PKO 24.11.2013

Dimanche 24 novembre 2013 – Solennité de Notre Seigneur Jésus Christ, Roi de l’Univers – Année C
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°61/2013

HUMEURS

De la Foi à l’Espérance…

 La fête du Christ-Roi marque la fin de l’Année de la Foi. Initiée par le pape émérite Benoît XVI, cette année marque une étape importante dans la vie de l’Église.

En homme courageux, le pape émérite, durant son pontificat, a affronté des questions douloureuses pour l’Église : finances de l’Église, pédophilie au sein du clergé… Patiemment, par ses enseignements, ses encycliques, son témoignage de vie sobre, il a fait entrer l’Église dans une profonde conversion… Cette année de la Foi était pour lui l’aboutissement de ce long travail … dont le point d’orgue sera sa décision courageuse et prophétique : sa renonciation !

Cet acte « révolutionnaire » ouvrira les portes à une nouvelle ère dans l’Église, avec l’élection du pape François. Dès les premiers instants, les signes de cette conversion ont éclaté au grand jour : le choix du prénom « François » le poverello… et les premières paroles du nouveau Pape : « Je vous demande de prier pour moi… »

Depuis, toute cette année de la foi a été marquée de signes et de gestes prophétiques, appelant l’Église à se renouveler dans son témoignage du Christ, venu dans le monde pour les petits et les pécheurs.

Le pape François s’est attelé avec détermination à une refondation, dans sa gouvernance, dans son expression,  de l’Église…

Avec un langage simple et des gestes extraordinaires de simplicité et d’humilité, il appelle les chrétiens, et spécialement les hommes d’Église à vivre au plus proche des hommes… loin des fastes de cour et des richesses…

Notre Église diocésaine a vécu cette année de la Foi dans la confiance et l’attente. Elle a accueilli un nouvel Administrateur Apostolique, Mgr Pascal, qui prépare le diocèse à vivre à la suite de l’Église universelle un temps de conversion. Une Église diocésaine, qui elle aussi,  doit résolument se tourner vers les plus petits et les pécheurs… qui se doit d’apprendre à ne pas vivre au-dessus de ses moyens en accumulant des déficits… qui se doit de redécouvrir que les hommes sont plus importants que les infrastructures…

Une année de la Foi qui s’ouvre sur l’Espérance et qui appelle à la Conversion !

 

En marge de l’actualité

Clôture de l’Année de la Foi… et après ?

 Ce dimanche 24 novembre, S.E. Mgr Martin Krebs, Délégué Apostolique pour les îles du Pacifique, présidera à 9h30 la messe pontificale de clôture de l’année de la Foi. C’est l’occasion pour chacun de faire un bilan de l’année écoulée et d’esquisser de nouvelles perspectives.

C’est par un texte très personnel, écrit de sa main, une « lettre apostolique en forme de Motu proprio », que Benoît XVI avait décidé d’annoncer, après l’Année Saint-Paul et l’Année du prêtre, une « Année de la Foi ».

Le 24 novembre, en la fête du Christ, Roi de l’univers, cette année de la Foi s’achève par une célébration de clôture dans toutes les paroisses. Chez nous cette célébration revêt un caractère solennel du fait de la présence de S.E. Mgr Martin KREBS.

L’invitation lancée par Benoît XVI à toute l’Église, à tous les fidèles, était une  « invitation à une conversion authentique et renouvelée au Seigneur, unique Sauveur du monde » en vue d’une « vie nouvelle qui modèle toute l’existence sur la nouveauté radicale de la Résurrection ».

En plaçant le Credo et le Catéchisme de l’Église catholique au cœur de l’approfondissement des contenus de la Foi, le Saint Père rappelait que cette connaissance « n’est pas suffisante si ensuite le cœur, authentique sanctuaire de la personne, n’est pas ouvert par la grâce qui permet d’avoir des yeux pour regarder en profondeur et comprendre que ce qui a été annoncé est la Parole de Dieu ». Ainsi un des fruits produit et visible devrait transparaitre dans le témoignage de vie des croyants, un témoignage de plus en plus crédible.

Cet acte de foi, selon Benoît XVI, est « un acte personnel et en même temps communautaire » ; « le chrétien ne peut jamais penser que croire est un fait privé. (…) La foi exige la responsabilité sociale de ce qui est cru. » De plus on ne peut dissocier ce témoignage de foi du « témoignage de la charité », car « la foi sans la charité ne porte pas de fruit et la charité sans la foi serait un sentiment à la merci constante du doute ».

Une année s’achève, il nous faut en faire le bilan, en repérer les fruits et envisager la suite à donner. Dans son encyclique Lumen Fidei, le Pape François nous donne une perspective :

« Celui qui croit, voit ; il voit avec une lumière qui illumine tout le parcours de la route, parce qu'elle nous vient du Christ ressuscité, étoile du matin qui ne se couche pas. »

Soyons donc ces lumières, celles qui viennent du Christ et qui éclairent la route de celles et ceux que nous sommes appelés à rencontrer.

Dominique SOUPÉ - Chancelier


Même le Pape se confesse tous les quinze jours…

Audience générale du pape François du mercredi 20 novembre 2013

« Jésus a donné sa vie pour notre paix, pour notre joie, pour le don de la grâce dans nos âmes, pour le pardon de nos péchés », explique le pape François qui a consacré sa catéchèse du mercredi au « pouvoir des clés », le pouvoir de remettre les péchés confié par Jésus à ses apôtres. Le pape souligne trois éléments : c'est « l'Esprit Saint le protagoniste du pardon », Jésus « donne ce pouvoir » aux prêtres, qui sont des « instrument du pardon ».

Chers frères et sœurs, bonjour !

Mercredi dernier, j’ai parlé de la rémission des péchés, particulièrement en lien avec le baptême. Nous poursuivons aujourd’hui sur le thème de la rémission des péchés, mais en référence à ce qu’on appelle le « pouvoir des clés », qui est un symbole biblique de la mission donnée par Jésus aux apôtres.

Nous devons tout d'abord nous rappeler que le protagoniste du pardon des péchés c'est l’Esprit-Saint. Lors de sa première apparition aux apôtres, au Cénacle, Jésus ressuscité a fait le geste de souffler sur eux en disant : « Recevez l’Esprit-Saint. Ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » (Jn 20,22-23). Transfiguré dans son corps, Jésus est désormais l’Homme nouveau, qui offre les dons du mystère pascal, fruit de sa mort et de sa résurrection : Quels sont ces dons ? La paix, la joie, le pardon des péchés, la mission, mais surtout il donne l’Esprit-Saint qui est la source de tout cela. Le souffle de Jésus, accompagné par les paroles avec lesquelles il communique l’Esprit, indique qu’il transmet la vie, la vie nouvelle régénérée par le pardon.

Mais avant de faire le geste de souffler et de donner l’Esprit, Jésus montre ses plaies, dans ses mains et son côté : ces blessures représentent le prix de notre salut. L’Esprit-Saint nous apporte le pardon de Dieu « en passant à travers » les plaies de Jésus, ces plaies qu’il a voulu conserver ; en ce moment encore, au Ciel, il montre à son Père les plaies par lesquelles il nous a rachetés. Par la force de ces plaies, nos péchés sont pardonnés : Jésus a donné ainsi sa vie pour notre paix, pour notre joie, pour le don de la grâce dans nos âmes, pour le pardon de nos péchés. C’est très beau de regarder ainsi Jésus !

Venons-en au second élément : Jésus donne aux apôtres le pouvoir de pardonner les péchés ; c’est un peu difficile de comprendre comment un homme peut pardonner les péchés, mais Jésus donne ce pouvoir. L’Église est dépositaire du pouvoir des clés, d’ouvrir ou de fermer au pardon. Dans sa souveraine miséricorde, Dieu pardonne tout homme, mais il a voulu lui-même que ceux qui appartiennent au Christ et à son Église reçoivent le pardon par l’intermédiaire des ministres de la communauté. Par le ministère apostolique, la miséricorde de Dieu me rejoint, mes fautes sont pardonnées et la joie m’est donnée. De cette manière, Jésus nous appelle à vivre aussi la réconciliation dans sa dimension ecclésiale, communautaire. Et c’est très beau, cela. L’Église, qui est sainte et qui a en même temps besoin de pénitence, accompagne notre chemin de conversion tout au long de notre vie. L’Église n'est pas la propriétaire du pouvoir des clés, mais elle est la servante du ministère de la miséricorde et elle se réjouit chaque fois qu’elle peut offrir ce don de Dieu.

Beaucoup, aujourd’hui, ne comprennent pas la dimension ecclésiale du pardon, parce que l’individualisme, le subjectivisme dominent et nous aussi, les chrétiens, nous en subissons l’influence. Bien sûr, Dieu pardonne à tout pécheur qui se repent, personnellement, mais le chrétien est lié au Christ, et le Christ est uni à l’Église. Pour nous, chrétiens, c’est un don supplémentaire, et c’est aussi un engagement supplémentaire : passer humblement par le ministère ecclésial. Cela, nous devons le valoriser ; c’est un don, une attention, une protection et c’est aussi la certitude que Dieu m’a pardonné. Je vais vers ce frère prêtre et lui dis : « Père, j’ai fait cela… ». Et il répond : « Mais je te pardonne ; Dieu te pardonne ». À ce moment-là, je suis certain que Dieu m’a pardonné ! Et c’est beau, cela nous donne la certitude que Dieu nous pardonne toujours, ne se lasse pas de pardonner. Et nous ne devons pas nous lasser d’aller demander pardon. On peut éprouver de la honte à dire ses péchés, mais nos mamans et nos grands-mères disaient qu’il vaut mieux devenir rouge une fois que jaune mille fois. On rougit une fois, mais nos péchés sont pardonnés et on avance.

Enfin, un dernier point : le prêtre, instrument du pardon des péchés. Le pardon de Dieu, qui nous est donné dans l’Église, nous est transmis par l'intermédiaire du ministère d’un frère, le prêtre ; un homme qui, comme nous, a lui aussi besoin de miséricorde, devient véritablement l’instrument de la miséricorde, en nous donnant l’amour sans limites de Dieu notre Père. Les prêtres aussi doivent se confesser, et les évêques aussi : nous sommes tous pécheurs. Même le pape se confesse tous les quinze jours, parce que le pape aussi est pécheur. Et le confesseur entend ce que je lui dis, il me conseille et me pardonne, parce que nous avons tous besoin de ce pardon. On entend parfois des personnes affirmer qu’elles se confessent directement à Dieu… Oui, comme je viens de le dire, Dieu t’écoute toujours, mais dans le sacrement de la Réconciliation, il envoie un frère t’apporter le pardon, la certitude du pardon, au nom de l’Église.

Le service que rend le prêtre en tant que ministre, de la part de Dieu, en pardonnant les péchés est très délicat et exige que son cœur soit en paix, que le prêtre ait le cœur en paix, qu’il ne maltraite pas les fidèles, mais qu’il soit doux, bienveillant et miséricordieux ; qu’il sache semer l’espérance dans les cœurs et, surtout, qu’il soit conscient que le frère ou la sœur qui s’approche du sacrement de la Réconciliation vient chercher le pardon et qu’il le fait comme toutes les personnes qui s’approchaient de Jésus pour qu’il les guérisse. Si le prêtre n’est pas dans cette disposition d’esprit, il vaut mieux qu’il n’administre pas ce sacrement, jusqu’à ce qu’il se corrige. Les fidèles qui se repentent ont le droit, tous les fidèles ont le droit de trouver dans les prêtres des serviteurs du pardon de Dieu.

Chers frères, en tant que membres de l’Église, sommes-nous conscients de ce don que nous offre Dieu lui-même ? Est-ce que nous éprouvons la joie de ce souci, de cette attention maternelle que manifeste l’Église à notre égard ? Est-ce que nous savons la mettre en valeur avec simplicité et assiduité ? N’oublions pas que Dieu ne se lasse jamais de nous pardonner ; par le ministère du prêtre, en nous serrant à nouveau dans ses bras, il nous régénère et nous permet de nous relever et de reprendre à nouveau notre chemin. Parce que c’est cela notre vie : nous relever sans cesse et reprendre notre chemin.

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Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation

Document d epréparation au Synode des Évêques

Le Saint-Siège publie le document préparatoire du synode sur la famille qui aura lieu du 5 au 19 octobre 214. Ce document a été envoyé aux Eglises locales pour recueillir des avis et des réactions en vue du texte qui servira de base aux débats (Instrumentum laboris). Dans le prochain P.K.0, nous vous présenterons les questions qui font suite à ce document…

I. Le Synode : famille et évangélisation

La mission d’annoncer l’Évangile à toutes les créatures a été confié directement par le Seigneur à ses disciples et l’Église en est le messager dans l’histoire. À l’époque à laquelle nous vivons, l’évidente crise sociale et spirituelle devient un défi pastoral qui interpelle la mission évangélisatrice de l’Église pour la famille, noyau vital de la société et de la communauté ecclésiale. Proposer l’Évangile sur la famille dans ce contexte s’avère plus que jamais urgent et nécessaire. L’importance du thème se manifeste par le fait que le Saint-Père ait décidé d’établir pour le Synode des Évêques un itinéraire de travail en deux étapes : la première, l’Assemblée Générale Extraordinaire de 2014, visant à préciser le « status quaestionis » et à recueillir les témoignages et les propositions des Évêques pour annoncer et vivre de manière crédible l’Évangile de la famille ; la seconde, l’Assemblée Générale Ordinaire de 2015, pour chercher des lignes d’action pour la pastorale de la personne humaine et de la famille.

Aujourd’hui se présentent des situations inédites jusqu’à ces dernières années, depuis la diffusion des couples en union libre, qui ne se marient pas et parfois en excluent même l’idée, jusqu’aux unions entre des personnes du même sexe, auxquelles il est souvent consenti d’adopter des enfants. Parmi les nombreuses situations nouvelles qui réclament l’attention et l’engagement pastoral de l’Église, il suffira de rappeler : les mariages mixtes ou interreligieux ; familles monoparentales ; la polygamie ; les mariages arrangés avec le problème de la dot qui en découle, parfois assimilée à un montant d’acquisition de la femme ; le système des castes ; la culture du non-engagement et de la présupposée instabilité du lien ; les formes de féminisme hostiles à l’Église ; les phénomènes migratoires et la reformulation de l’idée même de famille ; le pluralisme relativiste dans la conception du mariage ; l’influence des media sur la culture populaire pour la conception des noces et de la vie familiale ; les courants de pensée qui inspirent les propositions législatives qui dévaluent la permanence et la fidélité du pacte matrimonial ; l’expansion du phénomène des mères porteuses (location d’utérus) ; les nouvelles interprétations des droits humains. Mais surtout dans le milieu plus strictement ecclésial, l’affaiblissement ou l’abandon de la foi en la sacramentalité du mariage et en la puissance thérapeutique de la pénitence sacramentelle.

De tout cela, on comprend combien est urgente l’attention de l’épiscopat mondial « cum et sub Petro » face à ces défis. Si, par exemple, on pense au seul fait que dans le contexte actuel tant d’enfants et de jeunes, nés de mariages irréguliers, ne pourront jamais voir leur parents recevoir les sacrements, on comprend combien sont urgents les défis posés à l’évangélisation de la situation actuelle, par ailleurs répandue partout dans le « village global ». Cette réalité trouve un écho particulier dans l’accueil immense que reçoit de nos jours l’enseignement sur la miséricorde divine et sur la tendresse envers les personnes blessées, dans les périphéries géographiques et existentielles: les attentes qui s’en suivent sur les choix pastoraux à propos de la famille sont énormes. Une réflexion du Synode des Évêques sur ces thèmes apparaît donc tant nécessaire et urgente que juste comme l’expression de la charité des pasteurs envers ceux qui leur sont confiés et de la famille humaine toute entière.

II. L’Église et l’Évangile sur la famille

La bonne nouvelle de l’amour divin doit être proclamée à ceux qui vivent cette expérience humaine personnelle fondamentale, de couple et de communion ouverte au don des enfants, qu’est la communauté familiale. La doctrine de la foi sur le mariage doit être présentée d’une manière communicative et efficace, pour qu’elle en mesure d’atteindre les cœurs et de les transformer selon la volonté de Dieu manifestée en Jésus-Christ.

Pour ce qui est du rappel des sources biblique sur le mariage et la famille, on ne reportera ici que les références essentielles. De même, pour les documents du Magistère, il semble opportun de se limiter aux documents du Magistère universel de l’Église, en y ajoutant quelques textes du Conseil Pontifical pour la Famille et laissant aux Évêques participants au Synode le soin de rapporter les documents de leurs Organes Épiscopaux respectifs.

En tout temps et dans les cultures les plus diverses n’ont jamais fait défaut ni l'enseignement clair des pasteurs ni le témoignage concret des croyants, hommes et femmes, qui en des circonstances très différentes ont vécu l’Évangile sur la famille comme un don incommensurable pour leur vie et celle de leurs enfants. L'engagement pour le prochain Synode Extraordinaire est motivé et soutenu par le désir de communiquer à tous ce message, avec une plus grande force, espérant ainsi que « le trésor de la Révélation, confié à l’Église, comble de plus en plus le cœur des hommes ».

Le projet du Dieu Créateur et Rédempteur

La beauté du message biblique sur la famille a sa racine dans la création de l'homme et de la femme faits tous deux à l’image et la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1,24-31 ; 2, 4b-25). Unis par un lien sacramentel indissoluble, les époux vivent la beauté de l'amour, de la paternité, de la maternité et de la dignité suprême de participer ainsi à l’œuvre créatrice de Dieu.

Dans le don du fruit de leur union ils assument la responsabilité d’élever et d’éduquer d’autres personnes pour l’avenir du genre humain. À travers la procréation l'homme et la femme accomplissent dans la foi la vocation d’être les collaborateurs de Dieu pour la sauvegarde de la création et la croissance de la famille humaine.

Le Bienheureux Jean-Paul II a commenté cet aspect dans Familiaris Consortio : « Dieu a créé l'homme à son image et à sa ressemblance (cf. Gn 1,26s) : en l'appelant à l'existence par amour, il l'a appelé en même temps à l'amour. Dieu est amour (1Jn 4,8) et il vit en lui-même un mystère de communion personnelle d'amour. En créant l'humanité de l'homme et de la femme à son image et en la conservant continuellement dans l'être, Dieu inscrit en elle la vocation, et donc la capacité et la responsabilité correspondantes, à l'amour et à la communion (cf. Gaudium et spes, 12). L'amour est donc la vocation fondamentale et innée de tout être humain » (FC, n. 11). Ce projet du Dieu créateur, que le péché originel a bouleversé (cf. Gn 3,1-24), s’est manifesté dans l’histoire à travers les vicissitudes du Peuple élu jusqu’à la plénitude des temps, alors qu’avec l’incarnation le Fils de Dieu non seulement confirma la volonté divine de salut, mais avec la rédemption il offrit la grâce d’obéir à cette même volonté.

Le Fils de Dieu, Verbe fait chair (cf. Jn 1,14) dans le sein de la Vierge Mère vécut et grandit dans la famille de Nazareth et participa aux noces de Cana dont il enrichit la fête avec le premier de ses « signes » (cf. Jn 2,1-11). Il accepta avec joie l'accueil familier de ses premiers disciples (cf. Mc 1,29-31; 2,13-17) et consola la famille de ses amis dans leur deuil à Béthanie (cf. Lc 10,38-42; Jn 11,1-44).

Jésus-Christ a rétabli la beauté du mariage en proposant à nouveau le projet unitaire de Dieu qui avait été abandonné, en raison de la dureté du cœur de l’homme, même au sein de la tradition du peuple d’Israël (cf. Mt 5,31-32 ; 19.3-12 ; Mc 10,1-12 ; Lc 16,18). En retournant aux origines, Jésus a enseigné l'unité et la fidélité entre les époux, refusant la répudiation et l’adultère.

C’est justement à travers l’extraordinaire beauté de l'amour humain – déjà exalté avec des accents inspirés dans le Cantique des Cantiques, et du lien conjugal exigé et défendu par des Prophètes comme Osée (cf. Os 1,2-3,3) et Malachie (cf. Ml 2,13-16) –, que Jésus a affirmé la dignité originelle de l’amour conjugal entre l'homme et la femme.

L’enseignement de l’Église sur la famille

Dans la communauté chrétienne primitive la famille apparut également comme l’« Église domestique » (cf. CEC 1655). Dans lesdits « codes familiaux » des Lettres apostoliques du Nouveau Testament, la grande famille du monde antique est reconnue comme le lieu de la solidarité la plus profonde entre femmes et maris, entre parents et enfants, entre riches et pauvres (cf. Ep 5,21-6,9; Col 3,18-4,1 ; 1Tm 2,8-15 ; Tt 2,1-10 ; 1P 2,13-3,7 ; cf. aussi la Lettre à Philémon). En particulier, la Lettre aux Éphésiens a reconnu dans l'amour nuptial entre l'homme et la femme « le grand mystère » qui rend présent dans le monde l'amour du Christ et de l’Église (cf. Ep 5,31-32).

Au cours des siècles, surtout dans les temps modernes jusqu’à nos jours, l’Église a produit un enseignement constant et progressif sur la famille et sur le mariage qui la fonde. Une des expressions les plus remarquables a été proposée par le Concile Œcuménique Vatican II, dans la Constitution pastorale Gaudium et spes, qui, en traitant quelques-uns des problèmes les plus urgents, consacre un chapitre entier à la promotion de la dignité du mariage et de la famille, comme cela est montré dans la description de sa valeur pour la constitution de la société : « Ainsi la famille, lieu de rencontre de plusieurs générations qui s’aident mutuellement à acquérir une sagesse plus étendue et à harmoniser les droits des personnes avec les autres exigences de la vie sociale, constitue-t-elle le fondement de la société » (GS 52). L'appel à une spiritualité christocentrique pour les époux croyants est d’une intensité toute spéciale : « que les époux eux-mêmes créés à l’image d’un Dieu vivant et établis dans un ordre authentique de personnes, soient unis dans une même affection, dans une même pensée et dans une mutuelle sainteté, en sorte que, à la suite du Christ, principe de vie, ils deviennent, à travers les joies et les sacrifices de leur vocation, par la fidélité de leur amour, les témoins de ce mystère de charité que le Seigneur a révélé au monde par sa mort et sa résurrection » (GS 52).

Les Successeurs de Pierre également, après le Concile Vatican II, ont enrichi par leur Magistère la doctrine sur le mariage et sur la famille, en particulier Paul VI avec l’Encyclique Humanae vitae, qui offre des enseignements spécifiques tant sur les principes que sur la pratique. Successivement, le Pape Jean-Paul II dans l’Exhortation apostolique Familiaris Consortio voulut insister en proposant le dessein divin à propos de la vérité sur l’origine de l’amour entre époux et celui de la famille : « le “lieu” unique, qui rend possible cette donation selon toute sa vérité, est le mariage, c'est-à-dire le pacte d'amour conjugal ou le choix conscient et libre par lequel l'homme et la femme accueillent l'intime communauté de vie et d'amour voulue par Dieu lui-même (cf. Gaudium et spes, 48), et qui ne manifeste sa vraie signification qu'à cette lumière. L'institution du mariage n'est pas une ingérence indue de la société ou de l'autorité, ni l'imposition extrinsèque d'une forme ; elle est une exigence intérieure du pacte d'amour conjugal qui s'affirme publiquement comme unique et exclusif pour que soit vécue ainsi la pleine fidélité au dessein du Dieu créateur. Cette fidélité, loin d'amoindrir la liberté de la personne, la met à l'abri de tout subjectivisme et de tout relativisme, et la fait participer à la Sagesse créatrice » (FC, 11).

Le Catéchisme de l’Église Catholique recueille ces données fondamentales : « L’alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une intime communauté de vie et d’amour, a été fondée et dotée de ses lois propres par le Créateur. De par sa nature elle est ordonnée au bien des conjoints ainsi qu’à la génération et à l’éducation des enfants. Elle a été élevée entre baptisés par le Christ Seigneur à la dignité de sacrement [Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Gaudium et spes, 48 ; Code de Droit Canonique, 1055, 1] » (CEC 1660).

La doctrine exposée dans le Catéchisme considère tant les principes théologiques que les comportements moraux, traités sous deux titres distincts: Le sacrement du mariage (n. 1601-1658) et le sixième commandement (n. 2331-2391). La lecture attentive de ces parties du Catéchisme fournit une compréhension moderne de la doctrine de la foi pour soutenir l’action de l’Église face aux défis contemporains. Sa pastorale trouve son inspiration dans la vérité du mariage considéré selon le dessein de Dieu qui a créé l’homme et la femme et qui, dans la plénitude des temps, a révélé en Jésus également la plénitude de l’amour entre époux élevé au niveau de sacrement. Le mariage chrétien, fondé sur le consentement, est aussi doté d’effets propres tels que les biens et les devoirs des époux, toutefois il n’est pas affranchi du régime du péché (cf. Gn 3,1-24) qui peut procurer des blessures profondes et aussi des dégradations à la dignité même du sacrement.

L’Encyclique récente du Pape François, Lumen fidei, traite de la famille dans son rapport avec la foi qui révèle « combien les liens entre les hommes peuvent être forts, quand Dieu se rend présent au milieu d’eux » (LF 50). « Le premier environnement dans lequel la foi éclaire la cité des hommes est donc la famille. Je pense surtout à l’union stable de l’homme et de la femme dans le mariage. Celle-ci naît de leur amour, signe et présence de l’amour de Dieu, de la reconnaissance et de l’acceptation de ce bien qu’est la différence sexuelle par laquelle les conjoints peuvent s’unir en une seule chair (cf. Gn 2, 24) et sont capables d’engendrer une nouvelle vie, manifestation de la bonté du Créateur, de sa sagesse et de son dessein d’amour. Fondés sur cet amour, l’homme et la femme peuvent se promettre l’amour mutuel dans un geste qui engage toute leur vie et rappelle tant d’aspects de la foi. Promettre un amour qui soit pour toujours est possible quand on découvre un dessein plus grand que ses propres projets, qui nous soutient et nous permet de donner l’avenir tout entier à la personne aimée » (LF 52). « La foi n’est pas un refuge pour ceux qui sont sans courage, mais un épanouissement de la vie. Elle fait découvrir un grand appel, la vocation à l’amour, et assure que cet amour est fiable, qu’il vaut la peine de se livrer à lui, parce que son fondement se trouve dans la fidélité de Dieu, plus forte que notre fragilité » (LF 53).

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L’engagement des laïcs dans la vie publique et l’avenir de la cité

Intervention du Cardinal RYLKO au colloque nationale des juristes

Le « cri » des chrétiens « même s’il est peu écouté et souvent contrarié par les médias, est d’une importance vitale pour l’avenir de l’humanité », estime le cardinal Rylko, qui constate en France « un réveil significatif des consciences de nombreuses personnes d’extractions religieuses et culturelles diverses, comme l’ont démontré les grandes manifestations pour défendre le mariage ». Le cardinal Stanisłas Ryłko, président du Conseil pontifical pour les laïcs, est intervenu lors du XXVIème Colloque national des juristes catholiques, sur le thème « Le Mariage en questions », à Paris, le 16 novembre 2013.

Mesdames et Messieurs,

Au nom du Conseil Pontifical pour les Laïcs, je vous adresse mes salutations cordiales, à vous qui participez au XXVIème Colloque National des Juristes Catholiques. Une pensée particulière va à votre Président, le professeur Joël-Benoît d’Onorio, que je remercie de m’avoir invité à intervenir devant cette illustre assemblée. Je vous félicite avant tout pour le thème choisi pour ce Colloque : « Le Mariage en questions », un thème d’une actualité brûlante. « Nous vivons dans un temps où les critères de l’être homme sont devenus questionnables /…/ - disait le Pape Benoît XVI - Face à cela, comme chrétiens, nous devons défendre la dignité inviolable de l’homme /.../ La foi en Dieu doit se concrétiser dans notre engagement commun pour l’homme... ». Mais l’engagement pour l’homme veut dire, en particulier, engagement en faveur des institutions fondamentales pour son existence, comme le sont le mariage et la famille, institutions durement remises en question aujourd’hui…

Face aux graves défis de la postmodernité, nous, chrétiens, nous ne pouvons pas rester indifférents, ni nous taire ! À notre époque, le message de l’Exhortation apostolique Christifideles laici a acquis un caractère d’une urgence particulière : « Des situations nouvelles, dans l’Église comme dans le monde, dans les réalités sociales, économiques, politiques et culturelles, exigent aujourd’hui, de façon toute particulière, l’action des fidèles laïcs. S’il a toujours été inadmissible de s’en désintéresser, présentement c’est plus répréhensible que jamais. Il n’est permis à personne de rester à ne rien faire ». Aujourd’hui, tout spécialement, une présence visible et incisive des chrétiens est nécessaire dans la vie publique, avec l’audace d’être vraiment un « levain évangélique », le « sel » et la « lumière » du monde, en étant guidés par l’Évangile et par la Doctrine sociale de l’Église. Nous touchons ici le point névralgique de la vocation et de la mission des laïcs dans le monde, qui concerne leur « caractère séculier », facteur fondamental de leur identité en tant que laïcs. Le Concile Vatican II nous dit : « La vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu. Ils vivent au milieu du siècle, c’est-à-dire engagés dans tous les divers devoirs et travaux du monde, dans les conditions ordinaires de la vie familiale et sociale dont leur existence est comme tissée. À cette place, ils sont appelés par Dieu pour travailler comme du dedans à la sanctification du monde, à la façon d’un ferment, en exerçant leurs propres charges sous la conduite de l’esprit évangélique, et pour manifester le Christ aux autres avant tout par le témoignage de leur vie, rayonnant de foi, d’espérance et de charité ».

À notre époque, la culture dominante enferme la foi dans le domaine strictement privé, éliminant Dieu de la sphère publique. Nous assistons à une véritable « christianophobie » et à un dangereux fondamentalisme laïciste. Dans les démocraties occidentales, là où l’on parle de tant de tolérance, la liberté religieuse est même sérieusement menacée. Le pape Benoît XVI a parlé d’une périlleuse expansion de ce qu’on appelle la « tolérance négative » qui, pour ne pas importuner les non-croyants ou les autres croyants, élimine tous les symboles religieux de la vie publique. Ainsi - paradoxalement - au nom de la tolérance, on abolit la tolérance elle-même. Une telle situation requiert indéniablement des fidèles laïcs le courage d’aller à contre-courant et d’être dans le monde un « signe de contradiction ». En outre, elle les sollicite à sortir des sacristies et du cadre des discours internes à l’Église, en devenant des témoins persuasifs de l’Évangile au cœur du monde. Il est vrai que, dans la société occidentale, nous, les chrétiens, nous sommes une minorité. Toutefois, le vrai problème n’est pas là. Le sel est « minoritaire » dans la nourriture, mais il lui donne son goût ; le levain est « minoritaire » dans la pâte, mais il la fait fermenter. Notre vrai problème consiste à ne pas devenir insignifiants, « insipides », à ne pas perdre la « saveur évangélique »... L’antique auteur de la Lettre à Diognète disait : « Les chrétiens sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel /.../ En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde... ».

Rencontrant des membres du Sénat et de l’Assemblée nationale de la République française, le pape François a tenu à réaffirmer que « le principe de laïcité qui gouverne les relations entre l’État français et les différentes confessions religieuses ne doit pas signifier en soi une hostilité à la réalité religieuse, ou une exclusion des religions du champ social et des débats qui l’animent. On peut se féliciter que la société française redécouvre des propositions faites par l’Église, entre autres, qui offrent une certaine vision de la personne et de sa dignité en vue du bien commun. L’Église désire ainsi apporter sa contribution spécifique sur des questions profondes qui engagent une vision plus complète de la personne et de son destin, de la société et de son destin ». Le pape s’est ensuite attardé sur l’exercice du pouvoir législatif des parlementaires : « Votre tâche est certes technique et juridique, consistant à proposer des lois, à les amender ou même à les abroger. Il vous est aussi nécessaire de leur insuffler un supplément, un esprit, une âme dirais-je, qui ne reflète pas uniquement les modes et les idées du moment, mais qui leur apporte l’indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine ». Les paroles du Saint-Père revêtent une importance toute particulière dans le contexte de la culture postmoderne, une culture qui met en question la nature même de l’homme ainsi que des institutions fondamentales pour son existence, comme le mariage et la famille. Aujourd’hui la « liberté du faire » – disait le pape Benoît XVI, commentant l’intéressante étude du Grand rabbin de France, Gilles Bernheim – est en train de se commuer en une « liberté de se faire soi-même », d’une manière complètement arbitraire, sans tenir compte de la loi que le Dieu Créateur a inscrit dans la nature de l’être humain (la loi naturelle !). Les nouvelles lois sur le mariage et la famille, promulguées par de nombreux Parlements, en sont une preuve éclatante.

Comme chrétiens, en cette époque, nous sommes donc appelés tout particulièrement à être les gardiens de l’être humain, de sa dignité et de ses droits inaliénables. Mais pour accomplir une mission si haute et si importante, nous devons avoir un concept très clair de notre identité de disciples du Christ. Cette conscience est aujourd’hui loin d’être acquise, car elle est souvent chargée de problèmes. Le relativisme et la « pensée faible » engendrent des personnalités fragiles, fragmentées et incohérentes. Les modèles de vie imposés par la culture dominante sèment partout l’égarement et la confusion, même parmi les baptisés. Le cadre « identitaire » du chrétien moyen devient toujours davantage le résultat d’un ensemble de choix arbitraires et commodes. Le pape François dénonce souvent ce danger et parle fréquemment de chrétiens « endormis », de chrétiens « à temps partiel », de chrétiens « que de nom »... alors que le monde d’aujourd’hui a besoin de vrais chrétiens mûrs, qui soient d’authentiques témoins du Christ et de son Évangile. En d’autres termes, il a besoin de chrétiens qui vivent à fond la réalité du Baptême reçu. La question de l’identité des baptisés tenait particulièrement à cœur aux Pères de l’Église. Saint Léon le Grand exhortait ainsi ses fidèles : « Chrétien, reconnais ta dignité » ; à son tour saint Ignace d’Antioche réaffirmait : « Il ne suffit pas d’être appelés chrétiens, il faut l’être vraiment... ».

Vivre à fond l’identité chrétienne signifie surtout décider de mettre Dieu au centre de sa vie. Il ne s’agit pas d’un Dieu quelconque, mais de ce Dieu qui s’est révélé dans le visage de Jésus-Christ. Cela peut sembler quelque chose d’escompté, mais aujourd’hui ça ne l’est pas du tout ! Dans sa Lettre apostolique Porta fidei, le pape Benoît XVI écrivait : « Il arrive désormais fréquemment que les chrétiens s’intéressent surtout aux conséquences sociales, culturelles et politiques de leur engagement, continuant à penser la foi comme un présupposé évident du vivre en commun. En effet, ce présupposé non seulement n’est plus tel mais souvent il est même nié ». En réalité, le vrai problème de l’homme d’aujourd’hui est la question de Dieu, car sans Créateur - comme nous l’enseigne le Concile Vatican II - la créature s’évanouit. Tout change si Dieu existe ou n’existe pas ! Et le Pape Benoît XVI a été très explicite à cet égard, quand il a affirmé : « Celui qui ne donne pas Dieu donne trop peu ».

En ce temps de grave crise qui bouleverse le monde et qui n’est pas seulement une crise économique et financière, mais surtout une crise anthropologique, un chrétien court facilement le risque de sombrer dans l’amertume de la déception, de se laisser aller au découragement ou encore de développer une vision apocalyptique et catastrophique de l’histoire. Les changements profonds que connaît notre monde mettent à dure épreuve nos certitudes de toujours et même notre foi. De fait, l’espérance de beaucoup de nos contemporains commence à vaciller ! Face à une telle situation, les chrétiens se voient confier une tâche extrêmement urgente : être des témoins crédibles de l’espérance. Le pape François nous a encouragés à maintes reprises à ce sujet : « Ne vous laissez pas voler l’espérance ! ». En outre, il nous a demandé de « lire la réalité, mais aussi (de) vivre cette réalité, sans peurs, sans fuites, et sans catastrophismes. Toute crise – a expliqué le Saint-Père - même la crise actuelle, est un passage, le travail d’un accouchement qui comporte peine, difficulté, souffrance, mais qui porte en lui l’horizon de la vie, d’un renouvellement, qui porte la force de l’espérance /.../ La crise peut devenir un moment de purification, pour revoir nos modèles économiques et sociaux et une certaine conception du progrès qui a nourri nos illusions, pour récupérer l’humain dans toutes ses dimensions ».

Comme nous pouvons le voir, le domaine d’engagement est extrêmement vaste et rempli de défis pour les laïcs catholiques. Il est vrai qu’aujourd’hui, bien souvent, la voix des chrétiens ressemble à celle de ceux qui crient dans le désert. Mais notre cri – même s’il est peu écouté et souvent contrarié par les médias – ne peut pas ne pas se faire entendre et il est d’une importance vitale pour l’avenir de l’humanité. D’ailleurs, dans la société française, il semble déjà porter quelques fruits tangibles. Il s’agit d’un réveil significatif des consciences de nombreuses personnes d’extractions religieuses et culturelles diverses, comme l’ont démontré les grandes manifestations pour défendre le mariage, qui ont vu une forte participation des catholiques.

Voilà donc quelle est la vocation et la mission des laïcs catholiques dans la vie publique : être le sel de la terre et la lumière du monde !

Je termine sur ces mots et je vous remercie de votre attention, en vous souhaitant de tout cœur un fructueux travail.

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Jésus, le nouvel Adam

Commentaire de l’Évangile de la solennité de Notre Seigneur Jésus Christ, Roi de l’Univers

Les trois lectures de la fête du Christ-Roi nous invitent à vérifier les racines, à la fois humaines et éternelles, ainsi que la vraie royauté de Jésus. Par ses parents, Jésus est de race royale. Il descend du second et du plus prestigieux des rois de Jérusalem, de ce petit berger de Bethléem que Dieu devait se choisir pour en faire le pasteur de son peuple. Nouveau David, Jésus sera le dernier fleuron qui couronne l’arbre de Jessé (Is 11, 1-8).

Par son hymne à la Seigneurie universelle du Messie, Paul nous donne les dimensions éternelles de cette royauté. Il est « l’image du Dieu invisible ». Vers lui, tout est mystérieusement en marche, car rien n’échappe à ses énergies de résurrection. Il est celui qui réconcilie tout, sur la terre et dans les cieux, « en faisant la paix par le sang de sa croix ».

Rien que par cela, nous découvrons déjà la révélation paradoxale de la vraie royauté de Jésus. En affichant sur le bois de la croix « Celui-ci est le roi des juifs », les bourreaux ont cru fustiger une ambition politique qui, en fait, n’était pas celle de Jésus. Les provocations des chefs des prêtres et des soldats n’expriment qu’un défi lancé à un « imposteur ».

Les injures d’un de ses deux compagnons d’infortune sont d’une toute nature. « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! » Jésus est ici très douloureusement tenté. S’il est crucifié, c’est pour aller jusqu’au bout de la solidarité avec les hommes souffrants, coupables ou torturés. La tentation porte précisément sur ce point. S’il peut accepter de ne pas user de son pouvoir pour son propre bénéfice, comment rejeter un tel appel, même crié dans la révolte ? Il se tait. Livré à ses frères, il s’en remet à eux. 

Et c’est un d’entre eux qui va répondre pour lui. « Pour nous, c’est juste (...) Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et, dans l’humilité confiante, le larron poursuit : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne ». Jésus alors use de ses prérogatives royales qui est de gracier. Il répond au défi qui lui était lancé : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». Il sauve un homme, non en le préservant de la mort corporelle, mais en faisant de cette mort le passage à la vraie vie et au bonheur.

Le Royaume de Jésus est un royaume de pardonnés. La manière pour la Christ d’exercer sa royauté sur tous les hommes, y compris ses ennemis, y compris les monstres et les tortionnaires, c’est de leur offrir son pardon. Le pécheur y a toute sa place, à une seule condition : reconnaître sa culpabilité en accueillant le pardon toujours offert de Dieu.

Oui, Jésus est bien le « nouvel Adam » qui aide l’humanité à réintégrer le paradis perdu. Et ceci, dès « aujourd’hui ». Recueillons, durant la prière de la semaine qui vient, les signes de la venue discrète du Royaume de Dieu : amour, justice, vérité, pardon.

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