PKO 03.08.2014

Dimanche 3 août 2014 – 18ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°42/2014

HUMEURS

ECO- SOLIDARITÉ… 1an … 500 000 canettes… 325 000 xfp

 Ecosolidaire

En juillet 2013, l’Accueil Te Vai-ete – Caritas Polynésie lançait la campagne « Éco-solidarité »… Son objectif : collecter les canettes en aluminium pour les recycler par l’intermédiaire de la société Recypol… l’argent récolté étant destiné au fonctionnement de l’Accueil Te Vai-ete.

Un an, l’occasion de faire un premier bilan !

Nous avons récolté en une année, grâce à votre mobilisation constante près de 6 500 kgs de canettes soit environ 500 000 canettes aluminium… pour un total de 325 000 xfp.

La réussite de cette « éco-solidarité » revient à chacun d’entre-vous, les fidèles de la Cathédrale… une multitude d’anonymes… ainsi que le Lycée-Collège Lamennais, plusieurs snacks et restaurants… même aux îles qui y ont contribué.

L’« éco-solidarité » se poursuit … nous vous invitons à continuer à collecter les canettes et à sensibiliser votre entourage… plus de 10 millions de canettes sont consommées chaque année en Polynésie… Pourquoi ne pas rêver…

Nouvel objectif : 1 million de canettes …

Pourquoi pas ?

À vous de jouer…

 

EN MARGE DE L’ACTUALITÉ

Clôture des écoles de formation 2014

Le lundi 7 juillet, plusieurs centaines d’élèves issus de Tahiti et des îles ont intégré, pour une période de quatre semaines, les huit écoles de formation réparties dans cinq centres (Haapiiraa Katekita, Nota, Reo Tahiti, Faaroo en tahitien à l’école de la Mission ; Ecole de la catéchèse à la paroisse Sacré Cœur de Arue ; Emmaüs à la paroisse Christ Roi de Pamatai ;  Anetiohia à la paroisse Saint Joseph de Faaa et Sychar au Grand Séminaire à Punaauia). L’encadrement de ces élèves a été assuré par une centaine de formateurs et d’assistants chargés du secrétariat et de l’organisation matérielle.

Les équipes des sept commissions du bilan synodal 1989-2014 ont mis à profit ce temps de formation, pour proposer à toutes les écoles un temps d’intervention, pour exposer les grands axes de leur thème de réflexion.

La session de formation de l’année 2014 sera clôturée, vendredi 1er août  à 18h en l’église Maria no te Hau, par une messe célébrée par Monseigneur Pascal CHANG SOI, Administrateur Apostolique de l’archidiocèse de Papeete. Au cours de cette messe plusieurs laïcs recevront une investiture en vue d'un service communautaire : katekita, tauturu-katekita, ministre extraordinaire de la sainte communion. Et desélèves de l'École de musique recevront le diplôme de fin de formation.

Quel message donner à tous ceux et celles qui viennent de vivre une formation spirituelle et pastorale intense, qui retrouveront leur vie ordinaire quotidienne ? Il ne suffit pas d’acquérir des connaissances pour être un bon « serviteur » de Jésus, mais il faut vivre en cohérence avec Lui. Sainte Claire d’Assise disait : « Si nous voulons communiquer la lumière à des aveugles, si nous voulons faire entendre une Parole à des sourds, si nous voulons rendre la Parole, faire parler des muets, le seul chemin est celui de devenir des miroirs ». Puissent tous ces élèves courageux et zélés devenir des miroirs du Christ qui est avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps.

Diacre Mariano ATIU

Chancelier

Les dix conseils du Pape pour être heureux

Entretien du pape François par la revue argentine « Viva »

Dans son entretien publié dimanche par la revue argentine Viva, le pape François a livré sa « recette du bonheur » en 10 points.

« Quelle est la recette du bonheur ? » À cette question posée par le journaliste argentin Pablo Calvo pour la revue Viva, le pape réfléchit un instant, puis s’anime. Visiblement détendu au milieu d’un groupe d’émigrés argentins reçus le 7 juillet dernier à la Maison Sainte-Marthe, il livre en dix points sa « recette du bonheur ».

1. « VIVRE ET LAISSER VIVRE »

Les Romains ont un dicton que nous pouvons prendre comme fil directeur et qui dit : « Allez, et laisser les gens aller de l’avant ». Vivre et laisser vivre, c’est le premier pas vers la paix et le bonheur.

2. SE DONNER AUX AUTRES

Quelqu’un d’isolé court le risque de devenir égoïste. Et l’eau stagnante est la première à se corrompre.

3. « SE MOUVOIR AVEC BIENVEILLANCE ET HUMILITÉ »

Dans Don Segundo Sombra (NDLR : roman argentin de Ricardo Güiraldes), le héros raconte que, jeune, il était comme un torrent de montagne qui bousculait tout ; devenu adulte, il était comme un fleuve qui allait de l’avant puis, devenu vieux, qu’il avançait, mais lentement, endigué. J’utilise cette image du poète et romancier Ricardo Güiraldes, ce dernier adjectif, endigué. La capacité à se mouvoir avec bienveillance et humilité. Les aînés ont cette sagesse, ils sont la mémoire d’un peuple. Et un peuple qui ne se soucie pas de ses personnes âgées n’a pas d’avenir.

4. JOUER AVEC LES ENFANTS

Le consumérisme nous a amené l’angoisse de perdre la saine culture du loisir : lire, profiter de l’art… Aujourd’hui, je confesse peu, mais à Buenos Aires, je confessais beaucoup et aux jeunes mères qui venaient, je demandais « Combien avez-vous d’enfants ? Jouez-vous avec eux ? » C’est une question à laquelle on ne s’attend pas, mais c’était une façon de dire que les enfants sont la clé d’une culture saine. C’est difficile pour les parents qui vont travailler tôt et reviennent quand leurs enfants sont endormis. C’est difficile, mais il faut le faire.

5. PASSER SES DIMANCHES EN FAMILLE

L’autre jour, à Campobasso, j’ai rencontré le monde de l’université et celui du travail et, à chacun, j’ai rappelé qu’on ne travaille pas le dimanche. Le dimanche, c’est pour la famille.

6. AIDER LES JEUNES À TROUVER UN EMPLOI

Nous devons être créatifs avec cette frange de la population. Faute d’opportunités, ils peuvent tomber dans la drogue. Et le taux de suicide est très élevé chez les jeunes sans travail. L’autre jour, j’ai lu, mais je ne suis pas sûr que ce soit une donnée scientifique, qu’il y a 75 millions de jeunes de moins de 25 ans sans emploi. Et cela ne suffit pas de les nourrir : il faudrait inventer pour eux des cours d’une année pour être plombier, électricien, couturier… La dignité permet de ramener du pain à la maison.

7. « PRENDRE SOIN DE LA CRÉATION »

Nous devons prendre soin de la création et nous ne le faisons pas. C’est un de nos plus grands défis.

8. « OUBLIER RAPIDEMENT LE NÉGATIF »

« Le besoin de dire du mal de l’autre est la marque d’une faible estime de soi. Cela veut dire que je me sens tellement mal que, au lieu de me relever, j’abaisse l’autre. Il est sain d’oublier rapidement le négatif.

9. RESPECTER CEUX QUI PENSENT DIFFÉREMMENT

On peut aller jusqu’au témoignage avec l’autre, du moment que les deux progressent dans ce dialogue. Mais la pire chose est le prosélytisme religieux, celui qui paralyse : « Je dialogue avec toi pour te convaincre ». Ça, non. Chacun dialogue depuis son identité. L’Église croît par l’attraction, non par le prosélytisme.

10. RECHERCHER ACTIVEMENT LA PAIX

Nous vivons dans une époque où les guerres sont nombreuses. (…) La guerre détruit. Et l’appel à la paix a besoin d’être crié. La paix évoque parfois le calme, mais la paix n’est jamais la quiétude : c’est toujours une paix active.

© Copyright 2014 – Urbi et orbi

« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels »

Une lettre d’Anatole France le 18 juillet 1922 paru dans le Journal « L’humanité »

Un texte de près d’un siècle et cependant si actuel… et universel !

Cher citoyen Cachin,

Je vous prie de signaler à vos lecteurs le récent livre de Michel Corday, les Hauts Fourneaux qu’il importe de connaître.

On y trouvera sur les origines et la conduite de la guerre des idées que vous partagerez et qu’on connaît encore mal en France ; on y verra, notamment (ce dont nous avions déjà tous deux quelque soupçon) que la guerre mondiale fut essentiellement l’œuvre des hommes d’argent ; que ce sont les hauts industriels des différents États de l’Europe qui, tout d’abord, la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en elle leur fortune, en tirèrent d’immenses bénéfices et s’y livrèrent avec tant d’ardeur, qu’ils ruinèrent l’Europe, se ruinèrent eux-mêmes et disloquèrent le monde.

Écoutez Corday sur le sujet qu’il traite avec toute la force de sa conviction et toute la puissance de son talent.

« Ces homes-là, ils ressemblent à leurs hauts-fourneaux, à ces tours féodales dressées face à face le long des frontières, et dont il faut sans cesse, le jour, la nuit, emplir les entrailles dévorantes de minerai, de charbon, afin que ruisselle au bas la coulée de métal. Eux aussi, leur insatiable appétit exige qu’on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, et toutes les richesses du sol, et tous les fruits du travail, et les hommes, oui les hommes même, par troupeaux, par armées, tous précipités pêle-mêle dans la fournaise béante, afin que s’amassent à leurs pieds les lingots, encore plus de lingots, toujours plus de lingot… Oui, voilà bien leur emblême, leurs armes parlantes, à leur image. Ce sont eux, les vrais hauts fourneaux ! » (page 163).

Ainsi ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pourquoi ils mouraient. Il en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes ne se trompaient pas à ce point, sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l’ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meut pour les industriels.

Ces maîtres de l’heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines, des banques, des journaux. Michel Corday nous montre comment ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde. Il me donna, notamment, l’explication d’un phénomène qui m’avait surpris non par lui-même, mais par son excessive intensité, et dont l’histoire ne m’avait pas fourni semblable exemple : c’est comment la haine d’un peuple, de tout un peuple, s’étendit en France avec une violence inouïe et hors de toute proportion avec les haines soulevées dans ce même pays par les guerres de la révolution et de l’Empire. Je ne parle pas des guerres de l’ancien régime qui ne faisaient que haïr aux Français les peuples ennemis. Ce fut cette fois, chez nous, une haine qui ne s’éteignit pas avec la paix, nous fit oublier nos propres intérêts et perdre tout sens de la réalité, sans même que nous sentions cette passion qui nous possédait, sinon parfois pour la trouver trop faible.

Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d’un état d’esprit qui conduit la France, avec l’Europe entière, à sa ruine totale. « L’esprit de vengeance et de haine, dit Michel Corday, est entretenu par les journaux. Et cette orthodoxie farouche ne tolère pas la dissidence ni même la tiédeur. Hors d’elle tout est défaillance ou félonie. Ne pas la servir c’est la trahir. »

Vers la fin de la guerre, je m’étonnais devant quelques personnes de cette haine d’un peuple entier comme d’une nouveauté qu’on trouvait naturelle et à laquelle je ne m’habituais pas. Une dame de beaucoup d’intelligence et dont les mœurs étaient douces, assura que si c’était une nouveauté, cette nouveauté était forte heureuse. « C’est, dit-elle, un signe de progrès, et la preuve que notre morale s’est perfectionnée avec les siècles. La haine est une vertu ; c’est peut-être elle la plus noble des vertus. »

Je lui demandait timidement comment il est possible de haïr tout un peuple :

« - Pensez, madame, un peuple entier c’est grand… Quoi ? Un peuple composé de tant de millions d’individus, différents les uns des autres, dont aucun ne ressemble aux autres, dont un nombre infiniment à petit a seul voulu la guerre, dont un nombre moindre encore en est responsable, et dont la masse innocente en a souffert à mort et passion. Haïr un peuple, mais c’est haïr les contraires, le bien et le mal, la beauté et la laideur. »

Quelle étrange manie ! je ne sais pas trop si nous commençons à en guérir. Je l’espère. Il le faut. Le livre de Michel Corday vient à temps pour nous inspirer des idées salutaires. Puisse-t-il être entendu ! L’Europe n’est pas faite d’États isolés, indépendants les uns des autres. Elle forme un tout harmonieux. En détruire une partie, c’est offenser les autres.

Notre salut, c’est d’être bons Européens. Hors de là, tout est ruine et misère.

Salut et fraternité.

Anatole FRANCE

© Copyright 1922 – L’Humanité

Les premiers chocs de la guerre navale

Centenaire de la 1ère Guerre mondiale

La violence de la Grande Guerre fait irruption le 22 septembre 1914 dans l’océan Pacifique. A 6 heures du matin, par grosse houle, quatre navires allemands arrivent en vue du port de Papeete à Tahiti, chef-lieu des Etablissements français de l’Océanie.

L’île est à peine défendue : un vieux fortin privé d’artillerie, 150 marins et soldats environ, et un seul navire de guerre, la canonnière Zélée, faiblement armée. Cela suffira pourtant à repousser la menace, interdisant l’accès de la passe aux croiseurs allemands, qui redoutent de s’engager dans un chenal peut-être miné, et se contentent de bombarder la ville, trois heures durant, incendiant de nombreux bâtiments. L’escadre, dirigée par l’amiral Maximilian von Spee, finit par repartir après ce simulacre de combat, qui fait trois morts dans la population civile : un bilan quelque peu dérisoire, alors que les tués se comptent déjà par dizaines de milliers sur le front ouest. L’épisode révèle cependant, dès le début, le caractère mondial du conflit, et l’importance que va y revêtir la maîtrise des mers.

Les croiseurs Scharnhorst et Gneisenau (du nom de deux généraux prussiens des guerres napoléoniennes), dont les canons de 210 millimètres ont ouvert le feu sur la Polynésie française, sont alors parmi les fleurons de la flotte allemande. Cela fait deux décennies que la construction d’une puissante marine de guerre, capable de rivaliser avec la Royal Navy britannique, figure au cœur des ambitions mondiales de l’Allemagne du Kaiser Guillaume II, lui-même pris de passion pour les cuirassés. Une puissante association, la Ligue navale (Flottenverein), y compte près de 1 million de membres à la veille de la Grande Guerre, et contribue à soutenir, dans l’opinion, la coûteuse course aux armements ainsi que les entreprises coloniales qui y sont associées.

FRAGILITÉ DE LA STRATÉGIE MARITIME ALLEMANDE

Car pour être une grande puissance maritime, on doit disposer de bases et de points d’appui pour le ravitaillement des navires, comme le port chinois de Qingdao (longtemps orthographié Tsing-Tao), dont l’Allemagne obtient la concession en 1898, participant ainsi au dépècement de la Chine. Dès 1884, les premières étapes d’une présence allemande dans le Pacifique avaient été posées, avec la prise de possession des îles Bismarck ainsi que d’une partie de la Nouvelle-Guinée et des îles Salomon. Dans les années qui suivent, la compétition croissante des impérialismes accélère encore les partages territoriaux et les rivalités sur les océans, faisant du moindre atoll un enjeu géopolitique. C’est alors que le réseau des bases allemandes est complété par l’acquisition de la petite île de Nauru en 1888, puis des Samoa en 1899.

Les premières semaines de la guerre vont pourtant révéler toute la fragilité de cet édifice et la solitude de l’Allemagne dans la région. Français et Britanniques y disposent en effet d’importantes possessions et d’une conséquente présence militaire, grâce aux dominions d’Australie et de Nouvelle-Zélande en particulier, entrés en guerre avec le Royaume-Uni le 4 août 1914. Il faut y ajouter l’appui du Japon, qui adresse un ultimatum à Berlin dès le 15 août, afin d’obtenir ses possessions en Chine, avant de déclarer la guerre le 23 août. Dans ces conditions, face à des adversaires si nombreux dans un espace si lointain, défendre ses territoires du Pacifique devient inenvisageable pour l’Allemagne. Car son isolement diplomatique est redoublé par un facteur peu connu, mais qui a toute son importance dans une guerre mondiale : la perte de ses capacités de transmission.

Six heures à peine après la déclaration de guerre, dans la nuit du 4 au 5 août 1914, le navire britannique CS Alert navigue en mer du Nord afin de repêcher et de sectionner les cinq câbles télégraphiques et téléphoniques sous-marins assurant les communications entre l’Allemagne et le reste du monde. Dans les semaines qui suivent, c’est l’ensemble du dispositif de communication allemand qui est détruit dans le Pacifique : les postes de TSF situés sur les îles de Yap et Nauru sont détruits par bombardements (9 et 12 août), et le câble sous-marin reliant Qingdao à Shanghaï est lui aussi coupé.

FUITE À TRAVERS LE PACIFIQUE

Une semaine après le début de la guerre, il est devenu impossible pour l’escadre d’Extrême-Orient, rassemblée à la hâte par von Speeaux îles Mariannes, de communiquer avec la métropole. Sa situation est rendue encore plus précaire par l’incertitude pesant sur ses réserves en charbon, alors que les croiseurs propulsés par la vapeur n’ont qu’une quinzaine de jours d’autonomie : il ne faut pas songer à rejoindre, vers l’ouest, le port d’attache de Qingdao (qui capitulera le 7 novembre 1914 face aux Britanniques et aux Japonais), ni compter sur les navires d’approvisionnement qui ont été arraisonnés dans les ports australiens. Quant aux dépôts se trouvant sur les Samoa, ils seront perdus avec l’arrivée des troupes néo-zélandaises qui prennent possession de l’archipel le 29 août. Le constat est cruel : tributaire, comme toutes les marines de guerre de l’époque, de la radio et du charbon, la flotte allemande n’a pas les moyens logistiques de ses ambitions mondiales.

Il reste au moins un avantage à l’amiral von Spee : la position de son escadre est encore inconnue de ses adversaires. Tout en détachant le croiseur léger Emden pour mener dans l’océan Indien une guerre de course contre les navires de commerce britanniques (il en coulera 19 avant de s’échouer aux îles Cocos, au sud-ouest de Java), il peut espérer rejoindre l’Allemagne en fuyant vers l’est à travers le Pacifique, pour contourner le cap Horn et remonter l’Atlantique. Il faudra charbonner et s’avitailler en chemin, sans se faire repérer des navires ennemis. Le 19 août, la flottille est à Eniwetok, aux îles Marshall, où on recharge les soutes ; on espère faire de même aux îles de la Société en septembre. Voilà pourquoi Papeete, et son précieux dépôt de 5 000 tonnes de charbon, pouvait constituer un objectif. Et c’est assurément la décision d’y mettre le feu, prise par le lieutenant de vaisseau Destremau alors chargé de la défense de Tahiti, qui a préservé l’île d’un débarquement.

Désormais repéré par les Franco-Britanniques, von Spee poursuit cap à l’est, en direction de la côte américaine, arrivant à l’île de Pâques le 12 octobre, puis en vue du Chili, près de Coronel, où l’attendent des vaisseaux anglais. La bataille s’engage au détriment de ces derniers, dont la silhouette se découpe trop nettement sur l’horizon, le 1er novembre 1914 au soleil couchant. La précision du tir des croiseurs allemands emporte rapidement la décision : leurs homologues britanniques, de construction un peu plus ancienne, Good Hope et Monmouth, sont envoyés par le fond avec leurs 1 400 marins, dans ce qui constitue une défaite navale inattendue, la plus lourde du pays depuis plus d’un siècle. À l’inverse, dans le port de Valparaiso, le triomphe des marins allemands est fêté par leurs compatriotes émigrés au Chili. Mais quelques semaines plus tard, le 8 décembre, c’est devant les îles Falkland, dans l’Atlantique sud, qu’une autre escadre britannique intercepte les navires de von Speeau terme de leur longue course, et les coule, mettant fin à cette première phase mouvementée du conflit sur les mers.

LES PUISSANCES CENTRALES ÉTRANGLÉES PAR LE BLOCUS DES ALLIÉS

Si ces parcours lointains ponctués de rencontres décisives entre grands bâtiments de surface correspondent assez bien à ce que le grand public imaginait avant-guerre, les batailles navales se feront en réalité bien rares dans les années suivantes. Tout comme, sur le front ouest, la meurtrière guerre de mouvements des premières semaines laissera place à l’enfermement dans les tranchées, la guerre navale se résumera bientôt au lent étranglement des puissances centrales par le blocus des Alliés, à peine interrompu par le combat incertain du Jutland (1916). Sa flotte de haute mer rendue impuissante, l’Allemagne fera le choix, lourd de conséquences, de la guerre sous-marine.

Quant à l’aire Pacifique, la guerre conduit à de profondes reconfigurations : de petits contingents, comme ceux des Fidjiens et des Kanaks, rejoignent le front ouest du côté britannique ou français, non sans difficultés (révolte de 1917 en Nouvelle-Calédonie), et certaines populations insulaires sont très violemment touchées par l’épidémie de grippe de 1918-1919.

Sur le plan géopolitique, le conflit ouvre une nouvelle séquence de rivalités : sur fond de tensions raciales et de peur des « Jaunes » chez les Anglo-Saxons, les anciennes possessions allemandes dans la région font l’objet des appétits opposés du Japon, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande mais aussi des États-Unis, que le règlement de paix, ici comme ailleurs, parvient difficilement à concilier.

André Loez. Historien.

 © Copyright 2014 – Le Monde

Injustice climatique

L’élévation du niveau de la mer menace l’existence des États insulaires d’Océanie

Mercredi 30 juillet, à Paris, en conseil des ministres, était présentée la version définitive du projet de loi sur « la transition énergétique et la croissance verte ». Le texte pose des objectifs ambitieux de réduction de la consommation d’énergie fossiles, et d’augmentation de la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité au détriment du nucléaire à horizon des années 2030 ou 2050.

Si elles se concrétisent, ces orientations devraient permettre à la France d’être au rendez-vous de ses engagements en matière d’émissions des gaz à effets de serre, suspectées d’être à l’origine du réchauffement climatique.

Le même jour, à l’autre bout du monde, à Koror, en Micronésie, les 16 États insulaires d’Océanie étaient réunis pour un sommet de deux jours et lançaient un nouvel appel de détresse.

Témoins impuissants de l’élévation du niveau de la mer qui risque bientôt de les submerger, ils ont demandé aux nations industrialisées, désignées comme responsables de la situation, des efforts environnementaux, mais aussi des aides pour préserver ce qui est menacé, voire réparer ce qui est déjà détruit.

Leur interpellation dit l’urgence de la situation. Si rien n’est fait, certains de ces États auront disparu d’ici à 2030 ou 2050. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls concernés. Les « réfugiés environnementaux » existent déjà et les populations exposées au risque de submersion devraient augmenter dans les années à venir, selon les données du dernier rapport du Groupe international d’experts sur le climat (Giec).

Avec ce paradoxe relevé dans un récent document de la Fédération protestante de France que« ceux qui auront le moins contribué aux changements climatiques en pâtiront le plus ». 

Les enjeux de la lutte contre la hausse de la température relèvent donc aussi de la justice distributive et de la justice réparatrice entre nations. En s’engageant dans la réduction de leurs émissions polluantes, les pays industrialisés sont loin d’être quitte à l’égard des communautés menacées par les changements climatiques : elles ont un besoin d’être aidées techniquement et financièrement pour ne pas être noyées sous les flots de la mer… et des égoïsmes nationaux.

Dominique Greiner

© Copyright 2014 – La Croix

Prêtre, il meurt le Jeudi saint et donne son corps à la science

Hommage au Père Paul HODÉE, un prêtre configuré au Christ, au-delà même de la mort

Quand il a su que le Père Paul Hodée avait donné son corps à la science avant de mourir, MgrEmmanuel Delmas, n’a pas été étonné, car « ce prêtre manifestait un intérêt très grand pour la science, spécialement la biologie ». L’évêque d’Angers, qui fut médecin avant d’être ordonné, remarque par ailleurs pour Aleteia qu’« un tel don est sans doute un fait rarissime chez un prêtre », lui-même n’ayant « jamais entendu parler d’un cas similaire ». Voici un très bel hommage rendu, le 22 04 2014, par la journaliste angevine Elisabeth de Baudoüin, correspondante française de la Revue  Vaticane Aleteia.

De nombreuses casquettes et une force de caractère peu commune

Né le 1er septembre 1929 en Anjou, Paul Hodée avait été ordonné prêtre le 19 décembre 1953. Durant sa longue vie sacerdotale – il avait fêté ses 60 ans de sacerdoce le 19 décembre dernier – il aura coiffé de nombreuses casquettes : professeur de sciences et vie de la terre (durant 21 ans), journaliste, prêtre de paroisse, aumônier de communautés religieuses, vicaire général et même exorciste… en Anjou, son diocèse d’origine, en Nouvelle Calédonie et à Papeete, diocèses auxquels il fut « prêté » pendant 20 ans.

Il y a quelques années, ce prêtre « à la force de caractère peu commune », selon ceux qui l’ont approché, avait été « admis à prendre sa retraite ».Une retraite qui n’en a eu que le nom, comme c’est le cas pour de nombreux prêtres, aujourd’hui encore plus qu’avant, du fait du manque de vocations sacerdotales. Il était alors devenu « la roue de secours » - disait-il - du Père Gilles Crand, curé de Saint Joseph, une paroisse du centre-ville d’Angers. Grâce à lui (notamment), la paroisse a pu continuer à proposer aux fidèles deux messes par jour. Sa présence et son action dans cette paroisse ont permis de vérifier que oui, les prêtres âgés sont un trésor pour l’Église.

Le type même du prêtre selon le cœur de François

Le Père Hodée n’était pas de ceux que le pape François fustige : cet homme d’origine modeste n’était ni un« mondain », ni un « prêtre à moitié » ; il n’avait sûrement jamais possédé de voiture de luxe… Il était au contraire ce « bon pasteur qui sent la bonne odeur du troupeau » et qui, jour après jour, donne sa vie pour ses brebis, à travers l’annonce de la Parole de Dieu, la célébration de l’Eucharistie, la confession… Bref, le type même du prêtre selon le cœur de François.

Il avait d’ailleurs de nombreux points communs avec le pasteur de l’Église universelle : son option préférentielle pour les plus petits, qu’il a toujours défendu « bec et ongles » (surtout dans les îles du Pacifique), son amour de la culture de la rencontre et du dialogue, ses homélies décapantes qui recentraient l’auditoire sur les valeurs de l’Évangile, ses formules à l’emporte pièce comme « ne mettez pas la foi au congélateur »ou « la foi, c’est la bassine et le torchon »(en référence à l’épisode évangélique du lavement des pieds). Certains paroissiens lui disaient d’ailleurs : vous parlez comme le Pape ! Comme lui, il laissait les « bambins » (comme il disait) jouer les trublions pendant ses messes, en manifestant sa joie. Joie qu’il incarnait et prêchait à temps et à contre temps, comme François. D’ailleurs, l’homélie sur la joie sacerdotale, que ce dernier a prononcé à Saint Pierre le jour de sa mort, le jeudi saint 17 avril 2014, semble avoir été écrite pour lui…

Configuré au Christ, jusqu’au bout

On disait à ce prêtre, qui faisait preuve d’une énergie considérable, malgré une santé très atteinte depuis de nombreuses années :« vous mourrez en tablier de service ». On n’aurait pas été étonné qu’il rende son âme à Dieu en célébrant l’Eucharistie, qui était le centre de sa vie de prêtre.

En fait, Dieu en a décidé autrement. Le Père Hodée, dont toute la vie sacerdotale avait été configurée à la vie publique du Christ (jusqu’aux démons chassés comme exorciste), a du gravir la montagne du calvaire avant de mourir. À Noël, son état de santé s’est brutalement aggravé. Rapidement, Il est entré à l’hôpital. Le 17 avril 2014, Jeudi saint, jour « de la bassine et du torchon », mais surtout, Jour de l’institution de l’Eucharistie, il a rejoint celui dont il aimait à répéter : « Il est Le vivant ! ».

En choisissant de donner son corps à la science, celui qui témoignait que beaucoup de jeunes avaient opté pour des carrières médicales à la suite de ses cours, a renoncé à avoir une sépulture. Un choix courageux, héroïque, presque, qui manifeste sa volonté de suivre, au-delà de la mort, Celui qui a dit : « Prenez et mangez, ceci est mon corps, livré pour vous ».Si Paul Hodée est mort un jeudi saint - ce qui est une grande grâce pour un prêtre, comme l’a fait remarquer le Père Gille Crand, lors de la messe célébrée à son intention le 22 avril, ce n’est donc sûrement pas un hasard.

© Copyright 2014 – Aleteia

 

Synode de 1989 – 25 ans après

Questionnaire de la Commission « Formation »

Afin d'établir le bilan de ce 3ème synode, voici un questionnaire auquel vous êtes invités à répondre… n’hésitez pas !

Ecole de la Foi

  • Connaissez-vous les différentes écoles de la foi ?
  • Avez-vous été sollicité pour y participer ? Quelle a été votre réponse ?
  • Répondent-elles à vos attentes ?
  • Avez-vous des appréhensions concernant ces écoles ?

Les homélies

  • Qu'en pensez-vous et répondent-elles à vos besoins familiaux, professionnels, spirituels... ?

Les vocations

  • Connaissez-vous le SDV (Service Diocésain des Vocations) ?

Les retraites

  • Connaissez-vous les centres de retraite que sont Tibériade et Cana ?
  • Pensez-vous qu'une retraite en silence soit plus profitable sur le plan spirituel : prière... ?
  • Souhaitez-vous être accompagné après votre retraite ? Pourquoi ?

Le Renouveau

  • Souhaitez-vous un groupe du Renouveau pour votre paroisse ?

Divers

  • Fréquentez-vous Pure Ora et pour aller chercher quoi ? (livres, images, objets de piété ... )
  • Dans les formations en général, accorde-t-on suffisamment d'importance au Savoir-Être ?
  • Connaissez-vous les associations de formation des jeunes et des animateurs qui travaillent dans le diocèse ?
  • Les groupes de jeunes qui ont participé aux JMJ, ont-ils fait une relecture pastorale de leur voyage ? Quels profits le diocèse en a-t-il tirés ?

Vos réponses sont à envoyer :

-  soit B.P. 94 - 98713 PAPEETE

-  (en précisant « Bilan synodal »)

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Tout donner pour le Royaume

Commentaire de l’Évangile du 18ème Dimanche du Temps ordinaire

Le  récit de la multiplication des pains, rapportée six fois par chacun des quatre évangélistes, est à la fois signe de la vie éternelle offerte par Dieu et un appel toujours actuel au partage concret. Les hommes ont besoin de nourriture spirituelle; mais ils ont besoin aussi, et même en premier lieu d'une nourriture matérielle.

Pain de Vie

Dans les déserts où nous marchons, Jésus est saisi de compassion devant le risque de nous égarer. Si le Père a envoyé son Fils, c'est parce qu'il ne peut supporter de nous perdre à jamais. Jésus, sur les chemins de nos errances, nous aménage des haltes reposantes. Il fait s'étendre la foule et donne ce geste du partage. En apaisant dès à présent notre faim, il creuse en nous le désir de la nourriture véritable, il nous donne le goût de Dieu. La multiplication des pains et des poissons nous donne déjà de nous rassasier du don de Dieu, de nous rapprocher de la source et du banquet nuptial, de repas surabondant et gratuit dont les images poétiques du prophète nous parlaient dans la première lecture. C'est là une des significations profondes de chaque eucharistie. Mais lorsque nous mangeons le pain et buvons à la coupe de l`eucharistie, nous célébrons avec autant de force le partage fraternel.

« Donnez-leur vous-mêmes à manger »

En cette fin de mois de juillet, le Programme alimentaire mondial, qui dépend de l'ONU, prévient : si la communauté internationale ne réagit pas dans les deux mois, 14 millions de personnes sont menacées de famine dans les cinq pays de la corne de l'Afrique, l'Éthiopie, l'Érythrée, la Somalie , le Kenya et l'Ouganda. Ce drame qui se joue, de nos jours encore, en certains pays, est comme la partie émergée d'un drame qui sévit un peu partout : combien d'hommes, de femmes, d'enfants, aujourd'hui même, et jusque dans nos pays surdéveloppés, se demandent comment trouver à manger, tandis que des spéculateurs, sans états d'âme, s'enrichissent en jouant sur des denrées de base comme le riz, le blé ou le maïs.

Il ne suffit pas d'attendre et d'espérer. Jésus commande immédiatement à ses disciples : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. »Pas d'attente les bras croisés, pas de promesses utopiques. C'est aujourd'hui qu'il faut se mettre au travail. Et apporter ce qu'on possède pour le partager. Avez-vous remarqué ceci : Jésus demande à ses disciples de lui apporter ce qu'ils ont comme nourriture. Sans cela, rien n'est possible. Dieu a besoin des hommes. Il a besoin de notre collaboration. Sans cela, pas de partage possible. Même si ce qu'on a n'est presque rien : cinq petits pains et deux petites sardines ! Et il y en eut assez pour tous. Le vrai miracle qui se produit alors est plus que l'aspect discret de la multiplication, que la fait que tous ceux qui avaient apporté quelque chose ont osé le partager.

Devant les problèmes angoissants de la faim dans le monde, nous nous sentons facilement impuissants. A ces problèmes Jésus a une solution très simple. Il dit simplement : « Combien avez-vous ? - partagez-le. »

L'idéologie ultra-libérale qui régente le monde pour l'instant conduit droit à la catastrophe. Il est urgent de nous remettre dans la bonne direction, celle que nous indique aujourd'hui le récit de la multiplication des pains : le partage équitable de nos ressources.

Un grand docteur de l'Église, Jean Chrysostome, a exprimé d'une façon extrêmement forte le lien entre la célébration liturgique et l'attention aux pauvres : « Vous voulez honorer le Corps du Christ. Ne le méprisez pas quand il est nu. Ne l'honorez pas ici dans l'Église avec des vêtements de soie, alors que vous le laissez dehors dans le froid et la nudité... Nourrissez d'abord les pauvres, et vous décorerez l'autel avec ce qui restera. »

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