PKO 14.07.2013


Dimanche 14 juillet 2013 – XVème Dimanche du Temps ordinaire – Année C

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°40/2013

 En marge de l’actualité

Des casinos pour quoi ?… pour qui ?

        L’Église catholique réaffirme son opposition à l’implantation d’un casino en Polynésie Française et s’élève vigoureusement contre la présentation de sa position telle qu’elle ressort du rapport n°149/CESC du Conseil Économique, Social et culturel (C.E.S.C.) adopté le 28 mai 2013.

       L’Église catholique a été invitée par le C.E.S.C. à exprimer son opinion sur le sujet ; ce qu’elle a fait avec courtoisie mais aussi avec fermeté.

       Or, ne retenant que la courtoisie de l’entretien, le rapport du C.E.S.C. (pages 50 et 51) s’est cru fondé à faire état de ce que « Dans le cadre des rencontres du C.E.S.C. avec les représentants de différentes confessions religieuses locales (dont l’Église catholique), le C.E.S.C. n’a pas manqué de relever qu’à l’exception de celui de l’Église adventiste du 7è jour, aucun n’était farouchement opposé à l’implantation d’un casino en Polynésie Française », et a rajouté « D’autres (dont renvoi fait à l’Église catholique) tiennent une positon plus nuancée : elles ne s’opposent pas aux jeux d’argent en vigueur en Polynésie Française sans pour autant les approuver. Elles s’estiment assez matures pour réfléchir aux réalités d’aujourd’hui ».

       Ce rapport est une présentation déformée de la position de l’Église catholique.

       Justifier l’implantation d’un casino pour remédier au fait que les touristes « s’ennuient à Tahiti », ce dont fait état le rapport du C.E.S.C., est une pseudo-justification : la cause de « l’ennui » est plutôt à rechercher dans l’accueil général des touristes, aujourd’hui plus sensibles à la qualité de l’expérience vécue, à l’animation commerciale et culturelle des villes, à leur sécurité et à un environnement naturel préservé. Nous suggérons au C.E.S.C. d’examiner sérieusement ces pistes d’amélioration de l’expérience touristique qui correspondent aussi à l’amélioration du cadre de vie des polynésiens eux-mêmes.

       Le rapport du C.E.S.C. soutient que « Dans un Etat de droit, les intérêts particuliers peuvent s’opposer à l’intérêt général dans la mesure où ce dernier, au travers de la loi, peut constituer une entrave à la liberté » ; or l’intérêt général doit toujours primer sur les intérêts particuliers, et seules les libertés fondamentales des hommes doivent être respectées par la loi.

       Le jeu (les casinos) ne figure en aucun cas parmi les libertés fondamentales des hommes.

       En réalité, l’implantation d’un casino serait motivée par la recherche d’intérêts particuliers.

       L’attribution de la licence d’exploitation par le gouvernement à un consortium privé donnera certes lieu au paiement d’un droit au profit du Pays. Mais le Pays sera-t-il vraiment gagnant compte tenu des problèmes sociaux et familiaux générés par cette nouvelle activité venant aggraver une situation déjà critique ?

       Le rapport présente cette implantation comme celle d’un « casino destination », c’est-à-dire favorisant le choix de la destination Polynésie pour les touristes. Les chiffres, présentés par les études sur lesquelles s’appuie le rapport du C.E.S.C., conduisent à affirmer que, si l’implantation d’un casino n’est pas défavorable au tourisme, son impact réel est, selon les statistiques métropolitaines, limité à un accroissement de 5% en deux ans du nombre de touristes (suivi d’une stagnation en période normale, mais d’une baisse en période de crise), nombre qui doit être vraisemblablement réduit de 50% compte tenu du coût des transports aériens pour y accéder. L’impact sur le tourisme sera donc très faible (cf. Mémoire professionnel de Matthieu Prevost du 7 juin 2010 cité dans le rapport du C.E.S.C. – nota 50).

       En réalité, le projet n’est pas celui d’un « casino destination », mais plutôt celui d’un « casino local », c’est-à-dire de fait essentiellement à usage des populations locales.

       Or, toutes les études ont montré que les couches les plus modestes de la population fréquentent davantage les casinos que les couches plus aisées.

       L’Église catholique quant à elle est déjà confrontée quotidiennement à des familles victimes des jeux d’argent.

       L’expérience des casinos au Vanuatu et en Nouvelle-Calédonie confirme leur nocivité sur les familles. Inversement, l’expérience réussie du développement touristique dans les îles Hawaii, entres autres, en l’absence de casinos, conforte l’idée selon laquelle ils ne sont pas indispensables au développement économique d’un Pays.

       Soucieuse, non pas de la défense des intérêts particuliers, mais de l’intérêt général que représente la protection des pauvres et des familles modestes, l’Église catholique reste fermement opposée à l’implantation d’un casino en Polynésie.

Elle appelle les chrétiens et les personnes de bonne volonté à s’interroger sur la finalité réelle d’un tel projet en examinant les arguments avancés par le C.E.S.C., et en prenant comme elle la défense des polynésiens les plus vulnérables.

Père Joël AUMERAN

Vicaire Général

Révolution française : Les martyrs d’Angers

Homélie du pape Jean-Paul II à l’occasion de leur béatification

Le 14 juillet, fête nationale de la France est aussi pour les catholiques l’occasion de se souvenir que la Révolution française fût aussi le temps des martyrs de la foi. Une Révolution qui fut aussi une volonté de « tuer » l’Église catholique… une réalité toujours d’actualité pour certains idéologues tel Mr Peillon, ministre de l’Éducation nationale.

Chers Frères et Sœurs,

1. « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? » (Rm 8, 35).

Telle est la question que posait autrefois l’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains. Il avait alors devant les yeux les souffrances et les persécutions de la première génération des disciples, témoins du Christ. Les mots de détresse, d’angoisse, de faim, de dénuement, de danger, de persécution, de supplice, de massacre « comme des moutons d’abattoir » décrivaient des réalités très précises, qui étaient – ou allaient être – l’expérience de beaucoup de ceux qui s’étaient attachés au Christ, ou plutôt qui avaient accueilli dans la foi l’amour du Christ. Lui-même aurait pu énumérer les épreuves qu’il avait déjà subies (2 Co 6, 4-10), en attendant son propre martyre ici, à Rome. Et l’Église aujourd’hui, avec les martyrs du XVIIIème et du XIXème siècle, se demande à son tour : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? ».

Saint Paul s’empresse de donner une réponse certaine a cette question : « Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ Notre Seigneur », rien, ni la mort, ni les forces mystérieuses du monde, ni l’avenir, ni aucune créature (Ro 8, 38-39).

Puisque Dieu a livré son Fils unique pour le monde, puisque ce Fils a donné sa vie pour nous, un tel amour ne se démentira pas. Il est plus fort que tout. Il garde dans la vie éternelle ceux qui ont aimé Dieu au point de donner leur vie pour lui. Les régimes qui persécutent passent. Mais cette gloire des martyrs demeure. « Nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés » (Ibid. 8, 37).

2. C’est la victoire qu’ont remportée les martyrs élevés aujourd’hui à la gloire des autels par la béatification.

Ce sont d’abord les très nombreux martyrs qui, au diocèse d’Angers, au temps de la Révolution française, ont accepté la mort parce qu’ils voulaient, selon le mot de Guillaume Repin, « conserver leur foi et leur religion », fermement attachés à l’Église catholique et romaine ; prêtres, ils refusaient de prêter un serment jugé schismatique, ils ne voulaient pas abandonner leur charge pastorale ; laïcs, ils restaient fidèles à ces prêtres, à la messe célébrée par eux, aux signes de leur culte pour Marie et les saints. Sans doute, dans un contexte de grandes tensions idéologiques, politiques et militaires, on a pu faire peser sur eux des soupçons d’infidélité à la patrie, on les a, dans les « attendus » des sentences, accusés de compromission avec « les forces anti-révolutionnaires » ; il en est d’ailleurs ainsi dans presque toutes les persécutions, d’hier et d’aujourd’hui. Mais pour les hommes et les femmes dont les noms ont été retenus – parmi beaucoup d’autres sans doute également méritants –, ce qu’ils ont répondu aux interrogatoires des tribunaux, ne laisse aucun doute sur leur détermination à rester fidèles – au péril de leur vie – à ce que leur foi exigeait, ni sur le motif profond de leur condamnation, la haine de cette foi que leurs juges méprisaient comme « dévotion insoutenable » et « fanatisme ». Nous demeurons en admiration devant les réponses décisives, calmes, brèves, franches, humbles, qui n’ont rien de provocateur, mais qui sont nettes et fermes sur l’essentiel : la fidélité à l’Église. Ainsi parlent les prêtres, tous guillotinés comme leur vénérable doyen Guillaume Repin, les religieuses qui refusent même de laisser croire qu’elles ont prêté serment, les quatre hommes laïcs : il suffit de citer le témoignage de l’un d’eux (Antoine Fournier) : « Vous souffririez donc la mort pour la défense de votre religion ? » – « Oui ». Ainsi parlent ces quatre-vingts femmes, qu’on ne peut accuser de rébellion armée ! Certaines avaient déjà exprimé auparavant le désir de mourir pour le nom de Jésus plutôt que de renoncer à la religion (Renée Feillatreau).

Véritables chrétiens, ils témoignent aussi par leur refus de haïr leurs bourreaux, par leur pardon leur désir de paix pour tous : « Je n’ai prié le Bon Dieu que pour la paix et l’union de tout le monde » (Marie Cassin). Enfin, leurs derniers moments manifestent la profondeur de leur foi. Certains chantent des hymnes et des psaumes jusqu’au lieu du supplice ; « ils demandent quelques minutes pour faire à Dieu le sacrifice de leur vie, qu’ils faisaient avec tant de ferveur que leurs bourreaux eux-mêmes en étaient étonnés ». Sœur Marie-Anne, Fille de la Charité, réconforte ainsi sa Sœur : « Nous allons avoir le bonheur de voir Dieu, et de le posséder pour toute l’éternité... et nous en serons possédées sans crainte d’en être séparées » (Tèmoignage de l'Abbé Gruget).

Aujourd’hui ces quatre-vingt-dix-neuf martyrs d’Angers sont associés, dans la gloire de la béatification, au premier des leurs, l’Abbé Noël Pinot, béatifié depuis presque 60 ans.

Oui, les paroles de l’Apôtre Paul se vérifient ici avec éclat : « Nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés ».

[…]

6. Cette béatification sera une étape nouvelle pour nous tous, pour l’Église, et en particulier pour les évêques, les prêtres, les religieuses et les fidèles des diocèses de l’ouest de la France auxquels ont appartenu ces bienheureux…. C’est pour tous une joie profonde de savoir auprès de Dieu ceux qui leur sont proches par le sang ou le pays, de pouvoir admirer la foi et le courage de leurs compatriotes et de leurs confrères. Mais ces martyrs nous invitent aussi à penser à la multitude des croyants qui souffrent la persécution aujourd’hui même, à travers le monde, d’une façon cachée, lancinante tout aussi grave, car elle comporte le manque de liberté religieuse, la discrimination, l’impossibilité de se défendre, l’internement, la mort civile, comme je le disais à Lourdes au mois d’août dernier : leur épreuve a bien des points communs avec celle de nos bienheureux. Enfin, nous devons demander pour nous-mêmes le courage de la foi, de la fidélité sans faille à Jésus-Christ, à son Église, au temps de l’épreuve comme dans la vie quotidienne. Notre monde trop souvent indifférent ou ignorant attend des disciples du Christ un témoignage sans équivoque, qui équivaut à lui dire, comme les martyrs célébrés aujourd’hui : Jésus-Christ est vivant ; la prière et l’Eucharistie nous sont essentiels pour vivre de sa vie, la dévotion à Marie nous maintient ses disciples ; notre attachement à l’Église ne fait qu’un avec notre foi ; l’unité fraternelle est le signe par excellence des chrétiens ; la véritable justice, la pureté, l’amour, le pardon et la paix sont les fruits de l’Esprit de Jésus ; l’ardeur missionnaire fait partie de ce témoignage ; nous ne pouvons garder cachée notre lampe allumée.

7. Cette béatification a lieu au cœur de l’année jubilaire de la Rédemption. Ces martyrs illustrent la grâce de la Rédemption qu’ils ont eux-mêmes reçue. Que toute la gloire en soit à Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit ! « Dieu nous te louons… C’est Toi dont témoigne la lignée des martyrs ».

Loué soit Dieu de raviver ainsi l’élan de notre foi, de notre action de grâce, de notre vie ! Aujourd’hui, c’est avec le sang de nos bienheureux que sont écrites pour nous les paroles inspirées de saint Paul : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? Ni la vie, ni la mort… ni le présent, ni l’avenir… ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ Notre Seigneur ! ». Amen.

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Prêtre n’est pas un métier

Discours du pape François lors de la rencontre avec les séminaristes et les novices

Le pape François a rencontré les séminaristes, les novices et les jeunes en cheminement vocationnel, samedi 6 juillet, dans la salle Paul VI du Vatican, dans le cadre du pèlerinage « J’ai confiance en toi » (4-7 juillet 2013), à l’occasion de l’Année de la foi. Dans un long discours à cœur ouvert, le pape a mis en garde contre le danger de « la culture du provisoire » qui empêche de « faire des choix définitifs » et a médité sur les sources de « la vraie joie ».

Bonsoir !

[…]

Mgr Fisichella a dit une parole, et je ne sais pas si c’est vrai, mais je la reprends : il a dit que vous aviez tous le désir de donner pour toujours votre vie au Christ ! Maintenant  vous applaudissez, vous faites la fête, parce que c’est le temps des noces… Mais quand la lune de miel est terminée, que se passe-t-il ? J’ai entendu un séminariste, un bon séminariste, qui disait qu’il voulait servir le Christ, mais pour dix ans, et ensuite, il pensera à commencer une autre vie… C’est dangereux ! Mais écoutez bien : nous tous, nous aussi qui sommes plus âgés, nous aussi, nous sommes soumis à la pression de cette culture du provisoire ; et c’est dangereux parce qu’on ne joue pas sa vie une fois pour toute. Je me marie tant que durera l’amour ; je veux être sœur, mais pour « un petit bout de temps », « un peu de temps » et ensuite je verrai ; je rentre au séminaire pour devenir prêtre, mais je ne sais pas comment finira cette histoire. Cela n’est pas possible avec Jésus ! Je ne vous fais pas de reproches, je fais des reproches à cette culture du provisoire qui nous maltraite tous, parce que cela n’est pas bon pour nous : parce que, aujourd’hui, il est très difficile de faire un choix définitif. À mon époque, c’était plus facile parce que la culture favorisait les choix définitifs, que ce soit dans le mariage, dans la vie consacrée ou sacerdotale. Mais actuellement, ce n’est pas facile de faire un choix définitif. Nous sommes victimes de cette culture du provisoire. Je voudrais que vous réfléchissiez à cela : comment puis-je être libre par rapport à cette culture du provisoire ? Nous devons apprendre à fermer la porte de notre cellule intérieure, de l’intérieur. Il y avait un prêtre, un bon prêtre, qui ne trouvait pas qu’il était un bon prêtre parce qu’il était humble, il se sentait pêcheur et il priait beaucoup la Vierge, et il disait ceci à la Vierge Marie, je vais le dire en espagnol, parce que c’était une très belle poésie. Il disait à la Vierge Marie que jamais, jamais il ne s’éloignerait de Jésus et il disait ceci : « Esta tarde, Senora, la promesa es sincera. Por las dudas, no olvide dejar la llave afuera » (« Ce soir, Notre Dame, ma promesse est sincère. Mais pour parer à toute éventualité, n’oublie pas de laisser la clé dehors »). Mais on peut dire cela en pensant à l’amour de la Vierge Marie, on peut le dire à Marie. Mais si on laisse toujours la clé dehors, pour le cas où… cela ne va pas. Nous devons apprendre à fermer la porte de l’intérieur ! Et si je ne suis pas sûr, si je ne suis pas sûre, je réfléchis, je prends le temps, et quand je me sens sûr – c’est-à-dire, en Jésus, parce que sans Jésus, personne n’est sûr ! – quand je me sens sûr, je ferme la porte. Vous avez compris cela ? Ce qu’est la culture du provisoire ?

Quand je suis rentré, j’ai regardé ce que j’avais écrit. Je voulais vous dire un mot et ce mot, c’est la joie. Là où sont les consacrés, les séminaristes, les religieuses et les religieux, il y a de la joie, il y a toujours de la joie ! C’est la joie de la fraîcheur, c’est la joie de suivre Jésus ; la joie que nous donne l’Esprit-Saint, pas la joie du monde. Il y a de la joie ! Mais où naît la joie ? Elle naît… samedi soir je rentre à la maison et j’irai danser avec mes vieux amis ? C’est de là que naît la joie ? Pour un séminariste, par exemple ? Non ? ou oui ?

Certains diront : la joie naît des choses que l’on possède et alors, nous voilà à la recherche du dernier modèle de smartphone, du scooter le plus rapide, de la voiture qui se fera remarquer… Mais je vous dis, vraiment, cela me fait mal quand je vois un prêtre ou une sœur avec la voiture dernier cri : mais ce n’est pas possible ! Ce n’est pas possible ! Alors vous vous demandez : mais maintenant, Père, il faut que nous nous déplacions en bicyclette ? C’est bien la bicyclette ! MgrAlfred circule en bicyclette ; lui, il va à vélo. Je crois que la voiture est nécessaire, parce qu’il faut beaucoup travailler et pour se déplacer là-bas… mais prenez-en une plus humble ! Et si tu aimes cette belle voiture,  pensez à tous ces enfants qui meurent de faim. Rien que cela ! La joie ne naît pas, ne vient pas de ce que l’on possède ! D’autres disent que cela vient des expériences les plus extrêmes pour éprouver la griserie des sensations fortes : la jeunesse aime être sur le fil du rasoir, elle aime vraiment cela ! Pour d’autres encore cela vient des vêtements les plus à la mode, des distractions dans les lieux les plus en vogue, mais quand je dis cela, je ne dis pas que les sœurs vont dans ces lieux, je parle des jeunes en général. D’autres encore diront du succès auprès des filles ou des garçons, en passant peut-être de l’une à l’autre ou de l’un à l’autre. Ça, c’est l’insécurité de l’amour, qui n’est pas sûr : c’est l’amour « à l’essai ». Et on pourrait continuer… Vous aussi, vous vous trouvez au contact de cette réalité que vous ne pouvez pas ignorer.

Nous savons que tout ceci peut satisfaire un certain désir, créer une certaine émotion, mais à la fin, c’est une joie qui reste à la surface, qui ne descend pas dans l’intime, ce n’est pas une joie intime : c’est l’ivresse d’un moment qui ne rend pas vraiment heureux. La joie n’est pas l’ivresse d’un moment : c’est autre chose ! La vraie joie ne vient pas des choses, du fait que l’on possède, non ! Elle naît de la rencontre, de la relation avec les autres, elle naît du fait de se sentir accepté, compris, aimé, et du fait d’accepter, de comprendre et d’aimer ; et ceci non pas pour un moment, mais parce que l’autre est une personne. La joie naît de la gratuité d’une rencontre ! C’est de s’entendre dire : « Tu es important pour moi », pas nécessairement avec des paroles. C’est beau… Et c’est précisément cela que Dieu nous fait comprendre. En vous appelant, Dieu vous dit : « Tu es important pour moi, je t’aime, je compte sur toi ». Jésus dit ceci à chacun de nous ! C’est de là que naît la joie ! La joie du moment où Dieu m’a regardé. Comprendre et sentir cela, voilà le secret de notre joie. Se sentir aimé de Dieu, sentir que pour lui nous ne sommes pas des numéros mais des personnes ; et sentir que c’est lui qui nous appelle. Devenir prêtre, religieux, religieuse n’est pas d’abord notre choix. Je n’ai pas confiance en ce séminariste, cette novice, qui dit : « J’ai choisi cette voie ». Cela ne me plait pas ! Cela ne va pas ! Mais c’est la réponse à un appel et à un appel d’amour. Je sens quelque chose à l’intérieur, qui me trouble, et je réponds oui. Dans la prière, le Seigneur nous fait sentir cet amour, mais aussi à travers tous les signes que nous pouvons lire dans notre vie, toutes les personnes qu’il met sur notre chemin. Et la joie de la rencontre avec lui et de son appel pousse à ne pas se renfermer, mais à s’ouvrir ; elle nous pousse au service dans l’Église. Saint Thomas disait « bonum est diffusivum sui », ce n’est pas du latin trop difficile ! Le bien se diffuse. Et la joie aussi se diffuse. N’ayez pas peur de montrer votre joie d’avoir répondu à l’appel du Seigneur, à son choix d’amour, et de témoigner de son Évangile à travers le service de l’Église. Et la joie, la vraie, est contagieuse ; elle contamine… elle fait avancer. En revanche, quand tu te trouves avec un séminariste trop sérieux, trop triste, ou avec une novice comme ça, tu penses : mais il y a quelque chose qui ne va pas ! Il manque la joie du Seigneur, la joie qui te pousse au service, la joie de la rencontre avec Jésus, qui te pousse à la rencontre des autres pour annoncer Jésus. Il manque cela ! Il n’y a pas de sainteté dans la tristesse, il n’y en a pas ! Sainte Thérèse – il y a beaucoup d’Espagnols ici qui la connaissent bien – disait : « Un saint triste est un triste saint ! ». C’est peu de chose… Quand tu trouves un séminariste, un prêtre, une sœur, une novice, qui tire une tête longue, triste, qui donne l’impression qu’on a jeté sur sa vie une couverture bien trempée, de ces couvertures pesantes… qui te tirent vers le bas… Il y a quelque chose qui ne va pas ! Alors s’il vous plait : jamais de sœurs, jamais de prêtres avec une tête de « piment au vinaigre », jamais ! La joie qui vient de Jésus. Pensez à cela : quand un prêtre, - je dis un prêtre, mais ça pourrait aussi être un séminariste – quand un prêtre, une sœur, n’a pas la joie, qu’il ou elle est triste, vous pouvez penser : « Mais c’est un problème psychique ». Non, c’est vrai : c’est possible, c’est possible, c’est vrai. Cela peut arriver, certaines personnes, les pauvres, qui sont malades… Cela existe. Mais en général, ce n’est pas un problème psychique. C’est un problème d’insatisfaction ? Et, oui ! Mais où est le cœur de cette absence de joie ? C’est un problème de célibat. Je vous explique. Vous autres, séminaristes, sœurs, vous consacrez votre amour à Jésus, un grand amour, notre cœur est pour Jésus et cela nous pousse à faire le vœu de chasteté, le vœu de célibat. Mais le vœu de chasteté, le vœu de célibat ne se termine pas au moment du vœu, il continue… Une route qui mûrit, qui mûrit, qui mûrit jusqu’à la paternité pastorale, la maternité pastorale, et quand un prêtre n’est pas père de sa communauté, quand une sœur n’est pas mère de tous ceux avec lesquelles elle travaille, ils deviennent tristes. Voilà le problème. C’est pourquoi je vous le dis : la racine de la tristesse dans la vie pastorale se trouve justement dans l’absence de paternité et de maternité qui vient de ce que l’on vit mal sa consécration, qui doit au contraire nous amener à la fécondité. On ne peut pas imaginer un prêtre ou une sœur qui ne soient pas féconds : ce n’est pas catholique ! Ce n’est pas catholique ! C’est cela la beauté de la consécration, c’est la joie, la joie…

Mais je ne voudrais pas faire rougir cette sainte sœur [il s’adresse à une sœur âgée au premier rang] qui était devant près de la barrière, la pauvre, elle était carrément étouffée, mais elle avait un visage heureux. Cela m’a fait du bien de regarder votre visage, ma sœur ! Vous avez peut-être de longues années de vie consacrée, mais vous avez de beaux yeux, je vous voyais sourire sans vous plaindre d’être écrasée… Quand vous trouvez des exemples comme celui-ci, tant et tant de sœurs, tant de prêtres qui sont joyeux, c’est parce qu’ils sont féconds, ils donnent la vie, la vie, la vie… Cette vie, ils la donnent parce qu’ils la trouvent en Jésus ! Dans la joie de Jésus ! La joie, pas de tristesse, la fécondité pastorale.

Pour être des témoins joyeux de l’Évangile, il faut être authentiques, cohérents. Et voilà un  autre mot dont je voulais vous parler : l’authenticité. Jésus se battait beaucoup contre les hypocrites : hypocrites, ceux qui pensent en-dessous ; ceux qui ont, pour dire les choses clairement, un double langage. Parler d’authenticité aux jeunes n’est pas compliqué parce que les jeunes, tous, ont cette envie d’être authentiques, d’être cohérents. Et cela vous dégoûte tous, quand vous trouvez parmi nous des prêtres qui ne sont pas authentiques ou des sœurs qui ne sont pas authentiques. Cela, c’est de la responsabilité avant tout des adultes, des formateurs. De vous, les formateurs qui êtes ici : donner un exemple de cohérence aux plus jeunes. Nous voulons des jeunes cohérents ? Soyons cohérents nous-mêmes ! Sinon, le Seigneur nous dira ce qu’il disait des pharisiens au peuple de Dieu : « Faites ce qu’ils disent, mais pas ce qu’ils font ! ». Cohérence et authenticité !

Mais vous aussi, à votre tour, cherchez à suivre cette route. Je dis toujours ce qu’affirmait saint François d’Assise : Le Christ nous a envoyé annoncer l’Évangile y compris par la parole. La phrase est celle-ci : « Annoncez toujours l’Évangile. Et, si nécessaire, par la parole ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Annoncer l’Évangile par l’authenticité de vie, par la cohérence de vie. Mais dans ce monde à qui la richesse fait tant de mal, il est nécessaire que nous autres, prêtres, nous autres sœurs, que nous tous, nous soyons cohérents avec notre pauvreté ! Mais quand tu trouves que le premier intérêt d’une institution éducative ou paroissiale ou n’importe  quelle autre institution, est l’argent, cela ne fait pas de bien. Cela ne fait pas de bien ! C’est une incohérence ! Nous devons être cohérents, authentiques. Sur ce chemin, nous faisons ce que dit saint François : nous prêchons l’Évangile par l’exemple, et ensuite par la parole ! Mais avant tout c’est dans notre vie que les autres doivent pouvoir lire l’Évangile ! Là aussi sans crainte, avec nos défauts que nous cherchons à corriger, avec nos limites que le Seigneur connaît mais aussi avec notre générosité à le laisser agir en nous. Les défauts, les limites et, j’en rajoute un peu, avec les péchés… Je voudrais savoir quelque chose : ici, dans cette salle, y a-t-il quelqu’un qui ne soit pas pécheur, qui n’ait pas de péchés ? Qu’il lève la main ! Qu’il lève la main ! Personne. Personne. D’ici jusqu’au fond… tous ! Mais comment est-ce que je porte mon péché, mes péchés ?

Je voudrais vous donner un conseil : soyez transparents avec votre confesseur. Toujours. Dites tout, n’ayez pas peur. « Père, j’ai péché ». Pensez à la Samaritaine qui, pour prouver, pour dire à ses concitoyens qu’elle avait trouvé le Messie, a dit : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait », et ils connaissaient tous la vie de cette femme. Toujours dire la vérité à son confesseur. Cette transparence fera du bien, parce qu’elle nous rend humbles, tous. « Mais Père, je suis resté là-dedans, j’ai fait ceci, j’ai détesté »… peu importe de quoi il s’agit. Dire la vérité, sans cacher, sans demi-paroles, parce que tu parles avec Jésus dans la personne du confesseur. Et Jésus sait la vérité. Lui seul te pardonne toujours ! Mais le Seigneur veut seulement que tu lui dises ce qu’il sait déjà. La transparence ! C’est triste quand on trouve un séminariste, une sœur qui se confesse aujourd’hui pour effacer la tache et demain il ou elle va voir l’un, l’autre et encore un autre : une pérégrination d’un confesseur à l’autre pour se cacher sa vérité. La transparence ! C’est Jésus qui t’écoute. Ayez toujours cette transparence devant Jésus présent dans le confesseur ! Mais c’est une grâce. Père, j’ai péché, j’ai fait ceci, ceci, cela… avec tous les mots. Et le Seigneur te serre dans ses bras, il t’embrasse ! Va, et ne pêche plus ! Et si tu reviens ? Encore une fois. Je dis cela par expérience, j’ai croisé tant de personnes consacrées qui tombent dans ce piège hypocrite du manque de transparence. « J’ai fait ceci », humblement. Comme le publicain qui se trouvait au fond du temple : « J’ai fait ceci, j’ai fait ceci… ». Et le Seigneur te fait taire ; c’est lui qui te fait taire ! Ce n’est pas à toi de le faire ! Vous avez compris ? De notre péché, la grâce surabonde ! Ouvrez la porte à la grâce, avec cette transparence ! Les saints et les maîtres de vie spirituelle nous disent que pour nous aider à faire grandir notre vie en authenticité, la pratique de l’examen de conscience est très utile, et même indispensable. Que se passe-t-il dans mon âme ? Comme ça, ouvert, avec le Seigneur, puis avec le confesseur, avec le père spirituel. C’est tellement important, cela !

Jusqu’à quelle heure avons-nous du temps, Mgr Fisichella ? « Si vous parlez comme cela, nous, nous sommes là jusqu’à demain, vraiment ! »

Mais il dit jusqu’à demain… Il faut qu’il vous apporte au moins un sandwich et un Coca Cola si c’est jusqu’à demain…

La cohérence est fondamentale pour que notre témoignage soit crédible. Mais cela ne suffit pas, il faut aussi une préparation culturelle, je souligne, une préparation culturelle, pour donner les raisons de notre foi et de notre espérance. Le contexte dans lequel nous vivons nous sollicite constamment à « rendre compte des raisons » et c’est une bonne chose parce que cela nous aide à ne rien considérer comme acquis. Aujourd’hui, nous ne pouvons rien considérer comme acquis. Cette civilisation, cette culture… nous ne pouvons pas. Mais il est certain que c’est exigeant, cela demande une bonne formation, équilibrée, qui unisse toutes les dimensions de la vie, humaine, spirituelle, la dimension intellectuelle avec la dimension pastorale. Dans votre formation, il y a quatre piliers fondamentaux : la formation spirituelle, c’est-à-dire la vie spirituelle ; la vie intellectuelle, ces études afin de « rendre compte » ; la vie apostolique, commencer à aller annoncer l’Évangile ; et quatrièmement, la vie communautaire. Quatre. Et pour cette dernière, il est nécessaire que la formation se fasse en communauté au noviciat, au prieuré, dans les séminaires… Je pense toujours à cela : le pire des séminaires est mieux que pas de séminaire ! Pourquoi ? Parce que cette vie communautaire est nécessaire. Souvenez-vous des quatre piliers : vie spirituelle, vie intellectuelle, vie apostolique et vie communautaire. Il y en a quatre. C’est sur ces quatre piliers que vous devez édifier votre vocation. Et je voudrais ici souligner l’importance, dans cette vie communautaire, des relations d’amitié et de fraternité qui font partie intégrante de cette formation. Nous abordons un autre problème ici. Pourquoi est-ce que je dis cela : les relations d’amitié et de fraternité. Si souvent, j’ai trouvé des communautés, des séminaristes, des religieux ou des communautés diocésaines où les conversations les plus communes sont les “commérages” ! C’est terrible ! Ils « se font la peau » entre eux… Et ça, c’est notre monde clérical, religieux… Excusez-moi, mais c’est courant : jalousies, envies, mal parler de l’autre. Pas seulement mal parler des supérieurs, ça, c’est un classique ! Mais je veux vous dire que c’est si fréquent, si fréquent. Moi aussi je suis tombé dedans. Je l’ai fait si souvent, si souvent ! Et j’ai honte ! J’en ai honte ! Ce n’est pas bien de faire cela : aller cancaner. « J’ai entendu… J’ai entendu… ». Mais c’est l’enfer, cette communauté ! Cela ne fait pas de bien. Et c’est pour cela que la relation d’amitié et de fraternité est importante. Les amis sont peu nombreux. La Bible dit ceci : « les amis, un, deux… Mais la fraternité, entre tous ». Si j’ai quelque chose vis-à-vis d’une sœur ou d’un frère, je le lui dis en face, et je le dis à la personne qui peut aider, mais je ne le dis pas aux autres pour « le salir ». Et les cancans, c’est terrible ! Derrière les cancans, sous les cancans, il y a les envies, les jalousies, les ambitions. Pensez-y. Une fois, j’ai entendu dire d’une personne qu’après les exercices spirituels – une personne consacrée, une sœur… Ça, c’est bien ! Cette sœur avait promis au Seigneur de ne jamais dire du mal d’une autre. Ça, c’est un beau chemin, un beau chemin vers la sainteté ! Ne jamais dire du mal des autres. « Mais, Père, il y a des problèmes… ». Dis-le au supérieur, dis-le à la supérieure, dis-le à l’évêque, qui peut trouver une solution. Ne le dis pas à celui que cela ne peut pas aider. C’est important : la fraternité ! Mais dis-moi, tu diras du mal de ta maman, de ton papa, de tes frères ? Jamais. Et pourquoi le fais-tu dans la vie consacrée, au séminaire, dans la vie entre prêtres ? Rien que cela : réfléchissez, réfléchissez… La fraternité ! Cet amour fraternel.

Mais il y a deux extrêmes : dans cet aspect de l’amitié et de la fraternité, il y a deux extrêmes : d’un côté l’isolement, de l’autre la dissipation. Une amitié et une fraternité qui m’aident à ne tomber ni dans l’isolement ni dans la dissipation. Cultiver les amitiés, elles sont un bien précieux : mais elles doivent vous éduquer non pas à la fermeture, mais à sortir de vous-mêmes. Un prêtre, un religieux, une religieuse ne peut jamais être une île, mais une personne toujours disponible pour la rencontre. Les amitiés s’enrichissent ensuite des divers charismes de vos familles religieuses. C’est une grande richesse. Pensons aux belles amitiés de tant de saints. Je crois que je dois couper un peu, parce que vous êtes très patients !

[Les séminaristes : « Non !!!! »]

Je voudrais vous dire ceci : sortez de vous-mêmes pour annoncer l’Évangile, mais pour faire cela, vous devez sortir de vous-mêmes pour rencontrer Jésus. Il y a deux sorties : l’une vers la rencontre de Jésus, vers la transcendance ; l’autre vers les autres pour annoncer Jésus. Elles vont ensemble. Si tu n’en prends qu’une, cela ne va pas ! Je pense à Mère Teresa de Calcutta. Elle était courageuse, cette sœur… Elle n’avait peur de rien, elle allait dans les rues… Mais cette femme n’avait pas peur non plus de s’agenouiller, pendant deux heures, devant le Seigneur. N’ayez pas peur de sortir de vous-mêmes dans la prière et dans l’action pastorale. Ayez le courage de prier et d’aller annoncer l’Évangile.

Je voudrais une Église plus missionnaire, moins tranquille. Cette belle Église qui va de l’avant. Ces jours-ci, de nombreux missionnaires sont venus à la messe du matin, ici à Sainte-Marthe, et quand ils me saluaient, ils me disaient : « Je suis une sœur âgée, il y a quarante ans que je suis au Tchad, que je suis ici, que je suis là… ». Comme c’est beau ! Mais tu comprenais que cette sœur a passé ces années de cette façon parce qu’elle n’a jamais cessé de rencontrer Jésus dans la prière. Sortir de soi, aller à Jésus vers la transcendance, dans la prière, aller aux autres vers la transcendance, dans l’apostolat, dans le travail. Apporter votre contribution à une telle Église : fidèles à la route que veut Jésus. N’apprenez pas de nous, de nous qui ne sommes plus très jeunes, n’apprenez pas de nous ce sport que nous, les vieux, nous avons souvent pratiqué : le sport des lamentations ! N’apprenez pas de nous le culte de la « déesse La plainte ». C’est une déesse, celle-là, toujours en train de se plaindre… Mais soyez positifs, cultivez la vie spirituelle et, en même temps, allez, soyez capables de rencontrer les personnes, surtout celles qui sont le plus méprisées et désavantagées. N’ayez pas peur de sortir et d’aller à contre-courant. Soyez des contemplatifs et des missionnaires. Gardez toujours la Vierge Marie avec vous, priez le chapelet, s’il vous plait… ne l’abandonnez pas ! Gardez toujours la Vierge avec vous, chez vous, comme le faisait l’apôtre Jean. Qu’elle vous accompagne et vous protège toujours. Et priez aussi pour moi, parce que moi aussi j’ai besoin de prières, parce que je suis un pauvre pécheur, mais avançons !

Merci beaucoup. Nous nous reverrons demain. Avancez, dans la joie, la cohérence, avec toujours le courage de dire la vérité, le courage de sortir de soi pour rencontrer Jésus dans la prière et de sortir de soi pour rencontrer les autres et leur donner l’Évangile. Avec la fécondité pastorale ! S’il vous plait, ne soyez pas des « vieilles filles » et des « vieux garçons ». Avancez !

Maintenant, Mgr Fisichella me disait qu’hier vous avez récité le Credo, chacun dans sa langue. Mais nous sommes tous frères, nous avons un même Père. Maintenant, que chacun dans sa langue récite le Notre Père. Récitons le Notre Père [Récitation du Notre Père].

Et nous avons aussi une mère. Chacun dans sa langue, disons le Je vous salue Marie [Récitation du Je vous salue Marie].

© Copyright 2013 – Libreria Editrice Vaticana

Être proche de l’étranger !

Commentaire de l’Évangile du XVème Dimanche du Temps ordinaire

Faut-il accuser les gens qui font de l’auto-stop ? C’est peut-être ce qu’avait fait cet homme, embarquant quelqu’un sur son âne. Il était facile, sur cette route aux nombreux lacets, de cacher des complices et de dépouiller le voyageur de son argent, de son sac et de sa monture, en le laissant à moitié mort sur le bas-côté de la route.

Deux surprises...

Première surprise : un prêtre, puis un lévite arrivent, voient le blessé, et passent leur chemin. Les prêtres aujourd’hui n’auraient pas le temps de s’arrêter. Ceux-là n’avaient pas le cœur de risquer une souillure légale qui leur aurait compliqué la vie.

Deuxième surprise : voici un Samaritain, un hérétique, un faux-frère et ennemi juré des juifs, qui, lui, s’arrête auprès de l’homme tombé aux mains des brigands. Jésus sera traité de Samaritain et de possédé quand il reprochera aux pharisiens de ne pas écouter la Parole de Dieu. « La Parole de Dieu, elle n’est pas loin de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur » nous dit le Deutéronome. Et le prophète Michée répond à celui qui entre au temple en demandant quel sacrifice il doit offrir : « Rien d’autre que de pratiquer la justice, d’aimer la miséricorde et de marcher humblement avec ton Dieu ».

Le Samaritain n’hésite pas à s’approcher du blessé, à le soigner, à le charger sur son âne, à le conduire dans une auberge et à payer tous les frais. Aucune loi ne peut y contraindre. Seul l’amour gratuit explique ce comportement. C’est cela que Jésus cherche à faire comprendre au docteur de la Loi, qui cherche la vie éternelle. Il n’y a pas d’autres chemins que l’amour, quels qu’en soient les risques...

À la suite des Pères de l’Église, ne pouvons-nous pas découvrir, dans ce Samaritain généreux, Jésus lui-même qui a pris le risque de venir  à la rencontre de l’humanité blessée, de la prendre sur ses épaules comme une croix, de la soigner et de payer les frais de sa guérison ?

... et deux questions

En écoutant cela, deux questions peuvent être posées. La première concerne les prêtres et les lévites de mon Église : comment, vis-à-vis des blessés de la vie, exclus et rejetés de toutes sortes, manifestons-nous la miséricorde de Dieu ?

La seconde nous concerne tous durant ce temps d’été. Comment pouvons-nous être proches de ceux qu’on appelle « les étrangers », qu’ils viennent chez nous en vacances ou que nous allions chez eux ? Sachons nous rendre proches et amicaux.

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