PKO 08.06.2014

eglise-cath-papeete-1.jpgDimanche 8 juin 2014 –Solennité de la Pentecôte – Année A
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°33/2014

HUMEURS

Le délit de solidarité

Dans un tweet, le Pape François nous disait : « Chaque chrétien, à son poste de travail, peut porter témoignage, par ses paroles et encore avant par une vie honnête. » L’Église se doit d’être cet exemple en osant s’opposer aux lois qui nient la dignité de l’homme… Le communiqué publié cette semaine par l’évêque de Saint Étienne en soutient à l’engagement de l’un de ses prêtres qui comparaîtra, dans quelques jours devant le tribunal, pour avoir enfreint un arrêté municipal interdisant l’hébergement de migrants dans une église…en est l’illustration.

« L’évêque de Saint-Etienne soutient le Père Gérard RIFFARD.

Gérard RIFFARD, prêtre catholique, comparaît le 11 juin 2014 au tribunal de police de Saint-Étienne. Il est accusé d’avoir enfreint un arrêté pris par la municipalité de Saint-Étienne. Celui-ci interdit l’hébergement dans les locaux de l’église Sainte-Claire pour des raisons de sécurité.

Que se passe-t-il ? Des migrants, pour la plupart demandeurs d’asile, frappent à la porte, parfois tard le soir. Ce sont des hommes, des femmes et des enfants. Des assistantes sociales aussi donnent l’adresse ou appellent la paroisse. Les conditions d’accueil sont modestes et la manière de faire peut être améliorée. Mais que doit faire un prêtre, un chrétien : laisser des personnes à l’insécurité de la rue ou bien leur ouvrir sa modeste porte ?

L’engagement du Père Gérard RIFFARD et celle de l’association Anticyclone ont leur source dans l’Évangile et l’attitude de JÉSUS. Je soutiens le Père Gérard RIFFARD dans son action d’accueil et d’accompagnement. Notre société dit qu’elle ne peut pas prendre en charge toute la misère du monde. Doit-elle, pour autant, interdire de faire du bien ? « Tu aimeras ton prochain comme toi-même… et moi, je vous le dis, aimez vos ennemis » : ce sont deux paroles de JÉSUS qui constituent la loi suprême que nous proposons à la société, et que nous voulons essayer de vivre.

Le 28 mai 2014,

X Dominique Lebrun »

Même si Tahiti n’est pas confronté à la désespérance de ces migrants… il n’en demeure pas moins que nous avons de plus en plus de pauvres qui errent dans nos rues… dorment dans nos rues…

Nos autorités civiles seraient-elles, elles aussi,  tentées par des arrêtés qui stigmatisent les pauvres (ex. : arrêté municipal du 31 octobre 2013)…

Si beaucoup de chrétiens sont sensibles à cette paupérisation, l’Église qui est à Tahiti, probablement trop occupée par ses problèmes internes et son repliement sur soi, semble se taire !

Il y a 25 ans, le Synode de 1989 osait des paroles fortes… : « E-2 : Il faut promouvoir avec rigueur le bien commun de la Polynésie avant les intérêts privés des personnes et des groupes, avec un souci particulier pour les plus démunis ».

Un anniversaire qui nous redonnera

peut-être le courage de la foi !

EN MARGE DE L’ACTUALITÉ

« Effusion de l’Esprit Saint » ou « Baptême dans l’Esprit » ?

En cette semaine qui prépare la fête de Pentecôte, une campagne d’évangélisation est proposée par le Renouveau charismatique dans chacun des quatre secteurs principaux de l’île de Tahiti, ainsi qu’à Moorea.

Bon nombre de groupes de prière ont proposé, dans les semaines qui précèdent, un séminaire de préparation à l’effusion de l’Esprit.  Et c’est au cours de cette semaine d’évangélisation qu’est organisée cette prière spéciale afin que le don de l’Esprit-Saint soit réveillé chez les fidèles qui ont suivi le séminaire.

On appelle également « l’effusion de l’Esprit » : « le baptême dans l’Esprit » à cause de la parole de Jésus à ses disciples : « vous serez baptisés dans l’Esprit-Saint » (Ac 1, 5). Jésus annonçait ce qui allait se passer à la Pentecôte.

Cette seconde appellation peut prêter à confusion et laisser penser qu’il y a deux baptêmes : le baptême d’eau et le baptême d’Esprit. Or il n’y a qu’un seul baptême (Ep 4, 5) : le baptême d’eau qui donne l’Esprit-Saint. L’effusion de l’Esprit est une prière, ce n’est pas un sacrement.

L’expression « effusion de l’Esprit » doit aussi être bien expliquée car le terme « effusion » peut faire penser à une entrée de l’extérieur. Or il s’agit d’une prise de conscience, d’un réveil d’un don déjà reçu au baptême et à la confirmation. Il s’agit d’une « libération de l’Esprit » qui fait tomber les obstacles à l’action de l’Esprit et qui permet ainsi à l’Esprit de nous conduire. Elle doit être précédée d’une véritable conversion qui s’exprime dans le désir d’entrer en pleine communion avec Dieu et de lui appartenir totalement.

Une meilleure expression serait : « le réveil du don de l’Esprit » car elle fait comprendre ce que l’on demande à Dieu dans la prière pour l’effusion de l’Esprit. On demande effectivement que le don de l’Esprit reçu au baptême, à la confirmation et dans l’Eucharistie soit ravivé en nous.

Que le feu de l’Esprit-Saint soit ravivé dans celui pour qui on prie.

Bonne fête de Pentecôte à toutes et tous.

(D’après le Directoire du Renouveau charismatique – 1983)

 

Bilan du 3ème Synode diocésain… 25 ans après…

Appel de Mgr Pascal CHANG SOI, Administrateur apostolique

Le don de piété n’est pas « fermer les yeux, faire une tête d’image pieuse, faire semblant d’être un saint » : c'est « la communion avec Dieu » et la capacité « de se réjouir avec celui qui est dans la joie, de pleurer avec celui qui pleure, d’être proche de celui qui est seul ou angoissé, de corriger celui qui est dans l’erreur, de consoler celui qui est affligé, d’accueillir et de secourir celui qui est dans le besoin », déclare le pape François.

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

« La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie », c’est ainsi que Jésus s’adressait à ses disciples. En ce jour de Pentecôte, Jésus nous envoie tous en mission. Comme il y a 25 ans, le 29 novembre 1989, à l’issue du 3è synode diocésain, le Cardinal Margeot nous envoyait aussi en mission ; ce qui faisait écho à l’appel du Cardinal Gantin en 1984, disant : « après Tahiti les fleurs, Tahiti les fruits ! »

Avant de fêter cet anniversaire, il nous a paru important de dresser un bilan de ces 25 années d’évangélisation. Avec le Presbytérium nous avons souhaité vous impliquer dans la relecture des propositions que nos aînés ont faites, afin de mesurer les progrès qui ont été réalisés, de pointer ce qui n’a pas été fait, mais aussi d’examiner les fruits de ce 3è synode voulu par notre regretté Mgr Michel Coppenrath.

Je vous invite donc toutes et tous : prêtres, diacres, ministres investis, responsables de groupes de prière, catéchistes, enseignants, chefs d’établissement et tous les fidèles du diocèse de Papeete à entrer dans cette démarche de relecture, chacune et chacun à votre niveau.

Bien entendu vous ne serez pas seul(e)s ; comme Jésus a répandu son souffle sur ses disciples en disant : « Recevez l’Esprit-Saint ! », nous aussi, en ce temps de Pentecôte, nous avons l’assurance d’être guidés, soutenus, accompagnés par l’Esprit-Saint.

Dans un premier temps je vous invite à relire les Actes de ce 3è synode, ils sont publiés dans leSemeur Tahitien et le Ve’a katorika. Sept commissions synodales se sont mises au travail pour préparer le temps de réflexion ; ces commissions seront présentées le dimanche 6 juillet lors d’un grand rassemblement diocésain.

Ensuite, viendra le temps de la formation. Au cours des écoles du mois de juillet tous les élèves seront initiés aux objectifs et méthodes de travail en vue de réaliser le bilan en paroisse, et déjà les Écoles pourront se pencher sur les questionnaires.

Ainsi d’août à octobre viendra le temps des paroisses, c’est-à-dire où tous les fidèles auront à réfléchir, avec l’appui des sept commissions, sur ce que nous avons récolté en 25 ans, ce qu’il reste à faire en vue d’une meilleure évangélisation et quelles méthodes il faudra mettre en œuvre.

En janvier 1990, Mgr Michel écrivait : «… une prise de conscience doit se faire dans tout le diocèse autour de “Marchons ensemble vers les autres”. (…) Ces actes [du Synode] deviennent un “Guide Pastoral” pour vivre et annoncer “les Merveilles du Christ” ».

Oui, comme les apôtres au jour de Pentecôte, remplis de l’Esprit-Saint nous avons, nous aussi le devoir de proclamer au monde que « Jésus est Seigneur ! ».

Alors Frères et Sœurs, entrez dans cette démarche de bilan du 3è synode qui nous permettra au jour de la célébration solennelle de ce 25è anniversaire, le 29 novembre prochain, de rendre grâce au Seigneur et de Lui présenter le fruit de nos travaux et nos perspectives pour une Nouvelle Évangélisation.

Que le Seigneur vous bénisse et bénisse votre participation à ce bilan synodal. Ensemble, avec

le soutien de la Vierge Marie, invoquons l’Esprit-Saint, qu’Il nous accorde les grâces nécessaires pour mener à bien ce grand projet de tout le Diocèse.

X Mgr Pascal Chang Soi

© Copyright 2014 – Archevêché de Papeete

 « Avoir l’air d’un saint » ne suffit pas !

Audience générale du mercredi 4 juin 2014

Le don de piété n’est pas « fermer les yeux, faire une tête d’image pieuse, faire semblant d’être un saint » : c'est « la communion avec Dieu » et la capacité « de se réjouir avec celui qui est dans la joie, de pleurer avec celui qui pleure, d’être proche de celui qui est seul ou angoissé, de corriger celui qui est dans l’erreur, de consoler celui qui est affligé, d’accueillir et de secourir celui qui est dans le besoin », déclare le pape François.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, nous voulons nous arrêter sur un don de l’Esprit-Saint qui est très souvent mal compris ou considéré de manière superficielle et qui, au contraire, touche le cœur de notre identité et de notre vie chrétienne : il s’agit du don de piété.

Il faut tout de suite préciser que ce don ne s’identifie pas avec le fait d’avoir compassion de quelqu’un, d'avoir pitié de son prochain, mais il indique notre appartenance à Dieu et notre lien profond avec lui, un lien qui donne sens à toute notre vie et qui nous garde fermes, en communion avec lui, même dans les moments plus difficiles et d’épreuve.

1. Ce lien avec le Seigneur ne doit pas être compris comme un devoir ou quelque chose d’imposé. C’est un lien qui vient de dedans. Il s’agit d’une relation vécue avec le cœur : c’est notre amitié avec Dieu, qui nous est donnée par Jésus, une amitié qui change notre vie et nous remplit d’enthousiasme, de joie. C’est pourquoi le don de piété suscite en nous avant tout la gratitude et la louange. C’est cela, en effet, le motif et le sens le plus authentique de notre culte et de notre adoration. Quand l’Esprit-Saint nous fait percevoir la présence du Seigneur et tout son amour pour nous, il nous réchauffe le cœur et nous pousse presque naturellement à la prière et à la célébration. La piété est donc synonyme d’un authentique esprit religieux, d’une confiance filiale en Dieu, de cette capacité à le prier avec amour et simplicité qui est propre aux personnes humbles de cœur.

2. Si le don de piété nous fait grandir dans la relation et la communion avec Dieu et nous pousse à vivre comme ses enfants, en même temps, il nous aide à reverser cet amour aussi sur les autres et à les reconnaître comme nos frères. Et alors, oui, nous sommes mus par des sentiments de pitié - et non de pieuserie ! - à l’égard de celui qui est à côté de nous et de ceux que nous rencontrons tous les jours. Pourquoi est-ce que dis « non de pieuserie » ? Parce que certains pensent qu’avoir de la piété, c’est fermer les yeux, faire une tête d’image pieuse, faire semblant d’être un saint. En piémontais, nous disons « faire l’ingénue ». Ce n’est pas cela le don de piété. Le don de piété signifie être vraiment capable de se réjouir avec celui qui est dans la joie, de pleurer avec celui qui pleure, d’être proche de celui qui est seul ou angoissé, de corriger celui qui est dans l’erreur, de consoler celui qui est affligé, d’accueillir et de secourir celui qui est dans le besoin. Il y a un rapport très étroit entre le don de piété et la douceur. Le don de piété que nous donne l’Esprit-Saint nous rend doux, nous rend tranquilles, patients, en paix avec Dieu, au service des autres avec douceur.

Chers amis, dans la lettre aux Romains, l’apôtre affirme : « Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Aussi bien n’avez-vous pas reçu un esprit d’esclaves pour retomber dans la crainte ; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba ! Père ! » (Rm 8,14-15). Demandons au Seigneur que le don de son Esprit puisse vaincre notre peur, nos incertitudes, notre esprit inquiet, impatient, et qu’il puisse faire de nous des témoins joyeux de Dieu et de son amour, adorant le Seigneur en vérité, également dans le service de notre prochain avec douceur et avec le sourire que l’Esprit-Saint nous donne toujours dans la joie. Que l’Esprit-Saint nous donne à tous ce don de piété.

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Les surprises de Dieu

Homélie du pape François pour la Pentecôte 2013

Seul l’Esprit-Saint « peut susciter la diversité, la pluralité, la multiplicité et, en même temps, opérer l’unité » : sans lui, la diversité devient « la division » et l’unité devient « l’uniformité, l’homogénéité », a déclaré le pape François lors de son homélie de Pentecôte 2013. Avec l’Esprit, « la richesse, la variété, la diversité ne deviennent jamais conflit, parce qu’il nous pousse à vivre la variété dans la communion de l’Église », a-t-il souligné, encourageant à être « ouverts aux “surprises de Dieu”… à la nouveauté de l’Esprit Saint fois ».

Chers frères et sœurs,

En ce jour, nous contemplons et revivons dans la liturgie l’effusion de l’Esprit Saint opérée par le Christ ressuscité sur son Église ; un évènement de grâce qui a rempli le cénacle de Jérusalem pour se répandre dans le monde entier.

Mais que se passe-t-il en ce jour si éloigné de nous, et pourtant si proche au point de rejoindre l’intime de notre cœur ? Saint Luc nous offre la réponse dans le passage des Actes des apôtres que nous avons entendu (2, 1-11). L’évangéliste nous ramène à Jérusalem, à l’étage supérieur de la maison dans laquelle sont réunis les Apôtres. Le premier élément qui attire notre attention est le fracas qui vint soudain du ciel, « pareil à celui d’un violent coup de vent » et remplit la maison ; puis « une sorte de feu qui se partageait en langues », et se posait sur chacun des Apôtres. Fracas et langues de feu sont des signes précis et concrets qui frappent les Apôtres, non seulement extérieurement, mais aussi au plus profond d’eux-mêmes : dans l’esprit et dans le cœur. La conséquence est que « tous furent remplis du Saint Esprit » qui libère son dynamisme irrésistible, avec des résultats surprenants : « Ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit ». S’ouvre alors devant nos yeux un tableau tout à fait inattendu : une grande foule se rassemble et s’émerveille parce que chacun entend parler les Apôtres dans sa propre langue. Tous font une expérience nouvelle, jamais arrivée auparavant : « Nous les entendons parler dans nos langues ». Et de quoi parlent-ils ? « Des merveilles de Dieu ».

À la lumière de ce passage des Actes, je voudrais réfléchir sur trois paroles liées à l’action de l’Esprit : nouveauté, harmonie, mission.

1. La nouveauté nous fait toujours un peu peur, parce que nous nous sentons plus rassurés si nous avons tout sous contrôle, si c’est nous-mêmes qui construisons, programmons, faisons des projets pour notre vie selon nos plans, nos sécurités, nos goûts. Et cela arrive aussi avec Dieu. Souvent, nous le suivons, nous l’accueillons, mais jusqu’à un certain point ; il nous est difficile de nous abandonner à Lui avec pleine confiance, laissant l’Esprit Saint être l’âme, le guide de notre vie dans tous les choix ; nous avons peur que Dieu nous fasse parcourir des chemins nouveaux, nous fasse sortir de notre horizon souvent limité, fermé, égoïste, pour nous ouvrir à ses horizons. Mais, dans toute l’histoire du salut, quand Dieu se révèle, il apporte la nouveauté - Dieu apporte toujours la nouveauté -, il transforme et demande de se confier totalement à Lui : Noé construit une arche, raillé par tous, et il se sauve ; Abraham laisse sa terre avec seulement une promesse en main ; Moïse affronte la puissance du pharaon et guide le peuple vers la liberté ; les Apôtres, craintifs et enfermés dans le cénacle, sortent avec courage pour annoncer l’Évangile. Ce n’est pas la nouveauté pour la nouveauté, la recherche du nouveau pour dépasser l’ennui, comme il arrive souvent de nos jours. La nouveauté que Dieu apporte dans notre vie est ce qui vraiment nous réalise, ce qui nous donne la vraie joie, la vraie sérénité, parce que Dieu nous aime et veut seulement notre bien. Demandons-nous aujourd’hui: sommes-nous ouverts aux « surprises de Dieu » ? Ou bien nous fermons-nous, avec peur, à la nouveauté de l’Esprit Saint ? Sommes-nous courageux pour aller par les nouveaux chemins que la nouveauté de Dieu nous offre ou bien nous défendons-nous, enfermés dans des structures caduques qui ont perdu la capacité d’accueil ? Cela nous fera du bien de nous poser cette question durant toute la journée.

2. Une seconde idée : l’Esprit Saint, apparemment, semble créer du désordre dans l’Église, parce qu’il apporte la diversité des charismes, des dons ; mais tout cela au contraire, sous son action, est une grande richesse, parce que l’Esprit Saint est l’Esprit d’unité, qui ne signifie pas uniformité, mais ramène le tout à l’harmonie. Dans l’Église, c’est l’Esprit Saint qui la fait, l’harmonie. Un des Pères de l’Église a une expression qui me plaît beaucoup : l’Esprit Saint « ipse harmonia est ». Il est précisément l’harmonie. Lui seul peut susciter la diversité, la pluralité, la multiplicité et, en même temps, opérer l’unité. Ici aussi, quand c’est nous qui voulons faire la diversité et que nous nous fermons sur nos particularismes, sur nos exclusivismes, nous apportons la division ; et quand c’est nous qui voulons faire l’unité selon nos desseins humains, nous finissons par apporter l’uniformité, l’homogénéité. Si au contraire, nous nous laissons guider par l’Esprit, la richesse, la variété, la diversité ne deviennent jamais conflit, parce qu’il nous pousse à vivre la variété dans la communion de l’Église. Le fait de marcher ensemble dans l’Église, guidés par les pasteurs qui ont un charisme et un ministère particuliers, est signe de l’action de l’Esprit Saint ; l’ecclésialité est une caractéristique fondamentale pour chaque chrétien, pour chaque communauté, pour chaque mouvement. C’est l’Église qui me porte le Christ et qui me porte au Christ ; les chemins parallèles sont si dangereux ! Quand on s’aventure, en allant au-delà de (proagon) la doctrine et de la Communauté ecclésiale – dit l’Apôtre Jean dans sa deuxième lettre – et qu’on ne demeure pas en elles, on ne s’est pas unis au Dieu de Jésus Christ (cf. 2 Jn v. 9). Demandons-nous alors : suis-je ouvert à l’harmonie de l’Esprit Saint, en dépassant tout exclusivisme ? Est-ce que je me laisse guider par lui en vivant dans l’Église et avec l’Église ?

3. Le dernier point. Les théologiens anciens disaient : l’âme est une espèce de bateau à voile, l’Esprit Saint est le vent qui souffle dans la voile pour le faire avancer, les impulsions et les poussées du vent sont les dons de l’Esprit. Sans sa poussée, sans sa grâce, nous n’avançons pas. L’Esprit Saint nous fait entrer dans le mystère du Dieu vivant et nous sauve du danger d’une Église gnostique et d’une Église auto-référentielle, fermée sur elle-même ; il nous pousse à ouvrir les portes pour sortir, pour annoncer et témoigner la bonne vie de l’Évangile, pour communiquer la joie de la foi, de la rencontre avec le Christ. L’Esprit Saint est l’âme de la mission. Ce qui est arrivé à Jérusalem il y a près de deux-mille ans n’est pas un événement éloigné de nous, c’est un événement qui nous rejoint, qui se fait expérience vivante en chacun de nous. La Pentecôte du cénacle de Jérusalem est le commencement, un commencement qui se prolonge. L’Esprit Saint est le don par excellence du Christ ressuscité à ses Apôtres, mais il veut qu’il parvienne à tous. Jésus, comme nous l’avons entendu dans l’Évangile, dit : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous » (Jn 14, 16). C’est l’Esprit Paraclet, le « Consolateur », qui donne le courage de parcourir les routes du monde en portant l’Évangile ! L’Esprit Saint nous fait voir l’horizon et nous pousse jusqu’aux périphéries existentielles pour annoncer la vie de Jésus Christ. Demandons-nous si nous avons tendance à nous enfermer en nous-mêmes, dans notre groupe, ou si nous laissons l’Esprit nous ouvrir à la mission. Rappelons-nous aujourd’hui ces trois mots : nouveauté, harmonie, mission.

La liturgie d’aujourd’hui est une grande prière que l’Église avec Jésus élève vers le Père, pour qu’il renouvelle l’effusion de l’Esprit Saint. Que chacun de nous, chaque groupe, chaque mouvement, dans l’harmonie de l’Église, se tourne vers le Père pour demander ce don. Aujourd’hui encore, comme à sa naissance, avec Marie, l’Église invoque : « Veni Sancte Spiritus ! – Viens, Esprit-Saint, pénètre le cœur de tes fidèles ! Qu’ils soient brûlés au feu de ton amour ! ». Amen.

© Copyright 2013 – Libreria Editrice Vaticana

 

« Mon curé à Tahiti » - Échange entre Églises !

Témoignage du Père Benoît Sevenier, eudiste

Le père Benoît Sevenier, prêtre et professeur de théologie à Angers, a fait un séjour à Tahiti en janvier. Il a donné des cours et une conférence, à l’Isepp, sur « les enjeux du mariage » dit « pour tous », à partir du « texte des évêques de France ». Nous avons eu la joie de l’accueillir pour présider la messe dominicale à la Cathédrale. Voici le témoignage qu’il a écrit dans le journal de sa paroisse au sujet de son séjour.

Le mois de Janvier a été particulier pour la paroisse : avec l'autorisation de l'évêque, le curé a été envoyé donner des cours à Tahiti par l'Université Catholique de l'Ouest (la « catho d'Angers »). Merci au Père Jean-Louis Angué d'être venu présider les eucharisties dominicales et au Père Hubert Mouton d'avoir assuré l'intérim. C'est l'occasion de découvrir un peu le visage de l'Église de Tahiti.

Le jour des « rois mages », je suis arrivé à Tahiti après 23h d'avion. Après une douche, il était déjà l'heure d'aller à la messe de la cathédrale. Mais le curé me demande mon « célébret » (le papier officiel qui dit que je suis prêtre). On ne le demande nulle part ailleurs.... Comme, je ne l'avais pas, je me suis retrouvé dans l'assemblée... Et la prédication portait sur l'accueil de l'étranger, l'ouverture aux autres... Le lundi, j'ai donc dit à mon cher confrère : « Tu es un menteur ! » Il a bien ri et c'était l'occasion de découvrir une première réalité de la Polynésie : il y a beaucoup de communautés ecclésiales variées, sans compter les pasteurs qui accompagnent les croisières. Ils ne sont pas toujours prêtres catholiques, même en clergyman !

Le sens religieux est très important en Polynésie. L'évangélisation s'est faite par les communautés ecclésiales protestantes puis les catholiques et les mormons... Aujourd'hui, il faudrait ajouter qu'il y a deux Églises protestantes de Polynésie différentes et que les Mormons ont aussi une subdivision avec les Sanito (des « mormons réformés »). Précisons ici juste que les Mormons suivent Joseph Smith, qui a fondé « l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours », Ils se pensent chrétiens mais ne le sont pas : Joseph Smith pensent qu'il a reçu des « tablettes » qui « complètent » la Bible. Et à la Bible, il faut ajouter « lelivre de Mormon » qui a aussi le statut d'Ecriture Sainte

La foi des catholiques s'exprime notamment par le chant : chacun « sort » sa voix, les chorales chantent avec un grand enthousiasme et beaucoup de joie (j’'avoue que je me suis dit : tiens, ils sont aussi heureux qu'à la paroisse St Pierre !). Sur une petite île de 1 000 haibtants, à Hao, il y avait trois chorales pour l'Église catholique... c'est Dire si le chant est important ! Dans le lycée des frères « de Ploërmel », chaque rencontre de catéchèse commence par un temps où les lycéens chantent les louanges du Seigneur.

Regardons la présentation de l'Église de Polynésie par elle-même : les 105 îles qu'englobe l'archidiocèse sont réparties sur une superficie d'océan comparable à elle de l'Europe. Pour situer ce morceau d'océan par rapport à des repères connus, disons que Papeete se trouve à 6 400 km de Los Angeles, à 6 000 km de Sydney. La population dépasse les 250 000 habitants dont environ 70 000 catholiques, le reste de la population se répartissant entre protestants de l'Église évangélique (légèrement plus nombreux que les catholiques) et des groupes minoritaires d'implantation ancienne : mormons, sanitos, adventistes. En revanche, pentecôtistes et témoins de Jéhovah sont arrivés depuis peu. Il y a aussi quelques milliers de non-baptisés, pour la plupart d'ascendance chinoise.

Nous voici donc dans le contexte. Je suis allé en mission envoyé par l'Université Catholique d'Angers (UCO) pour donner 60h de cours en 10 jours.

1-  Un cours portant sur la théologie fondamentale (le rapport entre l'Écriture, la Tradition et l'Enseignement de l'Église par exemple, ou ce qu'est la Révélation).

2-  Un cours sur l'œcuménisme : on vient de voir l'importance du dialogue entre baptisés dans le contexte de la Polynésie !

3-  Un cours d'introduction aux sacrements en général et les sacrements de baptême et confirmation en particulier.

4-  Un cours sur l'Église.

C'est ici l'occasion d'évoquer la richesse des formations pour l'Église locale : trois lieux de formations pour une île !

Il y a un séminaire (avec 5 séminaristes, prions pour eux !) qui ouvre quelques cours aux laïcs.

Il y a l'ISEPP où j'ai enseigné : l'Institut Supérieur de l'Enseignement Privé de Polynésie. C'est un institut qui forme aussi bien aux métiers de la Banque, que de la psychologie, de la pédagogie et dont le caractère propre est présent notamment par la section « théologie » dont les diplômes sont reconnus par l'université de Strasbourg qui délivre un titre d'État. Deux des étudiants en théologie avaient 19 ans et avec la licence de théologie pourront devenir professeurs des écoles.www.isepp.pf/

Le troisième lieu de formation est « l'école du diocèse » qui rassemble des centaines de personnes pendant le mois de Juillet sur toute l'Ile de Tahiti. Toutes les personnes des différentes îles et atolls se rassemblent pour suivre un mois de formation : chaque matin il y a cours et l'après-midi les gens sont en vacances. Il y a différentes écoles en fait : École des Katékitas (les Katékitas sont les responsables de communautés locales sans prêtres), école de catéchèse, école de la foi (pour revenir aux fondements de la foi), école de la foi pour les jeunes, école de musique religieuse et de liturgie...

L'autre aspect du séjour en Polynésie a été la mission reçue de l'Église locale pour exercer le ministère à Hao, un atoll dont la paroisse est dédiée à saint Pierre ! Voilà plusieurs fois que le mot revient. Un atoll, c'est tout simple, c'est une île avec la mer au milieu (lagon). Sur une bande de terre qui forme un anneau vivent les polynésiens entre mer et lagon. La communauté tient dans la; foi alors qu'elle ne rencontre le prêtre qu'une fois tous les trois mois pendant trois jours... Il faut assurer la catéchèse des enfants, des collégiens (un collège de 500 jeunes rassemble les enfants de atolls encore plus petits qui sont autour). Et toute la vie paroissiale. Sur place, le responsable de la communauté est le Katekita : en fait, ils sont deux à Hao. L'un et l'autre ont des domaines de compétence spécifiques. Ils sont aidés d'aides-Katekita et les « tavinis » portent la communion aux malades. Chaque équipe du rosaire prend sa semaine de nettoyage du presbytère, les équipes de chorales se répartissent l'animation des messes, etc... Quelle belle vie de foi ! Avec aussi ses heurs, comme dans toute communauté. Mais la grâce de Dieu est forte et permet à ces baptisés de vivre dans la foi alors qu'ils sont si loin de leur curé (3h de vol !).

En un mot, l'Église du bout du monde est belle.... De la beauté de la grâce de Dieu. Et c'est bien cette grâce que nous essayons d'accueillir ici aussi sur la côte de nacre dans une autre paroisse saint Pierre !

MAURURU - MERCI !

Père Benoît, eudiste, curé.

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L’esprit-Saint nous ouvre aux autres

Commentaire de l’Évangile de la solennité de la Pentecôte

Saint Jean de la Croix, le grand mystique espagnol du 16e siècle, a écrit cette très belle phrase : « Elle est donc souverainement désirable, cette brise de l’Esprit Saint, et chaque âme doit demander qu’elle souffle au travers de son jardin, afin que les divins parfums de Dieu s’en exhalent. » (Cantique Spirituel B, Strophe 17, § 9.)

En ce jour de Pentecôte, demandons à recevoir cette brise de l’Esprit Saint, pour pouvoir vivre de l’Esprit ou, mieux encore, pour pouvoir vivre dans l’Esprit. Aujourd’hui, l’Esprit Saint est Celui qui nous donne la vie. Il nous entraîne dans la ronde de la vie divine. Il est cette spirale d’amour entre le Père et le Fils, entre le Fils et le Père.

L’Esprit Saint est un Esprit d’Amour : Si le souffle évoque l’Esprit, son nom véritable est : agapè, Amour véritable, source de toute tendresse. Il est Celui qui vient restaurer en nous notre capacité d’aimer. S’il y a de l’amour vrai, dans nos cœurs, dans nos vies, c’est parce que le Saint-Esprit nous a été donné. L’esprit Saint c’est Dieu qui veut demeurer dans nos cœurs, partager notre existence, devenir un avec nous. Il veut nous faire participer à sa propre nature divine, à sa Sagesse qui s’est incarnée, à sa joie et à son amour. Un saint orthodoxe, Séraphim de Sarov, a pu dire au 19e siècle : « Le but de la vie chrétienne, c’est l’acquisition du Saint-Esprit ».

Mais dans les trois lectures que nous venons d’entendre, remarquons aussi que l’Esprit est donné à une communauté : Il est répandu sur un groupe de croyants : les apôtres, les disciples, l’Église… L’Esprit les tourne aussitôt vers les autres, vers le monde, vers l’avenir. « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit […] Les activités [dans l’Église] sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous. Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous » (2e lecture). L’Esprit nous est donné non pas d’abord pour notre confort personnel, mais pour le bien-être des autres : Il est un don qui passe par nous, à travers nous d’abord pour l’extérieur, même si évidemment il nous fait du bien à nous aussi. Cela transparaît clairement dans le livre des Actes et dans l’Evangile : les apôtres sont réunis, ils ont peur, ils sont repliés sur eux-mêmes, les portes verrouillées à double tour. Et comme toujours, c’est le Christ qui prend l’initiative : « La paix soit avec vous… Recevez l’Esprit Saint… Je vous envoie... »

Saint Basile de Césarée fait remarquer à propos de l’Esprit « On ne peut pas le saisir, mais on peut comprendre sa bonté. » On le peut grâce aux œuvres qu’il nous encourage à réaliser : donner à manger à ceux qui ont faim, donner à boire à ceux qui ont soif, écouter les affligés, visiter les malades, supporter patiemment les défauts des autres... Ce ne sont pas des là actions spectaculaires, mais au contraire des gestes simples de la simplicité même de l’Esprit.

Invoquons-le, appelons-le de tout notre être. Et comme le dit à nouveau magnifiquement le grand Saint Basile au 4e siècle : « Comme les objets nets et transparents, lorsqu'un rayon les frappe, deviennent eux-mêmes resplendissants et tirent d'eux-mêmes une autre lumière ; de même les âmes qui portent l'Esprit, illuminées par l'Esprit, deviennent elles-mêmes spirituelles et renvoient la grâce sur les autres. De là viennent la prévision de l'avenir, l'intelligence des mystères, la compréhension des choses cachées, la distribution des dons spirituels, la citoyenneté céleste, la danse avec les anges, la joie sans fin, la demeure en Dieu, la ressemblance avec Dieu. et le comble de ce que l'on peut désirer : devenir Dieu. » (Traité sur le Saint Esprit).

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