PKO 20.10.2013

Dimanche 20 octobre 2013 – XXIXème Dimanche du Temps ordinaire – Année C
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°55/2013

HUMEURS

Serait-ce le Diable ?

 La Polynésie française aurait-elle rencontré le diable cette semaine ? C’est ce que l’on pourrait croire en lisant les réactions des uns et des autres (médias, blogs, politiciens…) au sujet de l’ouverture d’une mosquée à Papeete.

On peut comprendre une certaine surprise et des questionnements… mais pourquoi une telle rage et des propos aussi véhéments ? Doit-on rappeler que les musulmans sont environ 1,6 milliard dans le monde… et la grande majorité sont des hommes et des femmes de foi respectueux du prochain…

La présence musulmane en Polynésie ne date pas d’hier… Parmi eux des musulmans d’origine et des musulmans convertis… des expatriés et des polynésiens… Ils ont droit à un lieu de culte… il en va de la liberté religieuse… dont nous autres catholiques dépendons aussi (et les temps derniers nous ont montré combien cette liberté religieuse est remise en cause par les extrémistes laïcistes français !)

L’argent viendrait d’Arabie Saoudite ou du Qatar… doit on rappeler que la chaîne d’Hôtel « Quatre Saisons » de Bora-Bora est propriété d’un citoyen d’Arabie Saoudite… nous n’avons pas souvenir de propos comme ceux que nous lisons et entendons ces jours derniers au sujet de l’ouverture de la mosquée !

Des polynésiens deviennent musulmans et non pas lu le Coran… Croyez-vous sérieusement que la majorité des chrétiens ont lu la Bible ? La vraie question n’est pas là… mais plutôt, pourquoi ces polynésiens ne se tournent-ils pas vers les églises chrétiennes ? Vers l’Église catholique ? Ne serait-ce pas parce qu’ils sont déçus de nous ? Parce que nous ne sommes pas témoins du Christ ressuscité ?

Plutôt que de s’offusquer de l’ouverture d’une mosquée à Tahiti… nous devrions accueillir cet événement comme une occasion de nous remettre en cause… de relire notre façon d’être chrétien ! De réveiller notre foi au lieu d’être des « chrétiens de sacristie », comme nous le rappelait le pape François mardi dernier.

Voici les quelques mots du pape François, mercredi 9 octobre à la fin de l’audience générale, place Saint Pierre de Rome : « Bienvenue chers francophones ! Je salue en particulier les évêques de la Conférence épiscopale régionale du Nord de l’Afrique et je les encourage à consolider leurs relations fraternelles avec les musulmans»

À méditer !

En marge de l’actualité

Le Dimanche de la Mission Universelle

 Le mois d’octobre est traditionnellement le mois du Rosaire et le mois de la Mission universelle. L’Église se rappelle qu’elle existe pour faire connaître le Christ Sauveur à tous. Elle n’existe pas pour elle-même mais pour les autres. « Nous n’avons pas reçu le don de la foi pour la garder cachée, mais pour la répandre, afin qu’elle puisse éclairer la route de tant de frères et sœurs », disait le Pape François lors de sa rencontre avec les Directeurs nationaux des Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM).

En cette « Année de la Foi » il est particulièrement important de se poser la question du rôle du chrétien face à cet « océan d’humanité non chrétienne ou déchristianisée ». Toute cette semaine (du 13 au 20 octobre), le thème proposé aux paroisses et communautés est : « L’Évangile pour tous, j’y crois ! ». Dans le respect de la liberté de chacun, et dans la diversité des langues et des cultures, il est nécessaire d’affirmer que la foi, l’Église et l’Évangile sont une chance pour le monde, pour les croyants comme pour ceux qui hésitent.

Cet appel : « L’Évangile pour tous, j’y crois ! » invite chaque chrétien à relire et à redire son parcours dans la Foi en Christ. Mon témoignage de ce que l’Église, le Christ et l’Evangile ont changé dans ma vie peut amener d’autres frères et sœurs à s’interroger eux-mêmes sur ce qui motive leurs choix de vie personnelle.

Les OPM ont en charge la solidarité missionnaire dans l’Église, elles donnent une dynamique à la Mission, notamment en accordant des fonds pour former les missionnaires, par exemple pour les séminaires dépendant de la Propagation de la Foi. La principale ressource financière est la quête du dimanche de la Mission Universelle, dimanche 20 octobre 2013.

Dominique SOUPÉ - Chancelier

 

L’Église n’est pas fondée sur une idée mais sur le Christ

Audience générale du pape François du mercredi 16 octobre 2013

« La foi, l’Église que le Christ a voulue, n’est pas fondée sur une idée, sur une philosophie, elle est fondée sur le Christ lui-même », souligne le pape François. Le pape a consacré, cette semaine, sa catéchèse à « l’apostolicité » de l’Église. « L’Église est apostolique parce qu’elle est fondée sur la prédication et la prière des apôtres, sur l’autorité qui leur a été donnée par le Christ lui-même », a-t-il expliqué. Il a également précisé qu’un apôtre est « envoyé » par Jésus « pour poursuivre son œuvre, c’est-à-dire prier – c’est le premier travail de l’apôtre – et deuxièmement, annoncer l’Évangile ».

Chers frères et sœurs, bonjour !

Quand nous récitons le Credo, nous disons « Je crois en l’Église une, sainte, catholique et apostolique ». Je ne sais pas si vous avez déjà réfléchi sur la signification qu’a l’expression « L’Église est apostolique ». Peut-être, une fois ou l’autre, en venant à Rome, avez-vous pensé à l’importance des apôtres Pierre et Paul qui ont donné leur vie pour apporter et témoigner de l’Évangile.

Mais c’est davantage que cela. Professer que l’Église est apostolique signifie souligner le lien constitutif qu’elle entretient avec les apôtres, avec ce petit groupe de douze hommes que Jésus appela un jour à lui, il les appela par leur nom, pour qu’il restent avec Lui et pour les envoyer prêcher (cf. Mc 3, 13-19). « Apôtre », en effet, est un mot grec qui veut dire « mandaté », « envoyé ». Un apôtre est une personne qui est mandatée, est envoyée faire quelque chose et les apôtres ont été choisis, appelés et envoyés par Jésus, pour continuer son œuvre, c’est-à-dire prier — c’est le premier travail d’un apôtre — et, deuxièmement, annoncer l’Évangile. Cela est important, parce que quand nous pensons aux apôtres nous pourrions penser qu’ils sont allés uniquement annoncer l’Évangile, faire un grand nombre d’œuvres. Mais dans les premiers temps de l’Église, il y a eu un problème parce que les apôtres devaient faire beaucoup de choses et alors ils ont constitué les diacres, pour réserver aux apôtres plus de temps pour prier et annoncer la Parole de Dieu. Lorsque nous pensons aux successeurs des apôtres, aux évêques, y compris au Pape car lui aussi est un évêque, nous devons nous demander si ce successeur des apôtres, en premier lieu, prie et ensuite s’il annonce l’Évangile : c’est cela être apôtre et c’est pour cette raison que l’Église est apostolique. Nous tous, si nous voulons être des apôtres comme je l’expliquerai à présent, nous devons nous demander : est-ce que je prie pour le salut du monde ? Est-ce que j’annonce l’Évangile ? C’est cela l’Église apostolique ! C’est un lien constitutif que nous avons avec les apôtres.

En partant de là, justement, je voudrais souligner brièvement trois significations de l’adjectif « apostolique » appliqué à l’Église.

L’Église est apostolique parce qu’elle est fondée sur la prédication et la prière des apôtres, sur l’autorité qui leur a été donnée par le Christ lui-même. Saint Paul écrit aux chrétiens d’Éphèse : « Vous êtes citoyens du peuple saint, membres de la famille de Dieu, car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire c’est le Christ Jésus lui-même » (2, 19-20) ; il compare donc les chrétiens à des pierres vivantes qui forment un édifice qui est l’Église, et cet édifice est fondé sur les apôtres, comme piliers, et la pierre qui soutient le tout est Jésus lui-même. Sans Jésus l’Église ne peut pas exister ! Jésus est vraiment la base de l’Église, le fondement ! Les apôtres ont vécu avec Jésus, ils ont écouté ses paroles, ils ont partagé sa vie, ils ont surtout été témoins de sa mort et de sa résurrection. Notre foi, l’Église que le Christ a voulue, ne se fonde pas sur une idée, elle ne se fonde pas sur une philosophie, elle se fonde sur le Christ lui-même. Et l’Église est comme une plante qui a grandi au fil des siècles, s’est développée, a porté des fruits, mais ses racines sont bien plantées en Lui et l’expérience fondamentale du Christ qu’ont eue les apôtres, choisis et envoyés par Jésus, arrive jusqu’à nous. De cette petite plante jusqu’à aujourd’hui, ainsi l’Église est dans le monde entier.

Mais demandons-nous : comment est-il possible pour nous de nous unir à ce témoignage, comment peut parvenir jusqu’à nous ce que les apôtres ont vécu avec Jésus, ce qu’ils ont écouté de Lui ? Voilà la deuxième signification du terme « apostolicité ». Le Catéchisme de l’Église catholique affirme que l’Église est apostolique parce qu’« elle garde et transmet, avec l’aide de l’Esprit Saint, l’enseignement, le bon dépôt, les saines paroles entendues des apôtres » (n. 857). L’Église conserve au cours des siècles ce trésor précieux, qui est l’Écriture Sainte, la doctrine, les sacrements, le ministère des pasteurs, de sorte que nous puissions être fidèles au Christ et participer à sa vie même. C’est comme un fleuve qui coule dans l’histoire, se développe, irrigue, mais l’eau qui coule est toujours celle qui part de la source, et la source c’est le Christ lui-même : Il est le Ressuscité, Il est le Vivant, et ses paroles ne passent pas, car Il ne passe pas, Il est vivant, aujourd’hui Il est parmi nous ici, Il nous entend et nous parlons avec Lui et Il nous écoute, Il est dans notre cœur. Jésus est avec nous, aujourd’hui! Telle est la beauté de l’Église : la présence de Jésus Christ parmi nous. Pensons-nous quelquefois combien est important ce don que le Christ nous a fait, le don de l’Église, où nous pouvons le rencontrer ? Pensons-nous quelquefois que c’est précisément l’Église sur son chemin au cours de ces siècles — malgré les difficultés, les problèmes, les faiblesses, nos péchés — qui nous transmet l’authentique message du Christ ? Qui nous donne la sécurité que ce en quoi nous croyons est réellement ce que le Christ nous a communiqué ?

La dernière pensée: l’Église est apostolique car elle est envoyée apporter l’Évangile au monde entier. Elle continue sur le chemin de l’histoire la mission même que Jésus a confiée aux apôtres : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 19-20). Tel est ce que Jésus nous a demandé de faire! J’insiste sur cet aspect de la missionnarité, car le Christ invite tous à « aller » à la rencontre des autres, il nous envoie, nous demande de nous remuer pour apporter la joie de l’Évangile ! Encore une fois demandons-nous : sommes-nous missionnaires à travers notre parole, mais surtout notre vie chrétienne, notre témoignage ? Ou sommes-nous des chrétiens enfermés dans notre cœur et dans nos Églises, des chrétiens de sacristie ? Des chrétiens uniquement en paroles, mais qui vivent comme des païens ? Nous devons nous poser ces questions, qui ne sont pas un reproche. Moi aussi je me le dis à moi-même : comment suis-je chrétien, vraiment à travers le témoignage ?

L’Église a ses racines dans l’enseignement des apôtres, témoins authentiques du Christ, mais elle regarde vers l’avenir, elle a la ferme conscience d’être envoyée — envoyée par Jésus —, d’être missionnaire, en portant le nom de Jésus à travers la prière, l’annonce et le témoignage. Une Église qui se ferme sur elle-même et sur le passé, une Église qui regarde uniquement les petites règles d’habitudes, d’attitudes, est une Église qui trahit sa propre identité ; une Église fermée trahit sa propre identité ! Alors, redécouvrons aujourd’hui toute la beauté et la responsabilité d’être Église apostolique ! Et rappelez-vous : Église apostolique parce que nous prions — première tâche — et parce que nous annonçons l’Évangile à travers notre vie et nos paroles.

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La prière du « Notre Père » ne change pas pour le moment

Communiqué de Mgr Bernard PODVIN

Une petite mise au point

Depuis plusieurs jours, est médiatisée l'information selon laquelle la prière du Notre Père changerait « immédiatement » dans la pratique des croyants. Apportons les précisions suivantes : 
Il y a 17 ans, les conférences épiscopales francophones ont demandé de mettre en chantier une traduction intégrale de la Bible à usage liturgique. En effet, au lendemain du Concile, seuls les textes utilisés pour la Messe et les sacrements ont été traduits en français. Cette traduction post conciliaire méritait aussi une révision. La traduction, à paraître le 22 novembre prochain, est cette version intégrale et révisée. Parmi les modifications remarquables figure cette demande du Notre Père : « Et ne nous laisse pas entrer en tentation » qui remplace « Ne nous soumets pas à la tentation ». Rien ne change actuellement pour la prière du Notre Père, y compris à la Messe. Un changement pourra intervenir dans quelques années lorsqu'entrera en vigueur la nouvelle traduction du Missel Romain, qui est encore en chantier. 
Comme l'écrivait Saint Jacques : « Que nul, quand il est tenté, ne dise que sa tentation vient de Dieu ». Communier à la prière du Christ de cette manière réjouira donc les croyants... le moment venu. 
L'intérêt journalistique pour le Notre Père est positivement révélateur du sens populaire de la principale prière des chrétiens. Mais la pendule des rédactions est un peu en avance sur celle des églises !

 

L’annonce de la vérité évangélique et la liberté de conscience

Message du Pape François pour la Journée Missionnaire Mondiale 2013

Le pape rappelle que la mission est intrinsèque à la vie chrétienne et précise : « Le caractère missionnaire de l’Église n’est pas un prosélytisme mais un témoignage de vie qui illumine le chemin, qui porte espérance et amour. » Le document porte, symboliquement, la date de la Pentecôte.

Chers frères et sœurs,

Cette année, nous célébrons la Journée missionnaire mondiale alors que s’achève l’Année de la foi, occasion importante pour renforcer notre amitié avec le Seigneur et notre cheminement en tant qu’Église qui annonce avec courage l’Évangile. Dans cette perspective, je souhaiterais proposer quelques réflexions.

1. La foi est un précieux don de Dieu, qui ouvre notre esprit afin que nous puissions le connaître et l’aimer. Il veut entrer en relation avec nous afin de nous faire participer à sa vie même et rendre notre vie davantage pleine de signification, meilleure, plus belle. Dieu nous aime ! La foi demande cependant à être accueillie. Elle demande donc une réponse personnelle de notre part, le courage de faire confiance à Dieu, de vivre son amour, reconnaissants pour son infinie miséricorde. Elle est ensuite un don qui n’est pas réservé à quelques-uns mais qui est offert avec générosité. Tous devraient pouvoir faire l’expérience de la joie de se sentir aimés par Dieu, de la joie du salut ! Et il s’agit d’un don qu’il n’est pas possible de conserver pour soi mais qui doit être partagé : si nous voulions le garder seulement pour nous, nous deviendrions dans ce cas des chrétiens isolés, stériles et malades. L’annonce de l’Évangile est inséparable du fait d’être disciples du Christ et elle constitue un engagement constant qui anime toute la vie de l’Église. « L’élan missionnaire est un signe clair de la maturité d’une communauté ecclésiale » (Benoît XVI, Exhortation apostolique Verbum Domini, n. 95). Chaque communauté est « adulte » lorsqu’elle professe la foi, qu’elle la célèbre avec joie dans la liturgie, qu’elle vit la charité et annonce sans relâche la Parole de Dieu, sortant de son enclos afin de la porter également dans les « périphéries », surtout à ceux qui n’ont pas encore eu la possibilité de connaître le Christ. La solidité de notre foi, au plan personnel et communautaire, se mesure aussi à partir de la capacité de la communiquer à d’autres, de la diffuser, de la vivre dans la charité, d’en témoigner auprès de ceux qui nous rencontrent et partagent avec nous le chemin de la vie.

2. L’Année de la foi, cinquante ans après le début du Concile Vatican II, nous appelle à faire en sorte que l’Église tout entière ait une conscience renouvelée de sa présence dans le monde contemporain, de sa mission parmi les peuples et les nations. Le caractère missionnaire n’est pas seulement une question de territoires géographiques mais de peuples, de cultures et de personnes, parce que justement les « frontières » de la foi ne traversent pas seulement des lieux et des traditions humaines mais le cœur de tout homme et de toute femme. Le Concile Vatican II a souligné de façon particulière la manière dont le devoir missionnaire, le devoir d’élargir les frontières de la foi, est le propre de tout baptisé et de toutes les communautés chrétiennes : « Puisque le Peuple de Dieu vit dans des communautés, diocésaines et paroissiales surtout, et que c’est dans ces communautés que d’une certaine manière il se montre visible, c’est aussi aux communautés qu’il appartient de rendre témoignage au Christ devant les nations » (Décret Ad Gentes, n. 37). Chaque communauté est donc interpellée et invitée à faire sien le mandat confié par Jésus à ses Apôtres afin qu’ils soient ses « témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8), non pas comme un aspect secondaire de la vie chrétienne mais comme un aspect essentiel : nous sommes tous envoyés sur les routes du monde pour cheminer avec nos frères, en professant et en témoignant notre foi au Christ et en étant annonciateurs de son Évangile. J’invite les Évêques, les prêtres, les Conseils presbytéraux et pastoraux, toute personne et tout groupe responsable à l’intérieur de l’Église à donner de l’importance à la dimension missionnaire au sein de leurs programmes pastoraux et de formation, ressentant que son propre engagement apostolique n’est pas complet s’il ne comprend pas l’intention de « rendre témoignage du Christ devant les Nations », face à tous les peuples. Le caractère missionnaire n’est pas seulement une dimension programmatique dans la vie chrétienne mais il est également une dimension paradigmatique qui concerne tous les aspects de la vie chrétienne.

3. Souvent, l’œuvre d’évangélisation rencontre des obstacles non seulement à l’extérieur mais à l’intérieur même de la communauté ecclésiale. Parfois la ferveur, la joie, le courage, l’espérance que nous mettons dans le fait d’annoncer à tous le Message du Christ et d’aider les hommes de notre temps à le rencontrer sont faibles. Parfois, certains pensent encore que porter la Vérité de l’Évangile consiste à faire violence à la liberté. Paul VI a des paroles lumineuses à ce propos : « Ce serait … une erreur d’imposer quoi que ce soit à la conscience de nos frères. Mais c’est tout autre chose de proposer à cette conscience la vérité évangélique et le salut en Jésus-Christ en pleine clarté et dans le respect absolu des options libres qu’elle fera … c’est un hommage à cette liberté » (Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, n. 80). Nous devons toujours avoir le courage et la joie de proposer, avec respect, la rencontre avec le Christ, de nous faire porteurs de son Évangile. Jésus est venu parmi nous pour indiquer le chemin du salut et il nous a confié à nous aussi la mission de le faire connaître à tous, jusqu’aux extrémités de la terre. Souvent, nous voyons que ce sont la violence, le mensonge, l’erreur qui sont mis en relief et proposés. Il est urgent de faire resplendir à notre époque la bonne vie de l’Évangile au travers de l’annonce et du témoignage et cela à l’intérieur même de l’Église parce que, dans cette perspective, il est important de ne jamais oublier un principe fondamental pour tout évangélisateur : il n’est pas possible d’annoncer le Christ sans l’Église. Évangéliser n’est jamais un acte isolé, individuel, privé mais toujours ecclésial. Paul VI écrivait que « lorsque le plus obscur prédicateur, catéchiste ou pasteur, dans la contrée la plus lointaine, prêche l’Évangile, rassemble sa petite communauté ou confère un sacrement, même seul, il fait un acte d’Église ». Il agit « non pas par une mission qu’il s’attribue, ou par une inspiration personnelle, mais en union avec la mission de l’Église et en son nom » (Ibid. n. 60). Et cela donne force à la mission et fait sentir à tout missionnaire et évangélisateur qu’il n’est jamais seul mais qu’il fait partie d’un seul Corps, animé par le Saint Esprit.

4. À notre époque, la mobilité diffuse et la facilité de communication au travers des « nouveaux média » ont mélangé entre eux les peuples, les connaissances, les expériences. Pour des raisons de travail, des familles entières se déplacent d’un continent à l’autre. Les échanges professionnels et culturels, suivis par le tourisme et des phénomènes analogues, provoquent un vaste mouvement de personnes. Parfois il est difficile même pour les Communautés paroissiales de connaître de manière sûre et approfondie ceux qui sont de passage ou ceux qui vivent de manière stable sur le territoire. En outre, dans des zones toujours plus vastes des régions traditionnellement chrétiennes s’accroît le nombre de ceux qui sont étrangers à la foi, indifférents à la dimension religieuse ou animés par d’autres croyances. Par ailleurs, il n’est pas rare que certains baptisés fassent des choix de vie qui les conduisent loin de la foi, rendant ainsi nécessaire qu’ils fassent l’objet d’une « nouvelle évangélisation ». À tout cela vient s’ajouter le fait qu’une vaste part de l’humanité n’a pas été atteinte par la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. Nous vivons par ailleurs un moment de crise qui touche différents secteurs de l’existence, non seulement celui de l’économie, de la finance, de la sécurité alimentaire, de l’environnement mais également celui du sens profond de la vie et des valeurs fondamentales qui l’animent. La coexistence humaine est marquée, elle aussi, par des tensions et des conflits qui provoquent insécurité et difficulté à trouver le chemin d’une paix stable. Dans cette situation complexe, où l’horizon du présent et de l’avenir semblent caractérisés par des nuages menaçants, il est encore plus urgent de porter avec courage au sein de chaque réalité l’Évangile du Christ qui constitue une annonce d’espérance, de réconciliation, de communion, une annonce de la proximité de Dieu, de sa miséricorde, de son salut, une annonce du fait que la puissance de l’amour de Dieu est capable de l’emporter sur les ténèbres du mal et de conduire sur le chemin du bien. L’homme de notre temps a besoin d’une lumière sûre qui éclaire sa route et que seule la rencontre avec le Christ peut donner. Portons à ce monde, par notre témoignage, avec amour, l’espérance donnée par la foi ! Le caractère missionnaire de l’Église n’est pas un prosélytisme mais un témoignage de vie qui illumine le chemin, qui porte espérance et amour. L’Église – je le répète une fois encore – n’est pas une organisation d’assistance, une entreprise, une ONG mais une communauté de personnes animées par l’action de l’Esprit Saint, qui ont vécu et vivent l’étonnement de la rencontre avec Jésus Christ et désirent partager cette expérience de joie profonde, partager le Message de salut que le Seigneur nous a apporté. C’est justement l’Esprit Saint qui conduit l’Église sur ce chemin.

5. Je voudrais tous vous encourager à vous faire porteurs de la Bonne Nouvelle du Christ et je suis particulièrement reconnaissant aux missionnaires, aux prêtres fidei donum, aux religieux et aux religieuses, aux fidèles laïcs – toujours plus nombreux – qui, répondant à l’appel du Seigneur, quittent leur propre patrie pour servir l’Évangile dans des terres et des cultures différentes. Mais je voudrais également souligner combien les jeunes Églises elles-mêmes s’engagent actuellement généreusement dans l’envoi de missionnaires aux Églises qui se trouvent en difficulté – et il n’est pas rare qu’il s’agisse d’Églises d’antique chrétienté – portant ainsi la fraîcheur et l’enthousiasme avec lesquels elles vivent la foi qui renouvelle la vie et donne l’espérance. Vivre selon ce souffle universel, en répondant au mandat de Jésus, « allez donc, de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28, 19), est une richesse pour toute Église particulière, pour toute communauté et donner des missionnaires n’est jamais une perte mais un gain. Je fais appel à ceux qui perçoivent cette vocation à répondre généreusement à la voix de l’Esprit, selon leur état de vie, et à ne pas avoir peur d’être généreux avec le Seigneur. J’invite également les Évêques, les familles religieuses, les communautés et tous les groupements chrétiens à soutenir, avec clairvoyance et un discernement attentif, l’appel missionnaire ad gentes et à aider les Églises qui ont besoin de prêtres, de religieux et de religieuses ainsi que de laïcs pour renforcer la communauté chrétienne. Ceci devrait être également une attention présente au sein des Églises faisant partie d’une même Conférence épiscopale ou d’une même Région : il est important que les Églises qui sont plus riches en vocations aident avec générosité celles qui souffrent suite à leur manque.

J’exhorte aussi les missionnaires, en particulier les prêtres fidei donum et les laïcs, à vivre avec joie leur précieux service dans les Églises auxquelles ils sont envoyés, et à porter leur joie et leur expérience aux Églises dont ils proviennent, se rappelant comment Paul et Barnabé, au terme de leur premier voyage missionnaire « se mirent à rapporter tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi » (Ac 14, 27). Ils peuvent devenir un chemin pour une sorte de « restitution » de la foi, en portant la fraîcheur des jeunes Églises, afin que les Églises d’antique chrétienté retrouvent l’enthousiasme et la joie de partager la foi dans un échange qui est enrichissement réciproque sur le chemin à la suite du Seigneur.

La sollicitude envers toutes les Églises, que l’Évêque de Rome partage avec ses confrères Évêques, trouve une importante réalisation dans l’engagement des Œuvres pontificales missionnaires, qui ont pour but d’animer et d’approfondir la conscience missionnaire de chaque baptisé et de chaque communauté, tant en rappelant la nécessité d’une plus profonde formation missionnaire de l’ensemble du Peuple de Dieu qu’en alimentant la sensibilité des Communautés chrétiennes afin qu’elles offrent leur aide pour favoriser la diffusion de l’Évangile dans le monde.

Une pensée enfin va aux chrétiens qui, en différentes parties du monde, se trouvent en difficulté en ce qui concerne le fait de professer ouvertement leur foi et de se voir reconnu le droit de la vivre dignement. Ce sont nos frères et sœurs, témoins courageux – encore plus nombreux que les martyrs des premiers siècles – qui supportent avec persévérance apostolique les différentes formes actuelles de persécution. Nombreux sont ceux qui risquent même leur vie pour demeurer fidèles à l’Évangile du Christ. Je désire assurer que je suis proche par la prière des personnes, des familles et des communautés qui endurent la violence et l’intolérance et je leur répète les paroles consolantes de Jésus : « Gardez courage ! J’ai vaincu le monde » (Jn 16, 33).

Benoît XVI exhortait : « “Que la Parole du Seigneur accomplisse sa course et soit glorifiée” (2 Th 3, 1) : puisse cette Année de la foi rendre toujours plus solide la relation avec le Christ Seigneur, puisque seulement en lui se trouve la certitude pour regarder vers l’avenir et la garantie d’un amour authentique et durable » (Lettre apostolique Porta Fidei, n. 15). C’est mon souhait pour la Journée missionnaire mondiale de cette année. Je bénis de tout cœur les missionnaires et tous ceux qui accompagnent et soutiennent cet engagement fondamental de l’Église afin que l’annonce de l’Évangile puisse résonner dans tous les coins de la terre et que nous, Ministres de l’Évangile et missionnaires, fassions l’expérience de « la douce et réconfortante joie d’évangéliser » (Paul VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, n. 80).

Du Vatican, le 19 mai 2013, Solennité de la Pentecôte

François

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Message du Pape François aux musulmans du monde entier

pour la fin du ramadan (‘Id al-Fitr)

Face aux réactions virulentes parfois islamophobe de certains chrétiens et non-chrétiens de Polynésie… il est bon de relire ce dernier message du Pape François aux musulmans du monde entier !

Aux musulmans partout dans le monde

C’est pour moi un grand plaisir de vous saluer alors que vous célébrez ‘Id al- Fitr’ concluant ainsi le mois de Ramadan, consacré principalement au jeûne, à la prière et à l’aumône.

Il est désormais de tradition qu’en cette occasion le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux vous adresse un Message de vœux, accompagné d’un thème en vue d’une réflexion commune. Cette année, la première de mon Pontificat, j’ai décidé de signer moi-même ce Message traditionnel et de vous l’envoyer, chers amis, comme expression d’estime et d’amitié envers tous les musulmans, spécialement envers leurs chefs religieux.

Comme vous le savez, lorsque les cardinaux m’ont élu Évêque de Rome et Pasteur universel de l’Église catholique, j’ai choisi le nom de « François », un saint très célèbre qui a si profondément aimé Dieu et chaque être humain au point d’être appelé le « Frère universel ». Il a aimé, aidé et servi les nécessiteux, les malades et les pauvres ; en outre il a eu un grand souci de la sauvegarde de la création.

Je suis conscient que les dimensions de la famille et de la société sont particulièrement importantes pour les musulmans pendant cette période, et il vaut la peine de noter qu’il y a des parallèles avec la foi et la pratique chrétiennes dans chacun de ces domaines.

Cette année, le thème sur lequel je voudrais réfléchir avec vous et également avec tous ceux qui liront ce message, c’est un thème qui concerne à la fois musulmans et chrétiens : il s’agit de la promotion du respect mutuel à travers l'éducation.

Le thème de cette année entend souligner l’importance de l’éducation en fonction de la manière où nous nous comprenons les uns les autres sur la base du respect mutuel. « Respect » signifie une attitude de gentillesse envers les personnes  pour lesquelles nous avons de la considération et de l’estime. «Mutuel» exprime un processus qui, loin d’être à sens unique, implique un partage des deux côtés.

Ce que nous sommes appelés à respecter dans chaque personne, c’est tout d’abord sa vie, son intégrité physique, sa dignité avec les droits qui en découlent, sa réputation, son patrimoine, son identité ethnique et culturelle, ses idées et ses choix politiques. C’est pourquoi nous sommes appelés à penser, à parler et à écrire de manière respectueuse de l’autre, non seulement en sa présence, mais toujours et partout, en évitant la critique injustifiée ou diffamatoire. À cette fin, la famille, l’école, l’enseignement religieux et toutes les formes de communications médiatiques jouent un rôle déterminant.

Pour en venir maintenant au respect mutuel dans les relations interreligieuses, notamment entre chrétiens et musulmans, ce que nous sommes appelés à respecter c’est la religion de l’autre, ses enseignements, ses symboles et ses valeurs. C’est pour cela que l’on réservera un respect particulier aux chefs religieux et aux lieux de culte. Quelles-sont douloureuses ces attaques perpétrées contre l’un ou l’autre de ceux-ci !

Il est clair que, quand nous montrons du respect pour la religion de l’autre ou lorsque nous lui offrons nos vœux à l’occasion d’une fête religieuse, nous cherchons simplement à partager sa joie sans qu’il s’agisse pour autant de faire référence au contenu de ses convictions religieuses.

En ce qui concerne l’éducation des jeunes musulmans et chrétiens, nous devons encourager nos jeunes à penser et à parler de manière respectueuse des autres religions et de ceux qui les pratiquent en évitant de ridiculiser ou de dénigrer leurs convictions et leurs rites.

Nous savons tous que le respect mutuel est fondamental dans toute relation humaine, spécialement entre ceux qui professent une croyance religieuse. C’est n’est qu’ainsi que peut croître une amitié durable et sincère.

Recevant le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, le 22 mars 2013, j’ai affirmé : « On ne peut vivre des liens véritables avec Dieu en ignorant les autres. Pour cela, il est important d’intensifier le dialogue entre les différentes religions, je pense surtout au dialogue avec l’islam, et j’ai beaucoup apprécié la présence, durant la messe du début de mon ministère, de nombreuses autorités civiles et religieuses du monde islamique ». Par ces mots, j’ai voulu souligner encore une fois la grande importance du dialogue et de la coopération entre croyants, en particulier entre chrétiens et musulmans, ainsi que la nécessite de renforcer cette coopération.

C’est avec ces sentiments que je réitère l’espoir que tous les chrétiens et les musulmans soient de véritables promoteurs du respect mutuel et de l’amitié, en particulier à travers l’éducation.

Je vous adresse, enfin, mes vœux priants pour que vos vies puissent glorifier le Très-Haut et apporter la joie autour de vous.

Bonne fête à vous tous !

Du Vatican, le 10 juillet 2013

FRANÇOIS

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Le diocèse catholique de Birmingham vend une église à une communauté musulmane

Le diocèse catholique de Birmingham a vendu une de ses églises de Stoke-on-Trent, au centre de l’Angleterre, à la communauté musulmane locale.

L’église de la paroisse de Cobridge a été mise en vente par le diocèse suite à l’important déclin du nombre de fidèles, rapporte jeudi 17 octobre 2013 le journal britannique The Catholic Herald. « La paroisse de Cobridge a une longue histoire, mais ces derniers temps, le nombre de catholiques vivants dans la région a diminué à un point tel que ceux qui assistent à la messe à Saint-Pierre n’étaient tout simplement plus en mesure de maintenir en fonction un prêtre et les bâtiments de l’église », a expliqué un porte-parole du diocèse.

« L’édifice a été mis en vente sur un marché libre, explique encore ce porte-parole. Nous n’avons reçu qu’un nombre d’offres restreint, et celle de la communauté islamique était la meilleure. Elle a été jugée acceptable par les administrateurs diocésains après consultation avec les autres paroisses locales ».

La paroisse de Saint-Pierre existera toutefois toujours en droit canonique.

CL. H. avec Catholic Herald

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Annoncer l’Évangile à temps et à contre temps

Commentaire de l’Évangile du XXIXème Dimanche du Temps ordinaire

Quelle place accordons-nous dans nos vies à la prière ? Aimons-nous prier ou, au contraire, avons-nous tendance à voir dans la prière une sorte de corvée ennuyeuse dont nous nous dispensons volontiers ?

Pour apprendre à prier et pour prier, pour renouveler nos prières et pour persévérer, nous bénéficions des enseignements de la Parole de Dieu, de l’expérience des saints, d’une grande variété de célébrations dont le sommet est l’eucharistie.

Riches de tous ces trésors, il nous arrive encore de rester sans appétit spirituel et de rechigner à nous mettre en prière. C’est la conclusion de la parabole qui devrait nous faire dresser l’oreille. Sur le terrain de la plus importante et de la plus rude des batailles, « le combat spirituel... aussi brutal que la bataille d'hommes » (Arthur Rimbaud - Une saison en enfer), le nerf de cette guerre n’est pas l’argent, mais la prière. Celle qui permettait à Moïse de soutenir la lutte de son peuple contre les Amalécites. Mais le Fils de l’Homme la trouvera-t-il sur terre quand il reviendra ?

Ce dimanche, la lettre de saint Paul à Timothée, nous offre une réponse. La Parole est comme la terre nourricière où enraciner notre foi. Elle seule peut faire circuler dans nos vies la sève divine qui leur fera porter du fruit. « Tous les passages de l’Écriture sont inspirés par Dieu (...) ; grâce à elle l’homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu’il faut pour un bon travail. »

La prière, nourrie de la Parole de Dieu, n’est pas une distraction qui nous permettrait d’oublier les affrontements sans pardon et les injustices qui broient tant d’innocents de par le monde. La prière fait partie du combat de l’Evangile, de la lutte du Christ : il l’a livrée sur la croix afin que germe sur notre terre une semence de résurrection.

On dit que le monde va mal, qu’on se moque tant de Dieu que des hommes. Mais, prions-nous, comme la pauvre veuve, sans nous décourager ? Que serait l’histoire humaine sans ces milliers de mains levées vers Dieu, le jour, la nuit,, dans ces cœurs en prière qui sont comme les avant-postes de la victoire du Christ ressuscité ? Que deviendrait notre terre sans l’inlassable foi de ceux qui refusent de baisser les bras et qui proclament la parole de justice « à temps et à contretemps ? »

Jésus aussi s’est heurté au silence de Dieu. Notre prière est un combat. Le combat de la foi. Et c’est pourquoi notre prière est missionnaire. La foi est la force de l’Esprit qui traverse l’univers et qui le transfigure peu à peu.

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