PKO 18.08.2013

Dimanche 18 août 2013 – XXème Dimanche du Temps ordinaire – Année C
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°46/2013

HUMEURS

Après le Paka… l’Ice… une drogue en vogue au fenua !

La consommation de drogue un phénomène mondial que rien ne semble pouvoir freiner ! En Polynésie aussi…

Le Paka est présent chez nous depuis plus d’un quart de siècle. Pas un jour ne se passe sans que les journaux nous rapportent une saisie de plusieurs centaines de pieds dans une plantation… des quartiers entiers sont devenus des zones de non-droit où les forces de l’ordre sont prises elles-mêmes à partie, lorsqu’elles osent encore s’y aventurer !

Aujourd’hui, l’Ice, cette drogue synthétique extrêmement dévastatrice, se répand de plus en plus et le contrôle de sa diffusion semble échapper au pouvoir public… Quelle n’est pas notre surprise de constater que l’on en consomme même parmi les S.D.F. à Papeete… Comment se la procure-t-il ? Avec quel argent ? Mais l’Ice est bien là… nous avons pu le vérifier nous-même. Nous l’avons signalé… les autorités semblent aussi démunie que nous… seul constat : une recrudescence de la présence et de la consommation de cette drogue mortifère…

Notre jeunesse, l’avenir du fenua, se détruit, non plus à petit feu mais au lance-flammes… Que faire ? Il ne s’agit pas de trouver des coupables… la responsabilité nous incombe à tous et c’est ensemble qu’il nous faut réfléchir et agir…

Nous devons nous poser les bonnes questions… Comment cette « culture de mort » dénoncée en son temps par le bienheureux Jean-Paul II a-t-elle pu atteindre nos rivages et faire tant de dégâts ? Comment nous sommes nous laissés entraîner par la société individualiste et consumériste occidentale au point d’en perdre l’âme polynésienne et du même coup notre jeunesse ? Notre jeunesse est-elle condamnée à la désespérance ?

Dans sa lettre apostolique « Évangéliser la désespérance », en 1997, Mgr Michel nous disait : « Devant tant de désespoir, de souffrances et à partir de ces désespoirs des hommes, faisons renaître l'espérance. L'espérance aura toujours un goût de vivre et de vivre ensemble. L'espérance nous fait regarder très loin vers l'éternité, mais elle ne peut partir que de la Terre et de ses habitants renouvelés par la Bonne Nouvelle et la présence vivante du Sauveur. »

Levons-nous ensemble !

 En marge de l’actualité

Le 15 août : Fête nationale de la France !

 En 1638, lorsqu'il eut la certitude d'avoir un enfant, après 22 ans de mariage, en reconnaissance, Louis XIII fit la consécration de la France à la Vierge Marie. Le 10 février 1638, le Roi déclare qu'il prend la très Sainte Vierge comme protectrice et patronne du Royaume de France. Il demande que tous les ans, le jour de la fête de l'Assomption, on fasse, dans toutes les églises, mémoire de la consécration de la France à Marie et qu'après les vêpres on fasse une procession solennelle. Ainsi le 15 août devint fête nationale en France jusqu’à la fin de l’empire. Ce n’est que depuis 1880 que le 14 juillet est devenu fête nationale.

C’est Grégoire de Tours, en occident, qui, vers 594, donne la première formulation théologique de l'Assomption. À Rome au VIIème siècle, grâce au pape Théodore (642-649), originaire de Constantinople, cette fête porte d'abord le nom de Dormition de Marie. Le nom d'Assomption apparaitra en 770. Une fresque représentant l'Assomption est encore visible dans la basilique souterraine de Saint-Clément à Rome. La doctrine de l'Assomption de Marie a été confirmée par les grands théologiens du XIIIème siècle Thomas d'Aquin et Bonaventure.

Notre Dame de l’Assomption est proclamée patronne principale de la France, par le pape Pie XI, le 2 mars 1922. C’est le pape Pie XII, après avoir consulté les évêques du monde entier, qui, le 1er novembre 1950 dans la constitution apostolique « Munificentissimus Deus », promulgue le dogme de l’Assomption de la Vierge Marie : « Nous proclamons, déclarons et définissons que c'est un dogme divinement révélé que Marie, l'Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste. »

L’Assomption de Marie est une pure certitude de foi, à la différence de la Résurrection et de l'Ascension de Jésus-Christ, qui nous sont attestées par les Écritures. (Ce qui n'oppose par pour autant Tradition et Ecritures qui sont « les deux poumons de l'Eglise », selon l'expression du Père Congar).L’Assomption est un fruit de la résurrection de Jésus, qui contribue à affermir notre espérance en notre propre résurrection.

Dominique SOUPÉ - Chancelier


Le semeur est sorti pour semer la Parole

Message du Cardinal philippe BARBARIN aux jeunes…

« N’ayez pas peur de sortir ! Chaque matin, SORTEZ de vous-mêmes et allez à la rencontre du Dieu Vivant, dans un endroit désert, pour l’écouter et vous remplir de sa Parole. Puis, SORTEZ au-devant des autres, dans tous les lieux où vous vivez et travaillez ; allez aussi là où personne ne va, et où tant de monde attend ce message de lumière. 
Et surtout, laissez Jésus vous entraîner dans l’aventure de feu de sa Passion, cette grande SORTIE, dans laquelle Il sauve le monde », déclare le cardinal Philippe Barbarin. 
L'archevêque de Lyon a en effet adressé un message aux jeunes qui ont participé, du 10 au 15 août au Forum international des jeunes organisé à Paray-le-Monial, par la Communauté de l'Emmanuel, avec quelque 2500 participants.

Chers Amis,

Vous devinez la joie que j’aurais eue d’être avec vous, ce mardi 13 août. Une journée bien préparée avec quelques-uns d’entre vous : Messe, carrefours l’après-midi, enseignement au cours de la veillée… L’objectif était de réfléchir à la mission que Jésus nous confie en nous donnant son ultime consigne, à la fin de l’Évangile de saint Matthieu : « Allez, et de toutes les nations faites des disciples … » (Mt 28, 19). C’était le thème des JMJ de Rio, et plusieurs jeunes m’ont écrit : « Nous avons bien retenu la triple consigne que le Pape François nous a fait répéter : “ALLEZ ! SANS PEUR ! POUR SERVIR !” » Que ces mots restent gravés dans vos mémoires !

« Mieux se connaître pour mieux se donner », tel est le sujet de votre journée. Chacun de nous est aimé de manière unique par Dieu : c’est ce qu’on appelle « sa grâce », un mot chrétien essentiel. Chacun doit « agir selon sa grâce ». Si nous connaissons et si nous faisons fructifier l’amour particulier de Dieu déposé en chacun de nous, si nous avons conscience de notre fragilité et de nos infidélités, alors nous saurons donner le meilleur. C’est cela, justement, la grâce, un cadeau personnel et gratuit dont nous ne profiterons vraiment que si nous mettons toute notre énergie à le partager avec les autres. Bref, retenez bien cette formule : « Ta grâce, c’est ta mission ! »

13 août, c’était aussi, pour moi, un petit anniversaire intérieur, car il y a environ 30 ans, j’ai participé à mon premier forum de Paray-le-Monial, en concélébrant la Messe du 13 août, mémoire des Saints Pontien et Hippolyte. Je me rappelle encore l’homélie de l’évêque qui présidait ce jour-là, et les longues heures de confession, l’après-midi… le cœur et le trésor de notre ministère de prêtres, ce sacrement où se jouent tant d’événements essentiels de nos vies !

Lors de la veillée, je devais vous parler sur les JMJ de Rio, sur le Pape François et sur notre envoi en mission, des sujets qui m’intéressent… particulièrement ! « Sortir » de nous-mêmes, nous mettre au service des autres, pour le bien de notre société, des générations futures et de tous ceux qui ne connaissent pas encore Jésus, ni l’espérance et la lumière de son Évangile !

Pour moi, vous le savez peut-être, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Un infarctus en Guyane, où je venais de rejoindre les jeunes qui se préparaient à partir à Rio, m’a amené à subir une opération en Martinique. Les JMJ, je les ai donc vécues autrement, mais intensément, soyez-en sûrs. Tout était offert au Seigneur pour le fruit spirituel de ces journées, dans le cœur des jeunes.

Mon retour en Métropole est prévu justement pour ce mardi 13 août… mais mon état ne me permet pas de vous rejoindre aussitôt. Et voilà que le P. Manoukian m’a proposé de vous adresser quand même un message, à la fois simple et vigoureux. On va essayer.

La « première » parabole

Je voudrais attirer votre attention sur le verbe « sortir », parce qu’il correspond bien à la dernière consigne de Jésus : « Allez, enseignez toutes les nations … » Vous avez certainement remarqué combien ce verbe compte aussi beaucoup pour le pape François. Bien sûr, je vais d’abord aller le chercher dans l’Évangile… où on n’a pas de mal à le trouver !

Depuis quelque temps, je me suis aperçu que la première phrase donne l’essentiel des grands textes chrétiens. Vous savez que Jésus a enseigné une quarantaine de paraboles. Dès que je les évoque, les plus belles vous viennent à la mémoire : le bon Samaritain, l’enfant prodigue… Mais si je vous demandais : « Quelle est la “première”, celle qui dit tout, qui résume le programme de Jésus ? » Selon moi, la parabole essentielle, le pivot de toutes les autres, c’est celle du Semeur. Elle est racontée à la fois par Matthieu, Marc et Luc, et plusieurs de ses éléments sont disséminés dans l’Évangile selon saint Jean. Jésus prend ensuite le temps de l’expliquer à ses disciples, en privé. Et cela, il ne le fait que deux fois dans l’Evangile, pour « le Semeur » et « le bon grain et l’ivraie ». Les autres paraboles restent sans explication… On sent d’ailleurs que Jésus souffre ; il aimerait parler clairement, mais voilà « l’esprit de ce peuple s’est épaissi ; ils se sont bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux » (Mt 13, 15), constate-t-il au moment où il va donner à ses disciples l’explication de la parabole du semeur.

Oui, la parabole du semeur est première et, en plus, elle est parfaitement résumée dans sa première ligne : « Voici que le semeur est sorti pour semer » (Mt 13, 3-9 ; Mc 4, 1-9 ; Lc 8, 5-8, et les explications qui suivent chacun de ces trois textes). Comme par hasard, le verbe « sortir » est là, et l’on peut dire que Jésus l’utilise pour résumer le cœur de sa mission. 
Dans son explication, assez détaillée, Jésus commence en disant : « La semence, c’est la Parole de Dieu. » Puis, Il parle de « ceux qui sont au bord du chemin », du diable qui vient dérober le cadeau semé en eux, comme les oiseaux picorent le grain. Il dit aussi que, chez certains, la parole est étouffée par les chardons ou les épines qui symbolisent « les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie ». « Ceux qui n’ont pas de racines… ce sont les hommes d’un moment ».

Toutes ces remarques nous amènent à réfléchir et à faire notre examen de conscience, exercice fort utile ! … Heureusement, il y a aussi les grains qui sont tombés dans la bonne terre, et qui donnent du bon fruit, «  trente, soixante, cent pour un » (Mc 4, 8).

« Le semeur est sorti… »

Pourtant, Jésus laisse un grand silence sur la première ligne : « Le semeur est sorti pour semer sa semence... ». Pourquoi n’explique-t-il pas qui est ce semeur, qui sort… ? En fait, tout le monde comprend. Nous savons bien que dans les paraboles, il faut toujours chercher la présence de Jésus. Les paraboles, et l’Évangile en général, ne sont pas seulement un code de bonne conduite, destiné à nous montrer nos défauts et à nous faire faire des progrès d’ordre moral, mais d’abord et avant tout, la contemplation silencieuse du mystère de Jésus. Parfois, cette présence de Jésus est assez cachée et Lui, en tous cas, reste toujours discret sur lui-même. Mais dans cette parabole, évidemment, dès les premières syllabes, l’auditeur comprend bien que le semeur, c’est Lui, Jésus. Tout est clair.

Comme je vous le disais, dans tous les grands textes de l’Évangile et de la foi, la seule chose qui m’intéresse, en fait, c’est la première phrase. Une fois qu’elle a été prononcée, on a l’impression que l’essentiel est dit, à la fois sur Lui, et même pour nous.

Et quel est le premier mot que Jésus utilise pour présenter et résumer sa mission ? C’est justement le verbe « sortir », qui résume bien tout l’engagement de Dieu envers nous. Jésus est « sorti » du ciel et, dans l’événement de l’Incarnation, il a fait plonger tout le mystère de l’Amour trinitaire dans notre aventure humaine. Après les trente années de vie cachée à Nazareth, il est « sorti », pour semer la Parole. C’est le temps de son ministère public. Puis, dans la grande « sortie » de sa Passion, Il s’est abaissé et humilié plus encore.

Il avait fait du bien à tout le monde en multipliant les miracles et pourtant, Il a vu se dresser devant lui des murailles et obstacles de tous genres. Aucune difficulté ne l’a arrêté car il voulait, dans la logique d’un amour qui va « jusqu’à l’extrême » (cf. Jn 13, 1), « tenter une sortie » contre le péché, contre la haine et la mort. Les gens en le voyant crucifié, au sommet du Golgotha, ont pensé que sa vie était un échec, mais nous, nous savons qu’il a ouvert une brèche victorieuse dans la muraille de la mort. Le vrai fruit de sa sortie, c’est l’événement du matin de Pâques : un homme nouveau, une vie et une espérance éternelles, offertes à tous. Tel est le fondement de notre foi et de notre mission.

Revenons au verbe « sortir ». On voit que Jésus l’aime beaucoup. Au début de l’Évangile de St Marc, qui est comme une « page arrachée à l’agenda de Jésus », ce verbe apparaît plusieurs fois. « Le lendemain, bien avant l’aube, il se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait » (1, 35). Avez-vous remarqué que la première « sortie » de Jésus, c’est pour son Père, pour aller à sa rencontre dans le silence, la prière et la solitude ? Au bout d’un moment, ses compagnons, partis à sa recherche, le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche… » Et Jésus répond : « Partons ailleurs, dans les villages voisins afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle ; car c’est pour cela que je suis sorti » (v. 38). Il sait qui Il est et voit clairement quelle est sa mission.

L’exode de Jésus vers Jérusalem

Pour montrer à quel point cette « sortie » constitue l’essentiel de sa mission, et par conséquent de la nôtre, je voudrais vous renvoyer à l’Évangile de la Transfiguration, que nous avons lu mardi dernier, dans St Luc (9, 28-36).

Le moment est solennel. Jésus prend avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. L’événement de la Transfiguration, c’est un peu comme le miracle des miracles. Il ne s’agit plus de faire le bien aux autres : guérir les malades, chasser des démons, apaiser la tempête ou multiplier des pains… C’est dans la personne et le corps même de Jésus que s’accomplit ce miracle, et on peut dire que c’est la seule fois dans l’Évangile. Son visage, ses vêtements deviennent d’une blancheur fulgurante… Alors apparaissent Moïse et Élie, deux figures qui résument toute la Bible (la Loi et les Prophètes), et ils s’entretiennent tous les trois. On a l’impression que Jésus frémit, tremble devant l’épreuve qui s’annonce et que ses deux aînés sont là, en cette heure décisive, pour l’encourager à partir vers Jérusalem et accomplir sa mission.

L’Évangile de St Luc nous rapporte même le sujet de leur conversation : « Ils parlaient de son départ… ». Comme par hasard, il s’agit de la « sortie » que Jésus va accomplir à Jérusalem. Le mot grec utilisé ici est celui-là même qui a donné son titre au deuxième livre de la Bible : L’Exode. Quelle conversation impressionnante ! Le peuple hébreu est sorti de l’esclavage d’Egypte, il a traversé la Mer Rouge pour se mettre en chemin vers la Terre Promise (vous vous rappelez les péripéties douloureuses et merveilleuses de ces quarante années passées dans le désert). Ainsi, Moise et Elie parlent avec Jésus qui va maintenant « tenter une sortie » contre tous ces esclavages et contre la loi, semble-t-il implacable, de la mort.

Le verbe « sortir »

Voilà pourquoi, j’aime beaucoup ce verbe sortir et je ne suis pas le seul, vous le savez. En mars dernier, au Vatican, après la renonciation de Benoît XVI, nous avons vécu quelques journées de concertation et d’échanges entre cardinaux, avant de procéder à l’élection du nouveau pape. 
Il y a eu près de 200 interventions, mais leur contenu doit rester secret. Toutefois, le pape François nous a autorisés à dévoiler ses propos du jeudi 7 mars. Vous vous en doutez, le verbe sortir y tenait une place centrale. Pour le cardinal Bergoglio, l’Eglise est en mauvaise santé quand elle s’occupe d’elle, de ses rouages, de son institution, de ses affaires... Au contraire, elle va bien quand elle part sur les routes, et qu’elle s’occupe des hommes, tels qu’ils sont aujourd’hui avec leurs interrogations, leurs souffrances, leurs doutes... En vérité, le cœur de l’Église n’est pas dans les sacristies, les évêchés ou le Vatican, mais plutôt dans ce lieu secret où un cœur est touché, retourné par la grâce de Dieu. Avec force, le futur Pape François incitait les chrétiens à sortir et à aller sans peur porter le Christ, partout, au loin, et « jusqu’aux périphéries existentielles ».

La phrase qui m’a le plus touché (je ne l’ai pas vue rapportée dans les journaux, mais je l’avais immédiatement notée, avec précision), c’est quand il a expliqué : « Parfois, j’ai l’impression que Jésus frappe à la porte, mais ce n’est pas comme dans l’Apocalypse où il dit : “Voici que je me tiens à la porte et que je frappe” … » (3, 20). J’ai l’impression que c’est l’inverse. Jésus frappe parce qu’il voudrait sortir ; il se sent prisonnier à l’intérieur du système de l’Église ! Il voudrait aller sur les routes, comme un messager d’espérance et de joie, auprès de tous ceux qui souffrent et qui attendent de découvrir à quel point ils sont aimés.

« N’ayez pas peur : Sortez ! »

Voilà, mes amis, quelques idées que je voulais partager avec vous autour de cette dernière consigne de Jésus : « Allez enseigner toutes les nations… » Ce verset nous décrit à la fois la trajectoire de Jésus, et celle de notre avenir et de notre mission, puisque nous avons la joie d’être ses disciples.
Je voulais surtout vous faire entendre un mot de l’Évangile, extraordinaire et si vigoureux, le verbe sortir.
N’ayez pas peur de sortir ! Chaque matin, SORTEZ de vous-mêmes et allez à la rencontre du Dieu Vivant, dans un endroit désert, pour l’écouter et vous remplir de sa Parole. Puis, SORTEZ au-devant des autres, dans tous les lieux où vous vivez et travaillez ; allez aussi là où personne ne va, et où tant de monde attend ce message de lumière. 
Et surtout, laissez Jésus vous entraîner dans l’aventure de feu de sa Passion, cette grande SORTIE, dans laquelle Il sauve le monde.
Je me recommande à votre prière et demande à Dieu de vous bénir tous. 
A vous et à chacun des membres de vos familles, la grande joie de la fête du 15 août !

Fort-de-France, le 11 août 2013

Cardinal Philippe Barbarin

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L’ICE une drogue en vogue à Tahiti…

Elle se répend tranquillement chez nous… mais qu’est ce que c’est ?

L’ICE, une drogue qui devient à la mode à Tahiti… on la trouve partout, même certains SDF en son accroc ! Le public le plus sensible étant les jeunes… Les boîtes de nuits font parties des lieux privilégiés de trafic et de consommation… En Polynésie, il supplante héroïne et ecstasy. Une seule bouffée et c'est le flash, l'euphorie, l'excitation sexuelle. Et puis vient la descente : paranoïa, hallucinations, envies de suicide. Mais qu’est ce que c’est ?

L’ICE est un dérivé de la méthamphétamine.

La méthamphétamine est une poudre cristalline blanche que l’on peut prendre en la sniffant (en l’inhalant par le nez), en la fumant ou en se l’injectant avec une seringue. Certains la prennent même oralement, mais ils éprouvent tous le besoin de continuer à en prendre car cette drogue crée une fausse sensation de bonheur et de bien-être : un sentiment rapide et fort de confiance en soi, d’hyperactivité et d’énergie. Elle diminue également l’appétit. Les effets de cette drogue disparaissent généralement au bout de 6 à 8 heures, mais peuvent persister jusqu’à 24 heures.

La première expérience peut procurer un certain plaisir, mais dès le début, la méthamphétamine commence à détruire la vie de la personne.

Qu’est-ce que la méthamphétamine ?

La méthamphétamine est une drogue illégale de la même classe que la cocaïne ou que n’importe quelle autre drogue dure. Elle a de nombreux surnoms — ice, meth, crank, chalk ou speed étant les plus communs.

La cristal meth est consommée par des personnes de tout âge, mais elle est surtout utilisée comme drogue récréative dans les boîtes de nuit ou lors de rave-parties. Son nom le plus connu est ice, glace ou verre.

C’est un produit chimique dangereux et puissant et, comme toutes les drogues, c’est un poison qui agit tout d’abord comme un stimulant, puis qui commence systématiquement à détruire le corps. Par conséquent, il crée de sérieux problèmes de santé comme des pertes de mémoire, de l’agressivité, un comportement psychotique, et il peut provoquer des lésions au cœur et au cerveau.

L’ice brûle les réserves de l’organisme et provoque une dépendance dévastatrice qu’on arrive uniquement à soulager en prenant plus de drogue.

Les effets de l’ice sont très intenses, et beaucoup de consommateurs avouent être devenus dépendants dès la première prise.

« Je l’ai essayée une fois et Boum ! J’étais dépendant », raconte un toxicomane accro à l’ice qui a perdu sa famille, ses amis, son travail de musicien et qui a fini SDF.

En fait, c’est l’une des dépendances les plus difficiles à traiter et beaucoup en meurent.

« J’ai commencé à consommer de la cristal meth alors que j’étais en dernière année de lycée. Avant de terminer mon premier semestre à l’université, la meth était devenue un si gros problème que j’ai dû laisser tomber. On aurait dit que j’avais eu la varicelle, à force de me gratter devant mon miroir. Je passais mon temps soit à prendre de la meth, soit à tenter d’en obtenir. »
(Anne-Marie)

À quoi ressemble la méthamphétamine ou ice ?

La méthamphétamine se présente habituellement sous forme de poudre blanche et cristalline sans odeur, au goût amer, qui se dissout facilement dans l’eau ou l’alcool.

La poudre peut parfois avoir d’autres couleurs : brune, gris jaunâtre, orange et même rose. Elle peut aussi être compressée sous forme de comprimé.

Comme déjà mentionné, elle peut être sniffée, fumée ou injectée.

L’ice se présente sous forme de cristaux volumineux ressemblant à de la glace et elle est plus généralement fumée.

Avec quoi la meth est-elle faite ?

La méthamphétamine est une substance chimique synthétique fabriquée par l’homme, à la différence, par exemple, de la cocaïne qui provient d’une plante.

La meth est habituellement fabriquée dans des laboratoires clandestins illégaux qui utilisent différentes formes d’amphétamines ou de dérivés, mélangées à d’autres substances chimiques pour augmenter leur puissance. Des pilules communes comme les remèdes contre le rhume sont souvent utilisées comme base pour la production de cette drogue. Le préparateur de meth extrait les ingrédients actifs de ces pilules et les combine avec d’autres ingrédients dangereux, voire mortels, comme de l’acide de batterie, du détachant, de l’essence pour lampe ou de l’antigel, pour augmenter sa puissance.

Ces produits chimiques dangereux sont potentiellement explosifs, et comme les préparateurs sont eux-mêmes des consommateurs de drogue désorientés, ils sont souvent grièvement brûlés, défigurés ou tués lorsque leurs préparations explosent. De tels accidents mettent en danger les habitations et les immeubles voisins.

Les laboratoires clandestins génèrent également de nombreux déchets toxiques : la production de 500gr de méthamphétamine génère 2,5 kilos de déchets. Les personnes exposées à ces substances peuvent être empoisonnées ou tomber malades.

« L’argent de l’aide sociale ne suffisait pas pour payer nos doses de meth et prendre soin de notre fils, aussi nous avons transformé la maison en laboratoire pour fabriquer de la meth. Les produits chimiques toxiques étaient stockés dans notre réfrigérateur, on ne savait pas que les toxines allaient pénétrer dans la nourriture… Quand j’ai donné du fromage à mon fils de trois ans, je ne savais pas que je lui donnais de la nourriture empoisonnée. J’étais trop défoncée à la meth pour remarquer, 12 heures plus tard, que mon fils était mortellement malade. Et j’étais tellement défoncée que ça m’a pris deux heures pour savoir comment j’allais l’emmener à l’hôpital. Le temps que j’arrive aux urgences, mon fils était mort d’une dose mortelle d’hydroxyde d’ammoniaque, un des produits chimiques utilisés pour fabriquer la meth. » (Mélanie)

Dépendance : une épidémie mondiale

Les ingrédients toxiques de la meth provoquent de graves caries dentaires connues sous le nom de « bouche meth ». Les dents deviennent noires, tachées et cariées, au point où il faut souvent les arracher. Les dents et les gencives sont détruites de l’intérieur et les racines se gâtent.

Le bureau des drogues et de la criminalité de l’ONU a estimé que la production mondiale de stimulants de type « amphétamine », dont la méthamphétamine, s’élevait à 500 tonnes par an, avec plus de 24,7 millions de consommateurs.

Le gouvernement américain déclarait en 2008 que près de 13 millions de personnes de plus de 12 ans consommaient de la méthamphétamine, 529 000 d’entre eux étant des utilisateurs réguliers.

En 2007, 4,5 % des Américains en dernière année de lycée et 4,1 % des étudiants en seconde ont indiqué avoir déjà pris de la méthamphétamine au moins une fois dans leur vie.

Aux États-Unis, le pourcentage de gens admis en centre de désintoxication suite à une addiction à la méthamphétamine et aux amphétamines a triplé, passant de 3 % en 1996 à 9 % en 2006. Certains états déclarent des pourcentages beaucoup plus élevés, comme Hawaii, où 48,2 % des personnes cherchant de l’aide pour toxicomanie ou alcoolisme en 2007 étaient des consommateurs de méthamphétamine.

C’est une drogue largement consommée en République tchèque. Là-bas, on l’appelle le Pervitin et on le fabrique dans des laboratoires clandestins. La consommation est principalement locale, mais le Pervitin est également exporté dans d’autres pays européens et au Canada. La République tchèque, la Suède, la Finlande, la Slovaquie et la Lettonie ont indiqué que les amphétamines et la méthamphétamine concernaient 20 à 60 % des personnes demandant à suivre un traitement de désintoxication.

En Asie du Sud-Est, la forme la plus commune de méthamphétamine est une petite pilule appelée « Yaba » en Thaïlande et « Shabu » aux Philippines.

Les effets mortels de la meth

Le caractère hideux de la cristal meth se voit sur les visages effrayants et prématurément vieillis de ceux qui en ont consommé.

Impact à court et à long terme sur l’individu

Lorsqu’on prend de la meth et de la cristal meth, elles créent une fausse sensation de bien-être et d’énergie et on a tendance à pousser son corps plus vite et plus loin qu’on en est capable. Par conséquent, les consommateurs de drogue peuvent subir de graves « chocs » ou des pannes physiques et mentales après que les effets de la drogue se sont dissipés.

Comme la consommation continue de drogue diminue la sensation naturelle de faim, les consommateurs peuvent perdre beaucoup de poids. Les effets négatifs peuvent également inclure : des troubles du sommeil, de l’hyperactivité, des nausées, une illusion de pouvoir, ainsi qu’une agressivité et une irritabilité accrues.

La drogue provoque d’autres effets inquiétants : des insomnies, de la confusion, des hallucinations, de l’anxiété et de la paranoïa. Dans certains cas, cette consommation entraîne des convulsions pouvant conduire à la mort.

Dommages à long terme

À long terme, l’usage de la meth peut causer des dommages irréversibles : augmentation du rythme cardiaque et de la pression sanguine ; altération des vaisseaux sanguins du cerveau pouvant causer des attaques ou un rythme cardiaque irrégulier, pouvant provoquer à son tour des troubles cardiovasculaires ou la mort ; lésions du foie, des reins et des poumons.

On trouve chez les consommateurs des cas graves de lésions cérébrales, de troubles de la mémoire et une incapacité accrue à saisir des idées abstraites. Ceux qui s’en sortent sont généralement sujets à des trous de mémoire ou à des sautes d’humeur extrêmes.

Comment la métamphétamine affecte la vie des gens ?

Quand les gens prennent de la méthamphétamine, leur vie est influencée de différentes façons. Il y a trois niveaux de consommation.

La consommation occasionnelle de la meth : Ceux qui consomment de la méthamphétamine de façon occasionnelle l’avalent ou la sniffent. Ils recherchent l’hyper-stimulation qu’elle procure, de façon à rester éveillé suffisamment longtemps pour pouvoir terminer une tâche ou un travail, ou bien ils recherchent son effet coupe-faim pour perdre du poids. Ils sont sur le point de devenir des consommateurs « binge » (le mot binge signifie « consommer jusqu’à en perdre la tête »).

La consommation de meth à en perdre la tête : Ceux qui consomment de la méthamphétamine jusqu’à en perdre la tête la fument ou se l’injectent avec une seringue. Cela leur permet de recevoir une plus forte dose de drogue et de ressentir un « rush » qui les rend psychologiquement accros. Ils sont près de passer à une consommation très intensive.

La consommation très intensive de meth : Ceux qui prennent de la méthamphétamine de façon très intensive sont des accros, souvent appelés « speed freaks ». Ils passent la plus grande partie de leur vie à éviter la descente douloureuse après l’extase. Pour parvenir au rush tant désiré, ils doivent en prendre toujours plus. Mais, comme avec les autres drogues, chaque flash successif de méthamphétamine est moins intense que le précédent, ce qui précipite la personne accro à la meth dans la spirale sombre et mortelle de la dépendance.

Les étapes de l’« expérience » de la meth

1- Le rush — Un rush est la réaction initiale que les consommateurs ressentent quand ils fument ou s’injectent de la meth. Pendant le rush, le rythme cardiaque s’accélère et le métabolisme, la tension artérielle et le rythme cardiaque s’élèvent. À l’inverse du rush qui se produit avec le crack ou la cocaïne, qui dure approximativement de 2 à 5 minutes, le rush de la méthamphétamine peut durer jusqu’à 30 minutes.

2- La défonce — Le rush est suivi par la défonce, quelquefois appelé « the shoulder ». Durant la défonce, le consommateur semble souvent avoir plus de dynamisme, être plus brillant et peut chercher l’embrouille, interrompant souvent les autres personnes et finissant les phrases à leur place. Les effets délirants peuvent pousser un consommateur à se concentrer intensément sur un élément banal et illogique, comme de nettoyer toujours la même fenêtre pendant plusieurs heures. La défonce peut durer de 4 à 16 heures.

3- Le binge — Un binge est une consommation incontrôlée de drogue ou d’alcool. Il incite le toxicomane à prolonger la défonce en fumant ou en s’injectant plus de méthamphétamine. Le binge peut durer de 3 à 15 jours. Durant le binge, le consommateur devient hyperactif à la fois mentalement et physiquement. Chaque fois que le consommateur fume ou s’injecte plus de drogue, il a un autre rush plus petit jusqu’à ce que finalement il n’y ait plus de rush et plus de défonce du tout.

4- Tweaking — Un consommateur de méthamphétamine est plus dangereux lorsqu’il traverse une phase d’accoutumance, appelée tweaking, un état qui est atteint à la fin d’un binge de drogue, quand la méthamphétamine ne procure plus de rush ou de défonce. Incapable de soulager les horribles sentiments de vide et ressentant un besoin terrible de drogue, un toxicomane perd son sens de l’identité. Il peut ressentir d’intenses démangeaisons et être convaincu que des insectes courent sous sa peau. Incapable de dormir pendant des jours, il est souvent dans un état de psychose totale et vit dans son monde, il voit et il entend des choses que personne d’autre ne peut percevoir. Ses hallucinations sont tellement vivantes qu’elles semblent réelles ; comme il a perdu le sens des réalités, il peut devenir hostile et dangereux pour lui-même et les autres. Les risques de mutilation sont élevés.

5- La descente — Pour le consommateur binge, la descente se produit au moment où le corps s’arrête, incapable de supporter les effets de la drogue qui l’envahit, avec pour résultat une longue période de sommeil. Même le plus mauvais, le plus violent des consommateurs devient presque sans vie durant la descente et ne représente plus la moindre menace pour qui que ce soit. La descente peut durer de 1 à 3 jours.

6- Gueule de bois à la meth — Après la descente, le consommateur retombe dans un état dégradé, affamé, déshydraté et complètement épuisé physiquement, mentalement et émotionnellement. Cette étape dure généralement entre 2 et 14 jours. Cela conduit à encore plus de dépendance, car la « solution » à ces sensations est de consommer toujours plus de meth.

7- État de manque — Souvent, de 30 à 90 jours peuvent s’écouler avant que le consommateur se rende compte qu’il est en état de manque. Tout d’abord il devient déprimé, perd son énergie et sa capacité à éprouver du plaisir. Puis vient le besoin de plus de méthamphétamine et le toxicomane a souvent des idées de suicide. Comme l’état de manque de meth est extrêmement douloureux et pénible, la plupart des consommateurs se remettent souvent à en prendre. Ainsi, 93 % des gens qui suivent un traitement traditionnel recommencent à consommer de la méthamphétamine.

L’histoire de la méthamphétamine

On donnait de la méthamphétamine aux pilotes kamikazes pour les soutenir durant leurs missions-suicides.

La méthamphétamine n’est pas une drogue nouvelle, bien qu’elle soit devenue plus puissante ces dernières années parce que les méthodes de fabrication ont évolué.

L’amphétamine a été synthétisée pour la première fois en 1887 en Allemagne et la méthamphétamine, plus puissante et plus facile à fabriquer, a été développée au Japon en 1919. La poudre cristalline était soluble dans l’eau, ce qui en faisait un produit parfait à injecter.

La méthamphétamine a été largement utilisée durant la Seconde Guerre mondiale, quand des deux côtés on l’employait pour garder les troupes éveillées. De fortes doses furent données aux pilotes kamikazes japonais avant leurs missions-suicides. Après la guerre, la prise de méthamphétamine en intraveineuse atteignit des sommets lorsque les réserves de l’armée ont été mises à la disposition du grand public japonais.

Dans les années 1950, la méthamphétamine était prescrite comme complément à un régime alimentaire et pour lutter contre la dépression. Facile à trouver, elle était utilisée comme stimulant non médical par les étudiants, les chauffeurs routiers, les sportifs, et sa consommation devint de plus en plus courante.

La situation a nettement changé dans les années 1960. La méthamphétamine injectable est devenu largement disponible et la consommation a fortement augmenté.

Puis, en 1970, le gouvernement américain en a fait une drogue illégale. Les gangs de motards contrôlaient alors la plus grande partie de la production et de la distribution de cette drogue. La plupart des consommateurs de l’époque vivaient dans des régions rurales et ne pouvaient pas se payer de la cocaïne, qui était plus chère.

Dans les années 1990, les organisations mexicaines qui se livraient au trafic de drogue ont installé de grands laboratoires en Californie. Alors que ces laboratoires peuvent fabriquer 25 kilos de substance en un seul week-end, de petits laboratoires privés ont éclos dans les cuisines et les appartements, ce qui a valu à cette drogue le nom de « stove top » (dessus de fourneau). C’est depuis cette époque qu’elle s’est répandue aux États-Unis et en Europe, via la République tchèque. Aujourd’hui, la plus grande partie de la drogue disponible en Asie est produite en Thaïlande, au Myanmar et en Chine.

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La vraie paix de Dieu

Commentaire de l’Évangile du XXème Dimanche du Temps ordinaire

Comme les contemporains de Jésus, nous rêvons de paix. Nous voudrions bien pouvoir goûter le bonheur tranquille de l’homme avec la femme, du conjoint avec le conjoint, des parents avec les enfants, de notre milieu social avec les autres milieux, de l’homme avec la nature, de l’homme avec Dieu… Cette harmonie universelle porte un nom dans la Bible : c’est celui de « Shalom ». C’est là un idéal on ne peut plus désirable. Or l’évangile vient nous secouer en parlant de feu, de baptême douloureux, de divisions : « Croyez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division ». Pourquoi cette division sur les pas du Christ ? Que signifie ce feu qui doit brûler la terre ?

C’est bien la paix que Jésus apporte. Mais pas une paix facile. Il existe des paix trompeuses qui ne sont bâties que sur de mauvais compromis et ne servent qu’à masquer de graves oppressions. Les prophètes, avant Jésus, avaient dénoncé ces quiétudes mensongères qui ne reposent pas sur la justice et la vérité. Ainsi Jérémie s’écriait : « Tous, en effet, du plus petit jusqu'au plus grand, tous s'adonnent aux profits malhonnêtes ; depuis le prophète jusqu'au prêtre, tous pratiquent le mensonge ; ils soignent à la légère la meurtrissure de mon peuple, ils disent : “Tout va bien“ ! alors que tout va mal. » (Jr 6, 13-14). Ce genre de prédication dérange. Jérémie a pu le mesurer, puisqu’il s’est retrouvé dans la boue du fond d’une citerne (1ère lecture).

La paix que donne Jésus, il ne la donne pas « à la manière du monde » (Jn 14, 27). Il l’offre au bout d’un feu purificateur qui réduit en cendres les branches mortes de nos mensonges et de nos iniquités. Brûler, cela fait craquer le bois sec. Et ce feu ne peut que rencontrer de la résistance en nous et autour de nous. Car c’est d’abord en nous que s’insinue la division : a-t-il jamais été simple de pardonner septante-sept fois sept fois ? A-t-il été jamais aisé de reconnaître en tout homme un frère quel qu’il soit ?

Et puis, il y a la division autour de nous. Quel baptême crucifiant que la douleur des parents  devant leurs enfants qui ont rejeté toute pratique religieuse, qui ne veulent pas se marier ou qui refusent le baptême de leurs enfants. Y-a-t-il une famille qui soit à l’abri de ces conflits ? Elle est grande alors la tentation, soit de nous culpabiliser, soit d’accuser les autres : Église, éducateurs, curés… Il est malsain de penser que ce problème soit nouveau. Déjà Michée, huit cent ans avant Jésus, décrivait l’insurrection des enfants contre les parents comme une plaie de son temps. « Car le fils traite son père de fou, la fille se dresse contre sa mère, la bru contre sa belle-mère, chacun a pour ennemi des gens de sa famille » (Mi 7, 6).

Non. Il est vain d’espérer une vie sans combats. La terre est en réalité une « course d’endurance » comme le dit de manière imagée la lettre aux Hébreux. « Eh bien ! donc, environnés que nous sommes d'une telle nuée de témoins, débarrassons-nous de tout ce qui nous alourdit, et d’abord du péché qui nous entrave si bien ; alors, nous courrons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de notre foi » (Deuxième lecture). On ne peut suivre le Christ sans épouser ses choix et sans prendre les mêmes risques que lui, y compris ceux de l’opposition, des critiques et même de l’hostilité. Il faut s’endurcir et s’entraîner pour le combat spirituel comme les athlètes le font pour participer aux compétitions. « Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché », poursuit l’auteur de l’épître aux Hébreux.

Rechercher la paix qui vient de Dieu n’a rien à voir avec la recherche d’un bonheur facile et sans nuages. Jésus dans son engagement pour le bonheur de l’homme a été acculé à combattre le mal jusque dans sa forme la plus extrême. Il a été contraint de plonger dans les eaux de la mort. Mais de ce baptême, il a rebondi vivant du tombeau. Rechercher la paix ne serait-ce pas alors le reconnaître, lui, à nos côtés, au travers même des divisions et des obstacles de nos vies ? Gardons courage dans nos difficultés. Elles forgent en nous l’homme nouveau.

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