PKO 27.01.13

Dimanche 27 janvier 2013 – 3ème Dimanche du Temps ordinaire – Année C

 Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°06/2013

HUMEURS

 

Ah ! Chers medias !… Quand tu nous aimes !!!

Assumer un refus est toujours difficile surtout lorsque ce qui est  proposé est uniquement pour le bien (ou la gloire) de celui à qui est destiné le cadeau…

C’est probablement ce que certains medias ont éprouvé la semaine dernière…

En effet, depuis quelques semaines, Les Nouvelles et Polynésie 1ère ont lancé une « campagne » pour désigner la « Personnalité 2012 ». Une initiative contre laquelle nous n’avons rien en soi… si ce n’est qu’en figurant dans la liste des 25 « élus » pour concourir au titre, elle flatte notre ego : « Flattez-moi, mon bon Blaze » (La Folie des Grandeurs).

Et comme ses médias en ont établi la règle… les élus désignés par eux se doivent de se soumettre à un « portrait » ou plutôt à deux… l’un étant pour l’écrit, l’autre pour l’audio-visuel…

Ainsi, ils viennent sans crier gare,  la veille du jour qu’ils décident, à la rencontre de l’« élu » ! Suite à la réponse : « Je ne suis ni candidat, ni en campagne ! » et sans insistance de leur part face à cette « mauvaise volonté »  on pense c’est bon… ils ont compris… ils feront l’impasse… Et là, surprise ! Samedi on trouve son portrait dans Les Nouvelles ainsi qu’au Journal télévisé du soir.

C’est un droit me direz-vous… c’est vrai… après tout nous sommes bien contents de les trouver pour faire passer nos infos…

Ce qui nous gène, c’est qu’ils n’aient pas eu la simplicité à moins que ce soit le courage de dire notre refus,  quitte à le  commenter à leur gré s’ils l‘avaient voulu, mais ont préféré laisser croire à notre participation !

Manque d’honnêteté ? Probablement pas… Manque d’humilité… c’est une possibilité!

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À New York, lors d’un banquet, le 25 septembre 1880, le célèbre journaliste John Swinton se fâche quand on propose de boire un toast à la liberté de la presse :

« Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! »

Citation que nous devons au site Tahiti Today

 

  En marge de l’actualité

Dimanche 27 janvier 2013  60ème Journée Mondiale des Lépreux

 Comme chaque année les bénévoles de l'Ordre de Malte se mobilisent à l'occasion de la journée de la lèpre, ils récolteront vos dons, notamment, à la sortie des messes dominicales du samedi 26 et du dimanche 27 janvier. Il est possible également d'envoyer directement un don sur le compte : Ordre de malte CCP n° 86 372 06 Papeete chèques.

La délégation de l'Ordre de Malte en Polynésie française travaille en lien avec l'Ordre de Malte France (voir le site : http://www.ordredemaltefrance.org).

La lèpre a été éradiquée dans 119 pays. Plus de 14 millions de malades ont été guéris en 20 ans. Le nombre de nouveaux cas diminue chaque année : 228 474 en 2010, 219 075 en 2011.

Mais pourtant, toutes les 2 minutes, la lèpre frappe une personne dans le monde. Dans 10% des cas, il s'agit d'un enfant.

Merci pour votre don, témoin de votre solidarité, il nous rend plus forts contre la lèpre !

Dominique SOUPE

Chancelier

  

APPEL A L’AIDE – Cyclone Evan sur Wallis


Après le passage du cyclone Evan sur Wallis et Futuna, le diocèse de Papeete a fait part à Mgr Ghislain De Rasilly, de sa sympathie et de son soutien à tous les Wallisiens et Futuniens touchés par cette catastrophe naturelle. Une aide d'urgence a été proposée en fonction des besoins constatés sur place.

Les personnes qui souhaitent venir en aide à nos frères et soeurs Wallisiens peuvent le faire en envoyant leurs dons à : Secours Catholique - B.P. 94 - 98713 PAPEETE

Coordonnées bancaires

Banque de Polynésie : 12149 06744 19472402017 44

 [mentionnez bien : «SOS Wallis / cyclone Evan »]

 

L’anticonformisme du chrétien

Catéchèse sur le Credo du pape Benoît XVI du 23 janvier 2013

Pour Benoit XVI, une conséquence de la foi du baptême. « Dire “Je crois en Dieu” signifie fonder sur lui ma vie, laisser sa Parole l’orienter chaque jour, dans les choix concrets, sans avoir peur de perdre quelque chose de moi », explique Benoît XVI dans cette première catéchèse sur le Credo. Le baptême appelle les baptisés à l'anticonformisme !

Chers frères et sœurs,

En cette Année de la foi, je voudrais aujourd’hui commencer à réfléchir avec vous sur le Credo, c’est-à-dire sur la profession solennelle de la foi qui accompagne notre vie de croyants.

Le Credo commence par ces mots : « Je crois en Dieu ». C’est une affirmation fondamentale, apparemment simple dans son caractère essentiel, mais qui ouvre au monde infini de la relation avec le Seigneur et avec son mystère. Croire en Dieu implique une adhésion à lui, l’accueil de sa Parole et une obéissance joyeuse à sa révélation.

Comme l’enseigne le Catéchisme de l’Église catholique, « La foi est un acte personnel : la réponse libre de l’homme à l’initiative de Dieu qui se révèle » (n.166). Pouvoir dire que l’on croit en Dieu est donc à la fois un don (– Dieu se révèle, il vient à notre rencontre –) et un engagement, une grâce divine et une responsabilité humaine, dans une expérience de dialogue avec Dieu qui, par amour, « parle aux hommes comme à des amis » (Dei Verbum 2), nous parle à nous, afin que, dans la foi et avec foi, nous puissions entrer en communion avec lui.

Où pouvons-nous écouter Dieu et sa parole ? L’Écriture sainte est fondamentale ; la Parole de Dieu se rend audible pour nous et alimente notre vie d’« amis » de Dieu. Toute la Bible raconte comment Dieu s’est révélé à l’humanité ; toute la Bible parle de foi et nous enseigne la foi en racontant une histoire dans laquelle Dieu fait avancer son projet de rédemption et se fait proche de nous, les hommes, à travers les nombreuses figures de personnes, lumineuses, qui croient en lui et se confient en lui, jusqu’à la plénitude de la révélation dans le Seigneur Jésus.

À ce sujet, le chapitre 11 de la Lettre aux Hébreux (que nous venons d’entendre) est très belle : elle nous parle de la foi et met en lumière les grandes figures bibliques qui l’ont vécue, devenant ainsi des modèles pour tous les croyants. Voici ce que dit le texte au premier verset : « Or la foi est la garantie des biens que l'on espère, la preuve des réalités qu'on ne voit pas » (11,1). Les yeux de la foi sont donc capables de voir l’invisible et le cœur du croyant peut espérer contre toute espérance, précisément comme Abraham dont Paul dit dans la Lettre aux Romains qu’« espérant contre toute espérance, il crut » (4, 18).

Et c’est justement sur Abraham que je voudrais que nous nous arrêtions et portions notre attention, parce que c’est lui la grande figure de référence pour parler de la foi en Dieu : Abraham, le grand patriarche, modèle exemplaire, père de tous les croyants (cf. Rm 4, 11-12). La lettre aux Hébreux le présente ainsi : « Par la foi, Abraham obéit à l'appel de partir vers un pays qu'il devait recevoir en héritage, et il partit ne sachant où il allait. Par la foi, il vint séjourner dans la Terre promise comme en un pays étranger, y vivant sous des tentes, ainsi qu'Isaac et Jacob, héritiers avec lui de la même promesse. C'est qu'il attendait la ville pourvue de fondations dont Dieu est l'architecte et le constructeur » (11, 8-10).

L’auteur de la Lettre aux Hébreux fait ici référence à l’appel d’Abraham, raconté dans le Livre de la Genèse, le premier livre de la Bible. Que demande Dieu à ce grand patriarche ? Il lui demande de partir en abandonnant sa terre pour aller vers un pays qu’il lui montrera : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t'indiquerai » (Gn 12,1). Et nous, comment aurions-nous répondu à une telle invitation ? Il s’agit, en effet, d’un départ dans l’obscurité, sans savoir où Dieu le conduira ; c’est un chemin qui demande une obéissance et une confiance radicales, auxquelles seule la foi fait accéder. Mais l’obscurité de l’inconnu (– là où Abraham doit aller –) est éclaircie par la lumière d’une promesse ; Dieu ajoute à son commandement une parole rassurante qui ouvre devant Abraham le futur d’une plénitude de vie : « Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom… Par toi se béniront tous les clans de la terre » (Gn 12,2-3).

La bénédiction, dans l’Écriture sainte, est liée principalement au don de la vie qui vient de Dieu, et se manifeste avant tout dans la fécondité, dans une vie qui se multiplie, passant de génération en génération. Et à la bénédiction est liée aussi l’expérience de posséder une terre, un lieu stable sur lequel vivre et croître dans la liberté et la sécurité, en craignant Dieu et en construisant une société d’hommes fidèles à l’Alliance, « un royaume de prêtres, une nation sainte » (cf. Ex 19,6).

C’est pourquoi Abraham, dans le projet divin, est destiné à devenir « père d’une multitude de peuples » (Gn 17,5 ; cf. Rm 4,17-18) et à entrer dans une nouvelle terre pour y habiter. Et pourtant Sarah, sa femme, est stérile et ne peut avoir d’enfants ; et le pays vers lequel Dieu le mène est loin de sa terre d’origine, déjà habité par d’autres peuples et il ne lui appartiendra jamais vraiment. Le narrateur de la Bible le souligne, mais avec une grande discrétion : quand Abraham arriva dans le lieu de la promesse de Dieu, « les Cananéens étaient alors dans le pays » (Gn 12,6).

La terre que Dieu donne à Abraham ne lui appartient pas, il est un étranger et le restera toujours, avec tout ce que cela comporte : ne pas avoir de projet de propriété, être toujours conscient de sa propre pauvreté, tout accueillir comme un don. Cette condition spirituelle est aussi celle de celui qui accepte de suivre le Christ, de celui qui décide de partir en accueillant sa vocation sous le signe de son invisible, mais puissante bénédiction. Et Abraham, « père des croyants », accepte cet appel, dans la foi. Saint Paul écrit dans la Lettre aux Romains : « Espérant contre toute espérance, il crut et devint ainsi père d'une multitude de peuples, selon qu'il fut dit : Telle sera ta descendance. C'est d'une foi sans défaillance qu'il considéra son corps déjà mort - il avait quelque cent ans - et le sein de Sara, mort également ; appuyé sur la promesse de Dieu, sans hésitation ni incrédulité, mais avec une foi puissante, il rendit gloire à Dieu, certain que tout ce que Dieu a promis, il est assez puissant ensuite pour l'accomplir » (Rm 4,18-21).

La foi amène Abraham à parcourir un chemin paradoxal. Il sera béni mais sans les signes visibles de la bénédiction : il reçoit la promesse de devenir un grand peuple, mais avec une vie marquée par la stérilité de sa femme, Sarah ; il est conduit dans une nouvelle patrie mais il devra y vivre toujours comme un étranger ; et l’unique terre qu’il lui sera permis de posséder sera un morceau de terrain pour ensevelir Sarah (cf. Gn 23,1-20). Abraham est béni parce que, dans la foi, il sait discerner la bénédiction divine en allant au-delà des apparences, confiant dans la présence de Dieu même lorsque ses voies lui semblent mystérieuses.

Qu’est-ce que cela signifie pour nous ? Quand nous affirmons « Je crois en Dieu », nous disons comme Abraham : « J’ai confiance en toi, je me remets à toi, Seigneur », mais non comme à quelqu’un à qui recourir uniquement dans les moments de difficultés, ou à qui consacrer un moment dans la journée ou dans la semaine. Dire « Je crois en Dieu » signifie fonder sur lui ma vie, laisser sa Parole l’orienter chaque jour, dans les choix concrets, sans avoir peur de perdre quelque chose de moi.

Quand, dans le rite du baptême, cette question est posée trois fois « Croyez-vous ? » en Dieu, en Jésus-Christ, en l’Esprit-Saint, en l’Église catholique et dans les autres vérités de la foi, la triple réponse est au singulier : « Je crois », parce que c’est mon existence personnelle qui doit assumer un tournant avec le don de la foi, c’est mon existence qui doit changer, se convertir. Chaque fois que nous participons à un baptême, nous devrions nous demander comment nous vivons, dans la vie quotidienne, le grand don de la foi.

Abraham, le croyant, nous enseigne la foi ; et, en tant qu’étranger sur la terre, il nous indique la véritable patrie. La foi fait de nous des pèlerins sur la terre, insérés dans le monde et dans l’histoire, mais en chemin vers la patrie céleste. Croire en Dieu fait donc de nous des porteurs de valeurs qui, souvent, ne coïncident pas avec les modes et les opinions en vogue ; cela nous demande d’adopter des critères et d’assumer des comportements qui n’appartiennent pas à la manière de penser générale.

Le chrétien ne doit pas avoir peur d’aller « à contre courant » pour vivre sa foi, en résistant à la tentation de « se conformer ». Dans beaucoup de nos sociétés, Dieu est devenu « le grand absent » et de nombreuses idoles ont pris sa place, la première étant le « je » autonome. Et même les progrès connus et positifs de la science et de la technique ont donné à l’homme une illusion de toute-puissance et d’autosuffisance, et un égocentrisme croissant a provoqué pas mal de déséquilibres au sein des rapports interpersonnels et des comportements sociaux.

Et pourtant, la soif de Dieu (cf. Ps 63,2) ne s’est pas éteinte et le message évangélique continue de résonner à travers les paroles et les œuvres de beaucoup d’hommes et de femmes de foi. Abraham, le père des croyants, continue d’être le père de nombreux enfants qui acceptent de marcher dans ses pas et qui se mettent en route, dans l’obéissance à la volonté divine, confiants dans la présence bienveillante du Seigneur et accueillant sa bénédiction pour devenir eux-mêmes bénédiction pour tous. C’est le monde béni de la foi auquel nous sommes tous appelés, pour avancer sans peur à la suite du Seigneur Jésus Christ. Et parfois, c’est un chemin difficile, qui passe aussi par l’épreuve et par la mort, mais qui ouvre à la vie, dans une transformation radicale de la réalité que seuls les yeux de la foi sont capables de voir et de goûter en plénitude.

Affirmer « Je crois en Dieu » nous pousse, alors, à partir, à sortir continuellement de nous-mêmes, précisément comme Abraham, pour apporter dans la réalité quotidienne dans laquelle nous vivons la certitude qui nous vient de la foi : la certitude de la présence de Dieu dans l’histoire, aujourd’hui encore ; une présence qui donne vie et salut, et nous ouvre à un avenir avec lui par une plénitude de vie qui ne connaîtra plus jamais de couchant. Merci.

© Libreria Editrice Vaticana – 2013

Liberté et autonomie de l’Église

Entretien avec Mgr Dominique Mamberti, secrétaire pour els rapports avec les États

Monseigneur, ce 15 janvier, la Cour européenne des droits de l’homme a rendu public ses jugements dans quatre cas relatifs à la liberté de conscience et de religion d’employés au Royaume-Uni. Ces affaires concernent, pour deux d’entre elles, la faculté pour des employés de porter une petite croix autour du cou sur leur lieu de travail, et pour les deux autres, la faculté d’objecter en conscience à la célébration d’union civile entre personnes de même sexe et au conseil conjugal de couples de même sexe. Dans un cas seulement la Cour a donné satisfaction au requérant.

Ces affaires montrent que les questions relatives à la liberté de conscience et de religion sont complexes, en particulier dans une société européenne marquée par la croissance de la diversité religieuse et par le durcissement corrélatif du laïcisme. Le risque est réel que le relativisme moral, qui s’impose comme nouvelle norme sociale, vienne saper les fondements de la liberté individuelle de conscience et de religion. L’Église souhaite défendre les libertés individuelles de conscience et de religion en toutes circonstances, y compris face à la « dictature du relativisme ». Pour cela, il faut expliquer la rationalité de la conscience humaine en général, et de l’agir moral des chrétiens en particulier. Sur des sujets moralement controversés, comme l’avortement ou l’homosexualité, la liberté des consciences doit être respectée. Plutôt que d’être une entrave à l’établissement d’une société tolérante dans son pluralisme, le respect de la liberté de conscience et de religion en est une condition. S’adressant au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège la semaine dernière, le Pape Benoît XVI a souligné que : « Pour sauvegarder effectivement l’exercice de la liberté religieuse, il est ensuite essentiel de respecter le droit à l’objection de conscience. Cette “frontière” de la liberté touche à des principes de grande importance, de caractère éthique et religieux, enracinés dans la dignité même de la personne humaine. Ils sont comme “les murs porteurs” de toute société qui se veut vraiment libre et démocratique. Par conséquent, interdire l’objection de conscience individuelle et institutionnelle, au nom de la liberté et du pluralisme, ouvrirait paradoxalement au contraire les portes à l’intolérance et au nivellement forcé ».

L’érosion de la liberté de conscience témoigne aussi d’une forme de pessimisme envers la capacité de la conscience humaine à reconnaître le bien et le vrai, au profit de la seule loi positive qui tend à monopoliser la détermination de la moralité. C’est aussi le rôle de l’Église de rappeler que tout homme, quelles que soient ses croyances, est doué par sa conscience de la faculté naturelle de distinguer le bien du mal et qu’il doit agir en conséquence. C’est là la source de sa vraie liberté.

Il y a quelque temps, la Mission du Saint-Siège auprès du Conseil de l’Europe a publié une Note sur la liberté et l’autonomie institutionnelle de l’Église. Pourriez-vous en expliquer le contexte ?

La question de la liberté de l’Église dans ses rapports avec les autorités civiles est actuellement examinée par la Cour européenne des droits de l’homme dans deux affaires impliquant l’Église orthodoxe de Roumanie et l’Église catholique. Il s’agit des causes Sindicatul ‘Pastorul cel Bun’ contre la Roumanie et Fernandez Martinez contre l’Espagne. À cette occasion, la Représentation Permanente du Saint-Siège auprès du Conseil de l’Europe a rédigé une note synthétique exposant le magistère sur la liberté et l’autonomie institutionnelle de l’Église catholique.

Quel est l’enjeu de ces causes ?

Dans ces causes, la Cour européenne doit décider si le pouvoir civil a respecté la Convention européenne des droits de l’homme en refusant de reconnaître un syndicat professionnel de prêtres (pour l’affaire roumaine), et en refusant de nommer un enseignant de religion professant publiquement des positions contraires à la doctrine de l’Église (pour l’affaire espagnole). Dans les deux cas, les droits à la liberté d’association et à la liberté d’expression sont invoqués pour contraindre des communautés religieuses à agir à l’encontre de leur statut canonique et du magistère. Ainsi, ces affaires mettent en cause la liberté de l’Église de fonctionner selon ses propres règles, de ne pas être soumise à d’autres règles civiles que celles nécessaires au respect du bien commun et de l’ordre public juste. L’Église a toujours dû se défendre pour préserver son autonomie face au pouvoir civil et aux idéologies. Aujourd’hui, une question importante dans les pays occidentaux est de savoir comment la culture dominante, marquée fortement par l’individualisme matérialiste et le relativisme, peut comprendre et respecter la nature propre de l’Église, qui est une communauté fondée sur la foi et la raison.

Comment l’Église conçoit cette situation ?

L’Église est consciente de la difficulté à déterminer, dans une société pluraliste, les relations entre les autorités civiles et les diverses communautés religieuses au regard des exigences de la cohésion sociale et du bien commun. Dans ce contexte, le Saint-Siège attire l’attention sur la nécessité de préserver la liberté religieuse dans sa dimension collective et sociale. Cette dimension répond à la nature essentiellement sociale tant de la personne que du phénomène religieux en général. L’Église ne demande pas que les communautés religieuses soient des zones de non-droit, mais qu’elles soient reconnues comme des espaces de liberté, en vertu du droit à la liberté religieuse, dans le respect de l’ordre public juste. Cette doctrine n’est pas réservée à l’Église catholique, les critères qui en découlent sont fondés en justice et sont donc d’application générale.

D’ailleurs, le principe juridique d’autonomie institutionnelle des communautés religieuses est largement reconnu par les États respectant la liberté religieuse ainsi que par le droit international. La Cour européenne des droits de l’homme elle-même l’a régulièrement énoncé dans plusieurs arrêts importants. D’autres institutions ont également affirmé ce principe. C’est le cas notamment de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe), ou encore du Comité des droits de l’homme des Nations Unies dans, respectivement, le Document final de la Conférence de Vienne du 19 janvier 1989, et l’Observation générale n°22 sur le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion du 30 juillet 1993. Il est néanmoins utile de rappeler et de défendre ce principe d’autonomie de l’Église et du pouvoir civil.

Comment se présente cette note ?

La liberté de l’Église sera d’autant mieux respectée qu’elle sera d’abord bien comprise par les autorités civiles, sans préjugés. Il est donc nécessaire d’expliquer comment la liberté de l’Église est conçue. La Représentation Permanente du Saint-Siège auprès du Conseil de l’Europe a donc rédigé une note synthétique (voir article ci-dessous) exposant la position de l’Église autour de quatre principes : 1) la distinction entre l’Église et la communauté politique, 2) la liberté à l’égard de l’État, 3) la liberté au sein de l’Église, 4) le respect de l’ordre public juste. Après l’exposé de ces principes, la note présente en outre les extraits les plus pertinents de la Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis Humanae et de la Constitution pastorale Gaudium et Spes du Concile Vatican II.

© Libreria Editrice Vaticana – 2013

Les 4 principes de la liberté de l’Église

Note du Saint Siège sur la liberté et l’autonomie institutionnelle de l’Église catholique

La doctrine de l’Église catholique relative aux aspects de la liberté religieuse affectés par les deux affaires susmentionnées peut être présentée, en synthèse, comme fondée sur les quatre principes suivants : la distinction entre l’Église et la communauté politique, la liberté à l’égard de l’État, la liberté au sein de l’Église, le respect de l’ordre public juste. C’est ce qu’explique une note de la Représentation permanente du Saint-Siège auprès du Conseil de l’Europe, publiée ce 16 janvier 2013, dans le cadre de deux affaires portées devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Note sur la liberté et l’autonomie institutionnelle de l’Eglise catholique à l’occasion de l’examen des affaires Sindicatul ‘Pastorul cel Bun’ contre la Roumanie (n°2330/09) et Fernandez-Martinez contre l’Espagne (n° 56030/07) par la Cour européenne des droits de l’homme.

La doctrine de l’Église catholique relative aux aspects de la liberté religieuse affectés par les deux affaires susmentionnées peut être présentée, en synthèse, comme fondée sur les quatre principes suivants :

1-  la distinction entre l’Église et la communauté politique ;

2-  la liberté à l’égard de l’État ;

3-  la liberté au sein de l’Église ;

4-  le respect de l’ordre public juste.

1. La distinction entre l’Église et la communauté politique

L’Église reconnait la distinction entre l’Église et la communauté politique qui ont, l’une et l’autre, des finalités distinctes ; l’Église ne se confond d’aucune manière avec la communauté politique et n’est liée à aucun système politique. La communauté politique doit veiller au bien commun et faire en sorte que, sur cette terre, les citoyens puissent mener une « vie calme et paisible ». L’Église reconnaît que c’est dans la communauté politique que l’on trouve la réalisation la plus complète du bien commun (cf. Catéchisme de l’Église Catholique, n.1910), entendu comme « l’ensemble des conditions sociales qui permettent tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée » (ibid., n.1906). Il revient à l’État de le défendre et d’assurer la cohésion, l’unité et l’organisation de la société de sorte que le bien commun soit réalisé avec la contribution de tous les citoyens, et rende accessibles à chacun les biens nécessaires - matériels, culturels, moraux et spirituels – à une existence vraiment humaine. Quant à l’Église, elle a été fondée pour conduire ses fidèles, par sa doctrine, ses sacrements, sa prière et ses lois, à leur fin éternelle.

Cette distinction repose sur les paroles du ChristÉ: « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 21). Sur le terrain qui leur est propre, la communauté politique et l’Église sont indépendantes l’une de l’autre et autonomes. S’agissant des domaines dont la finalité est à la fois spirituelle et temporelle, comme le mariage ou l’éducation des enfants, l’Église considère que le pouvoir civil doit exercer son autorité en veillant à ne pas nuire au bien spirituel des fidèles. L’Église et la communauté politique ne peuvent pas cependant s’ignorer l’une l’autre ; à des titres divers, elles sont au service des mêmes hommes. Elles exercent d’autant plus efficacement ce service pour le bien de tous qu’elles rechercheront davantage entre elles une saine coopération, selon l’expression du Concile Vatican II (cf. Gaudium et spes, n.76).

La distinction entre l’Église et la communauté politique est assurée par le respect de leur autonomie réciproque, laquelle conditionne leur liberté mutuelle. Les limites de cette liberté sont, pour l’État, de s’abstenir de prendre des mesures susceptibles de nuire au salut éternel des fidèles, et, pour l’Église, de respecter l’ordre public.

2. La liberté à l’égard de l’État

L’Église ne revendique pas de privilège, mais le plein respect et la protection de sa liberté d’accomplir sa mission au sein d’une société pluraliste. Cette mission et cette liberté, l’Église les a reçues ensemble de Jésus-Christ et non pas de l’État. Le pouvoir civil doit ainsi respecter et protéger la liberté et l’autonomie de l’Église et ne l’empêcher en aucune manière de s’acquitter intégralement de sa mission qui consiste à conduire ses fidèles, par sa doctrine, ses sacrements, sa prière et ses lois, à leur fin éternelle.

La liberté de l’Église doit être reconnue par le pouvoir civil en tout ce qui concerne sa mission, tant s’agissant de l’organisation institutionnelle de l’Église (choix et formation des collaborateurs et des clercs, élection des évêques, communication interne entre le Saint-Siège, les évêques et les fidèles, fondation et gouvernement d’instituts de vie religieuse, publication et diffusion d’écrits, possession et administration de biens temporels…), que de l’accomplissement de sa mission auprès des fidèles (notamment par l’exercice de son magistère, la célébration du culte, l’administration des sacrements et le soin pastoral).

La religion catholique existe dans et par l’Église qui est le corps mystique du Christ. Dans la considération de la liberté de l’Église, une attention première doit donc être accordée à sa dimension collective : l’Église est autonome dans son fonctionnement institutionnel, son ordre juridique et son administration interne. Les impératifs de l’ordre public juste restant saufs, cette autonomie doit être respectée par les autorités civiles ; c’est une condition de la liberté religieuse et de la distinction entre l’Église et l’État. Les autorités civiles ne peuvent pas, sans commettre d’abus de pouvoir, interférer dans ce domaine religieux, par exemple en prétendant réformer une décision de l’Évêque relative à une nomination à une fonction.

3. La liberté au sein de l’Église

L’Église n’ignore pas que certaines religions et idéologies peuvent opprimer la liberté de leurs fidèles ; quant à elle cependant, l’Église reconnaît la valeur fondamentale de la liberté humaine. L’Église voit en toute personne une créature douée d’intelligence et de volonté libre. L’Église se conçoit comme un espace de liberté et elle prescrit des normes destinées à garantir le respect de cette liberté. Ainsi, tous les actes religieux, pour être valides, exigent la liberté de leur auteur. Pris dans leur ensemble et au-delà de leur signification propre, ces actes accomplis librement visent à faire accéder à la « liberté des enfants de Dieu ». Les relations mutuelles au sein de l’Église (par exemple le mariage et les vœux religieux prononcés devant Dieu) sont gouvernées par cette liberté.

Cette liberté est en dépendance à l’égard de la vérité (« la vérité vous rendra libre », Jn 8,32) : il en résulte qu’elle ne peut pas être invoquée pour justifier une atteinte à la vérité. Ainsi, un fidèle laïc ou religieux ne peut pas, à l’égard de l’Église, invoquer sa liberté pour contester la foi (par exemple en prenant des positions publiques contre le Magistère) ou pour porter atteinte à l’Église (par exemple en créant un syndicat civil de prêtres contre la volonté de l’Église). Il est vrai que toute personne dispose de la faculté de contester le Magistère ou les prescriptions et les normes de l’Église. En cas de désaccord, toute personne peut exercer les recours prévus par le droit canonique et même rompre ses relations avec l’Église. Les relations au sein de l’Église étant toutefois de nature essentiellement spirituelle, il n’appartient pas à l’État d’entrer dans cette sphère et de trancher de telles controverses.

4. Le respect de l’ordre public juste

L’Église ne demande pas que les communautés religieuses soient des zones de « non-droit » dans lesquelles les lois de l’État cesseraient de s’appliquer. L’Église reconnaît la compétence légitime des autorités et juridictions civiles pour assurer le maintien de l’ordre public ; cet ordre public devant respecter la justice. Ainsi, l’État doit assurer le respect par les communautés religieuses de la morale et de l’ordre public juste. Il veille en particulier à ce que les personnes ne soient pas soumises à des traitements inhumains ou dégradants, ainsi qu’au respect de leur intégrité physique et morale, y compris à leur capacité de quitter librement leur communauté religieuse. C’est là la limite de l’autonomie des diverses communautés religieuses, permettant de garantir la liberté religieuse tant individuelle que collective et institutionnelle, dans le respect du bien commun et de la cohésion des sociétés pluralistes. En dehors de ces cas, il appartient aux autorités civiles de respecter l’autonomie des communautés religieuses, en vertu de laquelle celles-ci doivent être libres de fonctionner et de s’organiser selon leurs propres règles.

À cet égard, il doit être rappelé que la foi catholique est totalement respectueuse de la raison. Les chrétiens reconnaissent la distinction entre la raison et la religion, entre les ordres naturel et surnaturel, et ils estiment que « la grâce ne détruit pas la nature », c’est-à-dire que la foi et les autres dons de Dieu ne rendent pas inutiles ni ignorent la nature humaine et l’usage de la raison humaine, mais au contraire encouragent cet usage. Le christianisme, à la différence d’autres religions, ne comporte pas de prescriptions religieuses formelles (alimentaires, vestimentaires, mutilations, etc.) susceptibles le cas échéant de heurter la morale naturelle et d’entrer en conflit avec le droit d’un État religieusement neutre. D’ailleurs, le Christ a enseigné à dépasser de telles prescriptions religieuses purement formelles et les a remplacées par la loi vivante de la charité, une loi qui, dans l’ordre naturel, reconnaît à la conscience le soin de distinguer le bien du mal. Ainsi, l’Église catholique ne saurait imposer aucune prescription contraire aux justes exigences de l’ordre public.

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VIVRE L’AUJOURD’HUI DE DIEU

Commentaire de l’évangile du 3ème Dimanche du Temps ordinaire – Année C

Esdras, - monsieur « Secours » -, ainsi devrait-on traduire de l’hébreu son nom, écrivain, spécialiste de la Loi, prêtre, mériterait de devenir le saint patron de nos assemblées liturgiques. Au retour de l’exil des juifs à Babylone (vers 450 avant Jésus-Christ), il rassemble les anciens déportés en créant une liturgie de suppléance. Esdras sera de ceux qui vont organiser un service religieux autour de la Parole de Dieu, comportant lectures, homélies, prières et chants. C’était comme une nouvelle présence de Dieu au milieu des siens. À la place d’honneur de la communauté rassemblée, il y a le livre. Puis le lecteur vient, l’ouvre et chacun se lève. Dieu parle comme un père, comme une mère à son enfant, comme un fiancé à sa promise. C’est une Bonne Nouvelle que jeunes vieux, petits ou grands, abritent dans leur cœur.

Mais encore faut-il en saisir toutes les nuances et les facettes inépuisables. Les commentateurs s’y emploient. Autour d’Esdras lui-même, ils étaient treize pour « prêter main-forte à leurs frères afin de mettre en pratique la Parole du Seigneur » (2 Ch 35,6).

Et l'auditoire se réjouit et goûte la joie de recevoir ensemble cette Parole de Dieu. C’est vraiment le Shabbat, le Jour du Seigneur. Un jour de fête où la consigne est de « manger des viandes savoureuses, de boire des boissons aromatisées et d’envoyer une part à celui qui n’a rien préparé ». Car  vraiment « la joie du Seigneur est notre rempart ».

Voyez-vous, il n’y a pas de peuple de Dieu, pas de famille chrétienne et pas d’Eglise sans rassemblement autour de la Parole de Dieu, sans écoute attentive et sans célébration joyeuse.

Avec Jésus, la parole est devenue chair et pain. Contemplons la dans la synagogue de son village. Il monte sur la bêma, l’estrade réservée au prédicateur, et déroule la longue bande de peau tannée sur laquelle est écrit le texte d’Isaïe. Il lit quelques versets, puis rend le livre au hassan, le sacristain-instituteur. Il commente la lecture, alors que tous ont les yeux fixés sur lui.

« Aujourd’hui s’accomplit l’Écriture... » Son homélie consiste à dire que la Parole de Dieu n’est pas du baratin, mais une réalité concrète. Jésus ne se contente pas de répéter les paroles du vieux prophète. Il se met réellement au service des pauvres et des malades. Il est la Parole en chair et en os. Il est Dieu qui vient se salir les mains en secourant les hommes. Aujourd’hui un monde nouveau peut éclore.

Le Royaume nouveau a deux mille ans. Une fraction de secondes à l’échelle de l’univers. Le temps de la patience et de la croissance. Mais,  quelle chance pour nous, Dieu parle toujours au présent. L’évangile n’est pas enfoui sous la poussière des siècles. Le livre du passé est Parole vivante et actuelle. Parole qu’est Jésus. Car, à Nazareth, il a opéré une révolution dans la liturgie synagogale. Alors que tout autre rabbin se contentait d’expliquer un texte de la Torah, Jésus lui attire l’attention, non sur ce qu’il lit, mais sur ce qui arrive. Ce n’est plus le Livre qui est au centre, mais sa Personne. Il ne s’agit plus seulement de commenter, mais de vivre l’aujourd’hui de Dieu... Oui, laissons-nous convoquer autour du Seigneur - Parole et Pain - qui vient ouvrir nos existences étroites à l’irruption du seul bonheur durable.

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