombre de personnes qui m'écrivent.

Corriere della Sera : Et il y a un contact, une rencontre dont vous vous rappelez avec une affection particulière ?

Pape François : Une dame veuve de quatre-vingts ans, qui avait perdu son fils. Elle m'a écrit. Et maintenant, je l'appelle tous les mois. Elle est heureuse. Je fais le prêtre. Ça me plaît.

Corriere della Sera : La relation avec votre prédécesseur. Vous arrive-t-il de demander un conseil à Benoît XVI ?

Pape François : Oui. Le pape émérite n'est pas une statue dans un musée. C'est une institution. Nous n'étions pas habitués. Il y a soixante ou soixante-dix ans, il n'existait pas d'évêque émérite. C'est venu après le Concile. Aujourd'hui, c'est une institution. La même chose doit se produire pour le pape émérite. Benoît XVI est le premier et peut-être qu'il y en aura d'autres. Nous ne savons pas. Il est discret, humble, il ne veut pas déranger.

Corriere della Sera : Nous en avons parlé et nous avons décidé ensemble qu'il serait mieux qu’il voie des gens, qu'il sorte et participe à la vie de l'Église.

Pape François : Une fois, il est venu ici pour la bénédiction de la statue de l'archange saint Michel, puis à déjeuner à Sainte Marthe, et après Noël, je lui ai adressé l'invitation à participer au Consistoire et il a accepté. Sa sagesse est un don de Dieu. Certains auraient voulu qu'il se retire dans une abbaye bénédictine loin du Vatican. J'ai pensé aux grands-parents qui avec leur sagesse, leurs conseils donnent de la force à la famille et ne méritent pas de finir dans une maison de retraite !

Corriere della Sera : Votre manière de gouverner l'Église nous a semblé celle-ci : vous écoutez tout le monde et décidez seul. Un peu comme le général des jésuites. Le pape est un homme seul ?

Pape François : Oui et non. Je comprends ce que vous voulez dire. Le pape n’est pas seul dans son travail parce qu’il est accompagné et conseillé par beaucoup de monde. Et il serait un homme seul s’il décidait sans écouter ou faisait semblant d’écouter. Mais il y a un moment, quand il s’agit de décider, de mettre une signature, où il est seul avec son sens des responsabilités.

Corriere della Sera : Vous avez innové, critiqué certaines des attitudes du clergé, secoué la Curie. Avec une certaine résistance, une certaine opposition. L'Église a déjà changé comme vous l'auriez voulu il y a un an ?

Pape François : En mars de l’année dernière je n’avais aucun projet de changement pour l’Eglise, je ne m’attendais pas à ce « transfert » de diocèse, disons cela comme ça. J’ai commencé à gouverner en essayant d’appliquer tout ce qui émergeait des discussions entre les cardinaux dans les différentes congrégations. Dans ma façon d’agir j’attends que le Seigneur me donne l’inspiration. Par exemple : on avait parlé de la santé spirituelles des personnes qui travaillent à la Curie, alors on a commencé à faire des retraites spirituelles. On devait donner plus d’importance aux Exercices spirituels annuels: tout le monde a le droit de passer cinq jours en silence et méditation, alors qu’avant, à la Curie, on écoutait trois prédications par jour et d’autres continuaient à travailler.

Corriere della Sera : La tendresse et la miséricorde sont l'essence de votre message pastoral...

Pape François : Et de l'Évangile. C'est le centre de l'Evangile. Sinon, on ne comprend pas Jésus-Christ, la tendresse du Père qui l'envoie pour nous écouter, nous guérir, nous sauver».

Corriere della Sera : Mais ce message a-t-il été compris ? Vous avez dit que la françoismania ne durera pas longtemps. Il y a quelque chose, dans votre image publique, que vous n'aimez pas ?

Pape François : J'aime être avec les gens, avec ceux qui souffrent, aller dans les paroisses. Les interprétations idéologiques, une certaine mythologie du pape François ne me plaisent pas. Quand on dit par exemple qu'il sort de nuit du Vatican, via Ottaviano, pour aller donner à manger aux clochards. Cela ne m'est jamais venu à l'esprit ! Sigmund Freud disait, si je ne me trompe, que toute idéalisation est une agression. Dépeindre le pape comme une sorte de superman, une espèce de star, m'offense. Le pape est un homme qui rit, qui pleure, qui dort tranquillement et qui a des amis. Une personne normale.

Corriere della Sera : De la nostalgie de votre Argentine ?

Pape François : La vérité c’est que je n’en ai pas. Je voudrais aller trouver ma sœur, qui est malade, la dernière de nous cinq. Je ne pense pas y aller avant 2016, car en Amérique Latine, je suis déjà allé à Rio. Maintenant je dois aller en Terre Sainte, en Asie, puis en Afrique.

Corriere della Sera : Vous venez de renouveler votre passeport argentin. Vous êtes pourtant toujours un chef d'État.

Pape François : Je l'ai renouvelé car il arrivait à expiration.

Corriere della Sera : Les accusations de marxisme, en particulier aux États-Unis, après la publication de Evangelii Gaudium, vous ont-elles déplu ?

Pape François : Pas du tout. Je n'ai jamais partagé l'idéologie marxiste, parce qu'elle n'est pas vraie, mais j'ai connu beaucoup de bonnes personnes qui professaient le marxisme.

Corriere della Sera : Les scandales qui ont troublé la vie de l'Église sont heureusement derrière. Il vous a été adressé, sur la délicate question des abus sur mineurs, un appel publié par Il Foglio, signé entre autres par les philosophes Besançon et Scruton, pour que vous fassiez entendre votre voix contre les fanatismes et la mauvaise conscience du monde sécularisé qui respecte peu l'enfance.

Pape François : Je veux dire deux choses. Les cas d'abus sont terribles parce qu'ils laissent des blessures très profondes. Benoît XVI a été très courageux et a ouvert une route. L'Eglise a tant fait sur cette route. Peut-être plus que toute autre institution. Les statistiques sur le phénomène de la violence contre les enfants sont impressionnants, mais ils montrent aussi clairement que la grande majorité des abus se produit dans l'environnement familial et le voisinage. L'Eglise catholique est peut-être la seule institution publique à avoir agi avec transparence et responsabilité. Personne d'autre ne l'a fait plus qu'elle. Pourtant, l'Église est la seule à être attaquée.

Corriere della Sera : Saint-Père, vous dites « les pauvres nous évangélisent ». L'accent mis sur la pauvreté, l'impression la plus forte de votre message pastoral, a été prise par certains observateurs comme une profession de paupérisme. L'Évangile ne condamne pas le bien-être. Et Zachée était riche et charitable.

Pape François : L'Évangile condamne le culte de la richesse. Le paupérisme est l'une des interprétations critiques. Au Moyen Âge, il y avait beaucoup de courants paupéristes. Saint-François a eu le génie de mettre le thème de la pauvreté dans le chemin évangélique. Jésus dit que l'on ne peut servir deux maîtres, Dieu et la richesse. Et quand nous serons jugés au jugement dernier (Mt 25), la proximité avec la pauvreté sera prise en compte. La pauvreté éloigne de l'idolâtrie, elle ouvre la porte à la Providence. Zachée fait don de la moitié de sa fortune aux pauvres. Et à ceux qui tiennent les greniers remplis de propre égoïsme, le Seigneur, à la fin, présentera les comptes. Ce que je pense de la pauvreté je l'ai bien exprimée dansEvangelii Gaudium.

Corriere della Sera : Vous avez indiqué dans la mondialisation, en particulier financière, certains des maux qui agressent l'humanité. Mais la mondialisation a arraché des millions de personnes à la pauvreté. Elle a donné l'espoir, un sentiment rare à ne pas confondre avec l'optimisme.

Pape François : C'est vrai, la mondialisation a sauvé beaucoup de gens de la pauvreté, mais elle en a condamnés beaucoup d'autres à mourir de faim, car avec ce système économique, elle devient sélective. La mondialisation à laquelle pense l'Église ne ressemble pas à une sphère, dans laquelle chaque point est équidistant du centre et donc où l'on perd la particularité de chaque peuple, mais à un polyèdre, avec ses différentes faces, où chaque peuple conserve sa propre culture, sa langue, sa religion et son identité. La mondialisation actuelle « sphérique » économique, et surtout financière, produit une pensée unique, une pensée faible. Au centre, il n'y a plus la personne humaine, juste l'argent.

Corriere della Sera : Le thème de la famille est au cœur des travaux du Conseil des huit Cardinaux. Depuis l'exhortation Familiaris consortio de Jean-Paul II, beaucoup de choses ont changé. Deux synodes sont prévus. On s'attend à de grandes nouveautés. Vous avez dit des divorcés : ils ne doivent pas être condamnés, ils doivent être aidés.

Pape François : L’Église a un long chemin à parcourir. Un processus voulu par le Seigneur. Trois mois après mon élection, on m'a soumis les thèmes du Synode, on a proposé de débattre sur ce qu'était l'apport de Jésus à l'homme contemporain. Mais à la fin, avec des passages graduels - qui pour moi étaient des signes de la volonté de Dieu - on a choisi de discuter de la famille qui traverse une crise très grave. Il est difficile de la former. Les jeunes gens se marient peu. Il y a beaucoup de familles séparées où le projet de vie commune a échoué. Les enfants souffrent énormément. Nous devons donner une réponse. Mais pour cela, il faut beaucoup réfléchir, en profondeur. C'est ce que le Consistoire et le Synode font. Il faut éviter de rester à la surface. La tentation de résoudre tous les problèmes avec la casuistique est une erreur, une simplification des choses profondes, comme le faisaient les pharisiens, une théologie très superficielle. C'est à la lumière de la réflexion profonde qu'on pourra affronter sérieusement les situations particulières, voire même celle des divorcés.

Corriere della Sera : Pourquoi l'exposé du cardinal Walter Kasper lors du dernière consistoire (un abîme entre la doctrine sur le mariage et la famille, et la vie réelle de beaucoup de chrétiens) a-t-il autant divisé les cardinaux ? Comment pensez-vous que l'Église pourra parcourir ces deux années de chemin ardu pour atteindre un large et serein consensus ? Si la doctrine est ferme, pourquoi faut-il un débat ?

Pape François : Le cardinal Kasper a fait une présentation très profonde et belle, qui sera bientôt publiée en allemand, et a affronté cinq points, le cinquième était celui des seconds mariages. J'aurais été inquiet si lors du Consistoire il n' y avait eu aucun débat intense, cela n'aurait servi à rien. Les cardinaux savaient qu'ils pouvaient dire ce qu'ils voulaient, et ils ont présenté de nombreux points de vue différents, qui enrichissent. Les confrontations fraternelles et ouvertes font croître la réflexion théologique et pastorale. De cela, je n'ai pas peur, et même je le recherche.

Corriere della Sera : Dans un passé récent, il était habituel de faire appel à ce qu'on appelle les « valeurs non négociables », surtout en matière de bioéthique et de morale sexuelle. Vous n'avez pas repris cette formule. Les principes doctrinaux et moraux n'ont pas changé. Ce choix n'indique-t-il pas un style moins préceptif et plus respectueux de la conscience personnelle ?

Pape François : Je n'ai jamais compris l'expression « valeurs non négociables ». Les valeurs sont des valeurs, c'est tout, je ne peux pas dire que parmi les doigts d'une main il y en a un de moins utile que l'autre. Donc, je ne comprends pas en quel sens, il peut y avoir des valeurs non négociables. Ce que j'avais à dire sur le thème de la vie, je l'ai écrit dans Evangelii Gaudium.

Corriere della Sera : De nombreux pays légifèrent sur les unions civiles. C'est un chemin que l'Eglise peut comprendre? Mais jusqu'à quel point?

Pape François : Le mariage est entre un homme et une femme. Les États laïcs veulent justifier les unions civiles pour s'adapter aux différentes situations de cohabitation, poussés par la nécessité de réglementer les aspects économiques entre les personnes, comme par exemple assurer l'assistance maladie. Ce sont des pactes de coexistence de différents types, dont je ne saurais pas énumérer les différentes formes. Il faut voir les différents cas et les évaluer dans leur variété.

Corriere della Sera : Comme sera promu le rôle de la femme dans l'Église?

Pape François : Encore une fois, la casuistique n'aide pas. Il est vrai que la femme peut et doit être plus présente dans les lieux de décision de l'Église. Mais j'appellerais cela une promotion de type fonctionnel. Seulement de cette manière, on ne va pas bien loin. Nous devons plutôt penser que l'Église a l'article féminin « la » : elle est féminine depuis ses origines. Le grand théologien Urs von Balthasar a beaucoup travaillé sur cette question : le principe marial guide l'Église à côté de celui pétrinien. La Vierge Marie est plus importante que tout évêque ou tout apôtre. L'approfondissement théologal est en cours. Le Cardinal Rylko, avec le Conseil des Laïcs, travaille dans ce sens avec beaucoup de femmes expertes dans diverses disciplines.

Corriere della Sera : À un demi-siècle d'Humanae Vitae de Paul VI, l'Église peut-elle reprendre le thème du contrôle des naissances ? Le cardinal Martini, votre confrère, a estimé que le moment était maintenant venu.

Pape François : Tout dépend de la façon dont est interprété Humanae Vitae. Paul VI lui-même, à la fin, recommandait aux confesseurs beaucoup de miséricorde, d'attention à des situations concrètes. Mais son caractère génial a été prophétique, il a eu le courage de s'opposer à la majorité, de défendre la discipline morale, d'exercer un frein culturel, de s'opposer au néo-malthusianisme présent et futur. La question n'est pas de changer la doctrine, mais d'aller en profondeur et de veiller à ce que la pastorale prenne en compte les situations et ce qu'il est possible de faire pour les personnes. Cela aussi sera discuté dans le chemin du Synode.

Corriere della Sera : La science évolue et redessine les frontières de la vie. Cela a-t-il un sens de prolonger artificiellement la vie dans un état végétatif ? Le testament biologique peut-il être une solution ?

Pape François : Je ne suis pas un spécialiste en questions bioéthiques. Et je crains que chaque phrase que je prononce puisse donner lieu à équivoque. La doctrine traditionnelle de l'Église dit que nul n'est obligé d'utiliser des moyens extraordinaires quand on sait qu'on est en phase terminale. Dans mon travail pastoral, dans ces cas, j'ai toujours recommandé des soins palliatifs. Dans les cas plus spécifiques, il est bon d'avoir recours, si nécessaire, aux conseils de spécialistes.

Corriere della Sera : Le prochain voyage en Terre Sainte portera-t-il à un accord d'intercommunion avec les orthodoxes que Paul VI, il y a cinquante ans, était presque arrivé à signer avec Athénagoras ?

Pape François : Nous sommes tous impatients d’obtenir des résultats « définitifs ». Mais le chemin de l’unité avec les orthodoxes veut surtout dire marcher et travailler ensemble. À Buenos Aires, dans les cours de catéchèse, venaient des orthodoxes. Je passais les fêtes de Noël et le 6 Janvier avec leurs évêques, qui parfois même demandaient conseil à nos bureaux diocésains. Je ne sais pas si l’épisode que l’on raconte sur Athënagoras est vrai, qu’il aurait proposé à Paul VI de marcher ensemble et d’envoyer tous les théologiens discuter entre eux sur une ile. C’est une boutade, mais il est important que nous marchions ensemble. La théologie orthodoxe est très riche. Et je croix qu’ils ont actuellement de grands théologiens. Leur vision de l’Église et de la synodalité est merveilleuse.

Corriere della Sera : Dans quelques années, la plus grande puissance mondiale sera la Chine avec laquelle le Vatican n'entretient pas de relations. Matteo Ricci était jésuite, comme vous.

Pape François : Nous sommes proches de la Chine. J'ai envoyé une lettre au président Xi Jinping, quand il a été élu, trois jours après moi. Et il m'a répondu. Les relations sont là. C'est un grand peuple que j'aime.

Corriere della Sera : Pourquoi, Saint-Père, ne parlez-vous jamais de l'Europe ? Qu'est-ce qui ne vous convainc pas dans le projet européen ?

Pape François : Vous vous souvenez du jour où j'ai parlé de l'Asie ? Qu'est-ce que j'ai dit ? Je n'ai parlé ni de l'Asie, ni de l'Afrique, ni de l'Europe. Seulement de l'Amérique latine quand j'étais au Brésil, et quand j'ai dû recevoir la Commission pour l'Amérique latine. Il n'y a pas encore eu l'opportunité de parler de l'Europe. Cela viendra.

Corriere della Sera : Quel livre lisez-vous ces jours-ci ?

Pape François : « Pietro e Maddalena », de Damiano Marzotto sur la dimension féminine de l'Église. Un très beau livre.

Corriere della Sera : Avez-vous réussi à voir quelque bon film, une autre de vos passions ? La grande beauté» a remporté l'Oscar. Vous le verrez ?

Pape François : Je ne sais pas. Le dernier film que j'ai vu, c'était « La vie est belle » de Benigni. Et avant, j'avais revu « La Strada » de Fellini. Un chef-d'œuvre. J'ai aussi aimé « Wajda »...

Corriere della Sera : Saint-François avait eu une jeunesse insouciante. Je vous le demande : avez-vous été amoureux ?

Pape François : Dans le livre « Le jésuite », je raconte que j'ai eu une petite amie à 17 ans. Et j'en parle aussi dans « Sur la Terre comme au Ciel », le livre que j'ai écrit avec Abraham Skorka. Au séminaire, une fille m'a fait tourner la tête pendant une semaine.

Corriere della Sera : Et comment cela a-t-il fini, si je ne suis pas indiscret ?

Pape François : C'étaient des choses de jeunes. J'en ai parlé avec mon confesseur (Grand sourire).

di Ferruccio de Bortoli

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Écoute la Parole de Dieu

Commentaire de l’Évangile du 1er Dimanche du Temps de Carême

La liturgie du carême de cette année A, a été imaginée à Rome au début du 5e siècle pour deux groupes de chrétiens qui pendant six semaines se préparaient à la fête de Pâques. Il y avait les candidats au baptême (ou catéchumènes) qui recevaient le baptême à la Vigile pascale. Et puis, il y avait aussi les coupables de fautes graves, exclus de la communion, qui étaient réconciliés le jeudi saint et communiaient à Pâques. Les évangiles que nous lisons aux dimanches de carême de cette année constituent donc un itinéraire parcouru aussi bien par les nouveaux convertis se préparant au baptême que par les pécheurs repentis en quête de pardon.

L'évangile de la Tentation (premier dimanche) est une vigoureuse invitation à rejeter Satan et à proclamer la foi au seul Dieu. Le récit lumineux de la Transfiguration (deuxième dimanche) est un encouragement et une promesse pour tous. Du troisième au cinquième dimanche, nous retrouvons les trois grands évangiles baptismaux : le dialogue de Jésus avec la Samaritaine qui vient puiser l'eau, la guérison de l'aveugle-né qui recouvre la vue, résurrection de Lazare qui revient à la vie.

En ce premier dimanche, l'Église nous fait entendre le récit mystérieux de la tentation de Jésus au désert. En cette année A, la première lecture est aussi celle de la tentation et de la chute d'Adam et Ève dans le jardin du paradis (Gn 2-3). Là où l’humanité a et continue de céder à la tentation, le Christ résiste et donne la force de tenir à ceux qui le lui demandent. L'enseignement vaut autant pour les catéchumènes que pour tous les baptisés qui se reconnaissent pécheurs et vivent le carême comme un temps de conversion et de pénitence.

La tentation est la même au jardin d’Eden et au désert. Il s'agit d'un dialogue entre deux voix, la celle de Satan le Tentateur et celle de Dieu le Créateur. « Écoute ma voix », dit Satan. « Écoute la parole de Dieu », répond Jésus. La femme réplique trop timidement au serpent : « Dieu nous a dit de ne pas manger des fruits de cet arbre. »

Derrière ces deux voix, deux Esprits. L'Esprit de Dieu qui est descendu sur Jésus lors de son baptême sous l'aspect d'une colombe et qui maintenant le conduit au désert pour être tenté (Mt 4,1) et l'Esprit du mensonge qui cherche à tromper par ses mirages et ses illusions.

Nous sommes donc invités à vivre ces quarante jours comme un temps de combat lucide entre deux Esprits qui nous habitent, entre deux inspirations qui nous poussent dans nos choix quotidiens. Allons-nous être séduits par une publicité mensongère, qui nous promet la satisfaction de tous nos désirs égoïstes, ou bien nous préparons-nous à la profession de foi que nous ferons dans la nuit pascale : « Je crois en Dieu et je veux vivre dans la liberté des enfants de Dieu, je crois en Jésus-Christ et je veux le suivre, je crois en l'Esprit Saint et je veux me laisser guider par lui. » ?

La tentation est peut-être moins une épreuve qu’une occasion de vérifier notre capacité de résister, de lutter et donc de grandir. Mais dans ce combat, Dieu ne nous laisse pas seuls. Jésus y est passé en vainqueur par sa Pâque. Elle est aussi la nôtre puisque le Christ nous donne la force de traverser avec lui toutes les difficultés de la route.

Bon carême !

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