PKO 6.10.2013
Dimanche 6 octobre 2013 – XXVIIème Dimanche du Temps ordinaire – Année C
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°53/2013
HUMEURS
« Honte ! C’est une honte ! »
Le monde « ne s’inquiète pas si des personnes doivent fuir l’esclavage, la faim, en cherchant la liberté. Et avec combien de douleur nous voyons tant de ces volontés de liberté trouver la mort, comme s’est arrivé hier à Lampedusa ». « Aujourd’hui c’est une journée de pleurs ». Ainsi le Pape François est-il revenu ce vendredi matin à Assise sur le drame survenu mercredi au large de l’île italienne de Lampedusa. Le Pape François, qui avait qualifié jeudi le drame de « honte », avait déjà condamné en juillet sur cette île contre la « mondialisation de l'indifférence » face à des gens qui fuient la guerre et la misère. Voici les paroles prononcées jeudi : « Quand je parle de paix, quand je parle de la crise économique mondiale inhumaine, qui est un symptôme du manque de respect pour l’homme, je ne peux pas ne pas rappeler avec une immense douleur les nombreuses victimes de l’énième naufrage tragique advenu aujourd’hui au large de Lampedusa. Un seul mot me vient à l'esprit : Honte ! C'est une honte ! Prions ensemble Dieu pour ceux qui ont perdu la vie : hommes, femmes, enfants, pour leurs proches et pour tous les réfugiés. Unissons nos efforts pour que ne se répètent pas de semblables tragédies ! Seule une collaboration décidée par tous peut aider à les prévenir. »
« Respectons tout être humain : que cessent les conflits armés qui ensanglantent la terre, que se taisent les armes et que partout la haine cède la place à l’amour, l’offense au pardon et la discorde à l’union. Écoutons le cri de ceux qui pleurent, souffrent et meurent à cause de la violence, du terrorisme ou de la guerre, en Terre Sainte, si aimée de saint François, en Syrie, au Moyen-Orient, dans le monde.
Nous nous adressons à toi, François, et nous te demandons : obtiens-nous de Dieu le don de l’harmonie et de la paix dans notre monde ! »
En marge de l’actualité
Dimanche 6 octobre : La fête des Familles
Alors que l’on se plaint de la dislocation des familles, de la perte des valeurs transmises de génération en génération, alors que les parents se plaignent de ne plus avoir autorité sur leurs enfants devenus adolescents, il semble fondamental de revenir aux richesses culturelles véhiculées par nos familles.
La fête des Familles, fixée comme chaque année au premier dimanche d’octobre [cette année : le 06 octobre], est une occasion de vivre un moment fort de partage, de dialogue… sorte d’opération vérité où chacun(e) s’interroge sur les liens qui unissent les membres d’une même famille. Occasion de mettre l’accent sur ce qui unit, fortifie ma famille, notre famille… et non sur ce qui la divise.
Qu’est-ce que la fête des Familles ?
Instituée en 2009 par la Confédération nationale des AFC, la fête des Familles est programmée chaque année le premier dimanche du mois d’octobre. Elle a pour objectif de rassembler très largement toutes les familles, en les invitant à se retrouver, à partager des moments de joies, et de faire passer un message positif et plein d’espoir.
Même si cette fête est proposée par une association « catholique », il n’est point nécessaire d’être catholique pour vivre ce temps de fête et de convivialité. Alors… BONNE FETE A TOUTES LES FAMILLES !
Dominique SOUPÉ - Chancelier
L’Église est la maison ou chacun peut être transformé par l’Amour
Audience générale du pape François du mercredi 2 octobre 2013
« En quel sens l’Église est-elle sainte, si nous voyons que l’Église historique, dans son chemin au long des siècles, a eu beaucoup de difficultés, de problèmes, de moments d’obscurité ? Comme une Église faite d’êtres humains, de pécheurs, peut-elle être sainte ? », demande le pape François avant de répondre en repartant du Christ : « Le Christ a aimé l’Église ». C'est ainsi que l'Eglise est la maison où chacun peut être transformé par l'amour.
Chers frères et sœurs, bonjour !
Dans le « Credo », après avoir professé : « Je crois en l’Église une », nous ajoutons l’adjectif : « sainte » ; c’est-à-dire que nous affirmons la sainteté de l’Église, et il s’agit d’une caractéristique qui est présente depuis le début dans la conscience des premiers chrétiens, qui s’appelaient simplement « les saints » (cf. Ac 9, 13.32.41 ; Rm 8, 27 ; 1 Co 6, 1), parce qu’ils avaient la certitude que c’est l’action de Dieu, l’Esprit Saint qui sanctifie l’Église.
Mais dans quel sens l’Église est-elle sainte, si nous voyons que l’Église historique, dans son chemin au fil des siècles, a eu tant de difficultés, de problèmes, de moments sombres ? Comment une Église faite d’êtres humains, de pécheurs, peut-elle être sainte ? Des hommes pécheurs, des femmes pécheresses, des prêtres pécheurs, des religieuses pécheresses, des évêques pécheurs, des cardinaux pécheurs, un Pape pécheur ? Tous. Comment une telle Église peut-elle être sainte ?
Pour répondre à cette question, je voudrais me laisser guider par un passage de la Lettre de saint Paul aux chrétiens d’Éphèse. L’apôtre, en prenant comme exemple les relations familiales, affirme que « le Christ a aimé l’Église : il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier » (5, 25-26). Le Christ a aimé l’Église, en se donnant tout entier sur la croix. Et cela signifie que l’Église est sainte parce qu’elle procède de Dieu qui est saint, lui est fidèle et il ne l’abandonne pas au pouvoir de la mort et du mal (cf. Mt 16, 18). Elle est sainte parce que Jésus Christ, le Saint de Dieu (cf. Mc 1, 24), est uni de façon indissoluble à elle (cf. Mt 28, 20) ; elle est sainte parce qu’elle est guidée par l’Esprit Saint qui purifie, transforme, renouvelle. Elle n’est pas sainte en vertu de nos mérites, mais parce que Dieu la rend sainte, elle est le fruit de l’Esprit Saint et de ses dons. Ce n’est pas nous qui la rendons sainte. C’est Dieu, l’Esprit Saint, qui dans son amour rend l’Église sainte.
Vous pourriez me dire : mais l’Église est formée de pécheurs, nous le voyons chaque jour. Et cela est vrai, nous sommes une Église de pécheurs ; et nous pécheurs sommes appelés à nous laisser transformer, renouveler, sanctifier par Dieu. Il y a eu dans l’histoire la tentation de certains qui affirmaient : l’Église est seulement l’Église des purs, de ceux qui sont entièrement cohérents, et les autres doivent être éloignés. Cela n’est pas vrai ! Cela est une hérésie ! L’Église, qui est sainte, ne refuse pas les pécheurs ; nous tous, elle ne nous refuse pas. Elle ne refuse pas car elle appelle tous, elle les accueille, elle est ouverte également à ceux qui sont le plus éloignés, elle appelle chacun à se laisser entourer par la miséricorde, par la tendresse et par le pardon du Père, qui offre à tous la possibilité de le rencontrer, de marcher vers la sainteté. « Mais, Père, moi je suis un pécheur, j’ai commis de grands péchés, comment puis-je sentir que je fais partie de l’Église ? ». Cher frère, chère sœur, c’est précisément cela que désire le Seigneur ; que tu lui dises : « Seigneur, je suis ici, avec mes péchés ». L’un d’entre vous est-il ici sans péché ? Personne, personne d’entre nous. Nous portons tous avec nous nos péchés. Mais le Seigneur veut nous entendre dire : « Pardonne-moi, aide-moi à marcher, transforme mon cœur ! ». Et le Seigneur peut transformer le cœur. Dans l’Église, le Dieu que nous rencontrons n’est pas un juge impitoyable, mais il est comme le Père de la parabole évangélique. Il peut être comme le fils qui a quitté la maison, qui a touché le fond de l’éloignement de Dieu. Lorsque tu as la force de dire : je veux rentrer à la maison, tu trouveras la porte ouverte, Dieu vient à ta rencontre parce qu’il t’attend toujours, Dieu t’attend toujours, Dieu t’embrasse, il t’embrasse, et se réjouit. Ainsi est le Seigneur, ainsi est la tendresse de notre Père céleste. Le Seigneur veut que nous fassions partie d’une Église qui sait ouvrir ses bras pour accueillir tous, qui n’est pas la maison de quelques-uns, mais la maison de tous, où tous puissent être renouvelés, transformés, sanctifiés par son amour, les plus forts et les plus faibles, les pécheurs, les indifférents, ceux qui se sentent découragés et perdus. L’Église offre à tous la possibilité de parcourir la voie de la sainteté, qui est la voie du chrétien. Elle nous fait rencontrer Jésus Christ dans les Sacrements, en particulier dans la confession et dans l’Eucharistie. Elle nous communique la Parole de Dieu, elle nous fait vivre dans la charité, dans l’amour de Dieu envers tous. Demandons-nous, alors : nous laissons-nous sanctifier ? Sommes-nous une Église qui appelle et accueille à bras ouverts les pécheurs, qui donne courage, espérance, ou sommes-nous une Église fermée sur elle-même ? Sommes-nous une Église où l’on vit l’amour de Dieu, où l’on fait attention à l’autre, où l’on prie les uns pour les autres ?
Une dernière question : que puis-je faire, moi qui me sens faible, fragile, pécheur ? Dieu te dit : n’aie pas peur de la sainteté, n’aie pas peur de viser haut, de te laisser aimer et purifier par Dieu, n’aie pas peur de te laisser guider par l’Esprit Saint. Laissons-nous toucher par la sainteté de Dieu. Chaque chrétien est appelé à la sainteté (cf. Const. dogm. Lumen gentium, nn. 39-42), et la sainteté ne consiste pas avant tout à faire des choses extraordinaires, mais à laisser agir Dieu. C’est la rencontre de notre faiblesse avec la force de sa grâce, c’est avoir confiance dans son action qui nous permet de vivre dans la charité, de tout faire avec joie et humilité, pour la gloire de Dieu et au service du prochain. Il y a une phrase célèbre de l’écrivain français Léon Bloy ; dans les derniers moments de sa vie, il disait : « Il n’y a qu’une seule tristesse dans la vie, celle de ne pas être saints ». Ne perdons pas l’espérance dans la sainteté, parcourons tous cette voie. Voulons-nous être saints ? Le Seigneur nous attend tous, les bras ouverts ; il nous attend pour nous accompagner sur cette voie de la sainteté. Vivons avec joie notre foi, laissons-nous aimer par le Seigneur... Demandons ce don à Dieu dans la prière, pour nous et pour les autres.
© Copyright 2013 – Libreria Editrice Vaticana
« Il faut encadrer a révolution numérique »
Une analyse du philosophe Dominique LECOURT
Le philosophe Dominique Lecourt analyse les bouleversements apportés par la révolution du numérique dans notre rapport à l’apprentissage et dans nos relations aux autres.
Allons-nous avec enthousiasme abandonner le livre papier au profit du livre numérique ? Faut-il renoncer à l’apprentissage de l’écriture sur cahier au profit des tablettes ? Allons-nous transformer toutes nos relations, jusqu’aux plus intimes, en liaisons numériques ? Ou alors, faut-il s’opposer à ce mouvement en allant jusqu’à se désabonner des réseaux sociaux pour cultiver sa propre spiritualité ?
Stéphane Vial montre que ces polémiques pour débats télévisés reposent sur des bases philosophiques très fragiles. Il n’a pas hésité à intituler son dernier ouvrage « L’être et l’écran » (PUF, 2013). Le sous-titre précise son ambition : « Comment le numérique change la perception ».
Loin de sacrifier à la technophobie ambiante ou à l’illusion trans-humaniste qui voudrait que l’homme puisse par la puissance de ses techniques produire un être plus intelligent, plus durable et plus heureux que lui-même, Vial prend appui sur la tradition française en histoire des techniques (Bertrand Gilles, Gilbert Simondon, François Dagognet, Jean-Pierre Séris…). Il voit dans la « révolution numérique » un événement philosophique majeur.
Modifier les structures de notre perception
Steve Jobs, le célèbre cofondateur de la marque à la pomme décédé il y a bientôt deux ans, peut servir de référence. L’ère nouvelle, disait-il, se marque à ce que nous déléguons du travail intellectuel, et non plus seulement manuel, aux ordinateurs.
Nous assistons ainsi à une puissante « extension du domaine du calcul ». Nouvelle étape de la machinisation de nos sociétés, le calcul s’est emparé, par exemple, « de la rédaction d’un texte, de l’envoi d’un message, de l’écoute d’une musique » ; cela touche aussi le partage d’une vidéo, la recherche cartographique, le recrutement d’un salarié, les déclarations d’impôts…
Allongeant sans cesse la liste de ces « exploits », les spécialistes manient l’hyperbole et le dithyrambe. Le plus important, c’est que nous soyons tous invités, non à percevoir de nouveaux êtres (les « êtres numériques » qui déjouent les oppositions classiques, plus ou moins platoniciennes, du virtuel et du réel), mais à modifier les structures même de notre perception beaucoup plus radicalement que ne l’avaient fait les révolutions techniques précédentes.
Ne pas avoir de smartphone semble être devenu insupportable
Qu’on songe au récent développement de la téléphonie. Ne pas disposer d’un téléphone mobile ou d’un smartphone est, semble-t-il, devenu presque insupportable. En quinze ans, les relations avec autrui ont été profondément transformées dans le sens d’une interactivité toujours plus large, plus intense et plus continue.
Face à l’adresse et à l’efficacité très précoces des digital natives, les natifs du numérique, faut-il admettre l’idée d’une « fracture numérique générationnelle » ? On laisse volontiers entendre pour s’en complaindre que les puissants procédés issus de la numérisation se seraient par trop éloignés du « geste naturel ». Mais c’est oublier que la perception de l’Homo sapiens a toujours été techniquement informée, solidaire d’objets et d’appareils inventés par le génie humain.
On pense à Gaston Bachelard. Rien, n’est jamais purement naturel. C’est un grand effort pédagogique que nous avons tous à faire pour tirer le meilleur de la transformation de notre « être-au-monde » qu’exige de nous ce qu’on appelle, à juste titre, la révolution numérique. Reste à « civiliser » ces progrès techniques, c’est-à-dire à les encadrer juridiquement à l’échelle internationale et à redéfinir le droit à la propriété intellectuelle pour les œuvres de l’esprit.
Dominique Lecourt, Philosophe,
directeur général de l’Institut Diderot
© Copyright 2013 – La Croix
Justice et solidarité : du dictionnaire à la réalité
50ème anniversaire de l’encyclique Pacem in terris
« Je me demande si les mots "justice" et "solidarité" sont seulement dans notre dictionnaire ou si tous agissent pour qu'elles deviennent réalité », interroge le pape François sous forme d'examen de conscience. Le pape a reçu les participants à la rencontre promue par le Conseil pontifical Justice et Paix dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de l’encyclique Pacem in terris (2-4 octobre) ce 3 octobre 2013, au Vatican. Voici son discours.
Chers frères et sœurs,
Bonjour,
Je partage aujourd'hui la commémoration de l'histoire de l’encyclique Pacem in terris, promulguée par le bienheureux Jean XXIII le 11 avril 1963. La Providence a voulu que cette rencontre advienne peu après l’annonce de sa canonisation. Je salue tous, en particulier le cardinal Turkson, en le remerciant pour les paroles qu'il m'a adressées en votre nom.
Les plus âgés parmi nous se rappellent bien l’époque de l’encyclique Pacem in Terris. C'était le sommet de ce que l'on appelait la « guerre froide ». À la fin de 1962, l’humanité s'était trouvée au bord d'un conflit atomique mondial, et le pape avait élevé un appel à la paix dramatique et affligé, en s'adressant à tous ceux qui avaient la responsabilité du pouvoir ; il disait : « Examinons notre conscience, en écoutant le cri angoissé qui de tous les coins de la terre, des enfants innocents aux plus âgés, des personnes aux communautés, monte vers le ciel : Paix, paix ! » (Radio-message, 25 octobre 1962). C'était un cri vers les hommes, mais c'était aussi une supplication adressée au Ciel. Le dialogue qui a alors commencé péniblement entre les grands blocs opposés a conduit, durant le pontificat d'un autre bienheureux, Jean-Paul II, au dépassement de cette phase et à l'ouverture d'espaces de liberté et de dialogue. Les semences de paix semées par Jean XXIII ont porté des fruits. Et pourtant, bien que des murs et des barrières soient tombés, le monde continue à avoir besoin de paix et l'appel de Pacem in terris reste fortement actuel.
1. Mais quel est le fondement de la construction de la paix ? Pacem in terris veut le rappeler à tous : il consiste dans l’origine divine de l'homme, de la société et de l’autorité même, qui engage les individus, les familles, les groupes sociaux variés et les États à vivre des rapports de justice et de solidarité. Il revient à tous les hommes de construire la paix, à l’exemple de Jésus-Christ, à travers deux voies : promouvoir et pratiquer la justice, avec vérité et amour ; contribuer, chacun selon ses possibilités, au développement humain intégral, selon la logique de la solidarité.
En regardant la réalité actuelle, je me demande si nous avons compris cette leçon de Pacem in terris. Je me demande si les mots « justice » et « solidarité » sont seulement dans notre dictionnaire ou si tous agissent pour qu'ils deviennent réalité. L’encyclique du bienheureux Jean XXIII nous rappelle clairement qu'il ne peut pas y avoir de vraie paix ni d’harmonie si nous ne travaillons pas pour une société plus juste et solidaire, si nous ne dépassons pas nos égoïsmes, nos individualismes, nos intérêts de groupe, et cela à tous les niveaux.
2. Poursuivons. Quelles conséquences est-ce que cela a de rappeler l’origine divine de l’homme, de la société et même de l'autorité ? Pacem in terris indique une conséquence de base : la valeur de la personne, la dignité de tout être humain, à promouvoir, respecter et toujours protéger. Et ce ne sont pas seulement les principaux droits civils et politiques qui doivent être garantis – affirme le bienheureux Jean XXIII – mais on doit aussi offrir à chacun la possibilité d’accéder effectivement aux moyens essentiels de subsistance, la nourriture, l'eau, le logement, les soins de santé, l’instruction, et la possibilité de former et soutenir une famille. Ce sont les objectifs qui ont une priorité inéluctable dans l’action nationale et internationale et qui en mesurent la bonté. D'eux dépend une paix durable pour tous. Et il est important aussi qu'il y ait aussi de la place pour la riche gamme d'associations et de corps intermédiaires qui, dans la logique de la subsidiarité et dans l'esprit de la solidarité, poursuivent ces objectifs. Certes, l’encyclique affirme des objectifs et des éléments qui sont désormais acquis dans notre façon de penser, mais il reste à se demander : existent-ils vraiment dans la réalité ? Cinquante ans après, sont-ils vérifiés dans le développement de nos sociétés ?
3. Pacem in terris ne voulait pas affirmer que c'est le devoir de l’Église de donner des indications concrètes sur des thèmes qui, dans leur complexité, doivent être laissés à la discussion. Dans les domaines politique, économique et social, ce n'est pas le dogme qui indique les solutions pratiques, mais plutôt le dialogue, l’écoute, la patience, le respect de l'autre, la sincérité et la disponibilité à revoir son opinion. Au fond, l’appel à la paix de Jean XXIII de 1962 visait à orienter le débat international selon ces vertus.
Les principes fondamentaux de Pacem in terris peuvent guider fructueusement l'étude et la discussion sur les « res novae » qui concernent votre congrès : l’urgence éducative, l’influence des moyens de communication de masse sur les consciences, l’accès aux ressources de la terre, le bon ou mauvais usage des résultats des recherches biologiques, la course aux armements et les mesures de sécurité nationales et internationales. La crise économique mondiale, qui est un symptôme grave du manque de respect pour l'homme et pour la vérité avec lequel ont été prises les décisions par des gouvernements et des citoyens, le dit avec clarté. Pacem in terris trace une ligne qui va de la paix à construire dans le cœur des hommes à un changement de modèle de développement et d'action à tous les niveaux, pour que notre monde soit un monde de paix. Je me demande si nous sommes disposés à répondre à cette invitation.
En parlant de la paix et de la crise économique mondiale inhumaine, qui est un grave symptôme du manque de respect pour l'homme, je ne peux pas ne pas rappeler avec une immense douleur les nombreuses victimes du énième naufrage au large de Lampédouse. Un seul mot me vient à l'esprit: honte ! C'est une honte ! Prions ensemble Dieu pour qui a perdu la vie : hommes, femmes, enfants, pour leurs proches et pour tous les réfugiés. Unissons nos efforts pour que ne se répètent pas de semblables tragédies ! Seule une collaboration décidée par tous peut aider à les prévenir.
Chers amis, que le Seigneur, avec l’intercession de Marie Reine de la paix, nous aide à accueillir toujours en nous la paix qui est un don du Christ ressuscité, et à travailler toujours avec engagement et avec créativité pour le bien commun. Merci.
© Copyright 2013 – Libreria Editrice Vaticana
La méthode du bébé à la carte breveté aux États-Unis
Une analyse du philosophe Dominique LECOURT
Le philosophe Dominique Lecourt analyse les bouleversements apportés par la révolution du numérique dans notre rapport à l’apprentissage et dans nos relations aux autres.
Le 24 septembre 2013, la société américaine 23andMe est parvenue « à faire breveter une méthode proposant aux parents de choisir certains traits spécifiques chez leurs enfants à naître » dans le cadre d'une procréation médicalement assistée. La méthode est la suivante : sélectionner des gamètes de donneurs en ayant recours à des calculs génétiques réalisés par ordinateur. À la suite de l'obtention de ce brevet, quatre auteurs européens ont réagit en publiant un commentaire dans la revue Genetics in Medicine : « il est clair que sélectionner des enfants de la manière préconisée par la méthode brevetée par la société 23andMe est hautement discutable sur le plan éthique ». Car concrètement, la méthode permet de sélectionner chez l'enfant, sa taille, son sexe, sa couleur des yeux, son développement musculaire, certains traits de sa personnalité ou encore le risque qu'il développe une dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) ou certains types de cancers. Selon la société 23andMe, qui « reconnaissait toutefois que la méthode n'était pas infaillible [...] il s'agissait seulement de faire en sorte que le bébé ait des chances “accrues” d'avoir les traits souhaités dans le cadre de la procréation médicalement assistée ». Selon les auteurs du commentaire publié dans la revue Genetics in Medicine, « l'utilisation du diagnostic préimplantatoire pour éviter l'implantation d'embryons porteurs de graves anomalies génétiques est en passe de devenir une pratique courante, mais l'utilisation d'un programme informatique pour sélectionner les donneurs de gamètes afin d'aboutir à un bébé ayant les traits souhaités par ses parents semble avoir des implications beaucoup plus vastes, car ce processus implique la sélection de traits qui n'ont aucun lien avec une maladie ».
© Copyright 2013 – Généthique.org
« Ni or, ni argent, quelque chose de plus précieux : l’Évangile »
Message du Pape François aux jeunes lors de son voyage à Assises
« Je n'ai ni or, ni argent à vous donner, mais quelque chose de beaucoup plus précieux, l’Évangile de Jésus », déclare le pape aux jeunes réunis à Assise, les exhortant à « ne pas avoir peur des pas définitifs » dans la vie et à se donner à Dieu en totalité car son amour « si grand, si beau, si vrai », mérite « tout et toute notre confiance ».
Chers jeunes de la Ombrie,
Bonsoir,
Merci d'être venus, merci de cette fête ! Et merci pour vos questions, très importantes. Je suis heureux que la première question soit venue d'un jeune couple. Un beau témoignage ! Deux jeunes qui ont choisi, ont décidé, avec joie et courage de former une famille. Si, c'est vrai, il faut du courage pour former une famille ! Il faut du courage. Et votre question, jeunes époux, rejoint celle de la vocation. Qu'est-ce que le mariage ? C'est une vraie vocation, comme le sont le sacerdoce et la vie religieuse. Deux chrétiens qui se marient ont reconnu dans leur histoire d'amour l'appel du Seigneur, la vocation à faire de deux, homme et femme, une seule chair, une seule vie. Et le Sacrement du mariage enveloppe cet amour avec la grâce de Dieu, il l'enracine en Dieu même. Avec ce don, avec la certitude de cet appel, on peut partir en sécurité, on n'a peur de rien, on peut tout affronter, ensemble.
Pensons à nos parents, à nos grands-parents ou arrières grands-parents : ils se sont mariés dans des conditions beaucoup plus pauvres que les nôtres, certains en temps de guerre, ou d'après-guerre ; certains sont émigrés, comme mes parents. Où ont-ils trouvé la force ? Ils l'ont trouvée dans la certitude que le Seigneur était avec eux, que la famille est bénie par Dieu par le Sacrement de mariage, et que la mission de mettre au monde les enfants et de les éduquer est bénie. Avec ces certitudes ils ont dépassé les épreuves les plus dures.
C'étaient des certitudes simples, mais vraies, elles formaient les colonnes qui soutenaient leur amour. Leur vie n'a pas été facile, il y a eu des problèmes, tant de problèmes, mais ces certitudes les aidaient à avancer et ils ont réussi à faire une belle famille, à donner la vie, à faire grandir leurs enfants. Chers amis, il faut ce fondement moral et spirituel pour construire bien, de façon solide ! Aujourd'hui, ce fondement n'est plus garanti par les familles et par les traditions sociales. Ou plutôt, la société dans laquelle vous êtes nés privilégie les droits individuels plutôt que la famille ou les relations qui durent, afin que ne surgissent pas les difficultés. Pour cela, elle parle parfois de rapport de couple, de famille et de mariage de façon superficielle et équivoque. Il suffit de regarder certains programmes télévisés ! Parfois moi-même j'ai entendu, j'ai dit à un couple une fois « vous savez que le mariage c'est pour toute la vie ? » : « nous nous aimons mais nous nous marions tant que dure l'amour », après c'est chacun de son côté. L’égoïsme ... il est risqué de se marier. Cet égoïsme nous menace car nous avons tous le possibilité d'une double personnalité : une qui dit « je » et l'autre qui dit « moi-je ». L'autre difficulté est la culture du provisoire, rien n'est définitif, tout est provisoire. Une fois j'ai rencontré un séminariste qui m'a dit « je veux être prêtre pour 10 ans, après je change... ». Mais Jésus ne nous a pas sauvés provisoirement, Il nous a sauvés définitivement !
Mais l'Esprit-Saint suscite toujours des réponses nouvelles aux nouvelles exigences ! Et ainsi se sont multipliés dans l’Église les cheminements pour fiancés, les cours de préparation au mariage, les groupes de jeunes couples dans les paroisses, les mouvements familiaux... Ils sont une richesse immense ! Ce sont des points de référence pour tous : jeunes en recherche, couples en crise, parents en difficulté avec leurs enfants et vice-versa. Et puis il y a différentes formes d'accueil : l’adoption, les maisons-familiales de types variés… L'imagination – permettez-moi de dire cela – de l'Esprit-Saint est infinie, mais elle est aussi très concrète ! Alors je voudrais vous dire de ne pas avoir peur de faire des pas définitifs, n'ayez pas peur... tant de fois j'ai entendu une mère me dire « Père, j'ai un fils de 30 ans et il ne se marie pas... il est fiancé mais ne se décide pas – Madame, ne lui repassez plus ses chemises ! ». N'ayez pas peur des pas définitifs dans la vie, comme celui du mariage : approfondissez votre amour, en respectant les temps et les expressions, priez, préparez-vous bien, puis ayez confiance que le Seigneur ne vous laisse pas seuls ! Faites-le entrer dans votre maison comme quelqu'un de la famille, Il vous soutiendra toujours.
La famille est la vocation que Dieu a écrite dans la nature de l'homme et de la femme, mais il y a une autre vocation complémentaire au mariage : l'appel au célibat et à la virginité pour le Royaume des cieux. C'est la vocation que Jésus lui-même a vécue. Comment la reconnaître ? Comment la suivre ? C'est la troisième question que vous m'avez posée. Certains peuvent penser « mais cet évêque il est fort, on lui pose des questions, il a les réponses »... mais j'ai eu les questions il y a quelques jours... Et je vous réponds avec deux éléments essentiels, pour reconnaître cette vocation. D'abord, prier et cheminer dans l’Église. Les deux vont ensemble, elles sont entrelacées. À l’origine de toute vocation à la vie consacrée il y a toujours une expérience forte de Dieu, une expérience qui ne s'oublie pas, on s'en souvient toute sa vie ! C'est celle qu'a eue François. Et cela nous ne pouvons pas le calculer ni le programmer. Dieu nous surprend toujours ! C'est Dieu qui appelle ; mais il est important d'avoir un rapport quotidien avec Lui, de l'écouter en silence devant le Tabernacle et à l'intime de nous-mêmes, de Lui parler, de s'approcher des Sacrements. Avoir ce rapport familier avec le Seigneur c'est comme tenir ouverte la fenêtre de notre vie pour qu'Il nous fasse entendre sa voix, ce qu'Il veut de nous.
Il serait beau de vous entendre, d'entendre les prêtres présents, les sœurs… Ce serait très beau parce que chaque histoire est unique, mais toutes partent d'une rencontre qui éclaire en profondeur, qui touche le cœur et implique toute la personne : affection, intellect, sens, tout. Le rapport avec Dieu ne concerne pas seulement une partie de nous-mêmes, il concerne tout. C'est un amour si grand, si beau, si vrai, qu'il mérite tout et qu'il mérite toute notre confiance. Et je voudrais vous dire quelque chose avec force, spécialement aujourd'hui : la virginité pour le Royaume de Dieu n'est pas un « non », c'est un « oui » ! Certes, elle comporte le renoncement à un lien conjugal et à une famille, mais à la base il y a le « oui », comme réponse au « oui » total du Christ envers nous, et ce « oui » rend féconds.
Mais ici à Assise il n'y a pas besoin de paroles ! Il y a François, il y a Claire, qui parlent ! Leur charisme continue à parler à tant de jeunes dans le monde entier : jeunes gens et jeunes filles qui laissent tout pour suivre Jésus sur le chemin de l’Évangile.
C'est cela, l’Évangile. Je voudrais reprendre le mot « Évangile » pour répondre aux deux autres questions que vous m'avez posées, la deuxième et la quatrième. L'une concerne l'engagement social, dans cette période de crise qui menace l'espérance ; et l'autre concerne l'évangélisation, porter l'annonce de Jésus aux autres. Vous avez demandé : que pouvons-nous faire ? Quelle peut être notre contribution ?
Ici à Assise, ici, près de la Portioncule, il me semble entendre la voix de saint François qui nous redit : « Évangile ! Évangile ! ». Il le dit aussi à moi, ou plutôt, d'abord à moi : pape François, sois serviteur de l’Évangile ! Si je ne réussis pas à être serviteur de l’Évangile, ma vie ne vaut rien. Mais l’Évangile, chers amis, ne concerne pas seulement la religion, il concerne l'homme, tout l'homme, et il concerne le monde, la société, la civilisation humaine. L’Évangile est le message de salut de Dieu pour l'humanité. Mais quand nous disons « message de salut », ce n'est pas une façon de dire, ce ne sont pas de simples paroles ou des paroles vides comme il y en a tant aujourd'hui ! L’humanité a vraiment besoin d'être sauvée ! Nous le voyons chaque jour quand nous feuilletons le journal, ou quand nous entendons les nouvelles à la télévision ; mais nous le voyons aussi autour de nous, dans les personnes, dans les situations… ; et nous le voyons en nous-mêmes ! Chacun de nous a besoin de salut ! Salut de quoi ? Du mal. Le mal agit, il fait son travail. Mais le mal n'est pas invincible et le chrétien ne se résigne pas devant le mal. Et vous les jeunes, voulez-vous vous résignez devant le mal, les injustices, les difficultés ? Vous voulez ou non ? (non ! répondent les jeunes) ça me plaît... Notre secret est que Dieu est plus grand que le mal : Dieu est amour infini, miséricorde sans limite, et cet Amour a vaincu le mal à la racine dans la mort et la résurrection du Christ. C'est l’Évangile, la Bonne Nouvelle : l’amour de Dieu a vaincu ! Christ est mort sur la croix pour nos péchés et il est ressuscité. Avec Lui nous pouvons lutter contre le mal et le vaincre chaque jour. Y croyons-nous ou non ? Si j'y crois, je dois suivre Jésus pour toute la vie... Alors l’Évangile, ce message de salut, a deux objectifs qui sont liés : la première, susciter la foi, et c'est l’évangélisation ; la seconde, transformer le monde selon le dessein de Dieu, et c'est l’animation chrétienne de la société. Ce ne sont pas deux choses séparées, elles sont une unique mission : porter l’Évangile avec le témoignage de notre vie transforme le monde ! C'est la route !
Regardons François : il a fait toutes ces choses, avec la force de l'unique Évangile. François a fait grandir la foi, a renouvelé l’Église ; et dans le même temps a renouvelé la société, l’a rendue plus fraternelle, mais toujours avec l’Évangile.
Savez-vous ce que saint François a dit une fois à ses frères : prêchez toujours l’Évangile, et si nécessaire avec les paroles... Peut-on prêcher sans paroles ? Oui, par le témoignage ! D'abord le témoignage, ensuite les paroles.
Jeunes de la Ombrie : faites ainsi vous aussi ! Aujourd'hui, au nom de saint François, je vous dis : je n'ai ni or, ni argent à vous donner, mais quelque chose de beaucoup plus précieux, l’Évangile de Jésus. Allez avec courage, avec l’Évangile dans le cœur et entre les mains, soyez témoins de la foi par votre vie : apportez le Christ dans vos maisons, annoncez-le parmi vos amis, accueillez-vous et servez-le dans les pauvres. Donnez à la Ombrie un message de vie, de paix et d'espérance ! Vous pouvez le faire !
© Copyright 2013 – Libreria Editrice Vaticana
Le juste vivra par sa fidélité
Commentaire de l’Évangile du XXVIIème Dimanche du Temps ordinaire
Le cri du prophète Habacuc jaillit du plus profond de l’humanité. « Combien de temps, Seigneur, vais-je t’appeler au secours ? » Elle retentit, cette clameur, en millions de voix qui protestent devant le silence de Dieu. « Tu n’entends pas crier contre le violence, et tu ne délivres pas ! » Ce n’est pas le seul endroit de la Bible où l’homme se révolte contre son sort et contre la passivité du ciel. Les innocents seront-ils donc toujours les premières victimes de la brutalité des hommes ? La souffrance des opprimés crie vengeance au ciel. Et Dieu se tait.
Patience, répond le Seigneur au prophète, chaque chose à son heure. « Le juste vivra par sa fidélité. » « Prends ta part de souffrance pour l’annonce de l’évangile », ajoute saint Paul de sa prison. Et la foi véritable est capable de transformer le monde, « de planter des arbres dans la mer », explique Jésus à ses disciples. Patience, fidélité, foi, confiance : autant de variations autour d’une même attitude de fond qui nous est demandée.
« Augmente en nous la foi » disent les apôtres. Quelle foi ne faut-il pas entretenir en effet, pour continuer d’entreprendre l’évangélisation comme un service à remplir envers et contre tout ? Pour garder dans le cœur une image de Dieu qui reflète sa bonté, sa tendresse pour le monde, alors qu’on le pense frappé d’indifférence ? Qui nous donnera la graine de moutarde qui changera notre regard ?
La réponse à ses interrogations ne peut venir que de la prière où nous contemplons Jésus dans l’aventure de sa vie terrestre. Il a connu comme nous des joies et des peines. Il a ri, il a pleuré, il a pris part à des noces et à des funérailles. Il est mort injustement sur la croix. Et là, il a pris sur lui tous nos peurs : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Depuis cette croix, scandale et folie pour les hommes, la puissance du mal est vaincue, même si elle semble encore dominer l’histoire. Car la croix, pour nous comme lui, conduit à la résurrection. Elle est en fin de compte un cri d’espérance. Jésus ne nous promet d’ôter la souffrance de nos existences. Il nous répond en la transformant en un chemin de lumière. Mais pour le découvrir, il faut mener une vie spirituelle.
Lorsque nous ne prions pas, l’Esprit Saint ne peut pas nous éclairer. Et nous sombrons alors dans le pessimisme et la désespérance. Mais lorsque nous consacrons du temps gratuit à Dieu, nous lui permettons de nous fortifier et de purifier notre regard. Et nous entrons alors dans la confiance et l’optimisme.
Osons faire confiance à Dieu et à l’étincelle divine présente à toute homme. Voilà notre seul devoir : tenir bon dans l’amour.
© Copyright 2013 - Kerit