PKO 26.05.2013

Dimanche 26 mai 2013 – Solennité de la Sainte Trinité – Année C

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°33/2013

HUMEURS

Fête des Mères … fête de la Vie

 

À ma mère

Après un si joyeux festin,

Zélés sectateurs de Grégoire,

Mes amis, si, le verre en main

Nous voulons chanter, rire et boire,

Pourquoi s'adresser à Bacchus ?

Dans une journée aussi belle

Mes amis, chantons en « chorus »

A la tendresse maternelle. (bis)

Un don pour nous si précieux,

Ce doux protecteur de l'enfance,

Ah ! c'est une faveur des cieux

Que Dieu donna dans sa clémence.

D'un bien pour l'homme si charmant

Nous avons ici le modèle ;

Qui ne serait reconnaissant

A la tendresse maternelle ? (bis)

Arrive-t-il quelque bonheur ?

Vite, à sa mère on le raconte ;

C'est dans son sein consolateur

Qu'on cache ses pleurs ou sa honte.

A-t-on quelques faibles succès,

On ne triomphe que pour elle

Et que pour répondre aux bienfaits

De la tendresse maternelle. (bis)

Ô toi, dont les soins prévoyants,

Dans les sentiers de cette vie

Dirigent mes pas nonchalants,

Ma mère, à toi je me confie.

Des écueils d'un monde trompeur

Écarte ma faible nacelle.

Je veux devoir tout mon bonheur

À la tendresse maternelle. (bis)

Alfred de MUSSET


Nous célébrons ce dimanche les mamans… Pour combien de temps encore ?

La fête des mères, une belle tradition, si belle que sous la présidence de Mr Vincent Auriol elle a été inscrite dans la loi française le 24 mai 1950 : « Chaque année, la République française rend officiellement hommage, aux mères, au cours d'une journée consacrée à la célébration de la "Fête des mères". Le ministre chargé de la famille organise cette fête avec le concours de l'union nationale des associations familiales. La fête des mères est fixée au dernier dimanche de mai. Si cette date coïncide avec celle de la Pentecôte, la fête des mères a lieu le premier dimanche de juin. » (Code de l’Action sociale et des familles articles R215-1 et R215-2).

Cette fête est l’occasion pour tous les enfants de fêter celle qui leur a donné la vie, celle qui les a portés durant neuf mois… et nous sommes tous l’enfant d’une mère… Mais pour combien de temps encore ?

En modifiant la loi sur le mariage et en l’ouvrant aux couples homosexuels plutôt que d’établir une nouvelle loi d’union civile pour ces personnes en quête d’une reconnaissance justifiée… le législateur a ouvert la boîte de Pandore…et la fête des Mères pourrait bien en faire les frais.

L’ouverture du mariage aux personnes homosexuelles implique, à plus ou moins long terme, l’ouverture de l’adoption… et verra ainsi certains enfants… être enfants de deux hommes…  La loi consacrant la fête des mères pourra-t-elle être maintenue sans qu’il y ait discrimination ? À moins que la « fête des mères » ne soit remplacée par la « fête des genres » !

Fêtons nos mamans tant qu’il en est encore temps !

 

En marge de l’actualité

Fête des Mères, fête de la Vie

 Dimanche nous fêterons les mamans.

Le pape Jean-Paul II a institué la Journée de la Vie.  En France, c'est le jour de la fête des Mères qui a été choisi pour marquer cette Journée de la Vie.

Une mère est le bien le plus précieux dont tout enfant a besoin pour vivre et s'épanouir. Hélas beaucoup de femmes se trouvent en grandes difficultés pour élever leurs enfants, et bon nombre d'enfants ont besoin d'assistance et de protection depuis le stade d'embryon jusqu'à l'âge adulte.

Comme les autres années, les Associations Familiales Catholiques (A.F.C.) se mobilisent pour sensibiliser les personnes de bonne volonté à la défense de la Vie, en particulier celle des mères et des enfants en difficulté.

Sous l'égide de l'Union Nationale des A.F.C. une quête pour la vie sera organisée le samedi 25 et le dimanche 26 mai 2013 à la sortie des messes dominicales. Les fonds récoltés serviront à soutenir des associations qui aident les femmes et les enfants en situation difficile.

Dominique SOUPÉ - Chancelier

  

Devenir instruments de l’unité et de la communion

Catéchèse du Pape François du mercredi 22 mai 2013

Comme il le fait souvent, le pape François a proposé un examen de conscience aux quelque 50 000 personnes rassemblées place Saint-Pierre pour l'audience générale de ce mercredi 22 mai. Le pape a en effet proposé ces questions : « Nous devrions tous nous demander : comment est-ce que je me laisse guider par l’Esprit-Saint, de sorte que ma vie et mon témoignage de foi soient signes d’unité et de communion ? Est-ce que, dans le milieu dans lequel je vis, j’apporte la parole de réconciliation et d’amour qu’est l’Évangile ?" Le pape invite à devenir "dans notre monde des instruments de l’unité et de la communion ».

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans le Credo, aussitôt après avoir confessé notre foi dans l’Esprit-Saint, nous disons : « Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique ». Il y a un lien profond entre ces deux réalités de foi : c’est l’Esprit-Saint, en effet, qui donne vie à l’Église, qui guide ses pas. Sans la présence et l’action incessante de l’Esprit-Saint, l’Église ne pourrait pas vivre et ne pourrait pas accomplir la tâche que Jésus ressuscité lui a confiée d’aller de toutes les nations faire des disciples (cf. Mt 28, 18).

Évangéliser est la mission de l’Église, pas seulement la mission de quelques-uns, mais la mienne, la tienne, c’est notre mission. L’apôtre Paul s’exclamait « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Co 9, 16). Chacun de nous doit être un évangélisateur, surtout par sa vie ! Paul VI soulignait que « évangéliser est… la grâce et la vocation propre de l’Église, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser » (Exhort. apost. Evangelii nuntiandi, 14).

Qui est le véritable moteur de l’évangélisation dans notre vie et dans l’Église ? Paul VI écrivait clairement : « Il [l’Esprit-Saint] est celui qui, aujourd’hui comme aux débuts de l’Église, agit en chaque évangélisateur qui se laisse posséder et conduire par lui, et met dans sa bouche les mots que seul il ne pourrait trouver, tout en prédisposant aussi l’âme de celui qui écoute pour le rendre ouvert et accueillant à la Bonne Nouvelle et au Règne annoncé » (ibid. 75). Alors, pour évangéliser, il est nécessaire, encore une fois, de s’ouvrir à l’horizon de l’Esprit de Dieu, sans crainte de ce qu’il nous demandera et de là où il nous conduira. Confions-nous à lui ! Il nous rendra capables de vivre notre foi et d’en témoigner et il illuminera le cœur de ceux que nous rencontrons. C’était cela l’expérience de la Pentecôte : les apôtres, réunis avec Marie au Cénacle, « virent apparaître des langues qu'on eût dites de feu ; elles se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux. Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer » (Ac 2, 3-4). L’Esprit-Saint, en descendant sur les apôtres, les fait sortir de la salle où ils étaient enfermés par peur, les fait sortir d’eux-mêmes et les transforme en annonciateurs et témoins des « merveilles de Dieu » (v. 11). Et cette transformation opérée par l’Esprit-Saint se réfléchit sur la foule accourue sur place et originaire « de toutes les nations qui sont sous le ciel » (v. 5), parce que chacun entendait les paroles des apôtres comme si elles étaient prononcées dans leur propre langue (v. 6).

Il y a là un premier effet important de l’action de l’Esprit-Saint qui guide et anime l’annonce de l’Évangile : l’unité, la communion. À Babel, d’après le récit biblique, la dispersion des peuples et la confusion des langues avaient commencé, fruit du geste de suffisance et d’orgueil de l’homme qui voulait construire, par ses propres forces, sans Dieu, « une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux » (Gn 11, 4). À la Pentecôte, ces divisions sont dépassées. Il n’y a plus d’orgueil vis-à-vis de Dieu, ni de fermeture des uns par rapport aux autres mais il y a l’ouverture à Dieu, on sort pour annoncer sa Parole : une langue nouvelle, celle de l’amour que l’Esprit-Saint a répandu dans nos cœurs (cf. Rm 5, 5) ; une langue que tous peuvent comprendre et qui, si on l’écoute, peut s’exprimer dans toute existence et dans toute culture. La langue de l’Esprit, la langue de l’Évangile, est la langue de la communion, qui invite à dépasser les fermetures et l’indifférence, les divisions et les oppositions. Nous devrions tous nous demander : comment est-ce que je me laisse guider par l’Esprit-Saint, de sorte que ma vie et mon témoignage de foi soient signes d’unité et de communion ? Est-ce que, dans le milieu dans lequel je vis, j’apporte la parole de réconciliation et d’amour qu’est l’Évangile ? Parfois, il semble que ce qui est arrivé à Babel se répète aujourd’hui : divisions, incapacité de se comprendre, rivalités, envies, égoïsme. Et moi, qu’est-ce que je fais de ma vie ? Est-ce que je fais l’unité autour de moi ? Ou est-ce que je divise, par mes bavardages, mes critiques, mes envies ? Qu’est-ce que je fais ? Réfléchissons-y. Apporter l’Évangile, c’est commencer par annoncer et vivre la réconciliation, le pardon, la paix, l’unité, l’amour que l’Esprit-Saint nous donne.

Souvenons-nous des paroles de Jésus : « À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres » (Jn 13, 34-35).

Un second élément : le jour de la Pentecôte, Pierre, rempli de l’Esprit-Saint, se met debout « avec les onze », « élève la voix » (Ac 2, 14) et, « en toute assurance » (v. 29), annonce la bonne nouvelle de Jésus qui a donné sa vie pour notre salut et que Dieu a ressuscité des morts. Voilà un autre effet de l’action de l’Esprit-Saint : le courage d’annoncer la nouveauté de l’Évangile de Jésus à tous, avec assurance (parresia), à voix haute, en tout temps et en tout lieu. Et cela se produit encore aujourd’hui pour l’Église et pour chacun de nous : le feu de la Pentecôte, l’action de l’Esprit-Saint libèrent sans cesse de nouvelles énergies pour la mission, de nouvelles voies où annoncer le message du salut, un nouveau courage pour évangéliser. Ne nous fermons jamais à cette action ! Vivons l’Évangile avec humilité et courage ! Témoignons de la nouveauté, de l’espérance, de la joie que donne le Seigneur dans notre vie. Éprouvons « la douce et réconfortante joie d’évangéliser » (Paul VI, Exhort. Apost. Evangelii nuntiandi, 80). Parce que évangéliser, annoncer Jésus, nous donne de la joie ; l’égoïsme, en revanche, nous rend amers, tristes, nous démoralise ; l’évangélisation nous tire vers le haut.

J’indique simplement un troisième élément, mais qui est particulièrement important : une nouvelle évangélisation, une Église qui évangélise, doit toujours partir de la prière, de la demande, comme pour les apôtres au Cénacle, du feu de l’Esprit-Saint. Seule une relation fidèle et intense avec Dieu nous permet de sortir de nos fermetures et d’annoncer l’Évangile avec parresia. Sans la prière, notre agir devient vide et notre annonce n’a pas d’âme, elle n’est pas animée par l’Esprit-Saint.

Chers amis, comme l’a affirmé Benoît XVI, aujourd’hui, l’Église « sent surtout le vent de l’Esprit Saint qui nous aide, nous montre la vraie voie ; et ainsi, avec un nouvel enthousiasme, il me semble, nous sommes en chemin et nous rendons grâce au Seigneur » (Paroles à l’Assemblée ordinaire du synode des évêques, 27 octobre 2012). Renouvelons chaque jour notre confiance dans l’action de l’Esprit-Saint, ayons confiance qu’il agit en nous, qu’il est en nous, qu’il nous donne le zèle apostolique, qu’il nous donne la paix, qu’il nous donne la joie. Laissons-nous guider par lui, soyons des hommes et des femmes de prière, qui témoignent courageusement de l’Évangile, devenant dans notre monde des instruments de l’unité et de la communion de Dieu. Merci !

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L’Église ne peut pas restér fermée sur elle-même

Dans le cadre de l'Année de la foi, les nouveaux mouvements, communautés, associations et groupements laïcs se sont retrouvé à Rome pour réfléchir sur leur mission (thème choisi : « Je crois ! Augmente en nous la foi »). Plus de 120 000 personnes étaient présentes. À 17h30, le Saint-Père est arrivé et, après avoir salué les pèlerins, il a ouvert la veillée de Pentecôte. Le Pape François a répondu à quatre questions posées par les représentants des mouvements. Voici, à la suite des questions, un résumé des réponses du Saint-Père :

Bonsoir à tous !

Je suis heureux de vous rencontrer et de nous rencontrer tous sur cette place pour prier, pour être unis et pour attendre le don de l’Esprit. Je connaissais vos questions et j’y ai pensé — cela n’est donc pas sans en avoir pris connaissance ! D’abord, la vérité ! Je les ai écrites ici.

La première question : « Comment avez-vous pu atteindre dans votre vie la certitude de la foi ? Et quelle voie pouvez-vous nous indiquer pour que chacun de nous puisse vaincre la fragilité de la foi ? », est une question historique, parce qu’elle concerne mon histoire, l’histoire de ma vie !

J’ai eu la grâce de grandir dans une famille dans laquelle la foi se vivait de façon simple et concrète ; mais c’est surtout ma grand-mère, la mère de mon père, qui a marqué mon chemin de foi. C’était une femme qui nous expliquait, qui nous parlait de Jésus, elle nous enseignait le catéchisme. Je me souviens toujours que le Vendredi Saint, elle nous emmenait, le soir, à la procession aux flambeaux, et à la fin de cette procession arrivait la statue du « Christ gisant » et notre grand-mère nous faisait mettre à genoux — nous, les enfants — et disait : « Regardez, il est mort, mais demain il ressuscitera ». J’ai reçu la première annonce chrétienne précisément de cette femme, de ma grand-mère ! C’est très beau, cela ! La première annonce à la maison, avec la famille ! Et cela me fait penser à l’amour de tant de mères et de grands-mères dans la transmission de la foi. Ce sont elles qui transmettent la foi. Cela avait lieu également dans les premiers temps, parce que saint Paul disait à Timothée : « J’évoque le souvenir de la foi de ta mère et de ta grand-mère » (cf. 2 Tm 1, 5). Toutes les mères qui sont ici, toutes les grands-mères, pensez à cela ! Transmettez la foi. Parce que Dieu nous place aux côtés des personnes qui aident notre chemin de foi. Nous ne trouvons pas la foi dans l’abstrait ; non ! C’est toujours une personne qui prêche, qui nous dit qui est Jésus, qui nous transmet la foi, qui nous donne la première annonce. Ainsi, cela a été la première expérience de foi que j’ai eue.

Mais il y a un jour très important pour moi : c’est le 21 septembre 1953. J’avais presque 17 ans. C’était la « Journée de l’étudiant », pour nous un jour de Printemps — chez vous c’est un jour d’automne. Avant d’aller à la fête, je suis passé par la paroisse que je fréquentais, j’ai trouvé un prêtre, que je ne connaissais pas, et j’ai senti le besoin de me confesser. Cela a été pour moi une expérience de rencontre : j’ai trouvé quelqu’un qui m’attendait. Mais je ne sais pas ce qu’il s’est passé, je ne me souviens pas, je ne sais vraiment pas pourquoi c’était ce prêtre là, que je ne connaissais pas, pourquoi j’ai ressenti ce désir de me confesser, mais la vérité est que quelqu’un m’attendait. Il m’attendait depuis longtemps. Après la confession, j’ai senti que quelque chose avait changé. Je n’étais plus le même. J’avais senti véritablement comme une voix, un appel : j’étais convaincu que je devais devenir prêtre. Cette expérience dans la foi est importante. Nous disons que nous devons chercher Dieu, aller vers lui pour lui demander pardon, mais lorsque nous allons, Lui nous attend, Lui est déjà là ! En espagnol, nous avons un terme qui explique bien cela : « Le Seigneur nous “primerea” », il nous précède, il nous attend ! Et cela est vraiment une grande grâce : trouver quelqu’un qui nous attend. Tu vas en pécheur, mais Lui t’attend pour te pardonner. Telle est l’expérience que les prophètes d’Israël décrivent en disant que le Seigneur est comme la fleur d’amandier, la première fleur du Printemps (cf. Jr 1, 11-12). Avant que n’arrivent les autres fleurs, il est là, qui nous attend. Le Seigneur nous attend. Et lorsque nous le cherchons, nous trouvons cette réalité : que c’est Lui qui nous attend pour nous accueillir, pour nous donner son amour. Et cela suscite dans ton cœur un tel émerveillement que tu n’y crois pas, et ainsi grandit la foi ! A travers la rencontre avec une personne, à travers la rencontre avec le Seigneur. Certains diront : « Non, moi je préfère étudier la foi dans les livres ! ». Il est important de l’étudier, mais vous savez, seulement cela ne suffit pas ! L’important est la rencontre avec Jésus, la rencontre avec Lui et cela te donne la foi, parce que c’est précisément Lui qui te la donne ! Vous aussi vous parliez de la fragilité de la foi, de la façon de la vaincre. L’ennemi le plus grand de la fragilité — c’est curieux, n’est-ce pas ? — est la peur. Mais n’ayez pas peur ! Nous sommes fragiles, et nous le savons. Mais Lui est plus fort ! Si tu vas avec Lui, il n’y a pas de problème ! Un enfant est très fragile — j’en ai vus beaucoup aujourd’hui — mais il est avec son père et sa mère ; il est en sécurité ! Avec le Seigneur, nous sommes en sécurité. La foi croît avec le Seigneur, précisément de la main du Seigneur ; cela nous fait croître et nous rend forts. Mais si nous pensons pouvoir nous débrouiller seuls... Pensons à ce qui est arrivé à Pierre : « Seigneur je ne te renierai jamais ! » (cf. Mt 26, 33-35) ; puis le coq a chanté et il l’avait renié trois fois ! (cf. vv. 69-75). Pensons : lorsque nous avons trop confiance en nous-mêmes, nous sommes plus fragiles, plus fragiles. Toujours avec le Seigneur ! Et dire avec le Seigneur signifie dire avec l’Eucharistie, avec la Bible, avec la prière... Mais aussi en famille, aussi avec la mère, aussi avec elle, parce que c’est elle qui nous conduit au Seigneur ; c’est la mère, qui sait tout. Il faut donc prier également la Vierge et lui demander que, comme mère, elle nous rende forts. Voilà ce que je pense de la fragilité, tout au moins est-ce mon expérience. Il y a une chose qui me rend fort tous les jours, c’est de prier le Rosaire à la Vierge. Je sens une force si grande parce que je vais vers elle et je me sens fort.

Passons à la deuxième question.

« Je pense que nous tous ici présents ressentons fortement ce défi, le défi de l’évangélisation, qui est au cœur de nos expériences. C’est pourquoi je voudrais vous demander, Saint-Père, de m’aider et de nous aider tous à comprendre comment vivre ce défi dans notre temps. Quelle est pour vous la chose la plus importante vers laquelle nous tous, mouvements, associations et communautés devons nous tourner pour accomplir le devoir auquel nous sommes appelés ? Comment pouvons-nous communiquer de façon efficace la foi aujourd’hui ? ».

Je ne dirai que trois mots.

Le premier : Jésus. Qui est la chose la plus importante ? Jésus ! Si nous allons de l’avant avec l’organisation, avec d’autres choses, avec de belles choses, mais sans Jésus, nous n’allons pas de l’avant, cela ne va pas. Jésus est plus important. À présent, je voudrais faire un petit reproche, mais fraternellement, entre nous. Vous avez tous crié sur la place « François, François, le Pape François ! ». Mais Jésus où était-il ? Moi, j’aurais voulu que vous criiez : « Jésus, Jésus est le Seigneur, et il est au milieu de nous ! ». Dorénavant, plus de « François ! », mais « Jésus ! » !

Le deuxième mot est : la prière. Regarder le visage de Dieu, mais surtout — et cela est lié à ce que j’ai dit auparavant — se sentir regardés. Le Seigneur nous regarde : il nous regarde avant. Ma première expérience est ce dont je fais l’expérience devant le sagrario [tabernacle] quand je vais prier, le soir, devant le Seigneur. Parfois, j’ai un peu sommeil ; c’est vrai, parce que la fatigue de la journée te donne un peu sommeil. Mais lui me comprend. Et je sens un grand réconfort quand je pense qu’Il me regarde. Nous, nous pensons que nous devons prier, parler, parler, parler... Non ! Laisse-toi regarder par le Seigneur. Quand c’est Lui qui nous regarde, il nous donne de la force et nous aide à témoigner de Lui — parce que la question portait sur le témoignage de la foi, non ? D’abord « Jésus », puis « prière » — nous sentons que Dieu nous tient par la main. Je souligne alors l’importance de cela : se laisser guider par Lui. Cela est plus important que n’importe quel calcul. Nous sommes de vrais évangélisateurs en nous laissant guider par Lui. Pensons à Pierre : peut-être était-il en train de faire la sieste et il a eu une vision, la vision de la nappe avec tous les animaux, et il a entendu que Jésus lui disait quelque chose, mais lui ne comprenait pas. À ce moment-là, sont arrivés des non-juifs venus le chercher pour aller dans une maison et il a vu que le Saint-Esprit était là-bas. Pierre s’est laissé guider par Jésus pour arriver à cette première évangélisation aux gentils, qui n’étaient pas juifs : une chose inimaginable à cette époque (cf. Ac 10, 9-33). Et ainsi, toute l’histoire, toute l’histoire ! Se laisser guider par Jésus. Il est vraiment le leader ; notre leader est Jésus.

Et le troisième : le témoignage. Jésus, prière — la prière, qui consiste à se laisser guider par Lui —, puis le témoignage. Mais je voudrais ajouter quelque chose. Se laisser guider par Jésus te conduit aux surprises de Jésus. On peut penser que sur l’évangélisation nous devons faire des programmes très réfléchis, en pensant aux stratégies, en faisant des plans. Mais cela ce sont des outils, de petits outils. L’important, c’est Jésus et se laisser guider par Lui. Ensuite, nous pouvons établir des stratégies, mais cela est secondaire.

Enfin, le témoignage : la communication de la foi ne peut se faire que par le témoignage, et cela c’est l’amour. Pas avec nos idées, mais avec l’Evangile vécu dans notre existence et que l’Esprit Saint fait vivre à l’intérieur de nous. C’est comme une synergie entre nous et le Saint-Esprit, et cela conduit au témoignage. Ce sont les saints qui font avancer l’Église, ce sont véritablement ceux qui portent témoignage. Comme l’ont dit Jean-Paul II, et également Benoît XVI, le monde d’aujourd’hui a particulièrement besoin de témoins. Non tant de maîtres que de témoins. Ne pas trop parler, mais parler avec toute sa vie : la cohérence de vie, précisément la cohérence de vie ! Une cohérence de vie qui est vivre le christianisme comme une rencontre avec Jésus qui me conduit aux autres et non comme un fait social. Socialement nous sommes ainsi, nous sommes chrétiens, fermés sur nous. Non, cela non ! Le témoignage !

La troisième question : « Je voudrais vous demander, Saint-Père: comment puis-je, pouvons-nous tous, vivre une Eglise pauvre et pour les pauvres ? De quelle façon l’homme qui souffre est-il une question pour notre foi ? Nous tous, comme mouvements et associations de laïcs, quelle contribution efficace pouvons-nous apporter à l’Église et à la société pour affronter cette grave crise qui touche l’éthique publique » — cela est important ! — « le modèle de développement, la politique, bref, une nouvelle façon d’être hommes et femmes ? ».

Je repars du témoignage. Avant tout, vivre l’Évangile est la principale contribution que nous pouvons apporter. L’Église n’est pas un mouvement politique, ni une structure bien organisée : ce n’est pas cela. Nous ne sommes pas une « O.N.G. », quand l’Église devient une « O.N.G. » elle perd son sel, elle n’a plus de goût, elle n’est plus qu’une organisation vide. Et en cela soyez malins, parce que le diable nous trompe, parce que l’on court le risque de l’efficacité à tout prix. C’est une chose de prêcher Jésus, c’en est une autre l’efficacité, être efficients. Non, cela est une autre valeur. La valeur de l’Église, fondamentalement, est de vivre l’Évangile et rendre témoignage de notre foi. L’Église est le sel de la terre, c’est la lumière du monde, elle est appelée à rendre présent dans la société le levain du Royaume de Dieu et elle le fait avant tout à travers son témoignage, le témoignage de l’amour fraternel, de la solidarité, du partage. Quand nous entendons certains dire que la solidarité n’est pas une valeur mais un « comportement primaire » qui doit disparaître... cela ne va pas ! On pense à une efficacité uniquement du monde. Les moments de crise, comme ceux que nous sommes en train de vivre — mais tu as dit tout à l’heure que « nous sommes dans un monde de mensonges » —, ce moment de crise, faisons attention, ne consiste pas en une crise uniquement économique ; ce n’est pas une crise culturelle. C’est une crise de l’homme : ce qui est en crise c’est l’homme ! Et ce qui peut être détruit c’est l’homme ! Mais l’homme est image de Dieu ! C’est pourquoi c’est une crise profonde ! En ce moment de crise nous ne pouvons pas nous inquiéter uniquement de nous-mêmes, nous enfermer dans la solitude, dans le découragement, dans le sentiment d’impuissance face aux problèmes. Ne pas s’enfermer, s’il vous plaît ! C’est cela le danger : nous nous enfermons dans la paroisse, avec les amis, dans le mouvement, avec ceux avec qui nous pensons les mêmes choses... mais savez-vous ce qui arrive ? Quand l’Église devient fermée, elle tombe malade, elle tombe malade. Pensez à une pièce fermée pendant un an ; quand tu y retournes il y a une odeur d’humidité, il y a beaucoup de choses qui ne vont pas. Une Église fermée c’est la même chose : c’est une Église malade. L’Église dit sortir d’elle-même. Pour aller où ? Vers les périphéries existentielles, quelles qu’elles soient, mais sortir. Jésus nous dit : « Allez dans le monde entier ! Allez ! Prêchez ! Proclamez l’Évangile » (cf. Mc 16, 15). Mais que se passe-t-il si quelqu’un sort de lui-même ? Il peut se passer ce qu’il peut arriver à tous ceux qui sortent de chez eux et vont dans la rue: un accident. Mais je vous le dis : je préfère mille fois une Église qui a eu un accident, qui a affronté un accident, qu’une Église malade parce qu’elle est fermée ! Sortez dehors, sortez ! Pensez aussi à ce que dit l'Apocalypse. Elle dit une belle chose : que Jésus est à la porte et appelle, il appelle pour entrer dans notre cœur (cf. Ap 3, 20). Tel est le sens de l'Apocalypse. Mais posez-vous cette question : combien de fois Jésus est-il à l’intérieur et frappe à la porte pour sortir, pour sortir dehors, et nous ne le laissons pas sortir, en raison de nos certitudes, parce que très souvent nous sommes enfermés dans des structures caduques, qui servent seulement à nous rendre esclaves, et non des fils de Dieu libres ? Dans cette « sortie », il est important d’aller à la rencontre ; pour moi cette parole est très importante : la rencontre avec les autres. Pourquoi ? Parce que la foi est une rencontre avec Jésus, et nous devons faire la même chose que Jésus: rencontrer les autres. Nous vivons une culture de l’affrontement, une culture de la fragmentation, une culture dans laquelle je jette ce qui ne me sert pas, la culture du déchet. Mais sur ce point, je vous invite à penser — et cela fait partie de la crise — aux personnes âgées, qui sont la sagesse d’un peuple, aux enfants... la culture du déchet ! Mais nous devons aller à la rencontre et nous devons créer avec notre foi une « culture de la rencontre », une culture de l’amitié, une culture où nous trouvons des frères, où nous pouvons aussi parler avec ceux qui ne pensent pas comme nous, aussi avec ceux qui ont une autre foi, qui n’ont pas la même foi. Tous ont quelque chose en commun avec nous : ils sont des images de Dieu, ce sont les fils de Dieu. Aller à la rencontre de tous, sans négocier notre appartenance. Et un autre point est important : avec les pauvres. Si nous sortons de nous-mêmes, nous trouvons la pauvreté. Aujourd’hui — cela fait mal au cœur de le dire —, aujourd’hui, trouver un clochard mort de froid n’est pas une nouvelle. Aujourd’hui ce qui est une nouvelle est, peut-être, un scandale. Un scandale : ah, ça c’est une nouvelle ! Aujourd’hui, penser que tant d’enfants n’ont pas à manger n’est pas une nouvelle. Cela est grave, cela est grave ! Nous ne pouvons pas rester tranquille ! Enfin... les choses sont ainsi. Nous ne pouvons pas devenir des chrétiens amidonnés, des chrétiens trop bien élevés, qui parlent de choses théologiques alors qu’ils prennent le thé, tranquilles. Non ! Nous devons devenir des chrétiens courageux et aller chercher ceux qui sont précisément la chair du Christ, ceux qui sont la chair du Christ ! Quand je vais confesser — je ne peux pas encore, car pour sortir confesser... d’ici on ne peut pas sortir, mais cela est un autre problème — quand j’allais confesser dans le diocèse précédent, certaines personnes venaient et je posais toujours cette question : « Mais donnez-vous l’aumône ? » — « Oui, père ! ». « Ah, c’est bien, c’est bien ! ». Et j’en posais deux de plus : « Dites-moi, quand vous donnez l’aumône, regardez-vous dans les yeux celui ou celle à qui vous donnez l’aumône ? » — « Eh bien je ne sais pas, je ne m’en suis pas rendu compte ». Deuxième question : « Et quand vous donnez l’aumône, touchez-vous la main de celui à qui vous donnez l’aumône, ou lui jetez-vous la monnaie ? ». Voilà le problème : la chair du Christ, toucher la chair du Christ, prendre sur nous cette douleur pour les pauvres. La pauvreté, pour nous chrétiens, n’est pas une catégorie sociologique ou philosophique, ou culturelle : non, c’est une catégorie théologale. Je dirais qu’elle est peut-être la première catégorie, parce que ce Dieu, le Fils de Dieu, s’est abaissé, s’est fait pauvre pour marcher avec nous sur la route Et cela est notre pauvreté : la pauvreté de la chair du Christ, la pauvreté qui nous a apporté le Fils de Dieu avec son Incarnation. Une Église pauvre pour les pauvres commence par aller vers la chair du Christ. Si nous allons vers la chair du Christ, nous commençons à comprendre quelque chose, à comprendre ce qu’est cette pauvreté, la pauvreté du Seigneur. Et cela n’est pas facile. Mais il y a un problème qui ne fait pas du bien aux chrétiens : l’esprit du monde, l’esprit mondain, la mondanité spirituelle. Cela nous conduit à la suffisance, à vivre l’esprit du monde et non celui de Jésus. La question que vous posiez est : comment doit-on vivre pour affronter cette crise qui touche l’éthique publique, le modèle de développement, la politique. Etant donné que cette crise est une crise de l’homme, une crise qui détruit l’homme, c’est une crise qui dépouille l’homme de l’éthique. Dans la vie publique, dans la politique, s’il n’y pas d’éthique, une éthique de référence, tout est possible et on peut tout faire. Et nous voyons, quand nous lisons les journaux, combien le manque d’éthique dans la vie publique fait beaucoup de mal à l’humanité tout entière.

Je voudrais vous raconter une histoire. Je l’ai déjà racontée deux fois cette semaine, mais je le ferai une troisième fois avec vous. C’est l’histoire que raconte un midrash biblique d’un rabbin du XIIe siècle. Celui-ci raconte l’histoire de la construction de la Tour de Babel et dit que, pour construire la Tour de Babel il était nécessaire de fabriquer des briques. Que signifie cela ? Aller, mélanger de la boue, porter la paille, tout faire... et ensuite mettre au four. Et quand la brique était faite, elle devait être portée en haut, pour la construction de la Tour de Babel. Une brique représentait un trésor, en raison de tout le travail qui était nécessaire pour la faire. Quand une brique tombait, c’était une tragédie nationale et l’ouvrier coupable était puni ; une brique était si précieuse que si elle tombait cela était un drame. Mais si un ouvrier tombait, il ne se passait rien, c’était une autre chose. Cela se produit aujourd’hui : si les investissements dans les banques baissent un peu... c’est une tragédie... que doit-on faire ? Mais si des personnes meurent de faim, si elles n’ont pas à manger, si elles ne sont pas en bonne santé, cela ne fait rien ! Voilà quelle est notre crise aujourd’hui ! Et le témoignage d’une Église pauvre pour les pauvres va contre cette mentalité.

La quatrième question : « Devant ces situations, il me semble que ma confession, mon témoignage soit timide et maladroit. Je voudrais faire quelque chose de plus, mais quoi ? Et comment aider nos frères, comment alléger leur souffrance, alors que je ne peux rien faire, ou bien peu, pour changer leur contexte politique et social ? ».

Pour annoncer l’Évangile deux vertus son nécessaires : le courage et la patience. Eux [les chrétiens qui souffrent] sont dans l’Église de la patience. Ils souffrent et il y a plus de martyrs aujourd’hui que pendant les premiers siècles de l’Église ; plus de martyrs ! Nos frères et nos sœurs. Ils souffrent ! Eux portent leur foi jusqu’au martyre. Mais le martyre n’est jamais une défaite ; le martyre est le degré le plus élevé du témoignage que nous devons donner. Nous sommes en marche vers le martyre, de petits martyres : renoncer à cela, faire cela... mais nous sommes en marche. Et eux, les pauvres, donnent leur vie, mais ils la donnent — comme nous avons entendu à propos de la situation au Pakistan — par amour pour Jésus, en témoignant de Jésus. Un chrétien doit toujours avoir cette attitude de douceur, d’humilité, précisément l’attitude qu’ils ont, en se confiant à Jésus, en se remettant à Jésus. Il faut préciser que de nombreuses fois ces conflits n’ont pas une origine religieuse ; souvent il y a d’autres causes, de type social et politique, et malheureusement les appartenances religieuses sont utilisées comme de l’huile sur le feu. Un chrétien doit toujours savoir répondre au mal par le bien, même si cela est souvent difficile. Nous cherchons à leur faire sentir, à ces frères et sœurs, que nous sommes profondément unis — profondément unis ! — à leur situation, que nous savons que ces sont des chrétiens « entrés dans la patience ». Quand Jésus va à la rencontre de la Passion, il entre dans la patience. Eux sont entrés dans la patience : leur faire savoir, mais aussi le faire savoir au Seigneur. Je vous pose la question : priez-vous pour ces frères et ces sœurs ? Priez-vous pour eux ? Dans votre prière de tous les jours ? Je ne demanderai pas maintenant que celui qui prie lève la main : non ! Je ne le demanderai pas maintenant. Mais pensez-y bien. Dans la prière de tous les jours, disons à Jésus : « Seigneur, regarde ce frère, regarde cette sœur qui souffre tant, qui souffre tant ! ». Ils font l’expérience de la limite, précisément de la limite entre la vie et la mort. Et cette expérience doit nous conduire nous aussi à promouvoir la liberté religieuse pour tous, pour tous ! Chaque homme et chaque femme doivent être libres dans leur confession religieuse, quelle qu’elle soit. Pourquoi ? Parce que cet homme et cette femme sont des enfants de Dieu.

Et ainsi, je crois avoir répondu quelque chose à vos questions ; excusez-moi si cela a été trop long. Merci beaucoup ! Merci à vous, et n’oubliez pas : il ne faut pas une Église fermée, mais une Église qui va à l’extérieur, qui va vers les périphéries de l’existence. Que le Seigneur nous guide là-bas. Merci.

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La mémoire du Cardinal GANTIN honorée

Le défunt Cardinal Bernardin GANTIN, ami de Mgr Michel COPPENRATH et de la Polynésie était venu à Tahiti en 1984 pour le Jubilé du 150ème anniversaire de la Mission catholique en Polynésie.


Jeudi 23 mai, le Cardinal Robert Sarah, Président du Conseil pontifical Cor Unum, le Président béninois Mr Thomas Boni Yayi, Mgr Patrick Valdrini, Pro Recteur de l'Université pontificale du Latran, et Mr Martin Nkafu Nkemnkia, Directeur du Département des sciences sociales et études africaines de l'Université du Latran, on évoqué le défunt Cardinal béninois Bernardin Gantin. La mémoire de celui qui fut Préfet de la Congrégation pour les évêques, sera désormais honorée à Rome par une chaire de cette même université consacrée à la Socialisation politique en Afrique.

Né en 1922 à Toffo, Bernardin Gantin fut ordonné prêtre en 1951 et envoyé poursuivre ses études à Rome, où il se diplôma en théologie et en droit canonique près l'Université du Latran. Ordonné évêque en 1956, il devint Archevêque de Cotonou en 1960 puis Président de la Conférence épiscopale béninoise. Il prit part aux trois sessions du concile Vatican II ainsi qu'à la première session du Synode des évêques en 1967. Il revint à Rome en 1971 comme Secrétaire Adjoint de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, puis devint en 1976 Président du Conseil pontifical Iustitia et Pax et Cardinal l'année suivante. En 1984 Jean-Paul II l'appela à la tête de la Congrégation pour les évêques, et en fit le Doyen du Sacré Collège en 1993. N'étant plus électeur, il quitta Rome et rentra au Bénin en 2002. Hospitalisé à Paris, il y mourut en 2008 et fut enterré à Ouidah. Lors de son voyage au Bénin en 2008, Benoît XVI est allé se recueillir sur sa tombe.

Comme l'a souligné le Cardinal Sarah, la fondation de cette chaire entend commémorer un homme dont la vie a une grande importance pour le Bénin, pour l'Église d'Afrique et pour l'Église universelle. On saurait « oublier son action pastorale et sa contribution à l'implication du monde chrétien dans la vie culturelle et sociale, à l'engagement des chrétiens au service de la société et du bien-être spirituel des individus... Il faut donc espérer que cette chaire pèsera sur la réflexion politique africaine et aidera à la formation d'une nouvelle génération de responsables, pétrie de la doctrine sociale de l'Église ». Puis le Professeur Nkafu Nkemnkia a précisé que la chaire comprendra, outre l'enseignement, des séminaires, conférences et congrès, organisés en collaboration avec des institutions décidées à améliorer la culture politique des pays africains. Elle œuvrera au progrès de la classe dirigeante et au dépassement de la corruption qui touche toutes les couches de la société, par le biais d'une vision économique plus juste et d'un meilleur service politique à la société.

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On ne peut pas aimer tout seul…

Commentaire de l’évangile de la solennité de la Sainte Trinité – Année C

Un enfant de sept ans à qui on demandait ce qu’était la Trinité, a répondu : « Tu ne sais pas ce que c’est ? Eh bien, je vais te l’apprendre : on ne peut pas aimer tout seul ! » Admirable ! Comment dire mieux sur l'intimité même de Dieu, ainsi que l'Église semble l’oser en cette fête de la Sainte Trinité, que ce mot d’excellent petit théologien ! Permettez-moi de dire, avec infiniment moins de justesse que lui, deux petites miettes de ce mystère de vie.

Première miette de l'amour trinitaire qui nous est offert en méditation ce matin : Dieu, qui est mystère, nous ouvre au mystère de tout homme. Dieu est mystère. Cela ne veut pas dire qu'on ne le connaît pas, mais qu'on n'aura jamais fini de Le connaître. La nuance est importante ! Plus ma familiarité avec l'évangile grandit, plus je me pose de questions sur Jésus : qui est-il donc pour bousculer ainsi les idées qu'on se faisait sur Dieu ? Qui est-il donc pour oser des paroles et des gestes pareils ? Dieu est mystère et nous ne découvrons qui Il est que lentement, progressivement, et parfois même douloureusement.

« J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l'instant vous n'avez pas la force de les porter », nous dit Jésus dans l'évangile de Jean. Dieu est mystère, et parce qu'Il est mystère, Il nous apprend la patience. Patience à l'égard de Dieu que je connais encore si peu... patience à l'égard de tout homme qui, lui aussi, participe au mystère de Dieu. Je ne connais aucun homme totalement... et il peut évoluer.

Reconnaître que Dieu est mystère et que tout homme, créé par Lui, participe de ce mystère, c’est quelque chose de très concret. C'est refuser de coller sur les gens des étiquettes et ne jamais désespérer d'eux. C'est considérer chaque homme avec un infini respect.

Deuxième miette de cet amour trinitaire : Dieu qui est amour me fait découvrir ce qu'aimer veut dire. Je retiens tout spécialement cette espèce de dynamisme centrifuge de l'amour. Loin de tout ramener à soi, il se trouve en se donnant. À travers les évangiles et la liturgie de l'Église, cela est flagrant : le Père, le Fils et l'Esprit... chacun renvoie aux deux autres et semble s'effacer pour mettre les autres en valeur.

Le Père ?... Lui que nul n'a jamais vu et que l'on ne peut donc pas représenter s'efface devant le Fils (dans le Symbole des Apôtres, deux lignes seulement pour le Père et dix lignes pour le Fils !). Il convoque l'Esprit dès sa première œuvre (cf. les deux premières lectures) et lui donne une place de choix dans son œuvre créatrice. Le Père ne fait rien sans l'Esprit.

Le Fils ? ... Dans le « Gloire à Dieu », on le réfère tellement au Père qu'on dit de Lui : « Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, le Fils du Père »... « le Fils du Père » ! ... superbe pléonasme qui souligne l'impossibilité de parler de Jésus sans parler de Dieu son Père ! « Le Père, dit Jésus, est plus grand que moi » ... et encore « non pas ma volonté, mais celle de mon Père ». Jésus renvoie toujours au Père et s'efface devant l'Esprit qu'il annonce et promet : « il est bon pour vous que je m'en aille »... « l'Esprit vous donnera de faire des choses plus grandes encore ».

L'Esprit ? ... C'est Lui qui nous fait nommer Dieu « Père » : « l'Esprit fait de nous des fils qui crions vers Dieu en l'appelant : 'Abba!' ». L'Esprit nous oriente vers le Père et nous renvoie toujours à Jésus : « Nul ne peut dire 'Jésus est Seigneur' si ce n'est sous l'action de l'Esprit ». L'Esprit nous fait reconnaître en Jésus le Christ.

Alors, si aimer c'était cela : ne pas chercher sa propre gloire, mais vouloir que l'autre grandisse, aime et soit aimé... alors, je peux me poser bien des questions sur ma manière d'aimer mes proches. Est-ce que vraiment je les aime pour eux-mêmes ou pour l'avantage que je pourrais en tirer ? Devant ce grand mystère du seul et unique Dieu qui est à la fois Père, Fils et Saint Esprit, faisons silence et rappelons-nous que puisque Dieu est Amour, c’est lui qui m'apprendra à mieux aimer les autres.

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