PKO 14.04.2013
Dimanche 14 avril 2013 – 3ème Dimanche de Pâques – Année C
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°26/2013
HUMEURS
Avis de décès
« Les familles Réflexion, Sagesse et Intelligence… ont la douleur de vous faire part du décès de Monsieur Bon Sens, âgé de plusieurs millénaires, après une pathétique et longue agonie. Son corps est exposé à la chapelle mortuaire du SEFI… Une prière aura lieu quartier des Espérances déçues. L’inhumation suivra au cimetière des Désillusions… »
Les circonstances de ce décès
Un jeune homme est inscrit à une formation de boulanger dans le cadre des stages proposés par le SEFI. Dans le cadre de cette formation il doit faire un STEP (Stage d’Insertion Professionnel). Le jeune homme se met en quête d’une boulangerie acceptant de l’accueillir. Il en trouve une ! Les horaires du stage proposé correspondent à la logique du fonctionnement des boulangeries… et de notre désir d’avoir du pain frais au petit déjeuner : 23h à 6h du matin ! Mais voilà… un règlement, le code du travail… stipule que les STEP doivent se faire entre 6h du matin et 21h… Notre stagiaire demande une dérogation… : « Compte tenu de la nature des horaires proposés par l’organisme d’accueil (de 23h à 6h du matin) je suis au regret de vous confirmer que nous ne pouvons donner suite à votre demande de STEP » (Courrier n°…/MEF/SEFI/DIR/PN/nb)
Souhaitons qu’il n’y ait jamais de STEP pour veilleur de nuit dans le cadre du SEFI… imaginez un stage de veilleur de nuit en plein jour. La supériorité de l’Évangile sur la fonction publique réside certainement dans ce verset : « Le sabbat a été fait pour l’homme, non pas l’homme pour le sabbat » (Mc 2, 27).
Les gardiens du Temple de notre société, bien au frais dans leurs bureaux climatisés pourraient peut-être s’inspirer de la loi de l’Église : le Droit canon… 1752 lois constituent ce Code qui se termine par : « … sans perdre de vue le salut des âmes qui doit toujours être dans l’Église la loi suprême » !
Morale de l’histoire : Si la climatisation a des conséquences sur le réchauffement de la planète… elle semble aussi être la cause du gèle des cerveaux !
En marge de l’actualité
Il y a 50 ans : Pacem in Terris (11 avril 1963)
Le 11 avril 1963 Sa Sainteté Jean XXIII publiait Pacem in Terris, une encyclique dont la résonance se fait encore sentir cinquante ans après.
Alors que le monde était plongé dans un profond désordre, résultat de deux grands conflits mondiaux ; alors que depuis deux ans était érigé « le mur de Berlin » et que, six mois auparavant, la menace nucléaire était déclenchée par l'affaire des missiles de Cuba ; Jean XXIII ouvrait une fenêtre sur l'espérance. Non, la Paix n'était pas impossible, car « toutes les populations de la terre aspirent à vivre en sécurité, dans la justice et dans l'espérance en l'avenir ».
Avec clairvoyance Jean XXIII, lisant « les signes des temps », identifiait les conditions essentielles de la paix, à savoir les quatre exigences précises de l'esprit humain : la vérité, la justice, l'amour et la liberté (cf. Pacem in Terris ch.I). Cet enseignement social de l'Église lie la Paix, le respect des droits de l'Homme et les devoirs qui en résultent. C'est ce que le concile Vatican II reprendra et développera dans la constitution pastorale Gaudium et spes (en 1965).
En 1967, Paul VI, après avoir créé la Commission pontificale Justice et Paix, affirmera dans l'encyclique Populorum progressio le lien étroit entre la Paix, la promotion de l'homme et le développement des pays les moins favorisés.
Le Bienheureux Jean-Paul II poursuivra cette œuvre en se faisant ardent défenseur de la Paix, du Développement et des droits humains. Les encycliques de Benoît XVI prolongent cet enseignement social de l'Église.
Le travail en faveur de la Paix est loin d'être achevé. Jean XXIII insistait pour que tous les catholiques participent activement à la gestion des affaires publiques : « Nous leur demandons de contribuer à promouvoir le bien commun de toute la famille humaine ainsi que de leur propre pays. Éclairés par leur foi et mus par la charité, ils s'efforceront aussi d'obtenir que les institutions relatives à la vie économique, sociale, culturelle ou politique ne mettent pas d'entrave, mais, au contraire, apportent une aide à l'effort de perfectionnement des hommes, tant au plan naturel qu'au plan surnaturel ».
La voie du progrès véritable ne peut passer que par la personne humaine. Mettre la personne humaine, sujet de droit et de devoir, au centre de toutes nos réflexions, est l'enseignement fondamental de Pacem in Terris.
Dominique SOUPÉ - Chancelier
Chaque jour se laisser transformer par le Christ
Catéchèse du Pape François du mercredi 10 avril 2013
« Chaque jour, nous devons laisser le Christ nous transformer à son image », explique le pape François dans cette catéchèse dans le cadre de l’Année de la foi, ce mercredi 10 avril 2013, place Saint-Pierre.
Chers frères et sœurs, bonjour !
Dans notre dernière catéchèse, nous nous sommes arrêtés sur l’événement de la résurrection de Jésus, où les femmes ont joué un rôle particulier. Aujourd’hui, je voudrais réfléchir sur la portée salvifique de cet événement. Que signifie la résurrection pour notre vie ? Et pourquoi, sans elle, notre foi est-elle vaine ?
Notre foi est fondée sur la mort et la résurrection du Christ, exactement comme une maison est posée sur ses fondations : si celles-ci cèdent, toute la maison s’écroule. Sur la croix, Jésus s’est offert lui-même en prenant sur lui nos péchés et en descendant dans l’abîme de la mort, et il les a vaincus dans sa résurrection, il les a effacés et il nous ouvre la route pour renaître à une vie nouvelle. Saint Pierre exprime ceci de manière synthétique au commencement de sa Première lettre, comme nous l’avons entendu : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ : dans sa grande miséricorde, il nous a engendrés de nouveau par la résurrection de Jésus Christ d'entre les morts, pour une vivante espérance, pour un héritage exempt de corruption, de souillure, de flétrissure » (1, 3-4).
L’apôtre nous dit que, avec la résurrection de Jésus, quelque chose d’absolument nouveau se produit : nous sommes libérés de l’esclavage du péché et nous devenons enfants de Dieu, c’est-à-dire que nous sommes engendrés à une vie nouvelle. Quand cela se réalise-t-il pour nous ? Dans le sacrement du baptême. Dans les temps anciens, on le recevait normalement par immersion. Celui qui devait être baptisé descendait dans la grande vasque du baptistère, en laissant ses vêtements, et l’évêque ou le prêtre lui versait trois fois de l’eau sur la tête, le baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Puis le baptisé sortait de la vasque et revêtait le nouveau vêtement, qui était blanc : cela signifiait qu’il était né à une vie nouvelle, en s’immergeant dans la mort et la résurrection du Christ. Il était devenu enfant de Dieu. Dans la Lettre aux Romains, saint Paul écrit : « Vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba ! Père ! » (Rm 8, 15). C’est précisément l’Esprit que nous avons reçu au baptême qui nous enseigne, qui nous pousse, à dire à Dieu « Père », ou mieux, « Abba ! », qui signifie « papa ». Notre Dieu est ainsi : c’est un papa pour nous. L’Esprit-Saint réalise en nous cette nouvelle condition d’enfants de Dieu. Et ceci est le plus grand don que nous recevions à travers le mystère pascal de Jésus. Et Dieu nous traite comme ses enfants, il nous comprend, nous pardonne, nous embrasse et nous aime, même quand nous faisons des erreurs. Dans l’Ancien Testament, déjà, le prophète Isaïe affirmait que, même si une mère oubliait son enfant, Dieu ne nous oublierait jamais, à aucun moment (cf. 49, 15). Et c’est beau, cela !
Pourtant, cette relation filiale avec Dieu n’est pas comme un trésor que nous conservons dans un coin de notre vie, mais elle doit grandir, elle doit être nourrie chaque jour par l’écoute de la Parole de Dieu, la prière, la participation aux sacrements, en particulier ceux de la pénitence et de l’Eucharistie, et la charité. Nous pouvons vivre comme des enfants ! Et c’est cela notre dignité. Nous avons la dignité d’enfants. Se comporter comme des enfants véritables ! Cela veut dire que chaque jour, nous devons laisser le Christ nous transformer à son image ; cela signifie chercher à vivre en chrétiens, essayer de le suivre, même si nous voyons nos limites et nos faiblesses. La tentation de laisser Dieu de côté, pour nous mettre nous-mêmes au centre, nous guette toujours et l’expérience du péché blesse notre vie chrétienne, notre être d’enfant de Dieu. C’est pourquoi nous devons avoir le courage de la foi, ne pas nous laisser mener par un état d’esprit qui nous dit « Dieu ne sert à rien, il n’est pas important pour toi », etc. C’est exactement le contraire : c’est seulement en nous comportant en enfants de Dieu, sans nous laisser décourager par nos chutes, nos péchés, en nous sentant aimés par lui, que notre vie sera nouvelle, animée par la sérénité et par la joie. Dieu est notre force ! Dieu est notre espérance !
Chers frères et sœurs, nous devons les premiers garder cette espérance ferme et nous devons en être un signe visible, clair, lumineux pour tous. Le Seigneur ressuscité est l’espérance qui ne faiblit jamais, qui ne déçoit pas (cf. Rm 5, 5). L’espérance ne déçoit pas. Celle du Seigneur ! Que de fois dans notre vie les espérances s’évanouissent, que de fois les attentes que nous portons dans le cœur ne se réalisent pas ! Notre espérance à nous, chrétiens, est forte, sure, solide, sur cette terre où Dieu nous a appelés à marcher, et elle est ouverte sur l’éternité, parce qu’elle est fondée sur Dieu qui est toujours fidèle. Ne l’oublions pas : Dieu est toujours fidèle ; Dieu est fidèle envers nous, toujours. Être ressuscités avec le Christ par le baptême, avec le don de la foi, pour un héritage exempt de corruption, nous entraîne à chercher encore davantage les choses de Dieu, à penser davantage à lui, à le prier plus. Être chrétien ne se réduit pas à suivre des commandements, mais cela veut dire être dans le Christ, penser comme lui, agir comme lui, aimer comme lui ; c’est le laisser prendre possession de notre vie et la changer, la transformer, la libérer des ténèbres du mal et du péché.
Chers frères et sœurs, à celui qui nous demande raison de l’espérance qui est en nous (cf. 1P 3, 15), indiquons le Christ ressuscité. Indiquons-le par l’annonce de la Parole, mais surtout en vivant comme des ressuscités. Montrons notre joie d’être enfant de Dieu, la liberté que nous donne la vie dans le Christ, qui est la véritable liberté, celle qui nous sauve de l’esclavage du mal, du péché et de la mort ! Regardons vers notre patrie céleste, nous aurons une nouvelle lumière et nous recevrons la force dans nos engagements et dans nos efforts quotidiens. C’est un service précieux que nous devons rendre à notre monde qui, souvent, ne réussit plus à élever son regard, qui ne parvient plus à élever son regard vers Dieu. Merci.
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Pacem in Terris – Paix sur la Terre… il y a 50 ans !
Quelques extrait de l’Encyclique du Bienheureux Jean XXIII
À l'occasion du cinquantième anniversaire de l'encyclique Pacem in Terris ("Paix sur la terre"), nous vus proponsons ici une sélection d'extraits de ce texte majeur du pape Jean XXIII. Jean XXIII a signé son encyclique sur la paix le Jeudi-Saint. À ce moment-là, le monde entier connaissait le texte. Il l’avait accueilli d’autant plus chaleureusement que la popularité du Pape est immense partout, parmi les non-croyants comme parmi les croyants. C’est la huitième encyclique de Jean XXIII, mais c’est la première, dans l’histoire de l’Église, qui est adressée à tous les hommes pas seulement aux catholiques. La paix est, avec l’unité, l’un des premiers soucis du Pape, qui a reçu récemment le prix Balzan de la Paix, décerné par les journalistes du monde entier. Quatre des messages de Noël de Jean XXIII et trois de ses messages de Pâques parlaient déjà de la paix. Et chaque fois que les risques de guerre paraissaient plus graves, le Pape est intervenu.
Voici de larges extraits de son appel.
> Tout être humain est une personne, intelligente et libre. Par là même, il est sujet de droits et de devoirs, universels, inviolables, inaliénables. Ces droits et ces devoirs sont réciproques. Dans la vie de la société, tout droit conféré à une personne par la nature crée chez les autres le devoir de reconnaître et de respecter ce droit. Ensuite, chacun est appelé à concourir généreusement à l’avènement d’un ordre collectif qui satisfasse toujours plus largement aux droits et aux obligations.
> C’est un ordre qui a pour base la vérité, qui se réalise dans la justice, qui demande à être vivifié par l’amour et qui trouve dans la liberté un équilibre sans cesse rétabli et toujours plus humain. Trois traits caractérisent notre époque : 1. La promotion économique et sociale des classes laborieuses ; 2. L’entrée de la femme dans la vie publique ; 3. Une organisation sociale et politique profondément transformée. Plus de peuples dominateurs et de peuples dominés : toutes les nations ont constitué ou constituent des communautés politiques indépendantes. L’idée de légalité naturelle de tous les hommes s’est largement propagée. Voilà qui représente une étape importante. À mesure que l’homme devient conscient de ses droits germe comme nécessairement en lui la conscience d’obligations correspondantes. Et une fois que les normes de la vie collective se formulent en termes de droits et de devoirs, les hommes s’ouvrent aux valeurs spirituelles et comprennent ce qu’est la vérité, la justice, l’amour, la liberté ; ils sont portés à mieux connaître le Dieu véritable, transcendant et personnel.
Le progrès social doit accompagner le progrès économique
> Les hommes étant tous égaux en dignité naturelle, l’autorité humaine ne peut se lier des consciences que dans la mesure où elle se relie à l’autorité de Dieu et en constitue une participation. S’il arrive aux dirigeants d’édicter des lois contraires à l’ordre moral, ces dispositions ne peuvent obliger les consciences, car « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». Bien plus, en pareil cas, l’autorité cesse d’être elle-même et dégénère en oppression.
> L’origine divine de l’autorité n’enlève aucunement aux hommes le pouvoir d’élire leurs gouvernants, de définir la forme de l’État ou d’imposer des règles et des bornes à l’exercice de l’autorité.
> La fonction gouvernementale n’a de sens qu’en vue du bien commun. La nature même de celui-ci impose que tous les citoyens y aient leur part. C’est pourquoi l’effort des pouvoirs publics doit tendre à servir les intérêts de tous sans fanatisme à l’égard de tel particulier ou de telle classe de la société. Le bien commun concerne l’homme tout entier, avec ses besoins tant spirituels que matériels. Il réclame des gouvernements une politique appropriée, ménageant une juste proportion au corps et à l’âme les ressources qui leur convient. Pour la pensée contemporaine, le bien commun réside surtout dans la sauvegarde des droits et des devoirs de la personne humaine ; dès lors, le rôle des gouvernants consiste surtout à garantir la reconnaissance et le respect des droits, leur conciliation mutuelle, leur défense et leur expansion, et en conséquence à faciliter à chaque citoyen l’accomplissement de ses devoirs. Il est indispensable pour cela que les pouvoirs publics se préoccupent de favoriser l’aménagement social parallèlement au progrès économique.
C’est un droit pour les citoyens de prendre part à la vie publique
> Il est impossible de définir une fois pour toutes quelle est la structure la meilleur pour l’organisation des Pouvoirs publics, et selon quelles formules s’exerceront le mieux les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. En effet, pour déterminer la forme du gouvernement et les modalités de son fonctionnement, la situation particulière et les circonstances historiques de chaque peuple sont d’un très grand poids ; or, elles varient selon les temps et les lieux. Cependant, nous estimons conforme aux données de la nature humaine l’organisation politique des communautés humaines fondées sur une convenable division des pouvoirs, correspondant aux trois fonctions principales de l’autorité publique. Que les citoyens puissent prendre une part active à la vie publique, c’est là un droit inhérent à leur dignité de personnes, encore que les modalités de cette participation soient subordonnées au degré de maturité atteint par la communauté politique dont ils sont membres et dans laquelle ils agissent.
> On ne peut, certes, admettre la théorie selon laquelle la seule volonté des hommes serait la source unique et première d’où dériveraient la force obligatoire des constitutions et l’autorité des pouvoirs publics. Toutefois, les hommes de notre temps ont acquis une conscience plus vive de leur dignité ; ce qui les amène à prendre une part active aux affaires publiques et à exiger que les stipulations du droit positif des États garantissent l’inviolabilité de leurs droits personnels. Ils exigent en outre que les gouvernants n’accèdent au pouvoir que suivant une procédure définie par les lois et n’exercent leur autorité que dans les limites de celles-ci.
La vérité bannit toute trace de racisme
> La même loi morale qui régit la vie des hommes doit régler aussi les rapports entre les États. Les gouvernants, lorsqu’ils agissent au nom et pour l’intérêt de leur communauté, ne peuvent en aucune façon renoncer à leur dignité d’homme. La vérité doit présider aux relations entre les communautés politiques. Elle bannit notamment toute trace de racisme. Certaines communautés politiques peuvent se trouver en avance sur d’autres dans le domaine des sciences, de la culture du développement économique. Bien loin d’autoriser une domination injuste sur les peuples moins favorisés, cette supériorité oblige à contribuer plus largement au progrès général. Les communautés politiques ne peuvent légitimement se développer en causant un préjudice aux autres ou en exerçant sur elles une pression injuste. Il peut évidemment arriver, et de fait il arrive, que les communautés politiques entrent en rivalité d’intérêts ; ces conflits ne peuvent pourtant se régler ni par la force des armes ni par la fraude ou la tromperie, mais grâce à la compréhension mutuelle, par une estimation objective des données et moyennant un compromis équitable.
> Toute politique tendant à contrarier la vitalité et l’expansion des minorités constitue une faute grave contre la justice, plus grave encore quand ces manœuvres visent à les faire disparaître. Mais les minorités sont assez souvent portées à exagérer l’importance de leurs particularités alors qu’il serait normal qu’elles prennent conscience des avantages de leur condition : le contact quotidien avec des hommes d’une culture ou d’une civilisation différente.
> De nombreuses disproportions existent dans le monde entre la richesse du sol et l’effectif de la population. La circulation des biens, des capitaux et des personnes doit donc être facilitée. Mais le déplacement du capital est préférable à celui de la main-d’œuvre, étant donné les difficultés de réadaptation.
> Le réfugié politique est une personne, avec sa dignité, avec tous ses droits. Ceux-ci doivent lui être reconnus ; ils ne sont point caducs du fait que l’exilé serait, dans son pays, déclaré déchu de ses titres civiques ou politiques : d’où le droit de celui-ci à être accueilli dans un autre pays.
Il faut arrêter la course aux armements
> Il nous est douloureux de voir, dans des pays à économie plus développée, les armements redoutables déjà créés et d’autres toujours en voie de création , non sans d’énormes dépenses d’énergie humaine et de ressources matérielles. De là, des charges très lourdes pour les citoyens de ces pays, tandis que d’autres nations manquent de l’aide nécessaire à leur développement économique et social. On a coutume de justifier les armements en répétant que la paix n’est pas assurée que moyennant l’équilibre des forces armées. Alors, toute augmentation du potentiel militaire provoque de la part des autres États un redoublement d’efforts dans le même sens. Et ainsi les populations vivent sous la menace d’un épouvantable ouragan. Et non sans raison, puisque l’armement est toujours prêt. Qu’il y ait des hommes au monde pour prendre la responsabilité des massacres et des ruines sans nombre d’une guerre, cela peut paraître incroyable : pourtant, on est contraint de l’avouer, une surprise, un accident suffiraient à provoquer la conflagration. Mais admettons que la monstruosité même des effets promis à l’usage de l’armement moderne détourne tout le monde d’entrer en guerre ; si on ne met un terme aux expériences nucléaires tentées à des fins militaires, elles risquent d’avoir, on peut le craindre, des suites fatales pour la vie sur le globe. La justice de la sagesse, le sens de l’humanité réclament, par conséquent, qu’on arrête la course aux armements ; elles réclament la réduction parallèle, et simultanée de l’armement existant dans les divers pays, la proscription de l’arme atomique et enfin le désarmement dûment effectué d’un commun accord et accompagné de contrôles efficaces. Pour que tous soient bien convaincus : l’arrête de l’accroissement du potentiel militaire, la diminution effective des armements et – à plus forte raison – leur suppression, sont choses irréalisables ou presque sans un désarmement intégral qui atteigne aussi les âmes. Il faut s’employer unanimement et sincèrement à y faire disparaître la peur et la psychose de guerre. Cela suppose qu’à l’axiome qui veut que la paix résulte de l’équilibre des armements, on substitue le principe que la vraie paix ne peut s’édifier que dans la confiance mutuelle. Que les assemblées les plus hautes et les plus qualifiées étudient à fond le problème d’un équilibre international vraiment humain, d’un équilibre à bas de confiance réciproque, de loyauté dans la diplomatie, de fidélité dans l’observation des traités. Qu’un examen approfondi et complet dégage le point à partir duquel se négocieraient des accords amiables, durables et bénéfiques.
> L’aide apportée aux peuples pauvres ne peut s’accompagner d’aucun empiètement sur leur indépendance. Ils doivent se sentir les principaux artisans et les premiers responsables de leur progrès économique et social.
Une autorité mondiale est indispensable
> Les récents progrès de la science et de la technique ont exercé une profonde influence sur les hommes et ont déterminé chez eux sur toute la surface de la terre, un mouvement tendant à intensifier leur collaboration et à renforcer leur union. Ce bien commun pose des problèmes de dimensions mondiales. Ils ne peuvent être résolus que par une autorité publique dont le pouvoir, la constitution et les moyens d’action prennent eux aussi des dimensions mondiales et qui puisse exercer son action sur toute l’étendue de la terre. Cet organisme doit être constitué par un accord unanime et non pas imposé par la force. Il faut aussi qu’il soit impartial envers tous, absolument étranger à l’esprit de parti et attentif aux exigences objectives du bien commun universel. Le rôle de cette autorité universelle est d’examiner et de résoudre les problèmes que pose le bien commun universel en matière économique, sociale, politique et culturelle, sans toutefois se substituer aux États ni limiter l’action qu’ils exercent dans leur sphère propre. Le but essentiel de l’ONU est précisément de maintenir et de consolider la paix entre les peuples, de valoriser et de développer entre eux des relations amicales. Un des actes les plus importants qu’elle ait accomplis a été la déclaration universelle des droits de l’homme. Nous n’ignorons pas que certains points de cette Déclaration ont soulevé des objections et fait l’objet de réserves justifiées. Cependant, nous considérons cette Déclaration comme un pas vers l’établissement d’une organisation juridico-politique de la communauté mondiale. Cette Déclaration reconnaît solennellement à tous les hommes, sans exception, leur dignité de personne ; elle affirme pour chaque individu ses droits de rechercher librement la vérité, de suivre les normes de justice, d’exiger des conditions de vie conformes à la dignité humaine, ainsi que d’autres droits liés à ceux-ci. Puisse-t-il arriver bientôt le moment où l’ONU garantira efficacement les droits de la personne humaine.
CONCLUSION GENRALE
> La paix ne saurait régner entre les hommes si elle ne règne d’abord en chacun de nous, c’est-à-dire si chacun n’observe en lui-même l’ordre voulu par Dieu.
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Une mobilisation dont on parlera encore dns un siècle !
Entretien avec Tugdual DERVILLE
Alors que le Sénat français vient de voter l’article premier du projet de loi qui instaure un mariage homosexuel assorti du droit d’adopter des enfants, une troisième manifestation nationale est annoncée à Paris pour le 26 mai 2013. Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA et porte-parole de la Manif pour Tous annonce une mobilisation dont « on en parlera encore dans un siècle » et la mise en place d’un mouvement pour « l’écologie humaine », un « un courant de pensée au service de l’action ».
Zenit - Le gouvernement français semble décidé à ne pas plier : est-ce un bilan d’échec pour les grandes manifestations ?
Tugdual Derville - L’exécutif a tout fait pour nous décourager, essayant de passer en force, sans véritable débat. Mais c’est la force de notre résistance qui s’est manifestée. Le projet de loi Taubira est véritablement en train de faire grandir un mouvement social historique, sans précédent dans notre pays, par la vitesse de son émergence, le nombre et la diversité de ses participants, et aussi sa ténacité paisible. Et c’est cela que nous allons démontrer le dimanche 26 mai 2013, par une grande manifestation le jour symbolique de la fête des mères. Déjà, la manifestation du dimanche 24 mars a stupéfait les observateurs : tous pronostiquaient un affaiblissement inéluctable de notre mouvement… Ce fut l’inverse. Pour le moment nous avons l’impression de nous heurter à un mur d’indifférence, voire de mépris. Spécialement depuis le rejet sans débat de notre pétition de plus de 700 000 citoyens par le Conseil Economique Social et Environnemental. Voilà une faute politique grave. Certains hommes de pouvoir croient que rien ne peut les ébranler, comme dans la fable « Le chêne et du roseau »… Jusqu’à ce qu’ils découvrent qu’ils ont été présomptueux.
Zenit - Que pensez-vous pouvoir obtenir si ce n’est pas le retrait de ce projet ?
Tugdual Derville - C’est toujours notre objectif, et nous irons jusqu’au bout du processus législatif, et même au-delà. Le président de la République peut parfaitement revenir à la raison comme l’avait fait son prédécesseur François Mitterrand pour l’école libre, en 1984. Le sujet de 2013 est très différent car il n’est plus question des moyens financiers d’exercer une liberté familiale, mais de l’essence même de l’anthropologie. François Hollande ne peut que mesurer qu’à chaque grande manifestation, nous sommes rejoints par de nouvelles catégories de personnes. De plus en plus de citoyens ou de personnalités de gauche avouent leur réticence à soutenir un projet qu’ils savent individualiste et ultra-libéral, en réalité inégalitaire puisqu’il priverait certains enfants du droit à l’altérité sexuelle.
Le travail que nous faisons porte donc déjà des fruits magnifiques : sur le terrain, il y a des rencontres et des rapprochements improbables et prometteurs, notamment entre croyants et non-croyants ; les réseaux sociaux servent d’extraordinaires outils de « conscientisation » : ils ont joué un grand rôle pour contourner la « pensée unique » ou la censure implicite de certains grands médias… Tout cela génère une immense espérance. Les associations ont appris à travailler ensemble dans les collectifs départementaux qui foisonnent. Des personnes qui avaient baissé les bras se redressent en découvrant qu’ils ne sont pas seuls. La Manif pour tous est déjà une pépinière de talents. Personne, aucune cause, n’est capable de mobiliser ainsi… Nous assistons au réveil de la France. Et cela aura des conséquences à long terme, que ce soit sur cette loi – son application et ses suites – ou pour d’autres questions de société. Toute l’Europe est concernée comme si la France servait de détonateur à un nouveau mois de mai.
Zenit - Certains parlent de la « grande illusion » : ce combat est-il une illusion ?
Tugdual Derville - C’est tout le débat entre efficacité et fécondité. Si nous nous limitions à nous indigner, à protester, il y aurait le risque d’une défaite ponctuelle, avec son lot de délitement, d’éparpillement voire de divisions… C’est la raison pour laquelle j’ai salué les 13 janvier et 24 mars la naissance d’un grand mouvement d’écologie humaine. Ce sera un courant de pensée au service de l’action. Il doit se développer en profondeur, en complément du mouvement social de résistance au projet de loi. Car la question qui est posée à l’humanité est inédite, comme celle qu’a posée l’écologie environnementale à son émergence. Après avoir intégré à nos préoccupations l’avenir de la planète, pour que les générations futures puissent avoir accès aux ressources naturelles et à un environnement viable, nous devons nous préoccuper de l’essence de l’homme. L’altérité sexuelle, à la source de toute vie, est un bien précieux à reconnaitre, protéger et transmettre aux hommes qui naîtront. Il y a bien d’autres réalités que l’écologie humaine devra reconnaitre comme patrimoine commun de l’humanité. Il s’agit de promouvoir une culture de la vulnérabilité face à la culture de toute-puissance qui nie notre identité.
Zenit - Quand cette « écologie humaine » va-t-elle démarrer ?
Tugdual Derville - Avec l’économiste Pierre-Yves Gomez et le spécialiste de la gouvernance des crises écologiques Gilles Hériard Dubreuil, nous avons lancé ce courant au travers d’une tribune publiée le 21 mars 2013. Nous avons aussi lancé le site www.ecologiehumaine.eu et nous préparons des Assises de l’écologie humaine, avec un premier évènement avant l’été. Elles seront à la fois un lieu d’expression de convictions et un lieu de débats interdisciplinaires. De nombreuses personnes proposent déjà de contribuer, participer et s’engager.
Mais il faut agir avec patience, en privilégiant la profondeur, quitte à réinterroger intimement nos propres modes de vie pour que, dans tous les domaines, prendre soin « de tout l’homme, de tout homme » devienne notre priorité. À plus long terme, je suis persuadé que nous offrirons ainsi une alternative à la spirale libérale-libertaire où l’homme perd son identité, et sa liberté véritable… Comme l’écologie environnementale, l’écologie humaine est « métapolitique », au-dessus des partis.
Zenit - « L’écologie humaine » est-elle liée aux sujets traités par Alliance VITA ?
Tugdual Derville - Oui, mais pas seulement. Nous pensons que le moment est venu de nous rapprocher de ceux qui ont un souci lucide de l’environnement, d’une gouvernance plus juste des entreprises, de protéger ceux qui vivent dans la misère, de la solidarité nord-sud etc. Là, j’ai beaucoup à apprendre, même si mon engagement à « À Bras Ouverts » et chez les Petits frères des Pauvres m’a fait entrer depuis longtemps dans ce qu’on a coutume d’appeler la diversité, la mixité sociale et l’intergénérationnel. C’est en décloisonnant les sujets, en accueillant le « prophétisme » d’autres personnalités et d’autres mouvements, que nous sortirons de certains ghettos ou de visions étriquées. Ce dialogue a déjà commencé. Il est indispensable pour avoir une perception juste de « l’homme intégral ». Ceci dit, l’écologie humaine est aussi au cœur des débats actuels sur la recherche sur l’embryon (avec l’initiative européenne à signer www.undenous.fr) et la fin de vie, puis, ultimement, l’idéologie du transhumanisme qui constitue désormais une grande menace pour l’homme.
Zenit - Que répondez-vous à ceux qui estiment que le mouvement est entré dans une phase de radicalisation violente ?
Tugdual Derville - Ont-ils mesuré la foule du 24 mars ? Ont-ils conscience de la prouesse réalisée pour canaliser une telle foule, sans l’aide de la police ? Une foule exaspérée par l’arrogance du pouvoir. Je suis par ailleurs extrêmement choqué qu’on nous reproche des faits-divers qui n’ont strictement rien à voir avec la Manif pour tous. Quant aux actions de rue qui se multiplient, il ne faut rien exagérer. Même si je n’approuve pas certains modes d’action – je pense à une mobilisation matinale devant le domicile privé d’un parlementaire – pourquoi les assimiler à une menace pour la démocratie ? Que tout cela reste non-violent, et respectueux des biens et des personnes ! Quand je constate la tolérance dont ont bénéficié les activistes d’Act up, je pense que le pouvoir a un peu de culot. Pour ma part, je redis à quel point la non-violence intérieure (c’est-à-dire éprouvée en conscience) reste à mes yeux notre plus grande force. Je la cultive dans les rencontres médiatiques avec nos adversaires de débat que je respecte avec bienveillance, ce qui n’enlève rien à nos convictions de fond.
Zenit - Comment tenir la longueur quand on est père, mère de famille ? Quel est le ressort d'une telle mobilisation, jamais vue ?
Tugdual Derville - Le ressort de la mobilisation est très intime, viscéral. Et c’est cela qui explique tout… Prétendre effacer le repère de l’engendrement, c’est comme si on nous avait enlevé la liberté. Nous découvrons que ce dont on veut priver l’humanité est sans prix. Quand elle se sent attaquée dans ce qu’elle a de plus précieux, l’humanité manifeste des forces insoupçonnées, irrépressibles. Les organisateurs des manifestations et les manifestants ont déjà fait de lourds sacrifices. Ils se sont montrés courageux et tenaces. Je les exhorte à rester paisibles. C’est essentiel pour rejoindre les intelligences et les cœurs de nos contemporains qui ont soif de repères et de perspectives. Je crois que, tout naturellement, cette année restera dans nos familles comme celle d’une prise de conscience et d’un engagement… On en parlera encore dans un siècle.
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M’aimes-tu ?
Commentaire de l’évangile du 3ème Dimanche de Pâques – Année C
Voyons comment ce très beau récit qui conclut l’évangile de saint Jean vient nous rejoindre aujourd’hui. Ils avaient repris les tâches de leur métier de pêcheur, ces 7 disciples. La résurrection doit se vivre dans notre vie ordinaire.
Mais cette vie est souvent marquée par des temps d’obscurité. Comme les apôtres, nous avons l’impression d’être dans la nuit de nos soucis et de nos problèmes. Nous naviguons bien souvent sur une « mer agitée », enveloppée de ténèbres hostiles. C’est alors qu’il faut tourner notre regard vers celui qui est sur la « terre ferme » dans la clarté de l’aube. Jésus se trouve désormais sur l’autre rive. Il nous attend par-delà cette « traversée » qu’il vient d’accomplir. Il est là, sur la rive de l’éternité. Comme les apôtres, nous ne le reconnaissons pas.
Il y a pourtant une exception. Un des sept disciples, Jean l’intuitif et le contemplatif, a reconnu Jésus dans l’inconnu au bord du lac. Parce qu’il est « le disciple que Jésus aimait » et qu’il est le disciple qui aime Jésus. Reconnaître quelqu’un, c’est d’abord une affaire d’amour. Si tu cherches Jésus avec amour, il te rejoindra dans la délicatesse d’une rencontre cœur à cœur. Mais es-tu amoureux de Jésus ? Désires-tu le Seigneur-Amour aussi sauvagement que le plongeur désire aspirer de l’air quand il remonte du fond de l’eau ? Pour devenir un vrai chrétien, pour déployer toutes les richesses de son baptême, il faut aimer d’un désir profond le Ressuscité qui nous attend.
La prière est le premier signe que nous voulons vraiment rencontrer le Christ. La preuve qu’on aime quelqu’un, c’est qu’on est prêt à prendre du temps pour lui. Prier, c’est donner du temps pour nous laisser aimer par Dieu et le lui rendre un peu.
Quand ils débarquent, les disciples trouvent un repas tout préparé. Aujourd’hui toujours, la fraction et le partage du pain sont pour les chrétiens le signe privilégié de la présence du Ressuscité. Oui, Jésus est bien sur une autre rive, où il nous attend, pour nous partager une vie nouvelle dans la fraction du pain. Il faut beaucoup aimer pour le rencontrer dans l’intimité de l’eucharistie.
Mais aimer en vérité signifie aussi oser agir. Après l’intuition amoureuse du contemplatif, Jean, il y a l’engagement de l’homme d’action, Pierre. C’est lui qui amène jusqu’à terre le filet rempli de 153 poissons. Vivre la rencontre de Jésus dans la prière et dans l’eucharistie nous donne la force de le rencontrer dans l’amitié offerte, la solidarité et le service fraternels.
Et c’est à ce Pierre, si impétueux et si fragile, que Jésus confie ses propres pouvoirs. Il change ce marin pêcheur en berger. Maintenant qu’il n’est plus présent « en chair et en os », il confie à Pierre ses agneaux. Mais, extraordinaire délicatesse de Jésus, il ne parle pas à Pierre de sa lâcheté. Il lui demande seulement une triple déclaration d’amour. « M’aimes-tu ? »
Cette même question, Jésus te la pose à toi, aujourd’hui. La foi, c’est croire à cet amour que Jésus te porte et s’appuyer sur lui. Parfois, on commet des erreurs, on glisse sur le chemin trop rude, mais à tout moment la main de Jésus est là, tendue, pour nous ressaisir.
« M’aimes-tu ? » M’aimes-tu encore, m’aimes-tu assez ? Mais si tu m’aimes oublie tes infidélités comme je les oublie et viens et « suis-moi ».