PKO 25.08.2013

Dimanche 25 août 2013 – XXIème Dimanche du Temps ordinaire – Année C
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°47/2013

HUMEURS

Découverte d’un nouveau continent !

Le petit monde des océanographes, des navigateurs solitaires et des skippers habitués aux tours du monde, tire de  plus en plus une sonnette d'alarme qui ne réveille personne. Ils ont fait une drôle de découverte. Les uns comme les autres parlent d'un nouveau continent qui tourbillonne sur lui-même au cœur de l'immense Océan Pacifique, à égale distance de Los Angeles et de Hawaï. Par chance, les voies maritimes habituelles ne passent pas dans ses parages, mais il arrive qu'un cargo ou un bateau, poursuivant sa route hors des chemins traditionnels, tire des bordées au large de cette étrange « terra incognita » qui ne connaît ni montagne ni végétation ni climat. Ce continent sans nom et sans âme provient de l'accumulation des ordures et déchets plastiques que les habitants de tous les autres continents jettent à l'eau. Du fait de la rotation de la terre et du mouvement, encore mal étudié d'ailleurs, des eaux marines, ce gros bouillon de sacs et d'objets en plastique provoque un siphon qui, tournant sur lui-même, aspire et attire en son sein une bonne partie des déchets qui flottent sur les océans du globe. Ce continent fantôme grandit à une vitesse folle, mais faut-il s'en étonner quand on voit tout ce que l'on abandonne à la mer un peu partout ? Ce phénomène alarmant a été découvert en 1997 par un navigateur américain. Récemment, un ingénieur du CNES (Centre National d'Études Spatiales), Patrick Deixonne, est allé voir sur place. Il a constaté qu'en 15 ans, la superficie de cette bouillabaisse plastique avait triplé ; elle est vaste comme six fois la France à présent ! Son compte-rendu n'est pas de nature à nous rassurer...

« La première impression c'est qu'en dix-sept jours de mer, on n'aperçoit jamais aucun oiseau et que l'on ne parvient jamais à pêcher un seul poisson ! ». Par contre, plancton et particules plastiques sont tellement imbriqués qu'ils intègrent ensemble la chaine alimentaire. Celle-ci, ne l'oublions pas, finit dans nos assiettes !

Bernard ROBIN


En marge de l’actualité

Susciter un monde de frères !

Les jeunes surfent en quasi permanence sur facebook et autres vecteurs de communication, le monde est leur village ; dans la cacophonie des messages que ces jeunes reçoivent et échangent, parents, enseignants, éducateurs chrétiens, nous devons faire retentir notre voix : celle du Christ. Avec l'enthousiasme et la confiance du Pape François, n'ayons pas peur de dire à nos enfants : « Allez au-delà de ce qui est humainement possible et suscitez un monde de frères. »

Dans un monde marqué par l'individualisme, l'égoïsme, n'ayons pas peur d'afficher devant nos enfants notre confiance au Christ. Nous avons un héritage bimillénaire à leur transmettre empreint de foi et d'espérance. Réveillons chez les jeunes toutes leurs potentialités, leurs générosités pour qu'ils soient bâtisseurs d'un monde de paix, juste et fraternel.

Utopie ! diront certains... Heureusement qu'un grand nombre de chrétiens qui nous ont précédés ont entraîné des jeunes dans leurs projets innovants : hôpitaux gratuits pour les pauvres, orphelinats pour les enfants abandonnés, léproseries, écoles gratuites dans les quartiers ouvriers ou dans les campagnes délaissées, développement de l'agriculture autour des monastères, fondation de grandes universités par des théologiens et scientifiques chrétiens. Certaine(e)s l'ont fait au péril de leur vie !

Nous le voyons : Foi et Raison ont légitimement leur place dans l'éducation des jeunes pour bâtir une société fraternelle et solidaire.

Dominique SOUPÉ - Chancelier


Décret « Quam singulari »

Sur la communion des enfants… le Pape Pie X le 8 août 1910

Pie X veut donner aux enfants le Pain de Vie qui est Jésus. Le pain, c’est la nourriture la plus normale, et l’Eucharistie ne doit pas être considéré comme une sorte de récompense, mais comme un remède à notre faiblesse.
 « Notre pain de chaque jour » ? La communion fréquente et quotidienne est vivement désirée par le Seigneur et par l’Église Catholique. Pie X nous dit avec force : « Non, non, aucun fidèle ne doit en être exclu pourvu que ces deux conditions seulement soit gardées : être en état de grâce et s’approcher de la Sainte Table avec une intention pieuse et droite »
 Il demande et encourage la communion des petits enfants : « Dès qu’un petit enfant sait discerner le pain Eucharistique de pain ordinaire, il a ce qu’on appelle l’âge de raison. Or, à l’âge de raison, l’enfant est obligé, comme tous les fidèles, de se confesser et de communier une fois par an. Les petits enfants peuvent communier, les petits enfants doivent communier. Jésus les aime d’un amour de prédilection. »
 En 1912, la France eut un geste d’une délicatesse unique dont Pie X fut bouleversé : quatre cents petits français, garçons et filles, venaient en pèlerinage à Rome pour remercier le Pape qui leur avait permis de recevoir la Sainte Eucharistie. Pie X les reçut tous au Vatican et leur parla lui-même en français : « Puisque Dieu est la pureté sans tache, celui qui s’unit à Jésus dans la Sainte communion, s’élevant comme une innocente colombe des eaux fangeuses de ce monde misérable, s’envole et va se réfugier dans le sein de Dieu, de celui qui est plus pur que les neiges immaculées qui couvrent les montagnes »
 Quand il eut fini de leur parler, il demanda, souriant avec amour : « Avez-vous compris ce que je vous ai dit ? » Alors, les yeux rayonnant de bonheur, les enfants s’écrièrent : « Oui, oui, Saint Père ! » Voici le décret de la Congrégation des Sacrements…

De quel amour de prédilection Jésus-Christ a entouré sur terre les petits enfants, les pages de l'évangile l'attestent clairement. Ses délices étaient de vivre au milieu d'eux ; Il avait l'habitude de leur imposer les mains, de les embrasser, de les bénir. Il s'indigna de les voir repoussés par ses disciples, qu'Il réprimanda par ces paroles sévères : « Laissez donc venir à moi les petits enfants et ne les empêchez pas : c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume de Dieu » (Mc 10, 13.14.16). Combien Il appréciait leur innocence et leur candeur d'âme, Il l'a suffisamment montré quand, ayant fait approcher un enfant, Il dit à ses disciples : « En vérité, je vous le dis, si vous ne devenez semblables à ces petits, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Quiconque se fera humble comme ce petit enfant, celui-là est le plus grand dans le Royaume des Cieux. Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci me reçoit » (Mt 18, 3.4.5).
En souvenir de ces faits, l'Église catholique, dès ses débuts, eut à cœur de rapprocher les enfants de Jésus-Christ par la communion eucharistique, qu'elle avait l'habitude de leur administrer dès le premier âge. C'est ce qu'elle faisait dans la cérémonie du baptême, ainsi qu'il est prescrit à peu près dans tous les rituels anciens, jusqu'au XIIIème siècle, et cette coutume s'est maintenue plus tard dans certaines contrées : les Grecs et les Orientaux la conservent encore. Mais pour écarter tout danger de voir des enfants non encore sevrés rejeter le pain consacré, l'usage prévalut dès l'origine de ne leur administrer l'Eucharistie que sous l'espèce du vin.
Après le baptême, les enfants s'approchaient souvent du divin banquet. Dans certaines églises, on avait aussi pour habitude de communier les tout petits enfants aussitôt après le clergé, et ailleurs de leur distribuer les fragments après la communion des adultes.
Puis cet usage disparut dans l'Église latine. On ne permit plus aux enfants de s'asseoir à la Sainte Table que lorsque les premières lueurs de la raison leur apportaient quelque connaissance de l'auguste Sacrement. Cette nouvelle discipline, déjà admise par quelques synodes particuliers, fut solennellement confirmée et sanctionnée au IVème concile œcuménique de Latran, en 1215, par la promulgation du célèbre canon XXI, qui prescrit en ces termes la confession et la communion aux fidèles ayant atteint l'âge de raison : « Tout fidèle des deux sexes, lorsqu'il est parvenu à l'âge de discrétion, doit fidèlement confesser tous ses péchés, au moins une fois l'an, à son propre prêtre, et accomplir avec tout le soin possible la pénitence qui lui est enjointe ; il recevra avec dévotion, au moins à Pâques, le sacrement de l'Eucharistie, à moins que, sur le conseil de son propre prêtre, il ne juge devoir s'en abstenir pour un motif raisonnable ».
Le concile de Trente (sess. 21, de communione, cap. IV), sans réprouver aucunement l'antique discipline, qui était d'administrer l'Eucharistie aux enfants avant l'âge de raison, confirma le décret de Latran et anathémisa les partisans de l'opinion adverse : « Si quelqu'un nie que les chrétiens des deux sexes, tous et chacun, parvenus à l'âge de discrétion, soient tenus de communier chaque année, au moins à Pâques, selon le précepte de notre sainte Mère l'Église, qu'il soit anathème » (sess. 13, de eucharistia, cap. VIII, can. 9).
Donc en vertu du décret de Latran cité plus haut et toujours en vigueur, les chrétiens, dès qu'ils ont atteint l'âge de discrétion, sont astreints à l'obligation de s'approcher, au moins une fois l'an, des sacrements de pénitence et d'eucharistie.
Mais dans la fixation de cet âge de raison ou de discrétion, nombre d'erreurs et d'abus déplorables se sont introduits au cours des siècles. Les uns crurent pouvoir déterminer deux âges de discrétion distincts, l'un pour le sacrement de pénitence, l'autre pour l'eucharistie. Pour la pénitence, à les entendre, âge de discrétion devait signifier celui où on peut discerner le bien du mal, et donc pécher ; mais pour l'eucharistie, ils requéraient un âge plus avancé, où l'enfant pût apporter une connaissance plus complète de la religion et une plus mûre préparation. Ainsi, suivant la variété des usages locaux ou des opinions, l'âge de la première communion a été fixée ici à dix ou douze ans, là à quatorze ou même davantage, et avant cet âge la communion a été interdite aux enfants ou adolescents.
Cette coutume qui, sous prétexte de sauvegarder le respect dû à l'auguste sacrement, en écarte des fidèles, a été la cause de maux nombreux. Il arrivait, en effet, que l'innocence de l'enfant, arrachée aux caresses de Jésus-Christ, ne se nourrissait d'aucune sève intérieure ; et, par suite, la jeunesse, dépourvue de secours efficace, et entourée de tant de pièges, perdait sa candeur et tombait dans le vice avant d'avoir goûté aux saints mystères. Même si l'on préparait la première communion par une formation plus sérieuse et une confession soignée, ce qu'on est loin de faire partout, il n'en faudrait pas moins déplorer toujours la perte de la première innocence, qui peut-être eût pu être évitée si l'eucharistie avait été reçue plus tôt.
N'est pas moins digne de blâme la coutume en vigueur en plusieurs régions de ne pas confesser les enfants avant leur admission à la sainte table ou de les priver de l'absolution. Il arrive ainsi qu'ils demeurent longtemps dans les liens de péchés peut-être graves, et c'est un grand péril. 
Mais ce qui est souverainement grave, c'est que, en certains pays, les enfants avant leur première communion, même s'ils se trouvent en danger de mort, ne sont pas admis à communier en viatique, et, après leur mort, sont ensevelis selon les rites prescrits pour les tout petits, et sont ainsi privés du secours des suffrages de l'Église.
Tels sont les dommages auxquels on donne lieu quand on s'attache plus que de droit à faire précéder la première communion de préparations extraordinaires sans remarquer assez peut-être que ces sortes de précautions scrupuleuses dérivent du jansénisme, qui présente l'Eucharistie comme une récompense et non comme un remède à la fragilité humaine. C'est pourtant la doctrine contraire qu'a enseignée le concile de Trente, en affirmant que l'eucharistie est un antidote qui nous délivre des fautes quotidiennes et nous préserve des péchés mortels (sess. 13, de eucharistia, cap. II) ; doctrine qu'a rappelée récemment avec plus de force la sainte Congrégation du Concile en permettant, par son décret du 26 décembre 1905, la communion quotidienne à tous les fidèles d'âge avancé ou tendre, à deux conditions seulement : l'état de grâce et l'intention droite.
Et certes, puisque dans l'antiquité on distribuait les restes des Saintes Espèces aux enfants encore à la mamelle, on ne voit aucune raison légitime d'exiger maintenant une préparation extraordinaire des petits enfants qui vivent dans la si heureuse condition de la première candeur et de l'innocence et qui ont le plus grand besoin de cette nourriture mystique au milieu des multiples embûches et dangers de ce temps.
À quoi attribuer les abus que nous réprouvons, sinon à ce que, en distinguant deux âges, l'un pour la Pénitence, l'autre pour l'Eucharistie, on n'a ni nettement, ni exactement défini ce qu'est l'âge de discrétion ? Et pourtant le Concile de Latran ne requiert qu'un seul et même âge pour ces deux sacrements, quand il impose simultanément l'obligation de la confession et de la communion. Ainsi donc, de même que pour la confession on appelle âge de discrétion celui auquel on peut distinguer le bien du mal, c'est-à-dire auquel on est parvenu à un certain usage de la raison ; de même pour la communion on doit appeler âge de discrétion celui auquel on peut discerner le pain eucharistique du pain ordinaire, et c'est précisément encore l'âge même auquel l'enfant atteint l'usage de la raison. C'est ainsi que l'ont compris les principaux interprètes et contemporains du concile de Latran. L'histoire de l'Église nous apprend en effet que dès le XIIIème siècle, peu après le concile de Latran, plusieurs synodes et décrets épiscopaux ont admis les enfants à la première communion à l'âge de sept ans. Un témoignage hors de pair est celui de saint Thomas d'Aquin, qui a écrit : « Lorsque les enfants commencent à avoir quelque usage de la raison, de manière à pouvoir concevoir de la dévotion pour ce sacrement (l'eucharistie), alors on peut le leur administrer » (IIIa, q. 80, art. 9, ad 3). Ce que Ledesma commente en ces termes : « Je dis, et c'est l'avis universel, que l'Eucharistie doit être donnée à tous ceux qui ont l'usage de la raison, quelle que soit leur précocité, et cela même si l'enfant ne sait encore que confusément ce qu'il fait » (In S. Thom., III part., q. 80, art. 9, dub. 6). Vasquez explique ainsi le même passage : « Une fois que l'enfant est parvenu à cet usage de la raison, aussitôt il se trouve à ce point obligé par le droit divin lui-même que l'Église ne peut absolument pas l'en délier » (In S. Thom., III part., disput. CCXIV, cap. IV, n. 43).
Telle est aussi l'opinion de saint Antonin qui dit : « Mais, lorsque (l'enfant) est capable de malice, c'est-à-dire capable de pécher mortellement, alors il est obligé par le précepte de la confession, et par conséquent de la communion » (Part. III, tit. XIV, cap. II, § 5).
Cette conclusion découle du Concile de Trente. Quand il rappelle (sess. XXI, chap. IV) que les petits enfants, avant l'âge de raison, n'ont aucun besoin ni aucune obligation de communier, il ne fournit de ce fait qu'une raison, à savoir qu'ils ne peuvent pas pécher : En effet, dit-il, à cet âge, ils ne peuvent perdre la grâce de fils de Dieu qu'ils ont reçue. D'où il appert que la pensée du Concile est que les enfants ont le besoin et le devoir de communier lorsqu'ils peuvent perdre la grâce par le péché.
Même sentiment au Concile romain tenu sous Benoît XIII, et qui enseigne que l'obligation de recevoir l'Eucharistie commence lorsque garçons et fillettes sont parvenus à l'âge de discrétion, c'est-à-dire à l'âge auquel ils sont aptes à discerner cette nourriture sacramentelle, qui n'est autre que le vrai corps de Jésus-Christ, du pain ordinaire et profane et savent en approcher avec la piété et la dévotion requises (Instruction pour ceux qui doivent être admis à la Première Communion, Append. XXX, p. 11). Le Catéchisme Romain s'exprime ainsi : « L'âge auquel on doit donner les Saints Mystères aux enfants, personne n'est plus à même de le fixer que le père et le prêtre à qui ils confessent leurs péchés. C'est à eux qu'il appartient d'examiner, en interrogeant les enfants, s'ils ont quelque connaissance de cet admirable sacrement et s'ils en ont le désir » (Part. II, sacr. Euch., n. 63).
De tous ces documents, il ressort que l'âge de discrétion pour la communion est celui auquel l'enfant sait distinguer le pain eucharistique du pain ordinaire et corporel, et peut ainsi s'approcher avec dévotion de l'autel. Ce n'est donc pas une connaissance parfaite des choses de la foi qui est requise, puisqu'une connaissance élémentaire, c'est-à-dire une certaine connaissance, suffit. Ce n'est pas, non plus, le plein usage de la raison qui est requis, puisqu'un commencement d'usage de la raison, c'est-à-dire un certain usage de la raison, suffit. 
En conséquence, remettre la communion à plus tard, et fixer pour sa réception un âge plus mûr est une coutume tout à fait blâmable et maintes fois condamnée par le Saint-Siège. Ainsi le pape Pie IX, d'heureuse mémoire, par une lettre du cardinal Antonelli aux évêques de France, le 12 mars 1866, réprouva vivement la coutume, qui tendait à s'établir dans quelques diocèses, de différer la Première Communion jusqu'à un âge tardif et fixe. De même, la Sainte Congrégation du Concile, le 15 mars 1851, corrigea un chapitre du Concile provincial de Rouen, qui défendait d'admettre les enfants à la communion avant l'âge de douze ans. Pour la même raison, dans le cas de Strasbourg, le 25 mars 1910, la Sainte Congrégation des Sacrements, consultée pour savoir si on pouvait admettre les enfants à la sainte communion à douze ou à quatorze ans, répondit : « Les garçons et les fillettes doivent être admis à la Sainte Table lorsqu'ils ont atteint l'âge de discrétion, c'est-à-dire lorsqu'ils ont l'usage de la raison ».

Après avoir mûrement pesé toutes ces raisons, la sainte Congrégation des Sacrements, réunie en assemblée générale, le 15 juillet 1910, pour supprimer définitivement les abus signalés, et afin que les enfants s'approchent de Jésus-Christ dès leur jeune âge, vivent de sa vie et y trouvent protection contre les dangers de corruption, a jugé opportun d'établir, pour être observée partout, la règle suivante sur la première communion des enfants :

I - L'âge de discrétion, aussi bien pour la communion que pour la confession, est celui où l'enfant commence à raisonner, c'est à dire vers sept ans, soit au-dessus, soit même au-dessous. Dès ce moment commence l'obligation de satisfaire au double précepte de la confession et de la communion.

II - Pour la première confession et la première communion, point n'est nécessaire une pleine et parfaite connaissance de la doctrine chrétienne. L'enfant devra cependant ensuite continuer à apprendre graduellement le catéchisme entier, suivant la capacité de son intelligence.

III - La connaissance de la religion requise dans l'enfant pour qu'il soit convenablement préparé à la première communion est qu'il comprenne, suivant sa capacité, les mystères de la foi, nécessaires de nécessité de moyen, et qu'il sache distinguer le pain eucharistique du pain ordinaire et corporel, afin de s'approcher de la Sainte Table avec la dévotion que comporte son âge.

IV - L'obligation du précepte de la confession et de la communion qui touche l'enfant, retombe sur ceux-là surtout qui sont chargés de lui, c'est-à-dire les parents, le confesseur, les instituteurs et le curé. C'est au père ou à ceux qui le remplacent, et au confesseur, qu'il appartient, suivant le Catéchisme Romain, d'admettre l'enfant à la Première Communion.

V - Qu'une ou plusieurs fois par an, les curés aient soin d'annoncer et d'avoir une communion générale des enfants, et d'y admettre non seulement les nouveaux communiants, mais les autres qui, du consentement de leurs parents ou de leur confesseur, comme on l'a dit, plus haut, auraient déjà pris part à la Table Sainte. Qu'il y ait pour tous quelques jours de préparation et d'instruction.

VI - Ceux qui ont charge des enfants doivent mettre tous leurs soins à les faire approcher très fréquemment de la Sainte Table après leur Première Communion et, si c'est possible, même tous les jours, comme le désirent le Christ Jésus et notre Mère la Sainte Église ; qu'on veille à ce qu'ils le fassent avec la dévotion que comporte leur âge. Que ceux qui ont cette charge se rappellent aussi le très grave devoir qui leur incombe de veiller à ce que ces enfants assistent aux leçons publiques de catéchisme, sinon qu'ils pourvoient autrement à leur instruction religieuse.

VII - La coutume de ne pas admettre à la confession ou de ne jamais absoudre les enfants qui ont atteint l'âge de raison est tout à fait à réprouver. Les Ordinaires auront donc soin de la faire disparaître totalement en employant même les moyens du droit.

VIII - C'est un abus tout à fait détestable que de ne pas donner le Viatique et l'Extrême-Onction aux enfants parvenus à l'âge de raison et de les enterrer suivant le rite des tout petits. Que les Ordinaires reprennent sévèrement ceux qui n'abandonneraient pas cet usage. Ces décisions des Éminentissimes cardinaux de la Sainte Congrégation, Notre Saint Père le Pape Pie X, dans l'audience du 7 août, les a toutes approuvées, et a ordonné de publier et promulguer le présent décret. Il a prescrit, en outre, à tous les Ordinaires, de faire connaître ce décret non seulement aux curés et au clergé, mais encore aux fidèles auxquels on devra le lire en langue vulgaire, tous les ans, au temps pascal. Quant aux Ordinaires, ils devront, tous les cinq ans, rendre compte au Saint-Siège, en même temps que des autres affaires de leur diocèse, de l'exécution de ce décret.

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Saint Augustin

Audience générale du Pape émérite Benoît XVI le 25 août 2010

Nous célèbrerons cette semaine Saint Augustin. Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée par le pape Benoît XVI en 2010.

Chers frères et sœurs,

Dans la vie de chacun de nous, il y a des personnes très chères, que nous sentons particulièrement proches, certaines sont déjà dans les bras de Dieu, d’autres parcourent encore avec nous le chemin de la vie: ce sont nos parents, notre famille, les éducateurs; ce sont des personnes auxquelles nous avons fait du bien, ou dont nous avons reçu du bien; ce sont des personnes sur lesquelles nous savons pouvoir compter. Il est important, cependant, d’avoir également des «compagnons de route» sur le chemin de notre vie chrétienne: je pense au directeur spirituel, au confesseur, à des personnes avec lesquelles on peut partager sa propre expérience de foi, mais je pense également à la Vierge Marie et aux saints. Chacun devrait avoir un saint qui lui soit familier, pour le sentir proche à travers la prière et l’intercession, mais également pour l’imiter. Je voudrais donc vous inviter à faire davantage connaissance avec les saints, à commencer par celui dont vous portez le nom, en lisant sa vie, ses écrits. Soyez certains qu’ils deviendront de bons guides pour aimer encore davantage le Seigneur et des soutiens sûrs pour votre croissance humaine et chrétienne.

Comme vous le savez, je suis moi aussi lié de manière particulière à certaines figures de saints: parmi celles-ci, outre saint Joseph et saint Benoît dont je porte le nom, ainsi que d’autres, il y a saint Augustin, que j’ai eu le grand don de connaître de près, pour ainsi dire, à travers l’étude et la prière et qui est devenu un bon «compagnon de route» dans ma vie et dans mon ministère. Je voudrais souligner encore une fois un aspect important de son expérience humaine et chrétienne, également actuel à notre époque où il semble que le relativisme soit paradoxalement la «vérité» qui doit guider la pensée, les choix, les comportements.

Saint Augustin est un homme qui n’a jamais vécu de manière superficielle; la soif, la recherche tourmentée et constante de la Vérité est l’une des caractéristiques de fond de son existence; mais pas cependant des «pseudo-vérités» incapables d’apporter une paix durable dans le cœur, mais de cette Vérité qui donne un sens à l’existence et qui est «la demeure» dans laquelle le cœur trouve la sérénité et la joie. Son chemin, nous le savons, n’a pas été facile: il a pensé trouver la Vérité dans le prestige, dans la carrière, dans la possession des choses, dans les voix qui lui promettaient un bonheur immédiat; il a commis des erreurs, il a traversé des moments de tristesse, il a affronté des échecs, mais il ne s’est jamais arrêté, il ne s’est jamais contenté de ce qui lui apportait seulement une étincelle de lumière; il a su regarder au plus profond de lui-même et il s’est rendu compte, comme il l’écrit dans les Confessions, que cette Vérité, ce Dieu qu’il cherchait de toutes ses forces était plus proche de lui que lui-même, il avait toujours été à ses côtés, il ne l’avait jamais abandonné, il était dans l’attente de pouvoir entrer de manière définitive dans sa vie (cf. III, 6, 11; X, 27, 38). Comme je le disais en commentant le récent film sur sa vie, saint Augustin a compris, dans sa recherche tourmentée, que ce n’est pas lui qui a trouvé la Vérité, mais que c’est la vérité elle-même, qui est Dieu, qui l’a cherché et qui l’a trouvé (cf. ORLF n. 36 du 8 septembre 2009). Romano Guardini, commentant un passage du troisième chapitre des Confessions, affirme: saint Augustin comprit que Dieu est «gloire qui nous jette à genoux, boisson qui étanche la soif, trésor qui rend heureux, [...il eut] la certitude apaisante de celui qui a finalement compris, mais également la béatitude de l’amour qui sait: Cela est tout et me suffit» (Pensatori religiosi, Brescia 2001, p. 177).

Toujours dans les Confessions, au Livre neuf, notre saint rapporte une conversation avec sa mère, sainte Monique, dont on célèbre la fête vendredi prochain, après-demain. C’est une très belle scène: sa mère et lui sont à Ostie, dans une auberge, et de la fenêtre, ils voient le ciel et la mer, et ils transcendent le ciel et la mer, et pendant un moment, ils touchent le cœur de Dieu dans le silence des créatures. Et ici apparaît une idée fondamentale dans le chemin vers la Vérité: les créatures doivent se taire si l’on veut qu’apparaisse le silence dans lequel Dieu peut parler. Cela est toujours vrai également à notre époque: on a parfois une sorte de crainte du silence, du recueillement, de penser à ses propres actions, au sens profond de sa propre vie, on préfère souvent ne vivre que le moment qui passe, en ayant l’illusion qu’il apportera un bonheur durable; on préfère vivre, parce que cela semble plus facile, de manière superficielle, sans penser; on a peur de chercher la Vérité ou on a peut-être peur que la Vérité nous trouve, nous saisisse et change notre vie, comme cela s’est produit pour saint Augustin.

Chers frères et sœurs, je voudrais dire à tous, même à ceux qui sont dans un moment de difficulté dans leur chemin de foi, à ceux qui participent peu à la vie de l’Eglise ou à ceux qui vivent «comme si Dieu n’existait pas», de ne pas avoir peur de la Vérité, de ne jamais interrompre le chemin vers celle-ci, de ne jamais cesser de rechercher la vérité profonde sur soi-même et sur les choses avec le regard intérieur du cœur. Dieu ne manquera pas de nous donner la Lumière pour nous faire voir et la Chaleur pour faire sentir à notre cœur qu’il nous aime et qu’il désire être aimé.

Que l’intercession de la Vierge Marie, de saint Augustin et de sainte Monique nous accompagne sur ce chemin.

© Libreria Editrice Vaticana - 2010

Paul VI, témoin passionné du Christ

Discours du Pape François à des pélerins du diocèse de Brescia

Aux pèlerins du diocèse de Brescia (Italie) venus à Rome pour l’Année de la foi, le 22 juin 2013, le pape François a adressé un discours dans la basilique vaticane. Il y a présenté trois aspects de la vie et de l’enseignement du pape Paul VI, originaire de Brescia : sa foi et son amour du Christ, son amour de l’Église, l’amour de l’homme enfin, qui a pris la forme, avec le concile Vatican II, d’un « nouvel humanisme ».

Chers frères et sœurs du diocèse de Brescia, bonjour !

Je vous remercie de m’offrir la possibilité d’évoquer avec vous la mémoire du vénérable serviteur de Dieu Paul VI…

J’aurais tant à dire et rappeler en parlant de ce grand pontife, mais je me limiterai, en utilisant ses propres mots pleins de passion, à trois aspects fondamentaux dont il a témoigné pour nous et qu’il nous a enseignés : l’amour pour le Christ, l’amour pour l’Église et l’amour pour l’homme. Ces trois points correspondent à des attitudes fondamentales de Paul VI, qu’il a exprimées avec passion.

L’amour de Paul VI pour le Christ

1. Paul VI a su, en des années difficiles, témoigner de la foi en Jésus-Christ. Son invocation résonne encore en nous, plus vivante que jamais : « Tu nous es nécessaire, ô Christ ! ». Oui, Jésus est plus que jamais nécessaire à l’homme d’aujourd’hui, au monde d’aujourd’hui, parce que dans les « déserts » de la cité séculière il nous parle de Dieu, il nous révèle le visage de Dieu. L’amour total pour le Christ se manifeste dans toute la vie de Montini, y compris dans le choix de son nom en tant que pape qu’il a motivé par ces mots : (Saint Paul) est l’apôtre « qui a tant aimé le Christ, qui a tant souhaité voir l’Évangile du Christ parvenir à toutes les nations, qui a donné sa vie pour le Christ ». C’est cette même disponibilité totale que Paul VI recommandait au Concile pendant son discours d’ouverture de la deuxième session à Saint-Paul-hors-les-Murs en commentant la grande mosaïque de la basilique dans laquelle le pape Honorius III est représenté dans des proportions minuscules aux pieds de la grande figure du Christ. Ainsi était l’assemblée du Concile elle-même : aux pieds du Christ pour être ses serviteurs et les serviteurs de son Évangile.

Un profond amour pour le Christ, non pas pour le posséder mais pour l’annoncer. Rappelons-nous ses paroles passionnées à Manille : « Le Christ ! Oui, je sens la nécessité de l’annoncer, je ne puis le taire !… Il est celui qui nous a révélé le Dieu invisible, il est le premier-né de toute créature, il est le fondement de toute chose ; il est le Maître de l’humanité et le Rédempteur ;… Il est le centre de l’histoire et du monde ; il est celui qui nous connaît et qui nous aime ; il est le compagnon et l’ami de notre vie ; il est l’homme de la douleur et de l’espérance ; il est celui qui doit venir et qui sera un jour notre juge, et, aussi, nous l’espérons, la plénitude éternelle de notre existence, notre félicité ». Ces paroles passionnées sont grandes, et je vous confie une chose : ce discours de Manille mais aussi celui de Nazareth, ont été pour moi une force spirituelle, ils m’ont fait tant de bien au long de la vie. Je reviens toujours et encore à ce discours parce qu’entendre ces paroles de Paul VI aujourd’hui me fait du bien. Et nous, avons-nous le même amour pour le Christ ? Est-il le centre de notre vie ? Lui rendons-nous témoignage par nos actions de chaque jour ?

L’amour de Paul VI pour l’Église

2. Le deuxième point : l’amour pour l’Église, un amour passionné, l’amour de toute une vie, amour joyeux et douloureux exprimé depuis sa première encyclique Ecclesiam suam.

Paul VI a vécu à fond le travail douloureux de l’Église après le concile Vatican II, les lumières, les espoirs, les tensions. Il a aimé l’Église et s’est dépensé pour elle sans réserve. Dans Pensées au sujet de la mort, il écrit : « Je voudrais étreindre (l’Église), la saluer, l’aimer en tout être qui la compose, en tout évêque ou prêtre qui l’assiste ou la guide, en toute âme qui la vit et la représente. » Et dans Testament, il s’adresse à l’Église avec ces mots : « Reçois avec mon salut et ma bénédiction mon suprême acte d’amour ! ». Voilà le cœur d’un pasteur véritable, d’un chrétien authentique, d’un homme capable d’aimer ! Paul VI voyait très clairement l’Église comme une mère qui porte le Christ et conduit au Christ. Dans l’exhortation apostolique Evangelii nuntiandi – qui est pour moi le document pastoral le plus grand qui ait été écrit à ce jour-, il pose cette question : « Après le Concile et grâce au Concile, qui a été pour elle une “heure” de Dieu en ce tournant de l’histoire, l’Église se trouve-t-elle, oui ou non, plus apte à annoncer l’Évangile et à l’insérer dans le cœur de l’homme avec conviction, liberté d’esprit et efficacité ? ». Et il continue : l’Église « est-elle vraiment ancrée au cœur du monde et pourtant assez libre et indépendante pour s’adresser au monde ? Fait-elle preuve de solidarité avec les hommes et témoigne-t-elle en même temps de l’Absolu de Dieu ? Est-elle plus ardente dans la contemplation et l’adoration et plus zélée dans l’action missionnaire, caritative, libératrice ? Est-elle toujours plus engagée dans les efforts qui cherchent à rétablir la pleine unité des chrétiens, laquelle rend plus efficace le témoignage commun “afin que le monde croie” ? ». Ce sont des interrogations qui s’adressent aussi à notre Église d’aujourd’hui, à nous tous, car nous sommes tous responsables des réponses et nous devrions nous demander : sommes-nous vraiment l’Église unie au Christ pour sortir et pour l’annoncer à tous, y compris, et surtout à ce que j’appelle les « périphéries existentielles », ou sommes-nous enfermés en nous-mêmes, dans nos groupes, dans nos petites chapelles ? Ou bien aimons-nous la grande Église, l’Église mère, l’Église qui nous envoie en mission et nous fait sortir de nous-mêmes ?

L’amour de Paul VI pour l’homme

3. Et le troisième élément : l’amour pour l’homme. Il est, lui aussi, lié au Christ : c’est la même passion de Dieu qui nous pousse à rencontrer l’homme, à le respecter, à le reconnaître, à le servir. Pendant la dernière session du Concile, Paul VI a prononcé un discours qui frappe à chaque relecture, notamment lorsqu’il parle de l’attention du Concile envers l’homme contemporain. Il dit ainsi : « L’humanisme laïque et profane enfin est apparu dans sa terrible stature, a, dans un certain sens, défié le Concile. La religion du Dieu qui s’est fait homme a rencontré la religion de l’homme qui se fait Dieu. Et qu’est-il arrivé ? Un choc ? Une lutte ? Un anathème ? Cela pouvait arriver, mais cela n’a pas eu lieu. La vieille histoire du Samaritain a été le modèle de la spiritualité du Concile. Une sympathie sans bornes l’a envahi tout entier. La découverte des besoins humains (…) Reconnaissez-lui au moins ce mérite, vous, les humanistes modernes, qui renoncez à la transcendance des choses suprêmes, et sachez reconnaître notre nouvel humanisme : nous aussi, nous plus que quiconque, nous avons le culte de l’homme ». Et dans un regard global sur le travail du Concile, il fit cette observation : « Toute cette richesse doctrinale ne vise qu’à une chose : servir l’homme. Il s’agit bien entendu de tout homme, quels que soient sa condition, sa misère et ses besoins. L’Église s’est pour ainsi dire déclarée la servante de l’humanité ». Ces paroles nous éclairent aussi aujourd’hui, dans ce monde où l’on nie l’homme, où l’on préfère aller sur la voie du gnosticisme, sur la voie du pélagianisme, ou de la « négation de la chair » – Dieu ne s’est pas fait chair – ou de la « négation de Dieu » – l’homme prométhéen peut aller tout seul –. Nous pouvons aujourd’hui dire les mêmes choses que Paul VI : l’Église est la servante de l’homme, l’Église croit au Christ qui est venu dans la chair, et c’est pour cela qu’elle est au service de l’homme, qu’elle aime l’homme, qu’elle croit en l’homme. Voilà l’inspiration du grand Paul VI.

Chers amis, cela nous fait du bien de nous retrouver au nom du vénérable serviteur de Dieu Paul VI ! Son témoignage ravive en nous la flamme de l’amour pour le Christ, de l’amour pour l’Église, de l’élan pour annoncer l’Évangile à l’homme d’aujourd’hui avec miséricorde, patience, courage et joie. Pour cela, encore une fois je vous remercie. Je vous confie tous à la Vierge Marie, la Mère de l’Église, et je vous bénis tous de tout cœur, vous et vos proches, tout particulièrement les enfants et les malades.

© Documentation catholique - 2013

Devenons signes de vie éternelle

Commentaire de l’Évangile du XXIème Dimanche du Temps ordinaire

 Ce sont des paroles dures que celles de l’Évangile de ce jour. Nous avons entendu parler de porte étroite, de porte qui se ferme et que rien ne fera ouvrir, même pas les retardataires qui estiment avoir de solides références : ils sont, disent-ils, des pratiquants. Et au dehors de la porte, il y aura les pleurs et les grincements de dents. Tout semble donc reculer par rapport aux extraordinaires paroles du prophète Isaïe qui voient affluer vers la ville sainte une foule de Juifs et d’étrangers, où Dieu se choisira même des prêtres et des lévites (Première lecture).

Pour trouver la clé de ce texte difficile, il faut partir de ses premiers mots : « Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes… » La mention de Jérusalem n’a rien de topographique. Si Luc en parle, c’est pour nous indiquer que Jésus monte vers la mort. Aller à Jérusalem, c’est faire route vers le Père en passant par la Passion et la Résurrection. C’est pour y souffrir et puis y mourir. Tout en lui est cet amour qui va jusqu’au bout, pour son Père et pour tous. « Le Fils de l’homme est venu pour sauver ce qui est perdu » (Lc 19,10).

Le meilleur éclairage pour comprendre ces paroles dures c’est aller consulter Jésus lui-même. N’a-t-il pas dit : « Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé, il ira, il viendra et trouvera de quoi se nourrir. » (Jn 10,9) La porte est la personne même de Jésus. La porte étroite ne peut être que l’image de Jésus lui-même qui va vers sa passion. Nous savons aussi que le Royaume des cieux dont parle Jésus n’est pas un lieu. Il est « la vie éternelle ». Or « la vie éternelle c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé », dit Jésus dans sa longue prière avant sa mort (Jn 17). La vie éternelle, pour reprendre les magnifiques images d’Isaïe, ce sera la montagne sainte où toute larme sera séchée et toute souffrance transfigurée.

Mais nous sommes encore en route vers la Jérusalem nouvelle. Et le chemin en est souvent dur et exigeant. Ce n’est pas que Dieu veuille faire payer un ticket d’entrée au festin du Royaume. La souffrance et la mort, nous les rencontrons de toute façon sur notre chemin, avec ou sans Dieu ! Mais le Père nous invite à faire de toute souffrance un acte d’amour, comme l’a fait son Fils Jésus. Il nous sauve ainsi d’une révolte stérile et nous ouvre le chemin de croissance qui passe à travers elle.

La question de savoir s’il y aura ou non beaucoup de sauvés n’intéresse pas Jésus. À son époque, deux confréries rabbiniques s’opposaient sur ce sujet. L’une affirmait « que tous les Israélites auraient part au monde futur » et l’autre prétendait que « ceux qui périssent sont plus nombreux que ceux qui seront sauvés ». Ces querelles d’école ne touchent pas Jésus. Il détourne la question : « Efforcez-vous d’entrer vous-mêmes par la porte étroite ». Le problème n’est pas de s’interroger sur le petit ou le grand nombre des élus, mais de prendre au sérieux notre vie. Ce qui importe, c’est de se convertir aujourd’hui et d’accueillir la Bonne Nouvelle.

Mais regardons plutôt filtrer le rayon de lumière au bas de cette porte étroite et fermée. C’est la lumière du Christ vainqueur de la mort. Elle redonne vigueur « aux mains défaillantes et aux genoux qui fléchissent » (deuxième lecture) et nous rend courage sur la route. Le Christ crucifié et ressuscité nous fait entendre dimanche après dimanche la Bonne Nouvelle de ce salut offert à tous les hommes. Dimanche après dimanche, il nous offre le pain rompu et la coupe du vin nouveau pour que toute notre vie devienne eucharistie. C’est au cœur de notre prière et de notre liturgie que le Seigneur nous apprend à devenir signe de cette vie éternelle qu’il veut donner à toutes les nations.

Plutôt que nous désoler des cailloux qui gênent notre marche, ouvrons les yeux sur les petites fleurs du monde nouveau en croissance. Ce monde qui germe au sein même des douleurs de son enfantement.

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