PKO 24.02.2014

Dimanche 24 février 2013 – 2ème Dimanche du Temps de Carême – Année C

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°14/2013

HUMEURS

Prions pour Benoit XVI et son successeur

 

Seigneur Jésus Christ,

Voie, Vérité et Vie,

visage humain de Dieu

et visage divin de l’homme,

fais revivre dans nos cœurs

l’amour pour le Père qui est dans les cieux

et la joie d’être chrétiens.

Viens à notre rencontre

et guide nos pas

pour te suivre et t’aimer

dans la communion de ton Église,

en célébrant et en vivant

le don de l’Eucharistie,

en portant notre croix,

et encouragé par ton envoi.

Donne-nous toujours le feu

de ton Esprit Saint,

pour qu’il éclaire nos pensées

et réveille en nous

le désir de te contempler,

l’amour pour les frères,

surtout les affligés,

et l’ardeur de t’annoncer

au début de ce siècle.

Tes disciples et tes missionnaires,

nous désirons ramer en mer ouverte,

pour que nos peuples

aient en Toi la vie en abondance,

et construisent avec solidarité

la fraternité et la paix.

Seigneur Jésus viens et envoie-nous !

Prions pour Benoît, le pape.

Que le Seigneur le protège,

lui donne une longue vie, le bénisse sur terre,

et ne le livre pas à l’emprise de ses ennemis.

Que votre main s’étende sur votre saint serviteur.

Et sur votre fils, que vous avez choisi.

 

                                                                  

En marge de l’actualité

Une femme exceptionnelle, opératrice de justice

 Il y a 50 ans (25 février 1963) Pauline Jaricot était déclarée Vénérable  par le pape Jean XXIII

L'année 2012 a marqué le 150ème anniversaire de sa mort, le 190ème Anniversaire de la Fondation de l'Association pour la Propagation de la Foi.

Il est bon de redécouvrir la figure de cette femme, assez peu connue, mais qui, par sa foi, sa créativité et sa sainteté, a contribué à créer la Coopération missionnaire des temps modernes.

Née à Lyon en 1799, à une époque de rapides bouleversements politiques et culturels, elle fut une passionnée des missions étrangères et, dans le même temps, une opératrice de justice au sein d'une société dans laquelle les droits des ouvriers et en particulier des femmes étaient foulés aux pieds.

En 1822, elle fonda l'Association de la Propagation de la Foi, avec la caractéristique de l'Universalité. Avec elle débuta ce grand mouvement de coopération missionnaire qui devait progressivement impliquer toute l'Église, tous les catholiques, toutes ses institutions, tous ses ministères.

De sa passion missionnaire et de son intuition naquirent les autres Œuvres pontificales : Sainte Enfance, Saint Pierre Apôtre et Union missionnaire.

À la passion pour la diffusion du Royaume de Dieu parmi les non chrétiens, elle ajouta la passion pour la justice sociale. Afin de tirer de la misère les ouvriers et ouvrières du monde industriel d'alors, elle mit en œuvre différentes initiatives de conscientisation sociale et fonda la Banque du Ciel.

Cette créativité apostolique était le fruit de son intense vie spirituelle. Elle était fermement convaincue que l'œuvre missionnaire ne tirait pas son efficacité de l'œuvre et des ressources humaines mais exclusivement de Dieu, puisque la Mission Lui appartenait.

En 1826, elle fonda le Rosaire Vivant.

Don de soi et de ce qu'elle avait comme biens de famille, pauvreté radicale, contemplation continuelle du visage du Christ ont accompagné son aventure apostolique.

À cause de sa vie et de son œuvre, elle a été le motif d'une réflexion ecclésiologique missionnaire qui débouchait au Concile Vatican II sur l'affirmation : L'Église est missionnaire par sa nature même et que l'Évangélisation est un droit et un devoir pour tout fidèle laïc. C'est pourquoi elle fut déclarée Vénérable par le Bienheureux Pape Jean XXIII le 25 février 1963.

(Source : Agence Fides 09/01/2013)

 

Personne ne peut dire aujourd’hui quand débutera le Conclave

Discours du pape Benoît XVI du 26 janvier 2013 au tribunal de la Rote romaine

« Motu proprio du pape ou non, la date du début du conclave sera du ressort des cardinaux réunis en Congrégation générale durant la vacance du Siège apostolique. Il est impossible de dire à l'avance la date du début du conclave, avant une décision des cardinaux », déclare le porte-parole du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, sj.


Dans une semaine le pontificat de Benoit XVI s’achèvera. Un moment historique et qui soulève tous les jours de nouvelles questions sur la période dite de « sede vacante » ou encore sur le conclave. Mercredi 21 février en salle de presse du Saint-Siège, le père Lombardi a tenu un nouveau briefing. Cette rencontre avec les journalistes intervient au lendemain de l’annonce de la possible publication d’un Motu Proprio du Pape avant la date officielle de sa renonciation.

Prudence. Le père Lombardi l’a répété : rien n’est encore sûr quant à la publication d’un Motu Proprio qui pourrait transformer les règles du conclave. Toutefois si tel est le cas il ne faut pas s’attendre à une refonte totale de la Constitution apostolique. Tout au plus le Pape pourrait modifier quelques points à la lumière de l’expérience du dernier conclave de 2005 a précisé le directeur de la salle de presse du Saint-Siège. « Motu Proprio ou pas, la date du début du Conclave sera du ressort des Cardinaux réunis en Congrégation Générale durant la vacance du Siège apostolique ». Pas mal d'encre a en effet coulé autour de la possibilité d'une ouverture anticipée du Conclave, c'est-à-dire avant le délai de 15 à 20 jours à partir du début de la « sede vacante », dans la mesure où les cardinaux pourraient être rapidement arrivés à Rome.

Les derniers moments du Pontificat de Benoît XVI

Les cardinaux présents à Rome rencontreront une dernière fois Benoît XVI le 28 février au matin avant son départ pour Castel Gandolfo en fin d’après-midi. Cette rencontre sera l'occasion de salutations personnelles a précisé le père Lombardi. Quant au fidèles ils auront l’occasion de saluer une dernière fois Benoît XVI à son arrivée dans la résidence d’été des Papes aux alentours de 18h00 jeudi prochain.

Le dossier des Lefebvristes sera transmis au successeur de Benoît XVI

Par ailleurs le père Lombardi s’est voulu très clair sur le dossier des Lefebvristes. Il sera transmis automatiquement au successeur de Benoît XVI. Le père jésuite a démenti qu’il faille attendre d’ici vendredi « une définition des rapports » entre le Vatican et la fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Plusieurs médias avaient parlé d'une lettre du Vatican faisant état d'un ultimatum au 22 février, soit six jours avant la fin du pontificat, pour demander au supérieur des Lefebvristes, Mgr Bernard Fellay, une réponse définitive à l'offre de réintégration du Vatican qui lui avait été faite.

© News.va – 2013


Mariage annulé pour manque de Foi ?

Discours du pape Benoît XVI du 26 janvier 2013 au tribunal de la Rote romaine

C'est une question épineuse que pose Benoît XVI aux membres du Tribunal de la Rote, l'une des plus anciennes institutions judiciaires romaines. Le pape leur a demandé d'entamer une réflexion sur la solidité juridique du mariage catholique lorsque l'un des époux « ne perçoit aucune trace de foi ». Considéré comme un véritable sacrement, le Vatican porte une attention toute particulière au mariage et à ce qu'il représente, « surtout dans le contexte actuel », a précisé le pape dans son discours.

Chers membres du Tribunal de la Rote romaine !

C’est pour moi un motif de joie de vous retrouver à l’occasion de l’inauguration de l’année judiciaire… Cette rencontre m’offre l’opportunité de réaffirmer mon estime et ma considération pour le service élevé que vous prêtez au Successeur de Pierre et à l’Église tout entière, ainsi que de vous inciter à un engagement toujours plus grand dans un domaine assurément difficile, mais précieux pour le salut des âmes. Le principe selon lequel la salus animarum est la loi suprême dans l’Église (cf. cic, can. 1752) doit être bien gardé à l’esprit et trouver chaque jour, dans votre travail, la réponse rigoureuse qui lui est due.

1. Dans le contexte de l’Année de la foi, je voudrais m’arrêter de manière particulière sur certains aspects du rapport entre foi et mariage, en observant comment l’actuelle crise de la foi, qui touche différentes parties du monde, porte en elle une crise de la société conjugale, avec toute la charge de malaise et de souffrance que cela comporte aussi pour les enfants. Nous pouvons prendre comme point de départ la racine linguistique commune que possèdent, en latin, les termes fides et fœdus, ce dernier étant un terme avec lequel le Code de droit canonique désigne la réalité naturelle du mariage, comme un pacte irrévocable entre un homme et une femme (cf. can. 1055 § 1). En effet, la confiance réciproque est la base incontournable de tout pacte ou alliance.

Sur le plan théologique, la relation entre foi et mariage prend une signification encore plus profonde. En effet, le lien sponsal, bien qu’étant une réalité naturelle, entre les baptisés a été élevé par le Christ à la dignité de sacrement (cf. ibid.).

Le pacte indissoluble entre un homme et une femme n’exige pas, afin d’assurer son caractère sacramentel, la foi personnelle des futurs époux ; ce qui est demandé, comme condition minimale nécessaire, est l’intention de faire ce que fait l’Église. Mais s’il est important de ne pas confondre le problème de l’intention avec celui de la foi personnelle des contractants, il n’est toutefois pas possible de les séparer totalement. Comme le faisait remarquer la Commission théologique internationale dans un document de 1977, « Là donc où l’on ne perçoit aucune trace de la foi comme telle (au sens du terme “croyance”, disposition à croire) ni aucun désir de la grâce et du salut, la question se pose de savoir, au plan des faits, si l’intention générale et vraiment sacramentelle, dont nous venons de parler, est présente ou non, et si le mariage est validement contracté ou non » (La doctrine catholique sur le sacrement du mariage [1977]). Le bienheureux Jean-Paul II, en s’adressant à ce tribunal, il y a dix ans, précisa toutefois qu’« une attitude des futurs époux ne tenant pas compte de la dimension surnaturelle du mariage peut le rendre nul uniquement si elle porte atteinte à la validité sur le plan naturel, sur lequel est placé le signe sacramentel lui-même » (Discours à la Rote romaine, 30 janvier 2003). À propos de cette problématique, en particulier dans le contexte actuel, il sera nécessaire de promouvoir des réflexions supplémentaires.

2. La culture contemporaine, marquée par un subjectivisme et un relativisme éthique et religieux accentués, place la personne et la famille face à des défis pressants. En premier lieu, face à la question concernant la capacité même de l’être humain de se lier, et de savoir si un lien qui dure toute la vie est vraiment possible et correspond à la nature de l’homme, ou s’il n’est pas plutôt en opposition avec sa liberté et avec son autoréalisation. En effet, il appartient à une mentalité diffuse de penser que la personne ne devient elle-même qu’en restant « autonome » et en entrant en contact avec l’autre uniquement à travers des relations que l’on peut interrompre à tout instant. Il n’échappe à personne que, sur le choix de l’être humain de se lier par un lien qui dure toute la vie, influe la perspective de base de chacun, c’est-à-dire s’il est ancré à un plan purement humain, ou bien s’il est ouvert à la lumière de la foi dans le Seigneur. En effet, ce n’est qu’en s’ouvrant à la vérité de Dieu qu’il est possible de comprendre, et de réaliser concrètement dans la vie également conjugale et familiale, la vérité de l’homme en tant que son fils, régénéré par le baptême. « Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car hors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5) : c’est ce qu’enseignait Jésus à ses disciples, en leur rappelant l’incapacité substantielle de l’être humain d’accomplir tout seul ce qui est nécessaire à l’obtention du bien véritable. Le refus de la proposition divine conduit en effet à un déséquilibre profond entre toutes les relations humaines, y compris matrimoniale, et facilite une compréhension erronée de la liberté et de l’autoréalisation qui, unie au refus d’avoir la patience de supporter la douleur, condamne l’homme à s’enfermer dans son égoïsme et son égocentrisme. Au contraire, l’accueil de la foi rend l’homme capable du don de soi, dans lequel ce n’est qu’« en s’ouvrant à l’autre, aux autres, aux enfants, à la famille... en se laissant modeler dans la souffrance, qu’il découvre la dimension du fait d’être une personne humaine ».

La foi en Dieu, soutenue par la grâce divine, est donc un élément très important pour vivre le dévouement mutuel et la fidélité conjugale. On n’entend pas par cela affirmer que la fidélité, comme les autres propriétés, ne soient pas possibles dans le mariage naturel, contracté entre non baptisés. En effet, celui-ci n’est pas privé des biens qui « proviennent du Dieu créateur et s’inscrivent de manière inchoactive dans l’amour sponsal qui unit le Christ et l’Église ». Mais assurément, la fermeture à Dieu ou le refus de la dimension sacrée de l’union conjugale et de sa valeur dans l’ordre de la grâce rend difficile l’incarnation concrète du modèle très élevé du mariage conçu par l’Église selon le dessein de Dieu, pouvant arriver à miner la validité même du pacte si, comme le reconnaît la jurisprudence consolidée de ce Tribunal, elle se traduit par un refus de principe de l’obligation conjugale de fidélité elle-même, c’est-à-dire des autres éléments ou propriétés essentielles du mariage.

Tertullien, dans sa célèbre Lettre à sa femme, en parlant de la vie conjugale marquée par la foi, écrit que les époux chrétiens « sont vraiment deux dans une seule chair, et là où la chair est unique, l’esprit est unique. Ils prient ensemble, ils se prosternent ensemble et jeûnent ensemble ; l’un apprivoise l’autre, l’un honore l’autre, l’un soutient l’autre » (Ad uxorem libri duo, ii ; ix). Saint Clément d’Alexandrie s’exprime dans les mêmes termes : « En effet, si pour tous les deux Dieu est un seul, alors pour tous les deux un seul est le Pédagogue — le Christ —, une est l’Église, une la sagesse, une la pudeur, en commun nous avons la nourriture, le mariage nous unit... Et si la vie est commune, commune est également la grâce, le salut, la vertu, la morale » (Pædagogus, i, iv, 10. i). Les saints qui ont vécu l’union matrimoniale et familiale dans la perspective chrétienne, ont réussi à surmonter également les situations les plus contraires, obtenant alors la sanctification du conjoint et des enfants avec un amour toujours renforcé par une solide confiance en Dieu, par une sincère piété religieuse et par une intense vie sacramentelle. C’est précisément ces expériences, marquées par la foi, qui font comprendre combien, aujourd’hui encore, est précieux le sacrifice offert par le conjoint abandonné ou qui a subi le divorce, si — reconnaissant l’indissolubilité du lien matrimonial valide — il réussit à ne pas se laisser « entraîner dans une nouvelle union... Alors, son témoignage de fidélité et de cohérence chrétienne est d'une valeur toute particulière pour le monde et pour l'Église » (Jean-Paul II, Familiaris consortio [22 novembre 1981]).

3. Je voudrais enfin m’arrêter brièvement sur le bonum coniugum. La foi est importante dans la réalisation du bien conjugal authentique, qui consiste simplement à vouloir toujours et quoi qu’il en soit le bien de l’autre, en fonction d’un véritable et indissoluble consortium vitae. En vérité, dans l’intention des époux chrétiens de vivre une véritable communio coniugalis se trouve un dynamisme propre à la foi, selon lequel la confessio, la réponse personnelle sincère à l’annonce salvifique, fait participer le croyant au mouvement d’amour de Dieu. « Confessio » et « Caritas » sont « les deux modalités dans lesquelles Dieu nous engage, nous fait agir avec Lui, en Lui et pour l’humanité, pour sa créature... La “confessio” n’est pas une chose abstraite, elle est “caritas”, elle est amour. Seulement ainsi, elle est le reflet de la vérité divine qui, en tant que vérité, est également inséparablement amour ». Ce n’est qu’à travers la flamme de la charité que la présence de l’Évangile n’est plus seulement parole, mais réalité vécue. En d’autres termes, s’il est vrai que « la foi sans la charité ne porte pas de fruit et la charité sans la foi serait un sentiment à la merci constante du doute », on doit conclure que « foi et charité se réclament réciproquement, si bien que l’une permet à l’autre de réaliser son chemin » (Lett. apos. Porta fidei [11 octobre 2011]). Si cela est valable dans le vaste contexte de la vie communautaire, cela doit valoir encore plus dans l’union matrimoniale. C’est dans celle-ci, de fait, que la foi fait croître et fructifier l’amour des époux, en laissant place à la présence de Dieu Trinité et en rendant la vie conjugale elle-même, ainsi vécue, « une heureuse nouvelle » face au monde.

Je reconnais les difficultés, d’un point de vue juridique et pratique, de cerner l’élément essentiel du bonum coniugum, jusqu’à présent entendu principalement en relation avec les hypothèses d’incapacité (cf. cic, can. 1095). Le bonum coniugum prend de l’importance également dans le domaine de la simulation du consentement. Assurément, dans les cas soumis à votre jugement, ce sera l’enquête de facto qui vérifiera le caractère éventuellement fondé de ce chef de nullité, dominant ou coexistant avec un autre chef des trois « biens » augustiniens, la procréativité, l’exclusivité et la perpétuité. On ne doit donc pas faire abstraction de la considération qu’il puisse exister des cas dans lesquels, justement en raison de l’absence de foi, le bien des conjoints est compromis et donc exclu par le consentement même ; par exemple, dans l’hypothèse de subversion de la part de l’un d’eux, à cause d’une conception erronée du lien nuptial, du principe de parité, ou bien dans l’hypothèse de refus de l’union à deux qui caractérise le lien matrimonial, en rapport avec l’exclusion coexistante possible de la fidélité et de l’usage de la copule accomplie humano modo.

Je n’entends certainement pas, par ces présentes considérations, suggérer un automatisme facile entre carence de foi et invalidité de l’union matrimoniale, mais plutôt souligner combien une telle carence peut, bien que non nécessairement, blesser également les biens du mariage, du moment que la référence à l’ordre naturel voulu par Dieu est inhérente au pacte conjugal (cf. Gn 2, 24).

Chers frères, j’invoque l’aide de Dieu sur vous et sur ceux qui dans l’Église se prodiguent pour la sauvegarde de la vérité et de la justice à l’égard du lien sacré du mariage et, par là même, de la famille chrétienne. Je vous confie à la protection de la Très Sainte Vierge Marie, Mère du Christ et de saint Joseph, Gardien de la Famille de Nazareth, exécuteur silencieux et obéissant du plan divin du salut, alors que je vous donne avec plaisir, ainsi qu’à vos proches, ma Bénédiction apostolique.

© Libreria Editrice Vaticana – 2013


La renonciation de Benoit XVI n’est pas un abandon

Témoignages d’écrivains, philosophes, prêtres ou chefs d’entreprise

Écrivains, philosophes, prêtres ou chefs d’entreprise : tous soulignent l’exemplarité d’un homme dont le but n’a jamais été que de servir. Quelles que soient leurs responsabilités, quelles que soient leurs fonctions, ils sont tous hommes de foi. Et rendent publiquement hommage à ce pape dont ils ont aimé l’audace et la sagesse.

François-Xavier Bellamy Philosophe

Dans sa simplicité même, la renonciation de Benoît XVI est un acte de défi prophétique à toutes les logiques politiques terrestres. Lorsque j’ai appris cette nouvelle, la première surprise passée, il m’est immédiatement venu à l’esprit ce mot du Christ (Mt 20, 26) : « Vous le savez : les chefs des nations commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi ».

Cette conversion s’accomplit dans la petite voix douce d’un pape qui, sans mise en scène et presque silencieusement, se dépouille du pouvoir absolu qui lui était confié. D’un souverain pontife qui, à la face du monde, se reconnaît fragile, fatigué, impuissant. Et qui témoigne, par ce choix « en conscience », que le pouvoir authentique est celui qui n’est pas exercé pour soi, mais pour ce sur quoi il s’exerce. Les grands font sentir leur pouvoir ; mais les saints font servir leur faiblesse.

« En conscience... » À chaque fois qu’il parlera de sa décision, Benoît XVI reprendra ce mot de conscience. Le pouvoir cultivé comme un but mène toujours au combat contre la conscience. À l’inverse, il me semble que l’exemple du pape appelle le monde entier, et chacun de nous, à un examen de conscience. Suis-je vraiment là où je puis servir ? Ne me suis-je pas approprié le moyen qui m’est donné d’agir ?

En fait, un tel événement ne peut se recevoir qu’intérieurement. Il est si silencieux qu’il faudrait ne pas en parler. Il n’y a d’ailleurs, remarquons-le, pas de mot pour en parler : le pape ne démissionne pas. Il me semble que le terme même de renonciation est un peu trompeur ; Benoît XVI ne renonce pas à servir. Ce n’est pas un acte de lâcheté, mais de pauvreté. Ce à quoi il renonce, c’est à la propriété de sa charge. Mais n’y avait-il pas renoncé dès le début — dès l’homélie de son intronisation ? « Mon programme de gouvernement est de ne pas faire ma volonté, mais de me laisser guider par le Seigneur, de manière que ce soit lui-même qui guide l’Église en cette heure de notre histoire ».

 

Henri de Castries Chef d’entreprise

Pour l’Église catholique, avoir eu la chance d’avoir à sa tête deux papes aussi différents et complémentaires que Jean-Paul II et Benoît XVI est la preuve de l’existence de l’Esprit saint. Autant Jean-Paul II était un pasteur, formidablement doué pour la communication, autant Benoît XVI est une personnalité davantage tournée vers la réflexion, et je crois que l’avenir montrera que sa contribution à la doctrine de l’Église a été majeure. Mais tous les deux rayonnaient d’amour et de bonté.

Certains disent que « le Christ n’est pas descendu de sa Croix ». Mais la renonciation de Benoît XVI n’est pas un abandon. C’est un geste d’une infinie humilité et d’une simplicité absolue. Et je suis convaincu que le rayonnement spirituel et intellectuel du Saint-Père ne sera pas moins fort parce qu’il va désormais se consacrer pleinement à la prière.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il y a un siècle, l’espérance de vie des hommes était inférieure de trente ans à ce qu’elle est aujourd’hui. Si bien que la question de la vieillesse des papes ne se posait souvent pas. Avec Benoît XVI et cette renonciation, l’Église s’adapte de manière formidable à cet état de fait, et montre une nouvelle fois à quel point le message de l’Évangile est actuel et vivant — bien loin des attaques et des caricatures qu’elle subit !

Père Guy Gilbert Prêtre et éducateur spécialisé

Chacun à sa façon, Jean-Paul II et Benoît XVI nous ont offert des témoignages d’une audace inouïe, qui nous ramènent à notre condition d’homme. Jean-Paul II nous a préparés à la mort en mourant devant nous. Benoît XVI nous invite à l’humilité en quittant une charge qu’il n’a plus la force d’exercer. Le sort d’un milliard d’hommes, ce n’est pas rien ! Lui qu’on disait rétrograde a prouvé par ce geste qu’il était lucide, moderne et, j’ajouterais, exemplaire car il administre une belle leçon à tous les potentats, rois, princes et présidents qui s’accrochent au pouvoir jusqu’à plus d’âge. Sa décision, j’en suis certain, fera jurisprudence.

Au cours de son pontificat, Benoît XVI aura porté de lourdes croix, avec courage : je pense à son action déterminée contre le scandale de la pédophilie. Mais j’en retiens surtout son œuvre théologique, notamment ses trois encycliques insistant sur l’amour, l’espérance et la foi. Son enseignement est fondé sur cette vérité : Deus caritas est. C’est « la » bonne nouvelle — le cœur du message évangélique.

Je l’ai vu deux fois, la première avec Nicolas Sarkozy. Le président m’avait présenté à lui par ces mots : « C’est un homme magnifique ! » Le pape me regarde intensément et répond : « Je le vois dans ses yeux ». Peut-être voyait-il mal… mais j’ai toujours le souvenir de ce regard profond ! L’autre fois, c’est quand les gardes suisses m’ont proposé de faire un stage chez eux. J’avais eu la joie de reprendre les pas méditatifs des papes dans les jardins du Vatican — un rêve d’enfant ! — et j’avais revu Benoît XVI. Je suis certain que l’Esprit saint saura souffler à nos cardinaux le nom d’un pape qui travaillera, comme lui, à l’unité de l’Église.

Jean-Pierre Jouyet  Directeur général de la Caisse des dépôts

Je ne cache pas mon admiration à l’égard de la personnalité de Benoît XVI qui a été injustement critiqué du début jusqu’à la fin de son pontificat. Ce pape, sur lequel on n’a pas cessé de flanquer des étiquettes de « conservateur » ou de « rigide », a non seulement revivifié et ressoudé l’Église catholique, mais, par son acte de renonciation, il lui donne une image de profond renouvellement.

Benoît XVI n’a jamais oublié que le rôle du pape est d’être le premier serviteur de Dieu. Dès lors qu’il estime ne plus avoir les forces physiques ou intellectuelles pour exercer son ministère, il préfère laisser sa place à une personnalité plus jeune. Il y a dans cette façon de procéder quelque chose de très évangélique et humble à l’égard de la manifestation divine, qui consiste à se dire : « Est-ce que je suis toujours le meilleur pour accomplir la tâche que l’on m’a confiée ? » Lui a estimé qu’il servirait mieux Dieu en accomplissant le sacrifice de sa charge, plutôt qu’en l’assumant sans avoir la plénitude de ses forces.

En tant que personne publique, j’ai été amené à défendre ce pape à plusieurs reprises au cours des dernières années. Car, si les catholiques ne prennent pas la défense de leurs convictions et de ceux qui les portent, personne ne le fera pour eux. Mais je suis confiant pour l’avenir de l’Église. Et je fais naturellement mienne cette phrase du Credo : « Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique ». C’est donc avec confiance que j’attends l’élection du nouveau successeur de Pierre.

Jean Raspail Écrivain

Cette nouvelle m’a attristé. Il m’a semblé devenir orphelin. Benoît XVI a restitué beaucoup de choses à l’Église, surtout à l’Église d’Europe. Il a mis un terme aux dérives de la liturgie, rétabli en grande partie l’existence du sacré, redonné une impulsion essentielle. Ce n’est qu’un aspect des choses mais je suis content qu’il m’ait rendu la culture catholique intacte, alors qu’on en avait été privé pendant pas mal de temps. Sur sa démission, je dirais que, en raison de l’hypertrophie médiatique qui rend presque indispensable la présence du pape, sa décision était plus que possible, elle était recommandée. Bien sûr, il semble que ce soit la fin de quelque chose d’immuable : le pape régnait jusqu’à sa mort, comme les rois, mais je crois que, d’une certaine manière, il ne pouvait pas faire autrement.

Défenseur de la religion catholique, le pape est aussi le défenseur d’une culture magnifique qui, dans tous les domaines, peinture, musique, littérature, architecture, philosophie, forme un ensemble foisonnant, unique au monde, au-dessus de tout, encore vivant et debout. Pour tout ça, même si je n’étais pas croyant, je serais quand même catholique. Voilà ce qu’incarne le pape, voilà pourquoi on ne peut que le soutenir, voilà aussi pourquoi certains le détestent tant.

J’ai vu les photos de l’intervention des Femen à la cathédrale et je me suis dit que, comme toujours, nous étions faibles. Il ne faut pas être trop gentil. Benoît XVI a d’ailleurs dit des choses très claires à ce sujet. Que ces femmes, qui incarnent la dégénérescence de toute espèce de valeur, se manifestent le lendemain de sa renonciation, n’est pas anodin.

Heureusement, le pape va maintenant « se retirer dans un monastère et prier ». Et c’est très important car tout porte à croire que sa prière sera écoutée. Quand je pense à cela, il me vient beaucoup de confiance dans l’avenir de l’Église catholique romaine, en raison de ce « parapluie » extraordinaire de messes célébrées, de milliards de prières qui émanent depuis des siècles et des siècles, et encore maintenant, de tous les monastères d’Europe et du monde.

© Valeurs actuelles – 2013

Le Conseil constitutionnel valide le financement public des cultes d’Alsace-Lorraine

L'Etat laïc peut continuer à rémunérer les prêtres, pasteurs et rabbins en Alsace-Moselle, a estimé jeudi 21 février le Conseil constitutionnel, les pères de la Constitution ayant selon lui souhaité préserver le statut spécifique de ces trois départements.

Saisis par une association de défense de la laïcité, qui dénonçait le principe de cette rémunération, les « sages » ont considéré qu'aussi bien en 1946 qu'en 1958, les constituants n'avaient « pas entendu remettre en cause » les spécificités locales applicables dans certaines régions, dont la rémunération des ministres du culte en Alsace et en Moselle.

Pour des raisons juridiques, les sages devaient se prononcer uniquement sur la conformité à la Constitution de la rémunération publique des pasteurs protestants en Alsace-Moselle. Mais si la décision avait sanctionné le texte visé qui, en 1802, étendait aux protestants le régime concordataire, les spécialistes estiment que c’est toute notre pratique de la laïcité qui serait remise en cause.

Le droit local alsacien-mosellan déroge à la loi de 1905 dont l’article 2 affirme que l’État ne finance aucun culte, tandis que la Constitution pose le principe de laïcité sans en définir les modalités. « Si la décision donne valeur constitutionnelle à la loi de 1905, cela reviendra à empêcher toute dérogation au non-financement des cultes », souligne le directeur de l’Institut du droit local, Jean-Marie Woehrling. C’est l’ensemble des quelque 1 400 salariés des cultes, chrétiens ou juif, qui seront concernés. L’islam alsacien serait également touché car il bénéficie, sous d’autres modalités (financement de la construction de mosquées notamment), de fonds publics.

Une décision négative du Conseil constitutionnel aurait eu aussi de profondes répercussions en Guyane et dans certains territoires d’outre-mer, où la loi de 1905 ne s’applique pas. Mais au-delà de ces territoires particuliers, les juristes estiment que c’est tout le régime du financement des cultes en France qui aurait pu être bouleversé.

Une sanction du conseil constitutionnel créerait en outre un sérieux bouleversement juridique.

Spécialiste du droit des religions, le chercheur Francis Messner rappelle que, depuis 1905, cette loi de séparation a été maintes fois retouchée et supporte aujourd’hui « de très nombreuses dérogations ». L’entretien des lieux de culte, les subventions accordées aux activités de certaines associations religieuses, la rémunération des aumôniers de prison ou de ceux de l’armée auraient pu être remis en cause.

Lors de l’audience du 12 février, Me Jean-François Amédro, avocat de l’association qui a déposé la QPC, a toutefois écarté les perspectives de telles « conséquences dévastatrices ». Le législateur peut déroger au non-financement au nom de « l’intérêt général ».

Sur ce fondement, il peut, selon l’avocat, considérer différemment une activité sociale ou culturelle et une cérémonie religieuse. Un argument qui ne convainc pas Jean-Marie Woehrling. « Dans le cas des dépenses d’entretien d’une église, qui n’est pas un monument historique, où est l’intérêt général ? » interroge-t-il.

Une sanction du Conseil constitutionnel aurait créée un sérieux bouleversement juridique. La jurisprudence administrative a toujours privilégié une lecture plutôt libérale de la laïcité. Francis Messner mentionne ainsi de récents arrêts du Conseil d’État validant l’enseignement religieux dans les écoles publiques alsaciennes ou le financement de la reconstruction d’un presbytère protestant en Polynésie française.

© La Croix – 2013

Écoute, Israël !

Commentaire de l’évangile du 2ème Dimanche du Temps de Carême – Année C

Un fil d’or court tout au long de la tapisserie des lectures de ce deuxième dimanche de carême. Ce fil d’or, c’est la bonté extrême de Dieu à laquelle répond la confiance de l'homme.

Voyez d'abord l’histoire d’Abraham. À son époque, les chefs de tribus faisaient alliance par un rite semblable à celui auquel nous assistons ici : des animaux étaient sacrifiés. Les contractants passaient tous les deux entre les morceaux écartelés, signifiant par là le sort qui les attendrait s’ils ne respectaient pas leurs engagements : « Qu’il m’arrive le sort subi par ces animaux si je ne suis pas fidèle à l’alliance que nous contractons aujourd’hui ». Abraham accomplit donc les rites habituels, mais pour une alliance avec Dieu. Tout est semblable et pourtant tout est différent. « Au coucher du soleil, un sommeil mystérieux s’empara d’Abraham, une sombre et profonde frayeur le saisit. Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les quartiers d’animaux ». Ce « sommeil mystérieux » qui tombe sur Abraham est le même qui saisit Adam pendant que Dieu créait la femme, le même que celui qui accable les apôtres sur la montagne. Quand l’homme se réveille, c’est une aube nouvelle, une création nouvelle qui commence. Dans l’Alliance ; c’est Dieu qui a toute l’initiative. Lui seul s'engage dans une fidélité indéfectible. L'homme, s'il est infidèle, a toujours une autre chance. Il ne passe pas entre les carcasses. La seule attitude qui lui soit demandée, c’est de faire confiance : « Abraham eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste ». Croire c’est « TENIR », faire confiance jusqu’au bout, même dans le doute, le découragement, ou l’angoisse. Telle est l’attitude d’Abraham.

Le psaume exprime en d’autres mots cette confiance : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie, devant qui tremblerais-je ? » Dans la joie  et dans la peine, dans les épreuves et les contrariétés, nous avons à approfondir notre confiance : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut ». Creuser aussi notre espérance : « Je verrai la bonté du Seigneur... »

L’espérance nous la retrouvons dans le message  que Paul  à ses chers Philippiens : « Mais nous, nous sommes citoyens des cieux ; c’est à ce titre que nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus-Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux ». Dire que nous attendons Jésus-Christ comme sauveur, c’est dire que nous mettons toute notre confiance en lui et pas en nous-mêmes !

Au moment de la prière de Jésus sur la montagne, les trois apôtres sont eux aussi « accablés de sommeil », de ce sommeil qui indique l’action de Dieu. À leur réveil, Dieu leur révèle le mystère de son Fils transfiguré. La montagne qui nous fait penser au Sinaï ou à l’Horeb. Nous sommes moins étonnés, du coup, de la présence de Moïse et Elie aux côtés de Jésus. Moïse était redescendu du Sinaï, son visage, à son insu, rayonnant de gloire (Ex 34, 29-30). Quant à Elie, au bruissement d’une brise légère, il s’était voilé la tête avec son manteau. (1 R 19, 8). Dans la nuée lumineuse, la voix du Père supplie « Écoutez-le ». Ces mots renvoient au « Shema Israël », « Écoute Israël ». C’est la profession de foi quotidienne, le rappel du Dieu Unique à qui Israël doit sa libération amorcée par Dieu avec Abraham, poursuivie avec Moïse, pleinement accomplie en Jésus, pour tous ceux qui l’écouteront. Ce n’est pas l’ordre d’un potentat ombrageux, mais la supplication d’un Père infiniment aimant : « Écoutez-le », faites-lui confiance.

Pierre, hébété devant le visage transfiguré de Jésus, aurait voulu s’installer là pour toujours : « Maître, il est heureux que nous soyons ici; dressons trois tentes... » Mais Luc dit bien que « Pierre ne savait pas ce qu’il disait ». Il n’est pas question de se mettre à l’écart du monde et de ses problèmes. Car c’est dans notre quotidien que nous avons à vivre la transfiguration. Jour après jour, nous marchons vers la transformation.de l’humanité tout entière dans le Fils Unique. Comme le dit Saint Paul : « Nous sommes citoyens des cieux ».

www.kerit.be