Dimanche 5 janvier 2014 – Solennité de l’Épiphanie du Seigneur – Année A
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°02/2014
HUMEURS
Non à la christianophobie !
« Les paroles et les pensées du Synode doivent être un cri fort adressé à toutes les personnes qui ont une responsabilité politique ou religieuse pour qu’ils arrêtent la christianophobie. » Ces paroles du Pape émérite Benoît XVI dans son discours à l’occasion des vœux à la Curie romaine prononcés le lundi 20 décembre 2010 revêtent une actualité brûlante dans notre beau pays…
En Polynésie, depuis quelques années déjà, nous avons l’habitude de voir l’Église, où devrais-je dire les Églises, être mises au pilori et accusées d’obscurantisme… mais le billet des Nouvelles du vendredi 27 décembre dernier va plus loin, et s’apparente clairement à de la christianophobie : « Toutefois, les Polynésiens goûtent aussi d’autres études, pas trop logiques celles-là, tournées vers les étoiles. Est-ce l’héritage culturel ma’ohi des tupapa’u, les revenants ? Ou le produit d’une colonisation religieuse qui, depuis le 5 mars 1797, a imposé le culte d’un zombie nazaréen de 2 000 ans (puisque mort sur une croix et vivant encore ensuite, mort-vivant donc) ? »
Ces propos ne relèvent pas d’une simple opposition à l’Église ou à la foi chrétienne, mais sont une atteinte grave à la dignité des croyants… Pourquoi tant de haine ?
(Curieusement sans aucune réaction, pas même du côté des confessions religieuses…)
Ces propos engage-t-il seulement leur auteur, Micaël1 Taputu ? Est-ce la nouvelle ligne éditoriale du journal ? Où serait-ce la volonté des nouveaux actionnaires du groupe, gênés par certaines positions de l’Église ? En tout cas, cela n’honore ni les auteurs ni les éditeurs de ce billet…
À l’offense gratuite faite aux croyants, s’ajoute un mépris profond pour les Polynésiens… Triste et douloureux spectacle en ces périodes de fêtes !
En cette fête de l’Épiphanie… l’occasion nous est offerte de réfléchir à l’enseignement donné par les mages ouverts à l’Autre, et à Hérode, le grand imbu de lui-même au point de massacrer des enfants !
Ne fermons pas notre cœur… « le courage du dialogue et de la réconciliation l’emporte sur la tentation de la vengeance, de l’arrogance et de la corruption… La paix exige la force de la douceur, la force non-violente de la vérité et de l’amour. » (Pape François)
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1 Micaël = Dieu fort !
Épiphanie
Donc, Balthazar, Melchior et Gaspar,
les Rois Mages,
Chargés de nefs d'argent, de vermeil et d'émaux
Et suivis d'un très long cortège de chameaux,
S'avancent, tels qu'ils sont
dans les vieilles images.
De l'Orient lointain, ils portent leurs hommages
Aux pieds du fils de Dieu,
né pour guérir les maux
Que souffrent ici-bas l'homme et les animaux ;
Un page noir soutient leurs robes à ramages.
Sur le seuil de l'étable où veille saint Joseph,
Ils ôtent humblement la couronne du chef
Pour saluer l'Enfant qui rit et les admire.
C'est ainsi qu'autrefois, sous Augustus Caesar,
Sont venus, présentant l'or, l'encens et la myrrhe,
Les Rois Mages Gaspar, Melchior et Balthazar.
José-Maria de HEREDIA (1842-1905)
Justice et paix commencent à la maison
Angélus du pape François du 1er janvier 2014
« En ce premier jour de l’année, que le Seigneur nous aide à nous mettre en marche avec plus de détermination sur les voies de la justice et de la paix. Et cela commence à la maison ! Justice et paix à la maison, entre nous » : c’est le vœu du pape François, ce mercredi 1er janvier 2014.
Chers frères et sœurs, bonjour et bonne année !
Au commencement de cette nouvelle année je vous adresse à tous mes vœux les plus cordiaux de paix et de biens. Mon vœu est celui de l’Église, c’est le vœu chrétien ! Il n’a pas de lien avec le sens un peu magique et un peu fataliste d’un nouveau cycle qui commence. Nous savons que l’histoire a un centre : Jésus Christ, incarné, mort et ressuscité, qui est vivant parmi nous ; elle a une fin : le Royaume de Dieu, Royaume de paix, de justice, de liberté dans l’amour ; et elle a une force qui la porte vers cette fin : cette force est l’Esprit-Saint. Nous avons tous l’Esprit-Saint, que nous avons reçu au Baptême, et qui nous pousse à avancer sur le chemin de la vie chrétienne, sur la route de l’histoire, vers le Royaume de Dieu.
Cet Esprit est la puissance d’amour qui a fécondé le sein de la Vierge Marie ; c’est le même qui anime les projets et les œuvres de tous les artisans de paix. Là où il y a un homme ou une femme artisan de paix, c’est l’Esprit-Saint qui les aide, qui les pousse à faire la paix. Deux routes se rencontrent aujourd’hui : la fête de Marie Mère de Dieu et la Journée mondiale de la paix. Il y a huit jours, a résonné l’annonce angélique : « Gloire à Dieu et paix aux hommes » ; aujourd’hui nous l’accueillons à nouveau de la Mère de Jésus, qui « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2,19), pour en faire notre engagement au cours de l’année qui s’ouvre.
Le thème de cette Journée mondiale de la Paix est « Fraternité, fondement et route pour la paix ». Fraternité : dans le sillage de mes prédécesseurs, depuis Paul VI, j’ai développé ce thème dans un Message déjà publié et que je remets symboliquement à tous aujourd’hui. À la base, il y a la conviction que nous sommes tous enfants de l’unique Père céleste, que nous faisons partie de la même famille et que nous partageons un destin commun. De là dérive pour chacun la responsabilité d’œuvrer afin que le monde devienne une communauté de frères qui se respectent, s’acceptent dans la diversité et prennent soin les uns des autres. Nous sommes aussi appelés à rendre compte des violences et des injustices présentes dans tant de parties du monde et qui ne peuvent pas nous laisser indifférents et inertes : il faut l’engagement de tous pour construire une société vraiment plus juste et solidaire. Hier j’ai reçu une lettre d’un monsieur, peut-être l’un de vous, qui en me parlant d’une tragédie familiale, faisait ensuite la liste des nombreuses tragédies et guerres actuelles, dans le monde, et me demandait : que se passe-t-il dans le cœur de l’homme, qui est poussé à faire cela ? Et il disait à la fin : « Il est temps de s’arrêter ». Moi aussi je crois que cela nous fera du bien de nous arrêter sur cette route de violence, et de chercher la paix. Frères et sœurs, je fais miennes les paroles de cet homme : que se passe-t-il dans le cœur de l’homme ? Que se passe-t-il dans le cœur de l’humanité ? Il est temps de s’arrêter !
De tous les coins de la terre, aujourd’hui les croyants élèvent leur prière pour demander au Seigneur le don de la paix et la capacité de la porter dans tous les milieux. En ce premier jour de l’année, que le Seigneur nous aide à tous nous mettre en marche avec plus de détermination sur les voies de la justice et de la paix. Et cela commence à la maison ! Justice et paix à la maison, entre nous. Cela commence à la maison et puis se répand, dans toute l’humanité. Mais nous devons commencer chez nous. L’Esprit Saint agit dans les cœurs, dissipe les fermetures et les duretés et nous donne de nous attendrir devant la faiblesse de l’Enfant Jésus. La paix, en effet, exige la force de la douceur, la force non violente de la vérité et de l’amour.
Dans les mains de Marie, Mère du Rédempteur, mettons avec confiance filiale nos espérances. À elle, qui étend sa maternité à tous les hommes, confions le cri de paix des populations oppressées par la guerre, par la violence, pour que le courage du dialogue et de la réconciliation l’emporte sur les tentations de vengeance, d’abus, de corruption. À elle, demandons que l’Évangile de la fraternité, annoncé et témoigné par l’Église, puisse parler à toute conscience et abattre les murs qui empêchent les ennemis de se reconnaître frères.
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Si vous vivez avce le Christ, vous deviendrez des sages »
Homélie du pape Benoit XVI pour l’Épiphanie 2013
« Si vous vivez avec le Christ, liés à nouveau à lui dans le sacrement, alors vous aussi vous deviendrez des sages. Alors vous deviendrez des astres qui précèdent les hommes et leur indiquent le juste chemin de la vie », disait Benoît XVI aux quatre nouveaux évêques qu’il avait ordonnés en la basilique Saint-Pierre, ce dimanche 6 janvier 2013, en la solennité de l’Epiphanie, comme c’est la tradition depuis Jean-Paul II.
Chers frères et sœurs !
Pour l’Église croyante et priante, les Mages d’Orient qui, sous la conduite de l’étoile, ont trouvé la route vers la crèche de Bethléem sont seulement le début d’une grande procession qui s’avance dans l’histoire. À cause de cela, la liturgie lit l’évangile qui parle du cheminement des Mages avec les splendides visions prophétiques d’Isaïe 60 et du Psaume 72, qui illustrent par des images audacieuses le pèlerinage des peuples vers Jérusalem. Comme les bergers qui, en tant que premiers hôtes auprès de l’Enfant nouveau-né couché dans la mangeoire, personnifient les pauvres d’Israël et, en général, les âmes humbles qui vivent intérieurement en étant très proches de Jésus, ainsi les hommes provenant de l’Orient personnifient le monde des peuples, l’Église des Gentils – les hommes qui à travers tous les siècles se mettent en marche vers l’Enfant de Bethléem, honorent en Lui le Fils de Dieu et se prosternent devant Lui. L’Église appelle cette fête « Épiphanie » – la manifestation du Divin. Si nous regardons le fait que, dès le début, les hommes de toute provenance, de tous les continents, de toutes les diverses cultures et de tous les divers modes de pensée et de vie ont été et sont en marche vers le Christ, nous pouvons vraiment dire que ce pèlerinage et cette rencontre avec Dieu dans la figure de l’Enfant est une Épiphanie de la bonté de Dieu et de son amour pour les hommes (cf. Tt 3, 4).
Selon une tradition commencée par le Bienheureux Pape Jean-Paul II, nous célébrons aussi la fête de l’Épiphanie comme le jour de l’ordination épiscopale pour quatre prêtres qui, en des fonctions diverses, collaboreront désormais au Ministère du Pape pour l’unité de l’unique Église de Jésus Christ dans la pluralité des Églises particulières. Le lien entre cette ordination épiscopale et le thème du pèlerinage des peuples vers Jésus Christ est évident. En ce pèlerinage, l’évêque a la mission non seulement de marcher avec les autres, mais de précéder et d’indiquer la route. Dans cette liturgie, je voudrais toutefois réfléchir encore avec vous sur une question plus concrète. À partir de l’histoire racontée par Matthieu, nous pouvons certainement nous faire une certaine idée du type d’hommes qu’ont dû être ceux qui, en suivant le signe de l’étoile, se sont mis en route pour aller trouver ce Roi qui aurait fondé un nouveau type de royauté, non seulement pour Israël, mais aussi pour l’humanité entière. Quel genre d’hommes ceux-ci étaient-ils donc ? Et, à partir d’eux, demandons-nous aussi si, malgré la différence d’époque et de missions, on peut percevoir quelque chose de ce qu’est l’évêque et sur la façon dont il doit accomplir sa mission.
Les hommes qui partirent alors vers l’inconnu étaient, en tout cas, des hommes au cœur inquiet. Des hommes poussés par la recherche inquiète de Dieu et du salut du monde. Des hommes en attente qui ne se contentaient pas de leur revenu assuré et de leur position sociale peut-être reconnue. Ils étaient à la recherche de la réalité la plus grande. Ils étaient peut-être des hommes instruits qui avaient une grande connaissance des astres et qui probablement disposaient aussi d’une formation philosophique. Mais, ils ne voulaient pas seulement savoir beaucoup de choses. Ils voulaient savoir surtout l’essentiel. Ils voulaient savoir comment on peut réussir à être une personne humaine. Et c’est pourquoi, ils voulaient savoir si Dieu existe, où et comment il est. S’il prenait soin de nous et comment nous pouvons le rencontrer. Ils voulaient non seulement savoir. Ils voulaient reconnaître la vérité sur nous, sur Dieu et sur le monde. Leur pèlerinage extérieur était une expression de leur cheminement intérieur, du pèlerinage intérieur de leur cœur. Ils étaient des hommes qui cherchaient Dieu et, en définitive, ils étaient en marche vers lui. Ils étaient des chercheurs de Dieu.
Mais avec cela, nous arrivons à la question : comment doit être un homme à qui on impose les mains pour l’ordination épiscopale dans l’Église de Jésus Christ ? Nous pouvons dire : il doit être avant tout un homme dont l’intérêt est tourné vers Dieu, car c’est seulement alors qu’il s’intéresse vraiment aussi aux hommes. Nous pourrions aussi le dire en sens inverse : un évêque doit être un homme à qui les hommes tiennent à cœur, un homme qui est touché par les situations des hommes. Il doit être un homme pour les autres. Toutefois, il peut l’être vraiment seulement s’il est un homme conquis par Dieu. Si pour lui, l’inquiétude pour Dieu est devenu une inquiétude pour sa créature, l’homme. Comme les Mages d’Orient, un évêque ne doit pas aussi être quelqu’un qui exerce seulement son métier et ne veut rien d’autre. Non, il doit être pris par l’inquiétude de Dieu pour les hommes. Il doit, pour ainsi dire, penser et sentir avec Dieu. Il n’est pas seulement l’homme qui porte en lui l’inquiétude innée pour Dieu, mais cette inquiétude est une participation à l’inquiétude de Dieu pour nous. Puisque Dieu est inquiet de nous, il nous suit jusque dans la mangeoire, jusqu’à la Croix. « En me cherchant, tu as peiné ; tu m’as sauvé par ta passion : qu’un tel effort ne soit pas vain », prie l’Église dans le Dies irae. L’inquiétude de l’homme pour Dieu et, à partir d’elle, l’inquiétude de Dieu pour l’homme ne doivent pas donner de repos à l’évêque. C’est cela que nous comprenons quand nous disons que l’évêque doit être d’abord un homme de foi. Car la foi n’est pas autre chose que le fait d’être intérieurement touché par Dieu, une condition qui nous conduit sur le chemin de la vie. La foi nous introduit dans un état où nous sommes pris par l’inquiétude de Dieu et fait de nous des pèlerins qui sont intérieurement en marche vers le vrai Roi du monde et vers sa promesse de justice, de vérité et d’amour. Dans ce pèlerinage, l’évêque doit précéder, il doit être celui qui indique aux hommes le chemin vers la foi, l’espérance et l’amour.
Le pèlerinage intérieur de la foi vers Dieu s’effectue surtout dans la prière. Saint Augustin a dit un jour que la prière, en dernière analyse, ne serait autre chose que l’actualisation et la radicalisation de notre désir de Dieu. À la place de la parole “désir”, nous pourrions mettre aussi la parole “inquiétude” et dire que la prière veut nous arracher à notre fausse commodité, à notre enfermement dans les réalités matérielles, visibles et nous transmettre l’inquiétude pour Dieu, nous rendant ainsi ouverts et inquiets aussi les uns des autres. Comme pèlerin de Dieu, l’évêque doit être d’abord un homme qui prie. Il doit être en contact intérieur permanent avec Dieu ; son âme doit être largement ouverte vers Dieu. Il doit porter à Dieu ses difficultés et celles des autres, comme aussi ses joies et celles des autres, et établir ainsi, à sa manière, le contact entre Dieu et le monde dans la communion avec le Christ, afin que la lumière du Christ resplendisse dans le monde.
Revenons aux Mages d’Orient. Ceux-ci étaient aussi et surtout des hommes qui avaient du courage, le courage et l’humilité de la foi. Il fallait du courage pour accueillir le signe de l’étoile comme un ordre de partir, pour sortir – vers l’inconnu, l’incertain, sur des chemins où il y avait de multiples dangers en embuscade. Nous pouvons imaginer que la décision de ces hommes a suscité la dérision : la plaisanterie des réalistes qui pouvaient seulement se moquer des rêveries de ces hommes. Celui qui partait sur des promesses aussi incertaines, risquant tout, ne pouvait apparaître que ridicule. Mais pour ces hommes touchés intérieurement par Dieu, le chemin selon les indications divines était plus important que l’opinion des gens. La recherche de la vérité était pour eux plus importante que la dérision du monde, apparemment intelligent.
Comment ne pas penser, dans une telle situation, à la mission d’un évêque à notre époque ? L’humilité de la foi, du fait de croire ensemble avec la foi de l’Église de tous les temps, se trouvera à maintes reprises en conflit avec l’intelligence dominante de ceux qui s’en tiennent à ce qui apparemment est sûr. Celui qui vit et annonce la foi de l’Église, sur de nombreux points n’est pas conforme aux opinions dominantes justement aussi à notre époque. L’agnosticisme aujourd’hui largement dominant a ses dogmes et est extrêmement intolérant à l’égard de tout ce qui le met en question et met en question ses critères. Par conséquent, le courage de contredire les orientations dominantes est aujourd’hui particulièrement urgent pour un évêque. Il doit être valeureux. Et cette vaillance ou ce courage ne consiste pas à frapper avec violence, à être agressif, mais à se laisser frapper et à tenir tête aux critères des opinions dominantes. Le courage de demeurer fermement dans la vérité est inévitablement demandé à ceux que le Seigneur envoie comme des agneaux au milieu des loups. « Celui qui craint le Seigneur n’a peur de rien » dit le Siracide (34, 16). La crainte de Dieu libère de la crainte des hommes. Elle rend libres !
Dans ce contexte, un épisode des débuts du christianisme que saint Luc rapporte dans les Actes des Apôtres me vient à l’esprit. Après le discours de Gamaliel, qui déconseillait la violence envers la communauté naissante des croyants en Jésus, le sanhédrin convoqua les Apôtres et les fit flageller. Ensuite il leur interdit de parler au nom de Jésus et il les remit en liberté. Saint Luc continue : « Mais eux, en sortant du sanhédrin, repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus. Et chaque jour … ils ne cessaient d’enseigner et d’annoncer la Bonne Nouvelle du Christ Jésus » (Ac 5, 40ss.). Les successeurs des Apôtres doivent aussi s’attendre à être à maintes reprises frappés, de manière moderne, s’ils ne cessent pas d’annoncer de façon audible et compréhensible l’Évangile de Jésus Christ. Et alors ils peuvent être heureux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour lui. Naturellement, nous voulons, comme les apôtres, convaincre les gens et, en ce sens, obtenir leur approbation. Naturellement, nous ne provoquons pas, mais bien au contraire nous invitons chacun à entrer dans la joie de la vérité qui indique la route. L’approbation des opinions dominantes, toutefois, n’est pas le critère auquel nous nous soumettons. Le critère c’est Lui seul : le Seigneur. Si nous défendons sa cause, grâce à Dieu, nous gagnerons toujours de nouveau des personnes pour le chemin de l’Évangile. Mais inévitablement nous serons aussi frappés par ceux qui, par leur vie, sont en opposition avec l’Évangile, et alors nous pouvons être reconnaissants d’être jugés dignes de participer à la Passion du Christ.
Les Mages ont suivi l’étoile, et ainsi ils sont parvenus jusqu’à Jésus, jusqu’à la grande Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde (cf. Jn 1, 9). Comme pèlerins de la foi, les Mages sont devenus eux-mêmes des étoiles qui brillent dans le ciel de l’histoire et nous indiquent la route. Les saints sont les vraies constellations de Dieu, qui éclairent les nuits de ce monde et nous guident. Saint Paul, dans la Lettre aux Philippiens, a dit à ses fidèles qu’ils doivent resplendir comme des astres dans le monde (cf. 2, 15).
Chers amis, ceci nous concerne aussi. Ceci vous concerne surtout vous qui, maintenant, allez être ordonnés évêques de l’Église de Jésus Christ. Si vous vivez avec le Christ, liés à nouveau à lui dans le sacrement, alors vous aussi vous deviendrez des sages. Alors vous deviendrez des astres qui précèdent les hommes et leur indiquent le juste chemin de la vie. En ce moment nous tous ici nous prions pour vous, afin que le Seigneur vous remplisse de la lumière de la foi et de l’amour. Afin que cette inquiétude de Dieu pour l’homme vous touche, pour que tous fassent l’expérience de sa proximité et reçoivent le don de sa joie. Nous prions pour vous, afin que le Seigneur vous donne toujours le courage et l’humilité de la foi. Nous prions Marie qui a montré aux Mages le nouveau Roi du monde (Mt 2, 11), afin qu’en Mère affectueuse, elle vous montre aussi Jésus Christ et vous aide à être des hommes qui indiquent la route qui conduit à lui. Amen.
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Ce Pape qui n’a pas fini de nous étonner
Éditorial d’Yves Kerdrel
Inconnu il y a un an, le pape François veut conduire la barque de Pierre en mettant davantage l’accent sur une Église de la miséricorde que sur une Église de la norme.
Alphonse Allais aimait à dire : « Je ne prendrai pas de calendrier cette année, car j’ai été très mécontent de celui de l’année dernière ! »Pour le journaliste, à l’inverse, toutes les années se valent tant que l’actualité est riche, tant que les débats sont nombreux et tant que, au-delà de l’écume des jours, il reste la possibilité de donner du sens au bruit et de s’intéresser aux vrais sujets de société aux dépens des lugubres modes médiatiques.
De l’année 2013, il serait possible de retenir beaucoup d’événements majeurs, en France comme sur le reste de la planète. Il y a eu cette formidable mobilisation d’un très grand nombre de Français contre la loi inique instaurant le mariage homosexuel, avec comme corollaire l’apparition, chez nombre de jeunes, d’une conscience politique. Aveuglé par ses dogmes, son sectarisme et une intolérance rare, le gouvernement n’a rien compris de cette France qui se levait en masse pour défendre des valeurs liées à la famille, aux droits de l’enfant et à la filiation… Il y a eu également la formidable reprise économique dont ont bénéficié les États-Unis, le Royaume-Uni et même le Japon : trois pays qui ont opté pour des politiques délibérément libérales. Il y a eu enfin la manière dont Vladimir Poutine est devenu l’homme incontournable de la géopolitique mondiale, profitant de la fadeur d’un Barack Obama incapable de jouer le rôle de gendarme du monde. Mais s’il ne fallait retenir qu’un seul événement de cette année 2013, c’est bien sûr la renonciation de Benoît XVI et l’élection de son successeur, le pape François.
À une époque où le matérialisme, l’égoïsme et le relativisme sont devenus les trois piliers d’une civilisation qui ne semble plus vivre que pour le pain et les jeux (panem et circenses), l’Église a choisi comme successeur de l’apôtre Pierre un cardinal argentin qui déconcerte, surprend et bouscule la cour vaticane. À la fois jésuite par sa formation et franciscain par son mode de vie, le pape se définit comme « un pécheur sur lequel le Seigneur a posé son regard ». Bien sûr, sa simplicité assumée a pu troubler plus d’un catholique.
Bien sûr, il ne ressemble en rien à Jean-Paul II, qui gardera à jamais une place à part dans l’histoire de l’Église. Bien sûr, il apparaît très différent d’un Benoît XVI, si attaché à la théologie et à la défense de l’édifice moral constitué par deux millénaires d’histoire, d’écrits et de dogmes. À travers ses premières prises de parole et ses écrits, le pape François semble vouloir mettre davantage l’accent sur une Église de la miséricorde que sur une Église de la norme.
Ne nous voilons pas la face : c’est une petite révolution pour les 1 200 millions de catholiques qui constituent près du cinquième de l’humanité. Mais ce pape, que beaucoup ont déjà désigné comme “l’homme de l’année”, ne veut pas simplement réformer la curie romaine. Il entend surtout remettre l’Église dans les pas de Celui qui l’a créée. Son mot d’ordre, il le prend dans l’Évangile, lorsque le Christ sermonne les scribes et les pharisiens auxquels il reproche d’avoir « enlevé la clé de la connaissance »et finalement « fermé »l’Église à ceux qui recherchent la tendresse, la douceur et l’amour de Jésus.
Comme le pape François l’a écrit, il y a quelques jours, à l’occasion de son message annuel pour la paix dans le monde : « Le Christ embrasse tout l’homme et veut qu’aucun ne se perde. »Lui veut aller à la rencontre de nous, simples pèlerins d’Emmaüs. Comme le fondateur des jésuites, Ignace de Loyola, il souhaite davantage une Église missionnaire qu’une Église de la contrition. Voilà pourquoi, dans une conversation avec un autre jésuite, il a souhaité « une Église qui n’ait pas peur d’entrer dans la nuit de l’homme, une Église capable de les rencontrer sur leur chemin, une Église capable d’affronter leur désenchantement et leur désillusion d’un christianisme considéré comme un terrain stérile, infécond et incapable de générer du sens ».
Ce pape n’a donc pas fini de nous surprendre. Comme il n’a pas fini de nous rappeler — que nous croyions au ciel ou que nous n’y croyions pas — au message universel du Christ. Voilà pourquoi, à l’occasion de cette belle fête de Noël, nous vous offrons ce numéro double consacré à Jésus…
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La christianophobie de l’Occident
Réflexion de Mgr Luc RAVEL, évêque aux armées
Même en Polynésie, lentement mais sûrement le judéo-christianisme se fait balayer vers la porte de sortie. Oh bien sûr il ne s’agit pas d’une franche persécution bien tranchante et bien sanglante comme nos pères en connurent sous d’autres cieux en d’autres temps mais enfin, qu’on le veuille ou non, on nous prie de disparaître vers les arrière-cuisines en nous demandant de n’en plus bouger. Années après années le bannissement se fait de plus en plus pressant. Le billet des Nouvelle du vendredi 27 décembre dernier, nous donne l’occasion de relire l’intervention de Mgr Luc RAVEL, évêque aux armées au sujet de la christianophobie ambiante…
J’aimerais que ces propos de l’évêque aux armées, qui a le devoir de scruter les signes des temps et la géostratégie de la criminalité, soient un écho net de ce « … cri fort adressé à toutes les personnes qui ont une responsabilité politique ou religieuse pour qu’ils arrêtent la christianophobie. » Il n’est pas question pour moi d’endosser la responsabilité de cet appel initial. Son auteur nous est bien connu puisqu’il s’agit de… Benoît XVI !
Rappelons d'abord ce que tous savent : phobie vient d'un mot grec « phobos » qui signifie « la crainte » ou la peur. Il ne s'agit pas de n'importe quelle peur mais de celle qui engendre une réaction opposée et qui se transforme en violence contre l'objet qui la fait naître. Soit qu'il la fuit soit qu'il l'écrase, celui qui est atteint d'une phobie de l’araignée se sépare avec violence de cette petite bête au demeurant charmante et le plus souvent totalement inoffensive. La phobie est de l'ordre de l'irrationnel et ce qui en procède est strictement compulsif. On mesure alors la gravité de ces mots du pape à propos des chrétiens victimes de persécutions ou de fuites injustes et rarement reconnues comme telles.
Mais revenons quelques mois en arrière.
Peu avant Noël, chaque année, de longue tradition, le pape s’adresse à ses proches collaborateurs, ceux qui appartiennent à la Curie romaine. Il résume son action pastorale de l’année et trace un tableau du monde tel qu’il l’a vu ou tel qu’il lui est remonté de toutes les Églises de la terre. Cette prise de parole donne lieu à un discours majeur souvent passé inaperçu des médias y compris catholiques. Or la place qu’il occupe et la hauteur de vue que lui donne son recul vis-à-vis d’un régime politique particulier l’autorisent à des analyses libres et documentées qui rappellent la voix prophétique de l’Évangile. Alors que nos sociétés occidentales peinent à chercher de nouveaux équilibres qui tiennent compte de populations nouvelles, alors qu’en France certains veulent rouvrir le débat institutionnel sur la laïcité, les paroles du pape du 20 décembre 2010 peuvent nous aider à dépasser les humeurs, les naïvetés et les peurs du moment, et à contrôler ces émotions qui émergent toujours dès qu’on évoque un changement, qui surenchérissent les unes sur les autres et finissent par exploser lorsque font apparition chez « nous » des religions ou des cultures auxquelles notre histoire ne nous avait pas habitués.
Une chose est l’esprit qui raisonne et pousse à de beaux discours de tolérance et de liberté, autre chose le cœur et « les tripes » qu’on ose moins montrer mais auxquels on se soumet bien plus volontiers.
Si à ce discours devant la Curie romaine, on ajoute celui du 10 janvier 2011 au corps diplomatique, nous arrivons à une vision structurée et particulièrement unifiée sur le thème précis de la liberté religieuse. Dans cet exposé magistral, le Pape entend faire passer une série de messages forts aux gouvernants politiques de tous les pays du monde.
Donc deux discours : l’un « à l’interne » pour ses proches, l’autre « à l’externe » pour les chefs d’État.
Or, dans la ligne directe de son étonnant message pour la journée de la Paix du 1er janvier 2011 intégralement consacré à la liberté religieuse, Benoît XVI diagnostique, au milieu de beaucoup de manquements à la liberté religieuse de par le monde, une « christianophobie de l’Occident » selon l’expression forgée par un juriste juif américain, Joseph Weiler.
Vous trouverez un peu plus loin de larges extraits de ces deux textes pour que chacun puisse juger des arguments et des faits sur lesquels le pape s’appuie. Mais une présentation du contexte mental s’impose auparavant.
Première remarque : ni le pape ni moi-même nous n’entendons nous aligner sur le concert (en général bien orchestré) de tous ceux qui, sans vouloir argumenter, protègent systématiquement leur cause derrière l’argument de la phobie. Ce n’est pas à moi de juger si leur cause est juste ou pas. Mais je ne peux pas manquer de relever ce fait singulier qui va tous nous embarrasser à force de manquer à la raison raisonnante. Derrière l’antisémitisme, on voit apparaître l’homophobie et depuis quelques années l’islamophobie etc… Pour conserver, recouvrer ou obtenir des droits, chaque groupe se réfugie derrière cette accusation forte qui n’est plus un argument mais un cri car il consiste à se poser en victime d’un sentiment équivalent au racisme, c'est-à-dire à se définir comme l'objet d’un complot ou d’un mépris non pas visant un individu mais le groupe tout entier jugé et condamné sur ces opinions, religions ou attitude sexuelle etc…
C’est donc le groupe - ou la communauté - qui se sent collectivement agressé soit par des propos malveillants soit par des attitudes discriminatoires ou criminelles touchant un ou plusieurs de ses membres. Blessée, la communauté ne cherche plus à se défendre par la réfutation des horreurs ou vexations dont elle est la victime mais elle invoque ce droit si naturel d’être respectée dans ses convictions et ses personnes. Elle recourt immédiatement à la lutte antiraciste et met en demeure les pouvoirs en place de réagir à sa place au nom de principes universels. On soulève l’émotion publique pour sauver sa cause qui semble perdue. Il semblerait que cette action en justice et cet appel aux droits de l’homme étendus à la communauté soient de plus en plus fréquents en ce moment de l’histoire que nous traversons. N’y aurait-il pas un signe des temps ?
À cet instant où nous parlons à notre tour de « christianophobie », j’entends bien ne pas nous sortir du lot. Et si je me permets de qualifier une telle attitude d’embarrassante, c’est en raison de la difficulté où elle met nos gouvernements de réagir autrement que par la sanction. En elle-même, elle n’ouvre pas au dialogue ou à la recherche de solution. Il faut être net sur ce point. Elle est une revendication quand « trop c’est trop », quand la douleur est telle qu’il ne reste plus que de crier au scandale dans l’espoir d’être entendu. Une telle posture est parfois nécessaire mais elle n'est efficace que si on n’en abuse pas, que si on ne crie pas « au loup » à la première contrariété.
Or il me semble que nous, catholiques, avons fait preuve de patience, de beaucoup de patience. On ne peut que s'en réjouir puisque la patience est la première qualité de l’amour vrai. Mais vient un temps où il faut savoir parler avec force. À notre tour et parce que cela nous semble justifié, attirons les regards de nos sociétés et soutenons nos hommes politiques qui s’émeuvent de ces situations et cherchent à y remédier.
Nos politiques ne peuvent pas tout suivre en temps réel : ils ont donc besoin qu’on les alerte sur certains manques fondamentaux à la justice.
À force de nous taire, nous ne nous plaindrons pas qu’on nous croit toujours des privilégiés : bon nombre de français, pour ne parler que d’eux, sont encore persuadés que l’Église catholique est soutenue par l’État, protégée voire privilégiée… nos clichés ont la vie dure…
Or il est loin le temps des avantages en nature ou en esprit : au mépris des droits fondamentaux, au rebours de l'histoire, ici et ailleurs, les catholiques, pour ne parler qu'au nom de ces chrétiens-là, mais ils ne sont pas les seuls à souffrir, les catholiques, donc, (re)deviennent les parias de nos sociétés incapables de reconnaissance. Ne nous étonnons pas qu'à force de taire et de renier ses racines notre société se trouve incapable de réagir aux manques de solidarité réelle qui deviennent courantes entre les générations. Nos jeunes accepteront-ils de payer les retraites de nos parents ? Quant à nos retraites, je ne préfère même pas en parler...
Tôt ou tard les comportements injustes se payent.
Au-delà des considérations très précises de Benoît XVI, il serait intéressant de se poser les questions suivantes : pourquoi cet acharnement sur les chrétiens ? Pourquoi ce « deux poids deux mesures » dans la conscience de nos gouvernants qui hurlent de concert dès qu'on touche à certaines religions mais qui répondent par un silence copieux quand on s'attaque aux chrétiens ? Pourquoi les chrétiens doivent-ils systématiquement servir de variable d'ajustement dans des situations que l'on prétend difficiles ?
Serait-ce que les chrétiens passent pour des personnes capables de tout avaler ? De tout encaisser en silence au motif que leur Maître est mort en croix ? Serait-ce parce qu'ils ne représentent aucune menace physique puisqu'ils refusent par principe d'user de violence pour défendre leur cause ? Serait-ce que leur idéal suscite la haine et leur réussite la jalousie ?
Ne serait-ce pas tout simplement parce que, dans un monde de ténèbres, ils s'efforcent d'être ce qu'ils sont : lumière du monde ?
Le temps des chiens muets est fini. Celui de l'appel à la justice commence. Il coûte cher, ce qui se passe en Afrique du nord nous le montre. Il ne débouche sur la liberté véritable qu'à force de courage. Ce cri puissant venu de Rome répercute ceux de millions de chrétiens écrasés. Il réclame donc la justice chez les dirigeants mais il exige le courage chez les catholiques. Et surtout chez ceux qui ont quelque chose à perdre.
Peut-il en être autrement ?
+ Luc Ravel
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La Famille, don de Dieu
Commentaire de l’Évangile de la solennité de l’Épiphanie du Seigneur
Il était une fois un roi inquiet, une étoile qui devait glorifier la lignée du messie et un mage venu de l’étranger que le roi veut utiliser pour ses projets malveillants. Or il advint que ce mage fit tout le contraire de ce que le roi attendait de lui, et qu’il s’en retourna d’où il était venu, sans être inquiété... Cette anecdote provient d’un très vieux texte de la Bible qu’on ne lit pas très souvent. Elle est en effet tirée de l’Ancien Testament, et plus précisément du livre des Nombres, aux chapitres 22 à 24. Le roi inquiet, c’est le roi de Moab qui voit le peuple d’Israël, nombreux et puissant, en marche vers la Terre Promise. L’étoile, c’est celle qu’un devin étranger voit s’élever au-dessus de Jacob pour annoncer le messie à venir. Le mage, c’est Balaam, venu d’un pays lointain juché sur son ânesse. Il était venu, à l’invitation du roi de Moab, pour maudire le peuple d’Israël. Mais Dieu ne l’entend pas ainsi et il empêche Balaam d’anathématiser Israël... Bien plus, il le fait bénir et, pour finir, laisse le devin repartir d’où il était venu en le protégeant de la fureur du roi...
Les chrétiens de Palestine auxquels s’adresse l’évangéliste Matthieu - des chrétiens d’origine juive - connaissaient bien cette histoire. Ils ne sont pas surpris de lire qu’au début de son évangile, Matthieu, le juif, la reprenne pour évoquer la naissance de Jésus. C’est un récit très imagé, qu’il ne faut pas pour autant prendre à la légère. Il constitue à lui seul un mini-évangile, un résumé de tout ce qu’a retenu Matthieu concernant Jésus. Rappelons-en quelques éléments...
Les mages : ils représentent les païens qui ont su, mieux que les Juifs, accueillir le messie. C’est un thème cher à Matthieu : à la fin de son évangile, il sera le seul à rapporter l’intérêt porté par la femme de Pilate - une païenne - au salut de Jésus. Dès le début, les païens, les étrangers, sont là auprès de l’enfant Jésus, tandis que les autorités juives - les chefs des prêtres, les scribes et le roi Hérode - ne se déplacent même pas ! Il y a pour nous une première mise en garde : ne classons pas trop vite les gens. Gardons-nous de leur coller des étiquettes.
L’étoile : sans elle, les mages ne découvriraient pas le Fils de Dieu. L’étoile est l’image de la foi : un don que Dieu nous fait. Elle est comme un signe dans la nuit, le signe d’un Dieu qui n’abandonne pas les hommes dans leurs ténèbres, mais se plaît à les rassurer en leur rappelant sa fidélité. Les mages, nous dit l’évangile, « furent remplis de joie à la vue de l’étoile… » Peut-être est-ce pour nous une invitation à considérer, avec émerveillement, toutes les étoiles qui ont guidé notre route vers le Christ ? Combien y en a-t-il eu de ces événements, de ces rencontres, de ces paroles qui ont été comme des étoiles à certaines périodes sombres de notre vie !
L’or, l’encens et la myrrhe... De l’or, comme à un roi : car il s’agit que Jésus soit Seigneur de notre vie, qu’il règne sur nos désirs, nos projets, nos pensées, nos actes, nos choix... Jésus est roi, mais pas n’importe quel roi. La fragilité même de cet enfant de Bethléem nous montre que ce roi n’a pour seule puissance que celle de son amour. Il n’est tout-puissant que par amour ! De l’encens, comme à un dieu : car en Jésus, c’est plus qu’un prophète que Dieu nous envoie. Nous disons du Seigneur Jésus qu’il est désormais assis à la droite du Père ; c’est une manière de dire qu’il est égal au Père, vrai Dieu né du vrai Dieu. De la myrrhe aussi, celle qu’on use pour les soins funéraires. Jésus n’a pas fait semblant d’entrer dans notre histoire. Les mages lui offrent de la myrrhe, car Lui qui était immortel a accepté, pour nous, de devenir mortel. Il nous a donné sa mort en gage de notre résurrection !
Enfin, c’est par un autre chemin que les mages regagnent leur pays... C’est l’image même de la vie chrétienne, c’est-à-dire de la conversion. Quand on a découvert Jésus, on ne peut pas continuer comme avant... Il faut changer de cap, prendre une autre route ! Demandons à Dieu qu’il en soit ainsi dans chacune de nos vies, pour que l’amour du Christ soit vraiment manifesté partout où des hommes, comme les mages de l’évangile, sont en quête d’un monde meilleur !
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