PKO 17.03.2013

Dimanche 17 mars 2013 – 5ème Dimanche du Temps de Carême – Année C

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°19/2013

HUMEURS

 FRANÇOIS, NOUVEAU PAPE

Un non évènement pour la presse quotidienne de Polynesie !

 Le 14 mars, la presse internationale faisait sa « Une » sur l’élection du nouveau pape… même celle de « L’Humanité » journal du parti communiste qui ne peut être soupçonné de pro-cléricalisme !

Alors que pour les deux quotidiens de Polynésie, cette élection était un non-événement ! La première page de La Dépêche n’y faisait même pas allusion ! Après tout… un nouveau Pape… cela ne concerne qu’à peine un milliard d’hommes et 100 000 Polynésiens !

Il était bien plus important de laisser rancune, haine et jalousie s’exprimer à la Une ! Ainsi le livre à paraître au sujet de l’un de nos acteurs politiques, écrit par deux journalistes, spécialiste « es probité », venu de France, était non pas un événement, mais l’« Événement » incontournable qui ne pouvait souffrir un report… et le risque d’être occulté par le non-événement de l’élection du nouveau Pape !

Consolez-vous… le pape François devrait bientôt intéresser nos quotidiens… dès qu’ils se seront aperçu que quelques grincheux anticléricaux essaye de la salir au sujet d’une pseudo collaboration avec la dictature argentine… leur soif de dénigrement et de lynchage médiatique devrait se réveiller !

Il est dommage tout de même que notre presse locale quotidienne soit si peu intéressée à l’Actualité et autant attachée à sa seule opinion qu’elle érige en « Vérité » !

Il est vrai que si autrefois, l’un de nos quotidiens avait en exergue cette phrase : « Journal indépendant et objectif »… il y a bien longtemps qu’elle n’y figure plus !… ce qui en soi, est peut-être un signe d’objectivité… au moins inconsciente !

 

 En marge de l’actualité

HABEMUS PAPAM ! DEO GRATIAS ! MAEVA FRANÇOIS !

 Oui, rendons grâce à Dieu de ce que les cardinaux électeurs sont allés « au bout du monde » chercher notre nouveau Pape. En effet, Sa Sainteté François nous vient de Buenos Aires où il était Cardinal Archevêque. Jorge Mario Bergoglio est argentin, donc beaucoup plus proche de notre fenua que tous les autres papes. Ainsi le « centre de gravité » de l'Église glisse vers l'hémisphère Sud. 

Dans une grande simplicité le Saint Père, nouvel évêque de Rome, est apparu au balcon de la basilique Saint Pierre, saluant d'abord les fidèles de l'Église de Rome et remerciant les italiens de l'accueillir. Il a ensuite invité la foule à prier pour son prédécesseur avant de demander que chacun(e) prie en silence pour implorer « la bénédiction de Dieu pour son évêque ». La ferveur silencieuse a alors envahi de façon impressionnante la place Saint Pierre et la via della Conciliazione.

En quelques mots il a fait comprendre pourquoi il a choisi le nom de « François » et quelle sera la perspective de sa tâche : prendre « un chemin d'humilité, et de fraternité au sein de l'Église ».

Agé de 76 ans, Sa Sainteté François est devenu le 266ème pape de l'Histoire et le premier pape non européen depuis Grégoire III (« l'ami des pauvres et des misérables », d'origine syrienne fut consacré le 13 mars 731).

Le Souverain Pontife devra faire face à de nombreux défis. Il nous reste donc à le soutenir de nos prières. Que l'Esprit-Saint le comble de grâces et de bénédictions pour mener à bien cette nouvelle charge non seulement pour le bien du milliard de fidèles catholiques mais aussi pour l'humanité tout entière.

Dominique SOUPE - Chancelier

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Les premiers mots du pape François

Bénédiction Apostolique « Urbi et Orbi »

« Frères et sœurs, bonsoir !

Vous savez que la tâche du Conclave était de donner un Évêque à Rome. Il semble bien que mes frères Cardinaux soient allés le chercher quasiment au bout du monde… Mais nous sommes là… Je vous remercie pour votre accueil. La communauté diocésaine de Rome a son Évêque : merci ! Et tout d’abord, je voudrais prier pour notre Évêque émérite, Benoît XVI. Prions tous ensemble pour lui afin que le Seigneur le bénisse et la Vierge le protège ».

[Récitation du Notre Père, du Je Vous Salue Marie

et du Gloire au Père]

« Et maintenant, initions ce chemin : l’Évêque et le peuple. Ce chemin de l’Église de Rome, qui est celle qui préside toutes les Églises dans la charité. Un chemin de fraternité, d’amour, de confiance entre nous. Prions toujours pour nous : l’un pour l’autre. Prions pour le monde entier afin qu’advienne une grande fraternité. Je souhaite que ce chemin que nous commençons aujourd’hui et au long duquel je serai aidé par mon Cardinal Vicaire ici présent, soit fructueux pour l’évangélisation de cette Ville si belle !

Et maintenant je voudrais donner la bénédiction, mais auparavant, auparavant, je vous demande une faveur : avant que l’Évêque bénisse le peuple, je vous demande de prier le Seigneur afin qu’Il me bénisse : la prière du peuple, demandant la Bénédiction pour son Évêque. Faisons cette prière en silence de vous tous sur moi.

[…]

Maintenant je vais donner, à vous et au monde entier, à tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, la Bénédiction.

[Bénédiction]

Frères et sœurs, je vous laisse. Grand merci pour votre accueil. Priez pour moi et à bientôt ! Nous nous reverrons rapidement : demain je veux aller prier la Vierge pour qu’Elle protège Rome tout entière. Bonne nuit et bon repos ! »

© Libreria Editrice Vaticana – 2013


2005-2013 – Place Saint Pierre

Cherchez la différence entre les deux photos !

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La place Saint-Pierre le 4 avril 2005

(Luca Bruno/AP/SIPA)

En haut, c’est en 2005, au moment de la mort de Jean-Paul II. Son corps est transporté dans la basilique Saint-Pierre, pour un recueillement. ;

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La place Saint-Pierre le 13 mars 2013

(Michael Sohn/AP/SIPA)

En bas, la place Saint-Pierre à Rome, le jour de la nomination du pape François (au balcon).

Adieu, téléphones à clapet

Entre les deux derniers conclaves de 2005 et de 2013, les Romains se sont équipés en iPhone et iPad. Les téléphones portables à clapet ont quasiment disparu. Les Italiens regardent le pape à travers un écran, et la prochaine fois ?

C’est le site américain NBC News qui pointe la différence dans son diaporama hebdomadaire.

© Rue 89 – 2013

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Le nouveau Pape Jorge Mario Bergoglio

Petite biographie


Le premier pape américain est le jésuite argentin Jorge Mario Bergoglio, 77 ans, archevêque de Buenos Aires. C’est une haute figure de tout le continent et un pasteur simple et très aimé dans son diocèse, qu’il a visité en long et en large, aussi en métro et en autobus, au cours des quinze ans de son ministère épiscopal. « Mes gens sont pauvres et je suis un des leurs », a t-il dit à plusieurs reprises pour expliquer son choix d’habiter dans un appartement et de se préparer le repas du soir tout seul.

Il a toujours recommandé à ses prêtres la miséricorde, le courage apostolique et d’ouvrir les portes à tous. Le pire qui puisse arriver dans l’Église, a-t-il expliquer à plusieurs occasions, « est ce que de Lubac appelle la mondanité spirituelle », qui signifie « se mettre soi-même au centre ». Et quand il cite la justice sociale, il invite à reprendre en main le catéchisme, à redécouvrir les dix commandements et les béatitudes. Son projet est simple : si l’on suit le Christ, l’on comprend que « piétiner la dignité d’une personne est un péché grave ».

Malgré son caractère timide – sa biographie officielle ne comporte que quelques lignes, au moins jusqu’à sa nomination comme archevêque de Buenos Aires – il est devenu un point de référence pour ses fortes prises de position lors de la dramatique crise économique qui a bouleversé son pays en 2001.

Il né dans la capitale argentine le 17 décembre 1936, fils d’émigrants piémontais : son père Mario est comptable, employé des chemins de fer, tandis que sa mère, Regina Sivori, s’occupe de la maison et de l'éducation de ses cinq enfants.

Diplômé comme technicien en chimie, il choisit ensuite la voie du sacerdoce en entrant au séminaire diocésain de Villa Devoto. Le 11 mars 1958 il passe au noviciat de la Compagnie de Jésus. Il complète ses études de lettres au Chili et en 1963, revient en Argentine et obtient une maîtrise en philosophie au collège saint Joseph à San Miguel. Entre 1964 et 1965 il est professeur de littérature et psychologie au collège de l'Immaculée de Santa Fé et en 1966 il enseigne les mêmes matières au collège du Sauveur à Buenos Aires. De 1967 à 1970 il étudie la théologie et obtient une maîtrise toujours au collège Saint-Joseph.

Il a été ordonné prêtre le 13 décembre 1969 par l'archevêque Ramón José Castellano. Il poursuit sa préparation entre 1970 et 1971 à Alcalà de Henares, en Espagne, et le 22 avril 1973 il émet sa profession perpétuelle chez les jésuites. À nouveau en Argentine, il est maitre des novices à Villa Barilari à San Miguel, professeur à la faculté de théologie, consulteur de la province de la Compagnie de Jésus et aussi recteur du Collège.

Le 31 juillet 1973 il est élu provincial des jésuites d’Argentine, charge qu’il occupera pendant six ans. Il reprend ensuite le travail sur le campus universitaire et, entre 1980 et 1986, il est à nouveau recteur du collège Saint-Joseph, et curé encore à San Miguel. En mars 1986 il se rend en Allemagne pour terminer sa thèse de doctorat ; ses supérieurs l'envoient ensuite au collège du Sauveur à Buenos Aires et ensuite à l’église de la Compagnie dans la ville de Cordoba, comme directeur spirituel et confesseur.

C'est le cardinal Antonio Quarracino qui le veut comme son étroit collaborateur à Buenos Aires. Ainsi, le 20 mai 1992, Jean-Paul II le nomme évêque titulaire d'Auca et auxiliaire de Buenos Aires. Le 27 juin, il reçoit dans la cathédrale l'ordination épiscopale précisément des mains du cardinal. Il choisit comme devise Miserando atque eligendo et insère dans son blason le christogramme IHS, symbole de la Compagnie de Jésus.

Il accorde son premier entretien en tant qu'évêque à un petit journal paroissial, « Estrellita de Belém ». Il est immédiatement nommé vicaire épiscopal de la zone Flores et le 21 décembre 1993, il reçoit également la charge de vicaire général de l'archidiocèse. Ce n'est donc pas une surprise lorsque, le 3 juin 1997, il est promu archevêque coadjuteur de Buenos Aires. Moins de neuf mois plus tard, à la mort du cardinal Quarracino, il lui succède, le 28 février 1998, comme archevêque, primat d'Argentine et ordinaire pour les fidèles de rite oriental résidant dans le pays et dépourvus d'ordinaire de leur propre rite. Trois ans plus tard, lors du Consistoire du 21 février 2001, Jean-Paul II le crée cardinal, lui assignant le titre de saint Roberto Bellarmino. Il invite les fidèles à ne pas se rendre à Rome pour fêter son cardinalat et à destiner aux pauvres l'argent du voyage. Grand chancelier de l'Universié catholique argentine, il est l'auteur des livres Meditaciones para religiosos (1982), Reflexiones sobre la vida apostólica (1986) et Reflexiones de esperanza (1992).

En octobre 2001, il est nommé rapporteur général adjoint à la Xème assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, consacrée au ministère épiscopal. Une tâche qui lui est confiée au dernier moment en remplacement du cardinal Edward Michael Egan, archevêque de New York, contraint à rester dans son pays en raison des attaques terroristes du 11 septembre. Lors du synode, il souligne en particulier la « mission prophétique de l'évêque », son identité de « prophète de justice », son devoir de « prêcher sans cesse » la doctrine sociale de l'Église, mais également d'« exprimer un jugement authentique en matière de foi et de morale ».

Entre temps, en Amérique latine, sa figure devient toujours plus populaire. Cependant, il ne perd pas la sobriété de caractère et le style de vie rigoureux, que certains définissent presque « ascétique ». C'est dans cet esprit qu'en 2002, il refuse la nomination comme président de la Conférence épiscopale argentine, mais trois ans plus tard, il est élu, puis reconfirmé pour un nouveau triennat en 2008. Entre temps, en avril 2005, il participe au Conclave au cours duquel est élu Benoît XVI.

En tant qu'archevêque de Buenos Aires – diocèse qui possède plus de trois millions d'habitants – il pense à un projet missionnaire centré sur la communion et sur l'évangélisation. Les quatre objectifs principaux sont: des communautés ouvertes et fraternelles ; participation active d'un laïcat conscient : évangélisation adressée à tous les habitants de la ville ; assistance aux pauvres et aux malades. Il vise à ré-évangéliser Buenos Aires, « en tenant compte de ceux qui y vivent, de sa configuration, de son histoire ». Il invite les prêtres et les laïcs à travailler ensemble. En septembre 2009, il lance au niveau national la campagne de solidarité pour le bicentenaire de l'indépendance du pays : deux cents œuvres de charité à réaliser d'ici 2016. Et, sur le plan continental, il nourrit de fortes espérances dans le sillage du message de la Conférence d'Aparecida en 2007, qu'il va jusqu'à définir « l'Evangelii nuntiandi de l'Amérique latine ».

Jusqu'au début de la vacance du siège, il était membre des Congrégations pour le culte divin et la discipline des sacrements, pour le clergé, pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique; du Conseil pontifical pour la famille et de la Commission pontificale pour l'Amérique latine.

© Osservatore Romano – 2013


Cheminer, édifier et confesser sous la croix

Première homélie du Pape François

Les 114 Cardinaux électeurs, ainsi que les conclavistes, se sont rassemblés à 17h dans la Chapelle Sixtine où sous la présidence du Pape François a été concélébrée par messe Pro Ecclesia.

À la fin des temps, la maison de Yahvé se dressera au sommet des montagnes. Et arbitre de nombreuses nations, Yahvé jugera tous les peuples. Ceux-ci briseront leurs épées pour en faire des socs de charrue, et de leurs lances des serpes. Plus aucune nation ne lèvera les armes contre une autre, et nul n'apprendra plus l'art de la guerre. Telle fut la première lecture tirée d'Isaïe. La seconde retenue était un passage de l'épître de Pierre consacrée au sacerdoce commun des fidèles : Approchez-vous de la pierre vivante, rejetée par les hommes mais choisie par Dieu car précieuse à ses yeux. Et vous mêmes, comme pierres vivantes, œuvrez à l'édification d'un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint... Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis destiné à chanter les louanges de celui qui vous a tiré des ténèbres jusqu'à sa lumière admirable. Ensuite l'Evangile était le récit par Mathieu de la confession de Pierre : Et vous autres, que dites-vous que je suis ?, lança Jésus à ses compagnons. Ce à quoi Pierre répondit : Toi tu es le Christ, le fils du Dieu vivant. Formule à laquelle le Seigneur répliqua par ces mots : Et moi je te dis que tu es Pierre et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes de l'Enfer n'auront pas prise sur elle. C'est donc sur ces trois textes, étroitement liés entre eux, que le Saint-Père a appuyé son homélie, brève et donnée sans texte écrit :

« Dans ces trois lectures je vois qu’il y a quelque chose de commun : c’est le mouvement. Dans la première lecture le mouvement sur le chemin ; dans la deuxième lecture, le mouvement dans l’édification de l’Église ; dans la troisième, dans l’Évangile, le mouvement dans la confession. Marcher, édifier, confesser.

Marcher. “Maison de Jacob, allons, marchons à la lumière du Seigneur” (Is 2, 5). C’est la première chose que Dieu a dite à Abraham : Marche en ma présence et sois irrépréhensible. Marcher : notre vie est une marche et quand nous nous arrêtons, cela ne va plus. Marcher toujours, en présence du Seigneur, à la lumière du Seigneur, cherchant à vivre avec cette irréprochabilité que Dieu demandait à Abraham, dans sa promesse.

Édifier. Édifier l’Église. On parle de pierres : les pierres ont une consistance ; mais des pierres vivantes, des pierres ointes par l’Esprit Saint. Édifier l’Église, l’Épouse du Christ, sur cette pierre angulaire qui est le Seigneur lui-même. Voici un autre mouvement de notre vie : édifier.

Troisièmement, confesser. Nous pouvons marcher comme nous voulons, nous pouvons édifier de nombreuses choses, mais si nous ne confessons pas Jésus Christ, cela ne va pas. Nous deviendrons une ONG humanitaire, mais non l’Église, Épouse du Seigneur. Quand on ne marche pas, on s’arrête. Quand on n’édifie pas sur les pierres qu’est ce qui arrive ? Il arrive ce qui arrive aux enfants sur la plage quand ils font des châteaux de sable, tout s’écroule, c’est sans consistance. Quand on ne confesse pas Jésus Christ, me vient la phrase de Léon Bloy : “Celui qui ne prie pas le Seigneur, prie le diable”. Quand on ne confesse pas Jésus Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon.

Marcher, édifier-construire, confesser. Mais la chose n’est pas si facile, parce que dans le fait de marcher, de construire, de confesser, bien des fois il y a des secousses, il y a des mouvements qui ne sont pas exactement des mouvements de la marche : ce sont des mouvements qui nous tirent en arrière.

Cet Évangile poursuit avec une situation spéciale. Le même Pierre qui a confessé Jésus Christ lui dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Je te suis, mais ne parlons pas de Croix. Cela n’a rien à voir. Je te suis avec d’autres possibilités, sans la Croix ; Quand nous marchons sans la Croix, quand nous édifions sans la Croix et quand nous confessons un Christ sans Croix, nous ne sommes pas disciples du Seigneur : nous sommes mondains, nous sommes des Évêques, des Prêtres, des Cardinaux, des Papes, mais pas des disciples du Seigneur.

Je voudrais que tous, après ces jours de grâce, nous ayons le courage, vraiment le courage, de marcher en présence du Seigneur, avec la Croix du Seigneur ; d’édifier l’Église sur le sang du Seigneur, qui est versé sur la Croix ; et de confesser l’unique gloire : le Christ crucifié. Et ainsi l’Église ira de l’avant.

Je souhaite à nous tous que l’Esprit Saint, par la prière de la Vierge, notre Mère, nous accorde cette grâce : marcher, édifier, confesser Jésus Christ crucifié. Qu’il en soit ainsi ! »

Ensuite, la prière des fidèles a invité à prier pour le nouveau Pape comme pour le Pape émérite, « afin qu'il serve l'Église dans le retrait d'une vie de recueillement et de méditation. Elle a également appelé à prier pour tous les responsables de ce monde afin qu'ils n'agissent ni par la force ni par intérêt, qu'ils respectent les gens car tout pouvoir vient de Dieu. Et enfin pour toutes les personnes qui souffrent, sont dans le doute. Puisse le Pasteur suprême les secourir et les consoler en leur accordant la couronne de gloire ».

Après la cérémonie, le Saint-Père a été accompagné par le Préfet de la Maison pontificale jusqu'aux appartements pontificaux.

© V.I.S. – 2013


L’état du Monde et de l’Église

Homélie du Cardinal Joseph RATZINGER à l’ouverture du Conclave de 2005

C’était un peu l’état du monde et de l’Église vu par les cardinaux dont le cardinal doyen, Joseph Ratzinger, avait livré une synthèse, après douze congrégations générales, dans son homélie de ce 18 avril 2005, lors de la messe solennelle « pour l’élection du pontife », « Pro eligendo pontifice », en la basilique Saint-Pierre. Une synthèse sous le signe de la miséricorde avec un commentaire de l’Evangile, à la lumière de la Miséricorde divine. Un texte toujours d’actualité…

(Is 61, 1-3a.6a.8b-9 
Ep 4, 11-16 
Jn 15, 9-17)

En cette heure de grande responsabilité, nous écoutons avec une attention particulière ce que le Seigneur nous dit à travers ses paroles mêmes. Des trois lectures, je ne voudrais choisir que quelques passages qui nous concernent directement dans un moment comme celui-ci.

La première lecture offre un portrait prophétique de la figure du Messie - un portrait qui prend toute sa signification à partir du moment où Jésus lit ce texte dans la synagogue de Nazareth, lorsqu'il dit : « Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles ce passage de l'Écriture » (Lc 4, 21). Au centre de ce texte prophétique, nous trouvons un mot qui - tout au moins à première vue - apparaît contradictoire. Le Messie, en parlant de lui-même, dit qu'il a été envoyé « proclamer une année de grâce de la part de Yahvé et un jour de vengeance pour notre Dieu » (Is 61, 2). Nous écoutons, avec joie, l'annonce de l'année de grâce : la miséricorde divine pose une limite au mal - nous a dit le Saint-Père. Jésus Christ est la miséricorde divine en personne : rencontrer le Christ signifie rencontrer la miséricorde de Dieu. Le mandat du Christ est devenu notre mandat à travers l'onction sacerdotale ; nous sommes appelés à promulguer - non seulement à travers nos paroles mais également notre vie, avec les signes efficaces des sacrements, « l'année de grâce du Seigneur ». Mais que veut dire Isaïe lorsqu'il annonce un « jour de vengeance pour notre Dieu » ? Jésus, à Nazareth, lors de sa lecture du texte prophétique, n'a pas prononcé ces paroles - il a conclu en annonçant l'année de grâce. Peut-être cela a-t-il été le motif du scandale qui a eu lieu après sa prédication ? Nous ne le savons pas. Quoi qu'il en soit, le Seigneur a offert son commentaire authentique à ces paroles avec sa mort sur la croix : « Lui qui, sur le bois, a porté lui-même nos fautes dans son corps... », dit saint Pierre (1 P 2, 24). Et saint Paul écrit aux Galates : « Le Christ nous a rachetés de cette malédiction de la Loi, devenu lui-même malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit quiconque pend au gibet, afin qu'aux païens passe dans le Christ Jésus la bénédiction d'Abraham et que par la foi nous recevions l'Esprit de la promesse » (Ga 3, 13sq).

La miséricorde du Christ n'est pas une grâce à bon marché, elle ne suppose pas la banalisation du mal. Le Christ porte dans son corps et sur son âme tout le poids du mal, toute sa force destructrice. Il brûle et transforme le mal dans la souffrance, dans le feu de son amour qui souffre. Le jour de la vengeance et de l'année de grâce coïncident avec le mystère pascal, dans le Christ mort et ressuscité. Telle est la vengeance de Dieu : lui-même, en la personne du Fils, souffre pour nous. Plus nous sommes touchés par la miséricorde du Seigneur, plus nous devenons solidaires de sa souffrance - et plus nous somme prêts à compléter dans notre chair « ce qu'il manque aux épreuves du Christ » (Col 1, 24).

Passons à la deuxième lecture, à la Lettre aux Ephésiens. Il s'agit ici, en substance, de trois choses : tout d'abord des ministères et des charismes dans l'Église, comme dons du Seigneur ressuscité et monté au ciel ; puis, de la maturation de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, comme condition et contenu de l'unité dans le Corps du Christ; et, enfin, de la participation commune à la croissance du corps du Christ, c'est-à-dire de la transformation du monde dans la communion avec le Seigneur.

Arrêtons-nous sur deux points. Le premier est le chemin vers « la maturité du Christ », c'est ce que dit, en simplifiant un peu, le texte italien. Pour être plus précis, nous devrions parler, selon le texte grec, de la « mesure de la plénitude du Christ », à laquelle nous sommes appelés à arriver pour être réellement adultes dans la foi. Nous ne devrions pas rester des enfants dans la foi, dans un état de minorité. Et en quoi consiste le fait d'être des enfants dans la foi ? Saint Paul répond : « Ainsi nous ne serons plus des enfants, nous ne nous laisserons plus ballotter et emporter à tout vent de la doctrine » (Ep 4, 14). Une description très actuelle !

Combien de vents de la doctrine avons-nous connus au cours des dernières décennies, combien de courants idéologiques, combien de modes de la pensée... La petite barque de la pensée de nombreux chrétiens a été souvent ballottée par ces vagues - jetée d'un extrême à l'autre : du marxisme au libéralisme, jusqu'au libertinisme ; du collectivisme à l'individualisme radical ; de l'athéïsme à un vague mysticisme religieux ; de l'agnosticisme au syncrétisme et ainsi de suite. Chaque jour naissent de nouvelles sectes et se réalise ce que dit saint Paul à propos de l'imposture des hommes, de l'astuce qui tend à les induire en erreur (cf. Ep 4, 14). Posséder une foi claire, selon le Credo de l'Eglise, est souvent défini comme du fondamentalisme. Tandis que le relativisme, c'est-à-dire se laisser entraîner « à tout vent de la doctrine », apparaît comme l'unique attitude à la hauteur de l'époque actuelle. L'on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs.

Nous possédons, en revanche, une autre mesure : le Fils de Dieu, l'homme véritable. C'est lui la mesure du véritable humanisme. Une foi « adulte » ne suit pas les courants de la mode et des dernières nouveautés ; une foi adulte et mûre est une foi profondément enracinée dans l'amitié avec le Christ. C'est cette amitié qui nous ouvre à tout ce qui est bon et qui nous donne le critère permettant de discerner entre le vrai et le faux, entre imposture et vérité. Cette foi adulte doit mûrir en nous, c'est vers cette foi que nous devons guider le troupeau du Christ. Et c'est cette foi, - cette foi seule - qui crée l'unité et qui se réalise dans la charité. Saint Paul nous offre à ce propos - en contraste avec les tribulations incessantes de ceux qui sont comme des enfants ballotés par les flots - une belle parole : faire la vérité dans la charité, comme formule fondamentale de l'existence chrétienne. Dans le Christ, vérité et charité se retrouvent. Dans la mesure où nous nous rapprochons du Christ, la vérité et la charité se confondent aussi dans notre vie. La charité sans vérité serait aveugle ; la vérité sans charité serait comme « cymbale qui retentit » (1 Co 13, 1).

Venons-en à présent à l'Évangile, de la richesse duquel je ne voudrais tirer que deux petites observations. Le Seigneur nous adresse ces paroles merveilleuses : « Je ne vous appelle plus serviteurs... mais je vous appelle amis » (Jn 15, 15). Nous avons parfois le sentiment de n'être - comme il est vrai - que des serviteurs inutiles (cf. Lc 17, 10). Et malgré cela le Seigneur nous appelle amis, fait de nous ses amis, nous donne son amitié. Le Seigneur définit l'amitié d'une double façon. Il n'y a pas de secrets entre amis : le Christ nous dit tout ce qu'il entend du Père ; il nous donne pleinement sa confiance et, avec la confiance, également la connaissance. Il nous révèle son visage, son cœur. Il nous montre sa tendresse pour nous, son amour passionné qui va jusqu'à la folie de la croix. Il nous fait confiance, il nous donne le pouvoir de parler en son nom : « ceci est mon corps... », « je te pardonne... ». Il nous confie son corps, l'Église. Il confie à nos faibles esprits, à nos faibles mains, sa vérité - le mystère du Dieu Père, Fils et Esprit Saint; le mystère du Dieu « qui a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16). Il nous a fait devenir ses amis - et nous, comment répondons-nous à cela ?

Le deuxième élément, avec lequel Jésus définit l'amitié, est la communion des intentions. « Idem velle - idem nolle », était également pour les Romains la définition de l'amitié. « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande » (Jn 15, 14). L'amitié avec le Christ coïncide avec ce qu'exprime la troisième demande du Notre Père : « Que ta volonté sois faite sur la terre comme au ciel ». À l'heure du Géthsémani, Jésus a transformé notre volonté humaine rebelle en volonté conforme et unie à la volonté divine. Il a souffert de tout le drame de notre autonomie - et, précisément en conduisant notre volonté entre les mains de Dieu, il nous donne la liberté véritable : « Pas ma volonté, mais la tienne » (Mt 21, 39). Dans cette communion des volontés se réalise notre rédemption : être amis de Jésus, devenir amis de Dieu. Plus nous aimons Jésus, plus nous le connaissons, plus grandit notre liberté véritable, plus grandit la joie d'être rachetés. Merci Jésus pour ton amitié !

L'autre élément de l'Évangile - dont je voulais parler - est le discours de Jésus sur le fait de porter du fruit : « C'est moi qui vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit » (Jn 15, 16). Apparaît ici le dynamisme de l'existence du chrétien, de l'apôtre : je vous ai constitués pour que vous alliez... Nous devons être animés par une sainte préoccupation : la préoccupation de porter à tous le don de la foi, de l'amitié avec le Christ. En vérité, l'amour, l'amitié de Dieu nous a été donnée pour qu'elle arrive également aux autres. Nous avons reçu la foi pour la donner aux autres - nous sommes des prêtres pour servir les autres. Et nous devons porter un fruit qui demeure. Tous les hommes veulent laisser une trace qui demeure. Mais qu'est-ce qui demeure ? Pas l'argent. Même les constructions ne demeurent pas ; les livres non plus. Après un certain temps, plus ou moins long, toutes ces choses disparaissent. L'unique chose qui reste pour l'éternité est l'âme humaine, l'homme créé par Dieu pour l'éternité. Le fruit qui reste est donc ce que nous avons semé dans les âmes humaines - l'amour, la connaissance; le geste capable de toucher le cœur, la parole qui ouvre l'âme à la joie du Seigneur. Alors, allons et prions le Seigneur, pour qu'il nous aide à porter du fruit, un fruit qui demeure. Ce n'est qu'ainsi  que la terre peut être transformée d'une vallée de larmes en un jardin de Dieu.

Nous revenons enfin, encore une fois, à la Lettre aux Ephésiens. La lettre dit - en reprenant les paroles du Psaume 68 - que le Christ, en montant au ciel, « a donné des dons aux hommes » (Ep 4, 8). Le vainqueur distribue des dons. Et ces dons sont les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les pasteurs et les maîtres. Notre ministère est un don du Christ aux hommes, pour édifier son Corps - le monde nouveau. Nous vivons notre ministère ainsi, comme un don du Christ aux hommes ! Mais en cette heure, en particulier, nous prions avec insistance le Seigneur afin qu'après le grand don du Pape Jean-Paul II, il nous donne à nouveau un pasteur selon son cœur, un pasteur qui nous guide à la connaissance du Christ, à son amour, à la joie véritable. Amen.

Basilique Vaticane - Lundi 18 avril 2005

© Libreria Editrice Vaticana – 2005

Va désormais ne pèche plus !

Commentaire de l’évangile du 5ème Dimanche du Temps de Carême – Année C

Que savons-nous de cette femme dont nous parle l’évangile ? Rien. Est-elle jeune, quel est son nom, son visage ? Rien. Tout ce que nous savons d'elle, c'est qu'elle a été surprise en flagrant délit d'adultère. Elle est le type même de la « femme-objet ». Objet de convoitise, puis objet de mépris, elle devient objet qui va servir à régler une méchante querelle entre pharisiens et Jésus. Elle est comme déjà morte. On ne lui parle pas : tout se passe par-dessus son dos.

Dépités du succès de Jésus, les pharisiens utilisent cette malheureuse pour le coincer. Ils la lui amènent et l'invitent à se prononcer sur son cas : « Dans la Loi, Moïse nous a commandé de lapider celles-là. Toi donc, que dis-tu ? »

Le piège est redoutable. Si Jésus s'associe à la condamnation prescrite par la Loi, il entre en rébellion contre le pouvoir romain qui s’est réservé la peine de mort. Et il contredit, du même coup, son enseignement subversif sur le Dieu de miséricorde. Mais s'il ne le fait pas, il s'oppose à Moïse, l'autorité suprême.

La réponse de Jésus se fait d'abord silence. Tant qu'accusations et malveillances tombent sur la femme, on le voit étrangement occupé à tracer des traits sur le sol. Baissé vers le terre, il évite les yeux injectés de sang de ces hommes surexcités S'il avait commencé par les fixer du regard, c'est leur propre rage qu'ils y auraient lue, reflétée comme dans un miroir. L'affrontement deviendrait inévitable, la lapidation de leur victime et sans doute celle de Jésus aussi. Courbé sur le sable, il attend que se calme la meute. Il dédramatise.

Lorsque enfin le tumulte s'apaise, il se redresse. Sa parole met alors devant leur responsabilité ces assassins en puissance, inconscients du crime qu'ils sont prêts à commettre : « La Loi prescrit de lapider ces femmes-là. Eh bien, que celui d'entre vous qui est sans péché jette la première pierre » (8,7). Puis il reprend ses vagues graffitis dans la poussière. Plutôt que de lancer l'un après l'autre leur pierre, lentement, ils s'en vont, « à commencer par les plus âgés ».

Tous partent ; tous, sauf la femme qui est toujours là. Et lui. « Ils ne restaient plus que deux, écrit superbement saint Augustin, la pécheresse et le sauveur, la malade et le médecin, la misère et la miséricorde ». La femme aurait pu s'enfuir, mais elle reste là. Très doucement, Jésus lui parle. Et sa question est légèrement teintée d'ironie : « Femme, où sont-ils ? Personne ne t'a condamnée ? » - « Pas un, Seigneur ».« Moi non plus, je ne te condamne pas… » (8, 10-11) Si les hommes, au cœur dur, toujours sur le point d'entrer dans la spirale de la violence, ne t'ont pas condamnée, comment le cœur infiniment miséricordieux de Celui qui est sans péché pourrait-il t'accuser ?

« Va, désormais ne pèche plus ». C’est un mot de résurrection. « Voici que je fais un monde nouveau », disait Isaïe. Et saint Paul : « Oubliant ce qui est en arrière, tendu vers l’avenir, je cours vers le but ». Dans un de ses livres1, le romancier Didier Decoin imagine avec humour la réaction de la femme adultère : « Elle était rudement bien trouvée, son histoire de la première pierre. Leur tête aux autres, quand ils ont filé en rasant les murs ! Il les a bien eus, pense-t-elle, si je savais seulement qui il est, il m'aurait pour toujours... »

Avec Dieu, on peut toujours dépasser (pas supprimer !) son passé. J'ai lu tout dernièrement que le terrifiant nazi Seyss-Inquart (responsable parmi des dizaines de milliers d'autres, des meurtres d'Edith Stein et de sa sœur Rosa, d'Etty Hillesum et de toute sa famille), est revenu au catholicisme de son enfance et s'est confessé après sa condamnation prononcée par le tribunal de Nürenberg. Avant de subir la peine capitale, il a dit souhaiter que sa mort puisse servir à la réconciliation des peuples. « Nul n'est trop loin pour Dieu... »

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1 « Jésus, le Dieu qui riait » Stock 1999, page 215-216.

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